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25/07/2022

Carte blanche (45)

Laissée à Kobus van Cleef

 

Crépuscule des vampyrs et continent obscur

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Quatrième partie

Cinquième partie

Sixième partie

Septième partie

Huitième partie

Neuvième partie

Dixième partie

Onzième partie

Douzième partie

Treizième partie

Quatorzième partie

 

L'echaufouree est vite terminée
On rallume les lumières façon démocrates éclairés du 18eme
Trois ouigres achèvent leur misérables existences sur le ciment irrégulier du compound pas de traces du dernier
Cap de dious !
Jean Eudes se rue au créneau, on aperçoit une silhouette filiforme qui se fraye un passage dans les broussailles, il épaule le dragounov, pression lente sur la détente, en expirant doucement, la forme sautillante du ouigre se détache de l'obscurité ambiante dans le réticule, surpris par le départ du coup puis par le recul,remise en ligne, plus personne, ai je touché ma cible ?
On part en explo Jean Eudes et kobus, avec précaution, rien n'est plus dangereux que la nuit en afwique
Finalement on entend une respiration oppressée on dirige les faisceaux croisés de nos lanternes sourdes( oui même aux afwiques il y a des réminiscences de Victor Hugo et de Balzac) sur un misérable recroquevillé dans son sang

 

Il a pas l'air d'avoir été touché trop gravement, de toutes façons on peut pas le laisser là, les bêtes sauvages en feraient leur ordinaire, pas vrai ?
On te traîne donc le blessé chacun par un membre, on laisse une large trace sanglante sur le sol,va savoir si c'est pas plus grave que ce qu'on supposait de prime abord
Arrivés au compound, Blum nous lance "les petites crapules ont chouravé nos diams ! S'agit de faire causer celui là !"
Pas que nous soyons animés par l'esprit du lucre mais là.... on se voit vieillir dans cette afwique improbable
Toulmonde va s'y mettre

 

C'est pas qu'on soit des tortionnaires, mon pauvre bougre, mais va falloir nous affranchir vite fait sur le lieu d'où c'qu'y s'trouvent les diam's, sinon ça risque fort de cacater pour ta pomme ( là c'est kobus qui cause, un langage fleuri mais vous pouvez comprendre que le ouigre blessé n'y entend goutte)
On a le choix,mec, tu t'allonges rapidement et sans douleurs ou bien tu choisis de sofffrrrrirrrr,t'as pigé ?
Mais enfin, le type n'y entend rien, il est blessé, en état de choc, vous lui parlez de façon menaçante sous le nez après l'avoir flingué et traîné dans les broussailles, comment voudriez vous qu'il coopère ?
On se retourne tous les trois, électrisés !
C'est Erzebeth qui vient de causer.... mais ma chérie, j'ignorais que tu parlais vronzais, enfin si, un peu, tu cachais bien ton jeu, bref je sais pu koi dire là.... Jean Eudes s'assied, un peu estomaqué
Les trois grâces s'interposent,laissez nous faire, donc...
Elles commencent par panser le mec,ho pas grand chose, mais le bruit d'une étoffe déchirée, l'application d'un tissu plus ou moins malpropre sur une peau déchirée par le passage de l'ogive de 7,62, ça fait des miracles
Elles relèvent la tête du misérable, approchent une boisson quelconque de ses lèvres
Ça y est, le mec est à point, elles peuvent te l'interroger
Et la réponse fuse "yocoul, yocoul !"
Merde kes ki dit c'con là ?
C'est la timide et rougissante Vesna avec son prénom venu direct de Slovénie, qui nous met au parfum
Yocoul,manger, votre gugusse a bouffé les diamants
Ho putasse, mais quel abruti, il se les serait mis dans le cul ou dans le slip, on aurait eu moins de mal à les récupérer...

 

On se pose les questions rituelles
Faut il lui donner une purge, un lavement ?
Faut il acquérir un endoscope pour sonder l'estomac du misérable ?
Lequel misérable nous épargne de donner les réponses aux questions formulées plus haut en défuntant brutalement,la gueule ouverte et la bouche tordue
Visiblement, le pruneau expédié d'un coup de dragounov ne s'est pas contenté de tailler dans le gras de la hanche ( trouver du gras chez ces bougres là relève d'une pratique sportive de haut vol), mais a intercepté une artère ou une veine de bon calibre
On se regarde les zuns les zautres, sans enthousiasme
Je l'ai déjà dit, nulle pingrerie,nul lucre, nulle avarice, mais ces diams sont notre porte de sortie des afwiques
"Et des nôtres" ajoute Erzebeth en se glissant derrière Jean Eudes
Elle lui tend un couteau, et d'un mouvement du menton, qu'elle a pointu et charmant,indique la dépouille du ouigre voleur
Jean Eudes se tourne vers nous, et intime à toulmonde de sortir et de fermer la porte
On accompagne ces dames dans un autre coin du compound puis kobus reviens sur ses pas, interpelle Jean Eudes qui tournait autour du macchabée, le couteau à la main
"T'es certain de pas vouloir d'aide, j'ai quelques notions d'anatomie"
Jean Eudes acquiesce, on monte notre défunt sur un chevalet, tête en hauteur, on glisse une lame à partir de la xiphoide en cisaillant vers le bas, saloperie de couteau pas aiguisé, la pointe ripe sur un cartilage costal et perce le colon transverse, aussitôt une odeur d'égout négligé se répand genre cloaqua maxima, on se reprend, l'incision est rectifiée, on évite le lobe gauche du foie puis on arrive sur l'antre gastrique,tendu à bloc, une micro incision, un pfuittt redoutable on passe un doigt, ils sont là, ils sont là, les diam's, Noël Noël, nous ne vieillirons pas zici !
On vide la tripaille, les cailloux s'accumulent à nos pieds, on les lave, les dénombre, ils y sont tous !
Nos bouchers malgré eux sortent de leur echarnoir improvisé, tout fierots, sur la trogne l'air inspiré de celui qui attend la récompense pour son boulot effectué dans les règles et même au delà

 

Jean Eudes s'avance vers Erzebeth, tente de l'enlacer, penche vers elle son muffle moustachu, elle le repousse avec grâce en chuchotant "plus tard mon chéri,va te doucher, tu sens un peu la merde" et c'est vrai, la bosaille percée du misérable ouigre a laissé suinter un liquide maronasse aussi appétissant qu'une plongée dans les bas quartiers d'Abidjan ou de Bamako ( mais existe-t-il des hauts quartiers en ces contrées, on peut se poser la question)
Les commodités sont plus que rudimentaires , après tout nous sommes aux afwiques, aussi nos deux compères organisent un bain douches sommaire avec du sable, puis une détersion avec un vilain savon qui ne se donne même pas la peine de mousser ( supplice pour un gauloiche, après tout c'est aux Gaulles que le savon fut inventé) suivi d'une aspersion par le résidu de la cuve destinée à la boisson ( non ce n'est pas toujours de la bière)
C'est un fier spectacle que ces hommes mûrs ( et même un peu au delà) torses nus, pilosité argentée à l'air, bourrelets de santé débordants au dessus de la ceinture ( et non pas obésité morbide de l'occidental moyen avec seins comme des femmes et flaques de gras sur les lombes) s'envoyant de grandes giclées d'une flotte probablement grouillante de miasmes en rigolant
Nulle trace apparente du combat mené à l'instant ni de sa conclusion macabre et autopsique dans ces rires francs et ces plaisanteries de ruffians, ils sont bien du même bois que leurs ancêtres qui soumirent l'Algérie, les Flandres, les imperiaux à Eylau, Wagram et Austerlitz !
Enfin propres et récurés jusqu'à la lunule des ongles, ils se dirigent vers les quartiers féminins du caravansérail moudern, chacun cherchant sa chacune,si on peut dire
Cette pièce ? Non, on entend les gloussements de Vesna et de Blumroch
Enfin, toulmonde s'est retrouvé pour un meeting quasi conjugal, les respirations se sont apaisées, la sueur a séché sur les épidermes
Et là,fuse l'éternelle question
"Tu es bien ?"
Et la réponse, inattendue, des trois grâces, presque simultanée "j'attendais quelqu'un comme toi...."

Mais qu'est ce qui me prend, moi, d'écrire un roman d'amour !
Mon truc au début, c'était l'Anabase !
Ou bien, à la rigueur, les aventures du jeune Télémaque !
Mais pas l'éducation sentimentale !
Chuis pas Flaubert,moi !
Déjà que j'ai bien du mal à être kobus....

 

Après tout, un roman d'amour c'est aussi un roman d'aventures
J'oserais même dire qu'un roman d'amour c'est surtout un roman d'aventures
Ou l'inverse, peut être
Qu'est ce que l'embarquement pour cytheres sinon une aventure ?
Maritime, de plus, comme toute aventure qui se doit
Et l'Odyssée, n'est ce pas avant tout un roman d'amour ?
Ulysse qui brûle de retrouver sa Pénélope, et qui en chemin, la cocufie bassement avec cyrcee, entre autres
Bref

Au petit matin, les mâles se retrouvent seuls
Les femmes les ont abandonné
Enfin, pas tout à fait
On entend des raclements, des coups sourds, des bruits de moteur dans la cour du caravansérail
Les trois grâces avec les bagages, succincts, sont autour de la citerne sur roues
Elles en font le plein
Car le caravansérail possède d'autres cuves
Cuves pleines de fioul,aux afwiques, le carburant ne gèle qu'exceptionnellement
Et lorsque nos trois complices déboulent sur l'aire à virer, elles ont l'air de Sophia Loren dans je ne sais plus quel film, une mèche leur balayant le front, la sueur dévalant dans le sillon inter mammaire, les avantages compressés par les bretelles de la combi de mécano, bref, des calendriers Pirelli dans la version sage
Et elles exposent leurs arguments, étant donné que le trajet est long et incertain, mieux vaut transporter son combustible pour au besoin le troquer, le vendre
Et faîtes donc disparaître ces cadavres, ça fait mauvais genre, vous avez deux heures

 

Et allez donc, on démembre joyeusement nos ouigres,occis dans la nuit
On disperse les débris aux quatre vents
Un petit lave main et terminé, on embarque
Direction plein est, vers la mer, qu'on puisse hurler "thalassa, thalassa !" à la vue de la grande bleue
Plus facile à dire qu'à faire, je vous précise
Un moteur hyper puissant, sollicité par une boîte à 12 rapports un pont entre les le tracteur et la remorque des routes sans asphalte avec tant tellement d'ornieres que tu peux pas les compter
Les premiers kilomètres sont difficiles, c'est Blumroch qui s'y colle puis Jean Eudes puis kobus, bon gû, quelle aventure, ça tangue, ça roule,y a des à coups lorsque la remorque

 

Lorsque la remorque cogne contre le tracteur
Mais peu à peu, l'équipage s'amarrine, comme on dit
Et lorsque les grandes routes, pour peu que ça existe ici, lorsque les grandes routes apparaissent donc, ça roule presque normalement

 

Et ça descend vers la mer, à travers des cols montagneux empoussieres, peuplés de locuteurs de l'oromo ( un vernaculaire du coin) et du swahili ( pareil), épidermes bleu pétrole, tignasse emmêlée, faciès écarquillés de stupéfaction "c'est pas machin qui vient faire la livraison ? Comment ça ? Vous livrez pas ? Mais comment je vais faire,bordel de moi, hein, comment je vais faire ?"
Parfois les locaux s'opposent à leur départ parfois les zotorites locales font semblant de contrôler les papiers, le connaissement de la remorque, plus d'une fois on retrouve un local arrimé aux buses de vidange de la citerne, traîné dans la poussière sur quelques kilomètres
On réussit le tour de force d'arriver dans les faubourgs de dar es salam sans perdre une goutte de combustible
Rien, sauf ce qu'on a transféré de la citerne jusqu'au réservoir
Et ce sont les trois grâces qui s'y sont collé, elles ont montré leurs capacités

 

Te dire, les faubourgs, c'est la même merdasse que partout ailleurs
En pire
J'ai vu pas mal de connurbations dans ma désormais semi longue existence
Des favelas des bidonville ( mention pour les villes de parachutistes mexicain), des taudis, des catojos ( ça c'est du sicilien)
Mais dar es salam, c'est la première marche du podium

 

Bref, des baraques en tôle ondulée pour le toit, toile bleue UNICEF pour les murs, quelques épineux autour, une chèvre famélique pour les plus heureux, des fatmas décharnées qui se coltinent la marmaille, une main en visière sur les yeux, les gencives dénudées par un rictus figé à force de fixer l'horizon, tout bien, cliché usuel
Et ça continue, les suburbs pendant des kilomètres, les voies deviennent plus étroites, les mosquées plus nombreuses et cossues ( si on peut dire) jusqu'à tomber sur des barres HLM et du bitume puis après moults détours et palabres avec des semi uniformes ( palabres facilitées par l'adjonction d'un p'tit billet à chaque nouvel terlocuteur, avec lequel on a bien du mal à locuter, puisque nous ne savons du swahili que le strict nécessaire à savoir rien, mais l'angluche pigdin reste la lingua franca ainsi que le numéraire glissé en douce), on entrevoit des avenues avec bâtiments plus durables
Une place titanesque avec la statue de l'homme fort, des blindés poulardins divers garés à proximité, des petits gradés l'air louche et la mine basse, à l'affût du bakchich...l'afwique quoi, éternelle, immuable

 

Et au delà, oui, au delà, une fraîcheur incongrue, un silence, le port, l'océan indien !
On démonte du camion citerne, aussitôt entouré de chourineurs divers, d'officiels véreux et d'uniformes corrompus
En deux coups les gros, l'affaire est faite, le passage pour six vers Oman contre la possession de la citerne

 

L'intermédiaire véreux insiste pourtant "faudra voiler vos fatmas, là quand même, elles insultent les yeux des vrais croyants"
Mais qui croient à quoi, à la mouchquipète ? Ça c'est kobus, toujours diplomate
Les autres voyageurs se chargent de le ramener à la raison, nos amies voyageuses entortillent donc leurs toisons dans des voiles diaphanes en guise de turban, c'est frais et ça dégage leurs nuques nues qui appellent le baiser ( ouais, je ne peux me déprendre du romantisme, presque amoureux,voyez)
Bref on lève l'ancre, arrivée prévue pour Sallalha ( et non Mascate, détail d'importance), dans deux jours, on se tient à la rambarde et le vent rafraîchit nos épidermes mis à rude épreuve
Ceux qui sont pas rafraîchis,par contre, c'est les n'aigres dans la cale, qui ont signé ( ou pas) un contrat de travail avec différents employeurs de la péninsule arabique
Principalement kényans, mais y en a d'autres, bien sûr
Alors on n'est pas passé par Zanzibar, puisque maintenant y a plus besoin de séquestrer les esclaves sur une île avant de les dispatcher au plus offrant, puisqu'ils deviennent des esclaves volontaires, un peu comme nos ancêtres qui allèrent travailler aux Amériques ou à l'île Bourbon, pas esclaves puisque blancs mais esclaves de fait

 

Et vogue la galère
En italien moudern, e la nave va
Le toum toum toum du diesel cogne pendant la traversée, on passe bien au large de la corne de l'afwique, histoire d'éviter les pirates somaliens
D'un autre côté,y a peu de risques qu'ils s'attaquent à un cargo battant pavillon omanais, ils savent ce qu'ils risquent, mais sait-on jamais
Une ou deux douches de mousson, le soir avant le coucher du soleil , pas de coup de tabaque et on arrive dans les temps à Sallalha ( prononcez Sallalhé ou Sallalheu c'est selon) capitale régionale de la province sudiste de l'émirat de Mascate et Zanzibar, renommé sultanat d'Oman, on est pas loin de la frontière yéménite, ça a bastonné dans les 50/60, je vous dit pas, mais depuis ça s'est tassé, sous l'influence bénéfique du pèrelanation ( comme le père système à l'ixe), sultan Kabous, que toulmonde vénère ici
On débarque, pas un chat, enfin si, quelques dockers et les officiels qui viennent viser le connaissement du navire, sans nous accorder le moindre regard
Pas leur problème,visa, pas visa, à nous de nous démerder, tout juste s'ils ne nous marchent pas sur les orteils
Débarquons donc et mettons nous à la recherche d'un hébergement puis d'un moyen de transport jusqu'à la frontière persane
Et là,pile, en train de griller une cibiche sur le port, en guettant le client,N..., un guide que j'ai connu dans une autre existence
Les bras, les mâchoires nous en tombent
Mossieur kobus ? Que vois je ? Vous zici ? Dans un de vos romans ? Pour de vrai ? Ou pas pour de vrai ?( ça dépend du point de vue, évidemment)
Salutations, embrassades, présentations diverses, et qui sont vos compagnons, et pour combien de temps êtes vous parmi nous, et voulez vous un programme de visite adapté ?
Tiens, pourquoi pas, joignons l'agréable à l'utile, Oman est certainement un pays qui mérite le voyage
Pour peu que nous soyons en règle avec les lois locales
Devant sa mine interrogative, on se confie, à demi mots
Il fronce le sourcil,allume une deuxième cigarette alors qu'il en a déjà une dans le bec, nous drive vers la réception d'un hôtel moyenne gamme où il nous assure qu'on ne nous posera pas de questions
Effectivement, la seule question posée concerne les rafraîchissements, thé hyper sucré pour toulmonde
Il arpente le hall, le téléphone à la main, on discerne à peine quelques mots, sabir tunisien et anglais mélangé, quasiment maltais, il revient en disant "deux heures"et donne un chiffre, que l'on est bien obligé d'accepter sans marchander

 

On patiente donc à l'hôtel
Thé sucré,louquoumes sucrés, beignets sucrés
Vient le moment de rétribuer notre gentil guide, ça se chiffre en pincées de diams, tout ça
Et lorsque je dis pincées, c'est au pluriel
Bref, il nous refile des drachmes antiques arabiques, actualisées, des dirhams donc même si c'est la currency des Emirats arabes unis d'à côté

 

Enfin le délai est écoulé, après moultes rasades de thé hyper sucré, louquoumes sucrés, musique sucrée
Un chaouch remet presque clandestinement une enveloppe à N...
Lequel l'ouvee à la dérobée, et nous glisse les sésames ( ausweiss,firmans) indispensables pour la poursuite du pèriple
Aussitôt, nous le gratifions d'une belle ( très belle) pincée de diamants
Bruts, les diamants, comme exposé plus haut
À son tour il nous ristourne des rials omanais ( une monnaie qui me peine un peu,car à une frontière de distance, aux Emirats arabes unis, la usual currency est le diram, dérivé de la drachme antique, on se retrouve dans les guerres médiques et l'Anabase)

 

Hé bien nous allons poser nos impedimentas dans nos quartiers, comme on dit
Et comme nous avons des têtes d'européens, le chaouch de la réception nous a apparié, homme femme, nous saluons l'effort, après tout il aurait pu mettre les zommes zensemble comme on aurait pu le suspecter après une lecture de la loi prévoyant le mariaj pour les personnes de même sexe ( c'est un truc qui m'étonnera toujours depuis le temps, lorsque je voyage à l'estranger, on n'apparie pas les mâles vronzais onsombl'alors que bon)
Bref, une douche délassante, un séchage express avec des serviettes moelleuses, puis un rapprochement quasi conjugal
Nous sommes prêts à descendre, nous suivons donc l'ami N..., vers le musée maritime ( vision du boutre ou du sambouk grandeur quasi nature, avec son double chiottes qui, N... dixit, préserve des maladies véhiculées par le péril fécal, vision également des cargaisons transportées par Simbad le marin, à l'exclusion des esclaves noirs depuis Zanzibar, mais ça, le conservateur du musée n'allait pas le rajouter) puis la résidence de sultan Kabous, résidence usitée lors de la mousson ( mais sultan Kabous, homme sage et pondéré,a été ravi à l'affection de son peuple il y a quelques années, voyons ce que vaudra le suivant, déjà confronté à la crise du nez qui coule 19)
Et pour finir la journée,restau de poichons à Sallalha
Puis retour dans nos pénates et abandon dans les bras de Morphée

 

Aux aurores,boum boum boum dans les portes de nos appartements ( à quoi bon être héritiers d'une grande tradition littéraire si c'est pour écrire comme Patricia Highsmith ou chamelle laide ou Amélie sans sépulture ? plutôt que chambre d'hôtel,usons du terme "nos appartements" ou "nos quartiers" si c'est dans une acceptation plus militaire) on ouvre, l'oeil un peu cacateux, ce ne sont ni les poulardins ni les gendarmes ( dans l'univers turcoman ça se dit zapties avec un accent aigu sur le e, je cherchais ça hier pour ma kouzine ekolo mais ça m'a échappé) mais le bon N.., notre gentil guide
On boucle nos porte manteau ( tiens ça aussi, porte manteau pour bagages, et aussi fontes de selles pour sacoches cavalières, quoique sacoches cavalières est encore potable) lesquels sont assez plats ( nous voyageons avec des dames, et quelles ! caracos bien remplis, yeux étirés jusqu'aux tempes par le maquillage, tout bien, en toute logique, elles devraient trimballer avec elles des effets, des attifiaux et de quoi régénérer leurs appâts, hé bien non, le strict minimum, culottes, brosse à dents), on démonte soigneusement les armes, on se porte vers les issues, un bédouin en civil, sans mushar ni kanthoura ( le mushar, c'est le torchon qui leur ceint le chef, la kanthoura, c'est leur robe,ample, qui va du blanc au beige) attend auprès d'un minibus en bon état

 

Sallalha, je sais pas si vous voyez comment ça se boutique
Une populace avantagée, une plèbe autochtone qu'on a un peu forcé au labeur, une plèbe importée, bien contente de pouvoir bosser contre rétribution, des marchands, des marchandises, des marchés, un port ( Simbad le marin), un aéroport où l'on voit parfois les participants des mariages tradis ( kanthoura, mushar colorés,. ceinture et badine, mais,du moins dans l'aéroport, pas de poignards dans la ceinture, les fatmas derrière, en noir comme il se doit), les résidences de mousson du sultan et des princes, bref, Tintin au pays de l'or noir, avec une petite note de coke en stock ( mais assez curieusement, très peu de noirs)
Le gentil N...monte avec nouzautres dans le minibus, le bédouin se met au volant et fouette cocher
D'un air de conspi, N... se penche vers moi "monsieur kobus, en raison de l'amitié qui nous unit, je me dois de vous prévenir que votre plan à la con, vouloir passer en Iran, ça me semble très con, et surtout très risqué, même si vous n'avez pas eu de problème pour rentrer ici, vous en aurez en arrivant chez les Perses, sans compter les risques de la navigation, je vous en prie renoncez à ce projet mortifère "
Tout ceci en un excellent vronzais et avec l'approbation muette de Blumroch, de Jean Eudes et des demi soeurettes de notre vampyresse Suzanna
Ha maverdave, faudrait il changer notre fusil d'épaule ?
Ça ne nous enchante guère
Un bref conciliabule entre nous et nous suggérons à N... "est ce une affaire de pincée de minéraux, après tout nous pouvons en fournir "
À la fois oui et à la fois non, si je savais qui corrompre, vous pensez bien que je m'entremettrais, ne serait ce que pour toucher ma part, mais, et d'une j'ignore quel fonxionère est susceptible d'en croquer ( n'hésite pas, glisse Blum, ils en croquent tous), de deux le boss au pouvoir chez eux est assez strict et de trois je vois mal par où passer

Kobus et ses sbires se trouvent bien emmerdés pour la suite des événements
Prendre depuis la pointe Sud d'Oman pour piquer vers le golfe persique et atterrir en Perse ?
Poursuivre vers la côte indienne après un long périple dans l'océan éponyme ?
Aller plus loin encore vers le golfe du Bengale,remonter les fleuves ( impassibles, les fleuves sont toujours impassibles, c'est du moins ce que disent les pouètes, ça et la criaillerie afférente aux sauvages) vers les sources et ensuite, de là, gagner l'Asie centrale puis la sainte Russie ?
Enquiller divers détroits pour gagner vers l'est,doubler Magellan et déboucher dans l'Atlantique Sud ?
Et pour celà il faut un bateau, à tout le moins une embarcation
On met les différents projets aux voix, après ça on m'accusera de nourrir des sentiments anti républicains...

 

Pendant ce temps, aux afwiques, en particulier sur les rives du lac Turkana, le grand karpatique se remet lentement, il constate l'inanité de son plan, consistant à garder captif comme reproducteur kobus
Il se replie donc dans un isolat, bien poudreux, avec sa fille, superbe femelle assoiffée de sang humain et de bites roides, et son petit fils, qui a poussé jusqu'à devenir un adolescent pustuleux mais vampyresque, qui saigne à l'occasion les peuplades vivant alentours
Pas les mursis bien sûr, puisque le cosaque Gogavline (Apo, de son prénom) les a tous liquidés au dragounov, mais des ethnies voisines ou circumvoisines, des sourmas ou des ghalebas, par exemple
Lesquels tentent d'exorciser la menace sournoise du vampyr, en se costumant en vampyr, précisément..... ils se recouvrent donc d'un mélange de glaise et de cendres, qui donne un aspect blanchâtre à l'épiderme,se dessinent des imitations de pustules sur la face, des zig zag sur les membres ( ce qui donne un aspect flou à la silhouette, reflétant la rapidité de l'attaquant), se charbonnent le pourtour des orbites pour se donner la ressemblance d'une tête de mort, puisque le suceur de sang représente la mort
Mine de rien, j'ai élucidé un mystère anthropologique, on dit merci kobus !

 

Ces peuplades avoisinant les rives du Turkana ont même dénommé le fils illégitime de kobus et de Suzanna "le têteur de jugulaire" ce qui en oromo peut se prononcer "niam guène" alors qu'en amhara, on peut tenter de dire "guène niang"
Mais je sais pas bien où on met l'accent tonique
En tout cas, la petite colonie résiduelle des karpatiques, appauvrie par la perte des demi soeurettes de Suzanna ( Emesse, Erzebeth et Vesna), mais aggrandie par l'arrivée du métis vampyro-gaulois, la petite colonie donc prends un nouvel essor
Les riverains du lac n'ont que très peu de contacts avec le monde moudern, et donc ne sont pas victimes des pollutions qui les ont empoisonnés, la migration dans ce trou perdu des afwiques a sur eux l'effet d'une cure de jouvence
De même, la consommation d'un sang à peu près sain et exempt de résidus de drogues et autres catabolites a un effet apaisant sur la libido de Suzanna ( ainsi que le vêlage semi récent) laquelle réussi à se mettre en couple avec Apo le cosaque Wagner, en dépit de son incapacité à garder les trois loustics kobus jean Eudes et Blumroch
Couple réussi puisque des étreintes conjugales ( tout feux éteints, chemise de nuit remontée jusqu'au nombril et missionnaire pudique) font peu à peu oublier les transports brûlants qu'elle a connu avec kobus, lequel était vraiment une épée de sommier
Pendant ce temps, l'épée de sommier en question, restée à l'abri de tout rayon lunaire, est redevenue ce qu'elle a toujours été, un pépère un peu amorti, pas bien méchant, foncièrement fidèle et monogame d'occasion
C'est surtout devenu, avec ses deux compères, le billet de sortie des afwiques pour les trois dames qui les accompagnent
Lesquelles ne doivent pas avoir beaucoup d'autres options puisqu'elles leur restent attachées, recherchant même la friction de leurs épidermes respectifs
Et, en dépit des conditions parfois précaires de leur périple, aucune ne s'est insurgée en disant "je veux rouler carrosse et loger à l'hôtel"

 

Commentaires

Kobus van Kleef > Trois petites remarques :
J'ai légèrement modifié la présentation pour la rendre plus claire.
J'ai laissé l'aparté sur le roman d'amour.
Je me permets de vous faire observer qu'à un moment vous passez à la première personne fusionnant les Kobus, narrateur et protagoniste.

Écrit par : Pharamond | 25/07/2022

//REMARK ON
Qui sait si Kobus van Cleef n'a pas vécu, au moins en partie, ces aventures aux Afriques, ce qui expliquerait la soudaine fusion entre les protagoniste et narrateur ?
Chamfort avait rapporté le phénomène avec cette anecdote :
//
-- La marquise de Saint-Pierre était dans une société où on disait que M. de Richelieu avait eu beaucoup de femmes, sans en avoir jamais aimé une. "Sans aimer, c'est bientôt dit, reprit-elle : moi, je sais une femme pour laquelle il est revenu de trois cents lieues." Ici elle raconte l'histoire en troisième personne, et, gagnée par sa narration : "Il la porte sur le lit avec une violence incroyable, et nous y sommes restés trois jours."
//
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 25/07/2022

Blumroch > Je crois savoir Kobus grand voyageur, mais les péripéties sonnent si vraies que je commence à croire à ton hypothèse.

Écrit par : Pharamond | 25/07/2022

J'aurais dit que trois jours,oui peut être
Enfin, par moment, trois semaines semblerait plus approprié comme durée

Écrit par : Kobus van Cleef | 26/07/2022

//REMARK ON
@Kobus van Cleef : A en croire la célèbre expérience de Tirésias, trois jours pour l'un peuvent sembler trois semaines pour l'autre : distique pour l'un, sonnet pour l'autre. Chez Blake, c'est "Eternity in an hour".
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 26/07/2022

Kobus van Cleef > Cela concerne votre homonyme fictif et priapique, j'imagine ;-)

Écrit par : Pharamond | 26/07/2022

Première et troisième personne sont des nombres zimpairs, ça me va bien
J'évite de m'appesantir sur mes vies et légendes, c'est, sommes toutes, barbant , surtout pour les autres
Les différentes propositions mises aux voix recueillent des succès mitigés
Poursuivre vers l'est jusqu'aux Amériques en doublant le kaporn semble irréalisable, là bas aussi il y aura des contrôles
Tenter la Perse jusqu'à Bassora ou bandar Abbas semble aussi hors de question
Poursuivre vers l'est, aborder la côte carnatique aux alentours de Madras puis longer la côte est et remonter jusqu'à Calcutta ( callicot en hindi), puis remonter le Hoogly vers les sources du Gange, via murdishabad, patna, allahabad, Agra, Delhi, ça c'est du solide ( c'est du sérieux aurait dit un jockey)
Et puis on pourra toujours visiter le Bengale, pas vrai ?

Écrit par : Kobus van Cleef | 28/07/2022

//REMARK ON
"En général, j'évite d'évoquer mes exploits, crainte d'humilier la société" -- remarque apocryphe attribuée à un Kobus van Cleef animé simultanément par la compassion, l'amusement et, sans doute, le dédain. ;-)
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 28/07/2022

C'est surtout que parfois, j'ai du mal à faire coïncider le vécu et le rêvé
Comme un bon psychanalyste, je joue souvent à forger des légendes ( après forgeur de néologismes et forgeur du dimanche -section instruments de kouizine -) dont je teste ensuite la vraisemblance sur mon entourage, proche et moins proche
J'avoue que j'ai un certain succès, surtout pour les légendes écrouies ( pas dorées,donc)

Écrit par : Kobus van Cleef | 28/07/2022

Kobus van Cleef > Vous être un rêveur ;-)

Écrit par : Pharamond | 28/07/2022

Mais tout à fait !
Lorsque la vie devient trop chiante, une évasion en son for intérieur vous libére rapidement
Bon, ensuite, le reste du monde a avancé pendant ce temps là, je vous le concède
Mais au rythme où vont les choses, lorsqu'y aura pu d'petrol' , pu d'électricité, pu d'netflix, je crois que la vie intérieure, la méditation, le repli sur son pré carré et son entourage proche, tout cela sera une façon de résilience
Ceci dit, il est possible que je me trompe
Et peut être lourdement
Mais du moins j'aurai essayé de pas trop nuire autour de moi
Ce qui n'a rien à voir avec le fait de forger des légendes
J'avais lu un bouquin d'un americain sur un fabriquant de légendes, universitaire employé par une agence quelconque
Le roman, assez long, écrit par un littel, homonyme de l'auteur des bienveillantes ( drolatique si on prend la peine de le lire dans cette optique puis de le relire après avoir parcouru l'entretien que vulve bandit avait eu avec l'auteur, dans Télérama je crois , verbatim "3 fois j'ai jeté le livre contre le mur,3 fois j'ai ramassé le livre pour reprendre la lecture..." propos de vulve bandit à littel) et du sec et de l'humide ( plus court et de meilleure tenue) raconte ce prof d'université recruté pour mettre un peu de chair sur les identités des espions que l'agence infiltre, de façon très originale, il insuffle dans l'un d'eux sa propre histoire de spécialiste de la guerre de Sécession, principalement par le biais d'anecdotes érudites portant sur des détails concernant les uniformes des belligérants ou la façon de démonter les différentes armes disponibles pendant le conflit
Ma légende favorite, c'est de me faire passer pour un sous traitant de l'agroalimentaire
Ça marche toujours, en voyage accompagné, en général pas très bon marché, flanqué de ma moitié qui affiche d'emblée la couleur hospitalo-universitaire, j'ai une paix royale pour les petits bobos usuels ou les polémiques épuisantes
Mais je remets parfois une couche sur la législation, les normes, la chaîne du froid, le personnel ( toujours impossible à recruter, que des feignasses), le contrôle qualité ( toujours pointilleux mais parfois pris en défaut, la preuve buitoni, et tant d'autres,ma bonne dame), le fisc ( toujours des emmerdeurs, votre premier mari était inspecteur ? alors vous voyez c'que j'veux dire), ça passe toujours très bien

Écrit par : Kobus van Cleef | 28/07/2022

//REMARK ON
Doctus cum kikipedia : le roman mentionné par le Kamerad Kobus van Cleef est probablement *Legends : A Novel of Dissimulation* par Robert Littell. On en a tiré un feuilleton :
https://en.wikipedia.org/wiki/Legends_(TV_series)

Il est assez simple de décourager l'adversaire qui tente d'engager la conversation, comme le démontre la nouvelle intitulée "A Defensive Diamond" :
https://www.gutenberg.org/files/269/269-h/269-h.htm

La défense à la Sheckley, dans sa variante Mun-mun, est très efficace, qui est exposée dans "Shall We Have a Little Talk ?" (les circonstances ne concernent toutefois pas les conversations importunes). Elle n'exige aucune imagination, seulement un visage inexpressif.

L'éloge d'humanistes tels qu'Attila, Gengis-Khan, Tamerlan ou Bourla comporte, à notre époque, des risques.
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 29/07/2022

Kobus van Cleef > Certes, quand nous sommes "ailleurs" le monde avance, mais vers où ?

Écrit par : Pharamond | 29/07/2022

@. L'ami Pharamond
Oui, effectivement, cette avancée du monde pose question
C'est un spin, une rotation, donc ça revient à sa position antérieure
Cyclique, en somme
Pendant ce temps, sous l'effet de la force centrifuge, bien des fourmis accrochées à la surface du globe terraqué auront été éjectées
Sauf si on considère la force d'attraction universelle, gentiment illustrée par Isaac Newton ( nioutonne)

Écrit par : Kobus van Cleef | 29/07/2022

N...nous arrange le coup, moyennant une pincée de minéraux bruts
et allez donc!
espérons que les suivants ne se montrent pas aussi gourmands...
on embarque donc dans un boutre, à moins qu'il s'agisse d'un sambouk, voire même d'un caïque
on est un peu surpris de la vétusté du rafiot, mais comme dit Blum "j'ai navigué sur bien pire, à Joinville lorsque je portais les couleurs du bataillon éponyme"
on le presse de questions, il préfère rester muet, nous n'en saurons pas plus
ce qu'on arrive à savoir, ou à piger, c'est que Simbad le marin, qui officie à la barre, est complètement largué
ça se couvre à l'est, ce qui n'est pas surprenant en ces temps de mousson, mais ce con là , au lieu de mettre le cap sur une terre proche , affronte direct le gros temps par la proue, en louvoyant puisque chaque fois qu'il se retrouve vent debout, la toile s'abat comme une merde de goëlan
mais fous donc à la cape, abruti!
tu parles....
lorsqu'il se décide enfin à virer de bord pour de bon, le désastre est consommé, les membrures de la barcasse ont déjà joué, le mat s'est abattu, ne reste que le tape-cul auquel nous tentons d'établir un semblant de toile, mais on est déjà dans le zyklon, hop le truc s'envole, on se plante en travers, une lame nous embarque par l'arrière, on roule bord sur bord, la vague suivante nous retourne, on chavire et on coule en un instant
fin (provisoire) de l'histoire

Écrit par : kobus van cleef | 04/08/2022

kobus van cleef > C'est abrupt.

Écrit par : Pharamond | 04/08/2022

//REMARK ON
Les producteurs ont cru voir fléchir l'intérêt du public et ont décidé d'arrêter les frais. Si c'est une fin, c'est une fin à la *Dexter*. :-(
"C'est abrupt.", en effet, sans même un cliffhanger !
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 04/08/2022

Blumroch > La chaleur a dû fatiguer Kobus. Dommage cette histoire aurait mérité une fin plus poétique.

Écrit par : Pharamond | 04/08/2022

Au contraire, ce n'est qu'un rebondissement
Mais retour au travail, obligations familiales, toussa, je manque de temps pour m'y remettre
Ce soir ou demain, la suite

Écrit par : Kobus van Cleef | 04/08/2022

Kobus van Cleef > Vous nous avez fait peur. Prenez votre temps.

Écrit par : Pharamond | 04/08/2022

Plus tard, beaucoup plus tard, le pasdar -matelot Darius ( prononcez dariouche) Pakrani, à bord d'une vedette des gardes côtes iranienne, le matelot donc, perçoit un scintillement dans sa lunette d'approche
Comme nos amis, la vedette a essuyé le grain, mais elle a survécu
Heureusement, sinon autrement, si elle avait coulé ou pire si elle s'était échouée sur une côte estrangere, ça aurait foutu un bordel pas possible,plaintes ternazionales,vituperations onusiennes et malgré tout démocratiques, menaces étatiques diverses
Avec le corollaire, familles des matelots emmerdées jusqu'à la moelle des os, assignation à résidence des rescapés,voire même prison
C'est pourquoi son pote, l'enseigne de vaisseau Mostafahi ( Cyrus de son prénom, prononcez cirouch') n'a pas lâché la barre pendant toute la durée du coup de tabaque, pas con le mec !
Il sait bien qu'il doit son grade aux bontées de l'Imâm du kortier,menfin faut pas abuser non plus ( d'autant que la fraîcheur de madame sa mère ne stimule plus l'homme de djieu dépeint plus haut, on se demande si sa petite sœur ne va pas être contrainte d'actionner ce généreux mécène ou bien s'il va pas falloir changer de mécène justement)
Cyrus en est là de ses réflexions, ça plus la nuit passée sur la dunette ( à peine un poste de pilotage de pêche promenade comme on en a chez nous), ça explique pourquoi il ne réagit que tardivement lorsque Darius lui signale la présence d'un amas de planches caisses et autres débris, à moins d'un quart de mile sur tribord
La sagesse voudrait qu'ils foutent le camp sans rien signaler
Pas vu pas pris
Ou l'équivalent dans la kultur Perse
Mais voilà, l'homme est un animal curieux et après une nuit dans la tourmente, les réflexes de conservation sont bien émoussés
Cap sur les bordilles, c'est sûrement un naufrage
Je signale ?
Surtout pas ! Imagine qu'il y ait un truc à récupérer....

Écrit par : Kobus van Cleef | 05/08/2022

Et dans une gerbe d'écume, la vedette vire sur tribord
Au bout de peu, le matelot énonce tristement "naufragés, cinq non sept, on aurait mieux fait d'ignorer, et en plus, les bordilles qui flottent ne valent rien, deux trois espars, une bouée... et dire qu'on perdra une journée à rédiger le rapport...."
Le cap'tain de la vedette est plus optimiste
"Y a des naufragés, on pourra peut être trouver un beau gosse dedans ?"
Il est temps de lever un secret, peut être honteux pour nouzautres ouest européens, hétérosexuels et, d'un certain point de vue, adorateurs d'Aphrodite, mais secret de polichinelle en ces terres où la femme, la fame,laaa faaammme, est banie de l'espace public, réduite à occuper l'espace privé en tant que mère, donc indésirable, enfin, qu'on ne peut pas désirer
Bref, ce secret qui n'en est pas un, le voici
Nos deux marins sont pédérastes, amants et amis par la même occasion
Ils s'en cachent, évidemment,car on connaît le sort des invertis dans les terres brûlantes du prophète, soit battus à mort, défenestrés, pendus, bref, j'aurais dit peu enviable
D'un autre côté, il faut bien que le corps exulte, et la manustrupation, si elle procure du fantasme et du soulagement, la manustrupation donc pêche très fort sur le versant diversité versus monotonie, voyez ?
C'est ainsi que nos deux marins, qui ont la tête du petit matelot Adriano Celentano de la gay pride de tel aviv ou de Berlin, maillot rayé, bronzage sans défaut, torses velus et dents brillantes, nos deux marins donc, envisagent avec soulagement l'arrivée de nouveaux partenaires
Et puis ça sera plus pratique, en effet,tentez une saillie expresse en gardant un œil sur le compas un autre sur le radar et le dernier sur le moteur....

Écrit par : Kobus van Cleef | 05/08/2022

bref, la vedette met en panne à une encablure à peine des naufragés
un ordre bref, le matelot couvre les nageurs malgré eux avec une moulinette à gros pruneaux, modèle antique certes, mais qui te découpe son homme d'une pression un peu appuyée sur la détente
c'est Simbad, le marin calamiteux qui grimpe en premier l'échelle de coupée improvisée
beau gosse, on peut pas le nier dans le genre local, yeux soulignés de khôl (mais après la trempette, ça lui fait d'étranges coulées, un peu comme une femme battue, voyez?), fine mostach' un peu équivoque, comme une conchita wurth, torse soigneusement épilé
Cyrus lui palpe l'entrejambe au passage, l'autre se laisse faire avec bonne volonté
mais si l'aspect du gus peut enthousiasmer les foules, ça n'est rien à coté de celui de Blum
là, Cyrus se sent fondre
grand, maigre et ....blanc!
blanc-blond, devons nous préciser
aryen, en somme
Cyrus se sent défaillir, il se mord les lèvres pour éviter de mordre celles de son vis a vis
il est vrai que la beauté se cache dans les détails, les fantasmes aussi, mais faut être monomane de l'amour homo pour voir en nos amis des objets de désir...
malgré tout, Cyrus redresse le buste et entreprend une fouille au corps
ses mais s'égarent, un truc dur, t'es content de me voir ou tu as un...?
perdu, c'est le deuxième terme de la question, l'ami, mano arriba!
et Blum de dégainer le makarov soustrait à Gogavline
lequel makarov après le temps passé dans l'eau, doit tirer des grenouilles, mais enfin, ça, pas moyen de le savoir, surtout pour nos deux marins de la république slamique, ils lèvent donc les bras au ciel
vous allez m'objecter que dans une vedette garde-côte l'équipage ne se limite pas à deux hommes
certes
un mousse se repose dans l'entrepont
précisons qu'il repose son fondement
oui, toutes les marines du monde fonctionnent comme des sociétés en miniature, c'est le plus jeune qui écope
d'ailleurs, il avait prévu de déserter, car il n'est pas certain qu'en se plaignant des assauts de l'enseigne de vaisseau et du matelot breveté, ce soit pas lui qui aie pas des ennuis, gardons à l'esprit que la mère du cap'tain est fortement liée à un imam de kortier
il voit là une occasion de faire d'une pierre deux coups, faire prisonnier les naufragés récalcitrants, liquider ses tourmenteurs et mettre leur élimination sur le dos de leurs invités
il se glisse donc vers le gaillard d'arrière, là où sont stockées les armes individuelles (fusils G3 en majorité, récupérés du temps du Sha)
ça pour être stockés, ils sont stockés
sous clé
exit donc la possibilité de faire des prouesses

Écrit par : kobus van cleef | 05/08/2022

son pied dérape sur un coran qui traînait là...alerté par le bruit, Blum le braque (encore une allitération riche), sans quitter des yeux nos deux invertis
lesquels ne mouftent pas
d'un simple mouvement du menton, il invite le mousse à se poser à terre avec les autres, le gosse se soumet

Écrit par : kobus van cleef | 08/08/2022

Tout ce petit monde se trouve à croupetons, sous la dunette, il y a Cyrus, Darius et, appelons le Abas, le matelot, plus le chat du bord, appelons le Hâtif, comme le djinn qui chante le nom des mourrants du lendemain
Je sais pas comment est le djinn en question mais le chat n'a pas l'air très batailleur, si c'est tout ce qu'ils ont a opposer aux rats....ratus norvegicus n'a pas trop de soucis à se faire
Pendant ce temps, les autres montent à bord, les trois demi soeurettes en dernier, et c'est trois fois Vénus sortant des ondes... ticheurte mouillé, longue chevelure dans laquelle les perles d'eau scintillent, bref, de quoi relocaliser Chypre dans le golfe persique

Écrit par : Kobus van Cleef | 10/08/2022

les esclaves n'haigres achetés à Zanzibar (à bon prix, je précise, les vendeurs, leurs frères de race, ont le sens des affaires), tous originaires du Kenya, font trempette au fond de l'océan ou servent de brunch à l'amicale confrérie des requins, espèce en péril s'il en fut, et donc intouchable, incriticable et surtout, surtout, protégée jusqu'à la moëlle des os
je suis certain que les organisations de protection de la nature pourraient faire un procès à notre négrier d'occasion, le Simbad amateur aux yeux soulignés (son aspect oscille entre celui de conchita saucisse et joni dipe dans pirates des caraïbes) de khôl, au motif d'une tentative de pescicide (encore un néologisme) par indigestion
pour l'instant, le bougre s'est accroupi avec les autres, il ne quitte pas des yeux Cyrus, prenant pour une manifestation de désir le rapide tripotage de paquet que l'autre lui a imposé de façon subreptice, lequel Cyrus ne quitte pas des yeux Blum
sur le mode chassé croisé pas amoureux (du moins pour l'un d'entre eux)
on tente de trouver un moyen terme, ou un truchement, ces langues orientales sont si fastidieuses lorsqu'on est pas locuteur habituel...
c'est Kobus qui s'y colle au moyen d'une carte et de forces gestes, il brasse de l'air, le bougre, incroyable!

Écrit par : kobus van cleef | 11/08/2022

Bon on est là, il pointe sur l'écran du radar de bord, nous tous, il mime une embrassade fraternelle avec les naufragés et les pasdars, on veut aller là, il se frappe le torse de la main puis pointe un lieu imaginaire loin vers le nord et l'est sur l'écran
Ce que vous devenez, ça vous regarde, il hausse les épaules, en avançant et en eversant la lèvre inférieure, mais nous, il se frappe à nouveau la poitrine, on veut aller là, il pointe derechef l'écran
Les quatre autres le regardent, incrédules, le marin nullissime et néanmoins n'haigrier, le matelot, l'enseigne et le mousse
Seul le chat du bord se lèche sous la queue puis se passe la patte derrière l'oreille, il va faire chavanne, comme on disait autrefois dans nos campagnes
Au bout d'un moment, devant l'air éberlué des persans, toute gloussante, Emesse fait le truchement
On aura la décence de ne point l'interroger sur ses connaissances,ni sur son passé, un gentilhomme prend l'existence comme elle se présente, et ses compagnes comme elles sont , avec noblesse ( au lieu de le faire à la cosaque, ce qui parfois, peut entraîner du ressentiment, et, plus sûrement, des échauffements, mal placés, en général)
Elle vient au rapport
"Ils peuvent nous balancer à un point connu d'eux seuls, mais ils exigent de nous accompagner, d'un autre côté,y a intérêt à faire vinaigre, ils ont déjà loupé une vacation radio et ce qui tient lieu d'amirauté doit déjà être à leur/notre recherche "
Ils veulent venir ? Plus on est de fous, comme on dit,allez banco, on lève le camp d'ici
Emesse traduit, les pasdars ne se tiennent plus de joie, comme le corbeau de la fable
Mais qu'est ce qu'il leur arrive, à ces crétins ?
Ils sont tout émoustillés de passer en occident et de pouvoir participer à la gay pride, ils ont déjà une idée pour un char qui devrait recueillir tous les suffrages, ils vous en remercient par avance et vous invitent par anticipation
Nous inviter ? À quoi donc ? À nous faire fumer le fion ? Plus souvent, ouais, qu'ils fassent route, pour le reste, Europe, pride et baqueroume de toute espèce, on avisera, le moment venu
Et sur ces fortes paroles, on met cap au nord
Fin provisoire

Écrit par : Kobus van Cleef | 13/08/2022

Un petit morceau musical accompagnerait bien la fuite éperdue de nos amis
J'entendrai bien le thème du "bateau" de Wolfgang Petersen, épopée tragique d'un sous marin nazi dans les eaux de l'Atlantique
Je crois d'ailleurs que le motif principal est dérivé d'une mélodie de Bartok, avec ensuite des variations sur de l'électro, mais j'en suis pas si sûr

Écrit par : Kobus van Cleef | 13/08/2022

//REMARK ON
Serait-ce le morceau auquel vous faites référence, Kamerad ?
https://www.youtube.com/watch?v=aKXi7f7AFmU
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 13/08/2022

Mais tout à fait !
C'est le thème idéal pour ce morceau de route

Écrit par : Kobus van Cleef | 14/08/2022

On fait un point rapide
On est censé être parti depuis Sallalha toutes voiles dehors vers l'orient, on se retrouve à l'orée du détroit d'Ormuz sur une vedette des gardes côtes iranienne , en grand péril puisque l'amirauté et les pasdarans peuvent nous choper à tout moment
On abat donc plein ouest vers le barhein en louvoyant pour tenter d'éviter les bouées acoustiques disséminées sur les hauts fonds et les radars de surface,. sacré boulot, mais l'EdV se l'est répété mille fois dans sa tête et lors de l'instruction pour les manœuvres d'infiltration du petit Satan
Car au delà il y a la saouderie, la saouderie et son régime corrompu,vendu au grand Satan américain, au Satan de première classe zionizte et, en règle générale, à tout ce qu'on déteste chez les Perses ( mais pas seulement chez eux)
La saouderie , quasiment l'unique objet de leur ressentiment, à la façon des tragédies du siècle d'or européen
Et donc voici nos pasdars, homosexuels de conviction, patriotes d'endoctrinement et marins d'occasion, qui foncent à 30 noeuds, abattant de bâbord à tribord en fonction de leurs souvenirs d'instruction et des repères mouvants qu'ils alignent de ci de là
Au bout de 10 nautiques, le moteur commence à chauffer, on peut le comprendre,l'EdV coupe donc l'arrivée des gazs, le bâtiment poursuit sur son ère dans une gerbe d'écume qui va en s'amenuisant
Là haut, un drone du grand Satan l'a repéré et plusieurs dizaines de milliers de kilomètres plus loin, un analyste du Pentagone, un pentaguy donc, s'en émeut, coup de fil est donc passé à l'amiral de la 6eme flotte
Lequel amiral, amical ou amoral, ça dépend du point de vue,flatte l'encolure d'une pouliche dans son box
Que la pouliche soit humaine, mineure, que l'amiral soit en uniforme d'Adam, que le box soit situé dans un bordel de Beyrouth, cela n'a rien à voir avec la suite des événements
Furibond, on ne dérange pas un amiral pour des vetilles pareilles, il se répand en invectives à l'adresse de l'analyste puis après un instant de réflexion, suggère à l'analyste de liquider la vedette et ses occupants, après tout,ne sommes nous pas les maîtres du ciel ?
Dans son bounquaire de l'Ohio, l'opérateur du drone entre les solutions de tir, la dérive du système, le poids résiduel de la bécane, appuie sur le bouton, un flash illumine son écran, c'est parti, missile largué....

Écrit par : Kobus van Cleef | 14/08/2022

l'image sur l'écran tremble,reflet des turbulences générées par le largage du bouzin , un bref moment puis un autre flash, détonation, colonne de fumée, mission completed
L'opérateur drone passe le message à l'analyste, lequel le relaie à l'admiral, il acquiesce, les yeux demi revulsés, engagé dans son histoire équine jusqu'au point de non retour
Dans les eaux du golfe, nos héros, leurs compagnes et l'équipage du garde côtes, ainsi que le chat et Simbad le crétin, ont ressenti la secousse du missile qui a détonné à 20 nautiques de là contre un pitroulier battant pavillon libérien, commandement philippin, armement maltais, équipage pakistanais, cargaison de 100 Ooo tonnes de brut saoudien, une synthèse capitalistique, depuis le chantier naval jusqu'à l'usine d'armement qui a sorti la bête qui l'a coulé
Interrogation, moues dubitatives, haussement d'épaule, qui a flingué qui, pourquoi, comment ?
Dans son silo de sa base de l'Ohio, l'opérateur drone se recharge une petite ligne de coke, de la bonne, directement d'Afghanistan en ce qui concerne la morphine base, puis passage mexicain pour le raffinage et l'élaboration du truc,revente en gros puis en détail par des économiquement faibles qui n'ont trouvé que ça pour subvenir aux besoins primaires dans le pays le plus riche au monde
Ceci explique peut être cela ?
En tout cas nos amis ne traînent pas dans les parages, ils devancent la pollution marine en longeant la côte des EAU puis abattent sur la côte saoudienne qui, comme tout pays autocratique, ont vu leur surveillance dévolue aux tribus locales

Écrit par : Kobus van Cleef | 15/08/2022

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