17/05/2022
Histoire... (176)
En 2011 Canal+ diffusait The promise (Le serment en VF), une mini-série de Peter Kosminsky pas spécialement favorable aux Juifs sur la naissance de l'état d'Israël. Le directeur de la chaîne se fit convoquer par le président du CRIF d'alors. Je comprends que la plupart des réalisateurs préfèrent plutôt raconter tout et n'importe quoi sur les nazis : il n'y a plus aucun risque de recevoir l'ordre exprès de se présenter à la Kommandantur.
Plus d'infos et liens vers les épisodes de la série (d'ailleurs plutôt bien faite) dans l'article d'E&R.
20:06 | Lien permanent | Commentaires (17)
13/05/2022
Pays de cinglés (2)
17:57 | Lien permanent | Commentaires (5)
12/05/2022
Histoire... (175)
Manon Bril est clairement progressiste et sa chaîne C'est une autre histoire qui propose une "autre vision" de l'histoire s'en ressent - sans être, toutefois, aussi insupportable que Nota Bene. Bref, grâce au sauf-conduit que lui procure son statut de femme tout-sauf-réactionnaire Manon Bril peut se permettre de dire certaines vérités. Même si elle se garde bien de porter le moindre jugement sur son œuvre et conséquemment l'escroquerie que représente une bonne partie de sa carrière, Picasso se fait quelque peu malmener dans cette vidéo.
PICASSO = GROSSE MERDE ft. Rono
En ce moment La Cité du Vin à Bordeaux propose du 15 avril au 28 août 2022 l’exposition Picasso, l’effervescence des formes. C'est une affiche l’annonçant qui m'a donné l'idée de ce billet.
19:20 | Lien permanent | Commentaires (47)
Je plussoie (59)
"Nous entrerons bientôt dans une phase de l'Histoire universelle où aucune des libertés que nous avons à peine eu le temps de connaître ne sera plus tolérée."
Mircea Eliade
"Les esclaves heureux sont les pires ennemis de la liberté."
Marie von Ebner-Eschenbach
"Lorsque la réussite se mesure à l’aune du montant de ses revenus, comment espérer que des individus continuent de valoriser l’intégrité, l’honnêteté, la fierté du bel ouvrage ou le souci du bien commun ?"
Vincent de Gaulejac,
"Dans le souhait de s’épuiser dans l’immédiat, il y a le renoncement à l’infini. Rien n’est plus gênant que de voir une nation qui a abusé — à juste titre — de l’attribut « grand » — grande nation, grande armée, la grandeur de la France — se dégrader dans le troupeau humain haletant après le bonheur."
Emil Cioran
"Se révolter pour le compte d'un peuple ignorant, revient à s'immoler par le feu pour éclairer le chemin à un aveugle."
Muhammad Rashid Rida
"Quand une information, qui induit une peur en toi, est répétée à longueur de journée dans les médias, ça doit être un signal pour te dire que quelque chose se trame, et que c'est certainement à tes dépens. La meilleure chose à faire est alors de prendre du recul et de te demander ce que ta peur peut apporter au Pouvoir en place."
Laurent Gounelle
"Quand un peuple a plus peur du récit que du réel, alors il est prêt à soutenir un tyran."
Alexis Haupt
Le monde moderne ne censure plus que celui qui se révolte contre l’avilissement.
Nicolás Gomez Davila
"Le voyageur voit ce qu'il voit. Le touriste voit ce qu'il est venu voir."
Gilbert Keith Chesterton
16:07 | Lien permanent | Commentaires (17)
11/05/2022
Le jeu des deux images (346)
21:11 | Lien permanent | Commentaires (26)
10/05/2022
Chronique du temps de la Covid-19 (116)
Ce matin, en accord avec la météo, je pars en chemisette à mon travail. C'est en arrivant à la station de tram que je m'aperçois que j'ai laissé mon masque dans mon blouson. Je ne suis pas en avance et je n'ai pas envie d'acheter un paquet entier à la supérette du coin alors qu'il m'en reste une réserve assez fournie chez moi. Je décide donc de prendre le tram sans. Pendant le trajet je n'ai aucune réflexion ni aucun regard réprobateur, d'ailleurs je suis loin d'être le seul dans ce cas.
21:56 | Lien permanent | Commentaires (28)
09/05/2022
Carte blanche (41)
Laissée à Kobus van Cleef
La première partie est ici, la deuxième ici, la troisième ici, la quatrième ici, la cinquième ici, la sixième ici, la septième ici, la huitième ici et la neuvième ici.
Crépuscule des vampyrs et continent obscur
Dixième partie
elle s'affale, vaincue par l'excès de bonheur, la pauvrette, elle qui n'a pas dû en avoir en excès dans son existence
Kob's se tortille pour se désengager, la naine étant toujours empalée sur son priape, et ça lui pèse, ça lui tire, bref c'est intolérable, il le dit
hé ho! du vent, de l'air, de l'espace!
j'ai l'organe autant coudé que monsieur du foresto, si vous voyez
la naine se réveille, s'anime et embrasse le Kob's a pleine bouche, gencives édentées, ça devrait être radical pour l'appel à Vénus et pourtant non, le bougre tient ferme et la sarabande recommence
la pauvrette encaisse une deuxième salve voluptueuse, une troisième, une quatrième, après dix, on ne compte plus
tard dans la nuit , elle se désacouple, et, les jambes flageolantes, disparaît dans l'appentis
le cadavre du faux missionnaire a achevé son raidissement, les mouches tournent autour de la blessure affreuse, les acolytes s'inquiètent un peu, ils aimeraient pisser, faut les comprendre, ligotés depuis des heures, je voudrais vous y voir
on perçoit un fourgonnage dans l'arrière boutique, choc d'objets métalliques, la naine revient avec un couteau, on s'interroge du regard, va-t-elle nous suriner?
non, elle tranche nos liens, puis nous botte le dargif pour nous remettre debout, mais ouat! des heures d'ankylose ne sont pas faciles à vaincre, nos amis évoluent donc comme de grosses limaces au sol
elle a aussi ramené pelle et pioche et, nous montrant la dépouille de l'escamoteur de directeur (c'est plus sympa que faux missionnaire, faux missionnaire, ça fait penser à un truc érotique un peu bas de gamme), nous fait comprendre que c'est à nous de disposer du de cujus
bin, y a la fosse avec les brebis, non?
capra? tente Blum
dénégation de la naine, d'un seul coup de menton
nous sommes donc bons pour une autre corvée d'inhumation, aux afriques, nous auront vraiment donné toute notre mesure dans les activités funéraires et morticoles
et nous voilà repartis pour une tournée de terrassement... sous la pleine lune, en altitude, avec les muscles noués par l'immobilisation forcée sauf Kob's (lui c'est un autre genre d'immobilité auquel il a été astreint) c'est pas de la rigolade
enfin un trou est creusé, on dépêche le corps dedans, sans prière, sans tambour ni trompette, sauf la naine qui marmonne un truc, l'air pas vraiment éplorée
si ça la chagrine, elle ne le manifeste pas de façon outrancière
Kob's, lui, n'en a pas fini avec la malédiction satyriasique du loup garou, son priape lui tend toujours le pantalon et il reluque d'un air inspiré l'arrière train osseux de la naine qui tend l'habit élimé des converses ( rien à voir avec des chaussures de sport) clarisses
les autres le rabrouent, le maintiennent, le morigènent, t'as pas honte, bougre de dégueulasse, une femme qui a laissé passer son centenaire, quasi une momie, et laide, en plus, un épouvantail à moineaux!
rien n'y fait, il se tortille et la naine de concert, chaloupe sur le chemin devant eux, on ne sait où elle nous entraîne mais elle y va
vaincus par les evennements diurnes et nocturnes, Blum et Jean Eudes tentent de négocier "otium, otium merde! OTIUM!" mais leurs demandes de repos sont ignorées par la bonne soeur qui trisse vers la carcasse du quatquat clitoridophore, tant il est vrai que l'épave arbore fièrement le bonnet phrygien symbolique
mais qu'est ce qui lui prend encore, à cette dingue? ils s'alarment en voyant mémère fouiller dans la caisse puis les longerons du bas de caisse elle en tir victorieusement les sacs à diam's auxquels nous ne pensions plus et qui étaient pour ainsi dire perdus pour toulmonde
mais Blum et Jean Eudes ne l'entendent pas de cette oreille
c'est l'heure du dodo et du lolo
otium hic! prandium nunc!
la naine, s'accroupi, ouvre un sac, verse les cailloux dans sa main
nulle lueur n'illumine son regard, elle garde l'air blasé de ces apôtres qui ont abandonné toute matérialité
sauf le déduit, pour ce qui la concerne
On tente de comprendre ses mimiques, appuyées par de grands mouvements de bras, elle désigne kobus, les diam's, elle esquisse dans l'air les contours d'un parallélépipède, elle arrondi les bras, l'échine,se met en marche pesamment en faisant breu breu avec les lèvres et en traînant ses savates dans la latterite
Pour finir, elle bredouille un truc, on tend l'oreille
Tripallium, tripallium
Mais kes ke c'est ke ça, encore ?
Elle aurait dit TripAdvisor, je lui aurai mis zéro, mais là...
Kob's les regarde puis dit "elle nous demande de trimballer un truc lourdingue dans une carriole, du moins c'est ce que j'ai pigé"
Mais comment tu peux savoir ça toi ?
Tu oublies les ondes magiques qui nous unissent depuis que, bref, et puis après tout, c'est moi qui écrit le scénario, quasiment en continu
C'est vrai, c'est à prendre en considération
Mais pour l'heure, un peu de repos serait bienvenu
Va zy, explique lui à ta kopine, nous on bouge pu ni pied ni patte
Kobus qui, entre-temps est redevenu authentique, plus vraiment loup garou ni vampyr, attire la naine à l'écart, s'en suit un long conciliabule par moment vociférant,par moment brassegeant
Il revient
Deux heures de sieste, mais pour le p'tit déj, faudra repartir à la mission, de toutes façons, il n'y a que là bas qu'on aura une chance de trouver du matos pour la carriole
Tout ce petit monde s'assoupit sur le bas côté du chemin, à l'ombre d'horribles pirancanthas plein d'épines, la naine blottie contre le Kob's, les deux autres enveloppés dans les restes du revêtement intérieur de la clitophore
Même si les autres ont remarqué, ils ne pipent mot
Le délai écoulé, la naine-nonne se lève et bourre les côtes des uns et des autres de rudes talonnades
D'un geste sûr, elle harnache Blum et le charge de la moitié des diam's, l'autre moitié, remplissant une étoffe négligemment nouée et passée au cou de Jean Eudes
Le volant du quatquat, les tablettes intérieures de l'habitacle et d'autres trucs inutiles ont échappé à la folie destructrice des pillards mais ce qui retient son attention, c'est les prospectus de l'association de sauvegarde du clito autochtone, elle les regarde, incrédule, les tourne dans tous les sens, comprends enfin,rougit, puis éclate d'un rire perlé, aigu, inépuisable, qui lui redresse la taille et efface d'un coup au moins un demi siècle
Une vraie jeune fille !
On se regarde en souriant à demi, elle s'en aperçoit, glousse encore, s'approche de Blum,se dresse sur la pointe des pieds et lui lèche l'oreille, puis, avant qu'il revienne de sa surprise, court vers Jean Eudes et lui roule la galoche du siècle
Après quoi, elle s'enpare de son bâton, et fouette les fesses des trois acolytes
Retour à la mission
Arrivés là bas, elle cornaque son petit monde vers l'appentis, puis trépigne en leur désignant un semblant d'établi
Pour que les choses soient claires elle insiste "tripallium, tripallium, breu breu" en mimant le voiturage d'une carriole à bras, échine voûtée et bras arrondis
Puis elle disparaît dans la cuisine, ou ce qui en tiens lieu
Les trois acolytes, une fois laissés seuls, s'adossent aux murs de l'atelier
Un peu casse burnes, la mémé, trouvez pas ?
À la question de Blumroch, Kob's répond sans conviction, allez c'est une brave fille, je crois que nous sommes son billet de sortie d'ici, et comme personne n'y viendra nous chercher, autant s'y mettre, si j'ai bien pigé, elle veut une charette ?
Charette à bras, l'ami !
Ni baudet,ni bardot ni mulet ni cheval, pas de moteurs non plus, tout dépend de ce qu'on sera amené à trainer, mais y a intérêt à la faire solide, la carriole !
On farfouille dans le tas de détritus, deux roues, désaccordées mais chaussées de pneumatiques en bon état, se font jour
Plus loin, une fourche de moto russe, puisque l'Afrique en est remplie
Un cadre de side car antédiluvien, sans nacelle, moteur, échappement, réservoir
Ne reste qu'à assembler tout ça
Perçage du cadre pour installer la fourche à l'horizontale, perçage de longerons pour les fixer à la fourche, voilà pour la traction
Animale, la traction
On a plus de mal pour les roues, pas de même calibre, en déport vis à vis de la fourche et de la traction, finalement, la roue forte ira du côté de la traction, donc de la fourche, avec ça on va rouler en crabe, garanti
On entend, d'une voix de tabagique, prandium, prandiuuuuum!
Hé c'est l'heure de la bouffe, les aminches, ça tombe bien j'ai une dent creuse
On se précipite
La table est mise, que je te décrive le truc, deux tréteaux ( deux fois un trètal ? possible) une planche par dessus, bois brut, hein, jamais honoré par le passage du rabot, quelques caisses dépareillées pour servir de siège, vaisselle propre mais pauvre
En revanche, profusion de victuailles, des viandes louches, probablement séchées et salées, différentes bouillies, fumantes, sans oublier le fromatch'de chevrette et les boissons, café d'orge moulu torréfié, et plusieurs bouteilles de Castel ( la bière des frankofons)
Faisons honneur à ce festin, les amis et n'oublions pas de remercier la cuisinière
La vieille souris a pigé qu'on causait d'elle, et elle incline la tête, à nouveau, son âge disparaît, bon gû, c'que ça fait aux femmes, l'amour et la confiance en soi....
On fait donc bombance
Comme on dit, ça tombait de haut
Repus,nos amis songent à s'octroyer une petite sieste, après tout, ne sommes nous pas sur le continent de l'indolence ?
Si fait, répond Jean Eudes, qui rappelle le mot d'un célèbre entraîneur de foutebaule afwicain "prions le seigneur pour qu'il nous donne la force de bien nous reposer"
C'est sans compter sur la naine-nonne, qui tournicotte autour d'eux, visiblement mal contente de voir la virilitude et la masculinance avachie
Tiraillements de manches, menus coups de pied, bousculades, on ne peut rien ignorer de ses intentions
C'est, évidemment, kobus qui écope, il se lève donc en faisant une mimique d'incompréhension
Ça ne suffit pas à désarçonner Gundula, hé oui, on a réussi à retenir son prénom
Elle brassége, tape du pied, s'évertue, cramponne les brancards de la charette improvisée, la secoue, ramasse de ci de là quelques effets mités, les jette sur le cadre de la défunte moto russe, trépigne, indique une direction, des deux mains, s'il vous plaît
Kob's pige enfin
Les aminches,ma'ame voudrait que nous décarions ( et non décurion, ça c'est dans la légion romaine) , plein est et un peu au nord
Les deux autres qui s'étaient un peu assoupis après les agapes et les libations ( preuve qu'on ne peut pas rester forcément actif après une bonne bière, contrairement à ce qu'affirmait une publicité des 70) se lèvent en renaudant, tu penses, grognons et ronchons, on peut pas choisir un autre moment, là c'est l'heure de la digestion puis après ce sera celle du caca
Devant tant de mauvaise volonté, la ci devant religieuse a repris sa badine, et ça y va, les coups pleuvent sur les dargifs occidentaux, pas vraiment habitués à ce matriarcat sûr de lui et dominateur
On se met donc en route de fort mauvaise grâce, après avoir collecté les impedimentas nécessaires à une virée incertaine dans les plateaux est afwicains, petit réchaud à pitroul, combustible idoine, petite laine pour la nuit, quelques vivres et surtout les diam's, pasqu'on n'a pas fait tout ça non plus pour finir sur la paille, pas vrai ?
Bon on se dirige doucettement vers l'épave du quatquat clitophore,sa carrosserie luit faiblement au loin, couverte de poussière de latterite, plus aucun gredin local ne tente de récupérer des morceaux, notre attelage va mollement, en crabe comme prévu avec un crouic crouic faute de lubrification des essieux
Arrivés à la hauteur de la carcasse, la naine nous arrête d'un geste, pas de refus, le bazar est lourd à trainer
Avec forces mimiques et gesticulations, elle nous intime l'ordre de charger le cercueil de van de putte, exploitant minier, ravi à l'affection de ses proches et à la détestation de ses employés en 1995
On proteste, quel intérêt de se trimballer un cercueil, bois sombre, capitonné velours, poignées laiton ?
Hein quel intérêt ?
Mais la naine fait un tel chahut, trépignant, croisant les bras d'un air de défi, fouettant le sol de sa chicotte, que l'on finit par charger la boîte
En long c'est trop long, en travers c'est trop large, en oblique ça rentre à peu près
Et roule,ma poule, on commence à entrevoir ce que nos aïeux ont dû endurer lors des différentes débâcles qui ont rythmé l'histoire de l'Europe
pendant ce temps, les quelques wagner qui restent se sont interrogé, quand même
pas qu'ils portaient leur sotnik dans leur coeur (ou leurs coeurs? va savoir) mais bon, la disparition inexpliquée de plusieurs des leurs n'est elle pas le prémisse d'une guerre servile?
alors bon, le sotnik, hein, il la ramenait un peu trop avec ses phrases ampoulées , mais Oleg (dit légo), Mitrofan (dit mitro, nitro ou mitho, selon les jours), Chamazourdian (dit Cham's, à l'américaine) et les autres, où sont ils donc passé?
on tente de cuisiner les autochtones, mais ce cons là sont muets
on interroge les cieux, voir s'il n'y a pas un vol de charognards qui pourrait signaler un cadavre dans la périphérie
on écume les marchés clandos, voir si des pièces d'équipement ne refont pas surface
rien non plus
dans le même temps, les vampyrs se réveillent bien mal en point, on les avait oublié, ceux là
gueule de bois, troubles digestifs, hépatite et acutisation de l'insuffisance rénale
la fiancée provisoire de Kob's a, en outre, mal au siège, conséquence des rapprochements charnels trop vigoureux
pour eux, ils se mettront en chasse le soir, rien qu'au fumet de culpabilité dégagé par les fugitifs, on pourra les coincer
Pour le moment, tout ce petit monde tourne en rond
Nous, par contre, nous marchons en crabe, l'asymétrie des roues de la carriole improvisée, l'asymétrie des harnais et des brancards, le poids déporté du bazard, les ornières du chemin, toussa
Mais vaille que vaille nous traçons notre route
Et mettons autant de kilomètres entre nos possibles poursuivants et nouzautres
Au crépuscule, l'ancillaire nous a trouvé un gîte, près d'une maison pauvre, éloignée du chemin, qu'elle a retrouvé avec l'instinct des oiseaux migrateurs
Est ce sa maison natale ?
On ne saura pas
Elle est en grande conversation avec la maîtresse de maison, une obèse couleur bleu pétrole, qui ponctue ses phrases de clics, lesquels font dresser l'oreille ( et la mostach'!) de Jean Eudes
Ha, nous quittons l'aire linguistique nilotique pour aborder celle des Xhosas
Ou des zoulous, c'est pas très clair
Les deux femmes sont en pleine conversation, il en ressort que nous dormirons dans un coin, et que kobus devra montrer un de ses tours habituels
Le pauvre bougre s'inquiète, va falloir encore payer de sa personne ?
La naine fait amener, avec beaucoup de cérémonie, le cercueil au milieu de l'aire, puis elle y fait rentrer le Kob's, sans rabattre le couvercle
Les fatous de la maisonnée ont été rassemblées autour
Le mec s'impatiente, mais la lune se lève derrière les collines, Gundula rabat alors brutalement le couvercle
S'ensuit une harangue démonstrative avec des cris hauts perchés, des clics, des coups de chicotte sur le bois de la boîte ( allitération riche, le bois de la boîte)
Puis le couvercle est retiré, le rayon de lune tombe sur le Kob's, la transformation s'opère, la tignasse pousse, la peau bleui, le priape pousse comme une aubergine de la bonne saison
Cris hauts perchés, émerveillement , les mains battent, les bouches se couvrent par des paumes calleuses
On a pigé
La représentation loup garesque et satyriasique du Kob's va servir de monnaie d'échange pour l'hébergement
Le mec veut se lever, après tout un cercueil n'est pas très confortable
On lui rabat le couvercle dessus
Sur les doigts
Des échanges affairés, en langue locale, ont lieu, là, à portée de voix
Dommage qu'il soit sourd à l'idiome vernaculaire du coin, il pourrait connaître le prix de ses prestations
Le couvercle se lève à nouveau, nouveaux cris émerveillés, trépignements joyeux, hystérie heureuse en somme ( associer hystérie et heureuse,faul'faire ! )
Blang !
On rabat à nouveau le truc
Sur le nez cette fois
Là, le Kob's n'y tient plus, il plie les genoux se calle, pousse,se tortille ( l'exécré et détestable van de putte était d'un volume plus imposant que lui, surtout après l'anabase dans la forêt afwicaine et les transformations vampyresques), il parvient à faire bailler la boîte, s'en extrait, bave aux lèvres et tige tendue comme un arc mongol, rafle la première spectatrice, pas de bol, il s'agit de l'obese bleu pétrole, et entame un phata-phata éclair avec la dame
Les bourrelets de la malheureuse remuent en cadence puis vibrent à l'acme du plaisir de la partenaire involontaire, mais désormais hyper consentante
Les assistantes, pendant ce temps, fouettent l'air, rythmiquement, avec des branches d'épineux débarrassés de leurs épiphytes vulnérants en psalmodiant un son étrange,venu du paléolithique, oya oya oya oya, nié nié oya
Une scène qu'on croirait extraite de la guerre du feu, filmée par Jean Jacques Annaud ( de mémoire)
Dans un coin, radieuse, la naine reçoit les félicitations de l'assemblée qui défile avec de menus présents, poule vivante, bouteille de Castel, fromatch'de chevrette, pain dur et néanmoins goûteux, jouets faits de fragments de bidons d'essence, bref, les pauvres possessions d'un peuple non moins pauvre, dans un pays riche de son sous sol
À l'autre bout de l'aire, les deux autres compères s'interrogent
Tu crois qu'elle a prostitué le Kob's ?
Il me semble que c'est un rituel de fertilité, ou un truc comme ça
Fertilité ? Mais il n'a pas envoyé la purée, les fatous vont être bien déçues...
Ce n'est que l'amorce, pour conjurer l'impuissance des locaux, d'ailleurs ils doivent regarder
J'appelle ça du candaulisme !
C'est parce que tu es possessif, et jaloux, il n'est pas inhabituel que dans les sociétés dites primitives, l'hôte occasionnel ou exceptionnel, et qui pourrait nier que kobus n'est pas exceptionnel, regarde ce rythme, cette allonge, cette endurance, il n'est pas exceptionnel donc que l'hôte se voie offrir les faveurs d'une native, en général la fille de la maison
Ho putain, j'ai pas envie de voir sa mère, dans ce cas !
La fatou la plus pondéreuse ayant encaissé sa dose de secouage rythmique, une autre prend sa place, plus mince ( est ce difficile ?) plus claire, aussi ( idem) puis une autre, une autre encore
Finalement, tout le gynécée en vient à enserrer le phénomène loup garesque frappé de satyriasis entre ses cuisses moites
Avec l'effet recherché
Au bout d'un moment, la naine-nonne s'interpose, elle retourne le Kob's sur le dos et se livre à son trot désarticulé, ce qui la contente
Bien qu'on se trouve encore en hauteur, la température n'a pas trop chuté, grâce à quelques braseros entretenus à coup de bouse de vache séchées
Assez contradictoire de retrouver mêlés, des éléments du pastoralisme, les bouses séchées, et la sédentarité, avec la maison décrépite
Aussi, on n'est point engourdis par le froid, pas assez en tout cas pour ne pas entendre une reptation sinueuse, un corps lourd qui tente de se frayer un passage au travers des épineux jalonnant les abords de la maison
T'entends ?( Là c'est Blumroch qui cause à Jean Eudes)
Une Fatou pressée d'en reprendre ?( Réponse de kobus)
Les Wagner ou les vampyrs, au choix ( avis éclairé de Jean Eudes)
Comment sortir de ce traquenard ?( Blumroch)
Laissons faire la nature ( Jean Eudes)
Et effectivement, la nature fait
Sous les espèces du roi des zanimos qui vient renifler de près les visiteurs nocturnes
Lesquels décampent sans tambour ni trompette, on entend un rugissement courroucé puis le bruit d'engrenages maltraités, c'est con, on les aurait fait prisonnier, on aurait récupéré leur véhicule
Le reste de la nuit se poursuit sans encombres, cris d'animaux, craquements et crépitements des braseros qui refroidissent, flatulences du bétail et des humains rassemblés, grincements des ouvertures malmenées lorsque les fatous sortent pour aller pisser
L'aube aux doigts de fée, etc.... on se lève pour un prandium succinct, mais après tout, la naine a pourvu à la paix des estomacs pas plus tôt que la veille
On se remet en route, plein nord plein est, vers la vallée des langues ( ici, rien qu'une vallée, en Eurasie, c'est quand même toute une montagne, un massif montagneux)
Plusieurs étapes seront nécessaires pour rallier ce bled, avec, à chaque soirée, la comédie de la satyriasis du loup garou, illuminé par la lune, à tel point que les acolytes de Kob's espèrent une nuit sans lune
Et pourtant ils savent que le lendemain ils auraient faim puisque l'exhibition de leur pote signifierait un jeûne d'une journée, et en traînant la carriole, vous m'avez compris
Bref, ce soir là arrive, mais la naine a prévu le coup, ils campent donc en rase campagne, se contentant de croûtons gardés dans la besace de la nonne
Le lendemain, descente sur une vallée moitié aride, moitié verdâtre ( au nord) on dirait que c'est le lac turkana, ou alors c'est nos yeux ?
Non non, on y est
Des troupeaux de bovins éfflanqués, gardés par des gamins intégralement nus, la bistouquette à l'air, appuyés sur des bâtons aussi minces qu'eux, tatouages et scarifications sur le museau, cordelette passée autour de la cuisse, corps repeints avec de l'argile blanche ou des cendres avec des motifs tracés du bout des doigts, pas de doute, on est chez les mursis déclare Jean Eudes, de façon définitive
Oui, les mursis
Car les nuers et les agahs sont plus au nord et les bilénes plus à l'est
On lui fait confiance, hein
On descend vers un bled, pauvres masures de glaise mélangée à de la paille hachée, murs crépis d'un mélange de cendres, de glaise et de sang de bovins, ça donne un aspect rosâtre assez étonnant
On est accueillis par des you you enthousiastes et des fouettements avec les badines servant à discipliner les troupeaux
Un patriarche s'avance, comme on se l'imagine dans notre afwique rêvée, décharné, redressé de l'échine ( où pourtant rôde l'ostéoporose), un pagne symbolique autour des reins, appuyé sur une sagaie décorée d'attributs bovins desséchés ( je vous laisse deviner de quoi il s'agit)
En claudiquant, il se dirige vers l'aire centrale, où l'on nous a fait patienter, il est là clopin clopan, se penche sur notre chargement, l'envisage, le tapote du bout de sa sagaie ( une autre allitération riche), rive ses yeux chassieux dessus, enfin, le droit, le gauche est voilé par une taie pas sympa, ici, c'est morve et trachome
Discussion avec la naine, interminable, pendant ce temps, on s'est mis à l'ombre des cases,pasque merde, le soleil tape
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