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Champ d'étoiles (7)
Vendredi 19 juillet 2002
5me étape - De Labouheyre à Onesse-Laharie – Environ 24 km
Parti de bon matin de l'hôtel endormi. La propriétaire passe la tête par la fenêtre et me souhaite bonne route. Ciel bleu et température déjà chaude, heureusement il y a un peu de vent. Le Chemin suit la N10 sur une partie de l'étape. Pendant un arrêt à l'écart de la route, alors que je suis assis à lire mon guide, je perçois quelque chose s'approchant de moi à la limite de mon champ de vision. Je lève la tête et découvre que c'est un écureuil qui a quitté la lisière de la forêt et n'est plus qu'à 1,50 m de moi. Mon mouvement le fait s'enfuir. Si je n'avais pas bougé jusqu'où se serait-il approché ? C'est curieux, nous ne sommes pourtant pas dans un parc où une certaine confiance peut s'établir entre les écureuils et les hommes.
J'ai aussi vu un chevreuil qui s'est laissé admirer un long moment, puis il est venu dans ma direction pour traverser la route. Le clic de mon appareil photo l'a effrayé, je le regrette. C'était près d'un lieu-dit aux nombreux airials dont les maisons typiques ont été restaurées avec soin. Un très bel endroit.
À mi-parcours, pique-nique rapide sous les pins. Arrivé à Onesse, la mairie m'annonce qu'il n'y a pas de local pour les pèlerins mais m'indique un hôtel. Les propriétaires sont des gens charmants mais ne prennent pas la carte bancaire et je n'ai pas suffisamment d'espèces. De plus le village n'a pas de distributeur, le seul disponible est à plusieurs kilomètres. Ça m'apprendra à ne pas être prévoyant ! La propriétaire trouve une solution : elle va faire des achats dans un commerce qui accepte la carte que je paierai à concurrence du montant que je lui dois. Elle me dit aussi que j'ai beaucoup de chance de trouver une chambre libre et se propose d'appeler la mairie de Taller pour réserver le local. C'est vraiment une personne très serviable. Au moment de prendre une douche, je constate une deuxième bêtise, j'ai oublié mon shampooing à Labouheyre.
Il est encore tôt et j'ai le temps de flâner dans le tout petit bourg, de boire un verre et de regarder vivre un village aux bâtiments administratifs datés sur les façades, et aux panneaux d'une autre époque (« Ralentissez nombreux enfants » sous le panneaux "Attention école"). Physiquement ça va à peu près même si la plante de mon pied droit me fait légèrement souffrir, et j'ai aussi les épaules en marmelade mais aucune ampoule.
Vive le troc ! Pour régler l'hôtel, je vais en fin de compte acheter des cigarettes. Je dors à l'hôtel grâce au vice de sa propriétaire...
Comme je m'ennuyais un peu j'ai voulu téléphoner, mais une fois dans la cabine je me suis rendu compte que je n'avais pas envie de parler à quiconque, pas encore. Ce soir je planifie le reste de mon voyage et je constate que le budget prévu est sérieusement entamé. J'espère au moins atteindre les Pyrénées.
Hier, j'ai lu dans un ancien numéro du Sud-Ouest que la voie de Tours venait juste d'être balisée de Moustey à Sorde-l'Abbaye. Je l'ai suivi sur une partie du parcours, un balisage à l'aide de plaquettes plastiques bleu et jaune et de peinture jaune. Il m'a servit à un moment où j'hésitais et puis il m'a soutenu le moral : c'est bon de savoir que l'on pensait aux pèlerins dont je fais partie. Dans l'article le Président de l’Association des Amis de Saint-Jacques de Compostelle d'Aquitaine souhaitait qu'il y ait un refuge tout les 15 ou 20 km comme sur la voie de Vézelay. C'est encore loin d'être le cas.
Comme beaucoup de pèlerins apprentis poètes j'ai moi aussi composé une petite chanson de marche même si elle ne rime pas :
« Pour avancer sur le Chemin ce n'est pas compliqué
Si tu en as envie : marche
Si tu n'en as pas envie : marche quand même
Si tu es en forme : marche
Si tu es fatigué : marche quand même
Si tu n'as mal nulle part : marche
Si tu as mal partout : marche quand même
Pour avancer sur le Chemin, tu vois, ce n'est vraiment pas compliqué. »
Après un repas landais trop copieux que je n'ai pas réussi à finir malgré mes efforts pour ne pas vexer - « Elle en fait toujours trop » m'a dit le patron en secouant la tête - soirée sympa à regarder les infos et à parler du Tour de France seul avec lui dans le minuscule salon de l'hôtel.
Il fait très très chaud ! Il faut pourtant aller dormir.
28/09/2015 | Lien permanent | Commentaires (6)
Marxiste un jour, marxiste toujours ?
Pourquoi je ne suis pas marxiste
Voici quelques extraits de "La Question juive", de Karl Marx:
"Considérons le Juif réel, non pas le Juif du sabbat, comme Bauer le fait, mais le Juif de tous les jours.
Ne cherchons pas le secret du Juif dans sa religion, mais cherchons le secret de la religion dans le Juif réel.
Quel est le fond profane du judaïsme ? Le besoin pratique, l'utilité personnelle. Quel est le culte profane du Juif ? Le trafic. Quel est son Dieu profane ? L'argent. Eh bien, en s'émancipant du trafic et de l'argent, par conséquent du judaïsme réel et pratique, l'époque actuelle s'émanciperait elle-même.
Une organisation de la société qui supprimerait les conditions nécessaires du trafic, par suite la possibilité du trafic, rendrait le Juif impossible. La conscience religieuse du Juif s'évanouirait, telle une vapeur insipide, dans l'atmosphère véritable de la société. D'autre part, du moment qu'il reconnaît la vanité de son essence pratique et s'efforce de supprimer cette essence, le Juif tend à sortir de ce qui fut jusque-là son développement, travaille à l'émancipation humaine générale et se tourne vers la plus haute expression pratique de la renonciation ou aliénation humaine.
Nous reconnaissons donc dans le judaïsme un élément antisocial général et actuel qui, par le développement historique auquel les Juifs ont, sous ce mauvais rapport, activement participé, a été poussé à son point culminant du temps présent, à une hauteur où il ne peut que se désagréger nécessairement.
Dans sa dernière signification, l'émancipation juive consiste à émanciper l'humanité du judaïsme.
Le Juif s'est émancipé déjà, mais d'une manière juive. " Le Juif par exemple, qui est simplement toléré à Vienne, détermine, par sa puissance financière, le destin de tout l'empire. Le Juif, qui dans les moindres petits états allemands, peut être sans droits, décide du destin de l'Europe. "
" Tandis que les corporations et les jurandes restent fermées aux Juifs ou ne leur sont guère favorables, l'audace de l'industrie se moque de l'entêtement des institutions moyenâgeuses. " (B. Bauer, La Question juive, p. 114.)
Ceci n'est pas un fait isolé. Le Juif s'est émancipé d'une manière juive, non seulement en se rendant maître du marché financier, mais parce que, grâce à lui et par lui, l'argent est devenu une puissance mondiale, et l'esprit pratique juif l'esprit pratique des peuples chrétiens. Les Juifs se sont émancipés dans la mesure même où les chrétiens sont devenus Juifs.
(...)
Si nous en croyons Bauer, nous nous trouvons en face d'une situation mensongère : en théorie, le Juif est privé des droits politiques alors qu'en pratique il dispose d'une puissance énorme et exerce en gros son influence politique diminuée en détail. (La Question juive, p. 114.)
La contradiction qui existe entre la puissance politique réelle du Juif et ses droits politiques, c'est la contradiction entre la politique et la puissance de l'argent. La politique est théoriquement au-dessus de la puissance de l'argent, mais pratiquement elle en est devenue la prisonnière absolue.
(...)
Le judaïsme s'est maintenu, non pas malgré l'histoire, mais par l'histoire.
C'est du fond de ses propres entrailles que la société bourgeoise engendre sans cesse le Juif. Quelle était en soi la base de la religion juive ? Le besoin pratique, l'égoïsme.
Le monothéisme du Juif est donc, en réalité, le polythéisme des besoins multiples, un polythéisme qui fait même des lieux d'aisance un objet de la loi divine. Le besoin pratique, l'égoïsme est le principe de la société bourgeoise et se manifeste comme tel sous sa forme pure, dès que la société bourgeoise a complètement donné naissance à l'état politique. Le dieu du besoin pratique et de l'égoïsme, c'est l'argent.
L'argent est le dieu jaloux d'Israël, devant qui nul autre dieu ne doit subsister. L'argent abaisse tous les dieux de l'homme et les change en marchandise. L'argent est la valeur générale et constituée en soi de toutes choses. C'est pour cette raison qu'elle a dépouillé de leur valeur propre le monde entier, le monde des hommes ainsi que la nature. L'argent, c'est l'essence séparée de l'homme, de son travail, de son existence; et cette essence étrangère le domine et il l'adore.
Le dieu des Juifs s'est sécularisé et est devenu le dieu mondial. Le change, voilà le vrai dieu du Juif. Son dieu n'est qu'une traite illusoire.
L'idée que, sous l'empire de la propriété privée et de l'argent, on se fait de la nature, est le mépris réel, l'abaissement effectif de la religion, qui existe bien dans la religion juive, mais n'y existe que dans l'imagination.
C'est dans ce sens que Thomas Münzer déclare insupportable que toute créature soit transformée en propriété, les poissons dans l'eau, les oiseaux dans l'air, les plantes sur le sol : la créature doit elle aussi devenir libre ".
La nationalité chimérique du Juif est la nationalité du commerçant, de l'homme d'argent.
La loi sans fondement ni raison du Juif n'est que la caricature religieuse de la moralité et du droit sans fondement ni raison, des rites purement formels, dont s'entoure le monde de l'égoïsme.
Ce n'est qu'alors que le judaïsme put arriver à la domination générale et extérioriser l'homme et la nature aliénés à eux-mêmes, en faire un objet tributaire du besoin égoïste et du trafic.
C'est parce que l'essence véritable du Juif s'est réalisée, sécularisée d'une manière générale dans la société bourgeoise, que la société bourgeoise n'a pu convaincre le Juif de l'irréalité de son essence religieuse qui n'est précisément que la conception idéale du besoin pratique. Aussi ce n'est pas seulement dans le Pentateuque et dans le Talmud, mais dans la société actuelle que nous trouvons l'essence du Juif de nos jours, non pas une essence abstraite, mais une essence hautement empirique, non pas en tant que limitation sociale du Juif, mais en tant que limitation juive de la société.
Dès que la société parvient à supprimer l'essence empirique du judaïsme, le trafic de ses conditions, le Juif est devenu impossible, parce que sa conscience n'a plus d'objet, parce que la base subjective du judaïsme, le besoin pratique, s'est humanisée, parce que le conflit a été supprimé entre l'existence individuelle et sensible de l'homme et son essence générique.
L'émancipation sociale du Juif, c'est l'émancipation de la société du judaïsme."
Karl Marx, La question juive
Ce passage devrait suffire à faire comprendre, enfin, que toutes les dictatures sont fondées sur la négation de la propriété privée, et que cette négation a pour but exclusif la spoliation des producteurs "capitalistes" au seul profit d'une clientèle de prédateurs politiques, qui sont chargés d'établir la "moralité".
Pour ce faire, les totalitaires vont rechercher des prétextes idéologique et désigner les ennemis qui sont toujours et invariablement les capitalistes, sous toutes leurs formes, vraies ou supposées (le "Juif", le "Koulak", ...).
Remplacez le mot "juif" dans les phrases ci-dessus par le mot "capitaliste" (ce qui dans l'esprit de Marx, comme dans celui d'Hitler, était strictement synonyme) et vous obtiendrez un discours immédiatement prononçable par les prédateurs d'Attac ou de la CGT.
Bien évidemment, cette évidence aveuglante ne peut rien contre la bêtise brute des prédateurs.
On en vient ainsi à lire des remarques comme celles de Robert Mandrou dans son introduction à "La question juive" dont je reproduis ci-dessous la conclusion:
(...) Au total, ni Bruno Bauer, ni Marx ne peuvent être considérés comme des antisémites, au sens commun du mot; sans doute ces deux écrits, lus trop vite, ou mal compris, par des commentateurs malveillants, ont pu être utilisés mal à propos, lorsque l'antisémitisme contemporain prend forme au tournant du siècle. Mieux vaut les lire comme des témoignages profonds et percutants sur un problème fondamental hérité de l'Ancien Régime : la ségrégation des Juifs et leur émancipation humaine. En ce sens, La Question juive demeure un grand livre.
Vous avez bien lu : un "grand livre" ! Et "Mein Kampf", un "grand livre" aussi ? Lu "trop vite, ou mal compris, par des commentateurs malveillants" ??????????
J'hallucine...
Mickaël Mithra sur Hérésie.org
27/08/2006 | Lien permanent | Commentaires (7)
Carte blanche (26)
Laissée à Blumroch pour les chapitres entre astérisques et à Kobus van Cleef pour les autres.
Que les auteurs veuillent bien me pardonner les rares coupures (digressions, apartés, private jokes...) réalisées dans le seul but de rendre l'histoire plus compréhensible.
Pour suivre au mieux les péripéties de ce récit il est vivement conseillé de lire les précédents épisodes : 1, 2 et 3.
Signé van Cleefax
"vu comme ça, pourquoi pas?" dit Blum
"allez je vais chercher le registreur, on fait la prise et on passe aux autres" kobus ressort pour faouiller dans les fontes de sa bécane, Blum entreprend la gosse "tu vas lire le papier, ça va bien se passer, après on s'en va , c'est juste pour mettre un truc sur internet"
le petit gros revient avec sa caméra, le texte, il plante le bouzin devant la gamine, centre la tête de la fille, lance le truc
"vas y, lis" c'est Blum qui intime à la gosse, elle reste bouche bée
"mais kes kis pass' bon gû? elle lit le truc?"
"non je vois pas, elle lit, point"
"allez vas y petite, lis le truc"
"heu heu heu"
"merdeeeee, elle sait pas lire"
"tu rigoles?"
"non, regarde, elle sait pas lire, j'te jure"
"on va lui souffler"
sitôt dit sitôt fait
la machine tourne
"moi gertud colline de sardine, militante du klimat, déclare sans contrainte que j'ai été abusée sur l'état de la réchauffure de la climatance par mes pères, mères et sponsors la preuve? le soleil va s'éteindre et on va crever de froid, pas de chaud"
"bravo ma poupette, t'es la meilleure, allez on balance ça sur le net"
vous vous demandez comment ils peuvent balancer ça? Blum a des accointances avec le tétragramme lequel peut tout
"bon, celle là c'est fait, on passe aux suivants, celle qui habite en Californie, ça va être un peu juste d'ici la fin du monde"
"sait on jamais?"
"en tout cas on pourrait se mettre à la recherche du boss, le sponsor au patronyme palindrômique"
redescendons de quelques degrés (pas en température, quoique, ça va bientôt venir lorsque le soleil jouera les abonnés absents) en latitude
Thomas toujours tapi dans l'ombre du palier, attend
un pas lourd résonne dans la cage d'escalier, ça descend, bram , bram, bramm! et la rampe tremble
c'est une façon d'homoncule, plus large que haut, élargi encore par le tapis roulé qu'il porte sur les épaules, tapis contenant les possessions dérobées chez le proxo et sa sous maque
Thomas espère encore que le présumé meurtrier passera sans le voir, mais c'est trop compter sur la chance, la bouboule l'aperçoit du coin de l'oeil
saisi il laisse choir son fardeau, ramène contre lui le calibre 12 canon scié dont il vient de se servir
d'une voix de rogomme il demande "é kes ki veu l'petit franssi?" braque sa pétoire, et tire
bruit assourdissant dans la cage d'escdrin, fumée, bruit multiplié par la giclée de pruneaux que Thomas a balancé en pressant par mégarde la détente du stetch, y en aura pour toulmonde!
en tout cas, la rafale a basculé le courtaud par dessus la rambarde, il s'étale en bas, les plombs du calibre 12, tirés trop bas, ont simplement emporté la semelle d'une nike air de thomas, dommage il commençait à s'y faire
notre duo, l'un arrimé à l'autre, continue son ascension
arrivé à l'étage maudit, ils constatent le carnage, le yaouled dépêché d'une décharge en pleine poitrine, pour le reste, l'appartement qui était presque intact a été retourné rapidement, ce qui explique le tapis que trimbalait le sosie de Gimli
on saura jamais ce qu'il cherchait
et on s'en fout
viens par là, on va se sustenter et refaire ton pansement
et une bonne giclée d'antibiotique dans la fesse
beaucoup plus au sud, les géniteurs colline de sardine n'ont pas pris de décision quand à l'attitude idoine à adopter lorsque des tarés, néanmoins ci devant victimes de la colonisation, et de ce fait éligibles à un dédommagement, en veulent à ta vie
monsieur en tient pour une discussion ferme et constructive, madame en tient pour une fuite éperdue dans les forêts profondes
evidemment, ce genre de tergiversation peut pas durer jusqu'à la fin du monde, et un monumental coup de gourdin met un terme à ces interrogations stériles, les corps encore pantelants rejoignent les autres dans l'océan indien, plouf
il vaut mieux, d'ailleurs, que ses parents n'aient pas assisté à son abjuration planétaire, ça leur aurait fait de la peine avant de défunter, alors que là....
entre les barres d'une cité d'une autre ville péri lutécienne, qui commence au hasard par un "S" et se termine par un autre "S", un satyre rôde, on peut même déceler dans ses yeux une étrange noirceur
il revient donc sur le terrain de ses premiers exploits, si on peut dire
certains ne l'ont pas oublié, ceux dont les filles, naïves activistes, lui sont passées entre les mains
et l'un de ces pères a contacté les autres, téléphone ethnique oblige, tout ce petit monde guette la venue du crétin imbibé de testostérone et de viagra, avant que les lumières s'éteignent, il voudrait s'en mettre plein la lampe!
il marche sur l'avenus cefran desmen ou leo meblou, cuip chuip (il y a longtemps que ses méphistos ont rendu l'âme), lorsque des pères outragés, jaillissant du café des zamis lui tombent sur le râble, le chopent, le coxent, baillon boule dans le clapoir, menottes aux poignets, chevilles entravées
le bougre est assis brutalement sur une chaise du défunt bistrot (avec cette fin du monde, plus personne ne vient consommer, alors autant privatiser les arrière-boutiques pour résoudre de vieux conflits jamais tirés au clair)
"alors le priape, on fait moins l'malin, maint'nant?"
"oui li priap' ti rigol' moins?"
priape a piteuse mine, son sexe flétri par la terreur pendouille le long de sa cuisse, la salive coule sur son menton,il se tortille sur sa chaise
"hon hon honnnn!"
"y faut y enlever le truc là" dit un père outragé
"pourquoi faire?" rétorque un autre
"mais pour qu'il s'explique!" réplique un troisième
"aucun intérêt, on le fume, ci tout, ci pas compliqué"
"tout accusé à droit à un procès" reprend sentencieusement le deuxième
"procès mon ku! y a eu un avocat pour défendre l'honneur de nos filles? à moins que le dédommagement versé par son chaouch ne vous satisfasse? moi pas" (on voit que le maniement des temps verbaux n'est pas étranger à notre brave)
après maints conciliabules, l'assemblée des déshonorés s'approche du captif
"on va te la couper, te la fourrer dans la bouche et puis ensuite te griller au pitroul, vil suborneur" en réalité, ils usent de termes plus fleuris, mais avec mon ortograf incertaine, je ne puis me hasarder à les retranscrire ici
on débaillonne donc l'abducté, il ricane
"alors les darons, c'est avant qu'il fallait veiller sur vos pucelles, enfin lorsque je dis pucelles, on s'entend, hein, il était passé du monde, sinon par devant, beaucoup de l'autre coté, c'est courant en vos contrées, m'a-t-on dit"
fureur des pères qui se précipitent sur le suborneur, grêle de coups, coups de couteau aussi, le mec défunte, pas grave ils s'acharnent, on traîne le corps dehors, à grand peine, car il est gros, ventru, une lippe jouisseuse qui ne l'a pas abandonné dans la mort, on boute le feu au cadavre après l'avoir arrosé de benzine, dans le kortier, ça fait bien longtemps que ça n'émeut plus les foules
bien plus à l'est, dans une région d'afrance habituellement réservée aux happy fiouz, une poignée de rageux a pris possession d'un pseudo manoir nouveau riche, qui ne jure pas dans le décor général (tuiles rosées, murs chaulés, pistoches en plein air, rocailles avec escaliers en devers, salles de gym dans les pénombres des espaces intérieurs) et de ses proprios, un médiatik à chemise déboutonnée au nombril et sa légitime, renflouée au poitrail)
le mec est enchaîné dans la cour de son mas (qui en castillan signifie plus et, effectivement, il y a plus) et doit faire face à l'ire de ses interlocuteurs
l'ire?
la détestation, plutôt
imaginez une théorie de mâles de taille variable, qui ont inséré des oreillers et autres postiches sous leurs vêtements pour paraître ventrus, un faux nez de clown et des oreilles de Mickey, alignés les uns derrière les autres, en train de scander "peuglou, peuglou, peuglou" fortissimo et chacun à la main, un disque de pâte brisée (comment ont ils fait pour la cuire? la fin du monde c'est aussi la fin du gaz) surmonté chacun d'un étron chaud fumant
ils se préparent à entarter leur victime et quel entartage!
avec des tartes à l'étron, ignoble humiliation!
l'homme, qui n'a rien perdu de sa superbe, clame "en tant que membres de notre communauté de destin, l'afrance, vous devriez avoir honte, entarter est un acte fachysse !"
la première tarte le cueille au vol, étouffant ses vitupérations, pendant qu'un grondement s'élève de la masse assemblée "l'afrance n'est pas une communauté de destin, pomme à l'huile -d'olive-, c'est une communauté comme une autre! peuglou, peuglou, peuglou!"