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28/09/2015

Champ d'étoiles (7)

Vendredi 19 juillet 2002

5me étape - De Labouheyre à Onesse-Laharie – Environ 24 km

Parti de bon matin de l'hôtel endormi. La propriétaire passe la tête par la fenêtre et me souhaite bonne route. Ciel bleu et température déjà chaude, heureusement il y a un peu de vent. Le Chemin suit la N10 sur une partie de l'étape. Pendant un arrêt à l'écart de la route, alors que je suis assis à lire mon guide, je perçois quelque chose s'approchant de moi à la limite de mon champ de vision. Je lève la tête et découvre que c'est un écureuil qui a quitté la lisière de la forêt et n'est plus qu'à 1,50 m de moi. Mon mouvement le fait s'enfuir. Si je n'avais pas bougé jusqu'où se serait-il approché ? C'est curieux, nous ne sommes pourtant pas dans un parc où une certaine confiance peut s'établir entre les écureuils et les hommes.

J'ai aussi vu un chevreuil qui s'est laissé admirer un long moment, puis il est venu dans ma direction pour traverser la route. Le clic de mon appareil photo l'a effrayé, je le regrette. C'était près d'un lieu-dit aux nombreux airials dont les maisons typiques ont été restaurées avec soin. Un très bel endroit.

À mi-parcours, pique-nique rapide sous les pins. Arrivé à Onesse, la mairie m'annonce qu'il n'y a pas de local pour les pèlerins mais m'indique un hôtel. Les propriétaires sont des gens charmants mais ne prennent pas la carte bancaire et je n'ai pas suffisamment d'espèces. De plus le village n'a pas de distributeur, le seul disponible est à plusieurs kilomètres. Ça m'apprendra à ne pas être prévoyant ! La propriétaire trouve une solution : elle va faire des achats dans un commerce qui accepte la carte que je paierai à concurrence du montant que je lui dois. Elle me dit aussi que j'ai beaucoup de chance de trouver une chambre libre et se propose d'appeler la mairie de Taller pour réserver le local. C'est vraiment une personne très serviable. Au moment de prendre une douche, je constate une deuxième bêtise, j'ai oublié mon shampooing à Labouheyre.

Il est encore tôt et j'ai le temps de flâner dans le tout petit bourg, de boire un verre et de regarder vivre un village aux bâtiments administratifs datés sur les façades, et aux panneaux d'une autre époque (« Ralentissez nombreux enfants » sous le panneaux "Attention école"). Physiquement ça va à peu près même si la plante de mon pied droit me fait légèrement souffrir, et j'ai aussi les épaules en marmelade mais aucune ampoule.

Vive le troc ! Pour régler l'hôtel, je vais en fin de compte acheter des cigarettes. Je dors à l'hôtel grâce au vice de sa propriétaire...

Comme je m'ennuyais un peu j'ai voulu téléphoner, mais une fois dans la cabine je me suis rendu compte que je n'avais pas envie de parler à quiconque, pas encore. Ce soir je planifie le reste de mon voyage et je constate que le budget prévu est sérieusement entamé. J'espère au moins atteindre les Pyrénées.

Hier, j'ai lu dans un ancien numéro du Sud-Ouest que la voie de Tours venait juste d'être balisée de Moustey à Sorde-l'Abbaye. Je l'ai suivi sur une partie du parcours, un balisage à l'aide de plaquettes plastiques bleu et jaune et de peinture jaune. Il m'a servit à un moment où j'hésitais et puis il m'a soutenu le moral : c'est bon de savoir que l'on pensait aux pèlerins dont je fais partie. Dans l'article le Président de l’Association des Amis de Saint-Jacques de Compostelle d'Aquitaine souhaitait qu'il y ait un refuge tout les 15 ou 20 km comme sur la voie de Vézelay. C'est encore loin d'être le cas.

Comme beaucoup de pèlerins apprentis poètes j'ai moi aussi composé une petite chanson de marche même si elle ne rime pas :

« Pour avancer sur le Chemin ce n'est pas compliqué

Si tu en as envie : marche

Si tu n'en as pas envie : marche quand même

Si tu es en forme : marche

Si tu es fatigué : marche quand même

Si tu n'as mal nulle part : marche

Si tu as mal partout : marche quand même

Pour avancer sur le Chemin, tu vois, ce n'est vraiment pas compliqué. »

Après un repas landais trop copieux que je n'ai pas réussi à finir malgré mes efforts pour ne pas vexer - « Elle en fait toujours trop » m'a dit le patron en secouant la tête - soirée sympa à regarder les infos et à parler du Tour de France seul avec lui dans le minuscule salon de l'hôtel.

Il fait très très chaud ! Il faut pourtant aller dormir.

 

Commentaires

Très bien la petite chanson.

On ne peut plus exacte.

Écrit par : Popeye | 30/09/2015

Je l'ai pondu en fin d'étape quand les pieds et les épaules demande grâce. C'est un peu pauvre pour un chant de marche mais l'idée est là.

Écrit par : Pharamond | 30/09/2015

Sympa ta petite chanson et tellement vraie !

Écrit par : CC.RIDER | 01/10/2015

Merci. L'inspiration vient toute seule quand on est sur le Chemin, on a le temps et les douleurs nous servent de muses.

Écrit par : Pharamond | 02/10/2015

Pour ma part, la demande de reddition des épaules ou des guiboles avait lieu généralement au deux tiers de la journée de marche, mais les deux derniers kilomètres se faisaient avec un véritable second souffle.
Chose étonnante, ma dernière étape sur le tronçon Le Puy Figeac n'était qu'une demie étape, à peine 12 km sur la matinée pour chopper un train vers midi.
Et bien j'ai eu mon coup de mou au deux tiers de l'étape, le moment où il faut serrer les dents et "marche quand même", alors que j'enquillais depuis 10 jours des 25 / 30 bornes sans trop de faiblesse.
Même si ce n'a été qu'une demie étape, dans le combat moral que ça peut représenter, elle a compté autant qu'une "complète"

Écrit par : Popeye | 02/10/2015

Je tombe par hasard sur votre commentaire, je ne sais par quelle bizarrerie je ne l'avais pas vu auparavant.
La forme chez moi était très variable, selon la qualité et la quantité de sommeil, la chaleur, la fatigue cumulée... et parfois elle n'avait rien de logique et venait après une longue marche ; le corps sécrète ses chimies parfois avec caprice. D'autres fois comme vous dites c'était un vrai combat moral, mal partout, fatigue et doutes.

Écrit par : Pharamond | 07/10/2015

Les commentaires sont fermés.