03/02/2025
Carte blanche (64)
Laissée à Kobus van Cleef
Crépuscule des vampyrs et continent obscur
Trente-quatrième partie
pour le coup, c'est le contrôleur qualité qui radine, escorté par un chaouch d'allure assez conventionnelle aux enfers, pieds fourchus et petite queue noirâtre et mobile (mais pour le reste, il a l'air d'un vronzais comme vouzémoi)
le contrôleur prend le temps de faire le tour du troupeau, de noter chaque imperfection, bavure ou approximation dans le trait
il pince le cuir des porcelets qui grouinent, pour l'occasion
Allez, pour la maîtrise, ça passe, quoique....pour l'inspiration, ils verront ça au service marketing, par contre, pour les délais....vous êtes clairement pas dans les clous, les p'tits gars, j'ai vu des feignasses depuis que je fais ce job de pauvre, mais là....vous vous êtes arrêtés pour pisser ?
Ou alors vous faites la grève du zèle ?
Faut le dire, hein, les damnés ont des droits, avec l'aspiration mondiale à la démocratie, vous pouvez recriminer, et même pétitionner
Quoique, les autorités supérieures n'en aient rien à carrer, bien sûr
Vous embarquez les gorets vers leur dernier voyage et vous réceptionnez les suivants, ça ne traîne pas, on se réveille !
Pris encore une fois à froid, avec la menace de transformer les gentils suidés en sac à main pour influenceuses à gros nichons, nos amis disjonctent
Un boulot dégradant, pour eux qui ont connu le vent de l'aventure, et qui plus est, à la chaîne, dans un ergastule médiéval, trop, c'est trop !
La révolte précédente, c'est le petit kobus, sous sa forme infantile, qui l'avait initiée, celle là, c'est l'ensemble des gars, sans oublier les avatars féminins ( la fille patate, la traductreuse nattée piercée et tatouée)
Bref, comme disait fidel castro, une colère multipliée par une foule, ça fait beaucoup de colère
On t'empoigne le contrôleur qualité et son chaouch démoniaque, on leur déchire la chemise comme à des vulgaires DRH de chez air France et direction les autorités supérieures
Qui nous attendent
Évidemment
Bureau bien astiqué, secrétaire à lunettes allongées par dessus lesquelles elle feint de nous ignorer, graphiques d'activité pendus aux murs, rien à voir avec l'accueil crapoteux qui nous a été fait tantôt
Voilà, lorsqu'on sait s'exprimer, ça paye, on se fera pas poirer comme des gilets jaunes
Une calotte sur l'occiput du contrôleur, une autre sur celle du chaouch, histoire de mettre les choses au point
La soubrette qui tient le rôle du cerbère trotine jusqu'à nous, ça fait trembler ses loloches de la belle façon mais tu nous connais, de superbes épouses nous attendent, alors bon
Le patron va vous recevoir, sussure-t-elle avec un sourire démoniaque
Donnez vous la peine d'entrer
Et comment, qu'on se donne la peine, on pousse la porte, et, comme dans tous les bouquins poulardins, on entre
Et là, derrière un bureau ministre, ordinateur écran plat et pot à crayons en cloisonné chinois de la belle époque, assis dans un fauteuil anatomique, vêtu de lin blanc, LE charpentier !
Oui, le charpentier de tout à l'heure, mais avec quelque chose de plus
LE CHARPENTIER, quoi
Oui, vous avez compris, celui ci et celui là ne font qu'un, à de subtiles variations près
Une robe serrée à la taille, des sandales au lieu d'un falzar de chantier et de croquenots à bouts renforcés, mais c'est bien tout ce qui les différencie
oui, bouche bée
et le petit kobus plus que tout autre, lui qui a pour habitude de rester coi, c'est comme s'il avait avalé sa langue
Blum s'y colle cependant, et pousse son ramage
"dites moi, patron des lieux infernaux, ne seriez vous pas aussi celui des cieux radieux? j'avoue que j'ai du mal à suivre et mes compagnons itou"
le charpentier se renverse dans son siège tournant, il pivote d'un demi tour (soit 180°), ne pipe mot , soupire puis se résoud à jacter
"regardez ça dehors....les enfers, le tardenois, la guéhenne, le purgatoire....il faut bien quelqu'un pour administrer tout ça , réguler, orienter.....ça se fait pas tout seul.....au départ, rien de tout cela n'existait, puis j'ai créé, enfin, mon père a créé, enfin, mon autre moi, sous forme du père à créé, ce furent le ciel, la lumière , le verbe, là je vous cause en désordre, mais le tiercé a payé quand même, il y a eu du rebut, vous vous en doutez, après tout, vous aussi, vous avez travaillé de vos mains, ce qui marchait , hop dans le monde, ce qui merdait, vlan au rebut , en enfer, ce qui marchait trop bien, direct paradis...puis est venu l'homme, cet emmerdeur, attachant, certes, mais emmerdeur, que vouliez vous que j'en fasse?...dans le monde, bref, pour vous la faire courte, je suis moi et lui, Jésus et Lucifer , et comme dirait un petit banquier niqueur de vieille, en même temps...voyez, c'est simple, ça permet de jouer sur tous les tableaux, maitrise des flux, régulation des entrées et des sorties, expansion territoriale et emprise immobilière, le paradis s'accroît de même que les enfers, on a bien tenté un syncrétisme avec les bouddhistes, genre recyclage des âmes, histoire d'éviter la surpopulation, mais ça n'a pas marché..."
mais pourquoi en ce cas vous escrimer à garder ce décor désuet? pour l'enfer, je veux dire?
là c'est kobus, avec sa voix de jouvenceau prépubère, qui l'apostrophe
mais parce que c'est indispensable, mon garçû!
imagine-t-on la vatican (une succursale, pas très propre, d'ailleurs) sans mecs en collants rayés violet et orange? le pont du charles de gaule sans matelots avec bacchis et vestes en coutil bleu? l'élysée sans pédérastes cocainés?
non, bien sûr
alors l'enfer ça va avec les diables aux pieds fourchus, les brasiers et les étendues gelées, j'en ai d'ailleurs beaucoup rebattu depuis vaticon numéro deux
Ha pourtant, les diables aux pieds fourchus et à la virilité sur dimensionnée, ça peut être sympa....là, c'est la fille patate qui a chuchoté dans son menton grassouillet en pinçant la cuisse de pasdar Ali, le plus proche
L'autre, pas à la traîne, lui souri, lui gobe la bouche d'une gamelle d'anthologie en lui effleurant la croupe, qu'elle a large et déjà tombante, comme hélas les filles d'occident soumises au régime pizza télé sodas
Malgré tout, ils irradient tous trois d'une bonne humeur quasi conjugale ( lorsque les factures sont payées, les enfants sont au lit et qu'il y a un peu de pognon d'avance dans l'escarcelle du ménage), les traits ingrats de la bouboule suédoise pourraient même passer pour agréables
Ce que c'est que l'amour, hein !
Le charpentier considère le trio, amusé
Il fouille dans les tiroirs du bureau directorial, trouve un cigare, un véritable barreau de chaise ( un partagas numéro 3, vu d'ici mais c'est compliqué), en décapite l'extrémité au cutter ( un xikar avec des parements en ivoire de mammouth), l'allume avec un briquet gaz, tire la première bouffée, se passe la main sur le visage puis recrache la fumée par le stigmate
On sursaute, ça surprend
Il acquiesce, son œil pétille, il se fend d'un sourire puis nous assène "à quoi bon mourir sur la croix si on peut pas se livrer à quelques facéties ?"
C'est vrai, y a une logique là dedans
hé tiens, je peut vous le faire avec le pied, si vous voulez..
non, non, merci, on saura s'en passer
ça nous agresse un peu dans notre vécu d'anciens chrétiens
ou de chrétiens actuels, allez savoir
le charpentier n'en a cure, il se contorsionne, semble embrasser son talon droit, effectivement, ça soulève sa robe, qui, bien que serrée à la taille, dévoile une cheville d'Adam de bonne taille et deux burnes poilues sans défaut, on suppose que Marie-Madeleine a dû apprécier, puis souffle deux ou trois ronds de fumée
ça va se perdre au plafond
nos regards aussi, parce qu'entre nous, on est pas très à l'aise d'avoir entrevu l'intimité du sauveur
et pourtant, sur la croix, il est souvent dénudé
mais jusqu'à la ceinture, à l'exclusion du reste!
alors que les divinités antiques, celles qui ont été anihillées dans le ragnarock précédent, elles, se montraient sans pudeur, du moins aux yeux des sculpteurs
les déesses antiques aussi
et y en a des bien foutues
pas comme nos influenceuses internet qui secouent d'énormes quantités de glandaille sur des torses maigrichons et des hanches réduites à la portion congrue
comme on dit "la Vénus de Milo, sinon rien"
ou un Rubens, à la rigueur
Et voilà que nos amis, le petit kobus maigrichon retourné en enfance y compris, se mettent à soupirer, c'est qu'ils se repensent à leurs belles compagnes, caracos bien remplis ( mais sans excès), peaux blanches ou constellations d'ephelides (pistrouilles en roumain, frekels en angluche) hanches généreuses et taille fine, bref des beautés antiques en chair et en os
Seul problème, mais de taille, comment rejoindre nos aimées ?
Le charpentier, qui lit dans les pensées, du moins les nôtres puisqu'il est omniscient se cale un peu plus loin dans son fauteuil (à roulettes, oreillettes et accoudoirs, le top du fauteuil directorial, on est loin du mec qui se cassait la tête sur le planning des chantiers), tire une bouffée de son partagas, lâche trois ronds de fumée sans exentricité , ferme ses mirettes et laisse tomber....y aurait bien une solution, mais je vous cache pas que c'est risqué....et exceptionnel, comme autorisation
faut faire une mutation sur le site de réincarnation, en principe les humains en sont exclus, mais si je vous transforme en animaux, ça peut se tenter...ou alors je vous déifie? mais faudra que vous trouviez des crédules pour assumer votre culte...ça peut se tenter aussi, regardez pour moi, par exemple...
alors, par qui on commence?
tiens, le p'tit gars, là, volontaire pour une transmutation oblique?
on sait pas bien où ça aboutira mais on tente
zag!
un éclair, une fumée avec des étincelles, vous allez dire que ça se renouvelle pas
une odeur de cognac de la bonne année, celui qu'on utilise pour la poularde demi deuil, un bruit....blanc, une absence de bruit, plutôt
on ouvre les yeux avec précaution...où est passé kobus?
Pas dans la pièce, en tout cas
Le charpentier pianote un truc sur son bureau, clic clac, fronce les sourcils, gratte sa barbe, fait pivoter son siège, l'air emmerdé un peu quand même
Disparu, votre pote, les mecs, pas au paradis, aux enfers, ni dans les limbes, c'est écrit là
Là, où ça, Là ?
C'est Blumroch qui ergote
Hé bien, là, sur le logiciel de recensement des âmes, développé par gougleule et qui m'a coûté un myon de thalers, plus le dixième chaque année en maintenance, c'est pas des blagues, la facture est à votre disposition
mais alors, où est le petit kob's?
on décide d'initier une recherche, le charpentier appuie sur l'interphone pour convoquer sa secrétaire
bzz bzz bzz
mad'moizel gestetner, alors merde quoi vous répondez? vous avez fini de lire le courrier du coeur de mimi mathy?
bordel de moi, mais kes kel fout?
on se transporte dans l'antichambre du charpentier
la secrétaire, bien lochée, est installée sur le dos, sur un coin de bureau, la jupe remontée jusqu'au nombril, et un kobus un peu vieilli, couvert de boutons d'acnée, genre adolescent de 15 ans, la sert avec de grands coups de reins sous ses grognements approbateurs
le charpentier tape dans ses mains, le kob's décule, exposant une cheville d'Adam de bonne taille, ruisselante de cyprine, alors que mad'moizelle gestetner lâche un prout vaginal un peu glaireux
mouais ? kobus interroge le charpentier pendant que la gironde sous lui amorce un frisson libérateur
17:27 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Désolé c'est un peu animal, mais ne sommes nous pas des zanimos dotés de raison ?
Enfin, pour la raison, c'est largement en option
Tel le kobs, qui argumente avec le charpentier
Allez, laisse moi une minute, je la finis et je suis à vous, comme le hareng est à l'huile
Pour le hareng, un discret fumet de marée basse nous agresse les naseaux, pour l'huile, une humidité visqueuse couvre les deux partenaires, on dira que c'est suffisant, remballe ton bazar, garçu, on a école
En maugreant, l'ittération du kob's ( 15 ans, con comme ses pieds, squelettique, plein d'acné, rétif à toute autorité, laid comme un pou, viril à faire rougir un pornostar) se rebraguette, fait disparaître ses organes dans ses fringues (forcément usées et crasseuses), se redresse
Une mimine exploratrice dans le giron de mam'zelle gestetner, une promesse sussuree à l'oreille ( penses za moi qui pense za toi, je reviens sous peu) et voilà notre contre héros qui emboîte le pas à l'aéropage des caciques des enfers
Écrit par : Kobus van cleef | 03/02/2025
Écrire un commentaire