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Le bêtisier des forces de l'ordre (3)
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06/03/2011 | Lien permanent | Commentaires (2)
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J'ai reçu par mail cette petite histoire (merci à K.V.T.) :
Journaux intimes d'animaux
Le Chien :
Jour nº 180
8h00 : Chouette, de la pâtée pour chien ! Ce que je préfère !
9h30 : Chouette, une sortie en voiture ! Ce que je préfère !
9h40 : Chouette, une promenade ! Ce que je préfère !
10h30 : Chouette, une sortie en voiture ! Ce que je préfère !
11h30 : Chouette, de la pâtée pour chien ! Ce que je préfère !
12h00 : Chouette, les enfants ! Ce que je préfère !
13h00 : Chouette, la cour ! Ce que je préfère !
16h00 : Chouette, les enfants ! Ce que je préfère !
17h00 : Chouette, de la pâtée pour chien ! Ce que je préfère !
17h30 : Chouette, papa et maman ! Ce que je préfère !
Jour nº 181
(Voir jour n° 180)
Jour nº 182
(Voir jour n° 181)
Jour nº 183
(Voir jour n° 182)
Le Chat :
Jour nº 152
Mes ravisseurs continuent à me provoquer avec de bizarres petits objets pendouillant au bout d'une ficelle. Ils se gavent de viande fraîche au dîner pendant qu'ils me forcent à manger des céréales déshydratées. La seule chose qui m'aide à tenir le coup est l'espoir d'une évasion, et la maigre satisfaction que je retire de temps à autre de la destruction d'un meuble. Demain, je mangerai peut-être une autre plante d'appartement.
Jour nº 161
Aujourd'hui, ma tentative d'assassiner mes ravisseurs en me glissant dans leurs pieds pendant qu'ils marchaient a presque réussi. Il faudra que j'essaie encore depuis le haut des escaliers. Dans l'espoir d'induire dégoût et répulsion chez ces vils oppresseurs, je me suis encore forcé à vomir sur leur fauteuil préféré. Il faudra que je recommence sur leur lit.
Jour nº 165
J'ai décapité une souris et leur ai apporté le corps, afin de leur faire comprendre ce dont je suis capable, et pour frapper leurs coeurs de terreur. Mais ils se sont juste extasiés et se sont répandus en paroles onctueuses et condescendantes, me disant à quel point j'étais un bon petit chat. Hmmm? Ça ne fonctionne pas conformément au plan.
Jour nº 168
J'ai enfin réalisé jusqu'à quel point allait leur sadisme. Sans aucune raison, j'ai été choisi pour le supplice de l'eau. Cette fois, de plus, il comprenait une substance chimique mousseuse et piquante nommée shampooing. Quel cerveau malade a bien pu inventer un tel liquide ? Ma seule consolation est le morceau de pouce que je tiens encore entre mes dents.
Jour nº 171
Aujourd'hui s'est tenue une sorte de réunion de malfaiteurs. J'ai été placé à l'isolement pendant l'événement. Cependant, j'ai pu entendre le bruit et humer l'odeur nauséabonde de ces tubes de verre qu'ils appellent bière. Plus important, j'ai réussi à obtenir l'information que la raison de ma réclusion était mon pouvoir allergisant. Il va falloir que j'apprenne de quoi il s'agit pour que je puisse l'utiliser à mon avantage.
Jour nº 174
Je suis persuadé que les autres prisonniers sont des comédiens ou peut-être même des mouchards. Le chien est relâché tous les jours et semble plus qu'heureux de revenir. C'est visiblement un attardé mental. D'un autre côté, l'oiseau doit être un informateur puisqu'il leur parle constamment. Je suis certain qu'il leur rapporte mes moindres mouvements. Tant qu'il restera dans cette pièce de métal, sa sécurité est assurée. Mais je peux attendre. Ce n'est qu'une question de temps.
14/10/2008 | Lien permanent | Commentaires (1)
Historiettes, contes et vaticinations (10)
Une petite histoire déjà mise en ligne sur ce blog le 29/01/2007 :
L'an zéro
Ils avaient maintenant tous pris place sur les gradins de la tribune, la cérémonie n’allait pas tarder à débuter. On pouvait dénombrer 1 856 chefs de nations autonomes ou leurs représentants, la planète entière était pour ainsi dire présente pour cet événement sans précédent dans l’Histoire. Le monde était enfin uni, après des millénaires de guerres et de divisions, les responsables et leurs peuples avaient enfin compris où étaient leurs intérêts. Plus d’armées nombreuses à entretenir, une simple force chargée d’intervenir au cas échéant demeurait sous tutelle du gouvernement mondiale, plus d’arsenal coûteux à concevoir et à acheter, cette argent pouvait être utilisé pour aider au développement des zones les plus pauvres, plus de conflits indépendantistes, toutes les nations grandes ou petites étaient les bienvenues.
Ce soir à minuit, une fois les festivités des célébrations terminées, le monde entrerait dans une nouvelle ère, ce serait la première année de l’Union mondiale. Cette datation remplacerait dorénavant officiellement toute les autres trop marquées religieusement et susceptibles de blesser les susceptibilités et d’engendrer des querelles. Bien sûr, cela ne se ferait pas sans quelques grincements de dents rétrogrades, mais l’enthousiasme était très largement majoritaire.
Pour marquer le début de la cérémonie, on allait maintenant procéder au lever des couleurs de l’Union Mondiale devant les 1 856 pavillons nationaux. Lentement, sur l’hymne « La paix pour toujours » joué par l’orchestre, le drapeau s’élevait sur le mat. Sur fond bleu, il figurait une carte du monde en projection azimutale équidistante, le pôle nord servant de centre, entourée par les douze étoiles d’or de l’ex-Union Européenne. C’était, en fait, l’ancien drapeau de l’ONU que l’on avait modifié pour rendre hommage à l’Union européenne qui avait été l’inspiratrice de cette réalisation. La première, elle avait pensé que le concept d’états souverains était dépassé, malgré bien des déconvenues ses dirigeants avaient tenus le cap et on pouvait maintenant jouir du résultat.
Le pavillon était tout juste arrivé au sommet du mat, quand les images se brouillèrent au même instant sur toutes les télévisions de la planète. Devant leur poste les téléspectateurs durent attendre quelques secondes avant que les chaînes n’annoncent l’effroyable nouvelle : malgré toutes les précautions en matière de sécurité une bombe avait explosé sur le site. Une bombe d’une grande puissance, certains parlaient même de nucléaire. La tribune officielle, les gradins destinés aux spectateurs, les quartiers d’habitation environnants avaient été pulvérisés. En attendant de plus amples informations, les spécialistes affluaient sur les plateaux des journaux télévisés pour donner leur avis. Bientôt, la piste de l’extrême droite nationaliste commençait à en mettre d’accord le plus grand nombre. Malgré la surveillance, les arrestations et les condamnations l’hydre fasciste n’avait pas été vaincue et leurs imprécations contre l’Union avait fini part faire des morts, des milliers de morts. Il fallait se rendre à l’évidence : les autorités avaient été trop laxistes avec elle.
Ce n’est que le lendemain, que la revendication officielle, irréfutable, parvenait aux dirigeants intérimaires et aux agences de presse. Le responsable de ce carnage était "Al Qaida", le groupe islamiste que l’on croyait définitivement dissout depuis de nombreuses années. Sur leur message ils indiquaient « que le sabre du Prophète (paix et bénédiction sur Lui) s’était abattu sur les dirigeants impies et usurpateurs et les avait réduits en poussière », le reste du texte annonçait d’autres attentats tant que le monde serait « sous la coupe des croisés » et en prenait pour preuve indéniable le drapeau de l’Union Mondial qui représentait le monde enserré entre les douze étoiles de la Vierge Marie, symbole éminemment chrétien.
23/04/2020 | Lien permanent | Commentaires (19)
Sur le Mal absolu et relatif
J'ai découvert un texte de Dang sur le blog Koztoujours tu m'intéresses grâce à la page consacrée aux controverses historiques crée par Philippe Edmond. Bref, ce texte est intitulé ''Auschwitz, triomphe du Diable ?'' ; or, dans mon blog j'ai déjà expliqué pourquoi, à mon avis, considérer le nazisme comme le mal absolu est historiquement faux et politiquement préjudiciable à notre pays. Diaboliser son adversaire pendant la guerre est normal, si je puis dire ; mais étrangement, les années qui nous séparent de la Seconde guerre et de la Shoah ne permettent pas de prendre le recul nécessairement pour considérer froidement cette période. Loin de moi l'idée de minimiser la responsabilité des uns ou la souffrance des autres, seulement le travail des historiens doit se faire sereinement pour pouvoir analyser les faits de façon dépassionnée. Dès qu'on touche au fascisme on en est très loin. En guise de préambule, j'ajouterai deux choses. Premièrement, il me faut passer sous les fourches caudines en précisant que je suis ni un révisionniste ni un négationniste ni un néo-nazi (même si je regarde la loi Fabius-Gayssot comme une infamie dans un pays démocratique). Deuxièmement, je n'attaque aucunement l'auteur de ce texte, mais il me semble représentatif parce qu'écrit par une personne sincère et de droite. Je ne vais pas me livrer à une critique tout azimut ou un démolissage de son texte mais seulement relever ce qui me paraît tenir de l'aveuglement de la passion et non de la raison. Quelqu'un pourra bien-sûr m'objecter que Dang ne prétend pas faire oeuvre d'historien et il aura raison ; je l'ai dis plus haut, il s'agit juste d'un choix à titre d'illustration.
Les lignes entre crochets et en rouge ont été rajoutées par moi.
''Auschwitz, triomphe du Diable ?
Il faut se précipiter à Cracovie, sur les pas de Jean Paul II. La vieille ville est magnifique avec ses clochers, ses façades baroques, ses parcs, ses places romantiques, ses rues piétonnes bordées de bars et de restaurants. Une foule dense, jeune et joyeuse, parcourt ces quartiers historiques jusque tard dans la nuit.
On peine à imaginer qu’un peu plus de 60 ans plus tôt, à 60 km de là, des hommes mirent au point la plus épouvantable machine à faire souffrir et mourir d’autres hommes : Auschwitz. [Pourquoi la plus épouvantable machine ? L'Histoire est malheureusement riche en épouvantes de toute sorte, passées, présentes et je le crains, futures.]
Arriver à Auschwitz un beau jour d’été ce n’est pas d’emblée trouver l’image de l’enfer qu’on imaginait. Le soleil, la verdure ne donnent pas une impression de barbarie.
Des autocars amènent des centaines de jeunes juifs américains venus se recueillir là où des ancêtres ont disparu. Au fur et à mesure qu’ils se rapprochent de l’entrée les uns et les autres se taisent.
On passe la porte célèbre avec l’inscription « Arbeit macht frei » («le travail rend libre»). L’endroit est paisible.
Un vent léger joue dans les feuilles des nombreux bouleaux qui poussent dans les allées.
Les baraques sont en briques et ne donnent pas cette impression de désolation que l’on trouve au camp du Struthof, en Alsace. Si on ne voyait pas les barbelés électrifiés on pourrait se croire dans une immense colonie de vacances. L’image d’un camp militaire vient aussi à l’esprit.
On entre dans l’un des nombreux baraquements transformés en musées et là tout bascule.
On passe de la sérénité à l’horreur. Des quintaux de cheveux humains sont entreposés ainsi que des milliers d’objets récupérés par les tortionnaires sur leurs prisonniers. Ce n’est qu’une petite partie du butin. Tout le reste avait déjà été reconditionné, recyclé et mis à la disposition du peuple allemand. Avec les cheveux on confectionnait de belles couvertures. Les dents en or étaient fondues. [Peuple allemand, il faut le rappeler, soumis à un blocus, bombardé depuis 1943 et subissant une économie de guerre depuis fin 1939. Il était loin de se vautrer dans le luxe.]
Les milliers de poupées et de nounours que l’on voit dans les chambrées transformées en entrepôts étaient-ils retapés et offerts aux petits aryens ? Probablement. Se sont-ils jamais doutés qu’on les avait arrachés à des enfants prisonniers, promis à la mort ?
On voit également des centaines de valises dont certaines portent les étiquettes de destinations heureuses : Capri, Paris, Istambul. Leurs propriétaires ne pensaient pas que leur ultime destination serait un village désormais maudit près de l’une des plus belles villes d’Europe. Plus loin ce sont des centaines de brosses à dents, de blaireaux, de cannes, de béquilles, de prothèses en tous genres qui sont livrés au regard. De grands malades, de grands handicapés, des vieillards, ont été internés ici.
On ressort pour aller visiter d’autres baraques.
Chaque nationalité européenne a son musée de la souffrance à Auschwitz.
On pense aux révisionnistes et autres négationnistes.
Sont-ils venus ici ? Au fait, que prétendent-ils ? Que contestent-ils ?
La réalité des morts et des souffrances ou le nombre de juifs tués à Auschwitz ? [Toute le question est là, comment parler d'individus quand on ne sait pas ce qu'ils ''prétendent'' justement.]
Une exposition dans le ghetto de Cracovie nous apprend que sur les 6000 anciens élèves d’une école juive de la ville 1500 étaient encore en vie en 1947, la plupart avaient pu se cacher grâce à l’aide d’organisations catholiques. On se sent un peu mieux en apprenant qu’il y eut ces actes de résistance. Cela va à l’encontre des affirmations, malheureusement en partie avérées, selon lesquelles des juifs étaient livrés par des Polonais contre un sac de pommes de terre. [Par haine, esprit de lucre ou pour survivre. Que ferions-nous, nous-même, en cas de disette ?]
On sait aussi que sur le million et demi de victimes recensées dans ce camp de la mort il n’y avait pas que des juifs.
On trouve parmi elles des résistants polonais, de simples citoyens des alentours du camp, même pas résistants, mais que leur conscience avait amenés à un moment ou un autre à donner une aide quelconque à des fugitifs. Un verre d’eau offert à un évadé et on se retrouvait dans l’antichambre de la mort.
Il y avait aussi des tziganes. Vingt mille gitans sont morts à Auschwitz ainsi que quinze mille prisonniers de guerre russes, des centaines d’homosexuels, des résistants arrêtés un peu partout en Europe, quelques droits communs aussi lorsqu’ils n’avaient pas été choisis pour être les « kapos » de triste mémoire.
On estime à 10% le pourcentage de victimes non juives à Auschwitz.
Tous les morts d’Auschwitz n’étaient pas juifs, tous les juifs de Cracovie ne sont pas morts, c’est exact. En faire état sans donner d’autres précisions, selon la méthode révisionniste, c’est faire accroire qu’ils étaient minoritaires dans le camp d’extermination. Les juifs furent tout de même un million trois cent cinquante mille à périr derrière ces barbelés électrifiés. [Il semble que l'on connaisse tout de même un peu les "méthodes révisionnistes"]
Si un seul juif avait été tué parce qu’il était juif ne serait-ce pas déjà une honte pour l’humanité ?
Laissons les révisionnistes à leur macabre et dérisoire comptabilité.
La visite nous conduit aux chambres à gaz, aux fours crématoires.
Des milliers de cannettes de gaz ont été conservées.
Les négationnistes affirment que c’était pour désinfecter les vêtements.
L’odieux le dispute au ridicule ?
Pourquoi ces chambres à gaz sont-elles situées à côté des crématoires ? [parce qu'il ne s'agit pas des mêmes chambres.]
Ont-ils un début de réponse à cette interrogation ?
Pourquoi affirment-ils qu’elles n’ont pas existé en dépit de la matérialité des preuves et des nombreux témoignages ?
On ne peut que déplorer la loi qui interdit aux historiens d’affronter les négationnistes et faire litière de leurs assertions qu’ils ne se gênent pas pour diffuser, comme lors du récent colloque révisionniste de Téhéran.
Oublions-les, sans leur donner une oreille complaisante. [Comment en parler sans les écouter ?]
L’astuce du Malin est de faire croire qu’il n’existe pas. [Sans les chambres à gaz l'endroit serait-il plus humain pour autant ?]
Le voyage en barbarie se poursuit.
Dans une cour réservée aux résistants on suspendait les prisonniers par les coudes et on les laissait des heures dans le froid avant de leur tirer une balle dans la tête. [Les exécutions n'avaient lieu que l'hiver ou n'y a-t-il pas d'été en Pologne ?]
Pourquoi les S.S faisaient-ils souffrir les gens avant de les tuer ?
Ailleurs on voit comme au Moyen-Âge des cellules si étroites, si petites qu’on ne pouvait s’y coucher, s’y asseoir, s’y tenir debout. On y emmurait des détenus coupables de « résistance » à l’intérieur du camp et on les laissait mourir de faim et de soif.
Comment des hommes qui avaient été au moins pour certains des enfants aimés par leurs parents, des enfants innocents, souriants et joueurs, ont-ils pu atteindre ces sommets de la méchanceté, de l’horreur, de la barbarie ? [Question valable pour tous les bourreaux de la planète.]
La question est lancinante tout au long de ce périple dans l’innommable.
Où était Dieu à Auschwitz ? Comment un Dieu de bonté et d’amour a-t-il pu tolérer tout cela ?[Et tolérer le Rwanda, le Cambodge...] Nietzsche a-t-il raison de proclamer la mort de Dieu ?
Et pourtant le Christ était bien présent à Auschwitz. Comme à l’accoutumée il était bafoué et discret, il se trouvait à côté des plus pauvres.
Il inspirait le père Maximilien Kolb. Ce franciscain polonais offrit de prendre la place d’un père de famille qui avait été choisi au hasard avec neuf autres prisonniers pour être emmuré en guise de représailles pour l’évasion d’un des leurs dont on apprendra plus tard qu’il s’était noyé en tombant dans les latrines.
Au bout de quinze jours Kolb et trois autres martyrs n’étaient toujours pas morts et narguaient les nazis en chantant des cantiques à la Vierge.
Un médecin les tua en leur injectant une substance mortelle.
Oui, des médecins étaient présents à Auschwitz. Non pas pour soigner les malades et honorer leur serment mais pour procéder à des « recherches » et expériences sur les prisonniers.
Des femmes, des jumeaux, notamment, furent opérés, mutilés, estropiés pour vérifier je ne sais quelles théories.
Leurs « découvertes » ne sont guère évidentes. Heureusement pour la Science !
Au procès de Nuremberg certains sauvèrent leur peau sinon leur âme en se cachant derrière le paravent de la recherche.
Le sacrifice du Père Kolb ne fut pas vain. On pense à la proclamation des orthodoxes le jour de Pâques : Christ est ressuscité, par sa mort il a vaincu la mort.
Tous les rescapés reconnaissent que rien ne fut plus jamais comme avant dans le camp après la mort du saint homme. Les prisonniers qui se seraient facilement entretués pour un morceau de pain devinrent plus solidaires.[J'en doute, mais c'est personnel.]
Le Diable qui croyait avoir triomphé commençait à battre en retraite.
si Dieu était discret, le Diable, lui, était omniprésent.
On dit « où était Dieu à Auschwitz ? ». On oublie de dire que si Dieu était discret, le Diable, lui, était omniprésent.
L’homme moderne ne croit plus au Diable. Il a bien tort s’il est croyant.
L’Ecriture multiplie les allusions au Démon.
Le Diable essaya même de tenter le Christ.
Quand nous récitons le Notre-Père nous demandons à Dieu de nous « délivrer du mal ».
Quel que soit le nom qu’on lui donne : Satan, Lucifer, le Diable, le Malin, le Démon, le Mal… pour un croyant il existe et il suffit de visiter Auschwitz pour le rencontrer.
Auschwitz serait donc l’un des plus grands triomphes du Diable ? Rien n’est moins sûr. Dans son « Je vois Satan tomber comme l’éclair » René Girard démontre bien au contraire l’échec de la stratégie démoniaque. Depuis les camps d’extermination on n’ose plus prendre le peuple juif comme bouc émissaire. [Il faut demander aux nations arabes ce qu'elles en pensent...]
Il faudrait cependant bien se persuader que dans un monde qui ne croit ni en Dieu ni au Diable tout ce que l’on voit à Auschwitz peut redevenir possible. [J'en doute, on peut tuer au nom de tout et n'importe qui ou quoi, l'Homme est plein d'imagination.]''
05/05/2008 | Lien permanent | Commentaires (19)
L'homme qui courait après sa chance
Il était une fois un homme malheureux. Il aurait bien aimé avoir dans sa maison une femme avenante et fidèle. Beaucoup étaient passées devant sa porte, mais aucune ne s'était arrêtée, Par contre, les corbeaux étaient tous pour son champ, les loups pour son troupeau et les renards pour son poulailler. S'il jouait, il perdait, S'il allait au bal, il pleuvait. Et si tombait une tuile du toit, c'était juste au moment où il était dessous. Bref, il n'avait pas de chance. Un jour, fatigué de souffrir des injustices du sort, il s'en fut demander conseil à un ermite qui vivait dans un bois derrière son village. En chemin, un vol de canards laissa tomber sur lui, du haut du ciel, des fientes, mais il n'y prit pas garde, il avait l'habitude. Quand il parvint enfin, tout crotté, tout puant, à la clairière où était sa cabane, le saint homme lui dit :
- Il n'y a d'espoir qu'en Dieu. Si tu n'as pas de chance, lui seul peut t'en donner. Va le voir de ma part, je suis sûr qu'il t'accordera ce qui te manque.
L'autre lui répondit :
- J'y vais. Salut l'ermite !
Il mit donc son chapeau sur la tête, son sac à l'épaule, la route sous ses pas, et s'en alla chercher sa chance auprès de Dieu, qui vivait en ce temps-là dans une grotte blanche, en haut d'une montagne au-dessus des nuages.
Or en chemin, comme il traversait une vaste forêt, un tigre lui apparut au détour du sentier. Il fut tant effrayé‚ qu'il tomba à genoux en claquant des dents et tremblant des mains.
- Épargne-moi, bête terrible, lui dit-il. Je suis un malchanceux, un homme qu'il vaut mieux ne pas trop fréquenter. En vérité, je ne suis pas comestible. Si tu me dévorais, probablement qu'un os de ma carcasse te trouerait le gosier.
- Bah, ne crains rien, lui répondit le tigre. Je n'ai pas d'appétit. Où vas-tu donc, bonhomme ?
- Je vais voir Dieu, là-haut, sur sa montagne.
- Porte-lui mon bonjour, dit le tigre en bâillant. Et demande-lui pourquoi je n'ai pas faim. Car si je continue à n'avoir goût de rien, je serai mort avant qu'il soit longtemps.
Le voyageur promit, bavarda un moment des affaires du monde avec la grosse bête et reprit son chemin.
Au soir de ce jour, parvenu dans une plaine verte, il alluma son feu sous un chêne maigre. Or, comme il s'endormait, il entendit bruisser le feuillage au-dessus de sa tête. Il cria :
- Qui est là ?
Une voix répondit :
- C'est moi, l'arbre. J'ai peine à respirer. Regarde mes frères sur cette plaine. Ils sont hauts, puissants, magnifiques. Moi seul suis tout chétif. Je ne sais pas pourquoi.
- Je vais visiter Dieu. Je lui demanderai un remède pour toi.
- Merci, voyageur, répondit l'arbre infirme.
L'homme au matin se remit en chemin. Vers midi il arriva en vue de la montagne. Au soir, à l’écart du sentier qui grimpait vers la cime, il vit une maison parmi les rochers. Elle était presque en ruine. Son toit était crevé, ses volets grinçaient au vent du crépuscule. Il s'approcha du seuil, et par la porte entrouverte il regarda dedans. Près de la cheminée une femme était assise, la tête basse. Elle pleurait. L'homme lui demanda un abri pour la nuit, puis il lui dit :
- Pourquoi êtes-vous si chagrine ?
La femme renifla, s'essuya les yeux.
- Dieu seul le sait répondit-elle.
- Si Dieu le sait, lui dit l'homme, n'ayez crainte, je l'interrogerai, Dormez bien, belle femme.
Elle haussa les épaules. Depuis un an la peine qu'elle avait la tenait éveillée tout au long de ses nuits.
Le lendemain, le voyageur parvint à la grotte de Dieu. Elle était ronde et déserte. Au milieu du plafond était un trou par où tombait la lumière du ciel. L'homme s'en vint dessous. Alors il entendit :
- Mon fils, que me veux-tu ?
- Seigneur, je veux ma chance.
- Pose-moi trois questions, mon fils, et tu l'auras. Elle t'attend déjà au pays d'où tu viens.
- Merci, Seigneur. Au pied du mont est une femme triste. Elle pleure. Pourquoi ?
- Elle est belle, elle est jeune, il lui faut un époux.
- Seigneur, sur mon chemin j'ai rencontré un arbre bien malade, De quoi souffre-t-il donc ?
- Un coffre d'or empêche ses racines d'aller chercher profond le terreau qu'il lui faut pour vivre.
- Seigneur, dans la forêt est un tigre bizarre. Il n'a plus d'appétit.
- Qu'il dévore l'homme le plus sot du monde, et la santé‚ lui reviendra.
- Seigneur, bien le bonjour !
L'homme redescendit, content, vers la vallée. Il vit la femme en larmes devant sa porte. Il lui fit un grand signe.
- Belle femme, dit-il, il te faut un mari !
Elle lui répondit :
- Entre donc, voyageur. Ta figure me plaît. Soyons heureux ensemble !
- Hé, je n'ai pas le temps, j'ai rendez-vous avec ma chance, elle m'attend, elle m'attend ! Il la salua d'un grand coup de chapeau tournoyant dans le ciel et s'en alla en riant et gambadant. Il arriva bientôt en vue de l'arbre maigre sur la plaine. Il lui cria, de loin :
- Un coffre rempli d'or fait souffrir tes racines. C'est Dieu qui me l'a dit !
L'arbre lui répondit :
- Homme, déterre-le. Tu seras riche et moi je serai délivré !
- Hé, je n'ai pas le temps, j'ai rendez-vous avec ma chance, elle m'attend, elle m'attend !
Il assura son sac à son épaule, entra dans la forêt avant la nuit tombée. Le tigre l'attendait au milieu du chemin.
- Bonne bête, voici : Tu dois manger un homme. Pas n'importe lequel, le plus sot qui soit au monde.
Le tigre demanda :
- Comment le reconnaître ?
- Je l'ignore, dit l'autre. Je ne peux faire mieux que de te répéter les paroles de Dieu, comme je l'ai fait pour la femme et pour l'arbre.
- La femme ?
- Oui, la femme. Elle pleurait sans cesse. Elle était jeune et belle. Il lui fallait un homme. Elle voulait de moi. Je n'avais pas le temps.
- Et l'arbre ? dit le tigre.
- Un trésor l'empêchait de vivre. Il voulait que je l'en délivre. Mais je t'ai déjà dit : je n'avais pas le temps. Je ne l'ai toujours pas. Adieu, je suis pressé.
- Où vas-tu donc ?
- Je retourne chez moi. J'ai rendez-vous avec ma chance. Elle m'attend, elle m'attend !
- Un instant, dit le tigre. Qu'est-ce qu'un voyageur qui court après sa chance et laisse au bord de son chemin une femme avenante et un trésor enfoui ?
- Facile, bonne bête, répondit l'autre étourdiment. C'est un sot. A bien y réfléchir, je ne vois pas comment on pourrait être un sot plus sot que ce sot-là.
Ce fut son dernier mot. Le tigre enfin dîna de fort bon appétit et rendit grâce à Dieu pour ses faveurs gratuites.
Henri GOUGAUD
09/04/2006 | Lien permanent | Commentaires (5)
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Le bêtisier des assurances (6)
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11/05/2011 | Lien permanent | Commentaires (2)
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Le bêtisier des assurances (9)
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20/05/2011 | Lien permanent
Carte blanche (7)
Kino
Par kobus van cleef
regarder une toile en dit beaucoup plus long sur celui qui l'a peinte que sur ce qu'il a peint ou , au moins, autant pareil pour le kino , un road mouvie est bien plus parlant sur les fantasmes du réalisateur , de son époque , et , de façon induite et lointaine, sur les spectateurs , que sur les faits réels ou supposés tels qui sont censés être fixés sur la pelloche ainsi , les films de nazis/extermination nous montrent de façon constante , des alboches jouissant à la perspective de coxer du chouif/résistant/communiste/partisan/réfractaire et les alignant avec sadisme contre les murs avant de les rafaler avec le rictus habituel
dans les faits , les pauvres bougres à qui étaient dévolus ces tâches déshonorantes ( et pas toujours sans risques ) tentaient de s'acquitter du truc le plus mal possible en vertu de l'adage universellement connu "je fais un sale boulot , mais je suis excusable , je le fait salement" , le plus vite possible , quand ils ne sabotaient pas le boulot , tout connement ( mon père m'a raconté , qu'à deux doigts de se faire pécho comme réfractaire du sto , le feldwebel qui vérifiait les identités et fouillait les bagages avait fait semblant de le prendre pour un mineur en tentant la blague avec sa mère -ma mère grand- et en saluant toulmonde comme un comique troupier , ce qu'il était peut être ou alors le mec savait que les carottes étaient cuites , faut dire que ça venait de débarquer en provence et que c'était du peu au jus ) mais foin de ces considérations sur l'extermination ou la tentative
prenons un exemple plus lointain et somme toute fondateur
lorsque serge esenstein filme "grève" dans les années 30, il superpose , par un habile procédé cinématographique , des groins d'animaux aux têtes des capitaines d'industrie et de leurs contremaîtres, il cède bien évidemment à la facilité trostkarde qui voit dans le patron la source de tous les maux
lorsque annaud dans les 80 , fabrique de grosses lèvres négroïdes et des dents parfaites à nos ancêtres gros moignons, il cède à la mode de ces années , les mecs n'étaient pas fins comme des marathoniens somaliens, ils n'avaient pas la dentition hollywoodienne qu'on leur prête, ils étaient bas du cul , le sourcil broussailleux , la mine basse les lèvres pincées de l'avaricieux sur des ratiches limites ( celles dont nous avons hérité )
tentons maintenant d'affiner l'analyse
peut être peut on isoler quelques caractéristiques en fonction des modes de financement de l'industrie du cinéma ( il y a vilaine lurette que j'ai renoncé à parler d'art , et même d'art mineur , tout juste s'agit-il d'art de la propagande avec , parfois quelques ovni , quelques trouvailles , qui sont comme des exceptions confirmant cette triste règle , le kino est l'addition du pognon et de la propagande)
ces mêmes modes de financement sont eux même soumis à une sorte de servitude géographique
il n'est pas rare d'entendre que la vronze a un système de financement que "le mondentier nous envie" ( mais qui pourrait envier mon dentier? surtout que je n'ai pas de dentier , bref ) et que , par conséquent , les autres pays n'ont pas ( mais voudrait ils l'avoir ? là est la question à laquelle personne n'a encore répondu )
en quoi consiste ce mode de financement et surtout que permet il? et pour qui?
( les trois règles de l'enquète policière , que nos journaleux méconnaissent totalement ; qui , pourquoi , comment ?)
prenons comme exemple le kino américain, même si initialement , c'est en vronze , pays des drouadlomm et des frères lumières que le cinéma est né, c'est chez les amerlots qu'il s'est développé , puisqu'il fallait éduquer et distraire tous ces immigrants analphabètes et surtout , rarement anglophones)
le modèle ékonomik en est relativement simple , tu mises ta chemise , la maison de papa-maman , l'héritage de papi et si ça marche , jackpot !
sinon , gros bouillon
avec des variantes ,bien sûr , il y a des assurances, tu vend ton script aux studios, ou pas , tu prostitue tes idées , mais la règle est simple "si ça marche pas , tu n'es pas payé"
ce qui ne signifie pas que le cinéma d'auteur soit totalement exclu du territoire américain pensez ! sur un pays qui compte 300 mions de pedzouilles, il doit bien s'en trouver une petite partie pour aimer ça témoin le festival de kino de sundance , mais foin de tout ceci , ça nous entraînerait trop loin
en vronze , il serait antidémocratique et pour tout dire , fasciste , de priver le moindre réalisateur de la chance de voir un jour son nom au générique d'une belle toile ou d'une moins belle
c'est pourquoi, nous avons inventé , entre autres choses , le cnc qui finance partiellement les projets
vous avez bien lu pas les films finis les projets
vous me direz que sans financements pas de films et donc pas la peine de déposer le moindre projet.....on peut le concéder d'ailleurs , qu'on m'explique pourquoi ce système ne pourrait pas s'appliquer à la littérature , par exemple.....non , pas d'amateur pour me donner LA leçon de pédagogie ? bon , tant pis
la preuve par l'exemple
dans les semaines écoulées , j'ai maté trois films sur mon ordi ou sur mon grand écran
un d'ermano olmi "le métier des armes" , fresque historique grandiose sur la mort du capitaine pierre de médicis en 1426 ( ou 1526?) lors de la confrontation entre le pape et l'empereur d'Hallemagne
un de kathrin bigelow ( bigleuse , en anglais) "zéro dark thirty" récit alacon de la traque de ben laden , et de sa liquidation finale ( je n'ai pas écrit ...)
et le dernier "avant que j'oublie" film vronzais , défrayé donc par le cnc , organe vronzais que le mondentier nous envie , de jacques nolot
à votre avis , lequel ai-je le plus apprécié ?
le film de nolot retrace les affres d'un pédéraste , ancien gigolo , qui reste seul après le décès de son pygmalion , on le voit contacter ses amis , anciens prostiputes mâles comme lui ou anciens clients , un vrai festival ! on n'y parle que de pognon ( "alors , tu hérites?" " combien tu le payes , ton petit jeune?"...) , et de vieillesse et de sexe homosexuel aussi d'ailleurs on le voit , ce sexe homosexuel écoeurant , désopilant et fascinant à la fois
celui d'olmi est extraordinaire , une fresque historique avec un homme pris entre sa femme et sa maîtresse , ses difficultés quotidiennes ( approvisionnements , vêtements , discipline , politique ) , son agonie , le jeu surplombant des forces politiques de l'époque....les décors , extraordinaires ( connaissez vous la bulgarie ? un pays sympa , crade , très crade mais absolument extraordinaire ) , les acteurs , pas tous profesionnels , mais extraordinaires
enfin celui de bigelow, Habsolument prévisible américain, donc , filles minces avec des seins pas en rapport , cris de femmes et explosions et aussi ennemis hideux avec barbes jusqu'aux yeux , fourberie jusqu'aux oreilles , commandos spéciaux caricaturaux ( bosselés de muscles et suintants de testostérone , grosses machoires et grosses pétoires ) matériel de destruction massive , hélicos furtifs et instruments de visée nocturne
ce n'est pas tellement les obsessions des cinéastes qui sont emblématiques , c'est surtout ce qui permet à ces obsessions de s'exprimer , ce qui permet au sens matériel du terme car il en faut , du matériel , de la matérialité pour pouvoir faire un film !
14/07/2015 | Lien permanent | Commentaires (16)
Quelques poèmes...
Petit village
Petit village au bord des bois,
Petit village au bord des plaines,
Parmi les pommiers, non loin des grands chênes,
Lorsque j'aperçois
Le coq et la croix
De ton clocher d'ardoises grises,
De ton clocher fin,
A travers ormes et sapins,
D'étranges musiques me grisent ;
Je vois des yeux dans le soir étoilé :
Là je suis né...
Petit village au bord des champs,
Petit village entre les haies,
Tour à tour paré de fleurs et de baies,
Lorsque les doux chants
De ton frais printemps,
Quand l'odeur de tes violettes,
De tes blancs muguets
Pénètrent mon cœur inquiet,
J'oublie et tumulte et tempêtes ;
J'entends des voix dans le soir parfumé :
Là j'ai aimé...
Petit village aux courtils verts,
Petit village de silence,
Où la cloche sonne un vieil air de France,
J'aime les éclairs
De tes cieux couverts,
Ton soleil fin entre les arbres,
Les feux de tes nuits,
L'œil fixe et profond de tes puits,
Ton doux cimetière sans marbres,
Plein d'oiseaux fous et luisant comme pré :
Là je viendrai...
Phileas Lebesque
oOo
Sieste
Deux heures après dîner
Il est temps de se reposer
Ni mouvement aucun bruit
Deux heures après midi
Un chien prudent vient inspecter
La terrasse du café
Tout est fermé à la mairie
Item à la gendarmerie
Dans le vide de l'église
Le Crucifix agonise
Le jet d'eau chez le notaire
Suit son rêve protocolaire
Mais la chambre silencieuse
Dégage une odeur ombreuse
De feuillage et de lilas
De cire et de chocolat
Dans la corbeille à ouvrage
Le livre abandonné surnage
Et l’œil sous le long cil éteint
Tenant sa main avec sa main
Insensible à travers le store
Au rayon qui la colore
Sommeille dans le demi soleil
Une jeune fille vermeille.
Paul Claudel
oOo
Nocturne
Un long bras timbré d’or glisse du haut des arbres
Et commence à descendre et tinte dans les branches.
Les fleurs et les feuilles se pressent et s’entendent.
J’ai vu l’orvet glisser dans la douceur du soir.
Diane sur l’étang se penche et met son masque.
Un soulier de satin court dans la clairière
Comme un rappel du ciel qui réjouit l’horizon.
Les barques de la nuit sont prêtes à partir.
D’autres viendront s’asseoir sur la chaise de fer.
D’autres verront cela quand je ne serai plus.
La lumière oubliera ceux qui l’ont tant aimée.
Nul appel ne viendra rallumer nos visages.
Nul sanglot ne fera retentir notre amour.
Nos fenêtres seront éteintes.
Un couple d’étrangers longera la rue grise.
Les voix
D’autres voix chanteront, d’autres yeux pleureront
Dans une maison neuve.
Tout sera consommé, tout sera pardonné,
La peine sera fraîche et la forêt nouvelle,
Et peut-être qu’un jour, pour de nouveaux amis,
Dieu tiendra ce bonheur qu’il nous avait promis.
Léon-Paul Fargue
oOo
Delfica
La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance
Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,
Sous l'olivier, le myrte, ou les saules tremblants
Cette chanson d'amour qui toujours recommence ? ...
Reconnais-tu le Temple au péristyle immense,
Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents,
Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,
Où du dragon vaincu dort l'antique semence ? ...
Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours !
Le temps va ramener l'ordre des anciens jours ;
La terre a tressailli d'un souffle prophétique ...
Cependant la sibylle au visage latin
Est endormie encor sous l'arc de Constantin
- Et rien n'a dérangé le sévère portique.
Gérard de Nerval
oOo
Les Conquérants
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.
Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde Occidental.
Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;
Ou penchés à l’avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.
José-Marìa De Heredia
28/07/2021 | Lien permanent | Commentaires (14)
Carte blanche (61)
Laissée à Kobus van Cleef
Crépuscule des vampyrs et continent obscur
Trente-et-unième partie
le cigare russe (comme il existe des cigarettes, ces petits biscuits croustillants) ayant largué son contenu pacifique, ledit contenu pacifique ayant été carbonisé par un pilote vronzais, trop remonté par sa hiérarchie, on peut s'attendre à ce que Vladimir, le seul, l'unique, se mette à grogner
ce qu'il ne manque pas de faire, par l'intermédiaire de son ambassadeur à l'ONU
Serguïeï , puisque c'est lui, se lève pour prendre la parole dans l'enceinte sacrée, quasiment la fosse aux lions, où, bien des années avant lui, un illustre dirigeant du PCUS a martellé le pupitre de sa chaussure (s'agissait-il d'une valenki? en ce cas est il resté en portanki? ou bien était il chaussé de cuir fin, comme un boyard? nous en sommes réduits à des conjectures), on en voit encore les traces
on voit encore une embossure dans le pupitre en bois rare avec plein de petites échardes, à présent noyées dans le vernis de la réparation, quel travail dégueu, franchement y a plus de bons ébénistes outre amérique
il sort de sa sacoche un petit laius écrit serré en cyrillique, s'éclairci la voix alors que les représentants nord américains , otaniens et raéliens, se bourrent les oreilles avec de la mie de pain ( alors qu'Odisséus utilisait de la cire d'abeilles du Péloponèse)
pourquoi ces cons là s'obstruent les cages à miel?
pour éviter d'entendre ce que Serguiéï veut leur dire?
suffisait des sortir, ou alors d'aller à la buvette de l'assemblée
mais bast, on pourra se passer de leur approbation
au moment où Serguiéï ouvre la bouche pour débuter le discours, la réincarnation du souabe (si vous avez bien compté, il s'agit de la 5ème) déboule dans le fond de l'amphi en hurlant "c'est la cata nukléer, on va tous mourrrriiiirrrr"
"serait temps que ce guignol s'en rende compte" marmonne le diplomate russe
et effectivement, le guignol en question, vêtu d'un slip sale, et d'un gros nez rouge, se précipite dans l'espace laissé libre par l'orbe des bancs et des pupitres
sa brioche malsaine tressaute à chaque pas, ses bajoues de hamster ballottent en rythme et ses ratiches claquent au vent de ses paroles
"on va tous mourir, oné foutus, Vlad a pris le mors aux dents et va nous atomiser"
Lavrov, puisque c'est lui qui représente la voix du peuple russe (et de ses dirigeants, faut le dire), lève un sourcil, moins broussailleux que ceux de Tchernienko en son temps, mais quand même bien fourni
"et pourquoi donc le prrrrésident Poutine devrait-il vous atomiser?"
là, le misérable répond toute honte bue
"pasqu'on a merdé, merdé grave grave, comme molleglandes lorsqu'il a expulsé les dibranoches vers le grossovo"
"quelles glandes, quel gros dans le sovo, quels dibranoches, faut qu'on m'explique, là"
à peine a-t-il prononcé ces mots que l'alerte sonne dans le vénérable bâtiment, qui a vu des crises, mais des costaudes de cet accabit jamais
tut tut tut
merde qu'est ce que c'est que ce foutoir?
jamais tranquille, bon gû
loin, très loin d'ici, des vieux gousbyres sont assis sur un banc en attendant une audition
audition qui va décider de leur avenir
ceci dit l'avenir des morts, hein, tu m'as compris tu m'as
il s'agit de kobus, jean eudes, blum et quelques autres, les pasdars, la traductreuse tatouée nattée et piercée, ainsi que la fille patate et leon
ils attendent que le taulier, saint pierre lui même en personne, veuille bien les éclairer sur la suite des choses
morts ils sont, mais après la mort, y a soit l'enfer, soit le purgatoire, soit le paradis, contrairement à ce que disaient les révolutionnaires de 1793, au delà il n'y a pas rien
le gros kobus, à bout de nerfs, sort une blague à tabaque de sa poche et entreprend de se bourrer une chiffarde
il est vite repris par un ange, qui n'a pas, le pauvre, une tête d'ange, mais une trogne d'huissier de ministère
le ton, monte, évidemment, le gros kob's explique qu'il est mort depuis plusieurs semaines, mort dans la destruction du bouif de kiev et que ça commence à faire, d'abord dans les limbes, puis dans cette antichambre, assis sur ce siège mal fichu, tant tellement qu'il va en choper des durillons au cul, alors qu'on aille me chercher le taulier, j'aurais des recommandations à faire
hé bien justement, le taulier arrive, tunique blanche, barbe du même métal, pieds nus dans les sandales, une clé dorée (qui vaut mieux que bonne renommée) passée dans un lacet, autour du cou
mais pour la blancheur du poil, le gros kobus n'a peur de personne
et s'il n'a pas de tunique (il est à poil, ou peut être à poils, car ils sont nombreux) il a gardé ses croquenots et son bracelet montre
il est d'ailleurs tant tellement nu qu'on peut se demander où il a rangé sa chiffarde et son tabaque, mais là n'est pas la question
La discute s'engage entre les deux
Ventrus, degarnis du chef et, pour ce qui en reste, blancs, la barbe en desordre, vieux, des carricatures de ce que les gentilles zactivistes feminasses et woke a cheveux bleus pourraient appeler des vieux males blancs de plus de 50 ans (largement plus )
Le taulier excipie du fait qu'il est souverain, pas pour rienqu'on lui a confie les cles, et puis qu'est ce qu'un mortel viens l'emmerder a lui dicter sa conduite? On n'a encore jamais vu ca, bordel de nom de l'autre, merdalors!
Tas d'immortelles? Non, t'as dit mortel? Mais je suis pas mortel, je suis resucite au moins une fois! Meme toi, le chaouch, le bawab, tu peux pas en dire autant!
La, y a comme un blanc
Les deux vieux blancs sont comme des lutteurs qui se seraient agripes au colback, et qui soufflent un instant avant de remettre ca
L'autre,qui est omniscient, ce silence soudain, ca le derange
Il ne deteste pas, entre deux cantiques, observer la cohorte des ames en peine qui attendent un jugement provisoire
C'est pour ca qu'il descend, siivi d'un areopage d'anges, d'archanges, de saints, un peu comme un mandarin hospitalier qui va faire sa visite
Bon, y manque la surveillante confite d'admiration, vieille fille et secretement amoureuse ( a l'epoque, c'etait l'expression du "respect professionel") mais on s'en passera, parce que merde
Et, jamais pris au depourvu, il s'exclame "mais c'est cet eccellent ami kobus! Vouzissi, incroyable, j'ignorais que vous fussiez des notres, i
05/05/2024 | Lien permanent | Commentaires (36)