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22/02/2022

Carte blanche (37)

Laissée à Kobus van Cleef

La première partie est ici, la deuxième ici, la troisième ici, la quatrième ici et la cinquième ici.

 

Crépuscule des vampyrs et continent obscur

 

Sixième partie

 

C'est peu après l'extinction des feux que surviendra le premier assaut
Hullulements sinistres, détonations multiples, feuilles trouées par les balles, et déjà vendredi agonise, frappé au ventre, le pauvre bougre
Puis le vouf vouf des mortiers qui claquent au coin de la clairière, heureusement leurs assaillants ne savent pas régler le tir
Vlang
Et preng
Font les obus en détonnant
Nos braves ont d'emblée sauté sur leurs armes et ouvrent un feu parcimonieux
En effet, où est l'adversaire, dans cette nuit africaine, tu le sais,toi l'artiste ?

 

On éteint le feu puis on se rue à l'ombre, des silhouettes bougent au coin, là bas, on riposte, des râles d'agonie nous répondent, enfin on s'élance, Rosalie au bout du canon, pour un corps à corps furieux
Voyez l'ardeur des garçus, toute la furia francese, à la fois Duguesclin, Bayard et d'Artagnan
En face, ça tente bien de contenir la riposte mais peine perdue
Dans cette lutte ultime, le plus légitime l'emporte
Et ce n'est pas l'autochtone
À l'issue d'un dernier tir de mortier, une fusée éclairante, on contemple le champ de bataille
Jonché de corps sombres qui se convulsent dans les lueurs mourante de la fusée qui descend au bout de son parachute ( les lecteurs auront remarqué que j'use souvent de cette image, déjà dans Ragnarok un dispositif semblable avait alerté la troupe, l'explication est simple, dans les guerres moudern'c'est l'informatique, la communication et la radio, qui font des miracles et qui alertent, et moi, je sais d'expérience que la moudernitude, ça te lâche au pire moment, autant pas compter dessus)

 

Les assaillants ont été repoussés mais à quel prix !
Outre Black friday qui finit de consumer sa misérable existence sous les feuilles d'un banian ( ça n'existe pas en Afrique, vous l'aurez toudsuite noté mais j'ai trouvé que ça faisait bien dans le texte), notre ami et hébergeur transitoire, le gynécologue attaché à honorer son serment d'Hypocrate jusqu'au bout, hé bien, il n'honorera plus rien
Si, la terre d'Afrique sera honorée de lui offrir le repos ultime
Il gît, là, dans la poussière, il n'a pas eu le temps de nous prendre la main ( référence évidente au chant de la légion)

 

Le break 404 est détruit (wreked disent les angluches), diverses estafilades et chiffreneaux marquent nos amis survivants
D'un commun accord on décide de donner une sépulture décente à nos compagnons tombés, la terre est dure, parsemée de racines noueuses, grosses comme ma cuisse mais le travail se fait au lever du soleil lorsque la température est encore basse

 

Le soleil se lève sur les collines du Kivu oriental, séchant la transpi sur l'échine des fossoyeurs improvisés,. ils esquissent un sourire à la facétie du kamerad Blumroch, la fosse est assez profonde pour deux, on dispose les corps, une oraison funèbre expresse, un instant de recueillement et on rebouche
Puis on s'interroge
Tout à l'heure il y a eu des coups de mortier or nous n'en avons vu aucun, comment l'expliquer ?
On se met en quête
On trouve un affût renversé, trois cadavres alentours convulsés, exsangues, une indicible terreur imprimée sur leurs faciès
Nom d'un p'tit bonhomme, que s'est il donc passé ?

 

Car on les a pas touché ceux là, on n'est pas allé aussi loin dans notre contre attaque
Une seule explication
Les vampyrs !
Et puis ces n'haigres de cette nuit, qui sont ils sinon des simbas ?
Des sectateurs de Lumumba ?
Allons donc !
Plutôt des membres de l'armée de Jésus Christ et des saints des derniers jours ou de la Lord army
On sait que ça pullule dans le secteur
Surtout en montagne et en forêt

 

Car vous vous demandez ce que sont les simbas
Je comprends votre éberluance
Et je vais vous répondre dans un moment

 

Enfin, les funérailles terminées,nos braves tiennent conseil
Plus question d'y aller en voiture, puisque l'épave du break achève de se consumer
On fait un inventaire des possessions restantes, bien maigres, la provende a brûlé dans la voiture, les munitions sont bien entamées toutefois on pourra s'en fournir auprès des cadavres de l'autre camp, si les calibres sont compatibles ou, au pire, utiliser leurs armes ( jamais ! me crie dans l'oreille mon subconscient habitué du continent obscur, jamais ! ces cons là n'entretiennent pas leurs flingots, ils peuvent te péter dans les doigts à tout moment, ou alors ils manquent de précision)
Le matériel de couchage est quasi intact, cartes et boussole ont disparus
Une décision s'impose
Continuer par la route ou couper court par la forêt ?

 

D'un commun accord, on pique à travers la broussaille, vers le nord est, repère facile, les mousses sur les troncs et une boussole saisie sur un cadavre ( probablement un chef, il a un fétiche sous forme de sexe d'albinos desséché en pendentif, c'est en tout cas comme ça que Jean Eudes identifie la chose)
Et l'anabase commence
Nous sommes loin d'être dix mille mais à nous trois nous valons autant
Que dis je, nous valons plus, infiniment plus !
Il est vrai qu'un tel périple exige des hommes de valeur, à tout moment nous sommes arrêtés par des obstacles, ravine,ravins, cascades, pentes abruptes, taillis impénétrables, heureusement que nous avons pris nos machettes, faune menaçante pas heureuse d'être débusquer au gîte ( une famille de dos argentés nous laissera cependant le passage sans se soucier de nous)
Les jours sont étouffants, les fins d'aprèm et les nuits glaciales, on est en afwique et pourtant il pleut et il fait un froid polaire, en cause, l'altitude
Et la faim, dévorante, qui ne se calme que lorsqu'ils piègent du petit gibier ( pas question de gâcher de la poudre pour remplir la cambuse)
Et la soif, qui ne s'appaise que sous les cascades ( l'eau ruissele mais, ce n'est pas le moindre des paradoxes, elle est croupie et porteuse de miasmes et de parasites, seule l'eau vive semble potable et encore)

 

Heureusement, la région ne manque pas de bois mort, et le soir venu,nos amis éreintés et affamés se ressourcent autour de flambées homériques ( mais il n'ont pas fait de bûcher pour les funérailles du gynécologue honoreur de serment, allez comprendre)
Peu à peu, les pentes abruptes cèdent la place à des étendues plus valonnees, moins accidentées, on voit poindre parfois des fumées domestiques que nos braves ont soin d'éviter
Jusqu'à ce brasier pas très loin, dont l'odeur de rôti humain rabattu par le vent, allerte le trio
Ils avancent donc avec précaution, sous le vent d'une fumée grasse et lourde dont les volutes les submergent peu à peu
Ce fumet de barbaque grillée leur travaille l'estomac, eux qui n'ont eu que de la viande de brousse depuis bientôt 10 jours pour tout potage, c'est indubitable, mais ils savent aussi de quelle horreur elle est le nom
C'est pourquoi ils ne sont pas surpris en avisant, au centre d'une place villageoise ( et encore, c'est à peine un hameau) une pile de cadavres finissant de se consumer dans des postures grotesques, leurs assaillants à côté écroulés après d'imposantes libations
Une sentinelle, point trop alcoolisée, se redresse, l'index sur la queue de détente, elle est aussitôt neutralisée d'un magistral coup de machette qui lui sépare la tête du tronc, pas le temps de crier ouf
À côté, des corps encore vivants mais plus pour longtemps, ce sont les femmes, violées puis éventrées par les assaillants
Détail insolite, elles portent des tatouages sur les membres et le tronc, détaillant leur état civil, pour que les proches, en tombant sur un corps non identifiable dans la cambrousse, puisse leur faire un enterrement honorable
Ouais, barbare, c'est barbare
D'un autre côté, c'est l'afwique, c'est le Kassai, le Kivu, si Cacambo était là, il dirait "c'est à ce prix que vous avez des tilifones protables en Europe" , sauf que nous ne voyons aucun puit de mine à proximité

 

Bref les voilà devant ce triste spectacle
On regarde si l'on peut sauver quelques unes des malheureuses encore palpitantes, il semblerait que la perte de notre honoreur de serment nous ai fait perdre la vista du Dr chouette-zair, elles défuntent sans un mot, les lèvres entrouvertes les yeux mi clos et c'est une scène poignante qui voit ces trois gaillards, hommes d'âge et d'expérience, écraser une larme sur leurs joues creusées ( oui dix jours en forêt, ça amincit son homme, même kobus le rondouillard, comme quoi....) et mal rasées
On entasse les gisantes dans une excavation sommairement creusée, que la terre vous soit légère, femmes,dites au très haut, s'il existe, que tous les hommes ne sont pas tortionnaires
Se pose maintenant la question du destin des assassins
Que faire de ces bougres, lesquels commencent à émerger des brumes de l'alcool ( et peut être aussi du méthanol, on sait comment est distillé l'arrache gueule dans ces pays)
Tiens, les lecteurs vont voter, ce sera un exemple de démocratie participative ( gag !)

 

La mort, c'est votre dernier prix ?
Soit
Va savoir sous quelle forme, d'ailleurs
Car les gredins paraissent bien atteints, conjonctives injectées, souffle court, sclérotiques ictèriques, ventres ballonnés, pour un peu, on aurait pitié
Infectés par divers parasites ( plasmodium falciparum, ça cogne, en dépit de l'anémie falciforme, amoebia enterocolitica, et bien d'autres,dont j'ai oublié le nom) plusieurs hépatites virales ( et non pas les patates viriles) et toxiques ( alcool, drogues et champignons), hantés par des visions d'horreur et la culpabilité, plusieurs MST aussi, tu parles d'une bande d'éclopés
C'est plus ou moins l'état dans lequel se trouvait le ramassis de canaille qui composait les grandes compagnies de la guerre de 100 ans lorsque les employeurs ne versaient pas la solde au bout de plusieurs mois de campagne
Et comment les dépêcher ?
Et pourquoi ne pas en tirer profit ?( on voit là l'esprit utilitaire de l'européen matérialiste)
Jean Eudes entreprend donc le moins comateux dans la troupe des rebelles
Il tente une approche en wolof
Puis en bambara
Incompréhension du gonze, même lorsque Blumroch lui fouaille l'oreille du canon de son arme
On interroge Jean Eudes du regard, son truc c'est plutôt l'afwique de l'ouest, pas les grands lacs, lui le kinirouanda il n'en connais que le strict minimum, de quoi se commander un burger de viande de brousse à Butaré, pas plus

 

On presse quand même l'enfant soldat de questions, parle, ordure, tu vas causer, petit fumier,va !
Rien, il reste hébété, l'œil dans le vide puis, pris d'un accès palustre, il grelotte,convulse et meurt
Nous v'la bien partis avec des cocos de cet acabit, tiens, autant les liquider toudsuite, de toutes façons y a rien à en tirer et puis quoi, vous feriez route avec de pareils judas qui pourraient vous flinguer dans le dos, vous égorger dans votre sommeil, vous foutre du verre pilé ou de la peau de gueurnouille tropicale dans votre caféolé ?
Là c'est kobus qui cause, deux semaines dans la forêt et le bougre perd toute humanité
Ben vas y, flingue les,te gêne pas, mais je te rappelle qu'on n'a pas des masses de cartouches
J'ai une meilleure idée, j'en tire un au sort et je le charge d'exécuter ses comparses sur la promesse de la vie sauve
Et comment tu vas lui faire piger ça ?
Jean Eudes ici présent n'en a rien tiré, même avec son demi siècle d'afwique, c'est pas tes deux semaines qui vont te donner le don des langues,t'es ni Jésus Christ ni ses apôtres
On voit par là que l'aigreur s'installe entre nos frères d'armes

 

Et là, pendant qu'ils tergiversent, en alignant les récalcitrants à coup de crosse sur un axe imaginaire, en hésitant sur le choix d'un exécuteur, ils entendent derrière eux "stoï!"
En se retournant avec précaution, ils avisent une troupe d'européens, sous divers uniformes, qui les braquent, eux et les simbas, avec des flingues d'anthologie ( des FAL de la FN Herstal, c'est autre chose que les petoires ex soviétiques, mais c'est comme tout, faut en prendre soin, ainsi que le disait le sergent Hartmann "mon fusil c'est mon copain....")

Merde, que faire ?
Obtempérer,pardi, que veux tu faire sinon autrement ?

C'est avec rancoeur qu'ils déposent à terre leur armement, Jean Eudes plus récalcitrant que ses compères, en cause, la valeur affective de son purdrey

Deux hommes de la troupe nouvellement arrivée se dirigent vers eux, les entravent, les bâillonnent, les aveuglent, les poussent sur un chemin boueux alors qu'ils entendent le crépitement des FAL, les nouveaux venus ont décidé de ne pas s'encombrer des enfants soldats, pas d'état d'âme chez ces hommes énigmatiques, silencieux

On chemine ainsi quelques kilomètres sur une sente irrégulière,nos amis trébuchent, entravés et aveuglés qu'ils sont, on les remet sur pied sans brutalité ni tendresse excessive, on sent bien les professionnels, toujours ce silence, enfin ils sont hissés sur le plateau d'un pickup, les chevilles attachées à un anneau fixé à demeure aux ridelles, on leur détache les mains, on leur laisse bâillons et bandeaux, puis le convoi s'ébranle

Vers quelle destination, pour quel destin ?

 

Vous aurez remarqué que destin et destination procèdent de la même racine
Mais le fatum de nos amis n'a rien à voir avec une étude linguistique
Le pickup s'ébranle, projettant ses passagers involontaires contre les ridelles et on s'en va cahin caha comme ça sur un chemin bosselé
La route est longue, le soleil cogne sur les crânes dégarnis des prisonniers mais c'est le moindre de leurs soucis
Parfois un nuage intercepte le soleil ou une ondée les arrose, et toujours ce silence de la part de leurs geôliers

 

erreur, il eut été plus judicieux de les faire arriver sur zone au couchant, liquider la sentinelle, puis se faire kébra par les est-européens dans la foulée, ensuite les faire translater dans les chemins montagneux de nuit, embarquer dans le pickup et rouler, toujours de nuit vers une destination inconnue
bref
la lune éclaire cette troupe disparate, nos amis et leurs geôliers, rudes gaillards aux traits accusés et aux visages fermés (puisqu'on conduit de nuit, les prisonniers ne peuvent pas prendre de repère, pas de bandeaux sur les yeux), un seul cosaque garde la troupe, le FAl en travers des genoux et il veille avec assiduité, espère!
pas d'évasion possible, tant tellement la présence de cet homme est palpable, de temps en temps il s'assure que les liens des chevilles n'ont pas cédés, que les baillons sont toujours en place
du travail sérieux
alors que nos héros cèdent au découragement et au sommeil, en deuxième partie de nuit, on voit poindre au loin la rosacée de l'aube
au même moment le pickup s'engage à vive allure dans une ribbine de traverse vers des bâtiments longs et plats, on entrave à nouveau les poignets, on délie les chevilles et tout ce beau monde disparaît dans l'annexe d'une mission, on distingue le crucifix au mur et le tableau noir dans la salle de classe

 

les prisonniers sont amenés un par un devant un baquet où ils font trois gouttes d'une urine brunâtre, les pauvres chéris, privés de boisson depuis une demi journée, puis on entrave tout ce beau monde à nouveau, on masque les fenêtres et les fentes des murs et l'attente reprend, toujours avec le grand cosaque qui ne les quitte pas du regard

 

Commentaires

Il est nyctalope ce mec, pas possib'autrement, car il fait sombre dans la bicoque
La journée se passe, on entend les insectes bourdonner, les tôles du toit claquer en se réchauffant, mais bizarrement aucun humain ni humaines ( en général aux afwiques, c'est l'homme qui fait le plus de bruit)
Au crépuscule lorsque la température chute et que les fers à béton du bâtiment claquent, on les fait de nouveau grimper dans le pickup
Au bout de quelques heures cahotantes, on les débarque, on les aveugle de nouveau et la marche reprend
Pas pour longtemps, d'ailleurs elle est plus facile, aux cailloux et à la fluidité de la poussière sous les pieds succèdent le contact lisse du béton
Puis leur chaouch leur fait franchir une déclivité, une ou plusieurs marches
Les voilà dans une salle, de grandes dimensions si l'on en juge par l'écho répercuté par les parois, probablement du plancher au sol, pas de clim, un air un peu poussiéreux, pas bien chaud
On les pousse sur des chaises, on leur libère les poignets, on les soulage des bâillons puis des bandeaux

Écrit par : Kobus van Cleef | 23/02/2022

Ils sont là, à se frotter les paupières, ils s'avisent l'un l'autre, pas de bobo, toulmonde a l'air entier ?
On dirait, oui, on peut encore tenter quelque chose, en dépit du dépendeur d'andouille qui les couvre d'un air glauque et d'une petoire bien entretenue
Pas le temps, on perçoit des pas dans la pièce à côté, la porte va dinguer contre le mur d'en face, propulsée par une mâle assurance, et Blumroch fait son entrée
Un Blumroch vieilli de plusieurs décennies mais il porte encore beau, l'échine droite le regard clair la carcasse solide, le treillis ouvert sur un torse puissant, un Bruno Kremer en somme
Il se plante devant nos trois amis qui se sont instinctivement levés
Il vrille son regard dans celui de Blumroch, le vrai, qui ne cille point, puis dans celui de kobus ( il est pour cela obligé de pencher la tête) puis dans celui de Jean Eudes
Le cosaque lui approche un siège, il se pose et d'un geste très urbain, invite les prisonniers à en faire de même

Écrit par : Kobus van Cleef | 23/02/2022

Il s'éclaircit la voix,hum,hum
Nous nous rencontrons enfin, ceci dit, je ne vous ai jamais perdu de vue, suivi par drones, pisteurs indigènes, animaux de la forêt spécialement dressés, même les arbres, oui les arbres nous ont tenu au courant de vos aventures, déplacements et péripéties
Les arbres aussi ?
Évidemment, les arbres, what else ?
Bien, si nous pouvions revenir aux raisons de vos présences ici....
Le petit gros et le grand flandrin, nous savons, ils sont à notre recherche, l'universitaire en rupture d'Alma mater, c'est moins net, pouvez vous nous éclairer monsieur du gavrec de ponsac de clairencour de ceci et de celà ? (J'aurais bonne mine si ce patronyme existe réellement)
Jean Eudes dévisage son vis à vis et déclare calmement "il s'agit d'une curiosité toute scientifique, une curiosité anthropologique pour ainsi dire, l'ouest afwicain m'est plus que connu, d'autres horizons s'ouvraient"

Écrit par : Kobus van Cleef | 25/02/2022

//REMARK ON
L'auteur est réclamé par son clavier. L'auteur est réclamé par son clavier. Lecteurs en attente. Lecteurs en attente.
//REMARK OFF

Écrit par : Blumroch | 07/03/2022

le sosie de bruno kremmer le dévisage sans mot dire
il étend les jambes devant lui
"vous vous demandez, ou pas, pourquoi je vous cause au lieu de simplement vous liquider, ou de vous vider de vos sangs respectifs?
vous auriez raison de vous poser ces questions
et de ne pas les formuler à voix haute, mon opinion n'est pas encore arrétée, mais dans les grandes lignes, voilà la situation...."
il s'interrompt, son oeil , à l'instant vif et acéré, papillonne un peu dans le vide, sa bouche s'entr'ouvre
merde, il va pas nous faire une mort subite? un AVC?
les deux?
autre chose?
il se reprend
"en dépit de notre migration vers ce continent obscur, nous n'avions pas pris en compte l'évolution de l'humanité, pourri était le sang des européens, pourri est les sang de afwicains, avec un retard de quelques décennies, SIDA, drogues, parasitoses engendrées par la négligence des campagnes d'éradication des milieux humides dues aux indépendances...on peut dire que l'herbe n'est pas plus verte ailleurs, ou du moins elle jauni aussi vite"

Écrit par : kobus van cleef | 08/03/2022

"pour faire court, notre peuple se meurt, une fois de plus et aussi sévèrement que si nous étions restés au pays
sans idéaliser celui ci, d'ailleurs
nous ne sommes pas restés les bras croisés , vous pensez bien, nous avons déterminé qu'il fallait pas moins de 10 litres du précieux liquide pour maintenir l'un des nôtres en vie une seule semaine, avec un traitement dépuratif constant, un genre de dialyse voyez, qui extrait toutes les toxines, le truc est caché dans notre intestin, un genre de symbiote et ça nous fait des petites crottes que nous émettons à intervalle régulier, genre une fois par jour"
Kob's éclate de rire "oué, c'est un microbiote intestinal comme nouzautres, pas de quoi en faire une pendule"
une baffe assénée de main de maître le précipite à bas de sa chaise
"toi l'avorton ventru, tu le fermes, tu m'interrompt pas, ta mère t'as élevé avec les pieds ou quoi?"
penaud il se rassied
"nos scientifiques ont aussi induit une mutation dans l'hémoglobine qui rend dépendant à l'ingestion de sang, la même mutation que je porte, que nous portons, nouzautres vampyrs et que toi, Blumroch, tu devrais porter, si l'exposition aux rayonnement LGBT que tu as subi dans l'enfance n'avait pas fait muter à nouveau ton hémoglobine!"
les autres se dévisagent, Blum un vampyr?
on n'ose y croire!
il prend la parole "mais je connais mes pères et mères, je n'ai jamais eu peur de la lumière et je n'ai aucune accointance dans le milieu LGBT...."
"certes, il y a des choses que tu ignores, mon neveu éloigné, mais tu apprendras un jour"
"neveu? vous voulez dire que....?"

Écrit par : kobus van cleef | 08/03/2022

Blumroch > Je plussoie.

Écrit par : Pharamond | 08/03/2022

Et de quel rayonnement LGBT parle-t-on ?
Jamais exposé aux fiottes et autres folles, le Blum !
Bon, à l'alcool je dis pas mais c'est tout

Écrit par : Kobus van Cleef | 08/03/2022

Une chose en amenant une autre on apprend que les ancêtres de Blumroch, lointains ancêtres, furent karpatiques, que la mutation de l'hémoglobine s'est brutalement perdue ainsi que la photophobie, que de telles manifestations au sein d'un groupe homogène ne pouvaient pas être tolérées ( alors qu'aujourd'hui on tolère à peu près tout, à l'exception notable de l'expression des zopinions divergentes et choquantes) et donc que les arrières arrières arrières arrières grands-parents de Blumroch furent contraints à l'exil,exil terminé dans l'entre deux mers sur une parcelle de vigne qu'ils avaient bien du mal à faire prospérer ( là j'invente, mais on peut mettre ce que l'on voudra)
Où l'on apprend aussi que la combinaison des qualités défaillantes du sang afwicain, des parasites sanguins,du SIDA et des drogues est autant sinon plus toxique pour le métabolisme des vampyrs que la combinaison des qualités défaillantes du sang européen, des drogues, des toxiques phytosanitaires et du SIDA

Écrit par : Kobus van Cleef | 09/03/2022

Où l'on apprend, toujours,. qu'en dépit d'un travail acharné, effectué par des chercheurs vampyrs de jour et de nuit, dans des labos installés sur les hauteurs de Léopoldville, alimentés en courant par une zentral nukleer laissée en dotation par les belges à la décolonisation, alimentée en matériel humain par les n'haigres que les membres du groupe Wagner vont razzier la nuit ( il faudrait revenir sur cette accointance vampyrs groupe Wagner), en dépit de tout cela donc, les chercheurs ne sont pas parvenus à obtenir un résultat stable, robuste et définitif, la mutation de l'hémoglobine est donc parfois réversible, parfois pas, le dispositif inséré dans la lumière de l'intestin et destiné à épurer les toxines n'est pas toujours bien toléré, bref, et vous vous en doutiez, l'heure est gravissime et ils ont besoin de, de, de....?

Écrit par : Kobus van Cleef | 09/03/2022

Oui, d'expérimentation
Sur des humains
De phénotype avoisinant, puisqu'avec les n'haigres,rejet Habsolu et définitif, l'injection du modificateur génomique a entraîné au mieux un état de mal convulsif au pire une mort subite ( ou l'inverse)
Quant à l'implantation du symbiote intestinal, il s'est autonomisé, a bouffé les cobayes par l'intérieur pour ressortir par la bouche, une abomination, même pour des n'haigres
Quelque chose à voir avec l'ARNmessager, l'activation de la fraction idoine du complément et toutes ces merdes immunologiques et épigenetiques que nous ne maîtrisons Habsolument pas,quoi que nous prétendions, la folie du rhume 19 en attestant

Écrit par : Kobus van Cleef | 09/03/2022

Alors bien sûr, des courageux chez nous ont tenté l'implantation du symbiote..... pas réellement efficace, mais pas agressif, enfin, pas autant que chez les n'haigres, au pire, il est déféqué dans les semaines qui suivent, comme un gros vers solitaire, d'un volume conséquent ( il mime, on s'extasie devant la taille de son avant bras, couvert de poils argentés)
Mais pour le traitement génique, enfin la restimulation de l'expression génomique de la mutation.... personne n'a tenté
Voilà le marché que je vous propose, vous acceptez l'innoculation du traitement génétique, nous vous surveillons le temps nécessaire pour évaluer et, dans la mesure du possible,traiter d'éventuelles complications, nous vous relachons pour une étude dans le milieu naturel, puis nous vous implantons le symbiote
Si vous acceptez, vous serez des nôtres, vous serez des héros, Blumroch sera à l'honneur de sa lignée, il aura réparé un tort survenu deux siècles en amont
Dans le cas contraire, vous serez vidés de vos sangs respectifs,car nous les présumons moins toxiques que ceux de nos gibiers usuels, ni parasites, ni SIDA
Kobus s'exclame "ha, mais on peut pas savoir, moi par exemple, j'ai enfourché une délurée y a pas quatre semaines, et j'ai chopé une chtouille grandeur nature"
Une deuxième baffe le fait derechef choir de sa chaise
"Il est infernal votre pote, il a jamais appris qu'il fallait pas interrompre ceux qui causent ? Bon, on commence par lui !"

Écrit par : Kobus van Cleef | 09/03/2022

Le cosaque Wagner l'empoigne par une aile, kobus se rebiffe, comme un cave, bien mal lui en prend, une grêle de coups s'abat sur son museau, mais tu parles si ça le ralenti... jetté à terre il boxe le mec directement dans les roustons, déjà pas très coloré, l'autre verdi, éructe bruyamment puis tombe sur les genoux,ni une ni deux, Kob's lui claque la trogne sur le sol et tente de lui soustraire son arme, qu'il a gardé à la bretelle, récalcitrance,ahanements de part et d'autre, Bruno Kremer en profite pour, d'un maître coup de grolle, annihiler tout espoir de victoire du kobus
Il sombre dans l'inconscience

Écrit par : Kobus van Cleef | 10/03/2022

fondu enchaîné....ça tourne dans sa gogne, nausées, élancements divers, étincelles à la périphérie du champ de vision
merdasse , que s'est il passé?
à poil, étendu les bras en croix sur une table orthopédique, un gros cathéter dans le bras doit, un tensiomètre à gauche, un oxymètre de pouls au majeur....il lève les yeux....un chariot de réa antédiluvien avec le dèf' le set d'intubation, le draeger tout prêt....
mon pauvre Kobus il est temps d'entamer ton péan funèbre, pas certain que tu puisses écrire la fin de cette aventure

Écrit par : kobus van cleef | 11/03/2022

Un vampyr, totalement albinos s'approche, à la main, une éprouvette contenant un liquide bleu cobalt avec des reflets mordorés
Non de djieu, kes ke c'est ke c'truc là, encore ?
Il prélève la totalité du liquide avec une seringue ( 60 cc comme celles qu'on utilise en réa dans les pousse seringue) il connecte à la perfusion et hop, il pousse le tout allègrement, pas le temps de faire ouf, le gros kobus est expédié dans les pommes, les limbes, il se décorpore, se voit depuis le plafond, avec les alarmes qui couinent et le staff qui s'agite autour
Puis silence
Obscurité

Écrit par : Kobus van Cleef | 12/03/2022

On va l'perdre, on va l'perdre, on va l'perdre, l'perdre, perdre,erdre,dre...
On l'a perdu, perdu,du, du,du....
C'est sur ces échos catastrophés que notre ami s'éteint
Le scope fait un dernier bip puis ligne plate
On a balancé de l'adré, des bicars, de l'oxygène, on a massé, rien, que dalle, la carcasse ne répond plus, le moulin ne repart pas
Merdasse de merdasse, y a une incompatibilité immunitaire, encore une
Les mecs débranchent le de cujus,hop on retire les cathéters, la sonde trachéale, on coupe le Draeger qui faisait stupidement pchit pchit pchit ( en plus lent, c'est le rythme de la respi idéale)
Ils interrogent le grand vampyr qui ressemble à Bruno Kremer ( et que,par commodité nous avons décidé de renommer Bruno Kremer) , "on passe aux autres ?"
"Non pas, il n'en reste que deux et puis l'un est un neveu éloigné"

Écrit par : Kobus van Cleef | 12/03/2022

On pousse le cadavre tout chaud sur son brancard, vers une autre pièce
Un peu déglinguée la pièce,trous dans le toit et les murs, peut être des séquelles de la guerre du Kivu ou bien la décrépitude des zindependances
Les vampyrs tiennent conciliabule à côté, sans se cacher ni baisser d'un octave
Mais le bruit de la conversation n'atteint pas kobus qui, visiblement,entame son dernier voyage
D'abord son ventre dégonfle, spectaculairement, alors qu'en général c'est l'inverse
Puis sa pilosité semble s'accroître, à vue d'œil
On sait que la rétraction cutanée peut donner l'illusion que les poils poussent chez les Macchabées, cependant c'est un processus assez lent, ça n'arrive pas dans les 15 minutes après la mort
Enfin,sa peau blanchi,y compris le coup de soleil sur la calvitie, puis elle tourne au bleu
Et lorsqu'on dit bleu, c'est bleu
Ses lèvres se retroussent, des cannines pointent vilainement
Bon gû, mais kes kis passe ?
Les necrophages ne l'approchent pas,ni caliphora viccinaria ni caliphora mortuaria, les bestioles ont même tendance à déserter le coin, mais ça ne touche pas les vampyrs à côté qui déblatérent de façon de plus en plus véhémente
Enfin un rayon de lune touche la paupière..... elle s'ouvre,cling, d'un seul coup
Si on était au Kino, il y aurait un effet musical, des cuivres ou des cordes, cliiiiing !
Mais on est dans la vraie vie et pas un bruit ne vient ponctuer la renaissance de kobus
Il ouvre l'autre œil, le regard bêtement fixé au plafond, ça papillonne un peu, puis ça se fixe, le temps de constater que l'iris est devenu rose, albinos, si vous préférez
Il remue ensuite les mains, les doigts, les épaules, soulève une jambe, l'autre, inspire profondément, lâche un gaz, un autre, fini par s'asseoir sur le bord du brancard
Il est effrayant à voir, éfflanqué, la peau bleuâtre, les dents qui dépassent, des poils blancs, des yeux roses
Le mort qui vit, c'est pas une miss France, c'est une exhumation !
Souple comme un lingot de fer brut il glisse à terre, le brancard va dinguer contre le mur, la conversation avoisinante s'interrompt aussitôt, un bruit de pas, on vient, où se cacher ?

Écrit par : Kobus van Cleef | 13/03/2022

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