statistiques web gratuite

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01/02/2022

Carte blanche (36)

Laissée à Kobus van Cleef

La première partie est ici, la deuxième ici, la troisième ici. et la quatrième ici.

 

Crépuscule des vampyrs et continent obscur

 

Cinquième partie

 

Simplifions, déclaré jean Eudes,scindons la troupe, j'irai avec panache ( muni toutefois de mon purdrey et assisté de l'honoreur de serment) au contact par la route, kobus et Blumroch prendront à revers ( qui a dit a tergo, un peu de tenue, l'heure est grave) l'energumene, par la brousse, armés de gewher drei, solides, fiables, précis, que personne n'ouvre le feu avant mon signal
Sitôt dit sitôt fait
Pris en tenaille, le coupeur de route abdique toutes velléité combative, il met la crosse en l'air, on amène le prisonnier a se confier,suit alors un monologue ponctué de pleurs, de soupirs et de mouvements véhéments, comme le tout se fait en langue locale, seul Jean Eudes et dans une moindre mesure l'honoreur de serment entendent goutte dans ce flot verbal
Jean Eudes, rit,effile sa mostach'puis déclare c'est un pauvre hère, descendant du glorieux peuple des f'angs, réduit à cette extrémité par la raréfaction de populaces à soumettre, il dit que depuis que l'Europe ouvre ses portes, point n'est besoin de courir les forêts, les plaines et les villages pour réunir un cheptel à exporter,ces cons là y vont tout seuls sans qu'on les y contraigne, et consécutivement l'ouvrage se fait rare pour des chasseurs d'esclaves
La seule occupation bien ( très bien) rétribuée qui reste, c'est l'acheminement
Mais il n'a aucun goût à devenir une agence de voyage, bon gû, négrier il est de père en fils, pas tour opérateur

 

Curieux tout de même, ce f'ang s'exprime en lingana, ça fait un écart d'un bon milliers de kms
Mais faisons lui l'aumône de notre supposée crédulité, il pourra nous être utile, ses frères de couleur l'auraient occis et laissé mort dans le fossé, en se souvenant qu'il avait participé à la déportation de leur peuple, endossons le fardeau des pères blancs, capturons le, relâchons le ensuite, il témoignera de notre esprit magnanime et puis, nous ne sommes plus si loin du Kivu ( on voit par là que le narrateur use d'une licence poétique, en effet la route est encore lointaine, qui les mènera aux confins des mondes connus et de la retraite de la communauté transylvaine)

 

Après avoir dégouté le lecteur épisodique par le récit des confessions obtenues de Frankie, je n'allais pas récidiver avec celles d'iceu pouilleux
D'autant qu'il s'agit d'un n'haigre, autant dire l'ubermensch de ce siècle, alors hein, j'aurais eu l'air finaud si on avait assigné le tenancier en djustiss
Mais bon, franchissons plaines déserts montagnes, fleuves, non sans peine, avec notre captif entravé, et arrivons au Kivu
Moultes aventures,moults avatars seront advenus, une saine camaraderie aura uni nos sexagénaires, et le captif, qu'ils auront tenu à baptiser vendredi ( quel manque d'originalité, mais cela prouve toutefois qu'ils ont lu, au moins Defoe, ce qui est mieux que rien)

 

En chemin ils auront flingué du rhinocéros, tiré de l'éléphant, de l'antilope,du phacochère, du brouteur ( vengeant ainsi des milliers de mugus), ils auront festoyé sous des cieux impavides, en descendant force Castel et fioles de vin de palme, ils auront moultes fois réparé la suspension puis la transmission puis le radiateur puis la courroie de distri puis les joints de culasse du break 404, ils auront eu les mains noires de cambouis et le chef couvert de cloques solaires, ils auront noyé le moteur au passage des marigots puis l'auront asséché faute d'huile adéquate

 

Ils auront troqué les défenses des phacochères par eux occis contre des munitions, ils auront fait des brais ( prononcez bra-hy, façon afrikaans) de leur chair dure et odorante, ils auront agrémenté les grillades de tubercules rôtis que vendredi sera allé déterrer, sous bonne garde ( en n'en pensant pas moins car c'est un truc de femme, ça patwon, de chercher les légumes) et parfois,du lait de coco, coulant sur les mets aura redonné une sorte de fraîcheur au tout ( la venaison afwicaine, point trop n'en faut, faut être habitué)
Parfois aussi, ils auront réussi à choper un poisson au passage d'un fleuve, ou ils auront eu un repas plus civilisé à l'occasion du passage dans une mission catholique ( ça existe de moins en moins, hélas et heureusement, je développerai plus loin)

 

Ils auront aussi soigné les accès palustres des natifs cloîtrés dans les cases, remonté les murs des enclos chez les veuves et les démunis, occis après une traque sans répit les coupeurs de route et les bandits de cambrousse ( aidés en cela par vendredi qui aura retourné sa veste avec promptitude et sans aucune vergogne, il sait, le bougre, de quel côté sa tartine est beurrée), éloigné les éléphants menaçant les cultures, ils auront repris les leçons de français dans les classes depuis longtemps désertées
Ils auront été à la fois Lyautey, Jules ferry, Albert Schweitzer et Tintin dans une même personne puis dans quatre corps différents
Une sorte de divinité quadritaine
Quadritaine et blanche ( hormis les mains pleines de cambouis et les coups de soleil)

 

Puis ils franchiront un cours d'eau, un affluent du Congo, une rivière dénommée blanche
Voilà rivière blanche
Ebola donc
Mais ils n'en auront aucune séquelle
Ils lutteront contre des moustiques, des mouches, des araignées, des scorpions des serpents toute une faune sournoise, et invasive
À la traversée des bourgs ils subiront les oeillades des gazelles, jaugeant leur richesse apparente et l'autre, cachée, et impavides, ils ne détourneront pas le regard ( surtout Kob's, guéri et peu volontaire pour en reprendre)

 

Chemin faisant, on se renforce, on fait l'acquisition d'une petoire surnuméraire, calibre douze, à pompe,8 coups, approvisionnement en chevrotine cuivrée, une caisse de geurnades à main,du genre qui fait des blessures peu sympa à soigner, divers ustensiles coupants bien affûtés
Un soir, devant les premiers contreforts montagneux, alors que la flamme de leur feu de camp crépite dans le froid sec, Blumroch lève le regard et laisse tomber "nous y serons demain"

 

loin, de l'autre coté du piemont, un européen au visage émacié, regard ardent et yeux clairs ( Bruno Kremer, quoi) carrure solide sur chemise kaki ouverte au col, une tasse de viandox à la main, fixe le ciel au delà du plateau du katanga (on est à Kabinda et , pour rejoindre Kolwezi, il faudrait bien une journée et plus de mauvaises pistes)
"ils seront bientôt là, je le sens"
la concomittence des réflexions de cet homme et de Blumroch interroge
sont ils liés par une ligne télépathique ? un lien
familial? (en effet Blum , nous l'avons déjà dit dans le récit du Ragnarok, est grand et mince)
ou plus bonnement le téléphone africain?
enfin non, le téléphone sino-européen utilisé par les africains...

 

Commentaires

C'est peu après l'extinction des feux que surviendra le premier assaut
Hullulements sinistres, détonations multiples, feuilles trouées par les balles, et déjà vendredi agonise, frappé au ventre, le pauvre bougre
Puis le vouf vouf des mortiers qui claquent au coin de la clairière, heureusement leurs assaillants ne savent pas régler le tir
Vlang
Et preng
Font les obus en détonnant
Nos braves ont d'emblée sauté sur leurs armes et ouvrent un feu parcimonieux
En effet, où est l'adversaire, dans cette nuit africaine, tu le sais,toi l'artiste ?

Écrit par : Kobus van Cleef | 04/02/2022

On éteint le feu puis on se rue à l'ombre, des silhouettes bougent au coin, là bas, on riposte, des râles d'agonie nous répondent, enfin on s'élance, Rosalie au bout du canon, pour un corps à corps furieux
Voyez l'ardeur des garçus, toute la furia francese, à la fois Duguesclin, Bayard et d'Artagnan
En face, ça tente bien de contenir la riposte mais peine perdue
Dans cette lutte ultime, le plus légitime l'emporte
Et ce n'est pas l'autochtone
À l'issue d'un dernier tir de mortier, une fusée éclairante, on contemple le champ de bataille
Jonché de corps sombres qui se convulsent dans les lueurs mourante de la fusée qui descend au bout de son parachute ( les lecteurs auront remarqué que j'use souvent de cette image, déjà dans Ragnarok un dispositif semblable avait alerté la troupe, l'explication est simple, dans les guerres moudern'c'est l'informatique, la communication et la radio, qui font des miracles et qui alertent, et moi, je sais d'expérience que la moudernitude, ça te lâche au pire moment, autant pas compter dessus)

Écrit par : Kobus van Cleef | 04/02/2022

Les assaillants ont été repoussés mais à quel prix !
Outre Black friday qui finit de consumer sa misérable existence sous les feuilles d'un banian ( ça n'existe pas en Afrique, vous l'aurez toudsuite noté mais j'ai trouvé que ça faisait bien dans le texte), notre ami et hébergeur transitoire, le gynécologue attaché à honorer son serment d'Hypocrate jusqu'au bout, hé bien, il n'honorera plus rien
Si, la terre d'Afrique sera honorée de lui offrir le repos ultime
Il gît, là, dans la poussière, il n'a pas eu le temps de nous prendre la main ( référence évidente au chant de la légion)

Écrit par : Kobus van Cleef | 04/02/2022

Le break 404 est détruit (wreked disent les angluches), diverses estafilades et chiffreneaux marquent nos amis survivants
D'un commun accord on décide de donner une sépulture décente à nos compagnons tombés, la terre est dure, parsemée de racines noueuses, grosses comme ma cuisse mais le travail se fait au lever du soleil lorsque la température est encore basse

Écrit par : Kobus van Cleef | 04/02/2022

//REMARK ON
Contemplant l'épave du break, Blumroch garde pour lui cette facétie en forme d'apparente tautologie : "Le 404 est 404, au sens pickwickien du terme, analogue à la fois au vrai comme à celui du *Jargon File*". A voix haute, il se borne à cette réflexion inutile et à une référence partagée : "Le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont les armes, et ceux qui creusent ; ce sont parfois les mêmes." Les camarades, indulgents, esquissent un sourire sans cesser de travailler.

Blague à part, merci au Kamerad Kobus van Cleef.
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 04/02/2022

Le soleil se lève sur les collines du Kivu oriental, séchant la transpi sur l'échine des fossoyeurs improvisés,. ils esquissent un sourire à la facétie du kamerad Blumroch, la fosse est assez profonde pour deux, on dispose les corps, une oraison funèbre expresse, un instant de recueillement et on rebouche
Puis on s'interroge
Tout à l'heure il y a eu des coups de mortier or nous n'en avons vu aucun, comment l'expliquer ?
On se met en quête
On trouve un affût renversé, trois cadavres alentours convulsés, exsangues, une indicible terreur imprimée sur leurs faciès
Nom d'un p'tit bonhomme, que s'est il donc passé ?

Écrit par : Kobus van Cleef | 04/02/2022

Car on les a pas touché ceux là, on n'est pas allé aussi loin dans notre contre attaque
Une seule explication
Les vampyrs !
Et puis ces n'haigres de cette nuit, qui sont ils sinon des simbas ?
Des sectateurs de Lumumba ?
Allons donc !
Plutôt des membres de l'armée de Jésus Christ et des saints des derniers jours ou de la Lord army
On sait que ça pullule dans le secteur
Surtout en montagne et en forêt

Écrit par : Kobus van Cleef | 04/02/2022

Car vous vous demandez ce que sont les simbas
Je comprends votre éberluance
Et je vais vous répondre dans un moment

Écrit par : Kobus van Cleef | 06/02/2022

//REMARK ON
Les Simbas ? Probablement de vaillants guerriers prêts à donner leur vie pour lutter contre les vampyrs et s'opposer à leur progression. Alors que les Immortels Mélophores de Xerxès étaient dix mille, le nombre des Simbas avait été fixé à mille, parce que chacun valait dix. Les simbas ? 1000. On en fit ensuite le nom d'une voiture.
Pas trouvé mieux comme hypothèse. :-( Comme tout le monde, j'attends la suite. ;-)
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 06/02/2022

//REMARK ON
Je profite d'une [trop longue] pause dans le récit du Kamerad Kobus van Cleef pour évoquer un minable *vampyr* assoiffé de sang et surtout dépourvu de honte : j'ai nommé le véran, l'immonde véran qui ose tout, certain de son impunité :
https://t.me/trottasilvano/19217
Si l'ausweis n'est pas requis, alors du sang d'untermenschen irresponsable et non-citoyen pourrait infecter les obéissants ceusses qui ont le droit d'être soignés. Assassin !
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 08/02/2022

Je vais faire un effort

Écrit par : Kobus van Cleef | 10/02/2022

Kobus van Cleef > Nous sommes impatient, mais ne bâcler pas ce serait fort dommage.

Écrit par : Pharamond | 10/02/2022

Enfin, les funérailles terminées,nos braves tiennent conseil
Plus question d'y aller en voiture, puisque l'épave du break achève de se consumer
On fait un inventaire des possessions restantes, bien maigres, la provende a brûlé dans la voiture, les munitions sont bien entamées toutefois on pourra s'en fournir auprès des cadavres de l'autre camp, si les calibres sont compatibles ou, au pire, utiliser leurs armes ( jamais ! me crie dans l'oreille mon subconscient habitué du continent obscur, jamais ! ces cons là n'entretiennent pas leurs flingots, ils peuvent te péter dans les doigts à tout moment, ou alors ils manquent de précision)
Le matériel de couchage est quasi intact, cartes et boussole ont disparus
Une décision s'impose
Continuer par la route ou couper court par la forêt ?

Écrit par : Kobus van Cleef | 18/02/2022

D'un commun accord, on pique à travers la broussaille, vers le nord est, repère facile, les mousses sur les troncs et une boussole saisie sur un cadavre ( probablement un chef, il a un fétiche sous forme de sexe d'albinos desséché en pendentif, c'est en tout cas comme ça que Jean Eudes identifie la chose)
Et l'anabase commence
Nous sommes loin d'être dix mille mais à nous trois nous valons autant
Que dis je, nous valons plus, infiniment plus !
Il est vrai qu'un tel périple exige des hommes de valeur, à tout moment nous sommes arrêtés par des obstacles, ravine,ravins, cascades, pentes abruptes, taillis impénétrables, heureusement que nous avons pris nos machettes, faune menaçante pas heureuse d'être débusquer au gîte ( une famille de dos argentés nous laissera cependant le passage sans se soucier de nous)
Les jours sont étouffants, les fins d'aprèm et les nuits glaciales, on est en afwique et pourtant il pleut et il fait un froid polaire, en cause, l'altitude
Et la faim, dévorante, qui ne se calme que lorsqu'ils piègent du petit gibier ( pas question de gâcher de la poudre pour remplir la cambuse)
Et la soif, qui ne s'appaise que sous les cascades ( l'eau ruissele mais, ce n'est pas le moindre des paradoxes, elle est croupie et porteuse de miasmes et de parasites, seule l'eau vive semble potable et encore)

Écrit par : Kobus van Cleef | 18/02/2022

Heureusement, la région ne manque pas de bois mort, et le soir venu,nos amis éreintés et affamés se ressourcent autour de flambées homériques ( mais il n'ont pas fait de bûcher pour les funérailles du gynécologue honoreur de serment, allez comprendre)
Peu à peu, les pentes abruptes cèdent la place à des étendues plus valonnees, moins accidentées, on voit poindre parfois des fumées domestiques que nos braves ont soin d'éviter
Jusqu'à ce brasier pas très loin, dont l'odeur de rôti humain rabattu par le vent, allerte le trio
Ils avancent donc avec précaution, sous le vent d'une fumée grasse et lourde dont les volutes les submergent peu à peu
Ce fumet de barbaque grillée leur travaille l'estomac, eux qui n'ont eu que de la viande de brousse depuis bientôt 10 jours pour tout potage, c'est indubitable, mais ils savent aussi de quelle horreur elle est le nom
C'est pourquoi ils ne sont pas surpris en avisant, au centre d'une place villageoise ( et encore, c'est à peine un hameau) une pile de cadavres finissant de se consumer dans des postures grotesques, leurs assaillants à côté écroulés après d'imposantes libations
Une sentinelle, point trop alcoolisée, se redresse, l'index sur la queue de détente, elle est aussitôt neutralisée d'un magistral coup de machette qui lui sépare la tête du tronc, pas le temps de crier ouf
À côté, des corps encore vivants mais plus pour longtemps, ce sont les femmes, violées puis éventrées par les assaillants
Détail insolite, elles portent des tatouages sur les membres et le tronc, détaillant leur état civil, pour que les proches, en tombant sur un corps non identifiable dans la cambrousse, puisse leur faire un enterrement honorable
Ouais, barbare, c'est barbare
D'un autre côté, c'est l'afwique, c'est le Kassai, le Kivu, si Cacambo était là, il dirait "c'est à ce prix que vous avez des tilifones protables en Europe" , sauf que nous ne voyons aucun puit de mine à proximité

Écrit par : Kobus van Cleef | 18/02/2022

Discrète aparté
J'ai vu un jour une patiente,noiwe, arborant ces tatouages, un peu illisibles faut dire ( noiw sur noiw), elle m'a dit que c'était pour lorsqu'on"twouv' cowps dans fowée, pweveniw famille"
À ma question"mais quelle forêt,ma gentille dame ?" , sa réponse fut "toute fowée, moi veniw Congo Kinshasa mais kouzine à moi plus loin, massacwée, violée dispawue trois semaines, twouv'cowp -trouvé corps, je suppose- pas possible weconaitw sinon"
Quand à savoir ce que recouvrait ce " plus loin" question toujours irrésolue à ce jour
Mais plus loin que le Congo Kinshasa c'est le Kivu ou peut être le Kassai ou alors le Liberia

Écrit par : Kobus van Cleef | 18/02/2022

Quand aux cadavres démembrés et incinérés de façon sommaire, ce n'est un secret pour personne
Et même, étant jeune adolescent, les cop 1 de mon père, qui avaient fait la coopé comme lui dans les 50, se racontaient les horrifiques histoires de ces années heureuses ( celles où ils avaient encore dents, cheveux et érections) en venant souper à la maison
Je me souviens en particulier d'une causerie sur un dictateur au nom imprononçable qui était venu chercher refuge à la légation vronzaise pour éviter d'être coupé ( démembré vivant) puis, exfiltré, sauvé, et finalement revenu l'année suivante au moment des indépendances, avait expulsé les vronzais, en les faisant défiler devant les restes de l'équipe du dictateur précédent, restes sanglants affichés sur une palissade
Et l'homme de conclure ( je n'ose écrire son nom ni son grade ni son ministère de rattachement quoique pour ça, il y a eu des variations, un tel médecin se retrouvait sous la coupe de l'instruction publique pour être médecin scolaire, un autre historien de renom devenant magistrat et tout à l'avenant) "il a peut-être bien fait, on serait resté on aurait pris des habitudes africaines"( première fois que j'étais confronté au différentialisme moi qui étais le digne fils d'une droite chrestienne de gauche)

Écrit par : Kobus van Cleef | 18/02/2022

Bref les voilà devant ce triste spectacle
On regarde si l'on peut sauver quelques unes des malheureuses encore palpitantes, il semblerait que la perte de notre honoreur de serment nous ai fait perdre la vista du Dr chouette-zair, elles défuntent sans un mot, les lèvres entrouvertes les yeux mi clos et c'est une scène poignante qui voit ces trois gaillards, hommes d'âge et d'expérience, écraser une larme sur leurs joues creusées ( oui dix jours en forêt, ça amincit son homme, même kobus le rondouillard, comme quoi....) et mal rasées
On entasse les gisantes dans une excavation sommairement creusée, que la terre vous soit légère, femmes,dites au très haut, s'il existe, que tous les hommes ne sont pas tortionnaires
Se pose maintenant la question du destin des assassins
Que faire de ces bougres, lesquels commencent à émerger des brumes de l'alcool ( et peut être aussi du méthanol, on sait comment est distillé l'arrache gueule dans ces pays)
Tiens, les lecteurs vont voter, ce sera un exemple de démocratie participative ( gag !)

Écrit par : Kobus van Cleef | 18/02/2022

// REMARK ON
Ami de la grève des électeurs, je n'irai évidemment pas voter, mais je formulerai une suggestion : la mort. What else ?
// REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 18/02/2022

La mort, c'est votre dernier prix ?
Soit
Va savoir sous quelle forme, d'ailleurs
Car les gredins paraissent bien atteints, conjonctives injectées, souffle court, sclérotiques ictèriques, ventres ballonnés, pour un peu, on aurait pitié
Infectés par divers parasites ( plasmodium falciparum, ça cogne, en dépit de l'anémie falciforme, amoebia enterocolitica, et bien d'autres,dont j'ai oublié le nom) plusieurs hépatites virales ( et non pas les patates viriles) et toxiques ( alcool, drogues et champignons), hantés par des visions d'horreur et la culpabilité, plusieurs MST aussi, tu parles d'une bande d'éclopés
C'est plus ou moins l'état dans lequel se trouvait le ramassis de canaille qui composait les grandes compagnies de la guerre de 100 ans lorsque les employeurs ne versaient pas la solde au bout de plusieurs mois de campagne
Et comment les dépêcher ?
Et pourquoi ne pas en tirer profit ?( on voit là l'esprit utilitaire de l'européen matérialiste)
Jean Eudes entreprend donc le moins comateux dans la troupe des rebelles
Il tente une approche en wolof
Puis en bambara
Incompréhension du gonze, même lorsque Blumroch lui fouaille l'oreille du canon de son arme
On interroge Jean Eudes du regard, son truc c'est plutôt l'afwique de l'ouest, pas les grands lacs, lui le kinirouanda il n'en connais que le strict minimum, de quoi se commander un burger de viande de brousse à Butaré, pas plus

Écrit par : Kobus van Cleef | 18/02/2022

On presse quand même l'enfant soldat de questions, parle, ordure, tu vas causer, petit fumier,va !
Rien, il reste hébété, l'œil dans le vide puis, pris d'un accès palustre, il grelotte,convulse et meurt
Nous v'la bien partis avec des cocos de cet acabit, tiens, autant les liquider toudsuite, de toutes façons y a rien à en tirer et puis quoi, vous feriez route avec de pareils judas qui pourraient vous flinguer dans le dos, vous égorger dans votre sommeil, vous foutre du verre pilé ou de la peau de gueurnouille tropicale dans votre caféolé ?
Là c'est kobus qui cause, deux semaines dans la forêt et le bougre perd toute humanité
Ben vas y, flingue les,te gêne pas, mais je te rappelle qu'on n'a pas des masses de cartouches
J'ai une meilleure idée, j'en tire un au sort et je le charge d'exécuter ses comparses sur la promesse de la vie sauve
Et comment tu vas lui faire piger ça ?
Jean Eudes ici présent n'en a rien tiré, même avec son demi siècle d'afwique, c'est pas tes deux semaines qui vont te donner le don des langues,t'es ni Jésus Christ ni ses apôtres
On voit par là que l'aigreur s'installe entre nos frères d'armes

Écrit par : Kobus van Cleef | 18/02/2022

Et là, pendant qu'ils tergiversent, en alignant les récalcitrants à coup de crosse sur un axe imaginaire, en hésitant sur le choix d'un exécuteur, ils entendent derrière eux "stoï!"
En se retournant avec précaution, ils avisent une troupe d'européens, sous divers uniformes, qui les braquent, eux et les simbas, avec des flingues d'anthologie ( des FAL de la FN Herstal, c'est autre chose que les petoires ex soviétiques, mais c'est comme tout, faut en prendre soin, ainsi que le disait le sergent Hartmann "mon fusil c'est mon copain....")

Merde, que faire ?
Obtempérer,pardi, que veux tu faire sinon autrement ?

C'est avec rancoeur qu'ils déposent à terre leur armement, Jean Eudes plus récalcitrant que ses compères, en cause, la valeur affective de son purdrey

Deux hommes de la troupe nouvellement arrivée se dirigent vers eux, les entravent, les bâillonnent, les aveuglent, les poussent sur un chemin boueux alors qu'ils entendent le crépitement des FAL, les nouveaux venus ont décidé de ne pas s'encombrer des enfants soldats, pas d'état d'âme chez ces hommes énigmatiques, silencieux

On chemine ainsi quelques kilomètres sur une sente irrégulière,nos amis trébuchent, entravés et aveuglés qu'ils sont, on les remet sur pied sans brutalité ni tendresse excessive, on sent bien les professionnels, toujours ce silence, enfin ils sont hissés sur le plateau d'un pickup, les chevilles attachées à un anneau fixé à demeure aux ridelles, on leur détache les mains, on leur laisse bâillons et bandeaux, puis le convoi s'ébranle

Vers quelle destination, pour quel destin ?

Écrit par : Kobus van Cleef | 19/02/2022

Vous aurez remarqué que destin et destination procèdent de la même racine
Mais le fatum de nos amis n'a rien à voir avec une étude linguistique
Le pickup s'ébranle, projettant ses passagers involontaires contre les ridelles et on s'en va cahin caha comme ça sur un chemin bosselé
La route est longue, le soleil cogne sur les crânes dégarnis des prisonniers mais c'est le moindre de leurs soucis
Parfois un nuage intercepte le soleil ou une ondée les arrose, et toujours ce silence de la part de leurs geôliers

Écrit par : Kobus van Cleef | 20/02/2022

erreur, il eut été plus judicieux de les faire arriver sur zone au couchant, liquider la sentinelle, puis se faire kébra par les est-européens dans la foulée, ensuite les faire translater dans les chemins montagneux de nuit, embarquer dans le pickup et rouler, toujours de nuit vers une destination inconnue
bref
la lune éclaire cette troupe disparate, nos amis et leurs geôliers, rudes gaillards aux traits accusés et aux visages fermés (puisqu'on conduit de nuit, les prisonniers ne peuvent pas prendre de repère, pas de bandeaux sur les yeux), un seul cosaque garde la troupe, le FAl en travers des genoux et il veille avec assiduité, espère!
pas d'évasion possible, tant tellement la présence de cet homme est palpable, de temps en temps il s'assure que les liens des chevilles n'ont pas cédés, que les baillons sont toujours en place
du travail sérieux
alors que nos héros cèdent au découragement et au sommeil, en deuxième partie de nuit, on voit poindre au loin la rosacée de l'aube
au même moment le pickup s'engage à vive allure dans une ribbine de traverse vers des bâtiments longs et plats, on entrave à nouveau les poignets, on délie les chevilles et tout ce beau monde disparaît dans l'annexe d'une mission, on distingue le crucifix au mur et le tableau noir dans la salle de classe

Écrit par : kobus van cleef | 22/02/2022

les prisonniers sont amenés un par un devant un baquet où ils font trois gouttes d'une urine brunâtre, les pauvres chéris, privés de boisson depuis une demi journée, puis on entrave tout ce beau monde à nouveau, on masque les fenêtres et les fentes des murs et l'attente reprend, toujours avec le grand cosaque qui ne les quitte pas du regard

Écrit par : kobus van cleef | 22/02/2022

kobus van cleef > Bigre ! L'aventure continue sans faiblir.

Écrit par : Pharamond | 22/02/2022

Les commentaires sont fermés.