11/12/2014
Nouvelles références
Deux adolescentes ordinaires - ni chics ni cité - dans le tram.
- Mon copain il trouve que tu ressembles à [incompréhensible].
- C'est qui ?
- Une actrice porno.
- Connais pas
- Elle est mignonne.
- Ah bon ?... Il est sympa.
19:56 | Lien permanent | Commentaires (5)
Le bonheur est dans le prêt
Trouvé quelque part sur le Net :
Travailler – Acheter
Consommer - Mourir
19:10 | Lien permanent | Commentaires (4)
10/12/2014
Complot
Chercher le complot ne revient-il pas le plus souvent à nier la réalité ? […] Retrouver du sens à tout prix en raccrochant les faits historiques à un fil directeur unique, un fil directeur qui fournit à l’opinion publique une clé de décryptage d’un événement paraissant absurde ? Un fil directeur qui rassure parce qu’il explique le chaos.
François Pernot
Qui a vraiment tué Henri IV ?
16:58 | Lien permanent | Commentaires (4)
09/12/2014
Taggus interruptus
Je n'avais jamais vu quelqu'un faire un tag. Comme tout le monde, j'ai vu des tags, des graffs et ce genre de bariolage urbain mais jamais quelqu'un en faire un. Ce soir donc, en rentrant du cinéma, j'ai enfin vu un tagueur à l’œuvre. Il était face à un rideau métallique encore vierge des gribouillis qui constellaient toutes les parois verticales de la rue ; et il était semblable à l'idée que je m'en faisais : jogging-baskets-sweet à capuche. Il a agité sa bombe de peinture, et tout absorbé par sa calligraphie il ne m'a pas entendu arriver sur l'autre trottoir. J'ai donc eu tout le loisir de sortir mon .22LR de son étui et de l'ajuster. "NIKE LA", il en était à tracer la barre horizontale du "A" quand j'ai sifflé pour le faire se retourner, doucement, entre les dents. Tirer dans le dos, je n'aime pas vraiment. Il a pivoté prestement prêt à fuir ou à se défendre, et j'ai tiré, deux fois très rapidement, dans la zone sombre que sa capuche formait sur son visage. Il a eu un petit mouvement de la tête vers l'arrière, rien de très spectaculaire, et il a glissé le long du rideau métallique. Le sang faisait un petit disque irrégulier au dessus du "A", un peu comme ce qu'on appelle un rond en chef dans certains alphabets scandinaves. "NIKE LA", qui appelait-il à "niker" ; la police, la justice, la France ? J'aurai dû attendre un peu.
20:16 | Lien permanent | Commentaires (2)
08/12/2014
La patrouille
Il n'y avait plus de doute, c'était bien le bruit de gravillons qui tombaient sur le pavillon de la voiture.
- Mais qu'est-ce tu fais ? T'arrête pas ! Roule !
- Mais les cailloux...
- Putain ! C'est tout de même pas des pavés qu'on nous balance.
Le véhicule repris sa vitesse normale : celle d'un pas rapide, histoire de faire de la présence policière en évitant les ornières qui truffaient le chemin de terre.
Il y a quelques années l'agrandissement de la cité des Fauvettes avait été décidé. On avait amené des engins de chantier, creusé des trous gigantesques, accumulé la terre en collines, puis tout s'était arrêté. Une inextricable histoire de dépôt de bilan frauduleux avait gelé les travaux. On avait démonté les grues, remballé le matériel, entouré la zone d'une grillage pour l'interdire au public et tout était resté en l'état. Très rapidement la perméabilité de la clôture fit que l'endroit devint le terrain de jeux favori des enfants des Fauvettes et un lieu de trafic en tout genre. La police avait donc reçu l'ordre de faire des patrouilles régulières dans ce décor de champ de bataille grâce au chemin qui le traversait avec, bien-sûr, consigne de ne pas faire de provocation.
Consigne à vrai dire plutôt vague quand on était un jeune policier qui réalisait sa première patrouille dans la secteur. Heureusement que dans sa bienveillance son chef de poste le faisait cornaquer par un ''ancien''. Il se contentait donc de regarder consciencieusement autour d'eux tout en essayant autant que possible de ne pas rouler dans un nid de poule.
Des enfants couraient le long des talus qui surplombaient le chemin en leur criant des choses incompréhensibles à cause de la distance, mais que l'on pouvait imaginer peu amicales, tout en leur faisant des gestes obscènes. D'ailleurs il était fort probable que c'était eux qui les avaient bombardé de cailloux auparavant. Après avoir baissé leur pantalon pour leur montrer leurs fesses ils s'en allèrent vers d'autres occupations.
- Tiens, ça n'y était pas la dernière fois, fit l'"ancien'' en désignant les restes d'un voiture calcinée.
- On s'arrête ? hasarda le ''nouveau'' sans trop y croire.
- Non, on reviendra plus tard.
Un peu plus loin, un petit groupe de garçons en jogging et casquette accompagnés de leurs compagnes, portable vissé à l'oreille et vêtues avec l'élégance de starlettes de films X, discutaient à grands renforts de gestes près de deux BMW garées sur le côté. Ils s'arrêtèrent le temps de jeter un œil noir aux occupants de la voiture de police - l'un d'entre eux fit même le geste de leur tirer dessus avec son index pointé – puis ils reprirent leur conversation. Les filles n'avaient pas sembler s'apercevoir de quoi que se soit et continuaient leur conversation téléphonique. Cette fois le ''nouveau'' ne dit rien : le métier commençait à rentrer.
Tout à coup, la radio de bord leur signala qu'à la terrasse d'un restaurant un homme refusait d'éteindre son cigare. Le central avait reçu plusieurs appels des autres clients et du propriétaire pour demander une intervention.
- C'est pour nous ! C'est juste à deux rues d'ici. Mets la gomme !
Toute sirène hurlante la voiture s'extirpa du chemin défoncé et rejoint la route bitumée.
- Enfin un peu d'action, pensa tout haut son conducteur.
20:42 | Lien permanent | Commentaires (8)
07/12/2014
Tondeuse
On ne l'a appris que bien des années après la Seconde guerre mais cette femelle écureuil qui pactise avec Hitler a été retrouvée à la Libération et a été tondue comme il se doit. En exclusivité pour les lecteurs de ce blog voici la seule photo connue de la coupable dans sa geôle :
21:19 | Lien permanent | Commentaires (10)
04/12/2014
La thérapie
Une salle avec un pupitre derrière lequel une femme d'une cinquantaine d'années se tient debout, sourire aux lèvres, devant elle, un parterre d'une trentaine de chaises à moitié occupé.
L'animatrice, rayonnante :
- Bonsoir à tous et merci d'être venus aussi nombreux encore une fois. Ce soir, nous accueillons un nouvel ami ; je vous présente Pharamond.
Au premier rang un homme se lève et va rejoindre le pupitre, embarrassé.
Le public, en chœur :
- Bonsoir Pharamond !
L'animatrice s'écarte avec un large sourire et laisse la parole au susnommé.
Celui-ci, après s'être raclé la gorge :
- Bonsoir à tous... euh... je ne sais pas trop par quoi commencer... C'est un peu confus pour moi... bon, tant pis ! je me lance. Voilà, ça doit maintenant remonter à 2 ou 3 ans, ça a commencé par ce que le soir je n'avais plus envie de regarder la télé. Au début, je n'ai pas fait attention, c'était que de temps en temps, ensuite c'était de plus en plus souvent, et puis j'ai finis par ne plus la regarder du tout. À la place je lisais, je surfais sur le net ou j'allais voir des amis. Quoique, malheureusement, chez eux il y avait souvent la télé allumée, et ça m'agaçait. Il m'arrivait parfois - j'ai honte de le dire - de leur demander de l'éteindre puisque personne ne la regardait, ni eux ni leurs enfants, qui de toute façon l'avaient dans leur chambre.
Dans le public, certains hochent la tête pour acquiescer, en connaisseurs.
- Oui, j'ai fait ça... et même bien pire ensuite. Des choses bizarres se passaient en moi, je n'arrivais plus à écouter la radio sans trouver affligeant ce que disaient les animateurs qui, les pauvres - j'en ai conscience maintenant - , ne faisaient que leur travail, c'est-à-dire amuser leurs auditeurs. Les journaux me paraissaient tout à coup remplis de mensonges, les discussions amicales autour d'un verre, truffées de lieux communs et d'incohérences.
Il s'arrête une seconde, boit une gorgée à la bouteille d'eau minérale certifiée "commerce équitable" placée devant lui et reprend :
- Et puis ça a été la dégringolade, tel copain d'enfance devenu responsable marketing dans une boîte d'informatique, une personne estimable entre toutes, m'apparut soudain fat et inintéressant, tel autre qui me racontait régulièrement ses ébats sexuels dans le détail et les subtiles astuces sans cesse renouvelées pour tromper sa femme me parût tout à coup immorale et même vaguement répugnant. Je n'étais plus moi-même. Un soir, alors qu'une ex était venue chez moi pour me raconter ses déboires amoureux comme à chaque fois qu'un ignoble macho la larguait, je me suis endormi sur le canapé en l'écoutant alors qu'il n'était à peine que 3 ou 4 heures du matin... Oh ! que j'ai honte, si vous saviez comme j'ai honte ! Parfois, c'est comme si quelqu'un d'autre parlait avec ma bouche sans que je puisse rien faire, et je disais des trucs affreux, qui font mal. Un soir, j'ai dit à des amis - puissent-ils me pardonner - qui voulaient offrir un DVD de Bigard à leur grand-mère que personnellement je le trouvais de moins en moins drôle et de plus en plus vulgaire. Une autre fois, j'ai dis à ma nièce que je n'aimais pas Patrick Bruel, oui, vous avez bien entendu : Patrick Bruel, un gentil gars comme lui qui chante avec les Enfoirés. J'ai même - quelle horreur ! - ouvert un blog.
Dans le public il y a des "Oh !" choqués mal retenus.
- J'y déversais ma méchanceté, ma haine pathologique du monde et de mes semblables, avec dans l'idée - j'en suis sûr maintenant que j'y vois plus clair - de blesser mes contemporains, de salir toutes ces personnalités qui ne pensent qu'à notre bonheur.
Il s'arrête encore, essoufflé, puis reprend, la gorge un peu nouée :
- Je crois aussi que je voulais entraîner d'autres personnes avec moi. Je sais, c'est dégueulasse, mais je l'ai fait. J'étais devenu une bête immonde, un suppôt du mal. Oh ! par pitié, ne riez pas. Ces mots me semblent bien faibles par rapport à ce que j'étais devenu. J'en étais venu à passer devant une affiche de de Villiers sans penser à l'arracher, à ne pas être attendri par une interview d'Emmanuelle Béart, à dire à des jeunes qu'il ne fallait pas croire tout ce qu'on entend et quantité d'autres choses aussi épouvantables... Il m'arrivait même d'être fier de moi à certains moments. Et puis un jour, je ne sais pas trop pourquoi, j'ai douté. Et un ami - l'un des rares qu'il me restait - me parla de l'AMPA, l'Association des Mal-Pensants Anonymes. J'ai tout d'abord refusé : "c'est vrai, il m'arrive de ne pas penser comme la plupart des gens, mais ça arrive à tout le monde !" ou "ce n'est que de temps en temps" ou encore "j'arrête quand je veux" et toutes les fadaises que l'on peut dire quand on est gravement malade... Et puis j'ai franchi le pas, et me voilà devant vous. J'espère n'avoir choqué personne. Merci.
Dans l'auditoire il y a une ou deux secondes de silence et puis ce sont les applaudissement et des "Bravo Pharamond !" L'animatrice s'approche du pupitre en applaudissant, attendrie.
- On applaudit bien fort Pharamond pour sa courageuse prestation.
Le public s'exécute, Pharamond baisse les yeux, ému.
- Nous souhaitons tous une bonne guérison à notre nouvel ami. Il va sans dire que j'ai bon espoir, il m'a confié qu'il recommençait déjà à regarder la télévision.
Pharamond gêné quoique flatté :
- Vous m'aviez promis de ne pas en parler la première fois.
L'animatrice, complice :
- Allons, il faut savoir se mettre en valeur pour progresser.
Puis, pour l'assemblée :
- C'est tout pour ce soir. Au revoir, merci à tous, et n'oubliez pas : à la semaine prochaine, même jour, même heure.
Le public se lève, certains vont serrer la main du héros de la soirée pour le féliciter ou échanger quelques mots avec lui, une femme s'essuie les yeux.
Sur le chemin du retour, la radio diffuse une chanson de Yannick Noah et quand elle s'achève Pharamond constate, euphorique, que l'idée de changer de station ne lui a même pas effleuré l'esprit. Peut-être même, se dit-il, ce week-end irait-il acheter l'album. Pourquoi peut-être ? C'était sûr et certain, il irait l'acheter ! Pharamond pense alors avec délectation qu'indéniablement il est sur la voie express de la guérison.
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