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19/04/2023

Carte blanche (54)

Laissée à Kobus van Cleef

Crépuscule des vampyrs et continent obscur

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Quatrième partie

Cinquième partie

Sixième partie

Septième partie

Huitième partie

Neuvième partie

Dixième partie

Onzième partie

Douzième partie

Treizième partie

Quatorzième partie

Quinzième partie

Seizième partie

Dix-septième partie

Dix-huitième partie

Dix-neuvième partie

Vingtième partie

Vingt-et-unième partie

Vingt-deuxième partie

Vingt-troisième partie

 

après l'abandon de nos carioles et de nos montures, sagement décidé par le collège des vampyrs, vampyresses et pasdars (nouzautres, pauvres humains sortis de nos biotopes respectifs, l'europe occidentale pour blumroch et kobus, l'afrique de l'ouest pour jean eudes, nous ne sommes plus bons à rien) nous nous retrouvons donc démontés, piétons
un comble, lorsqu'on connaît jean eudes, cavalier émérite qui montait quotidiennement aux afriques
il nous restejuste assez de jus dans les cannes pour nous traîner jusqu'à un gasthauss qui pousse pas loin de la route
à travers le crépuscule et une pluie fine et détestable, on aperçoit des lumières, on pourra donc se restaurer
on pousse donc la porte, salle enfumée (non, les prohibitions du tabaque édictées par die grosse kommission n'ont cours ici), pas du tout le pittoresque karpatique ou oriental, mais la pseudo modernitude crasseuse des rescapés de l'ère soviétique
imagine toi des néons clignotants, du formica et une estrade sur laquelle une malheureuse , la peau marbrée d'échymoses transparaissant sous le maquillage, se trémousse en prenant des mines extatiques, vêtue d'un string et d'un bustier trop étroit
le tout nappé d'une sauce musicale épaisse et sirupeuse, à base de vociférations à l'accent banlieusard sous les poum poum d'une boîte à rythme
le meilleur des deux mondes, pas vrai?

 

j'avais oublié les talons aiguilles au cuir écorché sur les flancs, les bas résille filés et les traces d'injection dans les avant bras
on est donc tombés dans un bouif avec un tortionnaire qui exploite une malheureuse
à moins qu'il ne lui fasse répéter une chorégraphie pour la fête de fin d'année du lycée?
et que la fille soit diabétique, ce qui expliquerait les traces dans les avants bras?
tout est possible
ici notre logique, nos grilles d'analyse, rien de tout cela n'a cours

 

on s'informe, quand même, et c'est le grand karpatique qui s'approche du taulier, bonhomme louche pourvu d'une minerve, d'un chapeau pourri et , très bizarrement , d'un slip kangourou au dessus de bottes de chantier, rien d'autre (clin d'oeil au film katalin vargas, de peter strickland)
il tente en karpatique, en vronzais, en angluche
que dale
puis en yidish
là, le mec s'anime, et lui propose sa fleur des pavés pour quelques thalers (il n'accepte pas les euros)
il fait des remises pour les groupes, précise-t-il l'index levé
à partir de trois participants
c'en est trop pour blumroch et jean eudes qui sautent par dessus le comptoir pour aller satonner le proxo
kobus, lui , est trop vanné par la promenade pour esquisser le moindre geste

 

Et ça y va la baston, le proxo ne se laisse pas tabasser sans résister, il cogne, lui aussi
Mêlée confuse, où l'on distingue des poings, des pieds qui s'activent, où l'on entend des chocs sourds, des halètement et des grognements
Pas un beau spectacle, mais peut être à la faveur du nombre, Blum et Jean Eudes en sortent vainqueurs, le proxo, au sol, ramasse son dentier
Pour une infiltration discrète aux frontières moldaves et ukrainiennes c'est raté
La fille, qui a continué à remuer langoureusement de l'arrière train pendant la rixe, descend de son podium où elle était offerte à la convoitise des consommateurs, elle se dirige vers le trio des cogneurs et, sans coup férir, envoie une claque magistrale à Jean Eudes en le conspuant
Et ceci en moldave
Elle se tourne vers Blum pour en faire autant mais il attrape son poignet, l'essore, la fille tombe à genoux, pleure, fin de la séquence rébellion
Blumroch interroge le grand karpatique du regard, lequel transmet vocalement à la gourgandine demi vêtue, elle explique en sanglotant que l'homme qui gît là n'est pas si mauvais, qu'il ne la bat qu'une fois par jour, que maintenant qu'il est KO elle risque fort de ne pas trouver sa dose de dope quotidienne, que les rabatteurs qui l'ont revendue sont pires bien pires que lui et que d'ailleurs les voilà
En effet, la porte s'ouvre et l'on voit une couple d'appaches de la belle époque avec casquette en touide, petit foulard et blouson cuir étroit
Sans oublier le lingue dont ils font sortir la lame
Kobus,qui goûte mal le fait d'être tenu en retrait, demande sur un ton bien peu urbain "des problèmes,mes braves ?"

 

Le grand karpatique traduit, les gousbyres n'apprécient guère, ils convergent ( à deux c'est facile), vers kobus, le couteau pointé, la mine basse et chafouine
Ho,mort de mes os, ça va mal finir tout ça
Effectivement
Passage éclair du mutant qui saigne à mort l'une des gouapes, l'autre ne demande pas son reste et part en courant
Nous restons donc entre nous, les humains, les vampyrs, les pasdars ( mais ce sont des humains quoique invertis), le proxo, le mort et la danseuse sur estrade en formica
C'est alors que la sono, qui martelait un rap bas de gamme, se tait puis reprend sur du Vivaldoche
Ça alors, trouver un truc pareil ici ?
On s'interroge, le proxo avait des goûts éclectiques, on lui a fracassé le massif facial trop tôt, on aurait pu trouver un terrain d'entente ?
Vivaldoche se fait tout menu, puis se tait, c'est maintenant un précurseur, un K-D Buxtehude.... on n'en revient pas
Puis la sono s'arrête définitivement
Une ombre passe derrière le verre dépoli de la porte
Ça se précise
Un mec entre, c'est le manager de haulte graisse, de grande entreprise que nous avons laissé en Italie aux alentours du Gargano
Merdalors, par quel miracle ?
Aucun miracle, moi aussi je lis les blogues
Et j'ai d'ailleurs une proposition à vous faire
On s'approche, sauf Blum qui est encore un peu jalmince
Voilà, vous savez sûrement que l'intelligence artificielle est l'or de demain
Et qu'il s'agit en réalité d'une compilation d'expérience individuelle
Rien ne s'oppose donc à ce que vos expériences aient toute leur place dans ma base de données,ma méta base ( mets ta base, je mettrai mon acide)
Et savez vous quel est mon projeeeeeeet ?( en vrai, il n'a pas l'air halluciné, il paraît même raisonnable et sympa, plus que lorsque kobus l'a laissé dans la salle de sport)
Mon projet, c'est de réussir à fabriquer une présence artificielle, féminine de préférence
Là on s'esbaudit
Enfin, mon pauvre ami, que voulez vous, avec votre dégaine, votre fortune, vous avez le choix parmi les femmes de tous les pays, brunes blondes rousses jaunes noires, de bonne naissance ou d'humble extraction, et vous venez nous bassiner avec une femme artificielle ?
Un cyborg ?
Vous n'êtes pas sérieux !
Hé bien si, je suis extrêmement, totalement, définitivement sérieux
On ne saurait l'être plus
Et d'ailleurs ce n'est pas pour moi, c'est pour le bien de l'humanité
Pour éteindre la guerre des sexes, guerre déclarée par les féministes
Voyons les choses sereinement, il est impossible pour un homme occidental, modèle basique avec un peu de pognon mais pas trop, il est impossible d'avoir une compagne qui ne se révèle chiante,cupide et rétive au déduit au bout de quelques années de vie commune
C'est une constante, dans approximativement 70% des couples
Moi, le musqué, le musculeux, je forme le vœu d'arriver à fabriquer des cyborgs femelles qui contenteront les mâles solvables
Attassion, pas des poupées sexuelles made in china, qui parlent pas,dont les articulations couinent lorsqu'on force dessus et qui sentent le plastique
Non, de véritables femmes,aimantes, attentionnées, qui feront la conversation, la cuisine, qui n'auront jamais la migraine, qui ne vieilliront pas et qui ne partiront pas avec la totalité des revenus de l'homme
Qu'en pensez vous ?
Et j'ajoute, puisque vous avez des compagnes idéales, pourquoi pas les inclures, elles, leurs mensurations, leurs phénotypes dans la méta base de données ?

 

Nos trois amis regimbent, comme un slamiste auquel tu montres un chauchichon, comme un tradi auquel tu demandes d'abjurer sa foi, comme un escrologiste auquel tu montres une vidéo de sainte Greta en Ferrari à fond sur l'autoroute
Qu'est ce à dire ?
Mossieur veut prostiputer nos compagnes ?
Mais ça va mal se terminer,l'ami, très mal, dans le sang et les tripes, avec du fer à la main,aux tristes aurores entre quat ' témoins !
Ou plutôt non,toudsuite, là maintenant, aux poings, comme des charrettiers, en garde,fils de pute,j'm'en vais t'arranger l'portrait,t'vas voir ta gueule !
C'est Blum le plus enragé, il est prêt à la castagne, rapport aux rumeurs affirmant qu'Erzebeth n'est pas insensible au charme du musqué musculeux
Il s'est déjà positionné, épaules basses, garde haute, esquive du haut du corps, tout bien
Moment terrible
Vont ils échanger des horions, des coups, peut être fatals et définitifs ?

 

Oui, c'est parti !
Sans attendre, Blum envoie un taquet en pleine trogne au dirigeant de haulte entreprise, il y a mis toute sa force
Au lieu de faire plafff, ça fait beinggg
Le musqué ne bouge pas d'un pouce, Blum secoue sa main, incrédule, la douleur remonte le long de son bras,atteint le plexus brachial, puis les racines postérieures, le lemnisque postérieur de la moelle, le thalamus, la circonvolution pariétale gauche ( il a tapé avec la main droite), ho putain merdeeeee, kes ke c'est ke c'truc ?
Sa pogne gonfle, pèse une tonne, il recule, fracture du col du 5eme métacarpien, au moins, sans préjuger de lésions du triquetrum et du lunatum, il blanchi,s'assoie
L'autre n'a pas bougé, son sourire crétin non plus
Il lève les mains dans une tentative d'explication
Mais les femmes s'interposent
Erzebeth tire Blumroch en arrière pose sa main blessée,sa pauvre main, l'instrument de l'amant et de l'écrivain, elle la pose dans son giron, souffle dessus comme une mère lorsqu'elle console son enfant, claque des doigts,se fait apporter des glaçons douteux par un des pasdars ( glaçons trouvés dans le frigo de la kouizine du bouif moldave), emballe le membre dans un torchon presque propre, avec les glaçons dessus, berce doucement son amant sans mot dire
Une qui dit un mot c'est Vesna
Et quel mot !
Une ou plutôt, plusieurs phrases !
En substance on pourrait résumer ça par "maintenant que vous avez fait votre démonstration de macho, on pourrait réfléchir un peu, il est bien évident que monsieur ici présent n'est pas humain mais cyborg, d'ailleurs Szuzanna n'a rien flairé à son sujet, il est évident aussi que la haulte entreprise est bien plus avancée en cyborgologie et en computation qu'on nous l'a présenté puisque toulmonde s'est laissé prendre à l'apparence humaine, reste à savoir ce qu'il convient de faire "
Ce à quoi Blum répond en grommelant "lui casser la gueule "
Erzebeth lui clôt le bec d'une caresse, les trois soeurs se réunissent en congrès discret et féminin

 

et nous restons tous trois, Kobus, Blumroch, Jean Eudes, plantés devant le manager de haulte entreprise ou son clone, son cyborg, son sosie, son même
l'homme (ou la machine?) n'a pas bougé depuis le gnon que lui a foutu Blum, il arbore toujours cet air con, ce sourire niais et cette odeur...
et là, ça fait crouic dans la cougourde de Kobus
c'est évident, l'odeur de testostérone est artificielle, elle masque celle du plastique, du latex, du coutchouc! (il veut dire caoutchouc mais il dérape sur les diphtongues tellement il est préssé d'annoncer le fruit de sa réflectance)
ouais, le coutchouc nous préviendrait si d'aventures nous croisions un autre cyborg, des fois qu'on voudrait lui mettre un pain dans la trogne
Blumroch, dont la main pulse de douleur dans le linge malpropre dont Erzebeth l'a enveloppé, Blumroch donc, n'apprécie pas le rappel
mais il a la sagesse de n'en rien montrer
pour une fois que Kobus réfléchi à peu près droit...

 

mais ça nous dit pas ce qu'on va faire...
hé bien si!
les trois belles reviennent, l'oeil rieur, la moue amusée
on va accéder à la requête de ce garçon
quoi? mais c'est de la prostitution, nous sommes déçus, extrèmement, totalement déçus et désillusionnés
snif et ouin
écoutez nous un peu, les hommes
il s'agit d'un marché, d'argent, nous échangeons des données, taille poids, diamètres, contre d'autres données, des chiffres à plusieurs zéro en thalers ou en euros
et pour les réactions, les réflexions, que feraient les femmes idéales à leurs maris idéaux, que comptez vous faire?
traduit en programme informatique, ça tient en zéros et uns, comme tout langage informatique, c'est d'ailleurs sur une succession de zéros et de uns qu'est fondée la prospérité de ce monde

 

Et puis,regardez,nos mensurations sont déjà connues, il suffit de nous regarder !
Emesse lève les bras au ciel, monte en suspension sur la pointe des orteils, fait une, deux, trois voltes comme ça, la tête levée, les seins fièrement dressés, les cuisses musculeuses et tendres à la fois agitées de soubresauts à chaque mouvement du pied
Kobus, la bouche sèche et le cœur en pâmoison, acquiesce
Nos compagnes pourront autoriser l'exploitation numérique de leurs mensurations dans l'usine à cyborg femelle du dirigeant de haulte entreprise
Contre rétribution, évidemment
C'est là que gît le noeud du problème ( Gordius ne me démentira pas)
Combien est il prêt à y mettre, le musqué ?
Et un contrat signé avec un cyborg, poupée de plastique, d'aluminium, de silicium et de coltran, est ce un contrat ?

 

Et cette usine existe vraiment ?
Le cyborg que nous voyons en atteste -t-il ou est ce un modèle unique, histoire de rameuter les foules et les investisseurs ?
Qui nous dit que le musqué, une fois enregistrées les données, ne s'en servira pas dans un gonzo numérique où les représentations de nos moitiés seront informatiquement avilies, dégradées de façon computationnelle ( et non pas compassionnelle)?
Des uns pénétrant leurs zéros, en somme
Ça mérite réflexion, mes douces, un peu de remue méninges, pas se lancer à l'aveugle dans une aventure peut être riche de conséquences désastreuses ( là c'est Blum qui cause, comme il le fait bien, il parle comme un livre)
Et tout n'est pas clair, si vous voulez mon avis, d'où ce quidam tient il son mandat ?
Dis nous ton nom, grand cornard, et tout de suite,oui, toudsuite !
Ou je fais un malheur !
Il s'approche du cyborg, mâchoires crochetées, l'oeil mauvais, l'autre le repousse, ils tombent emmêlés tous les deux, bouillie indescriptible, puis un courant d'air, une odeur d'humus et de sous bois, une ombre passe devant les néons du bouif, néons clignotants et faiblards, ça occulte notre vision
Lorsqu'on peut y voir à nouveau, Blum se secoue, debout, le cyborg à terre, une masse monoxyle, verticale le surmonte, une racine sur le bras de la créature artificielle, une autre sur la cuisse, puis lentement, lentement, des radicelles investissent la carapace, la font gonfler puis craquer
Le même, le cyborg n'est plus !
La stéréo, qui jusqu'ici s'était tue, entame un petit morcif de jean Sébastien, une sarabande mortuaire, au violoncelle
Pile celle reprise dans Barry Lindon, tu vois, lors de l'enterrement du fils de Redmond Barry
Puis plus rien
Au sol courent des musaraignes, des écureuils, tout un petit peuple sylvestre
On se tourne vers la créature monoxyle, toute emmêlée de feuillages et de rameaux..... c'est Pharamond !
Mais un Pharamond méconnaissable avec des fruits à coque en guise de paupières, des champignons en guise de lèvres, un vrai Arcimboldo !
Transformé en basajaun, mais un basajaun karpatique, de Bucovine !
Pourvu qu'il cause encore vronzais, pensons nous
Hé bien non, il ne parle plus, mais il communique par la pensée, ce qui est encore bien mieux
Il nous explique donc comment il a eu vent de nos déboires dans l'auberge ( plus besoin de lire le blogue), et comment, même à des lieues d'ici, il s'est transporté à la hâte pour nous arranger les bidons
Et comment il nous suivra de loin lors de notre périple,du moins, en zone boisée
Là, on est interrompu par Szuzanna qui peste
Son amant prévisionnel transformé en rondins, planches et madrier, comment pourront ils s'unir pour perpétuer la race vampyresse ?
Pharamond le basajaun se tourne vers elle, sans un mot audible, ses branches s'écartent et l'on voit un tenon, comme l'amorce d'une branche,polie, débarrassée de l'écorce, qui ne demande qu'à s'emboîter dans la mortaise de Szuzanna
Les mots nous manquent, si c'est pas une branche maîtresse, ça y ressemble, question calibre, nodosités, rectitude
Szuzanna aussi reste bouche bée
Elle s'avance, hypnotisée vers le monoxyle, le feuillage se referme sur elle comme les bras d'un amant
Ça nous épargne la vue mais pas le bruit...
Nous sortons

 

À ce point de l'histoire, j'avoue ma supériorité sur les romans russes
Une pléthore de personnages, une narration cyclique, des transformations anthropo-vegetales et anthropo-vampyresques des tombereaux de cadavres, des fonds en quantité illimitée, des conspirations mondiales, des sentiments tendres unissant des genres différents , quelques scènes de ku, l'intervention d'un deus ex machina qui tombe à l'eau...
Et c'est pas fini !
Bon, on est dehors, à se geler dans le froid de la steppe pré pontique, sur les contreforts de la montagne moldave, avec cette bruine interminable...
On a bien tenté de s'abstraire des pensées un peu egrillardes qui nous sont venues à l'esprit, on a devisé doctement, on a discuté de l'itinéraire, on a fumé moultes pipes de tabaque gris ( du scaferlati, qu'on ne trouve plus en vronze, tout juste dans les dernières papyrosses sur lesquelles on a pu mettre la main sous le comptoir de l'auberge, du tatoun, tabaque turc très piquant à l'odeur et irritant dans l'arrière gorge) puis on a tapé avec détachement le fourneau des chiffardes sur le talon des bottes pour nettoyer le truc, mais non, ça dure, ça dure
Kobus ne peut pas s'empêcher de demander à ses co-voyageurs "sacré tempérament, la petite.... elle braillait pareillement avec moi ?"
Les autres lui tournent ostensiblement le dos
Mais kes ke j'ai dit,bon gû ?
Ce n'est que lorsqu'il s'aperçoit que Emesse les écoutait et qu'il voit une larme au coin de ses yeux parfaits qu'il réalise qu'il a gaffé...
Il entraîne donc sa beauté dans une promenade champêtre, puis la serre de près en lui sussurant "il n'y a que toi dans mon cœur"
Ça marche, des trucs pareils, avec les femmes, vous croyez ?

 

Nos deux tourtereaux retournent à la gasthauss, il a du vert sur les genoux du pantalon, elle a les cheveux un peu emmêlés, son beau regard si clair apparaît moins blessé
Mais il a intérêt à filer doux, garanti, il a bien sû où était le maître dans le couple, qui tenait la bourse par les cordons, la braguette par les aiguillettes, le manche par la tige
Mais c'est un homme, un peu velléitaire, un peu filou, un peu fort en gueule, pas trop intelligent, il saura s'accommoder de cette situation
Une qui s'est accommodée d'une autre situation, c'est Szuzanna
Elle se repose aux côtés de notre ami monoxyle, la sueur n'a pas séché sur son corps marmoréen, non plus que d'autres épanchements qui tapissent ses cuisses ( allitération riche, qui tapissent ses cuisses, vous avez noté ?)
Elle carresse amoureusement l'écorce des racines en murmurant, le mutant va avoir un petit frère, ou une petite sœur,va savoir
Son ligneux amant ne se rengorge pas, ne se tourne pas vers ses comparses pour les prendre à témoin de la réussite de la transmutation anthropo-vegetale, il affecte la raideur commune aux arbres, tout juste si un vent coulis agite son feuillage

 

On va prendre du repos, évidemment
L'intelligence artificielle qui animait le cyborg à la semblance du musqué, devenue folle, allume puis éteint les néons gresillants, fait défiler plusieurs morceaux d'opéra sur la sono du bouif, kobus se retrouve à fredonner l'ouverture d'Athys
Ses co -voyageurs le regardent drôlement ( il chante, non pas faux, mais faible, il ne peut étendre la tessiture comme il faudrait, ça fait comme une mobylette qui voudrait courir à l'enduropale) sauf Emesse qui ressent ce truc des humains, là, au fond des tripes, oui, ce truc, genre, je t'aime mon salaud...
À bout de nerfs, Blum se lève, arrache les enceintes, les câbles, balance ça dans la cour de derrière, où se font habituellement les transactions de petite amplitude ( les grosses, c'est à l'étage, dans le bureau du boss, comme quoi, la contamination hollywoodienne a frappé ici aussi)
Tout le monde se couche sauf Phara qui reste debout
Et pouf, on s'endort

 

Blum s'est replié sur sa main qui le lance, bordel de moive!
Erzebeth a beau l'empaqueter de glaçons, ça ne dégonfle pas
de guerre lasse, on s'en va quérir Kobus, ha ben y a fracture, là
bouge pas, je réaligne les fragments, ça ira mieux
l'abruti tire sur le membre comme un bourrin, Blum hurle, tombe en pamoison , le bruit est tel que Jean-Eudes se réveille
ne pouvant rien faire pour son aminche, il va pisser dehors
il revient en déclarant "je voudrais pas vous alarmer, mais il y a toute une troupe de tziganes dehors en train de dépecer le cyborg et les câbles de la sono du bouif"
effectivement, les ciganis sont à l'oeuvre
et bientôt ne restera rien du cyborg, déjà que les radicelles de Phara l'avaient colonisé...

 

Et alors,kes ke vous foutez là,les caraques ?
On reconnaît le verbe de kobus, mêlant le vocabulaire fleuri de la langue classique et les expressions imagées de ses Cévennes natales
C'est pas parce que c'est dehors que ça vous appartient, hein, si vous y tenez Habsolument, on peut vous en céder une partie ou le tout, mais faudra banquer, les bougres, passer à la caisse, allonger les talbins, pigé ?
Les mecs ne bougent pas, pas une expression ne traverse leurs faces dévastées par l'alcoolisme et la consanguinité
Kobus s'entête, alors qu'Emesse le tire par la manche, laisse mon chéri, ce sont de pauvres hères, qu'est ce que ça nous enlève s'ils s'emparent de ce qui ne nous appartient même pas ?
Ha, c'est le droit de la guerre et du vainqueur,ma douce amie, on pourrait dire que c'est Bellone qui nous en a fait cadeau
Alors, la famille niglo, combien on est prêts à lâcher pour cette carcasse de cyborg et les câbles afférents ?
Devant l'air ahuri des ferrailleurs, il met les choses au point
Pognon, les bougres,kaaliss, dinero, money, thalers,euros, comprenez,entiendes, panimaiech ?
Là, ils pigent, et vite...
Argent, argent,toi donner argent !
Et merdeeeee....

 

Le reste de la nuit n'est pas paisible
Les caraques assaillent le bouif en couinant "argent, argent, toi donner argent meussieu, argent argent"
Au bout d'un moment,n'y tenant plus, Blumroch sort, un tesson de bouteille à la main, ça va chauffer nom d'un p'tit bonhomme !
La pietaille gypsie s'égaille en poussant des lamentations "o secours la pouliss"
Puis plus rien
On se rendort
Repos de courte durée puisqu'aux aurores, un toc toc insistant ébranle la porte vitrée du gasthauss
Mais ils dorment jamais dans ce pays ?
C'est les kebourdins locaux, actionnés par le pater familias cigani, qui viennent voir s'ils peuvent ramasser un peu de thunes en emmerdant nos amis
Barbes de trois jours, uniformes avachis, casquettes de traviole, haleine de fin de biture, les représentants de la loi sont prêts à entrer dans l'Europe,ma parole !
Dans l'Europe de demain, s'entend, celle où les machins et les choses seront majoritaires
Ça promet

 

Surprise
Ce sont d'anciens clients, au sens de la Rome Antique, du grand karpatique
Vont ils se revancher en exigeant les papiers et le bakchich ?
Non
Le brigadier ôte sa casquette crasseuse et baise la main du karpatique, ça se fait beaucoup, en signe d'allégeance, en ces contrées

 

les autres kébourdins se sont découverts, et restent en retrait
le grand karpatique s'installe dans un fauteuil, d'un claquement de doigts le brigadier a enjoint à l'un de ses sbires d'aller chercher quelques rafraichissements
rafraichissements offerts par le sbire en question , tête baissée, mine basse et sournoise, sur un plateau déniché dans les entrailles du bouif poldomolvaque
un long conciliabule s'ensuit, le grand karpatique parle bas mais le brigadier hoche la tête, branle du chef, bref montre tous les signes de la compréhension et de l'obéissance
conséquence logique, la famille cigani qui attendait dehors est dispersée à coups de gourdin par la maréchaussée locale
on nous invite à prendre place dans plusieurs gelanders, courtoisement mis à disposition par les forces de l'ordre et fouette cocher, nous fonçons vers la frontière ukrainienne
laquelle frontière s'ouvre comme par miracle, les douaniers respectifs étant subitement occupés à contrôler quelques écritures comptables dans leurs gourbis

 

et nous filons vers l'est et le nord, vers Kiev
en chemin nous croisons des bataillons d'arrêt qui mènent , à la pointe des baïonnettes, les conscrits et les réfractaires, à l'abattoir
les mecs ont des écussons évocateurs, Aïdar, Krakken, Azov, ils sont musculeux , treillis immaculés, visages fermés, ils bousculent sans ménagement les malheureux
il ne leur vient pas un instant à l'esprit de contrôler les occupants des voitures de mafieux que nous conduisons

 

et nous roulons, péniblement, sur les routes défoncées
au bout d'un moment , nous tombons sur cette scène étrange
nous sommes à proximité d'équipements sportifs
un brun basané, barbu, chevelu, gilet de photoreporter, reflex en bandoulière, lance des invectives en angluche avec un accent espingouin, invectives reprises par une traductrice, blonde, nattée, piercing dans le nez et la lèvre supérieure, battle dress camo sur le dos, par le truchement d'un porte voix, avec une voix singulièrement monocorde
les instructions s'adressent à une petite troupe de femmes, allongées, jupailles relevées, coquards apparents autour des orbites et de quelques hommes, trognes de soudards, uniformes siglés Z ou avec écusson ROSSIA sur la manche, dans des postures sans équivoque, les hommes dessus, pantalons aux chevilles, les femmes dessous, jupes jusqu'aux oreilles
"shit, tell the women to cry, it stinks the faint!"
la blonde traduit
les femmes font la grimace, et tentent de pleurer
"tell the men to be brave, otherwise it stinks utterly the faint"
les mecs soufflent entre les cuisses des femmes, putain quel boulot de merde, tout ça et même pas pouvoir espérer ne pas être envoyés au front....
on comprend enfin qu'il s'agit d'un journaliste otanien, nioullorquais, qui illustre un article sur les exactions russes
avec des figurant.e.s

 

On prend des renseignements auprès des figurant.e.s qui s'accordent une pause cigarette ( papyrosse)
En fait, ils ne sont aucunement volontaires
Ils sont les victimes des rafles exécutées par les sergents recruteurs et les hommes des bataillons d'arrêt, eux et leurs femmes, filles ou mères qui se sont interposées pour leur éviter le front
Les mecs ont pas fait de détails,hop toulmonde au trou
Puis un émissaire est venu leur causer
OK, vous irez au front mais pas toudsuite, et peut être pas en première ligne, et en prime on relâchera vos femmes, filles et mères sans les brutaliser
À une petite condition
Que vous posiez sur des photos, pour aider la nation, question de patriotisme, ça ne se discute pas
Alors là, on rejoue boutcha, voyez ?
Encore heureux qu'on fasse pas les morts, les tarés d'Azov seraient prêts à nous déguiser en allongés, ils s'y entendent, ils l'ont déjà prouvé par le passé, regardez pas,y en a un qui vient de ce côté
Non, c'est la traductrice piercée, tatouée et nattée, qui vient aux nouvelles
On lui demande à quoi sert tout cet estrambord, elle nous assure que c'est bien pire ailleurs, d'un air mystérieux
Ici, dit-elle, au moins, le mec ne photographie pas de natures mortes, son job c'est le vivant, d'ailleurs le mec a une assez bonne réputation
Les mégots une fois écrasés, c'est la reprise du shooting, on rallume les gros projecteurs et on agence les participants
Et clic clac, la peloche défile dans le boîtier, et plic ploc, la sueur dégouline sur le visage des modèles
Au bout d'un moment, le photoreporter se fait apporter un escabeau, il aligne les peguts locaux devant lui, dénudés, honteux et rougissants, par terre, de façon à ce que les corps emmêlés dessinent un message politique fort, très fort
Peace
Voilà ce qu'il dessine, le P est constitué d'un corps allongé verticalement et d'un autre, enroulé contre lui, quasiment en position foetale, et tout à l'avenant
L'escabeau ne suffit pas, il monte dans les tribunes du stade, ça marche pas, on échafaude un truc, il surplombe les corps à plus de 10m, les femmes avec leurs pilosité pubiennes rares et les seins qui dégoulinent un peu sur les côtés, les hommes avec leurs bides de buveurs de bière et leurs cicatrices d'appendicectomie ou de gastrectomie des deux tiers pour l'ulcère
Ouais, les tops modèles ont passé la frontière dans les premiers jours du baston, les instagrammeuses aussi, ne restent que les gens ordinaires, ceux qui n'ont nulle part où aller
Puis, illumination, il lui vient une autre idée à la con
Il va inscrire un slogan encore plus maousse, politique et dérangeant
Il va écrire Slava ukrainia avec des corps !
Et il le fait
À ses côtés, la traductrice répercute servilement, que veut tu qu'elle fasse d'autre?
Les figurant.e.s , soigneusement intercalés, un homme, une femme,se rangent,se courbent, les femmes tentent de masquer leur pudeur de la main, le photographe, qui chique au tartiste comptanpourien s'insurge, il veut tout voir, tout !
l'Ukraine elle est là, bon gû de bon gû,martyre sous les espèces de ses femmes maigrichonnes et de ces sexagénaires couturés du bide
Allez, les mains le long du corps et vous, la dame du K, le bras gauche et la jambe gauche à 30degres en abduction !

 

Et lui, le mec du premier I, l'érection intempestive, vous me faites disparaître ça !
Pronto !
Il retrouve les accents du Bronx natal pour invectiver, houspiller,morigener
Le truchement à côté de lui,a fort à faire pour transmettre les ordres,contrordres et exhortations
On y arrive, finalement
Il descend de son perchoir
Il vient de lui germer une autre idée dans la cougourde
Il va faire une pietà, il intitulera ça Ukraine martyre
Discutez pas
Avec un truc pareil, il est certain d'être primé à la foire d'art contemporain à Bâle
Allez hop, en place
Un socle de corps martyrisés,saignants, hommes et femmes confondus on rajoute de la peinture
Puis au dessus, une femme avec un voile marial, bleu,oui bleu comme le drapeau du pays,nue, les cuisses ensanglantées, tenant dans son giron un fils du pays, ensanglanté aussi
Il m'en faut un barbu, comme dans les pietàs
Mais un blond
Un blond barbu, jeune, balaise, un charpentier, ça doit bien se trouver
Hélas non, ils sont tous au front
Ou à l'estranger
Ou mort, c'est selon
On avise un des gardes du régiment azov
Baraqué, jeune blond barbu
On le fout à poil
Merde... couvert de tatouages... et pas des sympa, des nazis
Le photographe exulte
Oui,tatouages c'est le Christ contemporain, lève les yeux au ciel !
Le mec lève les yeux
Et autre chose
Faut le comprendre, même si ce sont de braves mères de famille, même si elles ne sont pas aguicheuses ni maquillées, ça lui fait de l'effet
Effet qui se traduit par une gifle magistrale de la part de celle qui jouait la sainte vierge
Puis le légitime de cette dernière entre dans la danse, coups,cris, torsion de testicules, les autres membres d'Azov s'y mettent eux aussi, mais à mains nues, de peur de flinguer leur pote, émeute carabinée, révolte servile, les réfractaires au front triomphent de leurs gardes chiourme,non sans mal, mais lorsqu'on se bat à armes égales, c'est le plus motivé qui l'emporte
En tout cas, ceux là ne verseront pas leur sang pour le roi zelinski de sitôt
Un qui est terrifié, c'est le photographe
Il a tout dans ses rouleaux ( il travaille à l'ancienne, à l'argentique) mais ça n'eloigne pas de lui les canons des armes que les recrutés ont récupéré auprès des recruteurs
Ceux qui sont benaises, c'est nouzautres et la traductrice
On attend le dénouement
Les recrutés de force vont ils liquider les recruteurs ?
Vont ils comprendre l'absurdité de leur révolte et se rendre ?

Allons allons, s'ils ont avoiné les zazov, c'est qu'il y a un bon fond
Et ils n'ont pas fait semblant, espère !
On ne compte plus les jointures ensanglantées et les cols de métacarpiens fracturés
D'ailleurs les zavoztas n'ont pas bonne mine, coquards grandeur nature sans qu'il n'y ait besoin de fard, mâchoires pendantes et demantibulees, testicouilles enflés, genoux déboités, désarmés et les vêtements en lambeaux, c'est la mine usuelle des vaincus qu'ils arborent, ça et le stress d'une exécution sommaire
Ça ne manque pas d'advenir, d'ailleurs, un crépitement ( kobus, dans un élan de mysticisme littéraire, aurait préféré écrire "un feu de mousqueterie", mais faut être moudern, on n'exécute pas les prisonniers au mousquet, mais à l'automat kalashnikov) déchire un silence lourd et nous fait sursauter
Une des mères de famille, sur le giron dénudé et sanglant de laquelle on avait couché l'azovstat barbu, musculeux et tatoué, une des mater familias donc, vient de se faire justice
Ça rigole pas dans les périphéries, je peux vouldire...
Maintenant se pose la question de l'élimination des preuves
On est loin du front, même si c'est la hantise des hommes ici rassemblés sous la contrainte
C'est la traductrice qui trouve la solution
À plusieurs verstes d'ici, une mise en scène artisticopatriotarde a eu lieu, mise en scène patronnée par un tartiste vronzais dont le nom commence par un spoe et se termine par un ri, et consistant à exhumer des supposées victimes
Le mec exhume, en général, un peu tout, ça va des résidus de gueuleton de mariage aux vestiges de nuits d'amour avec des belles tarifées, il fait ça sous les caméras puis se repasse la scène
Là, à plusieurs centaines de kilomètres du front, là où il n'y a eu aucune belligérance, il a fait excaver une fosse commune contenant des corps en très bon état de conservation
On pourrait peut être...
Sa narine ornée d'une bélière frémi, c'est le signe d'une suggestion à retenir
Pas con, comme idée
Elle s'adresse autant aux rebelles, qui nous tiennent sous bonne garde, qu'au photographe nioullorquais,barbu, chevelu et latino
Que va-t-il advenir de nouzautres ?
Les réfractaires au devoir patriotard n'ont plus les moyens de reculer, le photographe est trempé de trouille, notre groupe est très décontracté ( ce qui désarçonne nos braqueurs), le truchement n'a pas l'air de trop s'en faire
Le grand karpatique s'adresse à la chiourme promise au front, en lui faisant valoir qu'ils vont avoir besoin d'aide pour dissimuler leur forfait ( forfait... si on veut, moi j'y vois de la légitime défense) idem pour se dissiper dans la nature et y survivre
Le discours qu'il leur tient à l'heur de plaire, on embarque tout ce petit monde dans les gelander hérités de la mafia moldave, les Macchabées y compris
Non ça ne rentre pas
Les zazovstas sont bien venus avec quelques moyens de locomotion ?
Et le photographe aussi ?
On trouve effectivement un minibus stationné à proximité, on y enfourne une partie des cadavres et des vivants puis, dûment guidés par la tatouée piercée,cap sur la fosse investiguée sous les caméras de l'art contempourien

 

Allons y, quoi
La théorie de véhicules progresse vers le bled voisin
L'exhumation ayant eu lieu dix jours avant et n'ayant pas été rendue publique ( pour le moment, on attend une meilleure occasion pour ce faire), les alentours sont déserts, à peine une rubalise que le vent fait claquer
On se gare à proximité, on reconnaît les lieux, terre remuée,traces de pneus, un tractopelle garé en vrac pas loin
Blumroch, qui a de l'expérience, grimpe sur le siège, fouille sous la colonne du volant,sort les clés, bon, il démarre le bouzin,iou iou iou, breum, un nuage de fumée toxique sort du moteur puis ça se stabilise, il tâtonne un peu, les commandes s'avèrent facile à manipuler et hop, il commence une excavation de bonne taille
Quel meilleur endroit pour se débarrasser d'un ou plusieurs corps qu'un cimetière ?
Au bout d'un moment, le trou est assez profond pour qu'on puisse y enfouir les azovstas
En vrac
On rebouche
Le photographe est debout près de la fosse, le caleçon pas très sec
On lui fait la leçon, les mères de famille le regardent d'un œil mauvais, elles n'ont pas oublié la façon dont le progressiste propagandiste les a fait poser,demi nues dans le froid et dans des postures inconcevables

 

L'ami Blumroch exagère
Les recrutés de force ont eu le front de refuser le front, précisément
En tout cas, leurs femmes, filles et mères l'ont refusé pour eux, ou avec eux
Conséquence logique, ils se mettent totalement hors la loi
En buttant,non pas des patates, mais des azovstas
On se retrouve donc, une fois de plus, à creuser des fosses
Ça devient un fil conducteur dans ce récit

 

on a jeté un coup d'oeil dans la fosse avant d'y basculer les azovstas
les corps qui attendent ne sont pas discernables, on ne sait s'il s'agit de russes, d'ukro, de russophones, de morts sur le champ de bataille
on a rebouché la fosse
les réfractaires nous regardent sans aménité
leurs femmes, filles et mères nous saluent, chaque groupe se sépare, nous retournons vers le nord, eux se dirigent vers le sud , vers la Crimée, où, pensent ils, le salut les attend

 

Et avec nous, collant comme pas permis, la traductrice à nattes, tatouages et piercings et, également, le photographe du Bronx
Au bout de peu, excédé, Blumroch leur demande "ça va, zavez pas des copains, de la famille ?"
Question conne, qui tombe à plat

 

D'autant plus conne que le mec nous répond "non, je suis seul au monde"
Et que la fille fait un clin d'œil sans équivoque à Szuzanna, la beauté froide, probablement enceinte des œuvres de Pharamond, notre ami xylomorphe ( on ne le voit pas trop dans les environs, il faut dire que la steppe pontique, c'est un peu plat comme la main, surtout mis en valeur par les occupants de kolkhoze, ils ont rasé tous les arbres)

 

Pourquoi enceinte ?
Mais parce qu'elle a le teint brouillé et qu'elle est allé gerber ce matin
Deux fois
Par contre, devant la fosse, rien, impassible
Impassible aussi lorsque la traductreuse à nattes tatouages et piercings tente de la rambiner pour un avenir fricassin, un triboavenir ( les helenistes pigeront)

 

Bref, il va être difficile de se séparer de ces deux là
Mais ça complique le récit, un photographe nioullorquais barbu chevelu et latino, qui chique à l'artiste contempourien, perdu dans les étendues glacées, une tribade affirmée, comment tu t'en débrouilles, littérairement parlant ?
Emesse glisse à kobus "accueillons les, le photographe donnera sa pellicule photo à niouzouique et la lesbo fera un intermède coquin si l'action se ralentit"
Mais c'est que l'action s'accélère, au contraire !
Et, encombrés de ces deux surnuméraires, comment pourrions nous débrouiller la succession d'événements qui surviennent ?
Tiens, au moment où je parle, le roi zelinski s'y est mis aussi
Il propose un grand raout à Kiev, avec les Européens ukrophiles et surtout les bailleurs de fonds
Il suggère que ce soit couplé à la gay pride, laquelle suivra, ou sera mêlée, on ne sait pas encore, au défilé des forces armées ukro, entièrement rééquipées par la générosité du reste du monde
Au même moment, certains dirigeants ukrophiles ont résolu de venir, avec leurs staffs de sécurité, leurs officiers de communication, leurs dirigeants d'entreprise subventionnées ( dans l'espoir d'engranger une ou deux commandes, toilettes dégénrées par exemple ou panneaux de signalisation "attassion au vélo !") et leur grand mère


Bref, par l'intercession de dame Emesse, les deux là vont nous coller jusqu'à ce qu'on puisse s'en débarrasser
Dans une fosse en compagnie d'ukrokombattants ?
Dans un relais routier lorsqu'on aura fait le plein et qu'ils seront passé aux chiottes ?( remember le facteur sonne toujours à deux reprises)
Auprès d'une ONG qui prétend soulager les soffransses du peuple ?( ça m'étonnerait fort, de telles associations œuvrent soit pour les n'haigres soit sous l'oeil de caméras de tilivizion complaisantes)
En les remettant, respectivement à des personnes habilitées à s'en occuper ? Soit l'embassade americonne pour le fotograf ' et les femens ( ou des féministes quelconques) pour la traductreuse


Alors qu'on en est à se chamailler sur la répartition dans les différents véhicules, on voit poindre à l'horizon plusieurs command cars remplis de costauds en treillis camo, écussons évocateurs, cagoules en tissu respirant ( mais que diable peut être un tissu qui ne respire plus ? un tissu mort, peut être), armés jusque zaux dents ( oui, j'aime la diction klassik), précédés du son d'un haut parleur
Stoï, stoï, stoï pridourak !
Interrogée, la lesbo nattée nous confirme que nous avons tout intérêt à ne bouger ni pied ni patte et d'attendre patiemment que ces bougres là nous aient expliqué leur vision des choses
Blumroch, en dépit de sa main blessée, éclate de rire
"Leur vision ? Faudrait déjà qu'ils puissent y voir quelque chose avec les oeillères qu'ils se sont collé sur le museau !"
C'est vrai que chez le plus costaud des gredins qui nous font face, la cagoule a glissé sur l'arrière, elle n'est plus maintenue que par le tarin de l'individu,tarin un peu fort au demeurant
Il voit dans Blumroch l'agitateur du fond de classe de lycée qui bat en brèche le pouvoir professoral
Erreur, Blumroch est certes un agitateur, mais il est bien plus que ça et notre vis à vis ne l'a pas compris
Il s'avance donc, prêt à châtier notre ami et sa main dans le pochon ( qui serait aussi le verlan de poncho) plastique avec les glaçons fondus, prêt à assurer son pouvoir sur une cible en apparence facile à dominer
Il avance la main droite,saisi notre ami à la gorge, tire, secoue et là....
Un coup de vent, un nuage qui passe devant le soleil, quelques feuilles mortes tourbillonnant, le costaud est à terre, le bras tordu dans le dos, déboité, démantibulé
Stupeur des autres malfaisants
Rengorgement de Blumroch

 

Puis, en un instant, le corps du malandrin se transforme, se ratatine, se couvre de mousses, lichens et surgeons, s'humuse, en somme
Les autres gougnafiers, venus en renfort, en baissent leurs armes, d'incompréhension
D'aucuns en perdent le contrôle de leurs vessies et l'on voit des taches suspectes maculer les treillis, auparavant crânement portés
Panique chez les azovstas, ils se reprennent, raffermissent des mains tremblantes sur les crosses des armes, nous couvrent avec des sourcils courroucés ( du moins nous le supposons, puisqu'ils ont gardé leurs cagoules en tissu technique -your mother -)
L'affrontement est inévitable,ces pourris ont l'avantage des armes, qu'ils serrent fort pour se rassurer, notre traductreuse a perdu espoir, elle fixe ses pieds en marmonnant une invocation ( à Bilitis, pas impossible) les lèvres tremblantes et les paupières ourlées de larmes zamères ( là aussi, je privilégie la diction klassik), elle n'aura vécu que pour tomber amoureuse de Szuzanna en un seul regard, et en être privée illico
C'est alors que....

 

Un nabot,barbe en collier, un peu voûté, mine soucieuse,ride entre les sourcils, treillis verdâtre ( j'étais au fond de la tranchée j'ai pas eu le temps de passer chez le blanchisseur).... si c'est pas le roi des ukraines, c'est son frère
Oui, vous l'avez reconnu
Il se plante devant Blumroch,tend la main et dit "où est l'algent ? Emmanuel, où est l'algent ?"
Ha moi c'est Blum,dit Blum
Et moi c'est Jakob dit kobus
Ta gueule toi, le rabroue le nabot
Ha merde, ça va pas recommencer, s'insurge le kobus, et confiant dans la présence du mutant, de Pharamond, et aussi dans ses propres forces, il envoie un direct du droit au menton du roi de toutes les ukraines
Fan de chichourle et pute de mort !
C'est un autre cyborg !
Et le métacarpien fracturé de kobus va tenir compagnie à celui de Blumroch, tu vas voir, c'est douloureux au début puis ça s'atténue
Et le cyborg de répéter "où est l'algent, Emmanuel, où est l'algent ?"
Une monomanie, en somme, pécuniaire, un peu comme Harpagon ou Bruno Lemaire

 

Voilà à quoi nous en sommes réduits,converser avec des cyborgs
Et d'aucuns douteraient de la puissance de l'intelligence artificielle après ça ?
Quoique, la créature montre les traits grossiers de son créateur ou de son modèle
Pour le dirigeant de haulte entreprise, c'est le lucre, épicé d'une pointe d'érotisme, cette référence constante aux formes de nos belles compagnes
Pour le roi de toutes les ukraines, c'est l'avidité,pure et simple
Beau tableau de l'humanité qu'on nous brosse, là, sous notre nez !
J'en redemande !

 

Commentaires

Kobus van Cleef > Je vous tire mon chapeau : avec les cyborgs vous abordez maintenant la question de l'IA. Aucunes controverses contemporaines ne vous échappera. Il reste peut-être l'écologie, simplement effleurée jusqu'ici.

Écrit par : Pharamond | 19/04/2023

Très bon et drôle du vrai Jarry 2.0. A développer un peu. Puis
Publiez-le sur Amazon
Proche de mes maîtres carrés (qui n'évoquent pas l'IA mais l'immobilier).
https://www.amazon.fr/Ma%C3%AEtres-carr%C3%A9s-roman-Nicolas-Bonnal-ebook/dp/B06XBLQKJL/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=1CRD3DT0YM054&keywords=bonnal+maitres+carres&qid=1681894689&s=books&sprefix=bonnal+maitres+carres%2Cstripbooks%2C108&sr=1-1

Écrit par : NICOLAS BONNAL | 19/04/2023

NICOLAS BONNAL > L'œuvre n'est pas de moi, mais l'auteur lira votre commentaire. Je trouve que ce cher Kobus a un certain talent, beaucoup d'imagination et un style bien à lui. Compte tenu des conditions, je crois qu'il écrit sur son mobile, c'est grandiose.

Par contre, sauf les billets de votre blog, je n'ai jamais lu un de vos livres ; il faudra que je le fasse.

Écrit par : Pharamond | 19/04/2023

Effectivement, j'écris à partir de mon moblard, ce qui m'évite de me faire poirer par mes confrères
Je vous laisse imaginer le tollé que ça susciterait si l'un d'entre eux pouvait m'identifier

Écrit par : Kobus van Cleef | 21/04/2023

Et si le concepteur de l'IA, ou le consultant désigné pour aider, si cet homme là se trouvait être un zampolit vronzais de renom ?
Un grosse boutique grosse bécane, par exemple ?
Imaginez ce que ça pourrait donner.... toujours à tenter de culbuter les filles...imaginez ce que ça pourrait donner en termes d'ingénierie, la nécessité d'une pompe à zguegue intégrée dans le cyborg, avec le minutage des saillies, l'intégration dans la base de données d'une sous base comportant la marche à suivre pour la séduction ( séduction éclair, si on pense à grosse bécane), le choix des postures, la durée des rapports, les mots prononcés avant, pendant et après...
Sincèrement , la cybernétique ( your mother), utilise beaucoup trop de ressources pour pouvoir être déployée à grande échelle, pour, comme disent les démocrétins "être accessible au plus grand nombre" ( ce qui se traduit par "être vendu à la populace, marché inépuisable, on va se faire des couilles en or, kouzin !")

Écrit par : Kobus van Cleef | 22/04/2023

Heureusement, les deux cyborgs que nous affrontons, le dirigeant de haulte entreprise et le clone du roi de toutes les ukraines,ces deux cyborgs ne sont que deux
Qui plus est, ce sont des modèles uniques
Ha ?
Non
On voit un autre command car se pointer, là bas, au fond de la steppe pontique, encadré par la pietaille azovienne réglementaire et survolé d'une nuée de drones
Kes ke c'est ke ce truc là ?
La troupe s'arrête à quelques pas de nouzautres, un autre dirigeant de haulte entreprise en descend
Il a l'air moins monolithique, plus humain
Il ne sent pas la transpi, d'ailleurs il ne ruisselle pas
Il vient en souriant,sort une télécommande de sa poche de bloudjine, le truc même pas gros comme ta clé d'antivol de vélo, la passe furtivement sur la nuque du roi de toutes les ukraines
La poupée, car c'est d'une poupée qu'il s'agit, se tait instantanément
Le dirigeant de haulte entreprise, que nous prenommerons Léon ( et non Elon), s'explique
Les programmes ont un peu foiré, un saut de bloc d'algorithmes, mais peu importe, le sur moi inséré par le programmateur junior, ce sur moi a pris le dessus
On renvoie le truc à l'usine
Bon
Où en étions nous ?
Vous avez étudié ma proposition pour l'intégration des données de vos belles compagnes dans mes cyborgs femelles ?
Y a du blé à se faire
Et surtout du buzz
On causera de vous, de nous
Comme disait Mazarin, qu'ils me haïssent pourvu qu'ils ne m'oublient pas, ou quelque chose comme ça
Les hommes que nous sommes gardent le visage fermé, annonciateur de sombres projets
Les femmes sont un peu gênées, d'un côté l'appât du lucre, les sacs à main à ne plus savoir qu'en foutre, des chaussures comme s'il en pleuvait toussa, de l'autre, la réprobation des zumains auxquels elles ont lié leurs destins

Écrit par : Kobus van Cleef | 22/04/2023

Et là,deus ex machina, la traductreuse piercée tatouée et nattée pointe son groin artificiellement modifié pour s'enquérir du quoi qu'est-ce
Elle arrive un peu comme un chien dans un jeu de quilles, il faut dire
Avec patience, le dirigeant de haulte entreprise lui explique le topo, mensurations, attitudes, réponses, refus, dégoûts, appétences
Elle se porte volontaire, la gourgandine !
Léon tente bien de la décourager en excipiant qu'il ne s'agit que de prototypes
Justement, justement, prototype de fricassinne suis !
Oublions pas que l'invertie populace sera bientôt de l'ordre du pour cent en occident, hé ouais, ça compte, par ailleurs, ce sont des dink's, double income,no kids, ce qu'on peut traduire par,du pognon pour les caprices
Blumroch, qui a toujours la main douloureuse et enflée, Blumroch donc, prend très mal le fait qu'on veuille marcher sur les brisées de sa tendre compagne, même s'il s'est opposé de principe à sa prostipution virtuelle
Il apostrophe donc la fille, en la détaillant de la tête aux pieds
Des cheveux bleus, même nattés, hein je doute que ça fasse beaucoup vibrer les tribades, ça a un air artificiel désagréable
Les piercings, si je devais, ce qu'à djieu ne plaise, avoir un commerce charnel avec vous, j'aurais l'appréhension que ça reste coincé dans mes toisons
Évidemment, si vous envisagez un rapprochement avec des partenaires tondues...
Pareil, les tatouages, ça serait déconcertant, pas impossible que ça coupe l'élan du déduit, j'en connais qui, lorsqu'ils ont ouvert une bédée, ne peuvent plus la lâcher
Et puis la silhouette, non merci, je sais pas pour les adeptes de Bilitis, mais franchement, là, ça tient pas dans la main, ça fuit de partout, pas de poids, pas de consistance
Non, mon bon Léon, vous feriez une piètre affaire en scannant cette bougresse

Écrit par : Kobus van Cleef | 22/04/2023

//REMARK ON
Le Kamerad Kobus van Cleef donne dans le révisionnisme citationnel. ;-) Mazarin, c'était "Qu'ils chantent pourvu qu'ils paient", dont voici la version foutriquétiste révisée : "Qu'ils grognent un peu pourvu qu'ils nous laissent faire tout ce que nous voulons, mes maîtres, mes complices, mes laquais et moi." C'est retrouver le vieux mot de toutes les ordures : "Il y a de la révolte à imaginer que l’on puisse se révolter".
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 22/04/2023

Révisioniste, moi ?
Mais parfaitement, mossieur, et j'en suis fier !
Ou alors
Révisioniste, moi ?
Mais qu'est ce que c'est que cette histoire ? J'ai jamais été sioniste, alors encore moins revi-sioniste !
Ou encore
Révisioniste, moi ?
Mouais, pourquoi pas... c'est le iste, dans le mot, qui me gène, comme kyste, vous voyez ?
Révisio, je veux bien, révision ou révisions, encore mieux, surtout si on révise les ouvrages klassik, sans les déconstruire

Écrit par : Kobus van Cleef | 23/04/2023

//REMARK ON
Je suis re-visionniste : je regarde plusieurs fois les films que j'ai appréciés. ;-)
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 23/04/2023

Léon, le dirigeant de haulte entreprise regarde Blumroch de son beau regard inexpressif en retroussant ses babines dans un sourire forcé
Il est vrai que le public change, tant en termes de préférences qu'en composition, proportions, toutefois investir d'emblée dans un créneau aussi limité, celui des tribades à cheveux bleus, même si c'est prisé des intellectuels vronzais et des professeur.e.s d'université Nord américain.e.s me semble risqué, sur le plan financier, celui du ROI, le seul qui trouve grâce à mes yeux
Désolé mamouazelle, je retiens votre suggestion mais pas pour cette fois, peut être lorsque le marché aura été défriché...
La ribaude ne l'entend pas de cette oreille, elle tempête, trépigne, et lance vers le museau de Léon, une main griffue, ornée de bagues de bikers représentant à l'envi têtes de morts, étoiles et tibias entrecroisés
Ça ne loupe pas son but et la joue du mec s'orne bientôt d'une estafilade, d'un chiffreneau long d'une quinzaine de centimètres
Stupeur des participants, les zazovstas se ruent sur la greluse le poing tout fait, prêts à lui écraser la gueule dans le tchernoziom
Mais, inexplicablement, ils se cognent à un arbre qui vient de pousser, là, à l'instant
Arbre sous la ramure duquel le dirigeant disparaît
Une croissance éclair, à croire que l'humusation du premier azovsta lui a fourni assez de nutriments pour pousser à ce rythme effréné

Écrit par : Kobus van Cleef | 30/04/2023

Et alors, merde, sésame ouvre toi,tonnenr ils en donnant du poing contre le tronc, les branches, rien à faire, le fourré, le sous bois demeurent impénétrables, un taillis, un roncier plein d'epineux qui accrochent les fringues, visent les yeux, s'intriquent les uns dans les autres, bref, impossible d'y pénétrer pour secourir Léon, le maître de touitaire, de spaice ixe et de tesla
On tente de balancer un missile, une de ces mirifiques javeline au moyen desquelles le roi de toutes les ukraines aurait dû avoir le dessus sur le dictateur Poutine, mais non, le truc ne part pas,s'entroupe dans les branches et tombe piteusement aux racines de l'arbre majestueux qui, maintenant, enserre dans sa ramure un otage de choix
Il vaut mieux d'ailleurs, si le truc avait marché, ça aurait liquidé aussi sec le génial créateur de Tesla
Pas moyen d'y bouter le feu non plus, un vent sournois se lève et a tôt fait d'éteindre toute tentative de battre le briquet
Les azovstas enragés en sont là lorsque la voix de Léon leur parvient, déformée,assourdie
"Ne faites rien de définitif, il me tient prisonnier, il vous ordonne de reculer, jusqu'aux véhicules, déposez vos armes en partant ou il va m'étouffer
Et tant que vous y êtes,embarquez le photographe nioullorquais, il présentera son reportage photographique sur niouzouique et dans le nioullorque Times"
La soldatesque se consulte en apparté, puis fini par obtempérer, on perçoit le vacarme des petoires entassées sans ménagement, la panoplie de Vercingétorix jettée aux pieds de César n'a pas dû faire plus de bruit
Puis les miliciens reculent jusqu'aux gelanders garés à l'arrache non loin d'ici, ils grimpent dedans, tentés par l'envie de foncer sur l'arbre, la raison est la plus forte, qui paiera leur solde s'ils viennent à occire Léon ?
Au moment où ils mettent le contact, le sol sous les bagnoles devient mouvant, meuble, et la totalité de la troupe et des command cars disparaît sous la surface de la terre, comme si les mines de soledar avaient émis des prolongements jusqu'ici
Brouf !
Et un gros nuage de fumée
C'est pour ça qu'il n'y a eu aucun photorepportage dans niouzouique ou nioullorque Times
Pourtant l'idée des photos de Macchabées, le Slava ukrainia stylisé avec des corps et la pietà avec la mère de famille tenant l'azovstat barbu musculeux et tatoué sur ses cuisses nues, j'avoue que j'aurais trouvé ça chouette si c'était paru dans l'oeil ( revue d'art) ou connaissance des arts ou même dans Télérama ( non, pas Télérama)
La ramure se détend, le pauvre Léon en ressort, le visage marbré par la lutte contre les branchages, le peuple sylvestre, écureuils, sur mulots, musaraignes, geais, collemboles, scolopendre, a élu domicile dans sa tignasse et ses vêtements, il se secoue pour s'en débarrasser, ça lui donne un aspect un peu choréique, genre Huntington ( ou Syndenham)

Écrit par : Kobus van Cleef | 30/04/2023

Kes kon fait, maintenant ?
Hé bien, on se remet en marche, l'ami
Nacht Kiev et sa gay pride, avec nos amis les pasdars
Nantis aussi de la traductreuse à cheveux bleus et nattés, ça nous fera le truchement
Et tu sortiras tes espèces lorsqu'il y aura un péage des banderistes, c'est assez fréquent, c'est leur forme de recrutement de la pietaille, entendu qu'il s'en fait une forte consommation sur le front
On remonte donc dans les véhicules épargnés par la déroute des azovstas, de nouveau Pharamond s'est évanoui dans la sylve avoisinante, la très glaciale Szuzanna a un peu changé, comme pour la grossesse précédente, celle ci se fait à un rythme effréné
Ce qui gratifie son voisin de voiture de nausées et vomissements
Fort heureusement, c'est Léon,dont le ticheurte avec logo Tesla devant et spaice ixe derrière se trouve décoré de diverses mouchetures de gerbe
Ça plus le chiffreneau sur la joue, il a belle allure, le dirigeant de haulte entreprise...

Écrit par : Kobus van Cleef | 01/05/2023

contact, donc, piquons au nord!
on s'ébranle et le convoi repart sur les routes défoncées de la steppe pontique, plaine à chars, à tracteurs et à kolkozes
ça et là quelques buttes qui ont servi d'appui feu lors de la dernière, on évite avec soin les agglos, pas se faire poirer une fois de plus par les azovstats
chemin faisant on s'interroge, est il sûr de garder le dirigeant de haulte entreprise avec nous?
car enfin, le board de Tesla, celui de spaïce ixe et de touitaire vont avoir quelques velléités à récupérer leur patron et chairman?
possible, nous répond Léon avec son sourire à la con qui lui découvre les babines
mais vous savez j'ai pris une année sabbatique enfin, une semaine, j'ai laissé un cyborg en Italie, un autre à Kiev et un troisième en Californie
ils bossent à ma place pour les décisions usuelles, rédaction de messages sur touitaire, rendez vous avec les avocats, licenciements des wokistes du staff de touitaire, bref les trucs sans risques
pour le reste on est suivis par un drone et je me suis fait implanter une puce dans le ku
génant pour exonérer, d'ailleurs
kobus s'alarme, on va être traçés par les raëliens?
que non pas, comme c'est moi qui leur vend les infos, je garde ce qui me concerne

Écrit par : kobus van cleef | 02/05/2023

S'il nous l'assure, on dit rien
Et nous poursuivons notre petit bonhomme de chemin dans un pays tiers mondisé avec des bleds improbables et des locaux dont les trognes, bouffies par l'alcool et tuméfiées par les horions, racontent une régression aux origines,tsarisme, féodalisme polaque, exploitation de la plèbe paysanne
Et c'est pas fini
On perçoit au loin des centres commerciaux à l'abandon, des carreaux de mines en déshérence
Mais bon, en évitant les contrôles, à l'aide de la puce implantée dans le rectum de Léon, on s'en sort bien

On atteint enfin les faubourgs de Kiev
Là, tout change
Rues pavoisees, avenues décorées, grands placards muraux à la gloire du roi de toutes les ukraines, dont le cyborg est resté là bas, à côté des cadavres des azovstas refroidis par les mater familias contraintes à des postures humiliantes à visée propagandiste
On interroge encore Léon au sujet de la somme de matériaux de pointe, d'intelligence artificielle qui constitue la poupée cybernétique adoptant la tête du roi de toutes les ukraines
C'est breveté, personne n'oserait y toucher, voyons
Ha, si personne n'ose, alors on dit plus rien

Écrit par : Kobus van Cleef | 03/05/2023

bref
il y a un octroi aux portes de la ville, façon d'éviter une trop forte proportion de plébéiens lors des festivités
justement, en face de nous, une blonde siliconée avec des lèvres refaites, se débat avec la maréchaussée
elle a oublié son pass, la bourrique, et ça nous fait d'étranges échos, comme lors d'une confination de sinistre mémoire
elle tempête , piaille, invective
va crever à Bahkmout, fils de pute! tu recevras ton petit carton, mon mari travaille pour le gubernamen!
le kébourdin ne moufte pas , il vérifie les papelards et les codes barres sur son terminal
non, la pute, t'es pas sur la liste....regard suggestif....y a moyen de moyenner, tu vois, un p'tit coup vite fait derrière le quat-quat et je te laisse passer

Écrit par : kobus van cleef | 05/05/2023

La femelle disparaît avec le chaouch
Pas longtemps
Elle réapparaît dix ou quinze secondes plus tard,depoitraillee, la coiffure en bataille, le rouge à lèvres brouillé, en clamant "cet homme a tenté de me violer, à l'aide les démocrates !"
On regarde nos chaussures,. mais qu'est ce que c'est que ce truc là encore ?
Ses clameurs ne trouvent pas d'écho immédiats, mais l'arrivée de plusieurs gelanders noirs, bondés de costauds sur armés et d'un mafieux replet, bourrelets de chair sur le col du veston, couperose sur le tarin, cette arrivée donc va tout changer
La troupe se saisit du cerbère qui filtrait les entrées dans les faubourgs de Kiev, elle le moleste méchamment dans un grand concert de vociférations, enchaînant les horions et les imprécations avec une rythmique consommée tandis que le costaud le moins rebutant du lot, sort du gelick de tête une peau d'ours et en couvre la putasse dénonciatrice
Le courtaud mafieux, visiblement le mari de l'instigatrice du coup fourré, se plante devant le kebourdin affecté à la garde des issues de la ville
Toi,ton compte est bon,fisdeputt' , tu iras crever à Bakhmout !
Il se tourne vers les autres kebourdins, collègues de l'homme gémissant au sol
Et vous, bande de fisdeputt', vous aussi, vous irez crever à Bakhmout !
Puis il se tourne vers nous, détaille notre groupe, son regard s'attarde sur nos belles compagnes
Un peu trop
Blumroch et kobus se sentent des montées de testostérone, va y avoir baston, c'est certain
Le mec s'adresse avec nonchalance au grand karpatique
Mais à qui ai je l'honneur, il me semble que nous avons déjà été présentés mais je ne saurais dire où ni quand
Ha... le grand karpatique prend un air mystérieux, le courtaud se penche vers lui, bref échange, satisfait, le mafieux redresse son buste tronconique ( à base inférieure) et, d'un geste large, ordonne qu'on nous laisse l'accès à la ville entre toutes les villes, celle où va se dérouler la première gay pride de l'histoire défiant le tyran de toutes les Russies
Ce qu'on appelle un geste politique fort

Écrit par : Kobus van Cleef | 06/05/2023

Nous passons donc
On se retrouve dans la cité qui attire les yeux du monde entier, partout des panneaux en 4X4 pour vanter les mérites du pianiste à queue et de sa légion de banderistes, des oriflammes, des tags muraux à la gloire d'Azov,d'aidar et de kraken
Et des affiches de recrutement, bien sûr,engagez vous,rengagez vous ( ce que du temps de la jeunesse de kobus on denommait les rampouilles), et des publicités pour des assurances vie au profit des familles des combattants ( en petit, en bas à gauche, couverture du risque financier par l'union européenne)
On peine à trouver notre chemin de petit bonhomme, mais la traductreuse piercée tatouée et nattée nous indique une direction générale
Ça aboutit à un bâtiment, avec, fièrement inscrit à son fronton "maïeutik institout" en cyrillique ( dont je vous épargne la vue)
Car pendant l'altercation aux portes de la ville, l'état de Szuzanna est devenu intéressant
À une vitesse éclair
La voilà ronde comme une tour, le teint brouillé et le cheveux terne, prête à perdre les eaux
Bon djieu, c'est parti !
Le dirigeant de haulte entreprise est trempé depuis les pieds jusqu'à la ceinture, un peu comme si c'est lui qui s'était oublié
On déboule donc dans le hall d'entrée de l'institut en poussant un brancard ( renommé stricker dans les séries américaines) sur lequel est juchée madame vampyresse en majesté, kobus s'essaie à claironner "femme d'âge inconnu, accouchement en cours, préparez le bloc obstétrical" , rapidement rabroué par les belles sœurs et son ex beau père
On pousse l'étrange équipage dans une salle de travail puis on prend place dans le salon des pères
Il reste encore un peu de tabaque dans le fond d'une blague, que l'on se partage pour bourrer chacun le fond d'une chiffarde
Et on se prépare à l'attente
En jettant un coup d'oeil dans le jardin, où la végétation vient de s'accroître, encore, encore et encore.... un gigantesque chêne projette son ombre sur l'institut, chêne qu'on n'avait pas vu à notre arrivée
Qu'est ce à dire ?
Mais oui, c'est Pharamond, qui vient d'arriver pour assister à la naissance de son gamin !
Ou de ses gamins, après tout, nous n'en savons rien

Écrit par : Kobus van Cleef | 06/05/2023

Kobus van Cleef > Même végétalisé, Pharamond restera-t-il de bois devant un pareil événement ? Nous le saurons bientôt.
(Kobus, veuillez excuser cette immiscion, mais je n'ai pas pu résister à la boutade facile.)

Écrit par : Pharamond | 07/05/2023

Mais le travail est long, très long
On sort donc de l'institout pour une petite promenade
Nous trois, Jean Eudes l'universitaire féru d'Afrique, Blum et kobus
Mains dans les poches,boufarde au coin du bec, en lançant des coups de pied dans les cailloux épars sur la chaussée ( il a encore plu des drones la semaine passée)
On avise un troquet un peu louche avec des publicités coca cola sur la vitrine, comme dans les années 90 chez nous
Et une patronne accorte, lèvres gonflées à coup de silicone, mamelles hypertrophiées, paupières fardées ( qui valent moins que bonne renommée), minijupe ras la moule, tout bien
On s'attable
Kobus qui s'entête à prétendre parler l'idiome local déclame, théâtral "tri piivo !"
On leur amène trois baltikas chaudes dans des chopes ébréchées
Avec une moue désapprobatrice
Ouais, on sait soigner le client...

Écrit par : Kobus van Cleef | 07/05/2023

Pas terrible, l'accueil des festivaliers ici...
La porte du caboulot tinte ( il y a encore des petits grelots comme ici dans les 70), et nos deux pasdars font leur entrée
On les hèle, du fond du troquet, ho les zamis, on est là, asseyez vous zavec nous
Et, patronne, fti piivi !
Mais tu vas la fermer un peu, la greluse voit bien que t'es pas un local, pourquoi tu t'entetes à faire semblant de causer l'idiome ?
Mais parce qu'à Rome, fait comme les romains, voilà pourquoi
La tournée de chopes arrive en claquant sur la table, avec faux cols et sans sous bocks...
De mieux en mieux...
Ding !
C'est au tour de Léon, le dirigeant de haulte entreprise
Et là, tout change, la bordeliere retrouve le sourire, elle frétille dans sa jupe hyper serrée et trépigne sur ses talons hauts, elle papillote de ses faux cils, ce qui émiette son mascara lequel tombe sur ses joues
C'est l'allure de Léon qui l'a convaincue ?
Pourtant avec son bloudjine souillé de liquide amniotique, son ticheurte à la gloire de spaice ixe, bon, on fait mieux
Ses biceps saillants, peut être,ses pectoraux qui ressemblent à des assiettes à soupe ?
Oui,y a un peu de ça
Toutefois,nos deux pasdars sont pas des passe lacets non plus
Alors ?
Hé bien c'est sa tête !
Connue,archi connue, sur laquelle on peut lire "gros pognon, très gros pognon"

Écrit par : Kobus van Cleef | 08/05/2023

Elle se précipite à notre table
Gospod ?
Non, il réagit pas
Mister ?
You ouant somessing spechaul ?
Spécial ?
Alcool, prostitout, petite garçonne, petite fille, outerousse à louer, organes à greffer ?
Y a tout, à la Samaritaine !
Même, si vous voulez, mine d'or, ou charbon, ou armes ou drrogue à acheter ?
On s'occupe du shipping, des autorisations, toussa...
Pas problème, mon mari travaille pour gubernamen...
Ha, si son mari travaille pour gubernamen, on dit plus rien
Léon se frotte les mains, ça fait fritt fritt, comme lorsque tu essaies d'allumer le feu avec un bâton chez les scouts
Pour le moment, ce sera un verre de kombucha, avec une pinte de liqueur de bouleau
Bio, le boulot !
Après, j'aviserai

Écrit par : Kobus van Cleef | 08/05/2023

Erreur
Bio, le bouleau !

Écrit par : Kobus van Cleef | 08/05/2023

Mais tu peux trouver du bouleau pas bio ici ?
En tout cas du récolté,du conditionné, du distillé pas bio, ça, aucun souci
En plus d'être corrompu et misérable, le pays est pollué
Archi pollué, même
La tenancière disparaît derrière le bar, on interroge Léon et les pasdars
Alors, comment va Szuzanna ?
Ça avance ?
Ça, pour avancer, elle hurle comme une femelle en gésine mais puisque c'est le cas... vous devriez quand même y aller voir, vous êtes un peu de la famille, et le petit gros ici est même le géniteur de son premier enfant
Allez y, nouzautres on reste là, et je paye les consos

Écrit par : Kobus van Cleef | 08/05/2023

bon d'accord on y va mais un petit dernier pour la route, puisque c'est toi qui arrose
et d'ailleurs, les bières étaient chaudes, non?
une 'tite vodka alors
la patronne, toute trémulante, nous ressert en amenant son kombucha et sa liqueur de bouleau à Léon
cul sec, la vodka brûle plus que le kombucha, c'est certain
on sort du troquet, un peu à l'aveuglette, on doit s'y reprendre à deux fois pour passer le seuil sans cogner dans l'huis
et maintenant pour retrouver la mater?
en remontant? en descendant la rue?
heureusement, le message télépathique de Pharamond nous parvient, dans les brumes de l'ivresse
suivez les racines, les gars, c'est pas bien compliqué
effectivement, au milieu de la chaussée, on voit comme une élevure sous le goudron , d'abord mince et sinueuse, puis plus maousse, avec des craquelures autour, jusqu'à atteindre la taille d'un bon baril
puis un foisonnement végétal au bout de la rue
une sylve impénétrable qui a monté jusqu'au troisième étage du maieutik institout, et recouvre le toit plat (héritage des soviets, dans le genre panelkas)
merde, la forêt a bouffé la ville!
incroyab'!
mais non, hommes de peu de foi, ce n'est que moi, mes copains et la basajaun, qui protégeons la très glaciale Szuzanna
et les enfants
quoi, il y en a plusieurs?
effectivement, rentrez dans le hall, rez de chauss' à droite

Écrit par : kobus van cleef | 09/05/2023

On tente de trouver la porte, on pousse, Hall encombré de racines, d'humus de feuilles mortes et de la faune sylvestre habituelle
L'équipe obstétricale est réfugiée dans la salle de pause, chacun une tasse de café médical ( café filtre,ultra bouilli, ultra dilué) dans les mains
Mains tremblantes, d'ailleurs
Kes ki s'est passé ?
Personne ne répond, peut être parce que Blumroch a posé la question en français et que l'équipe du professeureu Rabotka, petite tatare brune et poilue, ne comporte que des russophones ?
Depuis l'anesthésiste, Petr Ivanovo, grand squelette dégingandé, chauve, qui, pour le moment, n'arrive pas à s'allumer une papirosse, aux deux sages femmes, Galina Etcherova et Katerina Pribluda, qui sont affalées sur le sofa en passant par l'infirmière puéricultrice ?
Personne ne dit mot
Ils tremblent tous et toutes
Ou l'inverse, toutes zet tous
Mais ils ont l'air épuisé.e.s
On tente malgré tout un semblant de médiation
Peine perdue
C'est alors que la voix de Pharamond nous parvient, clairement formulée
C'est ici,poussez la porte !
On entre dans une salle annexe, la pouponnière
Stupeur !
Pharamond en chair et en os, la peau plus écailleuse du tout, la taille de nouveau humaine
Assis au milieu de centaines de mandragores
Spectacle spécial, vous en conviendrez ?

Écrit par : Kobus van Cleef | 14/05/2023

qu'est ce à dire?
il a converti sa sylvestrie auprès de ses enfants!
ils sont innombrables!

Écrit par : kobus van cleef | 15/05/2023

on s'pproche donc
désolé mon vieux, on n'a pas prévu la layette, on aurait eu du mal à tricoter pour tout ce petit monde
et comment se porte la maman?
Phara lève un regard accablé
elle se repose, ça l'a vidée
mon ami, si tu réédites un coup pareil en vronze, tu vas ruiner la CAF, il ne restera plus un rouge liard pour nos gentils n'haigres
nous ricanons de concert, pendant que les mandragores s'agitent dans la pouponnière
c'est bientôt l'heure du biberon, non, on va vous laisser....et nous nous évacuons silencieusement sur la pointe des pieds
nous sommes rattrapés par le mutant et par les demi soeurs
pas question de calter comme ça mes gaillards, y a du boulot
faut replanter tout ce petit monde dans les forêts karpatiques et vivement!
n'allez pas m'enterrer ça dans le square d'à coté, avec les crottes de chien et le vomi d'ivrogne!
ça va nous obliger à repasser devant l'octroi, non? et comment ferons nous pour vous retrouver?
prenez beau papa avec vous, il supervisera l'opération et il dealera avec les chaouchs aux barrières de la ville
banco, on embarque le grand karpatique et la marmaille, qui ne crie pas, ne vagit pas , mais qui s'agite d'un mouvement rythmique, lent et ondulatoire, façon marées équinoxiales

Écrit par : kobus van cleef | 16/05/2023

Blumroch, kobus et Jean Eudes s'interrogent
Les planter ?
Vous voulez dire, les enterrer ?
Parce que nouzautres, on n'est pas des infanticides, on n'est pas de la veine des Veronica courjus, on flanque pas la marmaille dans le saloir, fût elle végétale !
Bien au contraire, hommes de peu de foi, c'est dans le sol sacré des forêts karpatiques et pontiques que ces enfants mandragores reprendront forme, vigueur et combativité !( là, c'est le grand karpatique qui s'exprime)
Bon, qu'il en soit ainsi, alors
On dépasse les barrières de la ville, jalousés par les préquenauds qui patientent en attendant de pouvoir entrer dans la Jérusalem terrestre, celle de l'avènement de l'ère antifachysse et gay friendly
Cap sur le nord, vers la Biélorussie et ses forêts impénétrables

Écrit par : Kobus van Cleef | 17/05/2023

Après moultes voltes en véhicules totomobiles dans les faubourgs kievards nous trouvons un chemin qui nous mène ailleurs, au loin, vers des marais et une forêt profonde, primaire, la dernière d'Europe, où s'ébattent le loup, l'ours brun et l'auroch ( on dira ce qu'on voudra des soviets, mais ils ont, dans certains coins, reconstitué la faune, et pour cause puisque c'était les réserves de chasse des nomenklatouristes)
Progressons avec prudence les aminches, on sait pas sur qui on peut tomber

Un sanglier ou un cerf, passe encore ( quoique, finir encorné par un ongulé, même si ce n'est pas un ankulé, j'en fais cadeau à qui voudra), mais un ours, c'est le genre de bestiole qui laisse pas même la carte d'identité de sa victime
Étrange, d'ailleurs, cette obsession de l'identité des victimes
Ça me fait penser au comptage,au dénombrement et à cette maxime souvent placée dans la bouche des noiws lors de la glorieuse époque coloniale "les blancs, ils sont comptés"(sous entendu, s'il en manque un morceau, gare à ta queue, qui était un petit singe de dessin animé de mon enfance)

Écrit par : Kobus van Cleef | 17/05/2023

Nous arrangerons les enfants mandragores-vampyrs sous la ramure d'un chêne immense en creusant le sol meuble, noir et odorant, déterrant du mycélium blanchâtre et des ossements presque entièrement digérés, les hybrides sont maintenant discrètement saupoudrés d'un sable noir, récupéré auprès de la professeureu Rabotka, elle en a une belle collection dans des petites fioles sur une étagère de son bureau ( celui là provient d'une île volcanique méditerranéenne, là bas aussi ils ont des vampyrs, elle nous l'a cédée contre l'absolue promesse de la débarrasser des mutants), puis arrosés d'un sang humain provenant d'une poche de la banque du sang locale
On finit en aspergeant le tout de tsuica, le plus difficile à trouver, ici c'est la vodka, dans les Balkans le raki, plus à l'est la vodka et plus à l'ouest la palinka
Autant dire qu'on a galéré, mais une épicerie ( pas fine) s'est trouvée sur notre chemin
Le grand karpatique fait quelques simagrées devant les petits monticules, il se retire, va-t-on y aller ?
Que nenni !
Il faut veiller à la croissance des homoncules
On prendra donc des tours de garde

Écrit par : Kobus van Cleef | 17/05/2023

C'est Blum qui se tape le premier
Rien à dire, cri de la chouette,hululements du loup, course du blaireau, tout bien
Kobus, dûment réveillé,se cogne le deuxième, les yeux bordés de croûtes meliceriques, il peine à rester conscient, et le fond de tsuica qu'il s'est enfilé pour se réchauffer n'aide pas
Au bout de peu, dans une transe alcoolo mortifère, d'étranges visions viennent lui chatouiller la conscience
Le basajaun, d'abord,immense et redoutable, croquant les os des banderistes et des raeliens
Puis les affreux coupeurs de route et violeurs qu'ils ont occis au Katanga
Enfin, les légionnaires de Varus, tombés non loin d'ici, dans la forêt de Teutobourg, les SS de la 5eme viking et les éclaireurs des gardes frontières de la feu URSS, mutuellement anéantis au début de 1944
Ça fait un tel mélange qu'il se réveille, le bougre, le cœur à 140, et la trouille au ku
Un spectacle horrifique s'étale alors sous ses yeux

Écrit par : Kobus van Cleef | 18/05/2023

//REMARK ON
Le Kamerad Kobus van Cleef est invité à contacter le Kamerad Pharamond par tous les moyens même électroniques -- sauf par télépathie : ça ne marche pas.
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 18/05/2023

le mouvement de recul qu'il a amorçé réveille la douleur de son métacarpe fracturé
bing, ça lui remonte au cerveau
éblouissement
lorsqu'il rouvre les yeux, c'est toujours là
les mandragores ont conflué
pour former un immense basajaun, dix mètres de haut, des tentacules partout, des bruits sournois
nom de djieu c'est quoi ce truc?

Écrit par : kobus van cleef | 25/05/2023

et ça bouge lentement , puis brutalement, ça se désunit pour se séparer en centaines de mandragores, lesquelles se mettent à vibrer à l'unisson
la terreur monte, kobus se sent glacé dans l'âme
bon gû de bon gû, quel monstre antédilluvien avons nous créé?
car pour être monstrueux, ça l'est!
les mandragores se coagulent à présent en une forme oblongue, allongée, sombre, qui ondule lascivement en poussant des gémissements féminins
c'est ttrop pour kobus qui hurle en réveillant ses compagnons
là, là, lààààà!!!!
mais quoi?
c'est les autres qui s'insurgent, la nuit a été brève et tu nous emmerdes?
kes kis pass?
hein kes kiss pass?
là, je vous dit!
les mandrags, le basajaun, la goule tentatreuse!
mais enfin, il n'y a rien, là, comme tu dis

Écrit par : kobus van cleef | 25/05/2023

Puis Jean Eudes s'esclaffe
Elle est là,ta goule tentatreuse, crétin!
Et il désigne un amas de feuilles mortes tourbillonnant dans le zef glacé de ce printemps est européen, leurs reflets, pris dans la lampe de poche de kobus, mimant le chatoiement d'une riche étoffe ( taffetas, brocard ? pourquoi pas)
Plus pragmatique, Blum a retourné du bout de sa chaussure le flacon de tsuica complètement vidé, asséché
Y a ça aussi, ça a pu aider...
Kobus, dûment chapitré, confesse, c'est qu'il faisait frisquet, à veiller les mandragores de l'ami Pharamond
D'ailleurs, où sont passées les mandragores ?
Les monticules qui signalaient les sites d'inhumation, ces monticules ont disparu
Et on a beau se jeter à croupeton pour les chercher, nulle part nous ne les trouvons
Ha, vous voyez bien que j'avais point la berlue, s'exclame un kobus très remonté, j'etions point fou, ni ivre ( je sais m'arrêter à temps)
On se tourne vers le grand karpatique pour avoir un début d'explication
Mais le bougre jubile
Ainsi la forêt de Pripiat a été ensemencée, la race vampyresse renaît de l'abîme où des décennies de société industrielle et d'agriculture intensive l'avaient précipitée !
Hé oui, amis co-voyageurs et commensaux, ce retour en terres européennes est fructueux, nouzautres vampyrs ne subiront jamais le sort funeste du bison laineux,du mammouth et du tigre à dents de sabre
Pour fêter ça, je propose que les mandragores,devenues vampyrs adultes vous immolent afin que votre sang irrigue le renouveau de notre race
Ho putain, ça le reprend, le vieux foldingue, maugrée kobus, mezzo vocce
Pas assez sourdement, pourtant pour que son beau père l'entende et tente, une fois de plus de lui en coller une
Esquive du kob's, chute du grand karpatique, cris et gémissements consécutifs

Écrit par : Kobus van Cleef | 27/05/2023

Allez bordel de moi, on se tire de là, les enfants ont ( trop) bien pris, on voudrait pas en faire les frais
On embarque le grand karpatique dans le gelander, on le ligote sur la chaise et hop !
Retour à Kiev, la ville entre toutes les villes, celle sur laquelle sont rivés les yeux du mondentier
On arrive aux faubourgs à l'aube, on passe sans problème l'octroi de la ville, direct au maïeutik institout
Les panelkas aux alentours ont été converties en RBN'B, un instinct sûr nous mène chacun près de notre chacune
Après des épanchements quasi conjugaux, kobus raconte l'affaire de la forêt à sa compagne, la très belle Emesse
Elle soupire, papa recommence à déconner c'était prévisible, retour au pays toussa
Rendort toi, demain sera un autre jour
L'épuisement de la nuit passée dans les bois, la relaxation post coitale leur ferme les paupières

Écrit par : Kobus van Cleef | 28/05/2023

Le lendemain les retrouve dans le bistrot où ils avaient bu plusieurs chopines lors de leur arrivée
Ça a changé dis donc...
Un peu moudern, faut dire
Y a une boule à facettes, un podium avec des perches
Merde, c'est comme le bouif moldave !

Écrit par : Kobus van Cleef | 29/05/2023

on commande café croissants, pas peur des calories
la tenancière qui nous avait snobé la fois précédente s'active derrière le comptoir
les expressos sont délicatement déposés devant nous, et la pâte feuilletée des viennoiseries croquine agréablement sous les molaires, avec l'aspect moelleux de la mie
comme au café de la gare, dis donc
bouffée de nostalgie
mais bast, nous avons choisi ce chemin, nous nous y tiendrons
la bordelière revient et, théâtrale se penche vers nous pour nous proposer l'assortiment spécial
spécial?
oui spécial
ha d'accord, sur la table, alors?
ha non, c'est pas trop possible, faut passer en coulisses
blum et kobus passent donc derrière le comptoir, tandis que Jean-Eudes, repu, traînasse à la table avec les pasdars et le mutant
on les mène à une arrière salle dont le fond est fenestré de différentes portes
là, de bonnes mères de famille locales s'activent de la main, de la bouche et de la croupe avec des quidams ridicules, sans doute dans le but de donner , par les liquidités recueillies (pas celles auxquelles vous pensez, les autres, des liquidités bancaires) une meilleure éducation à leurs enfants
au mur, un écriteau affiche le tarif des prestations proposées
entrée de Léon, le dirigeant de haulte entreprise
alors que pensez vous de ma joint venture?
j'étais désoeuvré, j'ai trouvé à m'occuper, madame Natalia a mis son établissement à dispo et j'ai recruté le personnel du maïeutik institout
faut dire que ça leur fait un complément de recette appréciable
nous en restons muets

Écrit par : kobus van cleef | 30/05/2023

La gentille professeureu Rabotka, petite tatare brune et poilue, supervise les éventuelles scories de l'amour tarifé
Et y en a, je peux vouldire !
Raviole du singe, syphilis, chtouille, morbaques, chlamydiae toute une panoplie hautement toxique, la nature n'aime rien tant que la monogamie sinon autrement comment expliquer la prolifération des maladies vénériennes chez les niqueurs à tout va ?
Les sages femmes, les infirmières puéricultrices sont à l'ouvrage, comme vous pouvez le constater
C'est bien rétribué, sécurité de l'emploi, c'est assez notable, dans un pays ravagé par la guerre, la corruption et le libéralisme
Le mec nous débite ça d'un ton tout à fait urbain et anodin, on dirait qu'il commente les résultats du loto
Kobus et Blum, abasourdis, ne peuvent pas en placer une
Hé là, Katerina Pribluda, finit le, ce mec !
Client insatisfait, bénéfices plombés !
Oui, à la main, kes ke ça peut faire ?
L'essentiel, c'est qu'il laisse une bonne appréciation sur TripAdvisor
C'en est trop
Nous sortons

Écrit par : Kobus van Cleef | 31/05/2023

On retrouve nos femmes ze amis devant un p'tit dej dont il ne reste que des miettes
On va vous recommander quelque chose, propose Jean Eudes
Ha non, ça ira
Très peu pour nous, on se tire d'ici
Nos superbes compagnes nous interrogent, on leur casse le morceau, silence glacial
Quoi, pas de réaction ?
Mais c'est de la prostipution !
Ce mec est un proxo, un mac de la pire espèce !
Enfin Emesse prend la parole
Et ce qu'elle dit, on préférerait ne pas l'avoir entendu, crois moi
En substance, c'est un genre de service à la personne, de l'assistance à personne en danger de chasteté imposée, ça aide aussi à lutter contre la pauvreté locale et même contre le réchauffement climatique global, ces besoins masculins ne pouvant être assouvis, en cas d'interdiction, qu'à l'estranger, en Hallemagne par exemple, dans les Love center de si vilaine réputation ou alors en Espagne, à la Jonquera, c'est ça que vous voulez, réchauffer l'atmosphère avec une noria de queutards en bagnole ?
Là encore, on n'a rien à dire, tant tellement c'est abrupt comme déclaration
Et tenez vous bien, nous avons notre part là dessus
Là, on s'étrangle, on s'insurge !
Oui, il nous a proposé la supervision du truc, et tenir la caisse aussi !
Mais enfin, mon unique, vous ne pigez pas que c'est dégradant ?
Qu'il n'y a qu'un pas à faire pour rouler au ruisseau ?
Toudsuite les grands mots, homme de ma vie, il faut bien affurer de la thune pour nous défrayer, les cafés,croissants, les chambres au BNB, le carburant dans les geliks, le backchich aux gabelous.... à ce propos, pensons à convoquer votre homme de loi pour m'établir à la tête du fedeicomis dont vous m'aviez parlé
Un fidéicommis ?
Ça c'est les autres
Oui, j'ai quelques biens, à l'ouest... peu de choses mais je tiens à ce que ça revienne à la très belle Emesse...
Hé bien c'est le moment !
Là, elle se transforme en Harpagonne, la très belle
À ce point dans les discussions tue l'amour, Léon le dirigeant de haulte entreprise se pointe, le sourire accroché au museau
Bénéfs en vue, mesdames, les mercenaires qui combattent pour le pianiste ont repéré l'établissement, même pas besoin de publicité !
Blumroch tire kobus par la manche
On va peut être aller voir le défilé de nos frères en humanité, les paydays ?
Mais ça ne commence que cet aprem...
Hé oui, ceci dit, si le renseignement russe apprend que des mercenaires sont stationnés ici, ça va chier, missiles, drones,toulmerdier...
Sitôt dit sitôt fait, on ramasse nos moitiés et nos amis sous les clameurs courroucées de Léon qui plaide un manque à gagner kolossal
Pas plus tôt on a tourné les talons qu'une déflagration nous jette au sol
C'est un drone iranien qui vient d'anéantir une file de crevards ouest européens qui rêvaient de paradis charnels en faisant le pied de grue dans la rue

Écrit par : Kobus van Cleef | 31/05/2023

On se précipite vers les décombres parce que quand même
Dans la rue, les Macchabées sont entassés dans des postures grotesques
On déblaie les issues du bouif
Miracle, les mères de famille ukrainiennes sont vivantes, ainsi que les clients lesquels ont le pantalon aux chevilles
Point négatif, la caisse a disparu pendant le bombardement
Les clients suivent le chemin de la caisse, direct dehors
Retour du dirigeant de haulte entreprise, pas déconfit pour deux sous, toujours fendu de sourire jusqu'aux oreilles
Ce sont les impondérables de la vie économique, on recommencera autrement, ailleurs
Et on pourra laisser l'équipe du maïeutik institout retourner au boulot après
D'ailleurs, il va y avoir du boulot au maïeutik institout, avec les saillies qui se sont accomplies précédemment

Écrit par : Kobus van Cleef | 31/05/2023

La patronne du bouif, précédemment café mal famé, arrive en se tordant les pieds sur ses talons aiguille
Elle se lamente mais nous n'en avons cure
Après tout, comment éprouver la moindre empathie pour une maîtresse maquerelle ?
D'autant qu'elle ne s'usait pas à la tâche, la bougresse !
Nous doutons qu'à un moment quelconque du renouveau de son cabaret, elle aie mis la main à la pâte, sans parler de la bouche ou de la croupe
Alors la compassion, ça ira comme ça
On ramasse nos moitiés, et on y va, direction le maïeutik institout, avec la gentille professeureu Rabotka et ses sages femmes ainsi qu'une ou deux infirmières puéricultrices qui se trouvaient là
Le bâtiment est intact, les opérateurs russes ont dédaigné de bombarder un bois en pleine ville, probablement un dendrophile s'est glissé dans la troupe des cosaques

Écrit par : Kobus van Cleef | 03/06/2023

Cosaques de l'espace ou de l'aérospatiale russe
On retrouve le mutant, Szuzanna, les pasdars, le grand karpatique, et la traductreuse piercée tatouée et nattée
Szuzanna paraît en meilleure forme
Manque Pharamond, qui, depuis l'ensemencement de sa progéniture, est redevenu sylvestre
On le sent, il est autour de nous
Récré pour toulmonde, on va à la gay pride !
Les pasdars ne se tiennent plus de joie, ils sautillent, s'embrassent, nous embrassent ( sans la langue, je préfère), s'empoignent les genitoires avec enthousiasme
Ils vont se récurer la couenne dans les douches du personnel et reviennent, parés de leurs plus beaux atours
Bloudjine slim et ticheurtes pour l'un ( marqué Ronaldo) et chemise souleiado pour l'autre ( étroite et ouverte sur la moquette de la toison thoracique)
Avec un parfum par là dessus qu'on croirait qu'ils sont tombés dans une cuve de produits d'entretien pour salle de bain
Allons y donc

Écrit par : Kobus van Cleef | 03/06/2023

À ce point du récit, si l'ami Pharamond pouvait entamer une vingt quatrième partie, ça serait bien
Et puis ça va se raréfier pendant une semaine car je vais être surveillé
De près
Inutile que je donne des bâtons pour me faire battre

Écrit par : Kobus van Cleef | 03/06/2023

On n'a pas à faire beaucoup d'efforts, la fête est directement accessible à l'oreille
Poum poum poum poum, une ligne de percussion, sourde et terebrante nous guide
On débouche sur une avenue encombrée de gravats ( les russes ont encore envoyé des drones), une autre, un autre parc
Puis c'est là, une allée avec pavois, estrades tout bien

Écrit par : Kobus van Cleef | 06/06/2023

Pour le moment aucun défilé, aucun char
Que des spectateurs tenus à distance par une police qu'on aimerait savoir sur le front à reconquérir le sol sacré de la patrie
Et des étals transitoires
Kielbasa,pivo, bretzels
Bref une liesse bien encadrée, nullement spontanée

Écrit par : Kobus van Cleef | 06/06/2023

Puis on voit poindre à l'horizon,au milieu de nuages de poussière, les chars !
Oui les chars de la fête démocratique, inclusive et LGBTQI+ qui nargue forcément le Tsar Vladimir et ses séides
Ils roulent doucement, doucement, pas faire tomber les participants juchés dessus
Car oui, ça comporte des participants qui s'agitent sur les fragiles édifices savamment élaborés
En tête, un char anonyme, d'une association quelconque, les figurants miment de vigoureuses saillies sur d'autres figurants déguisés en soldats russes
Gros succès dans le public

Écrit par : Kobus van Cleef | 06/06/2023

Kobus van Cleef > Oups ! je me suis laissé déborder. La vingt quatrième partie arrive.

Écrit par : Pharamond | 06/06/2023

Mais les autres sont bien meilleurs
Le char finlandais montre une maîtresse femme, figurée en effigie, qui fouette un dictateur en costard cravate en hurlant, à chaque coup de fouet "prends ça, Poutine !"
Le char nord-américain montre un vieil homme qui palpe des enfants, probablement un pédiatre

Écrit par : Kobus van Cleef | 08/06/2023

Enfin, pédiatre, en retraite alors
Poursuivons

Écrit par : Kobus van Cleef | 08/06/2023

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