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21/08/2024

Musique (691)

Suite en la gavotte et six doubles

Jean-Philippe Rameau

Pépiements (257)

Bien mieux que les dates du calendrier des pompiers accroché dans la cuisine une fleur et une baie balisaient mes années d'école communale. Les coquelicots qui tachetaient de rouge les bas-côtés et les champs en friche m'annonçaient les grandes vacances libératrices et les mûres sauvages, plus difficiles à trouver car il fallait connaître les bons endroits, la rentrée des classes et ses contraintes. Entre le soleil de juin et la rosée des matins de septembre il me semblait alors s'écouler une éternité. Tandis que mes souvenirs d'enfance s'estompent chaque année un peu plus j'éprouve toujours une légère émotion en apercevant les premiers coquelicots sortis de leur bouton ou en m’arrêtant au détour d'un chemin près d'un généreux roncier pour en déguster les fruits.

20/08/2024

Pépiements (256)

Massacres, guerres, colonisation, esclavage, racisme... Sincèrement, je n'éprouve aucune repentance pour ce que la civilisation occidentale a pu faire lors des siècles précédents. Les autres peuples en auraient fait autant si les moyens techniques ne leur avaient pas souvent manqué. Ne pas l'admettre constitue paradoxalement une certaine forme de racisme. C'est accepter que les races soient différentes puisque les "autres" seraient meilleurs que "nous" ou tolérer les horreurs qu'ils ont pu commettre parce qu'ils seraient plus "primitifs".

Curieusement l'anéantissement méthodique de la bande de Gaza qui se déroule en direct n'émeut pas grand monde ; on ergote sur le bien fondé de l’opération israélienne, on discute de l'acception du terme génocide, on réclame mollement une retenue de la part de Tsahal... Bref, on regarde ailleurs quand on n'est pas ouvertement du côté des bourreaux. Que je le veuille ou non je fais partie d'un pays qui approuve cette monstruosité et je me sens sali, j'ai l'impression que quoi qu'on puisse nous faire, quoi qu'il puisse nous arriver nous le mériterons. Agrippés à notre confort auquel nous ne devrions plus avoir droit, pleurnichant sur nos petits malheurs nous mourrons haïs et déshonorés. Ces derniers mois nous ont maudits.

19/08/2024

Pépiements (255)

Les JO, le 80e anniversaire du débarquement de Provence, le décès d'Alain Delon ; jusqu'ici Macron et les médias ont eu de quoi reporter les questions essentielles, mais cela ne va pas durer et il ne sera pas possible de reporter indéfiniment les annonces qui fâchent. Dans le doute, à la place de Brigitte Bardot je resterais sur le qui-vive.

16/08/2024

Un peu d'humour (75)

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Sire ! Le royaume est envahi !

Arrêtez cet homme pour discours de haine.

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C'est comme ça...

Plus de Monsieur Gentil.

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15/08/2024

Pépiements (254)

Hormis les doutes que l'on peut émettre sur l'efficacité du confinement pendant la crise de la Covid, je trouve ce constat très juste malgré sa sévérité.

Le procès reste à faire de cette génération qui, après avoir craché sur sa devancière d’avant-guerre, ses parents, a condamné la suivante, ses enfants, dans les domaines principaux de l’existence – politique, ethnique, symbolique, économique. Elle a encore écrasé de son égoïsme ses petits-enfants durant la crise épidémique du Covid, le confinement générationnel, seul rationnel, ayant été écarté pour ne pas leur déplaire.

Tout, absolument tout, est fait dans ce pays pour cette génération dont le narcissisme est sans exemple. Elle a tout reçu, un pays unitaire, prospère, rayonnant, et tout dégradé et rien transmis, sinon ses dettes politiques. Tandis que son aile gauche voulait “interdire d’interdire”, elle est depuis devenu le parti de l’ordre. Car les boomers ne s’identifient pas aux seuls soixante-huitards. Il en est de droite. C’est en somme l’alliance des intérêts pour la convergence des conforts.

Pour l’honneur des Gilets jaunes (2023)

Yannick Jaffré

Pour mémoire, Patrick Buisson en avait fait un similaire.

 

13/08/2024

Carte blanche (62)

Laissée à Kobus van Cleef

Crépuscule des vampyrs et continent obscur

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Quatrième partie

Cinquième partie

Sixième partie

Septième partie

Huitième partie

Neuvième partie

Dixième partie

Onzième partie

Douzième partie

Treizième partie

Quatorzième partie

Quinzième partie

Seizième partie

Dix-septième partie

Dix-huitième partie

Dix-neuvième partie

Vingtième partie

Vingt-et-unième partie

Vingt-deuxième partie

Vingt-troisième partie

Vingt-quatrième partie

Vingt-cinquième partie

Vingt-sixième partie

Vingt-septième partie

Vingt-huitième partie

Vingt-neuvième partie

Trentième partie

Trente-et-unième partie

Trente-deuxième partie



là, le système s'emballe, puisque BR en furie apostrophe le taulier, djieu himself
le somme de faire cesser cette torture raffinée qui interdit de moufter lorsqu'on attend le verdict de l'au delà, avec deux sanctions possibles, passer l'éternité à se faire iech à chanter les louanges de l'entité créatrice ou se geler les génitoires en enfer
ho mais ça peut être pire, bien pire mon brave, lui rétorque l'entité en question, on peut vous adresser au purgatoire, où vous n'aurez d'autre ressource pour vous distraire que de vous compter les poils de ku, ou au tardenois qui est un enfer où ça bastonne et où vous ne serez certes pas vainqueurs ou bien retour sur terre où ça va très mal si j'en crois mes informateurs
là Blum se prend au jeu
ça va mal, vraiment, mais kes kis pass' hein kes kis pass'?
mais c'est la guerre nucléaire mon bon ami, depuis ce matin même, le sénile bidon a lâché son prout (comprenne qui pourra) et les zéropéens pour pas être en reste en ont envoyé un, en préventif disent ils, sur Moscouilles
depuis c'est un échange sans discontinuer, ça pète de partout, les chieurs de rue s'y sont mis eux aussi en profittant de l'aubaine, je crois pas me tromper en affirmant qu'aucune terre émergée n'est épargnée

 

puis se fait entendre une sourde rumeur, un grommellement, où l'on peut reconnaître des "poussez pas, y a pas l'feu, bon gû, mais quel merdier ici"
alors qu'est ce qui se passe, hein?
hé bien c'est les âmes mortes qui arrivent au paradis
en masse
et ça se marche sur les pieds
et tout ce petit monde exige qu'on arrête de les entasser dans des conditions pareilles, merdalors!



révolte servile?
holà pas de ça ici!
l'entité supérieure intime l'ordre à son chaouch préféré d'intervenir
Saint-Pierre se propulse donc vers la multitude, précédé par son petit bidon de septuagénaire bien portant, petit bidon qui ballotte au rythme de ses pas
hé bien , kes kis pass'ici, hein, kes kis pass?
du calme, bordel de l'autre, du calme!
en rang tout l'monde, en rang!
les cathos romains à droite, les protestoches à gauche, les évangélistes au milieu, les chouifs derrière, les rabzas au fond, les indouistes, les shintoïstes, les animistes, les autres , loin derrière
et les athées aux chiottes
mouvement de foule au fond
c'est les indouistes qui renaudent, pas joyeux d'être ainsi apostrophés
d'ailleurs il y a comme un problème d'orientation
en aucun cas un indouiste ne peut se retrouver au paradoche
à moins bien sûr que ça ne soit la fin des temps
mais on n'a pas fait le cycle requis
les mecs dénombrent, comptent sur leurs doigts, au bout de 100 lacks de réincarnation, ils s'embrouillent, recommencent le dénombrement



je confirme; les athées aux chiottes, c'est tout ce que nous méritons, mais pour les besoins de l'histoire, nous squattons les bancs de la salle d'attente
et là, mouvement de foule, révolte servile, perte de foi, ce que vous voudrez, mais ça devient tangent pour le(s) dogme(s) et la/les religion/s, et pour la croyance néolithique d'un après
vous me direz, après tout, les morts sont morts, c'est pas eux qui font le fond de commerce du paradis ou de la /les religions
certes
cependant, y a eu guerre nucléaire, et, consécutivement, il n'y a plus que les morts pour croire, le flux est devenu stock, qu'il change d'opinion, et c'est la banqueroute



c'est un genre de gel des positions, comme à la bourse, voyez
sauf que là, on bloque les échanges, tout se retrouve solidifié, qu'une âme dans la salle d'attente fasse du mauvais esprit, et ça pète, les gus désertent en masse



dans son palais paradisiaque, l'entité créatrice a bien saisi l'ampleur du problème
l'homme aux clés d'or est devant lui, à regarder ses sandales, il est assez fin pour avoir pigé qu'une mauvaise gestion des arrivants est à la source de la situation actuelle
pourquoi les avoir entassés ensemble comme harengs en caque?
c'est qu'on manque de place, 7 myards d'humains et une guerre nucléaire, on serait embouteillés à moins, entité suprême
n'a-t-il point des recessus, des labyrinthes, des sas pour les séparer, les fragmenter, les perdre, les distraire?



ha ça, pour ce qui est des diverticules dans le bouzin, y en a
mais y sont tous occupés, y en reste plus un de libre, comme disait l'homme d'acier "l'humanité est faite de plus de morts que de vivants"
je sais ce que disait Staline, simplement, tu avais la gestion des arrivées, t'as pas su gérer, tires en les conclusions qui s'imposent
l'homme aux clés d'or, ce genre de remarques fielleuses, il insupporte
il se rebelle d'un coup, on y parle pas comme ça à lui Saint Pierre!
merdalors!
déjà que l'autre merdeux bedonnant lui a fait un sketch avec l'attente, si en plus la hiérarchie s'y met, où va-t-on, je vouldemande, chère petite lectrice?



Ou on va, je sais pas mais pour le moment, le taulier et son bawab se sont empoignes par le colback et soufflent en se regardant dans le blanc des yeux



On en était resté à l'algarade entre le taulier, djieu soit même en personne, et son concierge, saint pierre, l'homme aux clés d'or
Ça a pas l'air de trop bien se passer, voyez, on entend des vociferations échangées mezzo voce et le bruit de horions qui claquent malgré tout
Au bout d'un moment, n'y tenant plus, nos compères jettent un œil, histoire de savoir sur quel vainqueur miser la somme qu'ils ne possèdent pas (une vie d'efforts et de servitude ne leur a pas appris à déléguer ce job ingrat et risque aux subalternes)
Les voilà bien emmerdés, l'entité divine et son chaouch se tant tellement mélangés dans un tel enchevêtrement qu'on dirait une partie carrée homosexuelle et gériatrique



Les jupailles de nos deux protagonistes se sont relevées, et c'est une vision d'horreur absolue qui mêle des mollets variqueux et poilus, des roustons avec pilosité anarchique et surface bosselée, des gros bides couturés, des aisselles suhintantes
Le gros kobus qui veut interrompre la Basten en s'enquierant de l'avancée de leurs dossiers respectifs se fait proprement envoyer chez plumeau entre deux imprécations et trois ahannements



Y a pas que lui, d'ailleurs, à bader les lutteurs
Nos amis Blum, les pasdars, la traductreuse, Léon, la fille patate bref toulmonde
À une question plus incisive de l'assistance, on entend, proféré mezzo voce, cette adresse "t'vas voir si j'te chope, p'tit salopard, attend qu'j'en finisse avec l'aut'connard "



Et là, pof, sans que personne ne comprenne quoi que ce soit, ils se retrouvent tous dans une salle d'attente genre expert comptable des 90/2000 en province ( française, car l'auteur ignore si cette déplorable profession existe ailleurs)
Que je vous décrive les lieux, quand même, ça serait dommage de passer à côté
Basse de plafond, dans un bâtiment qu'on peut supposer moudern, fenêtres avec huisseries métalliques, rupture de pont thermique et moisissures débutantes en périphérie, fausse moquette aux murs avec début de décollement, genre papier épais, rayé et poussiéreux, au sol tapis de jutte poussiéreux idem, sièges plastoc thermo-moules, table basse avec revues hors d'âge, Paris match à la gloire du scoutairiste de l'elysee ( bientôt 10 ans....), les échos et l'expansion, le tout cafardeux à crever



Mais merdasse kes kon fout là ?
Là c'est le gros kobus qui interroge, toujours nu jusqu'à la ceinture ( par le bas), croquenots aux pieds, en train de pétrir sa blague à tabaque
Aucune idée, lui rétorque Léon, qui lui aussi, paraît déphasé, essaye donc la porte
La porte c'est vite dit, l'ami, laquelle d'abord ?
Car il y en a un paquet, de portes
Il en pousse toutefois une au hasard, se retrouve dans un couloir moquetté de grisâtre poussiéreux avec des néons clignotants au plafond et au bout, une photocopieuse moudern qui clique claque avec des éclairs verdâtres
Le long du couloir, des portes dûment verrouillées arborant diverses pancartes indiquant les identités et raisons sociales des occupants



En plus de tout ça j'ai une envie de pisser qui me prend à la gorge, effroyable
On pourrait penser que des corps éthérés, bousculés de l'antichambre du paradis soient libérés de ce genre de préoccupations
Que nenni, l'ami !
Là, faut qu'il y aille, le gros, sinon ça va ruisseller sur le béton des murs moi je vous le dit !
Il tourne la première poignée en vue, pas de bol, c'est un placard à balais, se laisse pas distraire, avise le réceptacle à balais brosse humide, avec presseur de franges, flanque le truc à côté, saisi sa tige, dirige un jet impétueux dans le seau à eau sale
Bruitage de cataractes, accompagné de flatulences grasses
Ha bon gu, j'sais pas si ça enrichi mais ça soulage !
Encore une caisse, vlan, un secouage, un frisson bienvenu et hop, le voilà frais et dispo, apte à la réflexion et, pourquoi pas, au combat



Étrange comme on réfléchis mieux lorsque le cerveau n'est plus noyé dans la pisse...



à ce moment, un gus dans la quarantaine avancée se redresse de derrière la photocopieuse, fringues corporates floquées du macaron "rank xerox" , casquette du même métal, basquettes éculées, boîtaoutils sonore
bon, c'est le modulateur de machin qu'est foutu, je peut vous commander la carte, ça prendra deux semaines, rapport aux délais de livraisons impactés par la guerre en Ukraine



Là, Blumroch reprend son tonus habituel
Deux semaines ?
Y a maldone, enfant de la maintenance, comment qu'on fait pour photocopier les bilans comptables et les blagues carambar ?
Réduisez le délai à deux jours et on se quittera bonzamis, sinon on revoit le contrat d'entretien
Mais quel contrat, elle est hors d'âge, cette bécane, y a pu rin qui marche dedans !
Le technicien de soutien, après cet éclat verbal s'emporte ailleurs avec sa boitaoutils
Nous le suivons dans les entrailles du bâtiment, sans le perdre de vue un seul instant, à cause de ses changements de cap et des franchissements de portes marquées "accès limité " ou "crew only "



C'est que le mec s'active, on peine, avec notre cortège hétéroclite, à le suivre
Au bout de peu, nous voilà largués dans les sous-sol d'un complexe inconnu, béton souillé de louches émanations de gaz oil et de poubelles pas ramassées, tuyauteries avec calorifugeage apparent, signalétique contradictoire, un vrai bonheur kafkaïen



perdus!
perdus dans les sous sols d'un...d'un quoi, au fait?
ça ressemble à un hospital soviétoïde ou à une mairie du neuf cube, béton, poubelles pas ramassées, portes blindées mais battantes, vent coulis et rumeurs lointaines, propagées par les tuyaux
pas une pancarte ni un fléchage au sol, de toutes façons effacé par le piétinement continu qu'on suppose être la règle



et alors, que faire? se laisser choir au sol et se lamenter?
invoquer les djieux pour se tirer de ce mauvais pas?
lorsqu'on sait que c'est eux qui nous y ont conduit....
que non!
nos amis, corps éthérés malgré tout, se lancent dans une aktion salvatrice, ils démantibulent les tuyauteries qui courent au plafond, sur les murs, partout
bientôt la fibre optique, le cuivre porteur et la gaine thermique creuse gisent au sol en vomissant qui des étincelles, qui des données, qui de la vapeur chaude



la suite ne se fait pas attendre
on penserait qu'un costaud en bleu de travail ou en selvedge (après tout, on pourrait être aussi bien au japon, pour ce que nous en savons) se pointe, toutes griffes dehors pour nous expliquer que merdalors faut pas abimer le matos
hé non....
c'est un bureaucrate avec une planche à clip qui radine, l'air affairé, impersonnel, passe partout, costard gris sous la blouse blanche, cravate commune et chaussures de ville, plates , ce qui fait contraste avec les croquenots de kob's ou les basquettes haute performance de Léon