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26/04/2020

Identité

« J’ai été amenée, par mon parcours, à comprendre que l’identité lorsqu’elle est perdue, malmenée, menacée, incertaine, est bien plus dangereuse pour un homme que n’importe quoi d’autre. En fait vous pouvez être un peu pauvre, mais si vous avez vos traditions, votre folklore, vos rites, alors vous garderez la joie et une certaine sécurité.

Ce que je tente de montrer dans mes films, c’est que ce trésor de l’identité européenne est précieux, et vaut plus que tout l’or du monde. »

Cheyenne Caron

L'interview complète au sujet de la sortie de son film Le Fils d’un Roi est sur Breizh.info.

 

Historiettes, contes et vaticinations (13)

Une petite histoire déjà mise en ligne sur ce blog le 22/12/2006 :

 

Le paradis sur terre

 

Comment ils avaient pris le pouvoir ? On le leur avait tout simplement donné. La population n’en pouvait plus de la corruption, de l’insécurité, de la vie chère, des impôts, du chômage, de l’absence de perspective, de la gabegie des gouvernants, de l’incompétence de l’administration, de l’inefficacité des mesures gouvernementales, de l’incurie du pouvoir... elle n’en pouvait plus de tout. C’est alors qu’ils créèrent le Parti de la Bonté et de la Générosité. Au début, les autres partis s’étaient moqués d’eux. Mais peut-on se moquer longtemps des bons sentiments ? Des sarcasmes venant de partis usés et discrédités étaient-ils les biens venus ? Et tous se mirent à leur faire les yeux doux. Mais ils restèrent fermes et refusèrent de siéger dans une quelconque assemblée, ils voulaient le pouvoir entier ou rien. Ils disaient que c’était pour éviter toute compromission et garder la pureté de leur idéologie. Leurs opposants, de plus en plus rares et de plus en plus discrets, pensaient plutôt que c’étaient parce qu’ils avaient promis tout et le contraire de tout, à un groupe comme au groupe opposé, aux progressistes comme aux réactionnaires, aux pauvres comme aux riches, et qu'évidemment ils auraient été bien incapables de faire quoi que ce soit en pratique. Pourtant, la population y croyait, on sait que les hommes ont besoin de rêver, alors ils votèrent pour eux. Et ils furent élus. La première chose qu’ils firent après leur accession au pouvoir, fut de massacrer méthodiquement tous leurs adversaires. Car, entre nous, avouons qu’il faut vraiment être le dernier des salopards pour s’opposer à la bonté et à la générosité.

25/04/2020

Chronique du temps de la Covid-19 (18)

En prêtant l'oreille j'ai enfin entendu l'ovation de 20 heures au personnel soignant. En y repensant je l'ai déjà perçue d'autres soirs, mais sans y prêter attention ou la prenant pour un chahut quelconque. Ainsi les mêmes dont tout le monde se fichait, le pouvoir en premier, sont devenus des héros par la grâce de Sainte Trouille pareillement aux policiers passant du statut de bourrins fascistes à celui de rempart de la démocratie d'un jour  à l'autre. Nietzsche ne se trompait pas en disant qu'"un politicien divise l'humanité en deux classes : les outils et les ennemis." Remarquez que ce personnel soignant se gardait bien de venir rejoindre les Gilets jaunes malgré les sollicitations et attendait sagement un autre jour pour manifester ; peut-être ne fallait-il pas mélanger les compresses stériles et les torchons.

Carte blanche (18)

Laissée à EQUALIZER (septième partie) :

 

BILAN ARC-EN-CIEL (3)

 

...on allait en entendre... !

 

C’était pas peu dire! Victor écoutait la radio Europ-Inter et même la télé... KMA TV (Kiss My Ass TV), toutes les chaînes ne parlaient que de l’enlèvement de Marane Indigo! elle avait éclipsé l’attentat testiculaire dont Daniel Coin-Pastek avait été victime. Des bulletins de santé ponctuaient les infos mais cette affaire Indigo secouait les valeurs de la République dans leur fondement. Un passant avait donné l’alerte quand un véhicule en stationnement interdit avait attiré l’attention : une femme dénudée y gisait sur le siège arrière tête recouverte d’une cagoule de cuir verrouillée. Les policiers avaient d’abord cru à un jeu sado-maso et la malheureuse conduite à l’hôpital... le cadenas cisaillé, l’interne n’en cru pas ses yeux en reconnaissant le portrait qui passait en boucle sur les écrans. Ce fut un tremblement de terre !

“Les jours de notre Sainte Maire ne sont pas en danger selon nos premières informations, toutefois elle semble bien avoir subi des sévices corporels... il se dit qu’elle aurait été abusée à de nombreuses reprises avec une certaine brutalité selon les premières constatations.

Les flash info se succédant, on apprit le viol collectif particulièrement odieux dont la victime ne pouvait, selon ses déclarations confuses, fournir aucun indice sur le lieu, les personnes en cause, puisqu’elle n’avait rien vu ni entendu...

Un signalement des auteurs avait pu être donné par les gardes du corps retrouvés ligotés...

Tout ce que la République comptait prenait la parole :

Le préfet de l’ordre parisien, Ramirez Lambada, dit que les auteurs seraient poursuivis sans relâche et punis à la hauteur de leur ignominie. Le préfet Lambada surenchérissait dans la pose menaçante. Il avait été poursuivi par une association, les Jaunes-Cassés, regroupant des borgnes rancuniers, qui le surnommaient LBD dans la presse d’opposition. La Justice avait classé la plainte...

Victor s’amusait... une grande manifestation allait être organisée à l’initiative du Grand Maître James Meyburn, de la Grande Loge internationale du Genre Humain, contre le patriarcat machiste gynécocratophobe, suivi en cela par le secrétaire du PCF (Parti Cocufist Français). Gérard Lagaulle président du groupe LRNA (La République Nous Appelle) discourait sur le retour de la peste brune qui, sans aucun doute, venait de s’illustrer avec barbarie... emporté par son discours à la tribune, il en polissait la barre nerveusement. Les interventions se succédaient, mais c’est la Ministre de la Justice, Elizabeth Cohn-Sépieds, qui promit des peines exemplaires aux criminels. Le Prézidor Alfonso Maquarello devait faire une allocution le lendemain même sur la chaîne nationale... on s’attendait à un discours aussi filandreux que des haricots verts tardivement récoltés... L’opposition s’associait à la condamnation de cet acte qui que quoi... la Police sur le gril couinait au manque de moyens, aux négligences des services de surveillance vidéo etc etc... la partie de ping-pong générale commençait...

Victor hocha la tête...

Pfiouuu... ça va chauffer, les camarades des cellules combattantes devraient plonger, descendre le périscope et ne plus bouger. Tous les services vont remuer en tout sens, y compris les parallèles qui ne se rejoignent jamais... dit-on.

Cette fois-ci je vais me faire discret... pas besoin d’être dans le collimateur parce que... à mon âge... il va falloir que je solde les comptes de mes débiteurs... pas question de quitter cette terre au rythme des hauts tambour... 

Victor se mit à chantonner... “un jour viendra où les traîtres paieront”... il y songeait depuis longtemps... restait à mettre en forme. Le temps était venu. “V” comme Vengeance ?

 

Destinée manifeste

D'accord le tableau date de 1872 et les peintures de l'époque n'étaient pas exemptes de scènes allégoriques qui prêtent au minimum à sourire aujourd'hui, mais tout de même...

American_Progress_(John_Gast_painting).jpg

American Progress de John Gast

J'aime assez les Indiens et les bisons qui fuient vers les ténèbres devant la figure bienveillante.

 

Historiettes, contes et vaticinations (12)

Une petite histoire déjà mise en ligne sur ce blog le 17/01/2007 :

 

Quelque chose dans l’air

 

À défaut d’être heureux, ils n’étaient pas malheureux. Qui en aurait douté ne serait-ce qu’un seul instant ?

La paix régnait depuis très longtemps et pour longtemps encore. Les quelques semblants de conflits armés qui perduraient, étaient non seulement endigués, mais en voie de résolution. De toute façon, hormis la population locale, personne ne s’en souciait vraiment et les bulletins d’information sur le sujet ne prenaient que quelques lignes dans les quotidiens.

L’économie et la santé allaient bien, si la non aisance existait encore de façon résiduelle, elle régressait chaque année. Inversement, la longévité humaine progressait de façon continue, le Ministre de la Santé n’avait-il pas triomphalement annoncé que l’espérance de vie avait encore augmenté de 3 mois l’année passée contre 2 l’année antérieure ?

L’art s‘épanouissait sous toutes ses formes, grâce aux subventions les artistes pouvaient développer leurs talents sans être distraits par les contingences matérielles. Sans cela comment imaginer par exemple que les poètes puissent avoir eu l’idée d’inventer la Cantate trisyllabique qui faisait actuellement fureur dans les salles de la Capitale. Certes, le commun n’appréciait pas encore cette forme de chant à sa juste valeur mais ce n’était qu’une question de temps. Car bien que l’école et les médias aient grandement amélioré son niveau culturel, il préférait pour l’instant encore les concours de Hurleurs Urbains. Ceux-ci bien sûr n’étaient pas non plus dénués de talent sur le plan créatif.

L’architecture n’était pas en reste et dans la banlieue nord de la Capitale la Tour de Paix s’élevait lentement mais sûrement vers le firmament. Symbole destiné à rappeler les réussites obtenus dans la quête du bonheur pour tous, elle était devenue une destination touristique fort courue et le tramway magnétique y déversait chaque jour son contingent de curieux. Quand elle serait terminée elle serait le plus haut monument de la planète.

Mais c’est peut-être dans le mode de gestion de l’état que la période avait atteint sa perfection. La démocratie ayant montré ses limites, la population ne comprenant pas toujours ce qui était bon pour elle, les organes dirigeants étaient maintenant doublés d’associations, de conseils et de groupes qui non seulement veillaient à la bonne gestion de l’Espace Territorial mais évitait aussi que les élus ne prennent une trop grande autonomie, ce qui serait immanquablement dommageable pour le peuple. Par exemple, le Conseil du Compromis composé de 21 sages renouvelables par tiers et par cooptation tous les 2 ans était chargé de donner un avis sur le bien fondé des nouvelles lois, de façon à ne léser aucune minorité. Ou le Conseil de la Mémoire Intacte désigné à vie par un collège d’historiens, qui avait pour mission de superviser le contenu de toute parution afin d’épargner au public les théories non conformes et malsaines de certains auteurs. Car malgré toute la bonne volonté des dirigeants il y aura toujours des esprits pervers prêts à profiter d’un relâchement. L’Espace Territoriale était ainsi pris dans un subtil réseau de compétences qui se compénétraient et évitait tout abus de quiconque ainsi que la pérennité du système.

Pourtant, il existait des individus qui n’étaient pas satisfaits des bienfaits des temps présents, des idéologues chagrins qui voyaient des signes de décadence et des symptômes annonçant des bouleversements partout, des réactionnaires nostalgiques qui en appelaient à un sursaut du peuple. Mais un sursaut pourquoi ? Ce n’étaient que les délires de personnes aigris à la vue du succès de théories contraires aux leurs, les imprécations d’insatisfaits pathologiques qui demandaient des libertés là où elles n’avaient aucunes raisons rationnelles d’exister, les perfidies d’alarmistes qui voyaient le mal arrivait au pas de course. Les instances du Pouvoir, magnanimes, n’entamaient des poursuites contre eux seulement quand ils dépassaient certaines limites.

Les événements débutèrent en avril. Les printemps sont souvent cruels. Les Autres arrivèrent sans que quiconque ne s’en aperçut. En fait, ils avaient toujours étaient là. Comme personne ne savait les reconnaître, les Forces de l’Ordre ne surent pas où et contre qui intervenir. Le Pouvoir empêtré dans les subtilités de son fonctionnement fut incapable de réagir à temps, et même de réagir tout simplement. Et tout s’écroula. Dans un premier temps, les citoyens ne purent ni ne voulurent y croire. Puis, quand ils finirent par se rendre à l’évidence ils se lamentèrent en se demandant ce qu’ils avaient bien pu faire pour en arriver là, comment cela avait-il été possible, pourquoi la puissance et la richesse de l’état n’avait été d’aucune utilité, pour quelle raison les institutions qui semblaient penser à tout n’avait pas vu arriver la catastrophe. Certains, hébétés, répétaient inlassablement que les choses ne pouvaient pas s’arrêter ainsi puisque tant de projets restaient à réaliser. Et tous furent balayés, les riches, ceux qui l’étaient moins, les jeunes, les moins jeunes, les puissants, les gens ordinaires, les poètes Trisyllabiques, les Hurleurs Urbains, la Présidence, le Gouvernement, le Conseil du Compromis, celui de la Mémoire Intacte, les villes, les monuments, les infrastructures, la Tour de la Paix... Balayés.

24/04/2020

Musique (533)

Portishead

Glory Box

Shivaree

Goodnight Moon

Hooverphonic

Mad About You