statistiques web gratuite

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/10/2022

Carte blanche (48)

Laissée à Kobus van Cleef

Crépuscule des vampyrs et continent obscur

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Quatrième partie

Cinquième partie

Sixième partie

Septième partie

Huitième partie

Neuvième partie

Dixième partie

Onzième partie

Douzième partie

Treizième partie

Quatorzième partie

Quinzième partie

Seizième partie

Dix-septième partie

en fait on n'est pas passé très loin de la cata, sous les espèces des gardes de la réserve naturelle royale King Salman
mais au dernier moment on a piqué plein est puis, l'ayant dépassée (la réserve naturelle) par tribord on s'est rabattu plein ouest, pour venir se ficher dans le saillant constitué par le wadi rum, pas très loin de Bjel Burdha
on pourrait faire du tourisme, mais bon, le doganier nous fait emprunter un itinéraire crapoteux, qui met à rude épreuve les suspattes de nos véhicules
ça couine, ça grince, surtout sur de grosses bagnoles bien lourdingues, on aura pas l'air con si on casse un essieu
et pour trouver un concess' toyota dans ce ku du monde, hein, tu m'as compris
alors on y va mollo, pendant des heures, les bagnoles glissent de rochers plats en rochers acérés, de pentes en devers, d'étroits en moraines au milieu du chemin, parfois les tôles raclent quelques pétroglyphes parfois on accroche la rare végétation, c'est Gretta qui serait pas contente mais ouat, on s'en fiche
seul le doganier sait où il va, il s'est installé à l'avant , d'une main il indique le chemin à Blumroch, avec ce geste typique de l'orient dominateur, main verticale, poignet fendant l'air comme une lame, de l'autre il pétrit la cuisse puis l'entrejambes du supplétif saoudard moustachu hyperviril (qui se pâme sous ses caresses)
vous allez croire que je fais une fixation sur les relations homo dans ces contrées mais je ne veut rien cacher
et puis c'est un mode de régulation des tensions sociales, lorsque peu d'hommes ont le pouvoir de posséder (j'eusse dû mettre des guillemets , on ne possède pas une épouse, c'est elle qui nous possède, ou du moins notre chéquier, enfin , c'est le cas en occident) beaucoup d'épouses, que reste-t-il à la multitude?
la possibilité de s'enfiler entre hommes
parce que pour ce qui est d'aller quérir une épouse dans le bled voisin, c'est de boire frais!
elles sont déjà toutes préemptées par le cheik ou le cadi
quand c'est pas par l'iman du kortier
voyez, avec moi, on a soit leçon d'histoire, soit anthropologie
mais je fais pas d'interro surprise....

On arrive enfin sur un plateau désert, exceptés une équipe de grimpeurs austrichiens qui a installé là son bivouac et une équipe d'archéologues qui travaillent sur les restes d'un temple nabatéen
Plus la flicaille afférente, on est quand même dans le pays où la surveillance est totale, histoire d'éviter les attentats à l'encontre de son voisin raelien, flicaille dont le défraiement est pris en charge, en grande partie,par un allié inconditionnel du voisin en question
Oui je sais, la géopolitique c'est complexe, mais c'est fondé sur des données infalsifiables, comme la démographie, le racizm et l'histoire

On s'installe pour la nuit, nos amis persans,saoudards et le doganier jordanien s'isolent pour s'enculer en couronne ( logique ici comme en saouderie, nous sommes en royauté, d'où la couronne)
Au bout d'un moment, le chat viens nous rejoindre, n'en pouvant plus des gémissements et des sourdes imprécations lancées, dents serrées, par les protagonistes de l'orgie
Au loin, le bivouac des alpinistes et celui des archéologues brille de mille feux, avec la muzak qui va, on s'enquiert, sans trop en dire, c'est l'anniv du chef de chantier, un diplômé de l'école du Louvre, passé ensuite par le CNRS, bref un exemple de la méritocratie republiconne
On le gratule, bière, chips
Où donc ont ils trouvé de l'alcool ?
Réponse simple, le village chrétien en bas,dix heures de route en quatquat, y a aussi du chauchichon
Régal,pur régal, on voudrait pas abuser hein, mais non, prenez place
Dans les alpinistes on retrouve un maigre sec façon Walter Bonatti et une très bronzée façon Florence Artaud, qui, inévitablement,flashe sur Firdaous/Saladin ( tout en ignorant sa partie femelle)
Lequel Saladin me presse de réparer sa pompe à zguegue
Tu parles, comme ça dans la nuit, sans matos ni pièce de rechange ?
On fouille dans le kit de secours des alpinistes et des archéologues réunis, un tube de colle UU, une grosse seringue et du sérum salé, des aiguilles et des tubulures, qu'on me demande pas plus qu'une rigidité transitoire, hein

Bricolage à la lueur d'une lampe frontale ( ça me rappelle mes tentatives en ORL, plus jeune), identification de la plaie, pas bien folichonne, parage, exposition des structures prothétiques sous jacentes, identification de la fuite, colmatage à la super glue, attente pour le séchage, hémostase, fermeture du rouston ( fait en peau de chatte, je rappelle), piqûre du réservoir à l'aiguille fine, inflation prudente
Bon gû !
Une aubergine de saison !
Tumescente, veinée et pas bien ragoûtante pour dire vrai, mais l'alpineuse se jette dessus sans barguigner
Je vous passe la suite, toujours est il que j'ai tué le temps en maintenant la pression dans le membre artificiel, en vérifiant de temps à autre, l'absence de suffusion du sérum physiologique en périphérie du matériel
Mais mon bricolage tiens le coup, ce qui devrait me valoir, au moins, la reconnaissance éternelle de Firdaous/Saladin
Ou une place sur son testament
Et éventuellement, une inscription gratuite au club alpin austrichien, avec le parrainage du sosie de Florence A
Las, au matin, Saladin/Firdaous n'exprime plus ni sa virilité ( j'ai dégonflé le matos histoire d'éviter l'ulcération des tissus mous en périphérie) ni sa féminité, mais son âge
Hé oui, pour quelqu'un de l'âge de Jean Eudes, estudiant dans les 68, de telles activités nocturnes,soutenues et intenses, sont déconseillées
En un mot comme en cent, Saladin nous fait l'infarctus et meurt, là, sur place
On pourrait même se gausser d'un transfert de foutre au cerveau mais ça serait pas chrestien
L'aryenne du Tyrol n'en a quine, elle s'est remplie, mais nouzautres, ça augure mal de la poursuite du voyage
Et les grimpeurs,suivis par les gratteurs de sépultures, veulent,ces cons là,alerter les zautorités pour évacuer la carcasse de notre pauvre ami
Tout cela en me regardant de travers,car si je n'avais pas restauré la virilité de Saladin, il serait encore de ce monde
On leur objecte que quitter ce monde sur le bout du nœud est préférable au fait de le quitter sur la pointe des pieds mais ces légalistes forcenés ne veulent rien entendre, mort en pleine nature, donc suspecte, donc intervention des autorités,donc enquête
C'est là qu'on voit se pointer le doganier jordanien, remballant son ventre dans son uniforme, rajustant son keffieh ( ils en portent tous là bas, ça magnifie la tête la plus anodine), la sueur du stupre encore collée au front, de grandes traces de flageolant sur le calbard
Dûment chapitré par Vesna, il interroge à la façon des Turcs, en tonitruant, les témoins, il exige les documents, les autorisations de fouille, aux grands cris de l'équipe des gratteurs de sépultures, les compulse en reniflant dans sa mostach'
Puis il sort de sa poche pectorale un carnet à souches, exécute trois hiéroglyphes dessus, le tend à l'interlocuteur le plus virulent, et congédie toulmonde
Geste ample, moue dégoûtée
Balek balek, du vent, quoi merde !
Les sportifs et les chiantifiques disparaissent, on reste seuls avec le corps

Il y a eu peu entre l'accomplissement et la fin de Saladin, entre Eros et Thanatos en somme
Et pendant ces aventures on n'aura cessé de célébrer des noces charnelles et des funérailles
Plus une naissance
Tout le pannel de l'existence
Ce genre de préoccupations, chez un vieux comme moi, ça fait réfléchir, un peu comme si j'avais conscience de l'imminence de mon destin

La suite si je trouve une borne ouifi, en voyage, les choses sont pas si simple

Les chaouchs saoudards creusent une fosse, tournée au Sud, vers la Mecque, les bords s'eboulent régulièrement, on dispose le corps au grand dam des 'rcheologues lesquels, revenus sur place, prétendent que ça va brouiller les recherches à venir
On leur représente que le chef des béni amer ne peut que reposer à quelques distance du lieu éponyme, sur le flanc gauche, dans la tradition locale

La question qui nous taraude c'est "linceul ?, pas de linceul ?"
Les chaouchs résolvent le problème en lui drappant le chef dans son keffieh
Pendant ce temps, le doganier jordanien a ressorti son carnet à souches, trois vermicelles sur une page qu'il déchire et qu'il rentre de force dans la poche de ticheurte du chef de chantier arkeolojik, en brassant l'air, façon ottomane, putain, du vent, les gratteurs de sépultures,du vent, voyez pas qu'on est occupés, là ?
Ou alors,associez vous au clan, mettez vous en rang pour la prière,voui au fond avec les infidèles

Mais ça continue à ergoter, à renauder, à chanter pouilles comme on dit chez moi
Problème résolu par les gardes côtes persans, ils prennent en tenaille le récalcitrant, le téléportent à la périphérie du cimetière improvisé , le bâillonnent puis l'emportent vers son quatquat, dans lequel il est jetté sans tendresse excessive (et pourtant, à voir les regards qu'il coulait vers les torses velus de nos marins, on peut penser qu'il se serait accomodé de privautés plus approfondies, et là, le terme "approfondi" prend tout son sens)
Retour à la fosse dans laquelle repose désormais notre malheureux compagnon,ci devant maîtresse d'un Jean Eudes trop ancré dans sa masculinitude pour avoir pris la mesure de la transformation fizik auto infligée par Firdaous, la perle du Djebel amer
Ses épaules sont voûtées sous le poids de l'incompréhension, on le suppose accablé tel un veuf
Une qui ne l'est pas, accablée, c'est la belle Vesna
Ses sœurs non plus d'ailleurs
Elles sont restées en arrière pendant la prière ainsi que la tradition l'exige
Elles ne se sont pourtant pas privées de jacter
Et, le rituel terminé, elles nous cramponnent, chacun par une aile, pour nous bousculer dans un coin isolé
Pas maintenant ma chérie ça serait pas chrestien

Mais qui vous parle de ça, mon bel ami ?
Non non il s'agit de notre itinéraire de repli, pas question de moisir ici
Ha pour la moisissure, il fait trop sec et y a trop d'soleil, mais j'accepte d'étudier la carte avec vous, après tout vous avez peut être raison, hors de question que nous finissions nos jours zici
Les femmes ont conscience qu'elles doivent en rabattre un peu, histoire d'éviter d'être prises pour des marâtres féministes, elles font tout de même remarquer qu'il est temps de laisser les chaouchs saoudards sur place, ils auront de quoi s'occuper avec le doganier jordanien et le chef de chantier arkeolojik membre du CNRS, nous on gardera le chat et les matelots persans s'ils veulent ( et ils veulent, tu penses, une gay pride à Paris, Berlin ou Barcelone, ça ne se refuse pas)
D'un ongle douteux nous suivons sur la carte leurs recommandations, on charge le pick-up bâché des défunts trafiquants d'esclaves, on laisse le humwee de Saladin à ses chaouchs, on embarque le chat, on fait nos adieux à nos compagnons, et hop, nous voici huit hommes et femmes plus un chat sur les chemins nabatéens, on remonte la vallée, on oblique un peu, pas trop rassurés quand même, en dépit du firman à nous donné par notre ami doganier moustachu
La meilleure façon de se déplacer c'est de jour, histoire de pas attirer l'attention des observateurs de la pouliss, là bas, un sujet du roi sur deux
On aura loupé les danses rituelles célébrant les funérailles mais on s'en remettra
Poursuivons dans notre périple, évitons les postes de contrôle, de toutes façons, le royaume hachémite n'est pas très motivé pour servir la soupe aux services secrets de son encombrant voisin saoudard et encore moins pour déférer aux requêtes de l'état hébreu, voisin encore plus encombrant
Nous arrivons à Hamann, typique des villes de la région, un centre crasseux, des bidonvilles palestoches, un kortier royal sur la colline où atterri l'hélico royal, suivi ou précédé de ses bédouins de choc, larguant des leurres thermiques en survolant la ville, ouiche, avec le nombre de miséreux revendicatifs qu'ils ont, notre présence est le cadet de leurs soucis

Et vazy, on s'enfonce entre les différentes frontières, pour déboucher au Liban, dans une zone provisoirement neutre, sans aucun kontrol étatique, para étatique ou même mafieux
Prudence donc,car en l'absence d'un pouvoir fort on sait ( ou plutôt on ne sait pas) de quoi est capable le simple quidam livré à lui-même et à ses passions
C'est donc avec une grande circonspection que nous voyons avancer vers nous une procession que l'on estime maronite, avec icônes et prêtre en noir, imposant patriarche à barbe blanche impeccable et soutane crasseuse, lequel nous demande avec amabilité si nous avons payé les taxes afférentes à notre présence ici même
Des taxes ?
Objecte Blumroch,quelles taxes ? Où donc est l'écriteau qui nous y convie ? Et quelles sont les peines pour les contrevenants ? Car j'imagine qu'il existe un vaste zyztem prévoyant un enfermement avec un barème et toussa ?
Je vois que vous êtes bien renseignés dit le cureton et je vais mieux vous éclairer mais permettez moi de me présenter

Nous sommes toutes ouïes
Me voici donc, père Athanase, de la vaillante communauté maronite du chouf , je sais, pour un arabophone, surtout un kabylophone, ça prête à confusion, non il n'y a rien à voir ici, pas qu'il y ait eu quoi que ce soit de plaisant ou de remarquable sur place
Bien, et tant que nous y sommes, votre contribution à la richesse commune sera de 100 thalers
C'est une somme,ergote Blumroch, d'autant que nous sommes assez démunis et assoiffés, est ce ainsi que vous en usez avec le voyageur aux pieds poudreux ?

En raclant nos fonds de poche on réunit la somme exigée
On est donc conduits au presbytère en compagnie du cureton et de ses sbires, qui nous encadrent d'assez prêt, surtout nos belles amies, ce qui vaut une mornifle d'anthologie au pègreleux qui tentait de pincer le gras du bras d'Erzebeth, la douce n'a pas l'air d'apprécier ce genre de privautés
Rendus à l'étape, une baraque crépie de blanc, murs nus, banquettes couvertes de tapisseries élimées, mobilier réduit à sa plus simple expression, Jean Eudes sort enfin de sa prostration et demande à père Athanase, mais quels sont vos moyens de cohercition pour pouvoir récupérer le prix du péage ?
Ma foi, nous avons la cohercition directe, le chantage, la séquestration...
Et ça marche ?
Parce que j'ai pas l'impression que vous rouliez sur l'or, dans votre communauté, témoin cet endroit
Il faut commencer petit, ce n'est point tant le lucre qui nous motive que l'impérieuse nécessité de pourvoir à l'équipement public, puits, canalisations,empierrage puis goudronnage des routes et chemins, si les choses évoluent favorablement pourquoi pas un dispensaire ?
En effet, vous avez borné vos ambitions
Et que nous proposez vous ?

Je pourrais vous proposer la lune mais vous n'y croiriez pas, avec raison, oserais je ajouter puisque je vous crédite d'une clairvoyance incomparable
On voit que Jean Eudes n'hésite jamais à passer la brosse à reluire, son parcours universitaire aidant, jamais négliger d'encenser un bonze qui pourrait vous renvoyer la nacelle
Les voilà donc à faire des appartees, des messes que l'on suppose basses, des clins d'œil complices,ma parole dans un instant ils vont se pacser ces deux là ?
C'est kobus, toujours lui, le sous doué, qui met les pieds dans le plat
Toussa ne nous dit pas comment on traverse mare nostrum pour rentrer à la maison
On y arrive, mon gaillard, on y arrive
Se tournant vers Athanase, Jean Eudes déclame "le garçu a bien résumé les choses,mare nostrum, antiquité, antiquité archéologues, archéologues tourisme, tourisme pognon, voilà, en quelques mots"
Nous allons donc fonder ici un site antique, phénicien de préférence puisqu'on connaît pas grand chose dessus, et mettre sur le coup tout ce que le CNRS compte de sommités,avez vous parmi vos gens un brave laboureur qui pourrait,du soc de sa charrue, déterrer le soubassement d'un habitat antique ?"
Si fait, déclare Athanase, Milad remplira cet office
On s'en va donc quérir le Mouloud libanisé, transformé en Milad par la sédimentation de siècles d'abus verbaux, Mouloud Mouloud moulid moulad Milad, voyez, la linguistique c'est simple, comme un bégaiement
Lequel Milad en question correspond à une caricature de berger corse,sarde ou sicilien, en tout cas, de méditerranéen velu, négligé et puant fortement du ku
Dire que nos rescapés du corps des pasdars tombent amoureux dans l'instant serait mentir, mais depuis qu'on s'est séparé des chaouchs saoudards et du doganier jordanien dans la vallée des nabatéens, ils sont revenus à leur promiscuité sessuelle habituelle, le tout aiguillonné par le refus obstiné de Blumroch de participer à leurs lupercales
Alors, un cradingue virilissime qui jacte pas le même idiome, tu penses si ça les secoue

Pendant ce temps, Jean Eudes peaufine sa démo
Après le CNRS, vous aurez plein de vieilles ménopausées de l'educ naze et des veuves d'inspecteur de cacadémie, plus des administrateurs retraités de la Camif et de la MNEF, bien qu'ils laissent peu de pourboires ça fait tout de même un sacré volume
Avec Athanase ils échafaudent sur le papier, un mauvais papier de récup, un rescapé d'emballage, et ça y va les additions
Abbas et Cyrus envisagent le laboureur Milad, et c'est pas Eros Ramazzotti, espère !
Un peu édenté, pas mal pouilleux, outrancièrement crado, c'est un dernier choix à la lotterie des coeurs solitaires
Mais on devine le volume de ses génitoires sous le coutil délavé de son pantalon de travail
Le chat n'en a cure, il se lèche sous la queue
Les autres membres de l'expédition se demandent à quoi rime cette compromission, compromission que Jean Eudes entretient avec Athanase
On tend l'oreille et on pige enfin lorsqu'il prétend régler certains détails moyennant l'obtention de faux papiers pour toute la troupe ou du moins un moyen de mettre de l'eau entre l'antique Byblos et nous
Requête qui n'est pas du goût d'athanase, on s'en doute, mais comme la pompe est amorcée, pas moyen pour lui de faire autrement que d'accepter,du bout des dents
Et vas y que je te recommande au trafiquant local, le mec qui fait difficilement son beurre avec la drogue et diverses contrebandes
Lequel trafiquant, jugeant l'affaire trop grosse pour lui, et assez mal engagée, préfère en référer à son grossiste en herbe ou en femmes ou en armes et munitions
Une chose en amenant une autre, nous voici en contact avec un séide de Bachar, auquel le renseignement israélien tient la bride très courte
Mais pas moyen de nous négocier, il préfère encaisser des thalers que de sentir son partenaire occasionnel lui être redevable
Et puis redevable en quoi, d'ailleurs ?
Il ignore tout de nous et souhaite continuer à tout ignorer de nous, ce qui le motive, on l'a dit, c'est le blé, la thune, le kaalis, la caillasse
Que nous ne possédons pas, évidemment

Rebondissement
Le mec nous demande "et pour notre petit arrangement financier ?"
Blumroch commet l'impair majeur, il énonce froidement "madame passera payer, mon brave, pas d'inquiétude, nous avons un bon crédit"
Il n'en faut pas plus pour que le walid, le boss quoi, nous prenne pour ce que nous sommes, des écornifleurs, des fauchés, prêts à l'escroquer, lui, le roi de l'escroquerie, on rêve, non ?
Il tape dans ses mains, le bawab paraît, un ordre bref, et ce sont deux costauds, musculeux testostéronés, avec le gras qui dépasse du col de chemise sur la nuque, les lunettes de soleil ecoplus, la barbichette entretenue à la tondeuse, on dirait des clones du roi du Maroc, et pourtant on est au machrek
Ni une ni deux, les bougres nous empoignent dans l'intention évidente de nous jetter aux fers ou du moins de nous molester
On regimbe, vous pensez bien, pas question que cette plèbe porte la main sur nos personnes
Mais on nous indique d'un mouvement de tête la pièce à côté
Nos belles compagnes et nos matelots persans sont assis, tout penauds, couverts par les armes d'autres mafieux libanais
Merdalors, on est obligés d'obtempérer et de précéder nos supposés geôliers dans les profondeurs d'une cave cimentée comme on en voit par ici, pas d'éclairage, des anneaux scellés dans le mur, des pétroglyphes dans le mur, témoignant probablement de la présence de malheureux nous ayant précédé
Un lourd silence s'abbat alors sur notre troupe
Accablés nous nous regardons les uns les autres
Que faire maintenant ?
Au bout de plusieurs heures, lorsque la viande est un peu attendrie, on extrait Jean Eudes de la cave
Il est propulsé sans ménagement à l'étage, entravé mais point aveuglé, assis sur un siège de fortune, avec une table en vilain bois brut devant lui
Un quinquagénaire un peu poussif, suintant et fortement méditerranéen, portant kippa, s'installe en face de lui
Parlez moi de ces vestiges phéniciens que vous avez découvert, lui sussure -t-il d'un air louche

Jean Eudes, comprenant qu'il a là une carte à jouer, refuse de répondre
Le suifeux qui lui fait face ( succession d'alliterations riches, j'adore) le menace de tortures
Jean Eudes reste obstinément coit
Qu'à cela ne tienne, on installe une chaîne stéréo, une paire d'écouteurs sur les zoreilles et vazy, à fond
Du rai, Cheb Mami dans les esgourdes
Au bout du centième passage de "parisiens du nord, vous m'avez trahi" Jean Eudes s'est endormi
On le réveille sans tendresse excessive, on le secoue, alors, parle, le commandant Alfons te l'ordonne !
Jean Eudes ouvre la bouche et dit alors "hep hep cheb cheb hep hep" soit exactement la série d'onomatopees qui constitue le morceau de muzak qu'on lui a passé sans relâche

Le suifeux le bouscule un peu, droite,revers, gauche
Pour s'entendre murmurer "parisiens du nord vous m'avez trahi parisiens du nord vous m'avez trahi...."
Ho merde, phénomène de redondance cyclique, il faut le réinitialiser
On va chercher un défibrillateur cardiaque pendant ce temps, Jean Eudes, la bave aux lèvres, répète sans discontinuer parisiens du nord parisiens du nord parisiens du nord parisiens du nord
L'équipe de gros bras pousse le matos dans la salle
Surprise, le commandant Alfon et Jean Eudes sussurent tous les deux, un peu à contre temps parisiens du nord parisiens du nord parisiens du nord, comme deux tourne disque éraillés
Ho patron,kes kis passe là kes kis s'passe ?
C'est le moment que choisissent les séquestrés dans la cave pour tenter le tout pour le tout, nos belles compagnes hébergent des pinces à cheveux dans leurs superbes tignasses, elles nous en font cadeau, nous crochetons la serrure de notre geôle par ce moyen, nous grimpons l'escalier de béton avec circonspection, un coup d'œil prudent dans la pièce des gardes, n'en reste qu'un, l'air inquiet, il a délaissé sa pétoire, un fusil qui envoie quand même des pruneaux à une cadence suffisante pour te hacher la carcasse
Le pauvre bougre est au téléphone, prenant ses instructions de son quartier général, le temps qu'il se retourne, il se trouve nez à nez avec son arme, tenue par un pasdar-matelot assez mécontent de sa séquestration, il esquisse un geste vers sa taille, où, nous supposons qu'il entrepose une arme de secours
Mauvais choix
Une courte rafale l'expédie ad patres, sans remords ni prières
Aussitôt ça bouge à côté
Des ordres fusent, des meubles sont renversés, une tête s'encadre dans la porte, mauvais choix là aussi, surtout pour le décorateur qui devra reprendre les coloris
Là, ça ne tergiverse plus, les pruneaux commencent à fuser de part et d'autre, le temps de tirer Abbas à l'intérieur, la porte est transformée en dentelle
Au bout d'un moment la fusillade s'arrête, dans des senteurs de cordite
On entend alors un chœur dissonant qui reprend de façon inlassable parisiens du nord vous m'avez trahi parisiens du nord vous m'avez trahi

Une détonation, une autre
Et toujours, de façon de plus en plus virulente, l'hymne de la racaille "parisiens du nord vous m'avez trahi, parisiens du nord vous m'avez trahi parisiens du nord vous m'avez trahi" à deux voix
On risque un œil
Deux cadavres, ceux des costauds qui molestaient jean Eudes, ils n'ont pas supporté le rythme incessant du rai et se sont fait sauter le caisson
Jean Eudes nous acceuille en souriant largement, à côté de lui, l'officier du contre espionnage raelien dodeline de la trogne en psalmodiant "parisiens du nord, vous m'avez trahi"
Puis il s'effondre sur sa chaise,sa kippa glisse sur son visage,ses teffilims se sont emmêlés autour de ses courtes cuisses charnues, la bave lui coule des coins de la bouche
Bon gû, la force du logos !
C'est rien de l'dire !
Vesna, le voyant encore entravé,se précipite vers lui, le serre dans ses beaux bras blancs et lui roule la galoche du siècle
Puis elle sort de son corsage ( en mes Cévennes familiales, on nomme ça "le fafatch") une paire de ciseaux de brodeuse et le libère de ses liens
On aura beau ergoter, la différenciation sexuelle, ça a du bon, comment un homme aurait -il pu planquer ça sur lui ?
À supposer, bien sûr, qu'il ai pu posséder un tel instrument, en général dévolu à nos compagnes, meilleure moitié de l'humanité ( voyez, pour autant que je sois masculiniste, je n'en reste pas moins galant)

Jean Eudes, tout transpirant, souffle et dit "c'était moins une que la transe du rai algeroalgérois me prenne moi aussi
Heureusement que les infâmes ont craqué avant moi
Et, libéré de ses liens, il enlace sa belle avec ferveur

On approuve
Le rai algeroalgérois c'est autre chose que la funk Hallemande, quoique cette dernière soit parfois puissante
Retour à nos problèmes immédiats, séquestration dans un bled libanais, plus un radis, pas la moindre idée de l'itinéraire à prendre pour tailler la route, des cadavres à dégager pour pouvoir espérer s'en sortir sans accusation kriminal, et en plus, charge d'âme ( on compte les pasdars et le chat, non les pasdars seulement, le chat se démerde seul, et nos compagnes ont prouvé leur indépendance d'esprit, leur débrouillardise et les ressorts de leur ressource, basés sur leurs plastiques sans défaut -pas seulement)
On jette un œil à la fenêtre, des fois que l'officier du renseignement raelien Alfons ai jugé utile de se faire accompagner
Une ombre bouge dans le jardin
Kobus épaule le flingot récupéré sur les ci devant geôliers et présentement cadavres
Il s'agit du chat
Chat qui fait des bonnes manières à un nouvel arrivant
Là, ça va plus, kobus verrouille le thorax de l'inconnu entre hausse et guidon, Emesse, doucement, relève le canon de l'arme
Ne tire pas, c'est une connaissance
Vous connaissez des gens ici,ma belle amie ?
Certes, c'est votre beau père transitoire, le père de notre demi soeur Szuzanna
Ha merde, comment a-t-il pu nous tracer jusqu'ici ? Ça relève du prodige
Les voix du sang, sans aucun doute, dit-elle, en désignant une autre silhouette, derrière, squelettique, la face ravagée par une acné rebelle, et l'air eflanqué, sous alimenté
Votre gamin, métis de vampyr et de néo vampyr
Kobus repose le flingue, respire à fond et déclare tout de go
Je n'ai jamais reconnu cet enfant, d'ailleurs il est trop vieux pour être le mien
On en est là de ces déclarations uxorales et patrimoniales lorsque une toux légère fait sursauter toulmonde
On se retourne
Szuzanna est là, un air terrible imprimé sur sa figure, toute séduction dehors, avec une simple chemise blanche de piposophe qui moule ses tétins érigés et une mèche qui tombe dans le corsage, suggérant plus qu'elle ne masque ( lorsque je veux, je fais du Pierre Benoît sans le savoir)

Situation tendue, on s'en doute
Beau papa s'avance, un air d'entre deux airs sur la trogne
Le mutant le suit de près, mais s'arrête à l'ombre d'un cèdre, on est au Liban après tout
Comme lors de leur première rencontre, il tire une chaise et se pose
Pensif il contemple ses chaussures puis relève la tête, dévisage ses filles et énonce "vous m'avez déçu, les filles"
Merde, déçu ?
Et pourquoi donc ?
Quel article du code civil,quel verset du coran ou du padamana impose de ne point décevoir son géniteur ?
Kobus se lève, s'insurge, tu penses, chevalier blanc !
L'autre veut le coucher d'une mornifle, comme auparavant, mais le kobus a un peu vécu, il anticipe, esquive et le grand karpatique se retrouve déséquilibré,plaf par terre comme une merdasse
On entend crrrraaaaccc, c'est probablement son col du fémur à moins qu'il ne s'agisse d'une vertèbre
En tout cas il git là dans la poussière, geignant, incapable de se relever, ce qui est mauvais pour sa dignité

alors là....Kobus exulte, j'l'ai bien eu, tiens, tu voulais me discipliner? dans l'os! t'avises pas de recommencer, pasque ce coup là t'auras droit à la riposte, et elle tombera pas de la main d'un malade!
contre toutes attentes, la piété filiale n'étouffe pas les filles, soeurs et demi soeurs
seule Vesna, la grande âme, se précipite aux pieds de son papounet
lequel tente de retrouver sa dignité en l'envoyant chier mais il est bien forcé de s'appuyer sur elle pour se redresser
on l'assoie donc
Kobus lui représente que "ces façons cavalières de traiter les gens, c'est fini, maintenant" un peu comme une pépite de la nation dévalisant un ancien ministre et lui collant une droite lorsque l'autre excipie de son kombat fraternel en faveur des minorités zopprimées
maintenant, pour le clou gamma ou la vertébroplastie de la première lombaire, on est loin des lieux idoines, va falloir endurer le transport, on a ici certainement de quoi vous soulager mais faudra pas s'accoutumer à la dope, hein?
c'est le moment que choisi l'officier du renseignement raëline pour se réveiller, il fixe, incrédule, la face du néo néo vampyr, fruit des amours transitoires de Kobus et de la très belle et carnassière Szuzana et hurle "élohim, bahal, élohim, à la rescousse rabbins de la cabale sacrée!", en tentant un geste conjuratoire vers le jeune vampyr
pas de bol, l'autre est hyperréactif
il lui saute dessus, et le saigne à la jugulaire en moins de deux
la caricature d'espion retombe au sol, flasque et blanche
encore un cadavre dont nous allons devoir disposer

 

Commentaires

je ne sais pas pour ce qui vous concerne, mais moi, ces macchab's qu'il faut dissimuler, enterrer, exhumer, liquéfier, ça me semble très oppressant
on peut pas le laisser dans le faisandoir , celui ci?
là c'est Blum qui s'insurge
ignore tu, mon garçû, que ces bougres là sont comptés?
qu'ils ont une puce en eux, prévenant leur employeur, ou leur hiérarchie, de tous leurs faits et gestes? de leur état de santé, de leur non vie, de leurs sentiments, même?
oui, leurs sentiments aussi, les élans du coeur, chose intime entre toutes, hé bien, chez eux, c'est répertorié dans le grand livre
autant dire qu'on a intérêt à greffer la puce à un bon vivant ou à décaniller sévèrement
décaniller? et où veux tu que nous nous esquivions? et comment?
Blumroch retrousse alors ses manches, se ceint d'un tablier de boucher , tablier opportunément abandonné par les tortionnaires qui s'apprétaient à donner la question à Jean-Eudes, retourne le cadavre flasque sous l'oeil de nos mais vampyrs et entreprend de le dépiauter de la gorge à l'anus
odeurs fades de charcutaille et cuivrée du raisiné restant dans les veines
il a tôt fait de mettre le doigt sur une pastille bleu ciel, perdue dans les méandres du mésentère
il la fait sauter sur l'ongle du pouce
reste à savoir à qui on va la greffer
le chat?
mais que t'a fait cet animal innocent pour mériter un sort aussi funeste?

Écrit par : kobus van cleef | 07/10/2022

//REMARK ON
Pas au chat ! A un rat ou à un macroniste, selon ce qui traînera dans les parages. ;-)
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 07/10/2022

On s'interroge du regard
Pas le chat, évidemment
Pas les complices tortionnaires,ces cons là sont morts
On pourrait punir père Athanase ou le trafiquant par lui recommandé, certes, mais étaient ils au courant ?
Ou alors le berger maronite ?
Pour le coup, il n'y est pour rien, et, à part une hygiène corporelle déplorable, on ne peut rien lui reprocher
Reste la possibilité d'infliger le port de la puce à un animal
Innocent cela va sans dire
Mais connaissez vous un animal innocent ?
Nous avisons donc un bouc ( quelle suite d'alliterations riches on pourrait en faire une chanson), qui portera la puce et donc succédera à ses prédécesseurs dans le rôle émissaire
Blumroch s'approche en catimini, bloque la bête,incise la peau au niveau du col, ainsi que nous l'ont appris le visionnage de moultes vidéo sur le ternet
Ça n'est pas du goût de l'animal qui couine fort et se débat, mettez vous à sa place
Du bout de l'index, Blum sent une masse semi solide au fond de l'incision, il élargit la plaie (à la réflexion, un peu sanieuse et pas très vascularisée), extrait un paquet plastique tout maculé, enfourne à la place la puce, suture à grandes aiguillées, fouette le croupion de l'animal qui part sans demander son reste
On se retrouve, beau papa, le mutant, la sœur, les demi soeurettes, les pasdars, le chat, Blum, Jean Eudes et kobus, devant ce paquet au contenu inhabituel
Première réaction, éventrer le truc pour voir ce qu'il a dans le ventre
Deuxième réaction, s'interroger sur le pourquoi du comment
Qu'auriez vous fait ?

Écrit par : Kobus van Cleef | 08/10/2022

Vous êtes comme toulmonde,moi compris, vous ouvrez le sachet
Une clé USB
Crotte, pas d'ordi sous la main, on enfouille le truc et on se dirige vers la sortie
On est alpagué par beau papa putatif, vous allez pas me laisser ici, les filles, j'ai mal partout et je suis un pauvre vieux vampyr
Erzebeth passe sans moufter, Szuzanna lui emboîte le pas, Vesna supplie son partenaire du regard, mais c'est Emesse qui emporte l'adhésion de kobus en lui sussurant un truc à l'oreille
Quoi ?
On ne saura jamais
Cependant kobus se retrouve chargé d'un vampyr considérable sur l'échine, pauvre bougre, il peine
Heureusement une cariole se trouve attelée à un mini van Isuzu, le truc favori des familles semi aisées, dans ces parages ( jusque dans le chouf, comme quoi, même les druzes en usent, allitération là aussi)

On pousse les valides dans l'habitacle, ça fait beaucoup, Szuzanna en profite pour frotter ses tétins bien roides contre kobus, sous l'œil réprobateur de sa demi soeurette, kobus, tu penses bien que ça ne lui fait aucun effet, après le tour de rein obtenu en portant beau papa putatif...
On installe le dit beau papa dans la cariole, avec les pasdars, Blumroch prend le volant,cap sur Beyrouth
La route est longue, check-point, chaussée défoncée, ravitaillement en carburant limite, géographie hasardeuse ( ni cartes ni GPS, on en est réduits à se fier aux explications des locaux, descendants de phéniciens, qui monnayent les rares informations qu'ils nous livrent)
Mais enfin,cahin caha, on arrive au couvent des sœurs de l'Immaculée conception, dans la banlieue sud, celui là même où sœur Marie Kerouz faisait ses vocalises
On frappe à l'huis
Kes ke c'est ?
Un visage de cerbère revêche se pointe au guichet
Ha,ma sœur, nous implorons , nous sommes voyageurs égarés, pourriez vous nous héberger pour la nuit ( il n'ose ajouter pour l'amour du Christ, mais l'intention y est)
La sœur tourrrière l'envisage dans sa totalité, ce qui est une forme de performance, étant donné la taille de l'échantillon, celle du guichet et enfin la morphologie de la tourrrière, petite et large

Écrit par : Kobus van Cleef | 12/10/2022

La réponse tombe, cinglante
Y a des hôtels pour ça !
Pour ça ?
Pour ça quoi ?
Le temps que Blum, estomaqué, retrouve ses esprits et lance sa réplique à la naine, le guichet est retombé avec fracas
Il se retourne donc,avise sa troupe laquelle présente un étrange dérangement
La très belle Emesse, consciente de la présence de sa demi soeur Szuzanna et de ses ambitions, serre de près cette loque humaine qu'est devenu kobus à la fin de ce périple, par surcroît, l'homme a été achevé par le portage du grand karpatique, Emesse donc soutien le gagneur sur lequel elle a jetté son dévolu, un bras autour de sa taille, une main enfournée dans l'encolure de sa chemise pas vraiment philozofik ( col élimé, emmanchures trouées, dos quasi transparent, oui j'en ai beaucoup des comme ça dans mon placard, parfois je les sacrifie pour en faire des chiffons, chiffons chaussures ou chiffons à cuivres ou chiffons pour moto), elle ne tari pas de petites agaceries destinées à consolider certains liens uxoraux
Mais le plus beau, c'est encore derrière
Les deux pasdars se lèchent la pomme sans retenue, le grand karpatique est soutenu par sa fille et le contraste de cette décrépitude avancée et de cet érotisme glacé à de quoi faire frémir, en tout cas, encore mieux que dans le vers célèbre, on ne voyait que ses larmes qui brillaient au travers des flambeaux et des armes
Tu m'étonnes que la tourrrière aie foutu tout ce monde dehors... pas de saltimbanques chez moi !

Écrit par : Kobus van Cleef | 13/10/2022

On se penche donc sur la question de l'hébergement
Où trouver un hôtel ?
Comment le payer ?( Considérations bourgeoises, alors que nous pourrions partir à la cloche de bois, mais il faut une empreinte de carte bancaire, nouveau sésame de nos sociétés marchandes)
Comment trouver un passage vers la terre natale ?
Tout ceci nous agite, on se résoud à se poser pour un thé
Avec des gâteaux locaux
Une échoppe mal famée nous tend les bras, nous nous installons donc sur ses banquettes
Pendant que les pâtisseries grésillent dans la friteuse, kobus met la main à la poche, il bute sur la clé USB, demande au tenancier s'il a un accès internet, si fait, deux livres libanaises la demi heure, quasi gratuit, on se téléporte dans l'arrière boutique, dans des odeurs grailloneuses, puis on branche le bitonio, on pousse la clé dedans, l'écran clignote, une série de chiffres s'affiche
Mais kes ke c'est que ce truc ?
Le pasdar Abbas, relâchant la verge de son ieut'nant, répond alors "dark ouebe, c'est un code pour cryptomonnaie"
On reclique pour relancer le truc, pouf, le logo du bitcoin apparaît en majesté, on regarde le solde....... une milliasse de bitcoins !
Alléluia, amdoulilha, nous voici riches !

Écrit par : Kobus van Cleef | 15/10/2022

que feriez vous avec une milliasse de bitcoins, vouzautres?
hé bien , rentrer au pays, cousu d'or
mais d'abord, se reposer dans un palace et se faire un bouffement d'anthologie
pour les palaces on a le choix, la famille saadé a essaimé des tas de constructions
pour la bouffe faut descendre sur le port
on se retrouve dans une cave, un peu craspec et là, là....
des montagnes d'aubergines frittes, de l'agneau cuit avec du romarin, des oursins ruisselants, des olothuries , des scupions, des douceurs pate d'amande miel, bref, tout ce que la mer et la terre peuvent offrir
avec dans les oreilles, le son lancinant d'oum kalsoum
elle est pas belle, la vie?

Écrit par : kobus van cleef | 18/10/2022

Agapes somptueuses, pourrait on penser
Sauf que...
Un cuisinier palestoche, il y en a quelques myons au Liban, porteur d'un furoncle, s'est gratté le dit furoncle sans réfléchir ni se laver les mains ensuite
Résultats attendus, la totalité des convives se retrouve par terre,malaises vomissements diarrhée sauf pour le mutant vampyr néo vampyr, qui lui, hébergeant un solide microbiote intestinal, s'en tire avec vertiges et flatulences ( qu'on m'explique par quel biais une toxine thermolabile peut entraîner des prout, je suis preneur)
Le grand karpatique, est, une fois de plus, à l'agonie
Après son expérience sur les bords du lac turkana, il accumule
Bref, tout ce petit monde est enfourné dans plusieurs ambulances et direct à l'hospital de notre dame du Mont Liban et du Mont Thabor réunis

Écrit par : Kobus van Cleef | 22/10/2022

Que va-t-il se passer ?
Comment vont ils être accueillis à l'entrée de l'hospital ?
Y a-t-il une smala phénicienne au guichet, une religieuse encore pire que celle du couvent ?
En plus,nos amis ne sont pas dans une forme olympique, c'est rien de l'dire...
Contre toute attente, une infirmière diplômée, sanglée dans un uniforme blanc empesé très seyant les prend en charge , yeux noirs bien fardés, traits un peu levantins,lourdes loloches qui tendent le tissu du pijama de bloc,pro en diable, elle virevolte autour, note les constantes vitales,perfuse le grand karpatique, dispense oxygène, conseils, haricots pour vomir, bipe le senior qui se pointe incontinent
Encore un coup du restau du kortier d'achrafieh !
Il tonne, il tempête, il vitupere !
Diète pour toulmonde, la gourmandise est un vilain défaut, un bon régime, une réhydratation pour commencer, on verra ensuite demain s'il y a une atteinte rénale, mais quelle idée aussi de s'attabler à un endroit dépourvu du strict contrôle sanitaire !
On fait profil bas, évidemment, on n'est pas en mesure de protester...

Écrit par : Kobus van Cleef | 22/10/2022

Au matin, on se réveille après une nuit plus ou moins agitée, toulmonde est sur pied pour un p'tit dej qui passera surement mieux que le dîner
Toulmonde ?
Il manque beau papa putatif
Plus le médecin de garde, maronite plus ou moins suifeux
On dehambule dans les couloirs, vite fait, le service d'accueil est boutiqué à la façon du panopticum du déplorable Jérémy Bentham, une seule infirmière diplômée peut, d'un seul coup d'œil, envisager la totalité des patients
Mais ça marche aussi avec les prisons, les magasins, les factoreries, les classes d'élèves difficiles
Et effectivement, dans le box du bout, là bas, où on avait installé le grand karpatique, on distingue confusément du mouvement
On s'approche, le cœur serré, pas qu'on aie eu beaucoup d'empathie pour celui qui nous a imposé une mutation dans les gènes de kobus puis un symbiote dans sa tripaille, mais bon, c'est toudmeme le père de nos douces compagnes Erzebeth, Vesna et Emesse, le grand père du mutant, le géniteur de la glaciale Szuzanna
On jette un œil, nous attendant au pire
Hé non, ça va
L'infirmière, dénudée jusqu'à la taille, allaite le grand karpatique sous les encouragements de l'urgentiste, lequel nous intime l'ordre de nous taire
Puis il nous montre le couloir
On sort du box, il nous suit dehors, on fait cercle autour
Les explications arrivent enfin
Les constantes vitales ne s'amélioraient pas, l'insuffisance rénale menaçant, j'ai eu recours à la médecine de mes ancêtres dans les montagnes du Chouf, allaitement par une post parturiente, ça tombe bien, j'en avais une dans l'effectif, on va voir si c'est efficace, d'ailleurs, il me semble qu'un auteur occidental cite aussi cette technique
On ouvre les yeux, il s'étonne
Comment, vous n'avez pas lu Steinbeck ? Les raisins de la colère ? À la fin du bouquin, si je me souviens bien....
On se tourne vers kobus, alors, qu'est-ce que tu en penses ?
Rien ne vaut l'expérimentation, mais on n'a pas déposé de protocole dans le cadre de la loi machin ou chose, le mieux c'est d'aller voir

Écrit par : Kobus van Cleef | 23/10/2022

Le grand karpatique a tenté de sortir ses crocs,las !
Son traumatisme, subit dans le chouf du fait de l'agilité de kobus, ne lui permet qu'un mouvement grotesque en direction du cou de l'infirmière allaitante
Laquelle, croyant à une tentative de baiser dans l'espace compris entre la base du cou et la salière, l'espace sus claviculaire, s'est mépris, et lui a envoyé une torgnole bien appliquée, qui lui a amené le rouge à la joue
C'est pas c'que vous croyez, je voulais pas vous embrasser !
Je voulais simplement vous saigner !
À mort....
Me saigner ?
Tiens,mange toi ça, malapris !
Une autre torgnole tombe sur l'autre jour du patriarche vampyr, laquelle joue rougit comme l'autre
L'interne des hôspitaux de Beyrouth envisage le truc.. voyez, grâce à un traitement approprié il reprend des couleurs, on va faire une belle publication avec ça, je vois le titre, efficacité de l'allaitement et des baffes dans la gueule dans le traitement d'une toxi infection alimentaire, à propos d'un cas, avec revue de la littérature

Écrit par : Kobus van Cleef | 24/10/2022

Mais pour le col du fémur ? Et pour la vertèbre toute espoutie ?
Ha oui c'est vrai, on va bipper le chir ortho, on verra ce qu'il dira
On attend donc dans le couloir pendant que l'infirmière phénicienne termine la tétée, sans devoir changer le pépère, lequel a les joues rouges pour de multiples raisons, les claques et surtout la honte de s'être fait remettre en place par une fumelle
Les pasdars, eux, promènent leur désœuvrement dans les étages, où leurs faciès orientaux ne prétent pas à confusion
Le mutant se met en quête d'une gorge facile à saigner et propice à le sustenter
Nouzautres, les trois compères, les belles compagnes et Szuzanna, nous restons assis à attendre la décision du chir, seules Vesna et Emesse se rongent les ongles, les deux autres sont décontract' à tel point qu'un magnat bienfaiteur de l'établissement, passant par les urgences faire soigner une ampoule au pouce (à force de compter les billets) , un magnat donc, s'étonne de leur présence et leur propose une promenade en yacht
Les fumelles, mercenaires comme bien souvent, ne le rembarrent pas ouvertement, si bien qu'il s'imagine des trucs
Une connivence muette s'établit donc entre Erzebeth, Szuzanna, kobus, Jean Eudes et Blumroch sous les yeux courroucés des deux autres sœurs qui n'ont pas pigé la manœuvre
L'idée de base, vous l'avez eue comme nos héros, c'est d'embarquer sur le yacht du suifeux puis cap à l'est, passage des Dardanelles,du Bosphore, entrée dans la mer noire, navigation tranquille jusqu'à Constanza, débarquement puis retour tranquille dans les karpates natives

Écrit par : Kobus van Cleef | 28/10/2022

Sans oublier le beau papa putatif, dûment opéré de la guibole et cimenté de la vertèbre
Sans oublier non plus le gamin mutant, preuve incontestable de la réussite des recherches génétiques et de la clairvoyance du grand karpatique

Écrit par : Kobus van Cleef | 28/10/2022

Nos belles compagnes multiplient donc les agaceries et le minaudage ( parfaitement, ce terme existe puisque je viens de l'inventer), en réponse à la drague lourdingue du suifeux, coiffé à l'huile d'olive et gavé aux loukoums
Heureusement que mitou est inconnu ici car autrement, le mec irait directement au procès
Quoique ça ne soit pas exclu
La journée se passe entre exploits médicaux ( endormir puis réveiller le grand karpatique pour lui visser un clou gamma dans le col duf' et lui remplir sa vertèbre espoutie avec du metacrylate, obtenir le bulletin de sortie, rétribuer toulmonde et trouver un véhicule pour exfiltrer nos ouailles), chatemitte avec le saadoune local ( de la part d'Erzebeth et de Szuzanna), profil bas de la part des autres, partir à la recherche des pasdars ( qu'on trouve dans un cagibi en train de forniquer avec l'aide soignant syrien, employé dans cette tâche puisque après tout, y a pas d'raisons qu'on paye les gens au juste prix, c'est mieux de le faire à un prix injuste) , dissimuler les cadavres exangues des victimes du mutant, guetter si les services secrets raeliens ne sont pas à nos trousses ( dans un superbe numéro hugolien, comme dans les bosseurs de la mer, guettés nous guettions si nous ne l'étions pas)
Sortie de salle de réveil, le grand karpatique est hissé sur un stricker, encore tout nauséeux de la morphine qu'il a reçu, on pousse le bonhomme dans les couloirs désormais désertés par la faune hospitalière diurne
Les deux sœurs de basse moralité ( mais basse par rapport à quoi, quel est l'échelle, et où se situe le zéro ?) ont vu l'équipe disparaitre au coin du parking, elles accélèrent les tendresses envers le grotto ( transcription littérale de l'ouest afwicain d'il y a 40 ans, l'époque de la coopé, où les poufiasses d'Abidjan allaient à la pêche au grotto, le gros tonneau, le coopérant français qui allait les marier et permettre l'abduction de la famille en Europe.... époque révolue, maintenant la vronze, grande et universelle, affréte des cargos pour aller chercher les ouigres, sans contrepartie, évitant ainsi aux gentilles gazelles de compromettre leur vertu dans des marchandages douteux, quel progrès)
Le mec n'y tient plus
Il embarque les deux vampyresses dans sa Rolls-Royce phantom et fouette cocher, direction le port

Écrit par : Kobus van Cleef | 30/10/2022

Promis juré ce soir je poste la suite et fin

Écrit par : Kobus van Cleef | 03/11/2022

//REMARK ON
Heureusement, une fois cet épique feuilleton terminé (comme on dit en latin de Kuisine : "post finem feuilletoni lectores tristissimes"), le scénariste sera obligé de céder au public réclamant un feuilleton dérivé. ;-)
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 03/11/2022

Kobus van Cleef > Je l'attends pour mettre en ligne la dix-huitième et dernière partie.

Écrit par : Pharamond | 03/11/2022

les très capiteuses (et potentiellement mercenaires de leurs charmes) vampyresses embarquent donc dans la bagnole d'ancien riche du compradore, suivi de ses chaouchs et gardes du corps, eux sont voiturés dans une bagnole nouveau riche, un SUV amerlot qui pèse deux tonnes et rame dans les pentes
les bougres ont la tête de l'emploi, carrures débordant du col de chemise et de la ceinture du bloudjine (de contrefaçon), bourrelets adipeux dans la nuque, petite boucle d'oreille façon inverti antique, lunettes carrées photochromiques, petit bouc entretenu avec un soin onaniste ou presque, on dirait une personnalité d'une confession similaire, située de l'autre coté d'un estuaire voisin (cherchez si vous voulez)
nos amis ont fait le pari de précéder le convoi, en sachant à peu près où le yacht est mouillé
ce qui fait un étrange convoi, puisque les services secrets raëliens suivent le tout à distance
paraphrasons nos prédécesseurs
nous nous vîmes trois groupes en arrivant au port
le gros libanoche et ses stickers, nouzautres avec les pasdars, enfin les raëliens, le compte y est

Écrit par : kobus van cleef | 04/11/2022

kobus van cleef > Vous penserez, s'il vous plaît, à m'indiquer par le mot "fin" (à l'ancienne) la dernière ligne de votre histoire.

Écrit par : Pharamond | 04/11/2022

aucun problème, ça se termine doucement

Écrit par : kobus van cleef | 04/11/2022

les très belles descendent de voiture, tirent sur les membres (supérieurs, pas l'autre) du libanoche pour le tirer de sa bagnole
le poussah s'extrait enfin
il grimpe la passerelle, reluquant les fesses de ses accompagnatrices qu'il pousse devant lui
nous guettons
au moment où la passerelle se lève, hop, en deux coups les gros, kobus et les deux pasdars bondissent et investissent la barquasse, regimbage des gardes du corps, le plus maigre s'élance sur kobs, lequel le fauche aux genoux, puis lui shoote la machoire
ça fait crac
les deux pasdars pendant ce temps ont maîtrisé l'autre chaouch, un coup dans les burnes, le gars verdit, blanchit, puis se pâme
le poussah, interloqué, tente de se saisir d'un rigoustin, habilement camouflé dans ses braies, les fumelles le désarment sans effort
alors, sur la passerelle pacifiée, les autres amis apparaissent enfin
le mutant traîne son papi, Jean Eudes et Blum s'avancent, avec à leurs bras les précieuses restantes, Vesna et Emesse
pendant ce temps, les observateurs raëliens observent , sans moufter

Écrit par : kobus van cleef | 04/11/2022

On bouscule les membres d'équipage, deux croates gigantesques et taiseux, on leur indique un point sur la carte, les pasdars surveillent la route et vogue la galère
On sort vent debout du port de Beyrouth, l'échelle du levant bien connue
Nos vieux gousbyres sont aux anges, pour un peu, ils s'imagineraient que la proue est soulevée par le clapot
Mais je t'en fiche, une barquasse de ce volume, il faut plus que ça
Enfin, on double le cap, nous voici en pleine mer

Écrit par : Kobus van Cleef | 05/11/2022

Cap à l'ouest,mes amis, pour pouvoir ensuite piquer au nord puis à l'est
Je sais, la géographie c'est compliqué
On poursuit donc, comme Ulysse, les flots restent grisâtres et inhospitaliers, mais on a bon espoir d'arriver à bon port
Ceux qui ont moins d'espoir en revanche, ce sont les réfugiés, entassés dans les coquilles de noix des passeurs ou bien souqués dans les cales des apprentis sauveteurs
Justement il y a un de ces rafiots ramasse-misère sur tribord, à deux milles il a pas l'air de faire bonne route, la tramontane s'est levée et la radio crépite
Va-t-on faire notre devoir, se dérouter ou bien serons nous les notaras de 2022?

Écrit par : Kobus van Cleef | 05/11/2022

Allez on se déroute
On tente d'accoster ce petit chalutier qui fait eau de toutes ses membrures pourries et qui tient à grand peine la houle vicieuse de cette fin d'après midi automnale
Porte voix, gaffe et défenses sur le franc bord
Chalutier SOS miséreux, zavez besoin assistance ?
Personne ne moufte sur la dunette étroite de la barquasse, évidemment
On met le zodiac à l'eau, un pasdar, le matelot Abbas y prend place avec kobus, tous deux caparaconnés ( mais la cédille ne s'inscrit pas avec le téléphone) de néoprène
Hardi petit !
Nonobstant son âge et son ventre, kobus s'est hissé sur le pont du chalutier
Désert évidemment
Le pont,car sous le pont,y a du monde, ça s'agite même
Ce sont les volontaires de SOS miséreux qui donnent du leur pour soulager les angoisses des migrons
Ça y va de la bouche, de la main et d'autres orifices innommables et tous volontaires et volontair.e.s sont requis dans une sarabande mécanique, quasi industrielle, où tout désir est exclu mais où sont présents la peur et la frustration
Hé ho, besoin de quelque chose, là dedans ?
Du lubrifiant et des capotes, visiblement
Broum broum on entend un pas dans l'échelle de coupée, c'est pasdar Abbas qui déboule
Et curieusement, au lieu de se joindre à la partouze, il a une moue dégoûtée et crache par terre

Écrit par : Kobus van Cleef | 05/11/2022

//REMARK ON
Le *Camp des saints* n'est pas loin. Annonce de la fin ?
Quel Jouhandeau s'adressera ainsi aux héros : "Demain, vous serez tous Notaras !" ?
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 05/11/2022

hé oui, nos amis se préparent une notoriété assez rugueuse

poursuivons
si le pasdar Abbas crache par terre, c'est que non seulement ce sexe mécanique, pour ainsi dire contraint (mais lorsqu'on sait quelle fut son initiation, on n'en est pas étonné) lui répugne, mais qu'il a vu, dans un coin de la cale du navire, un étrange festin
parmi les bouées et autres ancillaires de sauvetage, un atelier de boucherie
et pas chevaline ni bovine, espère!
non, non, ce louche fumet, ces senteurs graillonneuses qui s'alentissent au fond de nos fosses nasales respectives, c'est du rôti d'homme qui se concocte à même le plancher ( ce qui a pour effet de gondoler les
bordées de la nef, ce qui explique qu'elle commence à prendre l'eau )
le cerveau du kob's , trop humain, trop européen, ne lui a montré que ce qu'il attendait, ou bien lui a occulté la réalité
il croyait à une partouze pour tranquilliser les migrons, voire même leur faire un welcome refugees (ou un golden hello comme on dit dans le monde capitaliste)
il ne s'agit pas de ça
les gentils sauveteurs se sont transformé en gibier, gibier dans tous les sens du terme, sexuel et alimentaire
et le SOS crachottant qu'ils ont reçu il y a trente minutes , c'était pas du chiqué
d'ailleurs un des participants du festin se dresse , ensanglanté et enfoutraillé, et se rue sur le kob's
faut le comprendre, après avoir manduqué les naïves européennes et forcé les orifices des naïfs européens ( ou l'inverse, on s'y perd) les portions étaient minces et le repos du guerrier était rare, à partager entre tous
et kobus apparaît être le plus grassouillet des deux nouveaux protagonistes
et puis pasdar Abbas est assez basané, ce qui peut créer une connivence basée sur l'épiderme
le convive encore affamé se rue donc sur kobus, la bave aux lèvres et la banane comme un canon ainsi que l'a écrit en son temps Higelin
il parvient à enserrer notre ami entre ses bras puissants (pas croire que la migration s'accompagne de disette, en général c'est les plus aptes au combat qui partent, le scorbut n'existe plus que pour les européens pauvres confinés chez eux à bouffer des nouilles, les vieillards en EPAD, les chômistes de longue durée par exemple) mais le néoprène dont est couvert le kobs lui irrite la paume des mains, ça glisse, il laisse échapper sa proie
il se reprend lorsque Abbas lui assène un coup faramineux d'un espar qui traînait là
vlan en pleine trogne
laquelle éclate sous le choc

Écrit par : kobus van cleef | 05/11/2022

Abbas repousse le cadavre en devenir, attrape kobus par une aile et se rue vers l'écoutille, dans un capharnaüm indescriptible
arrivés en haut , on rabat le panneau sur les occupants qui tentaient la poursuite, on écrase quelques doigts au passage
on souque l'écoutille
à mort!
gros boulons dont on mate le filetage à coup de masse
foutons le camp!
c'est le radeau de la méduse avant le naufrage, bon gû!
ils sautent dans le zodiac , mettent plein gaz vers le yacht qui avait pris un peu de distance, grimpent à bord
sauvés!

Écrit par : kobus van cleef | 05/11/2022

Sauvé, c'est vite dit
Deux mecs peu amènes les attendent, costumés eux aussi en néoprène, l'arme à la main
Mais ce serait faire peu de cas de l'esprit de ressources de nos amis que de penser qu'ils vont se rendre
Le kobs feint de glisser sur le pont, et, effectivement,sa morphologie aidant ( de profil il a une certaine parenté avec une boule de bouling), il roule jusqu'aux pieds des intrus
Qu'il renverse
L'un d'entre eux lutte au sol contre kobus, qui s'est transformé en bidibule insaisissable et qui lui avoine le museau de coups de saton, l'autre a repris ses esprits pour se retrouver face à pasdar Abbas qui, soupçonnant le sémite dans ce costume de plongeur,lui assène un coup au moyen de l'amare du zodiac
Aveuglé le raelien appuie sur la détente de son arme, la giclée part au loin, perforant la coque du SOS miséreux, laquelle n'attendait que ça pour embarquer un peu plus de flotte
Furieux, pasdar Abbas précipite le tireur dans les flots grisâtres et agités de mare nostrum,ramasse le flingue du plongeur, le retourne contre l'autre
Disparu !
Le mec a déserté le pont pour s'enfoncer dans les entrailles du yacht, on se rue à sa poursuite, on progresse lentement dans la coursive des invités d'honneur,mal éclairée, on bute sur un cadavre chaud, encore frémissant, c'est l'autre plongeur raelien ( du moins nous supposons que ces bougres sont raeliens) que le mutant a saigné en un instant

Écrit par : Kobus van Cleef | 06/11/2022

On se dit qu'il y en a d'autres, ce qui nous fait avancer lentement
Les quartiers des invités et ceux de l'équipage sont déserts
Kobus commence à s'inquiéter, autant pour ses potes que pour les belles amies qui agrémentent le voyage de leurs présences , oui, elles sont en nombre, donc on met tout ça au pluriel
On descend à la machinerie, personne non plus
On remonte au poste de pilotage, un coffre à brassières de sauvetage n'apparaît pas tout à fait à sa place, kobus le manipule, y a -t-il quelqu'un dedans ?
Personne évidemment
Pasdar Abbas pose un doigt sur ses lèvres, indique d'un geste le plafond du poste,kob's pige enfin, il tire le coffre au bord de la passerelle,grimpe dessus, se hisse au bord du toit à la force du poignet ( il en faut, puisqu'il est courtaud) et se mange un coup de talon en pleine poire qui lui fait éclater le pif
Il chute sur le cul en beuglant, bordel de djieu !
À ces mots, une forme souple dégringole du Roof en disant "mon pauvre chéri, je t'ai fait mal, j'ai pas fait exprès "
C'est la très capiteuse Emesse qui fait son mea culpa en prétendant l'avoir confondu avec les assaillants en costume de plongeur
Confusion regrettable, kobus et pasdar Abbas étant revêtus de néoprène, mais kobus arborant une toison argentée rebelle au peigne
Pendant qu'elle lui presse les narines en lui renversant la tête en arrière, il demande où sont les autres
Pas loin, sur le toit eux aussi mais les sœurs veillent sur toulmonde, on est les seules a pas avoir le vertige
Le vertige, pour un passage sur le roof ? C'est une blague ?
Essaye un peu, avec la houle, ça secoue
Effectivement, la mer s'est formée, les lames viennent claquer contre la coque, et le yacht, avec ses moteurs à l'arrêt, est secoué, tanguant et roulant
Bin faut faire descendre les matelots croates, qu'ils remettent la bouzine en route
Ha non, les raeliens les ont flingué d'entrée de jeu c'est à la suite des coups de feu qu'on a gravi le toit de la passerelle, j'ai entendu deux ploufs, ils ont balancé les corps à l'eau

Écrit par : Kobus van Cleef | 06/11/2022

On résume
Sur un yacht en pleine mer, début de coup de tabaque, plus de marins, sauf les pasdars, le proprio introuvable, ses chaouchs introuvables itou, beau papa putatif sur le toit, victime d'un mal de mer et d'une fracture du col duf' ainsi que d'une vertèbre espoutie, les deux compères restants eux aussi verts avec le roulis, les quatre précieuses à la manœuvre, le mutant en train de rôder dans le bâtiment, c'est sûrement à lui qu'on doit la disparition des occupants légitimes, le nez du kobus en compote, et le radeau de la méduse à côté qui s'enfonce doucement
On pourrait remettre en route,touer une amarre et les sortir de là ?
Mais franchement, sauver des cannibales, est ce bien sérieux ?
Seul réconfort, Emesse lui a dit "mon pauvre chéri", pauvre peut être mais chéri quand même
Le chalutier SOS miséreux disparaît d'un seul coup, résolvant une partie du problème
Reste un élément auquel personne n'a songé, les raeliens, comment sont ils arrivé ici, dans quel but, et surtout pourquoi ont ils commencé par liquider l'équipage ?
Si tu réussi à répondre à tout ça, bravo, moi, je vais tenter de mettre fin à cette épistaxis
Pasdar Abbas descend à la machinerie, on entend un pot pot pot, l'autre pasdar a repris la barre, on reprend la route, cap au 360

Écrit par : Kobus van Cleef | 06/11/2022

On s'éloigne des lieux du crime, kobus tente, avec son tarin en chou fleur, de rameuter sa troupe
Pas évident, beau papa putatif est un peu bloqué, les deux autres ont la gerbe, les filles ont pris goût à la situation en surplomb, l'autre pasdar et le mutant sont introuvables
Tu parles d'une équipée
Si vous êtes si bien à l'extérieur,restez y !
Il y a d'ailleurs un grain qui s'annonce, ça va secouer
À contre cœur, les autres protagonistes glissent le long des structures de la passerelle pour se retrouver sur le pont, de là, la coursive des appartements VIP
On décompte
Manquent le deuxième pasdar, le 'ieut'nant et le mutant
Que fabriquent ils ensemble ?
Un Blumroch mal assuré sur ses jambes se met en quête de ces deux là, avec une angoisse évidente, et si le mutant tentait de le saigner ? Et si le pasdar, enterrant des millénaires de brouille semitoarienne décidait de lui faire la peau ?
On n'est sûr de rien avec ces cocos là

Écrit par : Kobus van Cleef | 07/11/2022

On les decouvre dans la chaufferie, où il n'y a aucune chaudière mais un Merlin-Rolls-Royce 20 cylindres injection contrôlée par ordinateur, 170000cubic inches ( soit mille fois la cylindrée de mon softail, y a déjà de quoi faire)
Le pasdar est vêtu, un tas de frusques en vrac à ses côtés, le mutant est presque nu, il n'a en main que des cartes négligeables
C'est un strip poker et le pasdar gagne
Mais que gagne-t-il ?
La vision de l'épiderme pustuleux du mutant ?
La satisfaction de remporter un dernier pli ?
Quelques pièces de vil métal à la condition de pouvoir revendre ces guenilles ( et que quelqu'un en veuille)?
Quel vice, quelle perversion...
On interrompt la partie en intimant au pasdar de rejoindre la dunette, d'un geste sans équivoque ( avant bras plié, pouce indiquant la direction), il s'exécute en maugréant
On jette ses frusques au mutant en lui demandant s'il n'a rien d'autre à faire
Il déploie sa carcasse et nous reluque d'un air mauvais, puis donne quelques coups à un tas poussiéreux dans la pénombre, lequel tas s'agite en couinant
Des rats ?
Non, mieux que ça
Un raelien
Officier,par surcroît
Il approche ses cannines affûtées, l'autre secoue la tête pleure et promets de tout dire

Écrit par : Kobus van Cleef | 09/11/2022

on pourrait le renommer "karpathian bildungsroman"

Écrit par : kobus van cleef | 09/11/2022

Les commentaires sont fermés.