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27/04/2023

Pépiements (77)

Le lundi 1er mai je n'irai pas manifester. Les défilés hebdomadaires j'ai testé leur inefficacité avec les Gilets jaunes et les anti-pass. Seules les grèves et les actions musclées peuvent remuer le pouvoir, or le mouvement contre la réforme des retraites s’essouffle. Les organisations syndicales veulent sans doute y redorer leur blason passablement terni en montrant qu'ils sont unis et qu'ils comptent encore de nombreux d'adhérents mobilisables. La belle affaire ! Les syndicats avaient leur mot à dire quand les médias et les intellectuels étaient de leur côté, quand à l'est il existait une Union soviétique qui faisait tout de même peur ; cette époque-là est révolue et il va falloir se le faire entrer dans le crâne.

26/04/2023

Pépiements (76)

IMG_20230425_181116.jpg

J'ai pris cette photo hier dans la supérette située près de chez moi. Que 100% des enfants représentés soient issus des "minorités" ne prouvent aucunement une volonté propagandiste des publicitaires, mais s'explique peut-être tout simplement par la difficulté de trouver un modèle leucoderme en bas âge en France aujourd'hui.

24/04/2023

Cavalière

Cavalière.jpg

21/04/2023

Pépiements (75)

J'ai trouvé ces quelques lignes du dernier livre de Patrick Buisson, Décadanse, sur le net :

     Je suis un « boomer ». J'appartiens à la race maudite. Celle des enfants gâtés des Trente Glorieuses. Celle des profiteurs de paix et de prospérité. Celle du nihilisme encensé et de la transcendance congédiée. Celle du trop-plein de marchandises et du vide spirituel. Celle qui a détruit la beauté en toute connaissance de cause, c'est-à-dire comme la condition même d'une vie intérieure. Celle qui a discrédité tout ce qui portait sens et tout ce qui donnait forme. Celle qui a rompu avec la tradition et dilapidé l'héritage.

C'est en grande partie vrai et après ? Quand on voit le parcours du personnage on peut se dire que faire un constat même lucide ne coûte pas bien cher et ne sert à rien.

 

19/04/2023

Pépiements (74)

Ce midi je suis allé déjeuner dans un restaurant italien et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir au moment du désert qu'il y avait une glace nommée "Il duce". Évidemment c'est ce que j'ai commandé et je n'ai pas été déçu ; elle était excellente.

Duce (2).jpg

Carte blanche (54)

Laissée à Kobus van Cleef

Crépuscule des vampyrs et continent obscur

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Quatrième partie

Cinquième partie

Sixième partie

Septième partie

Huitième partie

Neuvième partie

Dixième partie

Onzième partie

Douzième partie

Treizième partie

Quatorzième partie

Quinzième partie

Seizième partie

Dix-septième partie

Dix-huitième partie

Dix-neuvième partie

Vingtième partie

Vingt-et-unième partie

Vingt-deuxième partie

Vingt-troisième partie

 

après l'abandon de nos carioles et de nos montures, sagement décidé par le collège des vampyrs, vampyresses et pasdars (nouzautres, pauvres humains sortis de nos biotopes respectifs, l'europe occidentale pour blumroch et kobus, l'afrique de l'ouest pour jean eudes, nous ne sommes plus bons à rien) nous nous retrouvons donc démontés, piétons
un comble, lorsqu'on connaît jean eudes, cavalier émérite qui montait quotidiennement aux afriques
il nous restejuste assez de jus dans les cannes pour nous traîner jusqu'à un gasthauss qui pousse pas loin de la route
à travers le crépuscule et une pluie fine et détestable, on aperçoit des lumières, on pourra donc se restaurer
on pousse donc la porte, salle enfumée (non, les prohibitions du tabaque édictées par die grosse kommission n'ont cours ici), pas du tout le pittoresque karpatique ou oriental, mais la pseudo modernitude crasseuse des rescapés de l'ère soviétique
imagine toi des néons clignotants, du formica et une estrade sur laquelle une malheureuse , la peau marbrée d'échymoses transparaissant sous le maquillage, se trémousse en prenant des mines extatiques, vêtue d'un string et d'un bustier trop étroit
le tout nappé d'une sauce musicale épaisse et sirupeuse, à base de vociférations à l'accent banlieusard sous les poum poum d'une boîte à rythme
le meilleur des deux mondes, pas vrai?

 

j'avais oublié les talons aiguilles au cuir écorché sur les flancs, les bas résille filés et les traces d'injection dans les avant bras
on est donc tombés dans un bouif avec un tortionnaire qui exploite une malheureuse
à moins qu'il ne lui fasse répéter une chorégraphie pour la fête de fin d'année du lycée?
et que la fille soit diabétique, ce qui expliquerait les traces dans les avants bras?
tout est possible
ici notre logique, nos grilles d'analyse, rien de tout cela n'a cours

 

on s'informe, quand même, et c'est le grand karpatique qui s'approche du taulier, bonhomme louche pourvu d'une minerve, d'un chapeau pourri et , très bizarrement , d'un slip kangourou au dessus de bottes de chantier, rien d'autre (clin d'oeil au film katalin vargas, de peter strickland)
il tente en karpatique, en vronzais, en angluche
que dale
puis en yidish
là, le mec s'anime, et lui propose sa fleur des pavés pour quelques thalers (il n'accepte pas les euros)
il fait des remises pour les groupes, précise-t-il l'index levé
à partir de trois participants
c'en est trop pour blumroch et jean eudes qui sautent par dessus le comptoir pour aller satonner le proxo
kobus, lui , est trop vanné par la promenade pour esquisser le moindre geste

 

Et ça y va la baston, le proxo ne se laisse pas tabasser sans résister, il cogne, lui aussi
Mêlée confuse, où l'on distingue des poings, des pieds qui s'activent, où l'on entend des chocs sourds, des halètement et des grognements
Pas un beau spectacle, mais peut être à la faveur du nombre, Blum et Jean Eudes en sortent vainqueurs, le proxo, au sol, ramasse son dentier
Pour une infiltration discrète aux frontières moldaves et ukrainiennes c'est raté
La fille, qui a continué à remuer langoureusement de l'arrière train pendant la rixe, descend de son podium où elle était offerte à la convoitise des consommateurs, elle se dirige vers le trio des cogneurs et, sans coup férir, envoie une claque magistrale à Jean Eudes en le conspuant
Et ceci en moldave
Elle se tourne vers Blum pour en faire autant mais il attrape son poignet, l'essore, la fille tombe à genoux, pleure, fin de la séquence rébellion
Blumroch interroge le grand karpatique du regard, lequel transmet vocalement à la gourgandine demi vêtue, elle explique en sanglotant que l'homme qui gît là n'est pas si mauvais, qu'il ne la bat qu'une fois par jour, que maintenant qu'il est KO elle risque fort de ne pas trouver sa dose de dope quotidienne, que les rabatteurs qui l'ont revendue sont pires bien pires que lui et que d'ailleurs les voilà
En effet, la porte s'ouvre et l'on voit une couple d'appaches de la belle époque avec casquette en touide, petit foulard et blouson cuir étroit
Sans oublier le lingue dont ils font sortir la lame
Kobus,qui goûte mal le fait d'être tenu en retrait, demande sur un ton bien peu urbain "des problèmes,mes braves ?"

 

Le grand karpatique traduit, les gousbyres n'apprécient guère, ils convergent ( à deux c'est facile), vers kobus, le couteau pointé, la mine basse et chafouine
Ho,mort de mes os, ça va mal finir tout ça
Effectivement
Passage éclair du mutant qui saigne à mort l'une des gouapes, l'autre ne demande pas son reste et part en courant
Nous restons donc entre nous, les humains, les vampyrs, les pasdars ( mais ce sont des humains quoique invertis), le proxo, le mort et la danseuse sur estrade en formica
C'est alors que la sono, qui martelait un rap bas de gamme, se tait puis reprend sur du Vivaldoche
Ça alors, trouver un truc pareil ici ?
On s'interroge, le proxo avait des goûts éclectiques, on lui a fracassé le massif facial trop tôt, on aurait pu trouver un terrain d'entente ?
Vivaldoche se fait tout menu, puis se tait, c'est maintenant un précurseur, un K-D Buxtehude.... on n'en revient pas
Puis la sono s'arrête définitivement
Une ombre passe derrière le verre dépoli de la porte
Ça se précise
Un mec entre, c'est le manager de haulte graisse, de grande entreprise que nous avons laissé en Italie aux alentours du Gargano
Merdalors, par quel miracle ?
Aucun miracle, moi aussi je lis les blogues
Et j'ai d'ailleurs une proposition à vous faire
On s'approche, sauf Blum qui est encore un peu jalmince
Voilà, vous savez sûrement que l'intelligence artificielle est l'or de demain
Et qu'il s'agit en réalité d'une compilation d'expérience individuelle
Rien ne s'oppose donc à ce que vos expériences aient toute leur place dans ma base de données,ma méta base ( mets ta base, je mettrai mon acide)
Et savez vous quel est mon projeeeeeeet ?( en vrai, il n'a pas l'air halluciné, il paraît même raisonnable et sympa, plus que lorsque kobus l'a laissé dans la salle de sport)
Mon projet, c'est de réussir à fabriquer une présence artificielle, féminine de préférence
Là on s'esbaudit
Enfin, mon pauvre ami, que voulez vous, avec votre dégaine, votre fortune, vous avez le choix parmi les femmes de tous les pays, brunes blondes rousses jaunes noires, de bonne naissance ou d'humble extraction, et vous venez nous bassiner avec une femme artificielle ?
Un cyborg ?
Vous n'êtes pas sérieux !
Hé bien si, je suis extrêmement, totalement, définitivement sérieux
On ne saurait l'être plus
Et d'ailleurs ce n'est pas pour moi, c'est pour le bien de l'humanité
Pour éteindre la guerre des sexes, guerre déclarée par les féministes
Voyons les choses sereinement, il est impossible pour un homme occidental, modèle basique avec un peu de pognon mais pas trop, il est impossible d'avoir une compagne qui ne se révèle chiante,cupide et rétive au déduit au bout de quelques années de vie commune
C'est une constante, dans approximativement 70% des couples
Moi, le musqué, le musculeux, je forme le vœu d'arriver à fabriquer des cyborgs femelles qui contenteront les mâles solvables
Attassion, pas des poupées sexuelles made in china, qui parlent pas,dont les articulations couinent lorsqu'on force dessus et qui sentent le plastique
Non, de véritables femmes,aimantes, attentionnées, qui feront la conversation, la cuisine, qui n'auront jamais la migraine, qui ne vieilliront pas et qui ne partiront pas avec la totalité des revenus de l'homme
Qu'en pensez vous ?
Et j'ajoute, puisque vous avez des compagnes idéales, pourquoi pas les inclures, elles, leurs mensurations, leurs phénotypes dans la méta base de données ?

 

Nos trois amis regimbent, comme un slamiste auquel tu montres un chauchichon, comme un tradi auquel tu demandes d'abjurer sa foi, comme un escrologiste auquel tu montres une vidéo de sainte Greta en Ferrari à fond sur l'autoroute
Qu'est ce à dire ?
Mossieur veut prostiputer nos compagnes ?
Mais ça va mal se terminer,l'ami, très mal, dans le sang et les tripes, avec du fer à la main,aux tristes aurores entre quat ' témoins !
Ou plutôt non,toudsuite, là maintenant, aux poings, comme des charrettiers, en garde,fils de pute,j'm'en vais t'arranger l'portrait,t'vas voir ta gueule !
C'est Blum le plus enragé, il est prêt à la castagne, rapport aux rumeurs affirmant qu'Erzebeth n'est pas insensible au charme du musqué musculeux
Il s'est déjà positionné, épaules basses, garde haute, esquive du haut du corps, tout bien
Moment terrible
Vont ils échanger des horions, des coups, peut être fatals et définitifs ?

 

Oui, c'est parti !
Sans attendre, Blum envoie un taquet en pleine trogne au dirigeant de haulte entreprise, il y a mis toute sa force
Au lieu de faire plafff, ça fait beinggg
Le musqué ne bouge pas d'un pouce, Blum secoue sa main, incrédule, la douleur remonte le long de son bras,atteint le plexus brachial, puis les racines postérieures, le lemnisque postérieur de la moelle, le thalamus, la circonvolution pariétale gauche ( il a tapé avec la main droite), ho putain merdeeeee, kes ke c'est ke c'truc ?
Sa pogne gonfle, pèse une tonne, il recule, fracture du col du 5eme métacarpien, au moins, sans préjuger de lésions du triquetrum et du lunatum, il blanchi,s'assoie
L'autre n'a pas bougé, son sourire crétin non plus
Il lève les mains dans une tentative d'explication
Mais les femmes s'interposent
Erzebeth tire Blumroch en arrière pose sa main blessée,sa pauvre main, l'instrument de l'amant et de l'écrivain, elle la pose dans son giron, souffle dessus comme une mère lorsqu'elle console son enfant, claque des doigts,se fait apporter des glaçons douteux par un des pasdars ( glaçons trouvés dans le frigo de la kouizine du bouif moldave), emballe le membre dans un torchon presque propre, avec les glaçons dessus, berce doucement son amant sans mot dire
Une qui dit un mot c'est Vesna
Et quel mot !
Une ou plutôt, plusieurs phrases !
En substance on pourrait résumer ça par "maintenant que vous avez fait votre démonstration de macho, on pourrait réfléchir un peu, il est bien évident que monsieur ici présent n'est pas humain mais cyborg, d'ailleurs Szuzanna n'a rien flairé à son sujet, il est évident aussi que la haulte entreprise est bien plus avancée en cyborgologie et en computation qu'on nous l'a présenté puisque toulmonde s'est laissé prendre à l'apparence humaine, reste à savoir ce qu'il convient de faire "
Ce à quoi Blum répond en grommelant "lui casser la gueule "
Erzebeth lui clôt le bec d'une caresse, les trois soeurs se réunissent en congrès discret et féminin

 

et nous restons tous trois, Kobus, Blumroch, Jean Eudes, plantés devant le manager de haulte entreprise ou son clone, son cyborg, son sosie, son même
l'homme (ou la machine?) n'a pas bougé depuis le gnon que lui a foutu Blum, il arbore toujours cet air con, ce sourire niais et cette odeur...
et là, ça fait crouic dans la cougourde de Kobus
c'est évident, l'odeur de testostérone est artificielle, elle masque celle du plastique, du latex, du coutchouc! (il veut dire caoutchouc mais il dérape sur les diphtongues tellement il est préssé d'annoncer le fruit de sa réflectance)
ouais, le coutchouc nous préviendrait si d'aventures nous croisions un autre cyborg, des fois qu'on voudrait lui mettre un pain dans la trogne
Blumroch, dont la main pulse de douleur dans le linge malpropre dont Erzebeth l'a enveloppé, Blumroch donc, n'apprécie pas le rappel
mais il a la sagesse de n'en rien montrer
pour une fois que Kobus réfléchi à peu près droit...

 

mais ça nous dit pas ce qu'on va faire...
hé bien si!
les trois belles reviennent, l'oeil rieur, la moue amusée
on va accéder à la requête de ce garçon
quoi? mais c'est de la prostitution, nous sommes déçus, extrèmement, totalement déçus et désillusionnés
snif et ouin
écoutez nous un peu, les hommes
il s'agit d'un marché, d'argent, nous échangeons des données, taille poids, diamètres, contre d'autres données, des chiffres à plusieurs zéro en thalers ou en euros
et pour les réactions, les réflexions, que feraient les femmes idéales à leurs maris idéaux, que comptez vous faire?
traduit en programme informatique, ça tient en zéros et uns, comme tout langage informatique, c'est d'ailleurs sur une succession de zéros et de uns qu'est fondée la prospérité de ce monde

 

Et puis,regardez,nos mensurations sont déjà connues, il suffit de nous regarder !
Emesse lève les bras au ciel, monte en suspension sur la pointe des orteils, fait une, deux, trois voltes comme ça, la tête levée, les seins fièrement dressés, les cuisses musculeuses et tendres à la fois agitées de soubresauts à chaque mouvement du pied
Kobus, la bouche sèche et le cœur en pâmoison, acquiesce
Nos compagnes pourront autoriser l'exploitation numérique de leurs mensurations dans l'usine à cyborg femelle du dirigeant de haulte entreprise
Contre rétribution, évidemment
C'est là que gît le noeud du problème ( Gordius ne me démentira pas)
Combien est il prêt à y mettre, le musqué ?
Et un contrat signé avec un cyborg, poupée de plastique, d'aluminium, de silicium et de coltran, est ce un contrat ?

 

Et cette usine existe vraiment ?
Le cyborg que nous voyons en atteste -t-il ou est ce un modèle unique, histoire de rameuter les foules et les investisseurs ?
Qui nous dit que le musqué, une fois enregistrées les données, ne s'en servira pas dans un gonzo numérique où les représentations de nos moitiés seront informatiquement avilies, dégradées de façon computationnelle ( et non pas compassionnelle)?
Des uns pénétrant leurs zéros, en somme
Ça mérite réflexion, mes douces, un peu de remue méninges, pas se lancer à l'aveugle dans une aventure peut être riche de conséquences désastreuses ( là c'est Blum qui cause, comme il le fait bien, il parle comme un livre)
Et tout n'est pas clair, si vous voulez mon avis, d'où ce quidam tient il son mandat ?
Dis nous ton nom, grand cornard, et tout de suite,oui, toudsuite !
Ou je fais un malheur !
Il s'approche du cyborg, mâchoires crochetées, l'oeil mauvais, l'autre le repousse, ils tombent emmêlés tous les deux, bouillie indescriptible, puis un courant d'air, une odeur d'humus et de sous bois, une ombre passe devant les néons du bouif, néons clignotants et faiblards, ça occulte notre vision
Lorsqu'on peut y voir à nouveau, Blum se secoue, debout, le cyborg à terre, une masse monoxyle, verticale le surmonte, une racine sur le bras de la créature artificielle, une autre sur la cuisse, puis lentement, lentement, des radicelles investissent la carapace, la font gonfler puis craquer
Le même, le cyborg n'est plus !
La stéréo, qui jusqu'ici s'était tue, entame un petit morcif de jean Sébastien, une sarabande mortuaire, au violoncelle
Pile celle reprise dans Barry Lindon, tu vois, lors de l'enterrement du fils de Redmond Barry
Puis plus rien
Au sol courent des musaraignes, des écureuils, tout un petit peuple sylvestre
On se tourne vers la créature monoxyle, toute emmêlée de feuillages et de rameaux..... c'est Pharamond !
Mais un Pharamond méconnaissable avec des fruits à coque en guise de paupières, des champignons en guise de lèvres, un vrai Arcimboldo !
Transformé en basajaun, mais un basajaun karpatique, de Bucovine !
Pourvu qu'il cause encore vronzais, pensons nous
Hé bien non, il ne parle plus, mais il communique par la pensée, ce qui est encore bien mieux
Il nous explique donc comment il a eu vent de nos déboires dans l'auberge ( plus besoin de lire le blogue), et comment, même à des lieues d'ici, il s'est transporté à la hâte pour nous arranger les bidons
Et comment il nous suivra de loin lors de notre périple,du moins, en zone boisée
Là, on est interrompu par Szuzanna qui peste
Son amant prévisionnel transformé en rondins, planches et madrier, comment pourront ils s'unir pour perpétuer la race vampyresse ?
Pharamond le basajaun se tourne vers elle, sans un mot audible, ses branches s'écartent et l'on voit un tenon, comme l'amorce d'une branche,polie, débarrassée de l'écorce, qui ne demande qu'à s'emboîter dans la mortaise de Szuzanna
Les mots nous manquent, si c'est pas une branche maîtresse, ça y ressemble, question calibre, nodosités, rectitude
Szuzanna aussi reste bouche bée
Elle s'avance, hypnotisée vers le monoxyle, le feuillage se referme sur elle comme les bras d'un amant
Ça nous épargne la vue mais pas le bruit...
Nous sortons

 

À ce point de l'histoire, j'avoue ma supériorité sur les romans russes
Une pléthore de personnages, une narration cyclique, des transformations anthropo-vegetales et anthropo-vampyresques des tombereaux de cadavres, des fonds en quantité illimitée, des conspirations mondiales, des sentiments tendres unissant des genres différents , quelques scènes de ku, l'intervention d'un deus ex machina qui tombe à l'eau...
Et c'est pas fini !
Bon, on est dehors, à se geler dans le froid de la steppe pré pontique, sur les contreforts de la montagne moldave, avec cette bruine interminable...
On a bien tenté de s'abstraire des pensées un peu egrillardes qui nous sont venues à l'esprit, on a devisé doctement, on a discuté de l'itinéraire, on a fumé moultes pipes de tabaque gris ( du scaferlati, qu'on ne trouve plus en vronze, tout juste dans les dernières papyrosses sur lesquelles on a pu mettre la main sous le comptoir de l'auberge, du tatoun, tabaque turc très piquant à l'odeur et irritant dans l'arrière gorge) puis on a tapé avec détachement le fourneau des chiffardes sur le talon des bottes pour nettoyer le truc, mais non, ça dure, ça dure
Kobus ne peut pas s'empêcher de demander à ses co-voyageurs "sacré tempérament, la petite.... elle braillait pareillement avec moi ?"
Les autres lui tournent ostensiblement le dos
Mais kes ke j'ai dit,bon gû ?
Ce n'est que lorsqu'il s'aperçoit que Emesse les écoutait et qu'il voit une larme au coin de ses yeux parfaits qu'il réalise qu'il a gaffé...
Il entraîne donc sa beauté dans une promenade champêtre, puis la serre de près en lui sussurant "il n'y a que toi dans mon cœur"
Ça marche, des trucs pareils, avec les femmes, vous croyez ?

 

Nos deux tourtereaux retournent à la gasthauss, il a du vert sur les genoux du pantalon, elle a les cheveux un peu emmêlés, son beau regard si clair apparaît moins blessé
Mais il a intérêt à filer doux, garanti, il a bien sû où était le maître dans le couple, qui tenait la bourse par les cordons, la braguette par les aiguillettes, le manche par la tige
Mais c'est un homme, un peu velléitaire, un peu filou, un peu fort en gueule, pas trop intelligent, il saura s'accommoder de cette situation
Une qui s'est accommodée d'une autre situation, c'est Szuzanna
Elle se repose aux côtés de notre ami monoxyle, la sueur n'a pas séché sur son corps marmoréen, non plus que d'autres épanchements qui tapissent ses cuisses ( allitération riche, qui tapissent ses cuisses, vous avez noté ?)
Elle carresse amoureusement l'écorce des racines en murmurant, le mutant va avoir un petit frère, ou une petite sœur,va savoir
Son ligneux amant ne se rengorge pas, ne se tourne pas vers ses comparses pour les prendre à témoin de la réussite de la transmutation anthropo-vegetale, il affecte la raideur commune aux arbres, tout juste si un vent coulis agite son feuillage

 

On va prendre du repos, évidemment
L'intelligence artificielle qui animait le cyborg à la semblance du musqué, devenue folle, allume puis éteint les néons gresillants, fait défiler plusieurs morceaux d'opéra sur la sono du bouif, kobus se retrouve à fredonner l'ouverture d'Athys
Ses co -voyageurs le regardent drôlement ( il chante, non pas faux, mais faible, il ne peut étendre la tessiture comme il faudrait, ça fait comme une mobylette qui voudrait courir à l'enduropale) sauf Emesse qui ressent ce truc des humains, là, au fond des tripes, oui, ce truc, genre, je t'aime mon salaud...
À bout de nerfs, Blum se lève, arrache les enceintes, les câbles, balance ça dans la cour de derrière, où se font habituellement les transactions de petite amplitude ( les grosses, c'est à l'étage, dans le bureau du boss, comme quoi, la contamination hollywoodienne a frappé ici aussi)
Tout le monde se couche sauf Phara qui reste debout
Et pouf, on s'endort

 

Blum s'est replié sur sa main qui le lance, bordel de moive!
Erzebeth a beau l'empaqueter de glaçons, ça ne dégonfle pas
de guerre lasse, on s'en va quérir Kobus, ha ben y a fracture, là
bouge pas, je réaligne les fragments, ça ira mieux
l'abruti tire sur le membre comme un bourrin, Blum hurle, tombe en pamoison , le bruit est tel que Jean-Eudes se réveille
ne pouvant rien faire pour son aminche, il va pisser dehors
il revient en déclarant "je voudrais pas vous alarmer, mais il y a toute une troupe de tziganes dehors en train de dépecer le cyborg et les câbles de la sono du bouif"
effectivement, les ciganis sont à l'oeuvre
et bientôt ne restera rien du cyborg, déjà que les radicelles de Phara l'avaient colonisé...

 

Et alors,kes ke vous foutez là,les caraques ?
On reconnaît le verbe de kobus, mêlant le vocabulaire fleuri de la langue classique et les expressions imagées de ses Cévennes natales
C'est pas parce que c'est dehors que ça vous appartient, hein, si vous y tenez Habsolument, on peut vous en céder une partie ou le tout, mais faudra banquer, les bougres, passer à la caisse, allonger les talbins, pigé ?
Les mecs ne bougent pas, pas une expression ne traverse leurs faces dévastées par l'alcoolisme et la consanguinité
Kobus s'entête, alors qu'Emesse le tire par la manche, laisse mon chéri, ce sont de pauvres hères, qu'est ce que ça nous enlève s'ils s'emparent de ce qui ne nous appartient même pas ?
Ha, c'est le droit de la guerre et du vainqueur,ma douce amie, on pourrait dire que c'est Bellone qui nous en a fait cadeau
Alors, la famille niglo, combien on est prêts à lâcher pour cette carcasse de cyborg et les câbles afférents ?
Devant l'air ahuri des ferrailleurs, il met les choses au point
Pognon, les bougres,kaaliss, dinero, money, thalers,euros, comprenez,entiendes, panimaiech ?
Là, ils pigent, et vite...
Argent, argent,toi donner argent !
Et merdeeeee....

 

Le reste de la nuit n'est pas paisible
Les caraques assaillent le bouif en couinant "argent, argent, toi donner argent meussieu, argent argent"
Au bout d'un moment,n'y tenant plus, Blumroch sort, un tesson de bouteille à la main, ça va chauffer nom d'un p'tit bonhomme !
La pietaille gypsie s'égaille en poussant des lamentations "o secours la pouliss"
Puis plus rien
On se rendort
Repos de courte durée puisqu'aux aurores, un toc toc insistant ébranle la porte vitrée du gasthauss
Mais ils dorment jamais dans ce pays ?
C'est les kebourdins locaux, actionnés par le pater familias cigani, qui viennent voir s'ils peuvent ramasser un peu de thunes en emmerdant nos amis
Barbes de trois jours, uniformes avachis, casquettes de traviole, haleine de fin de biture, les représentants de la loi sont prêts à entrer dans l'Europe,ma parole !
Dans l'Europe de demain, s'entend, celle où les machins et les choses seront majoritaires
Ça promet

 

Surprise
Ce sont d'anciens clients, au sens de la Rome Antique, du grand karpatique
Vont ils se revancher en exigeant les papiers et le bakchich ?
Non
Le brigadier ôte sa casquette crasseuse et baise la main du karpatique, ça se fait beaucoup, en signe d'allégeance, en ces contrées

 

les autres kébourdins se sont découverts, et restent en retrait
le grand karpatique s'installe dans un fauteuil, d'un claquement de doigts le brigadier a enjoint à l'un de ses sbires d'aller chercher quelques rafraichissements
rafraichissements offerts par le sbire en question , tête baissée, mine basse et sournoise, sur un plateau déniché dans les entrailles du bouif poldomolvaque
un long conciliabule s'ensuit, le grand karpatique parle bas mais le brigadier hoche la tête, branle du chef, bref montre tous les signes de la compréhension et de l'obéissance
conséquence logique, la famille cigani qui attendait dehors est dispersée à coups de gourdin par la maréchaussée locale
on nous invite à prendre place dans plusieurs gelanders, courtoisement mis à disposition par les forces de l'ordre et fouette cocher, nous fonçons vers la frontière ukrainienne
laquelle frontière s'ouvre comme par miracle, les douaniers respectifs étant subitement occupés à contrôler quelques écritures comptables dans leurs gourbis

 

et nous filons vers l'est et le nord, vers Kiev
en chemin nous croisons des bataillons d'arrêt qui mènent , à la pointe des baïonnettes, les conscrits et les réfractaires, à l'abattoir
les mecs ont des écussons évocateurs, Aïdar, Krakken, Azov, ils sont musculeux , treillis immaculés, visages fermés, ils bousculent sans ménagement les malheureux
il ne leur vient pas un instant à l'esprit de contrôler les occupants des voitures de mafieux que nous conduisons

 

et nous roulons, péniblement, sur les routes défoncées
au bout d'un moment , nous tombons sur cette scène étrange
nous sommes à proximité d'équipements sportifs
un brun basané, barbu, chevelu, gilet de photoreporter, reflex en bandoulière, lance des invectives en angluche avec un accent espingouin, invectives reprises par une traductrice, blonde, nattée, piercing dans le nez et la lèvre supérieure, battle dress camo sur le dos, par le truchement d'un porte voix, avec une voix singulièrement monocorde
les instructions s'adressent à une petite troupe de femmes, allongées, jupailles relevées, coquards apparents autour des orbites et de quelques hommes, trognes de soudards, uniformes siglés Z ou avec écusson ROSSIA sur la manche, dans des postures sans équivoque, les hommes dessus, pantalons aux chevilles, les femmes dessous, jupes jusqu'aux oreilles
"shit, tell the women to cry, it stinks the faint!"
la blonde traduit
les femmes font la grimace, et tentent de pleurer
"tell the men to be brave, otherwise it stinks utterly the faint"
les mecs soufflent entre les cuisses des femmes, putain quel boulot de merde, tout ça et même pas pouvoir espérer ne pas être envoyés au front....
on comprend enfin qu'il s'agit d'un journaliste otanien, nioullorquais, qui illustre un article sur les exactions russes
avec des figurant.e.s

 

On prend des renseignements auprès des figurant.e.s qui s'accordent une pause cigarette ( papyrosse)
En fait, ils ne sont aucunement volontaires
Ils sont les victimes des rafles exécutées par les sergents recruteurs et les hommes des bataillons d'arrêt, eux et leurs femmes, filles ou mères qui se sont interposées pour leur éviter le front
Les mecs ont pas fait de détails,hop toulmonde au trou
Puis un émissaire est venu leur causer
OK, vous irez au front mais pas toudsuite, et peut être pas en première ligne, et en prime on relâchera vos femmes, filles et mères sans les brutaliser
À une petite condition
Que vous posiez sur des photos, pour aider la nation, question de patriotisme, ça ne se discute pas
Alors là, on rejoue boutcha, voyez ?
Encore heureux qu'on fasse pas les morts, les tarés d'Azov seraient prêts à nous déguiser en allongés, ils s'y entendent, ils l'ont déjà prouvé par le passé, regardez pas,y en a un qui vient de ce côté
Non, c'est la traductrice piercée, tatouée et nattée, qui vient aux nouvelles
On lui demande à quoi sert tout cet estrambord, elle nous assure que c'est bien pire ailleurs, d'un air mystérieux
Ici, dit-elle, au moins, le mec ne photographie pas de natures mortes, son job c'est le vivant, d'ailleurs le mec a une assez bonne réputation
Les mégots une fois écrasés, c'est la reprise du shooting, on rallume les gros projecteurs et on agence les participants
Et clic clac, la peloche défile dans le boîtier, et plic ploc, la sueur dégouline sur le visage des modèles
Au bout d'un moment, le photoreporter se fait apporter un escabeau, il aligne les peguts locaux devant lui, dénudés, honteux et rougissants, par terre, de façon à ce que les corps emmêlés dessinent un message politique fort, très fort
Peace
Voilà ce qu'il dessine, le P est constitué d'un corps allongé verticalement et d'un autre, enroulé contre lui, quasiment en position foetale, et tout à l'avenant
L'escabeau ne suffit pas, il monte dans les tribunes du stade, ça marche pas, on échafaude un truc, il surplombe les corps à plus de 10m, les femmes avec leurs pilosité pubiennes rares et les seins qui dégoulinent un peu sur les côtés, les hommes avec leurs bides de buveurs de bière et leurs cicatrices d'appendicectomie ou de gastrectomie des deux tiers pour l'ulcère
Ouais, les tops modèles ont passé la frontière dans les premiers jours du baston, les instagrammeuses aussi, ne restent que les gens ordinaires, ceux qui n'ont nulle part où aller
Puis, illumination, il lui vient une autre idée à la con
Il va inscrire un slogan encore plus maousse, politique et dérangeant
Il va écrire Slava ukrainia avec des corps !
Et il le fait
À ses côtés, la traductrice répercute servilement, que veut tu qu'elle fasse d'autre?
Les figurant.e.s , soigneusement intercalés, un homme, une femme,se rangent,se courbent, les femmes tentent de masquer leur pudeur de la main, le photographe, qui chique au tartiste comptanpourien s'insurge, il veut tout voir, tout !
l'Ukraine elle est là, bon gû de bon gû,martyre sous les espèces de ses femmes maigrichonnes et de ces sexagénaires couturés du bide
Allez, les mains le long du corps et vous, la dame du K, le bras gauche et la jambe gauche à 30degres en abduction !

 

Et lui, le mec du premier I, l'érection intempestive, vous me faites disparaître ça !
Pronto !
Il retrouve les accents du Bronx natal pour invectiver, houspiller,morigener
Le truchement à côté de lui,a fort à faire pour transmettre les ordres,contrordres et exhortations
On y arrive, finalement
Il descend de son perchoir
Il vient de lui germer une autre idée dans la cougourde
Il va faire une pietà, il intitulera ça Ukraine martyre
Discutez pas
Avec un truc pareil, il est certain d'être primé à la foire d'art contemporain à Bâle
Allez hop, en place
Un socle de corps martyrisés,saignants, hommes et femmes confondus on rajoute de la peinture
Puis au dessus, une femme avec un voile marial, bleu,oui bleu comme le drapeau du pays,nue, les cuisses ensanglantées, tenant dans son giron un fils du pays, ensanglanté aussi
Il m'en faut un barbu, comme dans les pietàs
Mais un blond
Un blond barbu, jeune, balaise, un charpentier, ça doit bien se trouver
Hélas non, ils sont tous au front
Ou à l'estranger
Ou mort, c'est selon
On avise un des gardes du régiment azov
Baraqué, jeune blond barbu
On le fout à poil
Merde... couvert de tatouages... et pas des sympa, des nazis
Le photographe exulte
Oui,tatouages c'est le Christ contemporain, lève les yeux au ciel !
Le mec lève les yeux
Et autre chose
Faut le comprendre, même si ce sont de braves mères de famille, même si elles ne sont pas aguicheuses ni maquillées, ça lui fait de l'effet
Effet qui se traduit par une gifle magistrale de la part de celle qui jouait la sainte vierge
Puis le légitime de cette dernière entre dans la danse, coups,cris, torsion de testicules, les autres membres d'Azov s'y mettent eux aussi, mais à mains nues, de peur de flinguer leur pote, émeute carabinée, révolte servile, les réfractaires au front triomphent de leurs gardes chiourme,non sans mal, mais lorsqu'on se bat à armes égales, c'est le plus motivé qui l'emporte
En tout cas, ceux là ne verseront pas leur sang pour le roi zelinski de sitôt
Un qui est terrifié, c'est le photographe
Il a tout dans ses rouleaux ( il travaille à l'ancienne, à l'argentique) mais ça n'eloigne pas de lui les canons des armes que les recrutés ont récupéré auprès des recruteurs
Ceux qui sont benaises, c'est nouzautres et la traductrice
On attend le dénouement
Les recrutés de force vont ils liquider les recruteurs ?
Vont ils comprendre l'absurdité de leur révolte et se rendre ?

Allons allons, s'ils ont avoiné les zazov, c'est qu'il y a un bon fond
Et ils n'ont pas fait semblant, espère !
On ne compte plus les jointures ensanglantées et les cols de métacarpiens fracturés
D'ailleurs les zavoztas n'ont pas bonne mine, coquards grandeur nature sans qu'il n'y ait besoin de fard, mâchoires pendantes et demantibulees, testicouilles enflés, genoux déboités, désarmés et les vêtements en lambeaux, c'est la mine usuelle des vaincus qu'ils arborent, ça et le stress d'une exécution sommaire
Ça ne manque pas d'advenir, d'ailleurs, un crépitement ( kobus, dans un élan de mysticisme littéraire, aurait préféré écrire "un feu de mousqueterie", mais faut être moudern, on n'exécute pas les prisonniers au mousquet, mais à l'automat kalashnikov) déchire un silence lourd et nous fait sursauter
Une des mères de famille, sur le giron dénudé et sanglant de laquelle on avait couché l'azovstat barbu, musculeux et tatoué, une des mater familias donc, vient de se faire justice
Ça rigole pas dans les périphéries, je peux vouldire...
Maintenant se pose la question de l'élimination des preuves
On est loin du front, même si c'est la hantise des hommes ici rassemblés sous la contrainte
C'est la traductrice qui trouve la solution
À plusieurs verstes d'ici, une mise en scène artisticopatriotarde a eu lieu, mise en scène patronnée par un tartiste vronzais dont le nom commence par un spoe et se termine par un ri, et consistant à exhumer des supposées victimes
Le mec exhume, en général, un peu tout, ça va des résidus de gueuleton de mariage aux vestiges de nuits d'amour avec des belles tarifées, il fait ça sous les caméras puis se repasse la scène
Là, à plusieurs centaines de kilomètres du front, là où il n'y a eu aucune belligérance, il a fait excaver une fosse commune contenant des corps en très bon état de conservation
On pourrait peut être...
Sa narine ornée d'une bélière frémi, c'est le signe d'une suggestion à retenir
Pas con, comme idée
Elle s'adresse autant aux rebelles, qui nous tiennent sous bonne garde, qu'au photographe nioullorquais,barbu, chevelu et latino
Que va-t-il advenir de nouzautres ?
Les réfractaires au devoir patriotard n'ont plus les moyens de reculer, le photographe est trempé de trouille, notre groupe est très décontracté ( ce qui désarçonne nos braqueurs), le truchement n'a pas l'air de trop s'en faire
Le grand karpatique s'adresse à la chiourme promise au front, en lui faisant valoir qu'ils vont avoir besoin d'aide pour dissimuler leur forfait ( forfait... si on veut, moi j'y vois de la légitime défense) idem pour se dissiper dans la nature et y survivre
Le discours qu'il leur tient à l'heur de plaire, on embarque tout ce petit monde dans les gelander hérités de la mafia moldave, les Macchabées y compris
Non ça ne rentre pas
Les zazovstas sont bien venus avec quelques moyens de locomotion ?
Et le photographe aussi ?
On trouve effectivement un minibus stationné à proximité, on y enfourne une partie des cadavres et des vivants puis, dûment guidés par la tatouée piercée,cap sur la fosse investiguée sous les caméras de l'art contempourien

 

Allons y, quoi
La théorie de véhicules progresse vers le bled voisin
L'exhumation ayant eu lieu dix jours avant et n'ayant pas été rendue publique ( pour le moment, on attend une meilleure occasion pour ce faire), les alentours sont déserts, à peine une rubalise que le vent fait claquer
On se gare à proximité, on reconnaît les lieux, terre remuée,traces de pneus, un tractopelle garé en vrac pas loin
Blumroch, qui a de l'expérience, grimpe sur le siège, fouille sous la colonne du volant,sort les clés, bon, il démarre le bouzin,iou iou iou, breum, un nuage de fumée toxique sort du moteur puis ça se stabilise, il tâtonne un peu, les commandes s'avèrent facile à manipuler et hop, il commence une excavation de bonne taille
Quel meilleur endroit pour se débarrasser d'un ou plusieurs corps qu'un cimetière ?
Au bout d'un moment, le trou est assez profond pour qu'on puisse y enfouir les azovstas
En vrac
On rebouche
Le photographe est debout près de la fosse, le caleçon pas très sec
On lui fait la leçon, les mères de famille le regardent d'un œil mauvais, elles n'ont pas oublié la façon dont le progressiste propagandiste les a fait poser,demi nues dans le froid et dans des postures inconcevables

 

L'ami Blumroch exagère
Les recrutés de force ont eu le front de refuser le front, précisément
En tout cas, leurs femmes, filles et mères l'ont refusé pour eux, ou avec eux
Conséquence logique, ils se mettent totalement hors la loi
En buttant,non pas des patates, mais des azovstas
On se retrouve donc, une fois de plus, à creuser des fosses
Ça devient un fil conducteur dans ce récit

 

on a jeté un coup d'oeil dans la fosse avant d'y basculer les azovstas
les corps qui attendent ne sont pas discernables, on ne sait s'il s'agit de russes, d'ukro, de russophones, de morts sur le champ de bataille
on a rebouché la fosse
les réfractaires nous regardent sans aménité
leurs femmes, filles et mères nous saluent, chaque groupe se sépare, nous retournons vers le nord, eux se dirigent vers le sud , vers la Crimée, où, pensent ils, le salut les attend

 

Et avec nous, collant comme pas permis, la traductrice à nattes, tatouages et piercings et, également, le photographe du Bronx
Au bout de peu, excédé, Blumroch leur demande "ça va, zavez pas des copains, de la famille ?"
Question conne, qui tombe à plat

 

D'autant plus conne que le mec nous répond "non, je suis seul au monde"
Et que la fille fait un clin d'œil sans équivoque à Szuzanna, la beauté froide, probablement enceinte des œuvres de Pharamond, notre ami xylomorphe ( on ne le voit pas trop dans les environs, il faut dire que la steppe pontique, c'est un peu plat comme la main, surtout mis en valeur par les occupants de kolkhoze, ils ont rasé tous les arbres)

 

Pourquoi enceinte ?
Mais parce qu'elle a le teint brouillé et qu'elle est allé gerber ce matin
Deux fois
Par contre, devant la fosse, rien, impassible
Impassible aussi lorsque la traductreuse à nattes tatouages et piercings tente de la rambiner pour un avenir fricassin, un triboavenir ( les helenistes pigeront)

 

Bref, il va être difficile de se séparer de ces deux là
Mais ça complique le récit, un photographe nioullorquais barbu chevelu et latino, qui chique à l'artiste contempourien, perdu dans les étendues glacées, une tribade affirmée, comment tu t'en débrouilles, littérairement parlant ?
Emesse glisse à kobus "accueillons les, le photographe donnera sa pellicule photo à niouzouique et la lesbo fera un intermède coquin si l'action se ralentit"
Mais c'est que l'action s'accélère, au contraire !
Et, encombrés de ces deux surnuméraires, comment pourrions nous débrouiller la succession d'événements qui surviennent ?
Tiens, au moment où je parle, le roi zelinski s'y est mis aussi
Il propose un grand raout à Kiev, avec les Européens ukrophiles et surtout les bailleurs de fonds
Il suggère que ce soit couplé à la gay pride, laquelle suivra, ou sera mêlée, on ne sait pas encore, au défilé des forces armées ukro, entièrement rééquipées par la générosité du reste du monde
Au même moment, certains dirigeants ukrophiles ont résolu de venir, avec leurs staffs de sécurité, leurs officiers de communication, leurs dirigeants d'entreprise subventionnées ( dans l'espoir d'engranger une ou deux commandes, toilettes dégénrées par exemple ou panneaux de signalisation "attassion au vélo !") et leur grand mère


Bref, par l'intercession de dame Emesse, les deux là vont nous coller jusqu'à ce qu'on puisse s'en débarrasser
Dans une fosse en compagnie d'ukrokombattants ?
Dans un relais routier lorsqu'on aura fait le plein et qu'ils seront passé aux chiottes ?( remember le facteur sonne toujours à deux reprises)
Auprès d'une ONG qui prétend soulager les soffransses du peuple ?( ça m'étonnerait fort, de telles associations œuvrent soit pour les n'haigres soit sous l'oeil de caméras de tilivizion complaisantes)
En les remettant, respectivement à des personnes habilitées à s'en occuper ? Soit l'embassade americonne pour le fotograf ' et les femens ( ou des féministes quelconques) pour la traductreuse


Alors qu'on en est à se chamailler sur la répartition dans les différents véhicules, on voit poindre à l'horizon plusieurs command cars remplis de costauds en treillis camo, écussons évocateurs, cagoules en tissu respirant ( mais que diable peut être un tissu qui ne respire plus ? un tissu mort, peut être), armés jusque zaux dents ( oui, j'aime la diction klassik), précédés du son d'un haut parleur
Stoï, stoï, stoï pridourak !
Interrogée, la lesbo nattée nous confirme que nous avons tout intérêt à ne bouger ni pied ni patte et d'attendre patiemment que ces bougres là nous aient expliqué leur vision des choses
Blumroch, en dépit de sa main blessée, éclate de rire
"Leur vision ? Faudrait déjà qu'ils puissent y voir quelque chose avec les oeillères qu'ils se sont collé sur le museau !"
C'est vrai que chez le plus costaud des gredins qui nous font face, la cagoule a glissé sur l'arrière, elle n'est plus maintenue que par le tarin de l'individu,tarin un peu fort au demeurant
Il voit dans Blumroch l'agitateur du fond de classe de lycée qui bat en brèche le pouvoir professoral
Erreur, Blumroch est certes un agitateur, mais il est bien plus que ça et notre vis à vis ne l'a pas compris
Il s'avance donc, prêt à châtier notre ami et sa main dans le pochon ( qui serait aussi le verlan de poncho) plastique avec les glaçons fondus, prêt à assurer son pouvoir sur une cible en apparence facile à dominer
Il avance la main droite,saisi notre ami à la gorge, tire, secoue et là....
Un coup de vent, un nuage qui passe devant le soleil, quelques feuilles mortes tourbillonnant, le costaud est à terre, le bras tordu dans le dos, déboité, démantibulé
Stupeur des autres malfaisants
Rengorgement de Blumroch

 

Puis, en un instant, le corps du malandrin se transforme, se ratatine, se couvre de mousses, lichens et surgeons, s'humuse, en somme
Les autres gougnafiers, venus en renfort, en baissent leurs armes, d'incompréhension
D'aucuns en perdent le contrôle de leurs vessies et l'on voit des taches suspectes maculer les treillis, auparavant crânement portés
Panique chez les azovstas, ils se reprennent, raffermissent des mains tremblantes sur les crosses des armes, nous couvrent avec des sourcils courroucés ( du moins nous le supposons, puisqu'ils ont gardé leurs cagoules en tissu technique -your mother -)
L'affrontement est inévitable,ces pourris ont l'avantage des armes, qu'ils serrent fort pour se rassurer, notre traductreuse a perdu espoir, elle fixe ses pieds en marmonnant une invocation ( à Bilitis, pas impossible) les lèvres tremblantes et les paupières ourlées de larmes zamères ( là aussi, je privilégie la diction klassik), elle n'aura vécu que pour tomber amoureuse de Szuzanna en un seul regard, et en être privée illico
C'est alors que....

 

Un nabot,barbe en collier, un peu voûté, mine soucieuse,ride entre les sourcils, treillis verdâtre ( j'étais au fond de la tranchée j'ai pas eu le temps de passer chez le blanchisseur).... si c'est pas le roi des ukraines, c'est son frère
Oui, vous l'avez reconnu
Il se plante devant Blumroch,tend la main et dit "où est l'algent ? Emmanuel, où est l'algent ?"
Ha moi c'est Blum,dit Blum
Et moi c'est Jakob dit kobus
Ta gueule toi, le rabroue le nabot
Ha merde, ça va pas recommencer, s'insurge le kobus, et confiant dans la présence du mutant, de Pharamond, et aussi dans ses propres forces, il envoie un direct du droit au menton du roi de toutes les ukraines
Fan de chichourle et pute de mort !
C'est un autre cyborg !
Et le métacarpien fracturé de kobus va tenir compagnie à celui de Blumroch, tu vas voir, c'est douloureux au début puis ça s'atténue
Et le cyborg de répéter "où est l'algent, Emmanuel, où est l'algent ?"
Une monomanie, en somme, pécuniaire, un peu comme Harpagon ou Bruno Lemaire

 

Voilà à quoi nous en sommes réduits,converser avec des cyborgs
Et d'aucuns douteraient de la puissance de l'intelligence artificielle après ça ?
Quoique, la créature montre les traits grossiers de son créateur ou de son modèle
Pour le dirigeant de haulte entreprise, c'est le lucre, épicé d'une pointe d'érotisme, cette référence constante aux formes de nos belles compagnes
Pour le roi de toutes les ukraines, c'est l'avidité,pure et simple
Beau tableau de l'humanité qu'on nous brosse, là, sous notre nez !
J'en redemande !

 

18/04/2023

Musique (646)

Ma péniche s'en va

Christian Barbier

L'homme du Picardie (1968)

Viens sur ma planète

Marianne Mille

Chéri-Bibi (1974)

Homme tranquille

Lucky Blondo

Pour tout l'or du Transvaal (1979)