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08/06/2023

Carte blanche (55)

Laissée à Kobus van Cleef

Crépuscule des vampyrs et continent obscur

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Quatrième partie

Cinquième partie

Sixième partie

Septième partie

Huitième partie

Neuvième partie

Dixième partie

Onzième partie

Douzième partie

Treizième partie

Quatorzième partie

Quinzième partie

Seizième partie

Dix-septième partie

Dix-huitième partie

Dix-neuvième partie

Vingtième partie

Vingt-et-unième partie

Vingt-deuxième partie

Vingt-troisième partie

Vingt-quatrième partie

 

Et si le concepteur de l'IA, ou le consultant désigné pour aider, si cet homme là se trouvait être un zampolit vronzais de renom ?
Un grosse boutique grosse bécane, par exemple ?
Imaginez ce que ça pourrait donner.... toujours à tenter de culbuter les filles...imaginez ce que ça pourrait donner en termes d'ingénierie, la nécessité d'une pompe à zguegue intégrée dans le cyborg, avec le minutage des saillies, l'intégration dans la base de données d'une sous base comportant la marche à suivre pour la séduction ( séduction éclair, si on pense à grosse bécane), le choix des postures, la durée des rapports, les mots prononcés avant, pendant et après...
Sincèrement , la cybernétique ( your mother), utilise beaucoup trop de ressources pour pouvoir être déployée à grande échelle, pour, comme disent les démocrétins "être accessible au plus grand nombre" ( ce qui se traduit par "être vendu à la populace, marché inépuisable, on va se faire des couilles en or, kouzin !")

 

Heureusement, les deux cyborgs que nous affrontons, le dirigeant de haulte entreprise et le clone du roi de toutes les ukraines,ces deux cyborgs ne sont que deux
Qui plus est, ce sont des modèles uniques
Ha ?
Non
On voit un autre command car se pointer, là bas, au fond de la steppe pontique, encadré par la pietaille azovienne réglementaire et survolé d'une nuée de drones
Kes ke c'est ke ce truc là ?
La troupe s'arrête à quelques pas de nouzautres, un autre dirigeant de haulte entreprise en descend
Il a l'air moins monolithique, plus humain
Il ne sent pas la transpi, d'ailleurs il ne ruisselle pas
Il vient en souriant,sort une télécommande de sa poche de bloudjine, le truc même pas gros comme ta clé d'antivol de vélo, la passe furtivement sur la nuque du roi de toutes les ukraines
La poupée, car c'est d'une poupée qu'il s'agit, se tait instantanément
Le dirigeant de haulte entreprise, que nous prenommerons Léon ( et non Elon), s'explique
Les programmes ont un peu foiré, un saut de bloc d'algorithmes, mais peu importe, le sur moi inséré par le programmateur junior, ce sur moi a pris le dessus
On renvoie le truc à l'usine
Bon
Où en étions nous ?
Vous avez étudié ma proposition pour l'intégration des données de vos belles compagnes dans mes cyborgs femelles ?
Y a du blé à se faire
Et surtout du buzz
On causera de vous, de nous
Comme disait Mazarin, qu'ils me haïssent pourvu qu'ils ne m'oublient pas, ou quelque chose comme ça
Les hommes que nous sommes gardent le visage fermé, annonciateur de sombres projets
Les femmes sont un peu gênées, d'un côté l'appât du lucre, les sacs à main à ne plus savoir qu'en foutre, des chaussures comme s'il en pleuvait toussa, de l'autre, la réprobation des zumains auxquels elles ont lié leurs destins

 

Et là,deus ex machina, la traductreuse piercée tatouée et nattée pointe son groin artificiellement modifié pour s'enquérir du quoi qu'est-ce
Elle arrive un peu comme un chien dans un jeu de quilles, il faut dire
Avec patience, le dirigeant de haulte entreprise lui explique le topo, mensurations, attitudes, réponses, refus, dégoûts, appétences
Elle se porte volontaire, la gourgandine !
Léon tente bien de la décourager en excipiant qu'il ne s'agit que de prototypes
Justement, justement, prototype de fricassinne suis !
Oublions pas que l'invertie populace sera bientôt de l'ordre du pour cent en occident, hé ouais, ça compte, par ailleurs, ce sont des dink's, double income,no kids, ce qu'on peut traduire par,du pognon pour les caprices
Blumroch, qui a toujours la main douloureuse et enflée, Blumroch donc, prend très mal le fait qu'on veuille marcher sur les brisées de sa tendre compagne, même s'il s'est opposé de principe à sa prostipution virtuelle
Il apostrophe donc la fille, en la détaillant de la tête aux pieds
Des cheveux bleus, même nattés, hein je doute que ça fasse beaucoup vibrer les tribades, ça a un air artificiel désagréable
Les piercings, si je devais, ce qu'à djieu ne plaise, avoir un commerce charnel avec vous, j'aurais l'appréhension que ça reste coincé dans mes toisons
Évidemment, si vous envisagez un rapprochement avec des partenaires tondues...
Pareil, les tatouages, ça serait déconcertant, pas impossible que ça coupe l'élan du déduit, j'en connais qui, lorsqu'ils ont ouvert une bédée, ne peuvent plus la lâcher
Et puis la silhouette, non merci, je sais pas pour les adeptes de Bilitis, mais franchement, là, ça tient pas dans la main, ça fuit de partout, pas de poids, pas de consistance
Non, mon bon Léon, vous feriez une piètre affaire en scannant cette bougresse

 

Léon, le dirigeant de haulte entreprise regarde Blumroch de son beau regard inexpressif en retroussant ses babines dans un sourire forcé
Il est vrai que le public change, tant en termes de préférences qu'en composition, proportions, toutefois investir d'emblée dans un créneau aussi limité, celui des tribades à cheveux bleus, même si c'est prisé des intellectuels vronzais et des professeur.e.s d'université Nord américain.e.s me semble risqué, sur le plan financier, celui du ROI, le seul qui trouve grâce à mes yeux
Désolé mamouazelle, je retiens votre suggestion mais pas pour cette fois, peut être lorsque le marché aura été défriché...
La ribaude ne l'entend pas de cette oreille, elle tempête, trépigne, et lance vers le museau de Léon, une main griffue, ornée de bagues de bikers représentant à l'envi têtes de morts, étoiles et tibias entrecroisés
Ça ne loupe pas son but et la joue du mec s'orne bientôt d'une estafilade, d'un chiffreneau long d'une quinzaine de centimètres
Stupeur des participants, les zazovstas se ruent sur la greluse le poing tout fait, prêts à lui écraser la gueule dans le tchernoziom
Mais, inexplicablement, ils se cognent à un arbre qui vient de pousser, là, à l'instant
Arbre sous la ramure duquel le dirigeant disparaît
Une croissance éclair, à croire que l'humusation du premier azovsta lui a fourni assez de nutriments pour pousser à ce rythme effréné

 

Et alors, merde, sésame ouvre toi,tonnenr ils en donnant du poing contre le tronc, les branches, rien à faire, le fourré, le sous bois demeurent impénétrables, un taillis, un roncier plein d'epineux qui accrochent les fringues, visent les yeux, s'intriquent les uns dans les autres, bref, impossible d'y pénétrer pour secourir Léon, le maître de touitaire, de spaice ixe et de tesla
On tente de balancer un missile, une de ces mirifiques javeline au moyen desquelles le roi de toutes les ukraines aurait dû avoir le dessus sur le dictateur Poutine, mais non, le truc ne part pas,s'entroupe dans les branches et tombe piteusement aux racines de l'arbre majestueux qui, maintenant, enserre dans sa ramure un otage de choix
Il vaut mieux d'ailleurs, si le truc avait marché, ça aurait liquidé aussi sec le génial créateur de Tesla
Pas moyen d'y bouter le feu non plus, un vent sournois se lève et a tôt fait d'éteindre toute tentative de battre le briquet
Les azovstas enragés en sont là lorsque la voix de Léon leur parvient, déformée,assourdie
"Ne faites rien de définitif, il me tient prisonnier, il vous ordonne de reculer, jusqu'aux véhicules, déposez vos armes en partant ou il va m'étouffer
Et tant que vous y êtes,embarquez le photographe nioullorquais, il présentera son reportage photographique sur niouzouique et dans le nioullorque Times"
La soldatesque se consulte en apparté, puis fini par obtempérer, on perçoit le vacarme des petoires entassées sans ménagement, la panoplie de Vercingétorix jettée aux pieds de César n'a pas dû faire plus de bruit
Puis les miliciens reculent jusqu'aux gelanders garés à l'arrache non loin d'ici, ils grimpent dedans, tentés par l'envie de foncer sur l'arbre, la raison est la plus forte, qui paiera leur solde s'ils viennent à occire Léon ?
Au moment où ils mettent le contact, le sol sous les bagnoles devient mouvant, meuble, et la totalité de la troupe et des command cars disparaît sous la surface de la terre, comme si les mines de soledar avaient émis des prolongements jusqu'ici
Brouf !
Et un gros nuage de fumée
C'est pour ça qu'il n'y a eu aucun photorepportage dans niouzouique ou nioullorque Times
Pourtant l'idée des photos de Macchabées, le Slava ukrainia stylisé avec des corps et la pietà avec la mère de famille tenant l'azovstat barbu musculeux et tatoué sur ses cuisses nues, j'avoue que j'aurais trouvé ça chouette si c'était paru dans l'oeil ( revue d'art) ou connaissance des arts ou même dans Télérama ( non, pas Télérama)
La ramure se détend, le pauvre Léon en ressort, le visage marbré par la lutte contre les branchages, le peuple sylvestre, écureuils, sur mulots, musaraignes, geais, collemboles, scolopendre, a élu domicile dans sa tignasse et ses vêtements, il se secoue pour s'en débarrasser, ça lui donne un aspect un peu choréique, genre Huntington ( ou Syndenham)

 

Kes kon fait, maintenant ?
Hé bien, on se remet en marche, l'ami
Nacht Kiev et sa gay pride, avec nos amis les pasdars
Nantis aussi de la traductreuse à cheveux bleus et nattés, ça nous fera le truchement
Et tu sortiras tes espèces lorsqu'il y aura un péage des banderistes, c'est assez fréquent, c'est leur forme de recrutement de la pietaille, entendu qu'il s'en fait une forte consommation sur le front
On remonte donc dans les véhicules épargnés par la déroute des azovstas, de nouveau Pharamond s'est évanoui dans la sylve avoisinante, la très glaciale Szuzanna a un peu changé, comme pour la grossesse précédente, celle ci se fait à un rythme effréné
Ce qui gratifie son voisin de voiture de nausées et vomissements
Fort heureusement, c'est Léon,dont le ticheurte avec logo Tesla devant et spaice ixe derrière se trouve décoré de diverses mouchetures de gerbe
Ça plus le chiffreneau sur la joue, il a belle allure, le dirigeant de haulte entreprise...

 

contact, donc, piquons au nord!
on s'ébranle et le convoi repart sur les routes défoncées de la steppe pontique, plaine à chars, à tracteurs et à kolkozes
ça et là quelques buttes qui ont servi d'appui feu lors de la dernière, on évite avec soin les agglos, pas se faire poirer une fois de plus par les azovstats
chemin faisant on s'interroge, est il sûr de garder le dirigeant de haulte entreprise avec nous?
car enfin, le board de Tesla, celui de spaïce ixe et de touitaire vont avoir quelques velléités à récupérer leur patron et chairman?
possible, nous répond Léon avec son sourire à la con qui lui découvre les babines
mais vous savez j'ai pris une année sabbatique enfin, une semaine, j'ai laissé un cyborg en Italie, un autre à Kiev et un troisième en Californie
ils bossent à ma place pour les décisions usuelles, rédaction de messages sur touitaire, rendez vous avec les avocats, licenciements des wokistes du staff de touitaire, bref les trucs sans risques
pour le reste on est suivis par un drone et je me suis fait implanter une puce dans le ku
génant pour exonérer, d'ailleurs
kobus s'alarme, on va être traçés par les raëliens?
que non pas, comme c'est moi qui leur vend les infos, je garde ce qui me concerne

 

S'il nous l'assure, on dit rien
Et nous poursuivons notre petit bonhomme de chemin dans un pays tiers mondisé avec des bleds improbables et des locaux dont les trognes, bouffies par l'alcool et tuméfiées par les horions, racontent une régression aux origines,tsarisme, féodalisme polaque, exploitation de la plèbe paysanne
Et c'est pas fini
On perçoit au loin des centres commerciaux à l'abandon, des carreaux de mines en déshérence
Mais bon, en évitant les contrôles, à l'aide de la puce implantée dans le rectum de Léon, on s'en sort bien

On atteint enfin les faubourgs de Kiev
Là, tout change
Rues pavoisees, avenues décorées, grands placards muraux à la gloire du roi de toutes les ukraines, dont le cyborg est resté là bas, à côté des cadavres des azovstas refroidis par les mater familias contraintes à des postures humiliantes à visée propagandiste
On interroge encore Léon au sujet de la somme de matériaux de pointe, d'intelligence artificielle qui constitue la poupée cybernétique adoptant la tête du roi de toutes les ukraines
C'est breveté, personne n'oserait y toucher, voyons
Ha, si personne n'ose, alors on dit plus rien

 

bref
il y a un octroi aux portes de la ville, façon d'éviter une trop forte proportion de plébéiens lors des festivités
justement, en face de nous, une blonde siliconée avec des lèvres refaites, se débat avec la maréchaussée
elle a oublié son pass, la bourrique, et ça nous fait d'étranges échos, comme lors d'une confination de sinistre mémoire
elle tempête , piaille, invective
va crever à Bahkmout, fils de pute! tu recevras ton petit carton, mon mari travaille pour le gubernamen!
le kébourdin ne moufte pas , il vérifie les papelards et les codes barres sur son terminal
non, la pute, t'es pas sur la liste....regard suggestif....y a moyen de moyenner, tu vois, un p'tit coup vite fait derrière le quat-quat et je te laisse passer

 

La femelle disparaît avec le chaouch
Pas longtemps
Elle réapparaît dix ou quinze secondes plus tard,depoitraillee, la coiffure en bataille, le rouge à lèvres brouillé, en clamant "cet homme a tenté de me violer, à l'aide les démocrates !"
On regarde nos chaussures,. mais qu'est ce que c'est que ce truc là encore ?
Ses clameurs ne trouvent pas d'écho immédiats, mais l'arrivée de plusieurs gelanders noirs, bondés de costauds sur armés et d'un mafieux replet, bourrelets de chair sur le col du veston, couperose sur le tarin, cette arrivée donc va tout changer
La troupe se saisit du cerbère qui filtrait les entrées dans les faubourgs de Kiev, elle le moleste méchamment dans un grand concert de vociférations, enchaînant les horions et les imprécations avec une rythmique consommée tandis que le costaud le moins rebutant du lot, sort du gelick de tête une peau d'ours et en couvre la putasse dénonciatrice
Le courtaud mafieux, visiblement le mari de l'instigatrice du coup fourré, se plante devant le kebourdin affecté à la garde des issues de la ville
Toi,ton compte est bon,fisdeputt' , tu iras crever à Bakhmout !
Il se tourne vers les autres kebourdins, collègues de l'homme gémissant au sol
Et vous, bande de fisdeputt', vous aussi, vous irez crever à Bakhmout !
Puis il se tourne vers nous, détaille notre groupe, son regard s'attarde sur nos belles compagnes
Un peu trop
Blumroch et kobus se sentent des montées de testostérone, va y avoir baston, c'est certain
Le mec s'adresse avec nonchalance au grand karpatique
Mais à qui ai je l'honneur, il me semble que nous avons déjà été présentés mais je ne saurais dire où ni quand
Ha... le grand karpatique prend un air mystérieux, le courtaud se penche vers lui, bref échange, satisfait, le mafieux redresse son buste tronconique ( à base inférieure) et, d'un geste large, ordonne qu'on nous laisse l'accès à la ville entre toutes les villes, celle où va se dérouler la première gay pride de l'histoire défiant le tyran de toutes les Russies
Ce qu'on appelle un geste politique fort

 

Nous passons donc
On se retrouve dans la cité qui attire les yeux du monde entier, partout des panneaux en 4X4 pour vanter les mérites du pianiste à queue et de sa légion de banderistes, des oriflammes, des tags muraux à la gloire d'Azov,d'aidar et de kraken
Et des affiches de recrutement, bien sûr,engagez vous,rengagez vous ( ce que du temps de la jeunesse de kobus on denommait les rampouilles), et des publicités pour des assurances vie au profit des familles des combattants ( en petit, en bas à gauche, couverture du risque financier par l'union européenne)
On peine à trouver notre chemin de petit bonhomme, mais la traductreuse piercée tatouée et nattée nous indique une direction générale
Ça aboutit à un bâtiment, avec, fièrement inscrit à son fronton "maïeutik institout" en cyrillique ( dont je vous épargne la vue)
Car pendant l'altercation aux portes de la ville, l'état de Szuzanna est devenu intéressant
À une vitesse éclair
La voilà ronde comme une tour, le teint brouillé et le cheveux terne, prête à perdre les eaux
Bon djieu, c'est parti !
Le dirigeant de haulte entreprise est trempé depuis les pieds jusqu'à la ceinture, un peu comme si c'est lui qui s'était oublié
On déboule donc dans le hall d'entrée de l'institut en poussant un brancard ( renommé stricker dans les séries américaines) sur lequel est juchée madame vampyresse en majesté, kobus s'essaie à claironner "femme d'âge inconnu, accouchement en cours, préparez le bloc obstétrical" , rapidement rabroué par les belles sœurs et son ex beau père
On pousse l'étrange équipage dans une salle de travail puis on prend place dans le salon des pères
Il reste encore un peu de tabaque dans le fond d'une blague, que l'on se partage pour bourrer chacun le fond d'une chiffarde
Et on se prépare à l'attente
En jettant un coup d'oeil dans le jardin, où la végétation vient de s'accroître, encore, encore et encore.... un gigantesque chêne projette son ombre sur l'institut, chêne qu'on n'avait pas vu à notre arrivée
Qu'est ce à dire ?
Mais oui, c'est Pharamond, qui vient d'arriver pour assister à la naissance de son gamin !
Ou de ses gamins, après tout, nous n'en savons rien

 

Mais le travail est long, très long
On sort donc de l'institout pour une petite promenade
Nous trois, Jean Eudes l'universitaire féru d'Afrique, Blum et kobus
Mains dans les poches,boufarde au coin du bec, en lançant des coups de pied dans les cailloux épars sur la chaussée ( il a encore plu des drones la semaine passée)
On avise un troquet un peu louche avec des publicités coca cola sur la vitrine, comme dans les années 90 chez nous
Et une patronne accorte, lèvres gonflées à coup de silicone, mamelles hypertrophiées, paupières fardées ( qui valent moins que bonne renommée), minijupe ras la moule, tout bien
On s'attable
Kobus qui s'entête à prétendre parler l'idiome local déclame, théâtral "tri piivo !"
On leur amène trois baltikas chaudes dans des chopes ébréchées
Avec une moue désapprobatrice
Ouais, on sait soigner le client...

 

Pas terrible, l'accueil des festivaliers ici...
La porte du caboulot tinte ( il y a encore des petits grelots comme ici dans les 70), et nos deux pasdars font leur entrée
On les hèle, du fond du troquet, ho les zamis, on est là, asseyez vous zavec nous
Et, patronne, fti piivi !
Mais tu vas la fermer un peu, la greluse voit bien que t'es pas un local, pourquoi tu t'entetes à faire semblant de causer l'idiome ?
Mais parce qu'à Rome, fait comme les romains, voilà pourquoi
La tournée de chopes arrive en claquant sur la table, avec faux cols et sans sous bocks...
De mieux en mieux...
Ding !
C'est au tour de Léon, le dirigeant de haulte entreprise
Et là, tout change, la bordeliere retrouve le sourire, elle frétille dans sa jupe hyper serrée et trépigne sur ses talons hauts, elle papillote de ses faux cils, ce qui émiette son mascara lequel tombe sur ses joues
C'est l'allure de Léon qui l'a convaincue ?
Pourtant avec son bloudjine souillé de liquide amniotique, son ticheurte à la gloire de spaice ixe, bon, on fait mieux
Ses biceps saillants, peut être,ses pectoraux qui ressemblent à des assiettes à soupe ?
Oui,y a un peu de ça
Toutefois,nos deux pasdars sont pas des passe lacets non plus
Alors ?
Hé bien c'est sa tête !
Connue,archi connue, sur laquelle on peut lire "gros pognon, très gros pognon"

 

Elle se précipite à notre table
Gospod ?
Non, il réagit pas
Mister ?
You ouant somessing spechaul ?
Spécial ?
Alcool, prostitout, petite garçonne, petite fille, outerousse à louer, organes à greffer ?
Y a tout, à la Samaritaine !
Même, si vous voulez, mine d'or, ou charbon, ou armes ou drrogue à acheter ?
On s'occupe du shipping, des autorisations, toussa...
Pas problème, mon mari travaille pour gubernamen...
Ha, si son mari travaille pour gubernamen, on dit plus rien
Léon se frotte les mains, ça fait fritt fritt, comme lorsque tu essaies d'allumer le feu avec un bâton chez les scouts
Pour le moment, ce sera un verre de kombucha, avec une pinte de liqueur de bouleau
Bio, le bouleau !
Après, j'aviserai

 

Mais tu peux trouver du bouleau pas bio ici ?
En tout cas du récolté,du conditionné, du distillé pas bio, ça, aucun souci
En plus d'être corrompu et misérable, le pays est pollué
Archi pollué, même
La tenancière disparaît derrière le bar, on interroge Léon et les pasdars
Alors, comment va Szuzanna ?
Ça avance ?
Ça, pour avancer, elle hurle comme une femelle en gésine mais puisque c'est le cas... vous devriez quand même y aller voir, vous êtes un peu de la famille, et le petit gros ici est même le géniteur de son premier enfant
Allez y, nouzautres on reste là, et je paye les consos

 

bon d'accord on y va mais un petit dernier pour la route, puisque c'est toi qui arrose
et d'ailleurs, les bières étaient chaudes, non?
une 'tite vodka alors
la patronne, toute trémulante, nous ressert en amenant son kombucha et sa liqueur de bouleau à Léon
cul sec, la vodka brûle plus que le kombucha, c'est certain
on sort du troquet, un peu à l'aveuglette, on doit s'y reprendre à deux fois pour passer le seuil sans cogner dans l'huis
et maintenant pour retrouver la mater?
en remontant? en descendant la rue?
heureusement, le message télépathique de Pharamond nous parvient, dans les brumes de l'ivresse
suivez les racines, les gars, c'est pas bien compliqué
effectivement, au milieu de la chaussée, on voit comme une élevure sous le goudron , d'abord mince et sinueuse, puis plus maousse, avec des craquelures autour, jusqu'à atteindre la taille d'un bon baril
puis un foisonnement végétal au bout de la rue
une sylve impénétrable qui a monté jusqu'au troisième étage du maieutik institout, et recouvre le toit plat (héritage des soviets, dans le genre panelkas)
merde, la forêt a bouffé la ville!
incroyab'!
mais non, hommes de peu de foi, ce n'est que moi, mes copains et la basajaun, qui protégeons la très glaciale Szuzanna
et les enfants
quoi, il y en a plusieurs?
effectivement, rentrez dans le hall, rez de chauss' à droite

 

On tente de trouver la porte, on pousse, Hall encombré de racines, d'humus de feuilles mortes et de la faune sylvestre habituelle
L'équipe obstétricale est réfugiée dans la salle de pause, chacun une tasse de café médical ( café filtre,ultra bouilli, ultra dilué) dans les mains
Mains tremblantes, d'ailleurs
Kes ki s'est passé ?
Personne ne répond, peut être parce que Blumroch a posé la question en français et que l'équipe du professeureu Rabotka, petite tatare brune et poilue, ne comporte que des russophones ?
Depuis l'anesthésiste, Petr Ivanovo, grand squelette dégingandé, chauve, qui, pour le moment, n'arrive pas à s'allumer une papirosse, aux deux sages femmes, Galina Etcherova et Katerina Pribluda, qui sont affalées sur le sofa en passant par l'infirmière puéricultrice ?
Personne ne dit mot
Ils tremblent tous et toutes
Ou l'inverse, toutes zet tous
Mais ils ont l'air épuisé.e.s
On tente malgré tout un semblant de médiation
Peine perdue
C'est alors que la voix de Pharamond nous parvient, clairement formulée
C'est ici,poussez la porte !
On entre dans une salle annexe, la pouponnière
Stupeur !
Pharamond en chair et en os, la peau plus écailleuse du tout, la taille de nouveau humaine
Assis au milieu de centaines de mandragores
Spectacle spécial, vous en conviendrez ?

 

qu'est ce à dire?
il a converti sa sylvestrie auprès de ses enfants!
ils sont innombrables!

 

on s'pproche donc
désolé mon vieux, on n'a pas prévu la layette, on aurait eu du mal à tricoter pour tout ce petit monde
et comment se porte la maman?
Phara lève un regard accablé
elle se repose, ça l'a vidée
mon ami, si tu réédites un coup pareil en vronze, tu vas ruiner la CAF, il ne restera plus un rouge liard pour nos gentils n'haigres
nous ricanons de concert, pendant que les mandragores s'agitent dans la pouponnière
c'est bientôt l'heure du biberon, non, on va vous laisser....et nous nous évacuons silencieusement sur la pointe des pieds
nous sommes rattrapés par le mutant et par les demi soeurs
pas question de calter comme ça mes gaillards, y a du boulot
faut replanter tout ce petit monde dans les forêts karpatiques et vivement!
n'allez pas m'enterrer ça dans le square d'à coté, avec les crottes de chien et le vomi d'ivrogne!
ça va nous obliger à repasser devant l'octroi, non? et comment ferons nous pour vous retrouver?
prenez beau papa avec vous, il supervisera l'opération et il dealera avec les chaouchs aux barrières de la ville
banco, on embarque le grand karpatique et la marmaille, qui ne crie pas, ne vagit pas , mais qui s'agite d'un mouvement rythmique, lent et ondulatoire, façon marées équinoxiales

 

Blumroch, kobus et Jean Eudes s'interrogent
Les planter ?
Vous voulez dire, les enterrer ?
Parce que nouzautres, on n'est pas des infanticides, on n'est pas de la veine des Veronica courjus, on flanque pas la marmaille dans le saloir, fût elle végétale !
Bien au contraire, hommes de peu de foi, c'est dans le sol sacré des forêts karpatiques et pontiques que ces enfants mandragores reprendront forme, vigueur et combativité !( là, c'est le grand karpatique qui s'exprime)
Bon, qu'il en soit ainsi, alors
On dépasse les barrières de la ville, jalousés par les préquenauds qui patientent en attendant de pouvoir entrer dans la Jérusalem terrestre, celle de l'avènement de l'ère antifachysse et gay friendly
Cap sur le nord, vers la Biélorussie et ses forêts impénétrables

 

Après moultes voltes en véhicules totomobiles dans les faubourgs kievards nous trouvons un chemin qui nous mène ailleurs, au loin, vers des marais et une forêt profonde, primaire, la dernière d'Europe, où s'ébattent le loup, l'ours brun et l'auroch ( on dira ce qu'on voudra des soviets, mais ils ont, dans certains coins, reconstitué la faune, et pour cause puisque c'était les réserves de chasse des nomenklatouristes)
Progressons avec prudence les aminches, on sait pas sur qui on peut tomber

Un sanglier ou un cerf, passe encore ( quoique, finir encorné par un ongulé, même si ce n'est pas un ankulé, j'en fais cadeau à qui voudra), mais un ours, c'est le genre de bestiole qui laisse pas même la carte d'identité de sa victime
Étrange, d'ailleurs, cette obsession de l'identité des victimes
Ça me fait penser au comptage,au dénombrement et à cette maxime souvent placée dans la bouche des noiws lors de la glorieuse époque coloniale "les blancs, ils sont comptés"(sous entendu, s'il en manque un morceau, gare à ta queue, qui était un petit singe de dessin animé de mon enfance)

 

Nous arrangerons les enfants mandragores-vampyrs sous la ramure d'un chêne immense en creusant le sol meuble, noir et odorant, déterrant du mycélium blanchâtre et des ossements presque entièrement digérés, les hybrides sont maintenant discrètement saupoudrés d'un sable noir, récupéré auprès de la professeureu Rabotka, elle en a une belle collection dans des petites fioles sur une étagère de son bureau ( celui là provient d'une île volcanique méditerranéenne, là bas aussi ils ont des vampyrs, elle nous l'a cédée contre l'absolue promesse de la débarrasser des mutants), puis arrosés d'un sang humain provenant d'une poche de la banque du sang locale
On finit en aspergeant le tout de tsuica, le plus difficile à trouver, ici c'est la vodka, dans les Balkans le raki, plus à l'est la vodka et plus à l'ouest la palinka
Autant dire qu'on a galéré, mais une épicerie ( pas fine) s'est trouvée sur notre chemin
Le grand karpatique fait quelques simagrées devant les petits monticules, il se retire, va-t-on y aller ?
Que nenni !
Il faut veiller à la croissance des homoncules
On prendra donc des tours de garde

 

C'est Blum qui se tape le premier
Rien à dire, cri de la chouette,hululements du loup, course du blaireau, tout bien
Kobus, dûment réveillé,se cogne le deuxième, les yeux bordés de croûtes meliceriques, il peine à rester conscient, et le fond de tsuica qu'il s'est enfilé pour se réchauffer n'aide pas
Au bout de peu, dans une transe alcoolo mortifère, d'étranges visions viennent lui chatouiller la conscience
Le basajaun, d'abord,immense et redoutable, croquant les os des banderistes et des raeliens
Puis les affreux coupeurs de route et violeurs qu'ils ont occis au Katanga
Enfin, les légionnaires de Varus, tombés non loin d'ici, dans la forêt de Teutobourg, les SS de la 5eme viking et les éclaireurs des gardes frontières de la feu URSS, mutuellement anéantis au début de 1944
Ça fait un tel mélange qu'il se réveille, le bougre, le cœur à 140, et la trouille au ku
Un spectacle horrifique s'étale alors sous ses yeux

 

le mouvement de recul qu'il a amorçé réveille la douleur de son métacarpe fracturé
bing, ça lui remonte au cerveau
éblouissement
lorsqu'il rouvre les yeux, c'est toujours là
les mandragores ont conflué
pour former un immense basajaun, dix mètres de haut, des tentacules partout, des bruits sournois
nom de djieu c'est quoi ce truc?

 

et ça bouge lentement , puis brutalement, ça se désunit pour se séparer en centaines de mandragores, lesquelles se mettent à vibrer à l'unisson
la terreur monte, kobus se sent glacé dans l'âme
bon gû de bon gû, quel monstre antédilluvien avons nous créé?
car pour être monstrueux, ça l'est!
les mandragores se coagulent à présent en une forme oblongue, allongée, sombre, qui ondule lascivement en poussant des gémissements féminins
c'est ttrop pour kobus qui hurle en réveillant ses compagnons
là, là, lààààà!!!!
mais quoi?
c'est les autres qui s'insurgent, la nuit a été brève et tu nous emmerdes?
kes kis pass?
hein kes kiss pass?
là, je vous dit!
les mandrags, le basajaun, la goule tentatreuse!
mais enfin, il n'y a rien, là, comme tu dis

 

Puis Jean Eudes s'esclaffe
Elle est là,ta goule tentatreuse, crétin!
Et il désigne un amas de feuilles mortes tourbillonnant dans le zef glacé de ce printemps est européen, leurs reflets, pris dans la lampe de poche de kobus, mimant le chatoiement d'une riche étoffe ( taffetas, brocard ? pourquoi pas)
Plus pragmatique, Blum a retourné du bout de sa chaussure le flacon de tsuica complètement vidé, asséché
Y a ça aussi, ça a pu aider...
Kobus, dûment chapitré, confesse, c'est qu'il faisait frisquet, à veiller les mandragores de l'ami Pharamond
D'ailleurs, où sont passées les mandragores ?
Les monticules qui signalaient les sites d'inhumation, ces monticules ont disparu
Et on a beau se jeter à croupeton pour les chercher, nulle part nous ne les trouvons
Ha, vous voyez bien que j'avais point la berlue, s'exclame un kobus très remonté, j'etions point fou, ni ivre ( je sais m'arrêter à temps)
On se tourne vers le grand karpatique pour avoir un début d'explication
Mais le bougre jubile
Ainsi la forêt de Pripiat a été ensemencée, la race vampyresse renaît de l'abîme où des décennies de société industrielle et d'agriculture intensive l'avaient précipitée !
Hé oui, amis co-voyageurs et commensaux, ce retour en terres européennes est fructueux, nouzautres vampyrs ne subiront jamais le sort funeste du bison laineux,du mammouth et du tigre à dents de sabre
Pour fêter ça, je propose que les mandragores,devenues vampyrs adultes vous immolent afin que votre sang irrigue le renouveau de notre race
Ho putain, ça le reprend, le vieux foldingue, maugrée kobus, mezzo vocce
Pas assez sourdement, pourtant pour que son beau père l'entende et tente, une fois de plus de lui en coller une
Esquive du kob's, chute du grand karpatique, cris et gémissements consécutifs

 

Allez bordel de moi, on se tire de là, les enfants ont ( trop) bien pris, on voudrait pas en faire les frais
On embarque le grand karpatique dans le gelander, on le ligote sur la chaise et hop !
Retour à Kiev, la ville entre toutes les villes, celle sur laquelle sont rivés les yeux du mondentier
On arrive aux faubourgs à l'aube, on passe sans problème l'octroi de la ville, direct au maïeutik institout
Les panelkas aux alentours ont été converties en RBN'B, un instinct sûr nous mène chacun près de notre chacune
Après des épanchements quasi conjugaux, kobus raconte l'affaire de la forêt à sa compagne, la très belle Emesse
Elle soupire, papa recommence à déconner c'était prévisible, retour au pays toussa
Rendort toi, demain sera un autre jour
L'épuisement de la nuit passée dans les bois, la relaxation post coitale leur ferme les paupières

 

Le lendemain les retrouve dans le bistrot où ils avaient bu plusieurs chopines lors de leur arrivée
Ça a changé dis donc...
Un peu moudern, faut dire
Y a une boule à facettes, un podium avec des perches
Merde, c'est comme le bouif moldave !

 

on commande café croissants, pas peur des calories
la tenancière qui nous avait snobé la fois précédente s'active derrière le comptoir
les expressos sont délicatement déposés devant nous, et la pâte feuilletée des viennoiseries croquine agréablement sous les molaires, avec l'aspect moelleux de la mie
comme au café de la gare, dis donc
bouffée de nostalgie
mais bast, nous avons choisi ce chemin, nous nous y tiendrons
la bordelière revient et, théâtrale se penche vers nous pour nous proposer l'assortiment spécial
spécial?
oui spécial
ha d'accord, sur la table, alors?
ha non, c'est pas trop possible, faut passer en coulisses
blum et kobus passent donc derrière le comptoir, tandis que Jean-Eudes, repu, traînasse à la table avec les pasdars et le mutant
on les mène à une arrière salle dont le fond est fenestré de différentes portes
là, de bonnes mères de famille locales s'activent de la main, de la bouche et de la croupe avec des quidams ridicules, sans doute dans le but de donner , par les liquidités recueillies (pas celles auxquelles vous pensez, les autres, des liquidités bancaires) une meilleure éducation à leurs enfants
au mur, un écriteau affiche le tarif des prestations proposées
entrée de Léon, le dirigeant de haulte entreprise
alors que pensez vous de ma joint venture?
j'étais désoeuvré, j'ai trouvé à m'occuper, madame Natalia a mis son établissement à dispo et j'ai recruté le personnel du maïeutik institout
faut dire que ça leur fait un complément de recette appréciable
nous en restons muets

 

La gentille professeureu Rabotka, petite tatare brune et poilue, supervise les éventuelles scories de l'amour tarifé
Et y en a, je peux vouldire !
Raviole du singe, syphilis, chtouille, morbaques, chlamydiae toute une panoplie hautement toxique, la nature n'aime rien tant que la monogamie sinon autrement comment expliquer la prolifération des maladies vénériennes chez les niqueurs à tout va ?
Les sages femmes, les infirmières puéricultrices sont à l'ouvrage, comme vous pouvez le constater
C'est bien rétribué, sécurité de l'emploi, c'est assez notable, dans un pays ravagé par la guerre, la corruption et le libéralisme
Le mec nous débite ça d'un ton tout à fait urbain et anodin, on dirait qu'il commente les résultats du loto
Kobus et Blum, abasourdis, ne peuvent pas en placer une
Hé là, Katerina Pribluda, finit le, ce mec !
Client insatisfait, bénéfices plombés !
Oui, à la main, kes ke ça peut faire ?
L'essentiel, c'est qu'il laisse une bonne appréciation sur TripAdvisor
C'en est trop
Nous sortons

 

On retrouve nos femmes ze amis devant un p'tit dej dont il ne reste que des miettes
On va vous recommander quelque chose, propose Jean Eudes
Ha non, ça ira
Très peu pour nous, on se tire d'ici
Nos superbes compagnes nous interrogent, on leur casse le morceau, silence glacial
Quoi, pas de réaction ?
Mais c'est de la prostipution !
Ce mec est un proxo, un mac de la pire espèce !
Enfin Emesse prend la parole
Et ce qu'elle dit, on préférerait ne pas l'avoir entendu, crois moi
En substance, c'est un genre de service à la personne, de l'assistance à personne en danger de chasteté imposée, ça aide aussi à lutter contre la pauvreté locale et même contre le réchauffement climatique global, ces besoins masculins ne pouvant être assouvis, en cas d'interdiction, qu'à l'estranger, en Hallemagne par exemple, dans les Love center de si vilaine réputation ou alors en Espagne, à la Jonquera, c'est ça que vous voulez, réchauffer l'atmosphère avec une noria de queutards en bagnole ?
Là encore, on n'a rien à dire, tant tellement c'est abrupt comme déclaration
Et tenez vous bien, nous avons notre part là dessus
Là, on s'étrangle, on s'insurge !
Oui, il nous a proposé la supervision du truc, et tenir la caisse aussi !
Mais enfin, mon unique, vous ne pigez pas que c'est dégradant ?
Qu'il n'y a qu'un pas à faire pour rouler au ruisseau ?
Toudsuite les grands mots, homme de ma vie, il faut bien affurer de la thune pour nous défrayer, les cafés,croissants, les chambres au BNB, le carburant dans les geliks, le backchich aux gabelous.... à ce propos, pensons à convoquer votre homme de loi pour m'établir à la tête du fedeicomis dont vous m'aviez parlé
Un fidéicommis ?
Ça c'est les autres
Oui, j'ai quelques biens, à l'ouest... peu de choses mais je tiens à ce que ça revienne à la très belle Emesse...
Hé bien c'est le moment !
Là, elle se transforme en Harpagonne, la très belle
À ce point dans les discussions tue l'amour, Léon le dirigeant de haulte entreprise se pointe, le sourire accroché au museau
Bénéfs en vue, mesdames, les mercenaires qui combattent pour le pianiste ont repéré l'établissement, même pas besoin de publicité !
Blumroch tire kobus par la manche
On va peut être aller voir le défilé de nos frères en humanité, les paydays ?
Mais ça ne commence que cet aprem...
Hé oui, ceci dit, si le renseignement russe apprend que des mercenaires sont stationnés ici, ça va chier, missiles, drones,toulmerdier...
Sitôt dit sitôt fait, on ramasse nos moitiés et nos amis sous les clameurs courroucées de Léon qui plaide un manque à gagner kolossal
Pas plus tôt on a tourné les talons qu'une déflagration nous jette au sol
C'est un drone iranien qui vient d'anéantir une file de crevards ouest européens qui rêvaient de paradis charnels en faisant le pied de grue dans la rue

 

On se précipite vers les décombres parce que quand même
Dans la rue, les Macchabées sont entassés dans des postures grotesques
On déblaie les issues du bouif
Miracle, les mères de famille ukrainiennes sont vivantes, ainsi que les clients lesquels ont le pantalon aux chevilles
Point négatif, la caisse a disparu pendant le bombardement
Les clients suivent le chemin de la caisse, direct dehors
Retour du dirigeant de haulte entreprise, pas déconfit pour deux sous, toujours fendu de sourire jusqu'aux oreilles
Ce sont les impondérables de la vie économique, on recommencera autrement, ailleurs
Et on pourra laisser l'équipe du maïeutik institout retourner au boulot après
D'ailleurs, il va y avoir du boulot au maïeutik institout, avec les saillies qui se sont accomplies précédemment

 

La patronne du bouif, précédemment café mal famé, arrive en se tordant les pieds sur ses talons aiguille
Elle se lamente mais nous n'en avons cure
Après tout, comment éprouver la moindre empathie pour une maîtresse maquerelle ?
D'autant qu'elle ne s'usait pas à la tâche, la bougresse !
Nous doutons qu'à un moment quelconque du renouveau de son cabaret, elle aie mis la main à la pâte, sans parler de la bouche ou de la croupe
Alors la compassion, ça ira comme ça
On ramasse nos moitiés, et on y va, direction le maïeutik institout, avec la gentille professeureu Rabotka et ses sages femmes ainsi qu'une ou deux infirmières puéricultrices qui se trouvaient là
Le bâtiment est intact, les opérateurs russes ont dédaigné de bombarder un bois en pleine ville, probablement un dendrophile s'est glissé dans la troupe des cosaques

 

Cosaques de l'espace ou de l'aérospatiale russe
On retrouve le mutant, Szuzanna, les pasdars, le grand karpatique, et la traductreuse piercée tatouée et nattée
Szuzanna paraît en meilleure forme
Manque Pharamond, qui, depuis l'ensemencement de sa progéniture, est redevenu sylvestre
On le sent, il est autour de nous
Récré pour toulmonde, on va à la gay pride !
Les pasdars ne se tiennent plus de joie, ils sautillent, s'embrassent, nous embrassent ( sans la langue, je préfère), s'empoignent les genitoires avec enthousiasme
Ils vont se récurer la couenne dans les douches du personnel et reviennent, parés de leurs plus beaux atours
Bloudjine slim et ticheurtes pour l'un ( marqué Ronaldo) et chemise souleiado pour l'autre ( étroite et ouverte sur la moquette de la toison thoracique)
Avec un parfum par là dessus qu'on croirait qu'ils sont tombés dans une cuve de produits d'entretien pour salle de bain
Allons y donc

 

On n'a pas à faire beaucoup d'efforts, la fête est directement accessible à l'oreille
Poum poum poum poum, une ligne de percussion, sourde et terebrante nous guide
On débouche sur une avenue encombrée de gravats ( les russes ont encore envoyé des drones), une autre, un autre parc
Puis c'est là, une allée avec pavois, estrades tout bien

 

Pour le moment aucun défilé, aucun char
Que des spectateurs tenus à distance par une police qu'on aimerait savoir sur le front à reconquérir le sol sacré de la patrie
Et des étals transitoires
Kielbasa,pivo, bretzels
Bref une liesse bien encadrée, nullement spontanée

 

Puis on voit poindre à l'horizon,au milieu de nuages de poussière, les chars !
Oui les chars de la fête démocratique, inclusive et LGBTQI+ qui nargue forcément le Tsar Vladimir et ses séides
Ils roulent doucement, doucement, pas faire tomber les participants juchés dessus
Car oui, ça comporte des participants qui s'agitent sur les fragiles édifices savamment élaborés
En tête, un char anonyme, d'une association quelconque, les figurants miment de vigoureuses saillies sur d'autres figurants déguisés en soldats russes
Gros succès dans le public

 

Mais les autres sont bien meilleurs
Le char finlandais montre une maîtresse femme, figurée en effigie, qui fouette un dictateur en costard cravate en hurlant, à chaque coup de fouet "prends ça, Poutine !"
Le char nord-américain montre un vieil homme qui palpe des enfants, probablement un pédiatre

 

Enfin, pédiatre, en retraite alors
Poursuivons

 

Commentaires

Arrive enfin le char vronzais
Un génie universel, figuré à l'échelle 2X, avec une tête de fayot du premier rang, en col roulé cashmere gris, nu jusqu'à la ceinture par le bas, fait mine de se jeter sur une femme en effigie, allongée sur le ventre, montrant un sphincter anal brun et ridé
Des hauts parleurs diffusent de façon lancinante une mélopée où l'on croit reconnaître les mots suivants "dilaté.e comme jamais, dilaté.e comme jamais, dilaté.e comme jamais"
À côté, un gigantesque shemale à face simiesque et frange blonde exhibe une verge à l'extrémité tomentueuse dont elle s'apprête visiblement à faire goûter à un giton au sourire égayé d'un diastème de bon aloi
Nos deux pasdars, enthousiastes, se préparent à se ruer sur le char pour parachever le spectacle vivant
Las !
Une troupe de nervis, musculeux et brutaux, les refoule à coups de gourdin
Qu'est ce à dire ?
Nos deux amis n'ont pas enduré tous les aléas d'un voyage long et périlleux pour se faire matraquer comme de vulgaires tziganes
Une branche, fort opportunément interposée dans le chemin, précipite l'effigie porteuse du col roulé à bas, sur la chaussée
Une racine, que les autres chars avaient évité, fait tressauter l'équipage, le char achève sa course lente dans la tribune des officiels
Panique, catastrophe et attentat aux valeurs républicaines !

Écrit par : Kobus van Cleef | 08/06/2023

Et boum, dans le stand où l'on cuisine les kielbasa !

Écrit par : Kobus van Cleef | 09/06/2023

Et boum, dans le stand où l'on cuisine les kielbasa !

Écrit par : Kobus van Cleef | 09/06/2023

//REMARK ON
Jolie idée de délit que "l'attentat aux valeurs républicaines".
"L'antifoutriquétisme est un délit, pas une opinion."
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 09/06/2023

La barbaque se retrouve, là dans la poussière, comme dans "j'avais un camarade"
Pareil pour les binouzes, dont la mousse ruisselle dans les fissures du béton ( à Kiev, comme à kerson, à soledar et à Bakhmout, le béton bien rainuré remplace utilement le macadam lorsqu'il y a eu un nid de poule pendant l'hiver)
Le priape de l'effigie simiesque et blonde se fracasse, son extrémité, peinte de façon hyper réaliste en rouge vernissé avec réseau veineux apparent, son extrémité donc, roule jusqu'aux pieds de kobus, qui, d'une reprise de volley, l'expédie dans une ruelle perpendiculaire à la prospect où se déroule le défilé
Les chaouchs qui avaient molesté nos amis pasdars se retrouvent pattes en l'air, on en profite pour les sécher de plusieurs coups de talon dans la trogne, bien teigneux
Les autres effigies n'ont pas eu un meilleur sort que celle du singe blond ( en minijupe et l'organe déployé), leurs débris, impossibles à recoller, rebondissent derrière les buissons où de gentilles mères de famille ukrainiennes améliorent l'ordinaire de leurs familles et les opportunités de leurs enfants à faire des études en Europe occidentale ( on y croit très fort)
Les autres chars de la procession anale sont bloqués en amont de l'accident et ça n'entousiasme personne, des bras musclés s'activent donc à remettre le tracteur sur ses roues
Avec des cris et des ahannements on peut reprendre le défilé, sans les effigies animées et sans les chaouchs protecteurs
Nos deux pasdars montent alors sur la plateforme et se lancent dans un spectacle vivant et horrifique
Stupeur puis approbation du public !
Applaudissements, cris d'enthousiasme, sifflets, tout y passe
La sono du char finlandais qui les précède passe un sample issu d'une reprise de morceaux choisis de la sage femme déjantée ou de bjeurk, on ne sait pas trop
Si, on sait que c'est bruyant
Ça trépigne pendant que nos amis se dénudent,se tripotent se léchouillent puis, fatalement, s'enculent
Le char vronzais, initialement nommé "Oskar au pays des anus bruns" se voit propulsé en tête des intentions de vote

Écrit par : Kobus van Cleef | 10/06/2023

La barbaque se retrouve, là dans la poussière, comme dans "j'avais un camarade"
Pareil pour les binouzes, dont la mousse ruisselle dans les fissures du béton ( à Kiev, comme à kerson, à soledar et à Bakhmout, le béton bien rainuré remplace utilement le macadam lorsqu'il y a eu un nid de poule pendant l'hiver)
Le priape de l'effigie simiesque et blonde se fracasse, son extrémité, peinte de façon hyper réaliste en rouge vernissé avec réseau veineux apparent, son extrémité donc, roule jusqu'aux pieds de kobus, qui, d'une reprise de volley, l'expédie dans une ruelle perpendiculaire à la prospect où se déroule le défilé
Les chaouchs qui avaient molesté nos amis pasdars se retrouvent pattes en l'air, on en profite pour les sécher de plusieurs coups de talon dans la trogne, bien teigneux
Les autres effigies n'ont pas eu un meilleur sort que celle du singe blond ( en minijupe et l'organe déployé), leurs débris, impossibles à recoller, rebondissent derrière les buissons où de gentilles mères de famille ukrainiennes améliorent l'ordinaire de leurs familles et les opportunités de leurs enfants à faire des études en Europe occidentale ( on y croit très fort)
Les autres chars de la procession anale sont bloqués en amont de l'accident et ça n'entousiasme personne, des bras musclés s'activent donc à remettre le tracteur sur ses roues
Avec des cris et des ahannements on peut reprendre le défilé, sans les effigies animées et sans les chaouchs protecteurs
Nos deux pasdars montent alors sur la plateforme et se lancent dans un spectacle vivant et horrifique
Stupeur puis approbation du public !
Applaudissements, cris d'enthousiasme, sifflets, tout y passe
La sono du char finlandais qui les précède passe un sample issu d'une reprise de morceaux choisis de la sage femme déjantée ou de bjeurk, on ne sait pas trop
Si, on sait que c'est bruyant
Ça trépigne pendant que nos amis se dénudent,se tripotent se léchouillent puis, fatalement, s'enculent
Le char vronzais, initialement nommé "Oskar au pays des anus bruns" se voit propulsé en tête des intentions de vote

Écrit par : Kobus van Cleef | 11/06/2023

Ha, récidive du commentaire
J'ai glissé,chef

Écrit par : Kobus van Cleef | 11/06/2023

Le char est donc rebaptisé "Oskar et les pasdars"
On se demande bien pourquoi, puisque l'effigie d'Oskar est restée, brisée, dans la poussière
Comme les autres idoles du chariot, d'ailleurs
Mais les pasdars,eux, font la course en tête des suffrages
Un sentiment d'allégresse s'empare des habitants de la ville entre toutes les villes, celle qui défie le diktator, les gens forment des sarabandes, des farandoles, dans les buissons, les mères de famille s'activent, on scande le nom des acteurs sur le char vronzais

Écrit par : Kobus van Cleef | 11/06/2023

Tout décoiffés,ruisselants de désir et de fatigue, nos amis sont descendus du char, portés en triomphe vers la tribune des juges arbitres
Pendant qu'ils reprennent leur souffle, qui était court pour les raisons que l'on peut comprendre, les officiels délibèrent
Et c'est le moment tant attendu où le verdict tombe !
Le char vronzais est élu numéro un,number ouane !
En dépit d'un accident de parcours !
Rendez vous compte !
Aussitôt, une délégation politique hexagonale se rue vers nos amis pour les féliciter, les médailler, les palper, aussi, à l'occasion
On entame des discours patriotards, des sacrifices sont faits ( bouteilles,petits fours), les journalistes serviles commencent à pisser de la copie, ça coule dru et fort !

Écrit par : Kobus van Cleef | 11/06/2023

Au dessus de la liesse rôdent les drones russes
Mais aucun ordre ne fige l'index de l'opérateur sur la touche "feu"( en vernaculaire slave "agon")

Écrit par : Kobus van Cleef | 11/06/2023

Quel dommage que molleglandes ne soit plus aux affaires, lui seul avait le chic pour faire des discours innoubliables, tout ponctués d'hésitations bégayantes et d'approximations fleuries
Qu'à cela ne tienne, un auteur pornographique vronzais et néanmoins ministre ( c'est ce qui se dit) improvise, sans le concours de l'intelligence artificielle, un truc fumeux dans le style d'une dissertation de première année de sciences pipeau
C'est long, filandreux mais l'assistance apprécie
Surtout les pisse copie du staff journalistique
Aussitôt, des textes en format HTML partent en rafale vers les sites elektronik des torchanus respectifs, ça fera des éloges à bon prix ( un aller retour pour Kiev et une nuit d'hôtel, tu penses que la république s'est pas foulée pour la pietaille des laudateurs)
Ces mensonges assermentés et ennamoures seront publiés au plus tôt sur le site de l'AFP, puis repris sans modification par les sites elektronik des journaux en ligne ( pourquoi en ligne, pourquoi pas en rond, mystère), de toutes façons, plus personne ne lit les journaux papier

Écrit par : Kobus van Cleef | 11/06/2023

Enfin, consécration !
Nos amis pasdars sont invités à venir serrer la main du héros que le mondentier envie aux ukraines, le génial zirliski, auteur compositeur interprète généralissime et combattant de la première heure contre l'hydre fachysse russe
Et pas comme ça en passant, non, soirée privée, ils seront les héros de la teuf
Boîte de nuit spécialement réquisitionnée, poudre à gogo, sono à donf, bref une invitation en bonne et dûe forme
Pas moyen de refuser, de reculer, faut s'assumer jusqu'au bout, les amis !( mais quel bout ?)
Le reste de la parade anale se poursuit sans heurts, sous le vol menaçant des drones russes et, peut être aussi otaniens
Nous avons perdu de vue Abbas et Darius mais nous ne désespérons pas de les retrouver avant la soirée privée

Écrit par : Kobus van Cleef | 11/06/2023

Pendant ce temps, la populace européenne peut admirer les qualités impériales de l'empereur de toutes les ukraines, virtus, pietas et urbanitas
Virtus, car il incarne à lui seul ( sans considération des morts ukros) la sauvegarde des frontières,du limés
Pietas, car on lui met sur le dos la préservation d'autres vertus, des valeurs religieuses et républicaines, il s'oppose en tout point à un diktator qui n'aime pas les paydays,or la paydayrastie est une valeur cardinale du monde ouest européen ( sinon autrement comment pourrions nous célébrer la gay pride à Kiev ?)
Et enfin urbanitas, on le voit toujours, en treillis ( virtus) et dans les décombres, jamais en rase campagne , toujours en ville, quelle que soit la ville et n'importe son état
L'homme, adoubé par les magazines d'opinion et les sondages occidentaux (y a plus de sondages, aux ukraines, y a plus non plus de partis d'opposition ni de médias alternatifs), photographié paré du feldgrau de la virtus, sauvegardant les droits des paydays injustement menacés par Poutine (mais pas les droits des enfants du Dombas), évolue dans le décor de l'urbanitas, filmé par l'occident ravi de cette fabrication impériale
La plèbe regarde
Smartephaunes, écrans de toutes sortes, journaux, magazines, affiches, tout est bon

Écrit par : Kobus van Cleef | 14/06/2023

Le pince fesses est prévu pour le soir, ça se passera au sloboda, boîte de nuit des faubourgs de kviv, propriété de machin chose, machingarque faisandé, depuis en exil à Courchevel ou sur la côte d'Azur, sans saisie de ses comptes ni blocage de ses avoirs
On a le temps de se préparer et de se faire beaux
Les pasdars changent leurs ticheurtes de foutebauleur pour des costards emporio Armani trop ajustés, avec des basquettes Nike ou Adolf Dassler en bas, nos belles compagnes restent telles qu'elles sont, avec malgré tout un léger bijou ça et là, la gentille traductreuse change l'extrémité de ses piercings pour des pierres noires, phosphorescentes et synthétiques, ça lui fait comme d'énormes comédons qui lui injurient les joues,les ailes du nez et les lèvres, sans parler des oreilles ( lobule, anthelix et conque)
Le grand karpatique a passé un coup de flotte sur les roues de son fauteuil, le mutant a déniché une veste en touide, pas vraiment de saison, mais les revers râpés et les coudes en cuir lui donnent un air d'assistant d'université Nord américain
Kobus, Jean Eudes et Blumroch restent tels qu'ils sont, pantalons corduroy, vestes multipoches et chemises col Mao pasque merde après tout, on est en guerre et l'empereur de toutes les ukraines sera encore en feldgrau
Le dirigeant de haulte entreprise,lui, a changé son ticheurte pour un autre qui proclame sa foi dans le capital et la recherche forcenée de nouvelles zopportunites

Écrit par : Kobus van Cleef | 18/06/2023

on brosse un peu les cols sur lesquels les péloches se sont accumulées, on décrotte les semelles, on rebrousse une mèche blanche qui persiste à retomber sur les yeux
voilà on est fins prêts à y aller

Écrit par : kobus van cleef | 22/06/2023

En attendant, on va faire un tour à la maison LGBTQI+ et féministe, gloire de la démocratie inkluziv ukrainienne et lituanienne ( cofinancée par l'oignon européen et la fondation choroch)
Pas pour se faire enkuler, simplement pour boire un coup
C'est le début de l'été et, comme tout pays à climat continental,y fait chaud aux ukraines
Las !
On ne nous propose que des tasses d'un thé lavasse, dilué et inodore
Léon, le dirigeant de haulte entreprise, s'en régale
Nouzautres, nous n'aurions pas craché sur un pot de brouilly, voire même un chopine de meursault blanc à l'ombre d'une tonnelle
Mais Vladimir étant le méchant de l'histoire, la tonnelle a été remplacée par un filet camo qui laisse passer les rayons du soleil et la vinasse est sévèrement rationnée pour soutenir l'effort de guerre
Guerre qui se rappelle à nous lorsque passent dans la rue des azovstas traînant des récalcitrants vers les bureaux de recrutement

Écrit par : Kobus van Cleef | 23/06/2023

Le sort de ces malheureux fait pitié, surtout lorsqu'on sait qu'ils seront digérés ( y compris les os, organes qui disparaissent en dernier), dans l'offensive en cours, celle qui fait tant de barouf dans la presse occidentale
Kobus, n'écoutant que la voix de sa génétique insurrectionnelle et anarchiste, se lève donc pour s'interposer entre des mili musclés, tatoués et bardés d'insignes divers et les misérables traînés par la tignasse dans les centres d'incorporation, pour y être marqués comme du bétail et instruits dans l'art de mourir pour la gloire du roi zirliski

Écrit par : Kobus van Cleef | 23/06/2023

ça n'a pas l'heur de sourire aux nervis du pouvoir
étonnant cette façon dont les janissaires font fi de toute discussion
pas piposofique pour deux ronds
voilà-t-y pas qu'ils tombent sur le bedonnant sexagénaire à coups de knout pour le remettre à sa place
et lorsque je dis à sa place, ils sont effectivement partagés, car ils ne le situent pas bien
une moitié l'assignerait au front, même si estranger du dehors, comme le laisseraient entendre ses protestations , inaudibles pour un slave, l'autre moitié des cogneurs opterait pour le laisser sur place
après l'avoir bien attendri à coups de courbache
c'est sur ce constat que se rejoignent les tenants des deux options
et donc les gnons dégringolent sur la gogne du kob's qui, au bout de peu, enfle au point de ne plus avoir figure humaine
c'est le moment que choisi le mutant, les chaouchs étant penchés sur leur victime, pour leur faire un bisou dans le cou
Phara étend ses bras protecteurs autour de son pote Kobus, ce pauvre bougre qui se colle toujours dans des situations inextricables
sursaut de rébellion des zazovstats, comprenant bien que les carottes sont cuites et que, tout compte fait, il eût été moins létal de partir au front, qui sait, un balle peut vous louper, une mine peut se désamorcer, une fusée d'obus peut avoir été enfoncée du mauvais coté (ça s'est vu), alors que l'étreinte mortelle du végétal fait homme, cette étreinte, personne n'en réchappe
en tout cas, personne n'a pu le raconter
craquements sinistres, ce sont les os des nervis qui cèdent
glougloutements funèbres, ce sont leurs intestins qui se vident
bruits de déglutition peu discrets, c'est le mutants qui se goinfre
galopade éperdue, ce sont les malgré eux qui s'enfuient, au moins ceux là auront échappé à la conscription et nargué la camarde

Écrit par : kobus van cleef | 23/06/2023

mettons nous donc en route vers la boite de nuit où va se dérouler la soirée privée
en empoigne le kob's sous une aile, et roule ma poule
à petits pas, un pied devant l'autre, le vieux pépère suit le mouvement
on se pointe devant la boite, périphérie urbaine, pelotons d'azovstats, sacs de sable, canons de FLAK, chiens patrouilleurs....
on cogne à l'huis
une trogne tondue se pointe au guichet
kes ke c'est?
on tend notre invitation, et on pousse en avant nos pasdars

Écrit par : kobus van cleef | 28/06/2023

Les deux tantes, là c'est bon
Les autres, vous restez dehors !
Verdict sans appel
Nous sommes refoulés pour cause d'heterosexualite flagrante et nos pasdars,nos chers co-voyageurs, avec qui nous avons partagé tant d'épreuves,nos amis, presque nos frères, nous sont arrachés ?
Quelle est donc cette villenie ?
De quel cerveau malade est sorti une discrimination pareille ?
Les larmes pointent aux paupières du kob's, pourtant habitué à des situations délicates, il a vécu,ces derniers mois bien des soucis, enduré bien des contrariétés et des nasardes, mais là, il n'y tiens plus, ça lui ruisselle sur le plastron, il sanglotte comme un veau
Les larmes,grosses comme le pouce, dévalent dans sa barbe, et se mélangent à la morve qui lui coule du nez
La très sensuelle Emesse tente de le consoler, elle glisse son bras sous le sien et glisse sa tête dans le creux de son cou, juste à côté de son épaule
Ça n'attendrit pas le cerbère
Allez, dégagez, j'attends encore les officiels vronzais,y en a un qui fait une performance masturbatoire sur scène, et faut pas le troubler !
À ces mots, les pasdars dressent l'oreille, ça les épate, ça, qu'on puisse s'exiber en public ( pour les relations que nous qualifions de contre nature -et que nos zélites trouvent tolérables - ça va, ils acceptent, tant que c'est caché) mais ils n'ont pas eu connaissance, dans la lointaine Perse, de l'épisode yellow jackets et de l'ostension phallique de ris de veau

Écrit par : Kobus van Cleef | 28/06/2023

Un brin de liseron s'est glissé dans la fente du guichet de la boîte
Ça a chatouillé le pif du videur/physionomiste
Puis ça s'est glissé dans ses fosses nasales, en un clin d'oeil, et de là dans le cerveau
Le bougre s'effondre avec des convulsions répugnantes et une émission d'urines puantes
Nous entrons donc
La damoiselle du vestiaire nous débarrasse de nos manteaux, détour par le bar, bien achalandé et nous voici sur le dancefloor
Choc direct avec un mur sonore compact, fait de basses sur saturées
Genre Boom boom boom boom
Atroce

Écrit par : Kobus van Cleef | 29/06/2023

pourquoi faut il qu'il y ait toujours, lors du dénouement de mes histoires, une musique assourdissante?
bon, je poursuis
les décibels nous ruinent les tympans et nous font pleurer les yeux, on sent au fond du thorax les impulsions sonores renouvelées, et la menue monnaie que nous avons conservé dans les poches tinte, on pourrait l'entendre si nous n'étions déjà sourds

Écrit par : kobus van cleef | 30/06/2023

kobus van cleef > Un traumatisme dans vos jeunes années, peut-être ?

Écrit par : Pharamond | 30/06/2023

possible
je suis un douloureux de l'auditif, faut croire

Écrit par : kobus van cleef | 30/06/2023

On tente de se retrouver dans un endroit moins bruyant, un escalier dérobé s'offre à nos regards ( ce qui est mieux que "se donne à voir" parce que question France ku, les tournures de phrases me sont devenues insupportables), on l'emprunte, nous voici dans un couloir sombre, avec quelques portraits aux murs
Que du beau linge, des généreux donateurs en faveur de cette contrée meurtrie, Victoria, Paul et tous les zautres
Au fond une porte, on perçoit des éclats de voix, conversation pas tout à fait paisible
On suspend nos pas, lesquels sont déjà bien étouffés par la moquette et le barouf du bouif en dessous ( barouf du bouif, autre allitération sympathique)
À l'acme des cris, une détonation
La curiosité étant un vilain défaut, au lieu de nous débiner et de disparaitre dans la populace peuplant la boîte, on s'avance en tapinois, on glisse un œil
Un quidam gît devant un mec revêtu d'une soutane blanche et de souliers John Lobb noirs scintillants

Écrit par : Kobus van Cleef | 02/07/2023

Rien d'autre
Mais on n'a pas regardé sous la soutane ( sous la soutane, autre allitération)
Une sacoche de cuir fauve fatiguée sur un bureau métallique vert administration qui a connu des jours meilleurs
Un soufflant à côté, canon encore fumant

Écrit par : Kobus van Cleef | 02/07/2023

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