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Carte blanche (46)

Laissée à Kobus van Cleef

Crépuscule des vampyrs et continent obscur

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Quatrième partie

Cinquième partie

Sixième partie

Septième partie

Huitième partie

Neuvième partie

Dixième partie

Onzième partie

Douzième partie

Treizième partie

Quatorzième partie

Quinzième partie

N...nous arrange le coup, moyennant une pincée de minéraux bruts
et allez donc!
espérons que les suivants ne se montrent pas aussi gourmands...
on embarque donc dans un boutre, à moins qu'il s'agisse d'un sambouk, voire même d'un caïque
on est un peu surpris de la vétusté du rafiot, mais comme dit Blum "j'ai navigué sur bien pire, à Joinville lorsque je portais les couleurs du bataillon éponyme"
on le presse de questions, il préfère rester muet, nous n'en saurons pas plus
ce qu'on arrive à savoir, ou à piger, c'est que Simbad le marin, qui officie à la barre, est complètement largué
ça se couvre à l'est, ce qui n'est pas surprenant en ces temps de mousson, mais ce con là , au lieu de mettre le cap sur une terre proche , affronte direct le gros temps par la proue, en louvoyant puisque chaque fois qu'il se retrouve vent debout, la toile s'abat comme une merde de goëlan
mais fous donc à la cape, abruti!
tu parles....
lorsqu'il se décide enfin à virer de bord pour de bon, le désastre est consommé, les membrures de la barcasse ont déjà joué, le mat s'est abattu, ne reste que le tape-cul auquel nous tentons d'établir un semblant de toile, mais on est déjà dans le zyklon, hop le truc s'envole, on se plante en travers, une lame nous embarque par l'arrière, on roule bord sur bord, la vague suivante nous retourne, on chavire et on coule en un instant

Plus tard, beaucoup plus tard, le pasdar -matelot Darius ( prononcez dariouche) Pakrani, à bord d'une vedette des gardes côtes iranienne, le matelot donc, perçoit un scintillement dans sa lunette d'approche
Comme nos amis, la vedette a essuyé le grain, mais elle a survécu
Heureusement, sinon autrement, si elle avait coulé ou pire si elle s'était échouée sur une côte estrangere, ça aurait foutu un bordel pas possible,plaintes ternazionales,vituperations onusiennes et malgré tout démocratiques, menaces étatiques diverses
Avec le corollaire, familles des matelots emmerdées jusqu'à la moelle des os, assignation à résidence des rescapés,voire même prison
C'est pourquoi son pote, l'enseigne de vaisseau Mostafahi ( Cyrus de son prénom, prononcez cirouch') n'a pas lâché la barre pendant toute la durée du coup de tabaque, pas con le mec !
Il sait bien qu'il doit son grade aux bontées de l'Imâm du kortier,menfin faut pas abuser non plus ( d'autant que la fraîcheur de madame sa mère ne stimule plus l'homme de djieu dépeint plus haut, on se demande si sa petite sœur ne va pas être contrainte d'actionner ce généreux mécène ou bien s'il va pas falloir changer de mécène justement)
Cyrus en est là de ses réflexions, ça plus la nuit passée sur la dunette ( à peine un poste de pilotage de pêche promenade comme on en a chez nous), ça explique pourquoi il ne réagit que tardivement lorsque Darius lui signale la présence d'un amas de planches caisses et autres débris, à moins d'un quart de mile sur tribord
La sagesse voudrait qu'ils foutent le camp sans rien signaler
Pas vu pas pris
Ou l'équivalent dans la kultur Perse
Mais voilà, l'homme est un animal curieux et après une nuit dans la tourmente, les réflexes de conservation sont bien émoussés
Cap sur les bordilles, c'est sûrement un naufrage
Je signale ?
Surtout pas ! Imagine qu'il y ait un truc à récupérer....

 

Et dans une gerbe d'écume, la vedette vire sur tribord
Au bout de peu, le matelot énonce tristement "naufragés, cinq non sept, on aurait mieux fait d'ignorer, et en plus, les bordilles qui flottent ne valent rien, deux trois espars, une bouée... et dire qu'on perdra une journée à rédiger le rapport...."
Le cap'tain de la vedette est plus optimiste
"Y a des naufragés, on pourra peut être trouver un beau gosse dedans ?"
Il est temps de lever un secret, peut être honteux pour nouzautres ouest européens, hétérosexuels et, d'un certain point de vue, adorateurs d'Aphrodite, mais secret de polichinelle en ces terres où la femme, la fame,laaa faaammme, est banie de l'espace public, réduite à occuper l'espace privé en tant que mère, donc indésirable, enfin, qu'on ne peut pas désirer
Bref, ce secret qui n'en est pas un, le voici
Nos deux marins sont pédérastes, amants et amis par la même occasion
Ils s'en cachent, évidemment,car on connaît le sort des invertis dans les terres brûlantes du prophète, soit battus à mort, défenestrés, pendus, bref, j'aurais dit peu enviable
D'un autre côté, il faut bien que le corps exulte, et la manustrupation, si elle procure du fantasme et du soulagement, la manustrupation donc pêche très fort sur le versant diversité versus monotonie, voyez ?
C'est ainsi que nos deux marins, qui ont la tête du petit matelot Adriano Celentano de la gay pride de tel aviv ou de Berlin, maillot rayé, bronzage sans défaut, torses velus et dents brillantes, nos deux marins donc, envisagent avec soulagement l'arrivée de nouveaux partenaires
Et puis ça sera plus pratique, en effet,tentez une saillie expresse en gardant un œil sur le compas un autre sur le radar et le dernier sur le moteur....

 

bref, la vedette met en panne à une encablure à peine des naufragés
un ordre bref, le matelot couvre les nageurs malgré eux avec une moulinette à gros pruneaux, modèle antique certes, mais qui te découpe son homme d'une pression un peu appuyée sur la détente
c'est Simbad, le marin calamiteux qui grimpe en premier l'échelle de coupée improvisée
beau gosse, on peut pas le nier dans le genre local, yeux soulignés de khôl (mais après la trempette, ça lui fait d'étranges coulées, un peu comme une femme battue, voyez?), fine mostach' un peu équivoque, comme une conchita wurth, torse soigneusement épilé
Cyrus lui palpe l'entrejambe au passage, l'autre se laisse faire avec bonne volonté
mais si l'aspect du gus peut enthousiasmer les foules, ça n'est rien à coté de celui de Blum
là, Cyrus se sent fondre
grand, maigre et ....blanc!
blanc-blond, devons nous préciser
aryen, en somme
Cyrus se sent défaillir, il se mord les lèvres pour éviter de mordre celles de son vis a vis
il est vrai que la beauté se cache dans les détails, les fantasmes aussi, mais faut être monomane de l'amour homo pour voir en nos amis des objets de désir...
malgré tout, Cyrus redresse le buste et entreprend une fouille au corps
ses mais s'égarent, un truc dur, t'es content de me voir ou tu as un...?
perdu, c'est le deuxième terme de la question, l'ami, mano arriba!
et Blum de dégainer le makarov soustrait à Gogavline
lequel makarov après le temps passé dans l'eau, doit tirer des grenouilles, mais enfin, ça, pas moyen de le savoir, surtout pour nos deux marins de la république slamique, ils lèvent donc les bras au ciel
vous allez m'objecter que dans une vedette garde-côte l'équipage ne se limite pas à deux hommes
certes
un mousse se repose dans l'entrepont
précisons qu'il repose son fondement
oui, toutes les marines du monde fonctionnent comme des sociétés en miniature, c'est le plus jeune qui écope
d'ailleurs, il avait prévu de déserter, car il n'est pas certain qu'en se plaignant des assauts de l'enseigne de vaisseau et du matelot breveté, ce soit pas lui qui aie pas des ennuis, gardons à l'esprit que la mère du cap'tain est fortement liée à un imam de kortier
il voit là une occasion de faire d'une pierre deux coups, faire prisonnier les naufragés récalcitrants, liquider ses tourmenteurs et mettre leur élimination sur le dos de leurs invités
il se glisse donc vers le gaillard d'arrière, là où sont stockées les armes individuelles (fusils G3 en majorité, récupérés du temps du Sha)
ça pour être stockés, ils sont stockés
sous clé
exit donc la possibilité de faire des prouesses

 

son pied dérape sur un coran qui traînait là...alerté par le bruit, Blum le braque (encore une allitération riche), sans quitter des yeux nos deux invertis
lesquels ne mouftent pas
d'un simple mouvement du menton, il invite le mousse à se poser à terre avec les autres, le gosse se soumet

 

Tout ce petit monde se trouve à croupetons, sous la dunette, il y a Cyrus, Darius et, appelons le Abas, le matelot, plus le chat du bord, appelons le Hâtif, comme le djinn qui chante le nom des mourrants du lendemain
Je sais pas comment est le djinn en question mais le chat n'a pas l'air très batailleur, si c'est tout ce qu'ils ont a opposer aux rats....ratus norvegicus n'a pas trop de soucis à se faire
Pendant ce temps, les autres montent à bord, les trois demi soeurettes en dernier, et c'est trois fois Vénus sortant des ondes... ticheurte mouillé, longue chevelure dans laquelle les perles d'eau scintillent, bref, de quoi relocaliser Chypre dans le golfe persique

 

les esclaves n'haigres achetés à Zanzibar (à bon prix, je précise, les vendeurs, leurs frères de race, ont le sens des affaires), tous originaires du Kenya, font trempette au fond de l'océan ou servent d

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Carte blanche (48)

Laissée à Kobus van Cleef

Crépuscule des vampyrs et continent obscur

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Quatrième partie

Cinquième partie

Sixième partie

Septième partie

Huitième partie

Neuvième partie

Dixième partie

Onzième partie

Douzième partie

Treizième partie

Quatorzième partie

Quinzième partie

Seizième partie

Dix-septième partie

en fait on n'est pas passé très loin de la cata, sous les espèces des gardes de la réserve naturelle royale King Salman
mais au dernier moment on a piqué plein est puis, l'ayant dépassée (la réserve naturelle) par tribord on s'est rabattu plein ouest, pour venir se ficher dans le saillant constitué par le wadi rum, pas très loin de Bjel Burdha
on pourrait faire du tourisme, mais bon, le doganier nous fait emprunter un itinéraire crapoteux, qui met à rude épreuve les suspattes de nos véhicules
ça couine, ça grince, surtout sur de grosses bagnoles bien lourdingues, on aura pas l'air con si on casse un essieu
et pour trouver un concess' toyota dans ce ku du monde, hein, tu m'as compris
alors on y va mollo, pendant des heures, les bagnoles glissent de rochers plats en rochers acérés, de pentes en devers, d'étroits en moraines au milieu du chemin, parfois les tôles raclent quelques pétroglyphes parfois on accroche la rare végétation, c'est Gretta qui serait pas contente mais ouat, on s'en fiche
seul le doganier sait où il va, il s'est installé à l'avant , d'une main il indique le chemin à Blumroch, avec ce geste typique de l'orient dominateur, main verticale, poignet fendant l'air comme une lame, de l'autre il pétrit la cuisse puis l'entrejambes du supplétif saoudard moustachu hyperviril (qui se pâme sous ses caresses)
vous allez croire que je fais une fixation sur les relations homo dans ces contrées mais je ne veut rien cacher
et puis c'est un mode de régulation des tensions sociales, lorsque peu d'hommes ont le pouvoir de posséder (j'eusse dû mettre des guillemets , on ne possède pas une épouse, c'est elle qui nous possède, ou du moins notre chéquier, enfin , c'est le cas en occident) beaucoup d'épouses, que reste-t-il à la multitude?
la possibilité de s'enfiler entre hommes
parce que pour ce qui est d'aller quérir une épouse dans le bled voisin, c'est de boire frais!
elles sont déjà toutes préemptées par le cheik ou le cadi
quand c'est pas par l'iman du kortier
voyez, avec moi, on a soit leçon d'histoire, soit anthropologie
mais je fais pas d'interro surprise....

On arrive enfin sur un plateau désert, exceptés une équipe de grimpeurs austrichiens qui a installé là son bivouac et une équipe d'archéologues qui travaillent sur les restes d'un temple nabatéen
Plus la flicaille afférente, on est quand même dans le pays où la surveillance est totale, histoire d'éviter les attentats à l'encontre de son voisin raelien, flicaille dont le défraiement est pris en charge, en grande partie,par un allié inconditionnel du voisin en question
Oui je sais, la géopolitique c'est complexe, mais c'est fondé sur des données infalsifiables, comme la démographie, le racizm et l'histoire

On s'installe pour la nuit, nos amis persans,saoudards et le doganier jordanien s'isolent pour s'enculer en couronne ( logique ici comme en saouderie, nous sommes en royauté, d'où la couronne)
Au bout d'un moment, le chat viens nous rejoindre, n'en pouvant plus des gémissements et des sourdes imprécations lancées, dents serrées, par les protagonistes de l'orgie
Au loin, le bivouac des alpinistes et celui des archéologues brille de mille feux, avec la muzak qui va, on s'enquiert, sans trop en dire, c'est l'anniv du chef de chantier, un diplômé de l'école du Louvre, passé ensuite par le CNRS, bref un exemple de la méritocratie republiconne
On le gratule, bière, chips
Où donc ont ils trouvé de l'alcool ?
Réponse simple, le village chrétien en bas,dix heures de route en quatquat, y a aussi du chauchichon
Régal,pur régal, on voudrait pas abuser hein, mais non, prenez place
Dans les alpinistes on retrouve un maigre sec façon Walter Bonatti et une très bronzée façon Florence Artaud, qui, inévitablement,flashe sur Firdaous/Saladin ( tout en ignorant sa partie femelle)
Lequel Saladin me presse de réparer sa pompe à zguegue
Tu parles, comme ça dans la nuit, sans matos ni pièce de rechange ?
On fouille dans le kit de secours des alpinistes et des archéologues réunis, un tube de colle UU, une grosse seringue et du sérum salé, des aiguilles et des tubulures, qu'on me demande pas plus qu'une rigidité transitoire, hein

Bricolage à la lueur d'une lampe frontale ( ça me rappelle mes tentatives en ORL, plus jeune), identification de la plaie, pas bien folichonne, parage, exposition des structures prothétiques sous jacentes, identification de la fuite, colmatage à la super glue, attente pour le séchage, hémostase, fermeture du rouston ( fait en peau de chatte, je rappelle), piqûre du réservoir à l'aiguille fine, inflation prudente
Bon gû !
Une aubergine de saison !
Tumescente, veinée et pas bien ragoûtante pour dire vrai, mais l'alpineuse se jette dessus sans barguigner
Je vous passe la suite, toujours est il que j'ai tué le temps en maintenant la pression dans le membre artificiel, en vérifiant de temps à autre, l'absence de suffusion du sérum physiologique en périphérie du matériel
Mais mon bricolage tiens le coup, ce qui devrait me valoir, au moins, la reconnaissance éternelle de Firdaous/Saladin
Ou une place sur son testament
Et éventuellement, une inscription gratuite au club alpin austrichien, avec le parrainage du sosie de Florence A
Las, au matin, Saladin/Firdaous n'exprime plus ni sa virilité ( j'ai dégonflé le matos histoire d'éviter l'ulcération des tissus mous en périphérie) ni sa féminité, mais son âge
Hé oui, pour quelqu'un de l'âge de Jean Eudes, estudiant dans les 68, de telles activités nocturnes,soutenues et intenses, sont déconseillées
En un mot comme en cent, Saladin nous fait l'infarctus et meurt, là, sur place
On pourrait même se gausser d'un transfert de foutre au cerveau mais ça serait pas chrestien
L'aryenne du Tyrol n'en a quine, elle s'est remplie, mais nouzautres, ça augure mal de la poursuite du voyage
Et les grimpeurs,suivis par les gratteurs de sépultures, veulent,ces cons là,alerter les zautorités pour évacuer la carcasse de notre pauvre ami
Tout cela en me regardant de travers,car si je n'avais pas restauré la virilité de Saladin, il serait encore de ce monde
On leur objecte que quitter ce monde sur le bout du nœud est préférable au fait de le quitter sur la pointe des pieds mais ces légalistes forcenés ne veulent rien entendre, mort en pleine nature, donc suspecte, donc intervention des autorités,donc enquête
C'est là qu'on voit se pointer le doganier jordanien, remballant son ventre dans son uniforme, rajustant son keffieh ( ils en portent tous là bas, ça magnifie la tête la plus anodine), la sueur du stupre encore collée au front, de grandes traces de flageolant sur le calbard
Dûment chapitré par Vesna, il interroge à la façon des Turcs, en tonitruant, les témoins, il exige les documents, les autorisations de fouille, aux grands cris de l'équipe des gratteurs de sépultures, les compulse en reniflant dans sa mostach'
Puis il sort de sa poche pectorale un carnet à souches, exécute trois hiéroglyphes dessus, le tend à l'interlocuteur le plus virulent, et congédie toulmonde
Geste ample, moue dégoûtée
Balek balek, du vent, quoi merde !
Les sportifs et les chiantifiques disparaissent, on reste seuls avec le corps

Il y a eu peu entre l'accomplissement et la fin de Saladin, entre Eros et Thanatos en somme
Et pendant ces aventures on n'aura cessé de célébrer des noces charnelles et des funérailles
Plus une naissance
Tout le pannel de l'existence
Ce genre de préoccupations, chez un vieux comme moi, ça fait réfléchir, un peu comme si j'avais conscience de l'imminence de mon destin

La suite si je trouve une borne ouifi, en voyage, les choses sont pas si simple

Les chaouchs saoudards creusent une fosse, tournée au Sud, vers la Mecque, les bords s'eboulent régulièrement, on dispose le corps au grand dam des 'rcheologues lesquels, revenus sur place, prétendent que ça va brouiller les recherches à venir
On leur représente que le chef des béni amer ne peut que reposer à quelques distance du lieu éponyme, sur le flanc gauche, dans la tradition locale

La question qui nous taraude c'est "linceul ?, pas de linceul ?"
Les chaouchs résolvent le problème en lui drappant le chef dans son keffieh
Pendant ce temps, le doganier jordanien a ressorti son carnet à souches, trois vermicelles sur une page qu'il déchire et qu'il rentre de force dans la poche de ticheurte du chef de chantier arkeolojik, en brassant l'air, façon ottomane, putain, du vent, les gratteurs de sépultures,du vent, voyez pas qu'on est occupés, là ?
Ou alors,associez vous au clan, mettez vous en rang pour la prière,voui au fond avec les infidèles

Mais ça continue à ergoter, à renauder, à chanter pouilles comme on dit chez moi
Problème résolu par les gardes côtes persans, ils prennent en tenaille le récalcitrant, le téléportent à la périphérie du cimetière improvisé , le

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Carte blanche (52)

Laissée à Kobus van Cleef

Crépuscule des vampyrs et continent obscur

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Quatrième partie

Cinquième partie

Sixième partie

Septième partie

Huitième partie

Neuvième partie

Dixième partie

Onzième partie

Douzième partie

Treizième partie

Quatorzième partie

Quinzième partie

Seizième partie

Dix-septième partie

Dix-huitième partie

Dix-neuvième partie

Vingtième partie

Vingt-et-unième partie

 

on entre dans le saint des saints, la salle de musclation
tapis de course, appareils de torture, poids, altères et toujours cette muzak térébrante, le truc qui te rentre dans l'oreille et finit par creuser son trou dans ta cervelle
l'odorant et musculeux vis a vis de Kobus s'est désapé en un tour de main, il porte un petit débardot en nylon, couleur vert anis qui ne laisse rien ignorer de ses différents chefs musculaires
sans façons, il se précipite sur la première bécane venue, et voilà t-y pas que le foutre le biche!
il pousse, tire, pousse à nouveau!
les poids font gling glang en retombant puis en étant expédiés au plafond de la salle
ça crée un appel d'air, un brassage d'atmosphère
avec le bruit
ho hisse, ho hisse!
tant tellement que les autres culturistes ralentissent, puis s'interrompent puis affluent, désertant leurs machines
ho hisse, ho hisse!
médusés, les autres font cercle, dans un grand silence
ho hisse, ho hisse!
gling, glang!
avisant une bécane libre, sa préférée, le mec se rue dessus, c'est une presse à quadriceps
et vas y que je te pousse dessus, et boum fait le contrepoids en arrivant en bout de course
allez, boum! allez, boum! allez, han, boum!
mais qu'est ce que c'est que ce cyborg?
qu'est ce qui se passe ici?
pour quoi ce déchaînement de puissance sur ces pauvres machines qui lui ont rien fait?
et le mec ne semble pas souffrir, hein, il a toujours cette trogne illuminée d'un sourire figé, la transpi et la testo dégoulinent de ses pores, et toujours cette cadence, han, boum, han boum, han, boum, inaltérable
illumination!
kobus comprends enfin (il y a mis le temps)
nous sommes en présence d'un crétin masturbatoire, d'un onaniste forcené
sa mère devait lui attacher les mains, la nuit, pas possible autrement
jusqu'à quand ça va durer?
toute la soirée, la nuit et le jour à venir, s'il est convenablement ravitaillé
kobus court à l'accueil, il explique que son pote est parti pour le guiness book de l'endurance et que voilà, une canette de coca toutes les 20 minutes, de quoi lui éponger le front, surtout ne pas le laisser refroidir
puis il disparaît ailleurs

 

Il repasse au Gargano, faut mettre toulmonde au courant, il connaît le moyen, un feu en haut du monastère
Il saute la barrière, subreptice et furtif comme un monte en l'air albanoche, bing, coïncidence, en voilà un qui tente de s'introduire dans les dortoirs des hommes, le gusse s'y prend mal, son passe partout fait crouic crouic sur la serrure millénaire
Ni une ni deux, kobus fait une retraite jusqu'à l'appentis où sont stockés les outils de jardin, il assure un manche de pioche dans sa dextre
Bing, un coup sur la carafe,l'albanoche s'effondre
Coup de fil à la polizia ( avec le protable du cambrioleur, on n'est pas con non plus, dans ce monde hyper fliqué tout peut être tracé), annonce brève, élimination du téléphone
Puis grimper rapide sur le clocher, passage entre les deux coupoles ( une visible de l'intérieur l'autre de l'extérieur avec entre les deux un espace mort colonisé par divers volatiles, ça sent le guano), allumage du boutefeu, descente en catastrophe, pas se faire pogner par les carabiniers
Malheureux hasard,ces cons là ne sont pas en retard !
Kobus se mêle donc à la foule des moines, des pèlerins et des converts qui ont quitté leurs grabats pour cause d'alerte incendie
Il échappe de justesse à l'oeil des flics et des pompiers mais pas à celui du grand karpatique

 

Un discret mouvement du chef signifiant "viens me voir après tout ce barouf"
Un acquiescement muet sous forme d'une torsion convulsive du sourcil droit pour kobus
Le mutant a eu l'intelligence de rester dans sa cellule, il pourra toujours dire que le traitement le défigure et qu'il ne veut pas imposer la vision de sa face ravagée à la populace environnante
Szuzanna est sortie dans le simple appareil d'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil ( je savais que j'arriverai à la placer), même pas besoin de voir le kob's, elle a pigé, faut faire les valises et dégager, une fois encore
Dans la ville, les pasdars se sont réveillés, dans la soupente qu'ils occupent avec une vingtaine de migrons, qu'ils ont tous intimement connus ( on ne dira jamais assez combien l'hébergement collectif rapproche les êtres), de toutes façons, c'est l'heure d'aller au turbin, éplucher les légumes pour le frichti du midi
Blumroch s'étire depuis le kiosque à cartes postales qu'il occupe sur le parvis du monastère, Jean Eudes termine son tour de garde ( insoupçonnable, il est devenu vigile de nuit pour la caisse d'épargne des Pouilles), il va raccrocher sa casquette et son trousseau de clés
Emesse, Vesna et Erzebeth, qui partagent une colloc hors de prix, ont entendu les sirènes des vigili di fuoco, un coup d'œil par la lucarne et leur opinion est faite,. faut y aller
Au monastère, le perigrin albanoche reprend connaissance aux pieds des carabiniers, il tente, à la française, de se prétendre victime, mais ouat !
On l'embarque, il tiendra compagnie à ses compères en prison et le dottore commissaire a quelques questions à lui poser

 

embarqué au poste, le périgrin croit finaud d'excipier de liens avec des autorités supérieures pour garder le silence
pas contents, les flicaillons locaux expédient sa fiche à la DIGOS, qui saura, jugent-ils, démêler le vrai du faux, le bon grain de l'ivraie
ça en fait un de moins
nauzautres en revanche, restons un peu séparés, histoire de ne point attirer sur nous l'oeil de sauron du renseignement raëlien
Jean Eudes partira un peu en avance avec un des deux pasdars, direction Barri puis transfert vers Dubrovnik, l'antique Raguse....puis ensuite, infiltration discr^te vers l'arrière pays, Zagreb, puis la Hongrie, Zeferzedàr puis ensuite....
un autre couple prendra la direction de Split (bon plan, ils pourront visiter le palais de Dioclétien), un autre encore ira vers Dürres, un autre encore vers Triestre
bref, nous échenillerons toute l'Adriatique

 

On planifie tout bien, départs étalés sur plusieurs semaines, que d'autres impétrants prennent nos places dans le paysage, histoire d'éviter de trop attirer l'attention sur nouzautres et nos disparitions collectives
Et on s'arrangera pour rendre plausibles nos défections respectives
Ainsi, la très belle Emesse trouve une excuse en or, lorsque le singe qui gère la crêperie s'occupe de vérifier la fermeté de son corsage ainsi que l'affaire du perigrin albanoche lui en a donné l'idée
Il y récolte une confirmation tactile, un gnon sur le crâne, également à coup de billig et le tablier d'opérette de la belle jetté en pleine face ( plus quelques crachats, la réprobation des gargotiers avoisinants et une promesse d'action au civil et au pénal -harceler le corsage des employées, aussi girondes soient elles, ne peut que finir sur un mauvais procès)
Blumroch, lui, peu de temps après, justifie son départ par l'incendie de son kiosque à cartes postales, incendie par lui allumé de façon subreptice
Pasdar Abbas et Darius, c'est la fatigue de leurs co -turnes, à la fois réveillés par leurs ébats nocturnes et parfois tentés d'y prendre part ( mais c'est assez frustrant pour les participants occasionnels qui se retrouvent assignés au rôle passif, à quatre pattes et les dents mordant les draps)
Jean Eudes, grand seigneur, choisira de partir en dévalisant la caisse d'épargne des Pouilles, rien de dramatique mais toudmeme, ça fait un peu de peine au directeur
Et tout à l'avenant, kobus réalise un poc magistral sur son Vito de livraison, s'engueule avec le chaouch de l'entrepôt lorsqu'on lui fait la remarque que merde qui va payer le carrossier et prend la porte en hurlant des fancullo Pinocchio, le mutant, pas franchement repu après avoir saigné un agent raelien, le mutant donc,part en premier pour rallier un autre centre dermato et ku béni ( la roche posay ?)
Le grand karpatique, supposé vénérable du couve

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Le jour où je suis mort

On m’a affecté à la défense du centre ville. Pourquoi pas ? Je ne suis qu’à 500 mètres de chez moi et cela me permet d’y aller de temps à autre pour voir si mon immeuble tient toujours debout et si personne aurait eu l’idée de "visiter" mon appartement. Avec deux compagnons je campe depuis une quinzaine de jours dans un ancien snack-bar près de ce qui est censé être la ligne de front. C’est ma première affectation.

Quand on est venu me chercher, une vingtaine de jours après le début des Événements, je me suis laissé faire. Avais-je le choix de toute façon ? Et puis sans eau ni électricité le temps commençait à me paraître long, je crois aussi que je déprimais un peu. Trois mois après, dont un dans un camp d’entraînement à la campagne avec maniement d’armes légères, marches, manoeuvres, rudiments de tactiques militaires et propagande (déjà !) et deux dans un hôpital militaire pour une entorse mal soignée faite lors d’un exercice, j’ai insisté, au moment de choisir mon unité, pour intégrer celle des Royalistes. Au yeux des autres nationalistes, ils faisaient figure d’originaux, leur dénomination officielle n’était-elle pas "La Grande Armée Catholique et Royale" en souvenir de la Guerre de Vendée ? Mais c’était sans importance puisqu’on avait besoin de tout le monde et qu’ils se battaient sans rechigner.

Les deux combattants qui tiennent la position avec moi (c’est pour l’instant plutôt facile puisqu’on ne nous a pas encore attaqué) sont très fréquentables. Éric, un ancien gendarme, est le plus vieux, il a le grade de sergent et commande. L’autre, Jean-Baptiste dit Jeb, plus jeune que moi, est étudiant en Histoire. Sur le bras gauche de nos vestes sont cousus un drapeau tricolore et un Sacré Cœur. On dispose d’un poste émetteur-récepteur, de quelques semaines de vivres, de nos fusils d’assaut et d’une petite réserve de munitions, pas de quoi tenir un siège. Voilà c’est à peu près tout.

Et puis on attend, si on voit quelque chose de suspect on transmet au Quartier Général. Le problème c’est que tout parait suspect et que rien ne l’est vraiment. Pour l’instant on ne voit que des civils (nous ne le sommes déjà plus ?!) passaient sur l’avenue qui sert de ligne de démarcation. Tant qu’ils n’ont pas de comportements hostiles on ne fait rien. Ils ont seulement l’air inquiet et cherchent de quoi continuer à vivre à peu près normalement avec leur famille. Parfois, ils viennent nous voir et nous demandent si on sait quelque chose sur ce qui se passe. On a ordre de ne rien dire et on s’y tient d’autant plus facilement qu’on n’en sait pas plus qu’eux. Mais on prend des airs mystérieux et on lâche des « désolé, pas le droit de dire quoi que se soit .»

Au départ, quand un civil s’approchait, on faisait scrupuleusement les sommations d’usage. Trois jours après, une fouille rapide suffit. C’est incroyable comme la routine (et son relâchement inhérent) s’installe vite. Mes compagnons, notre "poste de garde" (le Poste avancé n° 17), la portion d’avenue que l’on distingue derrière l’empilement hétéroclite qui obstrue les ouvertures constituent notre univers. Avec l’habitude il est devenu rassurant et je crois que cela nous aurait coûté de le quitter pour aller ailleurs.

Pour l’instant, le conflit se limite pour nous à des tirs sporadiques, à quelques rares explosions à grande distance de notre position et à une rafale contre notre façade (sans qu’on puisse réagir d’ailleurs, les "attaquants" étant à moto). On entend, mais on ne voit rien. L’avenue est d’autant plus calme qu’elle est interdite aux véhicules par des barrages constitués de containers aux deux extrémités. Nos patrouilles quotidiennes dans notre secteur (on ne franchit pas l’avenue) ne nous apprennent rien d’autre.

Confusément, on espère que les choses changent pour sortir de ce quotidien amollissant, entre nous on se dit même espérer une attaque pour nous défouler, tout en s'avouant que l’on n’est  pas si mal et que les choses ne peuvent que se modifier en pire. Avec de la chance peut-être la « guerre » (on a un peu de mal à l’appeler ainsi, comme si cette dénomination aggrave la situation) finirait sans qu’il y ai trop de casse.

- Nous sommes le 15 août, dit Jeb comme pour lui-même, tout en griffonnant sur le carnet qu’il appelle très sérieusement son Journal de guerre.

Éric et lui sont croyants, puisque je ne le suis pas, au départ ils s’étaient demandés pourquoi j’avais choisi d’intégrer la G.A.C.R. Je n’avais pas répondu à leurs interrogations et ils n’avaient pas insisté, mais je pense qu’ils se posent toujours la question. Peut-être qu’en me mentionnant le jour Jeb espère-t-il me voir prier avec eux. Peine perdue.

Éric ne dit rien, il semble inquiet  et scrute l’avenue. Hier, les tirs s’étaient rapprochés et intensifiés. Interrogé, le QG avait parlé d’une offensive ennemie mais nous avait assuré qu’elle ne concernait pas notre secteur et qu’elle ne tarderait pas à être endiguée comme les précédentes. Pourtant tout est étrangement calme depuis ce matin. On n’entend que le chants des oiseaux, aucun civil ne s’est montrés depuis le levé du jour.

- Viens voir. Je crois qu’il se passe quelque chose.

Je m’approche d’Éric. Et regarde dans la même direction que lui. Je ne vois rien.

- Si, regarde au-dessus de la boulangerie. La deuxième fenêtre en partant de la droite.

- Merde ! T’as raison, il y a un mec avec une arme. C’est peut-être un des nôtres ?

- De l’autre coté de la ligne, sans qu’on soit prévenu, c’est impossible. Jeb, préviens le QG.

Jeb s’arrache à l’écriture de son journal et s’exécute.

- Ils nous disent de riposter seulement si on nous tire dessus et de les tenir au courant.

- Rien d’autre ? demande Éric.

- Non.

- Merci pour tout, ironisé-je.

Maintenant on est trois à regarder dehors. On scrute à s’en faire mal au yeux et à la longue tout semble se mettre à bouger, tout devient hostile. Et puis soudain  on aperçoit des gens armés qui passent d’un bâtiment à l’autre courbés en deux. Jeb transmet à nouveau, mais on doit attendre : "pas de provocation". Mince, moi qui croyait être en guerre ! Alors, on attend. On a tous vérifié notre arme. Éric et moi près des minces ouvertures qui donnent sur l’avenue et Jeb au poste radio. Et puis c’est un bruit qui enfle, un grondement qui se rapproche faisant vibrer le bâtiment. Je regarde Éric. Il est blême et murmure entre les dents :

- Merde, je crois bien qu’on nous envoie les chars.

- Mais on a pas d’arme contre ça, dis-je stupidement.

- Jeb ! dis-leur qu’on a des chars en face.

Jusque là l’Armée française avait officiellement gardé une certaine neutralité en ne fournissant aucune arme lourde aux belligérants, il fallait se rendre à l’évidence : les choses avaient changé.

- Je capte rien, dit Jeb d’une voix blanche.

- Essaie encore. Si on a encore rien, on se replie.

Le char vient d’apparaître dans mon champ de vision, sur ses flancs et sa tourelle il y a des choses inscrites à la peinture verte, mais je n’arrive pas déchiffrer à cette distante. Il s’arrête et son canon pivote vers nous.

- Foutons le camp !

Je crois que c’est moi qui a crié, et puis tout s’écroule autour de nous. Je suis sur le sol, je n’entends plus rien, j’essaie de me relever, mais ma jambe gauche se dérobe, j’ai du sang partout. Je tousse, la poussière me rentre dans la bouche, dans les poumons. Où sont Éric et Jeb ? Tout est sans dessus dessous et j’ai l’impression que le plafond est plus bas, comme si le bâtiment s’était affaissé.

On me prend par les aisselles et on me tire dehors par la porte de derrière. Dans la rue, Jeb, c’est lui qui m’a sorti de là, passe mon bras au-dessus de ses épaules et m’aide à me mettre debout. Il est couvert de poussière, mais ne semble pas en trop mauvais état. Les sons me parviennent déformés, lointains et ma jambe refuse toujours d’obéir, par contre je ne souffre pas, pas encore. Par les petites rues on arrive à s’éloigner tant bien que mal de notre poste. Personne n’a l’air de nous poursuivre.

Jeb est exténué. Il m’aide à m’asseoir, adossé à un mur.

- Je vais chercher de l’aide.

Il doit voir la panique dans mes yeux, car il rajoute aussitôt :

- Je reviens, fais-moi confiance. Je reviens.

Il s’éloigne et avant de tourner dans la rue voisine me fait un signe de la main. Je n’ai pas la force de lui répondre. Je n’arrive pas à parler, mais j’entends de mieux en mieux et je crois comprendre que le char ou les chars font des cartons sans interruptions. Je me demande bien sur quoi d’ailleurs.

Je regarde pour la première fois ma jambe, ce n’est pas beau, il me manque un morceau de cuisse et j’ai perdu beaucoup de sang. Pourtant, je me sens étrangement léger. Les détonations semblent se rapprocher. Peut-être que des renforts amis sont arrivés. Je n’en sais rien, j’attends Jeb. Le plus infime mouvement me coûte. Et il y a ce bruit métallique qui me réveille, je m’étais endormi. C’est sur ma droite. Malgré la nausée, je fais un effort pour voir ce que c’est. Je la vois à un mètre de moi, dégoupillée.

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Histoire... (78)


L'hiver de Louis XIV

1709. Un froid glacial tombe sur la France : - 20 °C aux mois de janvier et de février. A Versailles, le vin gèle dans les carafes. Dans les campagnes, les paysans grelottent et la famine menace. C'est la guerre, déclenchée, neuf ans plus tôt, par les Impériaux d'Allemagne, l'Angleterre et la Hollande, pour la Succession d'Espagne. Au nord et au sud, le royaume est menacé. Mais Louis XIV fait face, et le pays le suit. Telle est la grandeur du Roi-Soleil.

Louis XIV, en cette année 1708, a 70 ans. Il vit des jours funestes. Son corps se dégrade. Les dents sont tombées. Il ne mange pas. Il avale : poissons, poulets et gibiers rôtis, pâtés en croûte, purée de pois, fruits, eau glacée et eau de cannelle. Il s'empiffre pour tenter d'apaiser ses entrailles, ce ventre, lieu de ses tourments. Les médecins affirment qu'un ver le ronge. On le purge. Il est, 22 fois en une journée, assis sur sa chaise percée. Quand le ventre le laisse en paix, une douleur d'enfer perce ses reins. Uriner est un supplice jusqu'à ce qu'un calcul gros comme un grain de sable passe. Alors, c'est la goutte qui le paralyse. On le saigne.

Mais Louis XIV se bat, lèvres serrées, marchant droit parmi les courtisans, altier, souverain, comme si ses souffrances domptées n'existaient plus. Et il tient Conseil, chapeau sur la tête, attentif à toutes les affaires, interrogeant le contrôleur général Desmarets, le ministre des Affaires étrangères Jean-Baptiste Colbert de Torcy - le neveu du grand Colbert. A les écouter, Louis XIV a le sentiment que le royaume est en proie à des maladies aussi douloureuses que celles qui assaillent son corps.

Car c'est la guerre contre la Ligue constituée par les Impériaux d'Allemagne, mais surtout par l'Angleterre et les Provinces-Unies, cette Hollande hérétique où tant de huguenots français ont, après la révocation de l'édit de Nantes, en 1685, trouvé refuge. On veut l'humilier parce qu'il est le Roi Très-Chrétien et parce qu'il a accepté en novembre 1700 que son petit-fils, le duc d'Anjou, devienne roi d'Espagne sous le nom de Philippe V. Il n'a fait que suivre le testament de Charles II, roi d'Espagne, mais la guerre de Succession d'Espagne a aussitôt commencé.

Les défaites se sont accumulées. Les caisses sont vides. Les armées démunies.

Fénelon, archevêque de Cambrai, écrit : « Si le roi venait en personne sur la frontière, il verrait qu'on manque de tout, et dans les places en cas de siège, et dans les troupes faute d'argent. Il verrait le découragement de la discipline, le mépris du gouvernement, l'ascendant des ennemis, le soulèvement secret des peuples et l'irrésolution des généraux. »

La citadelle de Lille tombe le 8 décembre 1708 aux mains du prince Eugène de Savoie, le meilleur chef de guerre, avec le duc de Malborough, de la coalition.

Temps funestes, qui rappellent ces années 1693-1694, quand une Lettre anonyme à Louis XIV avait circulé, sans doute écrite par Fénelon, déjà !

« Vos peuples, que vous devriez aimer comme vos enfants et qui ont été jusqu'ici si passionnés pour vous, meurent de faim. La culture des terres est presque abandonnée, les villes et les campagnes se dépeuplent et ne nourrissent plus les ouvriers. Tout commerce est anéanti. Par conséquent, vous avez détruit la moitié des forces réelles dedans de votre Etat pour défendre de vaines conquêtes au dehors... La France entière n'est plus qu'un grand capital désolé et sans provisions. Les magistrats sont avilis et épuisés. La noblesse, dont tout le bien est en décret, ne vit que de lettres d'Etat... Le peuple même, qui vous a tant aimé, commence à perdre l'amitié, la confiance et même le respect. Il est plein d'aigreur et de désespoir. La sédition s'allume peu à peu de toutes parts... Voilà, Sire, l'état où vous êtes. Vous vivez comme ayant un bandeau fatal sur les yeux. »

L'injustice violente de ces propos avait, en 1694, suscité le mépris de Louis XIV. Il connaissait l'état du royaume et la misère de ses peuples.

La France avait été victime non pas d'abord de la politique du roi, mais de pluies diluviennes, d'un hiver glacial. Les blés avaient gelé et pourri.

Durant deux années, on ne récolte plus. On meurt de faim, d'épidémie, de scorbut. D'août 1693 à juillet 1694, on dénombre près de 2 millions de morts, plus que durant toutes les « grandes guerres » à venir. On se nourrit de pain de son, d'orties cuites, d'entrailles nauséabondes de bestiaux.

Comment oublier ces années-là quand, en 1708-1709, comme une réplique, après un automne 1708 rigoureux, le froid glacial (- 20 °C de moyenne en janvier-février 1709) s'abat sur le royaume ? On grelotte à Versailles. Le vin gèle dans les verres et les carafes. Le bouillon de poule est recouvert d'une couche de glaçons. C'est le Grand Hiver. Des chênes séculaires se fendent à grand bruit. Les animaux succombent, les oiseaux tombent saisis en plein vol, les rivières sont gelées. « J'ai vu mes paroissiens, écrit un curé, ayant tous les cheveux et la barbe toute blanche et leur haleine qui glaçait en sortant de leur bouche. Les pauvres n'avaient plus que la peau et les os. » Certains se pendaient, ne pouvant nourrir leurs enfants. D'autres se révoltent.

Les régiments des gardes françaises et suisses, commandés par le lieutenant général de police d'Argenson, répriment une émeute au Palais-Royal. Au moins 40 morts. Le maréchal de Boufflers, rue Saint-Denis, a vu des femmes de la Halle et des laquais sans emploi marcher les poings levés en hurlant : « Du pain ! Nous voulons du pain ! »

« Dites au roi notre misère ! » crient les meneurs au maréchal.

Louis XIV ordonne, comme il l'a fait il y a quinze ans, de faire porter sa vaisselle d'or et d'argent à la Monnaie pour qu'on la fonde et qu'avec les lingots de métaux précieux on achète des cargaisons de blé.

Et s'il y a blocus anglais, qu'on le force ! Cependant, le roi ne s'illusionne pas. Ces achats de blé ne peuvent suffire. Les rapports des intendants signalent toujours des révoltes, des « émotions paysannes ».

L'intendant du Bourbonnais a été assailli par 800 « vilains » et n'a dû son salut qu'à la fuite. Des bandes de paysans, de soldats déserteurs, de mendiants attaquent les châteaux et les couvents pour piller les réserves de grain qu'ils imaginent y trouver.

Le carrosse de M. le Dauphin a été arrêté à Paris par des femmes enragées, et il n'a pu se sauver qu'en leur jetant des poignées de pièces. Et certaines de ces femmes de la Halle se sont rendues en cortège à Versailles et devant les grilles du château, elles ont réclamé « du pain et la paix ».

Le royaume va-t-il sombrer dans le désordre et la révolte ? Louis XIV se souvient de son enfance, ces années de Fronde, ces « mazarinades » dont on accablait le cardinal-ministre. Aujourd'hui, c'est le roi que visent les pamphlets.

« Notre père qui êtes à Marly

Votre nom n'est plus glorieux

Votre volonté n'est faite

Ni sur la terre ni sur la mer

Rendez-nous aujourd'hui notre pain

Parce que nous nous mourons de faim... »

Louis est blessé. Il s'inquiète. Les protestants du Vivarais ont repris les armes et il faut distraire des troupes indispensables sur les frontières pour réduire ces camisards.

Il écoute, le quatrième dimanche de carême, le sermon du père Massillon : « La main du Seigneur est étendue sur nos peuples dans nos villes et dans les campagnes : vous le savez et vous vous en plaignez. Le ciel est d'airain pour ce royaume affligé, la misère, la pauvreté, la désolation, la mort, marchent partout devant nous. »

Et le contrôleur général Desmarets juge en Conseil que « la disposition d'esprit de tous les peuples est mauvaise. Ils sont prêts, tenaillés par la misère, la faim, le désespoir, à la révolte. A tous ces maux, il n'est possible de trouver des remèdes que par une prompte paix. »

Louis XIV se résout à envoyer Colbert de Torcy à La Haye. Mais les exigences des Hollandais, des Anglais et des Impériaux sont inacceptables. Il faudrait abandonner le roi d'Espagne - le petit-fils de Louis XIV ! -, livrer Bayonne et Perpignan, rétablir dans le royaume la religion prétendument réformée, et remettre aux huguenots les places fortes de Bordeaux et de La Rochelle.

Le roi devrait faire boucher le port du Havre et raser Dunkerque ! Il céderait l'Alsace et la Franche-Comté, le Dauphiné et la Provence.

Ils veulent donc l'humiliation de Louis le Grand et la soumission du royaume de France, le reniement de la politique de Richelieu.

Croient-ils que les sujets du royaume respecteraient un roi abandonnant son petit-fils ? Se liguant contre lui ? « Puisqu'il faut faire la guerre, dit Louis XIV, j'aime mieux la faire à mes ennemis qu'à mes enfants. »

Il dicte une lettre à ses sujets. Il veut, dit-il à Torcy, que les évêques fassent des mandements avec les principaux passages de cet appel.

Il veut que les curés, dans toutes les paroisses de France, lisent ces mandements après la grand-messe. Il veut que les gouverneurs et commandants de province distribuent l'appel et le collent en placard aux carrefours des rues de toutes les villes du royaume. Il doit parler à ses peuples.

« Mes sujets sauront les raisons de leur roi. »

+t-il, était si généralement répandue dans mon royaume, que je crois devoir à la fidélité que mes peuples m'ont témoignée pendant le cours de mon règne la consolation de les informer des raisons qui empêchent encore qu'ils ne jouissent du repos que j'avais désiré leur procurer. »

Le Roi-Soleil « informe » donc ses sujets. Il expose les raisons qui l'ont conduit à refuser les exigences de la Ligue, démesurées, humiliantes. On voulait même le contraindre à combattre son petit-fils !

Il affirme « sa tendresse pour ses peuples qui n'est pas moins vive que celle qu'il a pour ses propres enfants ». Il répète son désir de les « faire jouir de la paix », mais pas à des « conditions qui sont contraires à la justice et à l'honneur du peuple français ».

Louis XIV en appelle au sentiment national et il est entendu. On s'engage dans la Milice après avoir écouté le curé lire l'appel de Sa Majesté. La foule se rassemble devant l'imprimerie dans laquelle l'appel, dont les premiers exemplaires s'étaient arrachés, est réédité.

Le maréchal de Villars lit à ses troupes la lettre de Louis XIV. Les soldats crient « Vive le roi ! », brandissent leurs fusils armés de baïonnettes.

« Nous voici à la veille des grandes actions qui peuvent décider du salut de l'Etat », dit Villars.

En effet, le royaume ne sera pas englouti par ce que Saint-Simon nomme « les années funestes », cette « horrible lie des temps ». C'est même durant cette période, poursuit le mémorialiste, que Louis XIV a le plus mérité le nom de Grand.

« Le roi laissa voir avec simplicité la grandeur de son âme, sa fermeté, sa stabilité, son égalité, un courage à l'épreuve des plus épouvantables revers et des plus cuisantes peines, une force d'esprit qui ne se cache rien, qui ne dissimule rien, qui voit les choses comme elles sont ; qui de là s'humilie en secret sous la main de Dieu et espère tout, contre toute espérance, affermit sa main sur le gouvernail jusqu'au bout, ne se rebute de rien, conserve son extérieur dans tout l'ordinaire de sa vie, toute sa majesté avec une égalité si simple et si peu affectée que l'étonnement et l'admiration qui en naissaient... fut tous les jours nouvelle, en sorte que nul ne pouvait s'y accoutumer. »

Dans l'hiver de sa vie et de son règne, Louis XIV reste le Roi-Soleil.

Max Gallo

Source : Le Figaro.fr

 

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Le jour où je suis mort

On m’a affecté à la défense du centre ville. Pourquoi pas ? Je ne suis qu’à 500 mètres de chez moi et cela me permet d’y aller de temps à autre pour voir si mon immeuble tient toujours debout et si personne aurait eu l’idée de "visiter" mon appartement. Avec deux compagnons je campe depuis une quinzaine de jours dans un ancien snack-bar près de ce qui est censé être la ligne de front. C’est ma première affectation.

Quand on est venu me chercher, une vingtaine de jours après le début des Événements, je me suis laissé faire. Avais-je le choix de toute façon ? Et puis sans eau ni électricité le temps commençait à me paraître long, je crois aussi que je déprimais un peu. Trois mois après, dont un dans un camp d’entraînement à la campagne avec maniement d’armes légères, marches, manœuvres, rudiments de tactiques militaires et propagande (déjà !) et deux dans un hôpital militaire pour une entorse mal soignée faite lors d’un exercice, j’ai insisté, au moment de choisir mon unité, pour intégrer celle des Royalistes. Au yeux des autres nationalistes, ils faisaient figure d’originaux, leur dénomination officielle n’était-elle pas "La Grande Armée Catholique et Royale" en souvenir de la Guerre de Vendée ? Mais c’était sans importance puisqu’on avait besoin de tout le monde et qu’ils se battaient sans rechigner.

Les deux combattants qui tiennent la position avec moi (c’est pour l’instant plutôt facile puisqu’on ne nous a pas encore attaqué) sont très fréquentables. Éric, un ancien gendarme, est le plus vieux, il a le grade de sergent et commande. L’autre, Jean-Baptiste dit Jeb, plus jeune que moi, est étudiant en Histoire. Sur le bras gauche de nos vestes sont cousus un drapeau tricolore et un Sacré Cœur. On dispose d’un poste émetteur-récepteur, de quelques semaines de vivres, de nos fusils d’assaut et d’une petite réserve de munitions, pas de quoi tenir un siège. Voilà c’est à peu près tout.

Et puis on attend, si on voit quelque chose de suspect on transmet au Quartier Général. Le problème c’est que tout parait suspect et que rien ne l’est vraiment. Pour l’instant on ne voit que des civils (nous ne le sommes déjà plus ?!) passaient sur l’avenue qui sert de ligne de démarcation. Tant qu’ils n’ont pas de comportements hostiles on ne fait rien. Ils ont seulement l’air inquiet et cherchent de quoi continuer à vivre à peu près normalement avec leur famille. Parfois, ils viennent nous voir et nous demandent si on sait quelque chose sur ce qui se passe. On a ordre de ne rien dire et on s’y tient d’autant plus facilement qu’on n’en sait pas plus qu’eux. Mais on prend des airs mystérieux et on lâche des « désolé, pas le droit de dire quoi que se soit .»

Au départ, quand un civil s’approchait, on faisait scrupuleusement les sommations d’usage. Trois jours après, une fouille rapide suffit. C’est incroyable comme la routine (et son relâchement inhérent) s’installe vite. Mes compagnons, notre "poste de garde" (le Poste avancé n° 17), la portion d’avenue que l’on distingue derrière l’empilement hétéroclite qui obstrue les ouvertures constituent notre univers. Avec l’habitude il est devenu rassurant et je crois que cela nous aurait coûté de le quitter pour aller ailleurs.

Pour l’instant, le conflit se limite pour nous à des tirs sporadiques, à quelques rares explosions à grande distance de notre position et à une rafale contre notre façade (sans qu’on puisse réagir d’ailleurs, les "attaquants" étant à moto). On entend, mais on ne voit rien. L’avenue est d’autant plus calme qu’elle est interdite aux véhicules par des barrages constitués de containers aux deux extrémités. Nos patrouilles quotidiennes dans notre secteur (on ne franchit pas l’avenue) ne nous apprennent rien d’autre.

Confusément, on espère que les choses changent pour sortir de ce quotidien amollissant, entre nous on se dit même espérer une attaque pour nous défouler, tout en s'avouant que l’on n’est  pas si mal et que les choses ne peuvent que se modifier en pire. Avec de la chance peut-être la « guerre » (on a un peu de mal à l’appeler ainsi, comme si cette dénomination aggrave la situation) finirait sans qu’il y ai trop de casse.

- Nous sommes le 15 août, dit Jeb comme pour lui-même, tout en griffonnant sur le carnet qu’il appelle très sérieusement son Journal de guerre.

Éric et lui sont croyants, puisque je ne le suis pas, au départ ils s’étaient demandés pourquoi j’avais choisi d’intégrer la G.A.C.R. Je n’avais pas répondu à leurs interrogations et ils n’avaient pas insisté, mais je pense qu’ils se posent toujours la question. Peut-être qu’en me mentionnant le jour Jeb espère-t-il me voir prier avec eux. Peine perdue.

Éric ne dit rien, il semble inquiet et scrute l’avenue. Hier, les tirs s’étaient rapprochés et intensifiés. Interrogé, le QG avait parlé d’une offensive ennemie mais nous avait assuré qu’elle ne concernait pas notre secteur et qu’elle ne tarderait pas à être endiguée comme les précédentes. Pourtant tout est étrangement calme depuis ce matin. On n’entend que le chants des oiseaux, aucun civil ne s’est montrés depuis le levé du jour.

- Viens voir. Je crois qu’il se passe quelque chose.

Je m’approche d’Éric. Et regarde dans la même direction que lui. Je ne vois rien.

- Si, regarde au-dessus de la boulangerie. La deuxième fenêtre en partant de la droite.

- Merde ! T’as raison, il y a un mec avec une arme. C’est peut-être un des nôtres ?

- De l’autre coté de la ligne, sans qu’on soit prévenu, c’est impossible. Jeb, préviens le QG.

Jeb s’arrache à l’écriture de son journal et s’exécute.

- Ils nous disent de riposter seulement si on nous tire dessus et de les tenir au courant.

- Rien d’autre ? demande Éric.

- Non.

- Merci pour tout, ironisé-je.

Maintenant on est trois à regarder dehors. On scrute à s’en faire mal au yeux et à la longue tout semble se mettre à bouger, tout devient hostile. Et puis soudain on aperçoit des gens armés qui passent d’un bâtiment à l’autre courbés en deux. Jeb transmet à nouveau, mais on doit attendre : "pas de provocation". Mince, moi qui croyait être en guerre ! Alors, on attend. On a tous vérifié notre arme. Éric et moi près des minces ouvertures qui donnent sur l’avenue et Jeb au poste radio. Et puis c’est un bruit qui enfle, un grondement qui se rapproche faisant vibrer le bâtiment. Je regarde Éric. Il est blême et murmure entre les dents :

- Merde, je crois bien qu’on nous envoie les chars.

- Mais on a pas d’arme contre ça, dis-je stupidement.

- Jeb ! dis-leur qu’on a des chars en face.

Jusque là l’Armée française avait officiellement gardé une certaine neutralité en ne fournissant aucune arme lourde aux belligérants, il fallait se rendre à l’évidence : les choses avaient changé.

- Je capte rien, dit Jeb d’une voix blanche.

- Essaie encore. Si on a encore rien, on se replie.

Le char vient d’apparaître dans mon champ de vision, sur ses flancs et sa tourelle il y a des choses inscrites à la peinture verte, mais je n’arrive pas déchiffrer à cette distante. Il s’arrête et son canon pivote vers nous.

- Foutons le camp !

Je crois que c’est moi qui a crié, et puis tout s’écroule autour de nous. Je suis sur le sol, je n’entends plus rien, j’essaie de me relever, mais ma jambe gauche se dérobe, j’ai du sang partout. Je tousse, la poussière me rentre dans la bouche, dans les poumons. Où sont Éric et Jeb ? Tout est sans dessus dessous et j’ai l’impression que le plafond est plus bas, comme si le bâtiment s’était affaissé.

On me prend par les aisselles et on me tire dehors par la porte de derrière. Dans la rue, Jeb, c’est lui qui m’a sorti de là, passe mon bras au-dessus de ses épaules et m’aide à me mettre debout. Il est couvert de poussière, mais ne semble pas en trop mauvais état. Les sons me parviennent déformés, lointains et ma jambe refuse toujours d’obéir, par contre je ne souffre pas, pas encore. Par les petites rues on arrive à s’éloigner tant bien que mal de notre poste. Personne n’a l’air de nous poursuivre.

Jeb est exténué. Il m’aide à m’asseoir, adossé à un mur.

- Je vais chercher de l’aide.

Il doit voir la panique dans mes yeux, car il rajoute aussitôt :

- Je reviens, fais-moi confiance. Je reviens.

Il s’éloigne et avant de tourner dans la rue voisine me fait un signe de la main. Je n’ai pas la force de lui répondre. Je n’arrive pas à parler, mais j’entends de mieux en mieux et je crois comprendre que le char ou les chars font des cartons sans interruptions. Je me demande bien sur quoi d’ailleurs.

Je regarde pour la première fois ma jambe, ce n’est pas beau, il me manque un morceau de cuisse et j’ai perdu beaucoup de sang. Pourtant, je me sens étrangement léger. Les détonations semblent se rapprocher. Peut-être que des renforts amis sont arrivés. Je n’en sais rien, j’attends Jeb. Le plus infime mouvement me coûte. Et il y a ce bruit métallique qui me réveille, je m’étais endormi. C’est sur ma droite. Malgré la nausée, je fais un effort pour voir ce que c’est. Je la vois à un mètre de moi, dégoupillée.

 

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Historiettes, contes et vaticinations (14)

Une petite histoire déjà mise en ligne sur ce blog le 13/01/2007 :

 

Le jour où je suis mort

 

On m’a affecté à la défense du centre ville. Pourquoi pas ? Je ne suis qu’à 500 mètres de chez moi et cela me permet d’y aller de temps à autre pour voir si mon immeuble tient toujours debout et si personne aurait eu l’idée de "visiter" mon appartement. Avec deux compagnons je campe depuis une quinzaine de jours dans un ancien snack-bar près de ce qui est censé être la ligne de front. C’est ma première affectation.

Quand on est venu me chercher, une vingtaine de jours après le début des Événements, je me suis laissé faire. Avais-je le choix de toute façon ? Et puis sans eau ni électricité le temps commençait à me paraître long, je crois aussi que je déprimais un peu. Trois mois après, dont un dans un camp d’entraînement à la campagne avec maniement d’armes légères, marches, manœuvres, rudiments de tactiques militaires et propagande (déjà !) et deux dans un hôpital militaire pour une entorse mal soignée faite lors d’un exercice, j’ai insisté, au moment de choisir mon unité, pour intégrer celle des Royalistes. Au yeux des autres nationalistes, ils faisaient figure d’originaux, leur dénomination officielle n’était-elle pas "La Grande Armée Catholique et Royale" en souvenir de la Guerre de Vendée ? Mais c’était sans importance puisqu’on avait besoin de tout le monde et qu’ils se battaient sans rechigner.

Les deux combattants qui tiennent la position avec moi (c’est pour l’instant plutôt facile puisqu’on ne nous a pas encore attaqué) sont très fréquentables. Éric, un ancien gendarme, est le plus vieux, il a le grade de sergent et commande. L’autre, Jean-Baptiste dit Jeb, plus jeune que moi, est étudiant en Histoire. Sur le bras gauche de nos vestes sont cousus un drapeau tricolore et un Sacré Cœur. On dispose d’un poste émetteur-récepteur, de quelques semaines de vivres, de nos fusils d’assaut et d’une petite réserve de munitions, pas de quoi tenir un siège. Voilà c’est à peu près tout.

Et puis on attend, si on voit quelque chose de suspect on transmet au Quartier Général. Le problème c’est que tout parait suspect et que rien ne l’est vraiment. Pour l’instant on ne voit que des civils (nous ne le sommes déjà plus ?!) passaient sur l’avenue qui sert de ligne de démarcation. Tant qu’ils n’ont pas de comportements hostiles on ne fait rien. Ils ont seulement l’air inquiet et cherchent de quoi continuer à vivre à peu près normalement avec leur famille. Parfois, ils viennent nous voir et nous demandent si on sait quelque chose sur ce qui se passe. On a ordre de ne rien dire et on s’y tient d’autant plus facilement qu’on n’en sait pas plus qu’eux. Mais on prend des airs mystérieux et on lâche des « désolé, pas le droit de dire quoi que se soit .»

Au départ, quand un civil s’approchait, on faisait scrupuleusement les sommations d’usage. Trois jours après, une fouille rapide suffit. C’est incroyable comme la routine (et son relâchement inhérent) s’installe vite. Mes compagnons, notre "poste de garde" (le Poste avancé n° 17), la portion d’avenue que l’on distingue derrière l’empilement hétéroclite qui obstrue les ouvertures constituent notre univers. Avec l’habitude il est devenu rassurant et je crois que cela nous aurait coûté de le quitter pour aller ailleurs.

Pour l’instant, le conflit se limite pour nous à des tirs sporadiques, à quelques rares explosions à grande distance de notre position et à une rafale contre notre façade (sans qu’on puisse réagir d’ailleurs, les "attaquants" étant à moto). On entend, mais on ne voit rien. L’avenue est d’autant plus calme qu’elle est interdite aux véhicules par des barrages constitués de containers aux deux extrémités. Nos patrouilles quotidiennes dans notre secteur (on ne franchit pas l’avenue) ne nous apprennent rien d’autre.

Confusément, on espère que les choses changent pour sortir de ce quotidien amollissant, entre nous on se dit même espérer une attaque pour nous défouler, tout en s'avouant que l’on n’est  pas si mal et que les choses ne peuvent que se modifier en pire. Avec de la chance peut-être la « guerre » (on a un peu de mal à l’appeler ainsi, comme si cette dénomination aggrave la situation) finirait sans qu’il y ai trop de casse.

- Nous sommes le 15 août, dit Jeb comme pour lui-même, tout en griffonnant sur le carnet qu’il appelle très sérieusement son Journal de guerre.

Éric et lui sont croyants, puisque je ne le suis pas, au départ ils s’étaient demandés pourquoi j’avais choisi d’intégrer la G.A.C.R. Je n’avais pas répondu à leurs interrogations et ils n’avaient pas insisté, mais je pense qu’ils se posent toujours la question. Peut-être qu’en me mentionnant le jour Jeb espère-t-il me voir prier avec eux. Peine perdue.

Éric ne dit rien, il semble inquiet et scrute l’avenue. Hier, les tirs s’étaient rapprochés et intensifiés. Interrogé, le QG avait parlé d’une offensive ennemie mais nous avait assuré qu’elle ne concernait pas notre secteur et qu’elle ne tarderait pas à être endiguée comme les précédentes. Pourtant tout est étrangement calme depuis ce matin. On n’entend que le chants des oiseaux, aucun civil ne s’est montrés depuis le levé du jour.

- Viens voir. Je crois qu’il se passe quelque chose.

Je m’approche d’Éric. Et regarde dans la même direction que lui. Je ne vois rien.

- Si, regarde au-dessus de la boulangerie. La deuxième fenêtre en partant de la droite.

- Merde ! T’as raison, il y a un mec avec une arme. C’est peut-être un des nôtres ?

- De l’autre coté de la ligne, sans qu’on soit prévenu, c’est impossible. Jeb, préviens le QG.

Jeb s’arrache à l’écriture de son journal et s’exécute.

- Ils nous disent de riposter seulement si on nous tire dessus et de les tenir au courant.

- Rien d’autre ? demande Éric.

- Non.

- Merci pour tout, ironisé-je.

Maintenant on est trois à regarder dehors. On scrute à s’en faire mal au yeux et à la longue tout semble se mettre à bouger, tout devient hostile. Et puis soudain on aperçoit des gens armés qui passent d’un bâtiment à l’autre courbés en deux. Jeb transmet à nouveau, mais on doit attendre : "pas de provocation". Mince, moi qui croyait être en guerre ! Alors, on attend. On a tous vérifié notre arme. Éric et moi près des minces ouvertures qui donnent sur l’avenue et Jeb au poste radio. Et puis c’est un bruit qui enfle, un grondement qui se rapproche faisant vibrer le bâtiment. Je regarde Éric. Il est blême et murmure entre les dents :

- Merde, je crois bien qu’on nous envoie les chars.

- Mais on a pas d’arme contre ça, dis-je stupidement.

- Jeb ! dis-leur qu’on a des chars en face.

Jusque là l’Armée française avait officiellement gardé une certaine neutralité en ne fournissant aucune arme lourde aux belligérants, il fallait se rendre à l’évidence : les choses avaient changé.

- Je capte rien, dit Jeb d’une voix blanche.

- Essaie encore. Si on a encore rien, on se replie.

Le char vient d’apparaître dans mon champ de vision, sur ses flancs et sa tourelle il y a des choses inscrites à la peinture verte, mais je n’arrive pas déchiffrer à cette distante. Il s’arrête et son canon pivote vers nous.

- Foutons le camp !

Je crois que c’est moi qui a crié, et puis tout s’écroule autour de nous. Je suis sur le sol, je n’entends plus rien, j’essaie de me relever, mais ma jambe gauche se dérobe, j’ai du sang partout. Je tousse, la poussière me rentre dans la bouche, dans les poumons. Où sont Éric et Jeb ? Tout est sans dessus dessous et j’ai l’impression que le plafond est plus bas, comme si le bâtiment s’était affaissé.

On me prend par les aisselles et on me tire dehors par la porte de derrière. Dans la rue, Jeb, c’est lui qui m’a sorti de là, passe mon bras au-dessus de ses épaules et m’aide à me mettre debout. Il est couvert de poussière, mais ne semble pas en trop mauvais état. Les sons me parviennent déformés, lointains et ma jambe refuse toujours d’obéir, par contre je ne souffre pas, pas encore. Par les petites rues on arrive à s’éloigner tant bien que mal de notre poste. Personne n’a l’air de nous poursuivre.

Jeb est exténué. Il m’aide à m’asseoir, adossé à un mur.

- Je vais chercher de l’aide.

Il doit voir la panique dans mes yeux, car il rajoute aussitôt :

- Je reviens, fais-moi confiance. Je reviens.

Il s’éloigne et avant de tourner dans la rue voisine me fait un signe de la main. Je n’ai pas la force de lui répondre. Je n’arrive pas à parler, mais j’entends de mieux en mieux et je crois comprendre que le char ou les chars font des cartons sans interruptions. Je me demande bien sur quoi d’ailleurs.

Je regarde pour la première fois ma jambe, ce n’est pas beau, il me manque un morceau de cuisse et j’ai perdu beaucoup de sang. Pourtant, je me sens étrangement léger. Les détonations semblent se rapprocher. Peut-être que des renforts amis sont arrivés. Je n’en sais rien, j’attends Jeb. Le plus infime mouvement me coûte. Et il y a ce bruit métallique qui me réveille, je m’étais endormi. C’est sur ma droite. Malgré la nausée, je fais un effort pour voir ce que c’est. Elle est à un mètre de moi, dégoupillée.

 

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Carte blanche (22)

Laissée à Blumroch pour le premier chapitre et à Kobus van Cleef pour les suivants.

 

Signé van Cleefax

 

Chapitre I

 

Dieu convoque Schwab, Biden, Poutine, foutriquet 2.0 et Gates pour leur annoncer sèchement la nouvelle et dernière Bonne Nouvelle : "Les étoiles vont s'éteindre une à une dans le ciel, et votre Soleil en dernier -- oui, moi aussi, je lis de la science-fiction. Bref, la fin du monde aura lieu dans 30 jours. Je vous charge d'en faire immédiatement l'annonce aux peuples de la terre afin qu'ils prennent leurs dispositions."

En hâte, Schwab réunit secrètement ses complices à Davos et leur confie : "J'ai deux nouvelles à vous annoncer, une bonne et une mauvaise. La bonne, c'est que notre Grand Reset aura lieu dans 30 jours quoi qu'il arrive, en dépit des rares résistances que nous avons rencontrées. La mauvaise, c'est que nous n'allons pas pouvoir en profiter parce que nous autres les petits dieux, nous allons disparaître en même temps que les gueux et les riens. C'est injuste, c'est trop injuste."

Biden s'adresse immédiatement aux derniers Américains encore abonnés à CNN : "J'ai deux nouvelles à vous annoncer, une bonne et une mauvaise. La bonne est universelle : dans 30 jours, Gaïa sera libérée de notre importune présence à tous. La mauvaise est pour moi seul et quelques amis d'Epstein : je dois me mettre au cou une pierre de moulin et me jeter dans la mer au plus tôt, même si c'est trop tard."

Dans la soirée, Poutine, depuis le monastère de Valaam, parle ainsi aux Russes : "J'ai deux nouvelles à vous annoncer, une mauvaise et une pire. La mauvaise, c'est que, sur décision divine, le monde n'existera plus dans 30 jours. La pire, c'est que la grande Russie que j'avais ressuscitée va disparaître elle aussi."

Entouré de quelques mignons exotiques et de la Trogneux (hors champ quand même, pour ne pas effrayer les petinenfants), foutriquet 2.0, le regard vide et fixe, de sa voix crispante, s'adresse aux titulaires de l'eurocarte d'identité européenne de la région CaliFrance : "Vous le savez, je me suis toujours senti un destin. Elle est arrivée, la Bête de l'événement, et elle vient de m'éclairer sur l'avenir en me confiant trois révélations -- une bonne, une meilleure et une mauvaise. La bonne, c'est la confirmation de mon importance aux yeux du Diable qui a bien voulu, par jeu, me parler sous le masque de son Adversaire. La meilleure, c'est que les Gaulois réfractaires vont tous crever -- et les nouveaux venus aussi, hélas ! La mauvaise, c'est que mes maîtres, mes laquais et moi, nous n'y serons pour rien, et c'est rageant."

Gates contacte les patrons de Google, Facebook et Twitter qui mettent leurs réseaux à sa disposition. S'adressant au monde, l'homme qui, incapable d'écrire un système d'exploitation même en le plagiant, en acheta un pour presque rien à un vrai programmeur, dit : "J'ai deux nouvelles, une excellente et une fabuleuse. L'excellente, c'est que le plan d'extermination ourdi par mes amis et moi sera mené à bien dans 30 jours, malgré la piètre qualité de nos virus et vaccins tueurs -- eh oui, crétins candides, vous m'avez cru quand je disais vouloir vacciner tout le monde et simultanément réduire la population à quelque 500 millions de maîtres et d'esclaves. Bref, la fabuleuse nouvelle, c'est que nous allons pouvoir vendre à Dieu ou au Diable toutes les données personnelles de tous ceux qui ont été assez crédules pour adopter Windows 10."

Mithridatisés, habitués aux mensonges successifs de leurs maîtres, les peuples de la terre ne tinrent aucun compte de l'annonce fatale. Ceux qui avaient la muselière -- 99% de la population -- la gardèrent, à tout hasard. Alors le tétragramme, pour la seule fois de son éternité sans commencement ni fin, se révéla facétieux : il avança de 15 jours la date de la fin du monde, mettant ainsi prématurément un terme à une expérience ratée qu'il se promit de ne jamais la refaire.

 

Chapitres suivants

 

Thomas Pesquet, isolé à 100 km au dessus de l'ionosphère terrestre se morfond

On ne lui a rien dit, vous pensez, dans la panique et l'affolation générale, personne n'y a pensé

Les communications avec Houston sont interrompues et pourtant, tout à l'air de marcher

Le push pull de la lumière des chiottes, le sanibroyeur, les plaques chauffantes de la cuisine, le gonfleur électrique pour la dame de voyage en caoutchouc ( en raison des rotations prolongées, on autorise les spacionautes à se munir d'un succédané de compagnie féminine, mais on leur interdit, pour raisons de poids et d'encombrement, les robots sexuels made in japan qui avaient tant tellement tourné les sangs des feminasses il y a quelques années, elles avaient tenté de faire interdire l'ouverture d'un claque fonctionnant avec ces assistantes cybernétiques au motif de"prostitution" ce qui est totalement con, le foutu soleil va s'éteindre et on connaîtra même pas la conclusion du procès, enfin, ici Thomas Pesquet a le droit de prendre une poupée gonflable, c'est plus léger et c'est moins lourd, et moins cher aussi) tout marche bien

Alors que se passe-t-il ?

Kes kis pass ?

Bon sang

Et là il retourne les choses dans sa comprenette

Comme en 89/90 lorsque le spacionaute russe est resté en orbite pendant 6 mois, parce que la Russie n'avait pas payé ses factures, là c'est pareil !

La vérité le frappe comme un revers de raquette, en pleine trogne !

Combien de temps vont ils me laisser là haut ?

Parce que si je compte sur le petit marquis poudré pour résoudre le déficit et trouver assez de blé pour payer une navette Soyouz pour le retour, chuis là pour des années !

Il s'alarme le pauvre

Il tenterai bien de contacter sa légitime mais elle ne le prend plus au bout du fil, il ignore pourquoi, ça l'angoisse autant que le reste

Et pourtant, bon gû de bon gû, avec toulpognon qu'il craque pour les migrons, le chomisme,l'art subventionné, pas un centime d'euro pour me faire redescendre !

Ingrat,va !

Pendant ce temps, c'est la panique et la bacchanale sur terre, la populace a enfin pigé que la grande égalisatrice était en route

Et que résidence dans kortier réservé,refuge dans les îles des mers du sud,abris anti atomiks, tout ça n'avait aucune importance, ils allaient tous crever
Alors c'est comme à Berlin juste avant l'arrivée des ruskoffs

Les Gretchen se donnent au premier venu pourvu qu'il porte beau et qu'ils les prennent dans leurs bras forts, les bouchons des bouteilles millésimées sautent en cadence, les cambuses sévèrement verrouillées s'ouvrent par miracle et dégorgent leurs cargaison de caviar et de gras foie, la lingerie fine s'écarte pour laisser libre cours aux assauts de Vénus, les sommiers entament la symphonie du désespoir ( Serre moi fort, fait moi oublier, fait moi perdre la tête ! )

Certains organisent des processions, des expiations, on lynche quelques kouffars, quelques n'haigres, quelques niouls, mais c'est pour la forme, on le fait sans entrain, sans conviction, juste histoire de dire

D'autres, plus subtils, se disent que crever pour crever, autant faire un truc qui décoiffe
On voit des immolations par le feu ( pas oublier qu'avec l'extinction du soleil,y fera froid, alors faut laisser une trace) dans les endroits les plus divers
Moi même, il ne me déplairait pas de me griller une bonne et dernière fois sur certain promontoire rocheux de l'Armorique, mais d'autres se boutent le feu au milieu des boîtes de nuit, ou, plus rarement dans le musée du lacet de soulier

 

en bas , sur terre, un ingé du centre de baïkonour, défoncé à la bheu afghane et à la vodka de patates, a appuyé par mégarde en réussissant une figure acrobatique dont la vulve de Tatiana (la zampolit de la base) et son zguègue sont le pivot, a appuyé donc sur le bouton qui commande le lancer de la navette soyouz destinée à l'évacuation du tyraneau du coin vers des cieux plus cléments
ce que c'est que le destin....si Tatiana qui rejetait tous les hommes ne s'était pas laissée saper le moral par cette fin du monde, elle n'aurait jamais enfourché cet ukrainien très amorti, un peu brèche dent et dégarni, ventru, direct sur la console de lancement , et ses mignons talons de circassienne n'auraient pas poussé les pognes malhabiles de Léonid vers le switch "agôn" au moment sublime, lorsqu'elle hurlait "da, da da da daaaaaaaa!"

et thomas serait resté à se morfondre dans l'estation espatiale

wooooooosh!!!!!

fait la navette entièrement tomatik

hhhhhhhhhhh fait Léonid (la vodka n'aide pas le coeur, c'est bien connu, et le chanceux va peut être pouvoir s'offrir une mort d'anthologie, crever entre les cuisses sublimes de Tatiana, je le souhaite à toulmonde, mais pas à mon pire ennemi)

 

pendant ce temps, thomas s'occupe

puisque le gonfleur lektrik fonctionne, il a redonné forme humaine à sa dame de compagnie et commence à l'entreprendre

une perruque pour commencer, comme le poids est réglementé, il lui colle sur la tête des brins de laine récupérés sur son pullover, ça lui fait une tête bleue hérissée, dans le genre punk féministe, moi ça me débrancherai un truc pareil, mais lui, espère, il est au gardavous, y a de ces forces de la nature....

il tente un doigt de cour, aucun effet (et pour cause) puis il lui mord les pamplemousses

ça ne rate pas , la dame s'envole en sifflotant dans toute la station, il brasse desesperement en la suivant, on en est là lorsque le klaxon retentit "honk honk honk honk!"

maverdave!

c'est la cavalerie qui arrive à la rescousse, mais au plus mauvais moment, ces cons là!

et puis ça se passe drôlement, ça fait bonk bonk, comme si les sas n'arrivaient pas à se connecter

thomas, tu penses que ça lui fait dresser l'oreille, ce barouf inhabituel, d'autant que les rétrofusées pétillent, ne se stabilisent pas, la navette oscille à coté de la station sans pouvoir s'arrimer, c'est un peu perturbant, déjà qu'ils ont tardé à venir, s'ils arrivent pas à se connecter ce serait un comble

cependant sur terre, Tatiana et Léonid sont descendus de leurs paradis respectifs, Léonid tout essouflé, Tatiana envisageant son partenaire et se disant qu'elle aurait pu trouver pire mais qu'il aurait fallu chercher longtemps

kes ke c'est que ce truc qui clignotte là sur l'écran?

c'est le modulateur de chiffougnage , ma petite colombe en sucre

mais encore?

ça signifie que la navette est partie dans les cieux, direct sur la station spatiale

mais c'était pas prévu, il faut la faire revenir,; ici, immédiatement! et sans délais!

on s'en moque du soyouz, tatianouchka chérie, on s'est trouvés tous les deux

mais t'es bouché, poivrot de merde? c'est le matos du gouvernement, du peuple, ramène ça ici , toudsuite , t'as entendu?

Léonid, ce qu'il a entendu c'est que Tatiana, une fois sienne (et comment! il l'a expédiée au 7ème ciel sans coup férir, il a même failli y laisser ses coronaires), commence à lui casser les rouleaux, ni une ni deux,, son sang slave ne fait qu'un tour, il lui colle un taquet en pleine poire, paf!

Tatiana, cette baffe non prévue, ça la cueille à froid, un peu sonnée, elle s'affaisse sur la console, enclenchant avec le coude toutes sortes de manoeuvres habituellement interdites par la procédure, pendant que Léonid, un peu honteux, cherche sa bouteille sous le fauteuil à roulettes

 

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Carte blanche (41)

Laissée à Kobus van Cleef

La première partie est ici, la deuxième ici, la troisième ici, la quatrième ici, la cinquième ici, la sixième ici, la septième ici, la huitième ici et la neuvième ici.

Crépuscule des vampyrs et continent obscur

Dixième partie

elle s'affale, vaincue par l'excès de bonheur, la pauvrette, elle qui n'a pas dû en avoir en excès dans son existence
Kob's se tortille pour se désengager, la naine étant toujours empalée sur son priape, et ça lui pèse, ça lui tire, bref c'est intolérable, il le dit
hé ho! du vent, de l'air, de l'espace!
j'ai l'organe autant coudé que monsieur du foresto, si vous voyez
la naine se réveille, s'anime et embrasse le Kob's a pleine bouche, gencives édentées, ça devrait être radical pour l'appel à Vénus et pourtant non, le bougre tient ferme et la sarabande recommence
la pauvrette encaisse une deuxième salve voluptueuse, une troisième, une quatrième, après dix, on ne compte plus
tard dans la nuit , elle se désacouple, et, les jambes flageolantes, disparaît dans l'appentis
le cadavre du faux missionnaire a achevé son raidissement, les mouches tournent autour de la blessure affreuse, les acolytes s'inquiètent un peu, ils aimeraient pisser, faut les comprendre, ligotés depuis des heures, je voudrais vous y voir
on perçoit un fourgonnage dans l'arrière boutique, choc d'objets métalliques, la naine revient avec un couteau, on s'interroge du regard, va-t-elle nous suriner?
non, elle tranche nos liens, puis nous botte le dargif pour nous remettre debout, mais ouat! des heures d'ankylose ne sont pas faciles à vaincre, nos amis évoluent donc comme de grosses limaces au sol
elle a aussi ramené pelle et pioche et, nous montrant la dépouille de l'escamoteur de directeur (c'est plus sympa que faux missionnaire, faux missionnaire, ça fait penser à un truc érotique un peu bas de gamme), nous fait comprendre que c'est à nous de disposer du de cujus
bin, y a la fosse avec les brebis, non?
capra? tente Blum
dénégation de la naine, d'un seul coup de menton
nous sommes donc bons pour une autre corvée d'inhumation, aux afriques, nous auront vraiment donné toute notre mesure dans les activités funéraires et morticoles

 

et nous voilà repartis pour une tournée de terrassement... sous la pleine lune, en altitude, avec les muscles noués par l'immobilisation forcée sauf Kob's (lui c'est un autre genre d'immobilité auquel il a été astreint) c'est pas de la rigolade
enfin un trou est creusé, on dépêche le corps dedans, sans prière, sans tambour ni trompette, sauf la naine qui marmonne un truc, l'air pas vraiment éplorée
si ça la chagrine, elle ne le manifeste pas de façon outrancière
Kob's, lui, n'en a pas fini avec la malédiction satyriasique du loup garou, son priape lui tend toujours le pantalon et il reluque d'un air inspiré l'arrière train osseux de la naine qui tend l'habit élimé des converses ( rien à voir avec des chaussures de sport) clarisses
les autres le rabrouent, le maintiennent, le morigènent, t'as pas honte, bougre de dégueulasse, une femme qui a laissé passer son centenaire, quasi une momie, et laide, en plus, un épouvantail à moineaux!
rien n'y fait, il se tortille et la naine de concert, chaloupe sur le chemin devant eux, on ne sait où elle nous entraîne mais elle y va
vaincus par les evennements diurnes et nocturnes, Blum et Jean Eudes tentent de négocier "otium, otium merde! OTIUM!" mais leurs demandes de repos sont ignorées par la bonne soeur qui trisse vers la carcasse du quatquat clitoridophore, tant il est vrai que l'épave arbore fièrement le bonnet phrygien symbolique
mais qu'est ce qui lui prend encore, à cette dingue? ils s'alarment en voyant mémère fouiller dans la caisse puis les longerons du bas de caisse elle en tir victorieusement les sacs à diam's auxquels nous ne pensions plus et qui étaient pour ainsi dire perdus pour toulmonde

 

mais Blum et Jean Eudes ne l'entendent pas de cette oreille
c'est l'heure du dodo et du lolo
otium hic! prandium nunc!
la naine, s'accroupi, ouvre un sac, verse les cailloux dans sa main
nulle lueur n'illumine son regard, elle garde l'air blasé de ces apôtres qui ont abandonné toute matérialité
sauf le déduit, pour ce qui la concerne

 

On tente de comprendre ses mimiques, appuyées par de grands mouvements de bras, elle désigne kobus, les diam's, elle esquisse dans l'air les contours d'un parallélépipède, elle arrondi les bras, l'échine,se met en marche pesamment en faisant breu breu avec les lèvres et en traînant ses savates dans la latterite
Pour finir, elle bredouille un truc, on tend l'oreille
Tripallium, tripallium
Mais kes ke c'est ke ça, encore ?
Elle aurait dit TripAdvisor, je lui aurai mis zéro, mais là...
Kob's les regarde puis dit "elle nous demande de trimballer un truc lourdingue dans une carriole, du moins c'est ce que j'ai pigé"
Mais comment tu peux savoir ça toi ?
Tu oublies les ondes magiques qui nous unissent depuis que, bref, et puis après tout, c'est moi qui écrit le scénario, quasiment en continu
C'est vrai, c'est à prendre en considération
Mais pour l'heure, un peu de repos serait bienvenu
Va zy, explique lui à ta kopine, nous on bouge pu ni pied ni patte
Kobus qui, entre-temps est redevenu authentique, plus vraiment loup garou ni vampyr, attire la naine à l'écart, s'en suit un long conciliabule par moment vociférant,par moment brassegeant
Il revient
Deux heures de sieste, mais pour le p'tit déj, faudra repartir à la mission, de toutes façons, il n'y a que là bas qu'on aura une chance de trouver du matos pour la carriole
Tout ce petit monde s'assoupit sur le bas côté du chemin, à l'ombre d'horribles pirancanthas plein d'épines, la naine blottie contre le Kob's, les deux autres enveloppés dans les restes du revêtement intérieur de la clitophore

 

Même si les autres ont remarqué, ils ne pipent mot
Le délai écoulé, la naine-nonne se lève et bourre les côtes des uns et des autres de rudes talonnades
D'un geste sûr, elle harnache Blum et le charge de la moitié des diam's, l'autre moitié, remplissant une étoffe négligemment nouée et passée au cou de Jean Eudes
Le volant du quatquat, les tablettes intérieures de l'habitacle et d'autres trucs inutiles ont échappé à la folie destructrice des pillards mais ce qui retient son attention, c'est les prospectus de l'association de sauvegarde du clito autochtone, elle les regarde, incrédule, les tourne dans tous les sens, comprends enfin,rougit, puis éclate d'un rire perlé, aigu, inépuisable, qui lui redresse la taille et efface d'un coup au moins un demi siècle
Une vraie jeune fille !
On se regarde en souriant à demi, elle s'en aperçoit, glousse encore, s'approche de Blum,se dresse sur la pointe des pieds et lui lèche l'oreille, puis, avant qu'il revienne de sa surprise, court vers Jean Eudes et lui roule la galoche du siècle
Après quoi, elle s'enpare de son bâton, et fouette les fesses des trois acolytes
Retour à la mission

 

Arrivés là bas, elle cornaque son petit monde vers l'appentis, puis trépigne en leur désignant un semblant d'établi
Pour que les choses soient claires elle insiste "tripallium, tripallium, breu breu" en mimant le voiturage d'une carriole à bras, échine voûtée et bras arrondis
Puis elle disparaît dans la cuisine, ou ce qui en tiens lieu
Les trois acolytes, une fois laissés seuls, s'adossent aux murs de l'atelier
Un peu casse burnes, la mémé, trouvez pas ?
À la question de Blumroch, Kob's répond sans conviction, allez c'est une brave fille, je crois que nous sommes son billet de sortie d'ici, et comme personne n'y viendra nous chercher, autant s'y mettre, si j'ai bien pigé, elle veut une charette ?
Charette à bras, l'ami !
Ni baudet,ni bardot ni mulet ni cheval, pas de moteurs non plus, tout dépend de ce qu'on sera amené à trainer, mais y a intérêt à la faire solide, la carriole !
On farfouille dans le tas de détritus, deux roues, désaccordées mais chaussées de pneumatiques en bon état, se font jour
Plus loin, une fourche de moto russe, puisque l'Afrique en est remplie
Un cadre de side car antédiluvien, sans nacelle, moteur, échappement, réservoir
Ne reste qu'à assembler tout ça
Perçage du cadre pour installer la fourche à l'horizontale, perçage de longerons pour les fixer à la fourche, voilà pour la traction
Animale, la traction
On a plus de mal pour les roues, pas de même calibre, en déport vis à vis de la fourche et de la traction, finalement, la roue forte ira du côté de la traction, donc de la fourche, avec ça on va rouler en crabe, garanti

 

On entend, d'une voix de tabagique, prandium, prandiuuuuum!
Hé c'est l'heure de la bouffe, les aminches, ça tombe bien j'ai une dent creuse
On se précipite
La table est mise, que je te décrive le truc, deux tréteaux ( deux fois un trètal ? possible) une planche par dessus, bois brut, hein, jamais honoré par le passage du rabot, quelques caisses dépareillées pour servir de siège, vaisselle propre mais pauvre

En revanche, profusion de victuailles, des viandes louches, probablement séchées et salées, différentes bouillies, fumantes, sans oublier le fromatch'de chevrette et les boissons, café d'orge moulu torréfié, et plusieurs bouteilles de Castel ( la bière des frankofons)

Faisons honneur à ce festin, les amis et n'oublions pas de remercier la cuisinière
La vieille souris a pigé qu'on causait d'elle, et elle incline la tête, à nouveau, son âge disparaît, bon gû, c'que ça fait aux femmes, l'amour et la confiance en soi....

 

On fait donc bombance
Comme on dit, ça tombait de haut
Repus,nos amis songent à s'octroyer une petite sieste, après tout, ne sommes nous pas sur le continent de l'indolence ?
Si fait, répond Jean Eudes, qui rappelle le mot d'un célèbre entraîneur de foutebaule afwicain "prions le seigneur pour qu'il nous donne la force de bien nous reposer"
C'est sans compter sur la naine-nonne, qui tournicotte autour d'eux, visiblement mal contente de voir la virilitude et la masculinance avachie

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Carte blanche (39)

Laissée à Kobus van Cleef

La première partie est ici, la deuxième ici, la troisième ici, la quatrième ici, la cinquième ici, la sixième ici et la septième ici.

Crépuscule des vampyrs et continent obscur

 

Huitième partie

 

si vous pensez que c'est comme au kino, que le héros, une fois revenu à lui est opérationnel, grave erreur!
d'autant que Kobus n'est en aucun cas un héros
tout au plus un quidam de rencontre
tout cela pour dire que le mec est cotonneux, voit double, vomit en jet sur le cosaque Wagner venu s'enquérir du tapage
vomissures corrosives, le cosaque se dissout en un instant en grésillant, il ne reste de lui qu'une flaque qui ressemble à du bouillon gras
odeur méphitique en plus, pas jojo
on entend à coté une voix de stentor "alors Igor qu'est ce que c'était?"
là c'est Bruno Kremer qui s'inquiète
pas de réponse, évidemment il va venir, que faire?
le vomissement a dégagé l'estomac et l'oreille interne de Kobus, ou son avatar post mortem, il marche à peu près droit, par contre, pour ce qui est des idées, c'est le vide intégral
aussi, il ramasse les impédimentas du cosaque, un rigoustin calibré féroce, et une pétoire qui t'expédie des pruneaux à la cadence de 600 coups à la minute , les assure dans ses mains tremblantes et se dirige vers l'origine du bruit
lui aussi, dans cette grande régréssion post mortem, est attiré par des stimuli basiques, bruit, lumière, mouvements, odeurs
pour l'heure, c'est surtout l'odeur qu'il fuit, celle de son estomac retourné et celle du corps à moitié digéré qui finit de fondre au sol
vous allez trouver que c'est mon obsession, la fonte des macchabées, avec la fatou de l'honnoreur de serments mise à l'autocuiseur dans la baignoire de Marat
j'avoue, y a un peu de ça
mais poursuivons nos aventures

 

kobs vacille jusqu'à la porte qui découpe un vague rectangle lumineux au sol
"Igor? Igor? IGOR!"
ça c'est la voix de Bruno Kremer
Kobs relève un peu le canon de l'automat, assure dans sa main la crosse en plastoc
le vampyr albinos passe la porte en premier, encore revêtu de sa blouse de labo, il reste stupéfait en découvrant le ressuscité, armé jusqu'aux dents, ébrieux au point de s'accouder au chambranle d'une fenêtre obscure qui traînait par là
puis c'est le tour de Bruno Kremer
là aussi, stupéfaction
d'un geste, il les force à s'allonger, procubitus, mains sur la nuque, ça sent l'exécution extra judiciaire...
et puis non
à grand peine, il ramène une caisse qui traînait par là, se juche dessus, intime à l'albinos de se défaire de sa blouse, de lier poignets et chevilles de son comparse

 

Il intime encore des trucs que le mec ne pige pas
Il s'adresse à Kremer "dit lui d'se foutrapoil et d'aller chercher mes potes" mais avec la transformation qu'il vient de subir, ça devient "ys'foutapoil,yvacherch'lezott", Kremer pige rien, Kob's s'énerve, ça lui retourne l'estomac, une fusée part, heureusement, personne n'est touché
"Les zott, vit' vit' bristrrrooo !!!"( son russe reviens, par petits bouts), le maigrichon s'éclipse
On attend

 

Kobus s'est un peu assoupi, une main amie lui essuie le front, lequel est devenu squameux, une autre lui bassine les tempes
En dépit de ces attentions, il se cramponne à sa petoire en maugréant
Mmmm, lune, sang vermeil, chaud, chaud, mmm
Et là, un éclair de lucidité, Bruno Kremer s'exclame "le traitement, bon djieu, le traitement a marché !"
Les deux acolytes de Kob's se tournent vers lui, toujours entravé ( pour une fois, le vampyr laborantin a pigé, il a ramené Blumroch et Jean Eudes)
"Hein quoi, qu'est ce ?"
"Le traitement, vous avez pas pigé, le traitement a marché, il était mort et il vit, il était humain et vampyr il est devenu !"
Nos deux braves se tournent vers le Kob's
Vampyr, si on veut, peau bleuâtre, squameuse, lèvres retroussées sur des cannines jaunâtres, longues mèches blanches, éfflanqué, bref il n'a pas l'air affûté de Kremer ni la mine attentive et implacable du cosaque Wagner
Et pour ce qui est de vivant, souffle court, regard papillonnant et vitreux, troubles de la conscience, on fait mieux
"C'est les toxines, d'ailleurs il vomit, il faut lui implanter le symbiote toudsuite, là maintenant"
Le symbiote ?
Le truc qu'on balance dans le ku et qui ressort par la bouche ?
Faudrait pas lui faire signer une décharge, avant, pour éviter toute aktion ultérieure ?
"Charge, décharge, peu importe, faut faire vite,fissa pronto bistro, c'est une question de minutes !!!"
Dans ce cas.....
On déslipe l'ami kobus, débarrassé de son caleçon lamentable à l'élastique distendu, il est encore plus misérable, on le tourne à plat ventre
" Mais kes ke vous faites,bougres d'andouilles, la position de la taille !"
On va donc quérir des étriers obstétricaux et on se met en demeure d'enfourner un vers solitaire, avec la tête de béchamel et de tatali réunis ( yeux mobiles, menton fuyant un vrai remède à l'amour) dans le fondement du malheureux

 

Il y a un ancillaire, le ver saprophyte est contenu dans un tube rigide,ni trop gros ni trop petit, hop on vise l'orifice, on vaseline le tout, on pousse le tube, zag on ouvre le trappon, le symbiote est poussé dedans au moyen d'une seringue de sérum salé à 9 pour mille, blop blop blouf blouf BLOUF !!!
On suit la progression de l'organisme vivant dans le colon du mort plus vraiment mort mais pas vraiment vivant, d'abord rectum, sigmoïde, et là ça fait des boucles, des contorsions des circonvolutions, puis angle gauche,transverse, angle droit,caecum et là,hop, forçage de la valvule de Bauhin et zag, directement dans le grêle
Les mouvements de la bête s'appaisent, le mort vivant laisse filtrer quelques gazs nauséabonds comme des idées répréhensibles aux yeux des journalistes, puis il reprend une respiration normale
Les autres sont suspendus au mouvement de son phrénium
Le vampyr adjoint, bouche bée, toujours vêtu de sa blouse de labo, se tourne vers les autres
"On dirait bien que ça a marché"
Une voix lui répond, venant du plancher "si vous me détachiez, qu'on puisse aviser"
C'est Bruno Kremer, toujours entravé par les soins du vampyr laborantin, sous la supervision de kobus, lorsqu'il portait une arme

 

Vous allez vous dire qu'après la chtouille chopée en début de récit, l'amaigrissement subit pendant l'anabase, les deux mornifles assénées par le sosie de Bruno Kremer, la mort subite puis la résurrection sous les espèces d'un vampyr, je n'épargne rien à ce personnage
Et vous avez raison
Vous vous demandez aussi pourquoi je m'acharne sur lui, alors que d'autres auraient pu faire l'affaire
Vous avez raison, là aussi, là toujours
La réponse est simple, limpide, elle tient en un mot, l'amour
J'aime bien ce personnage, et qui aime bien chatie bien
Attendons nous à le voir encore souffrir

 

Pour le moment il ne souffre pas
Il gît, le thorax gonflé d'un souffle imperceptible, laid à faire peur, la tignasse collée par la sueur de l'agonie
Vous pigez pas que ça a marché, que l'expérience est réussie, qu'on est sauvés, sauvés !
Ça c'est Bruno Kremer qui cause
Et Blumroch lui chante les répons, comme à la messe
Pauvre débile, regardez ce que vous en avez fait de notre pote, regardez bien, il est mourrant, comateux, et en plus il a un truc dans l'cul !
Faut l'autopsier, on saura pourquoi et comment ça a marché avec lui et pas avec nous !
Connards, l'autopsier ? Mais il est pas mort que je sache, j'ai bien envie de vous faire passer le goût du pain, non,du sang, tous tant que vous êtes, vampyrs, cosaques Wagner et tout le toutim
Et Blumroch de cramponner la petoire du cosaque Wagner dissous dans les vomissures de kobus
Attendons, fait pas le con petit, ça part vite ces trucs là et puis après, plus moyen de réparer le bouzin,pose moi ça là et détache moi, qu'on discute
Y a rien à discuter, faut vous démerder pour restituer son aspect fizik originel à notre pote et fissa, encore !
Pour ça, il faudrait que j'ai les mains libres ou,du moins, qu'un chiantifique du labo nous prête son concours
Et l'autre simplet, là, il ferait pas l'affaire, au lieu de rester planté comme un con à bailler aux corneilles ?( on voit que Blumroch use, lui aussi, de tournures piochées directement dans le manuel de conversation de son enfance)

 

Le simplet en question bégaye "le... le... le mort, il se réveille, là"
On se tourne vers le brancard équipé des étriers obstétricaux, en effet, kobus s'est assis, sa tignasse viens lui masquer le museau, et ça vaut mieux, moche comme il est devenu, son abdomen tremble convulsivement et il laisse filtrer des prouts nauséabonds à intervalles réguliers, comme un candidat détesté des journaloppes
"Il faut l'alimenter, là maint'nant,toussuite !"
Là c'est Bruno Kremer qui éructe, en se tortillant au sol
"Mais démerdez vous,quoi, allez lui chercher un n'haigre, bon sang, sinon il va mourir d'inanition !"
"Un n'haigre? Et puis quoi encore, vous nous aviez dit qu'ils avaient le sang pourri, eux aussi !"
Là c'est Blumroch qui reprend les commandes
"Kobus, mon vieux, comment tu te sens ? Transit fluide, lymphe pétillante, érections de qualité, masse musculaire au top ?"
"J'ai envie aller au pot...." Ceci dit d'un ton geignard, infantile
Ho merde, il a fondu un fusible, il retombe en enfance

 

Blumroch se tourne vers Bruno Kremer
Regardez donc, bande d'ordures ! Un mec pétant de santé, à peu près sain d'esprit, vous en avez fait une loque, incapable de parler comme un adulte, ha putain, si je m'écoutais, je vous flinguerais tous, jusqu'au dernier !
Non non, c'est le sig

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