21/07/2022
Les bêtes (24)
Même si le texte m’apparaît un peu trop alarmiste par endroit la raréfaction du hérisson n'en est pas moins réel ; j'ai donc signé la pétition pour la sauvegarde du petit insectivore.
La pétition : Sauvons les hérissons !
Le site : Famille hérisson
20:01 | Lien permanent | Commentaires (14)
Métaux
Fin des métaux rares : c'est l'heure du choix (avec Aurore Stéphant)
14:36 | Lien permanent | Commentaires (23)
17/07/2022
Blog en pause
21:32 | Lien permanent | Commentaires (0)
13/07/2022
Gestion de crise
15:29 | Lien permanent | Commentaires (21)
11/07/2022
Musique (622)
Brock Hewitt
Quiet contentment
Wings of an angel
20:43 | Lien permanent | Commentaires (55)
08/07/2022
Carte blanche (44)
Laissée à Kobus van Cleef
La première partie est ici, la deuxième ici, la troisième ici, la quatrième ici, la cinquième ici, la sixième ici, la septième ici, la huitième ici, la neuvième ici, la dixième ici, la onzième ici. et la douzième ici.
Crépuscule des vampyrs et continent obscur
Treizième partie
C'en est trop pour Blum
Il se lève, un peu hésitant, couvert par le Makarov de Gogavline, lève un peu les mains dans un geste signifiant "pas de problème, j'assure" s'approche du ouigre costumé, l'écarte doucement
L'autre s'interroge, puis le laisse prendre place
Blumroch s'accroupit devant le malheureux supplicié
Allez, mon brave,dites nous où est la dent, vous voyez que vous avez mis ces garçons dans une rage incontrôlable...
Le misérable ne répond pas, tout occupé à chercher un peu d'air, il a surement quelques côtes cassées plus un trauma du massif facial, éventuellement une plaie de rate, bref son affaire est claire à court terme si on ne fait rien
Blum tente une autre approche, il se dresse sur ses jambes qui sont longues, comme on le sait, et tonne "allez, crétin, dis nous où tu as planqué la dent ou bien on recommence !"
Il ne joint pas le geste à la parole, de peur de faire trépasser le pauvre bougre
Puis il se tourne vers le sapeur improvisé
Dites moi, mon ami ( je n'ose pas écrire"mon brave" , ça m'a un jour échappé au magasin Bio, où je me fourni, en apostrophant un chaouch chargé d'approvisionner les automats à graines-voui ça existe, les automats à graines-"dîtes moi, mon brave, on dirait que la bécane est dans l'sac, là", ça a provoqué de la part de ma voisine un soupir et un regard mi langoureux mi désespéré), de quelle dent s'agit il ?
La dent du dragon de la cathédrale de Vienne ?
La dent de l'odontoide de la cervicale vertèbre, deuxième en partant du haut ?
La dent de la roue crantée de la molette du remontoir de la Patek ci devant propriété paternelle ?( auquel cas j'en revendique la possession, disparue à la libération dans les fouilles profondes d'un geôlier stalinien et néanmoins vronzais)
Que nenni, le détrompe le Congo-laid, que nenni
Il s'agit d'une dent, de l'unique dent ayant réchappé de l'ignoble assassinat puis de l'ignoble incinération de notre prophète et guide....( là, toulmonde pense iesous ou baphomet, et bien non, tu vas voir) Patrice Lumumba !
Oui,Patrice Lumumba, liquidé par des mercenaires belges ( à la solde de la gubernature ouigre de l'époque, on ne le dira jamais assez), mercenaires belges qui étaient un peu l'équivalent de vos Wagner d'aujourd'hui, avec deux autres ministres, puis dépecés et brûlés, il n'en est resté qu'une dent,dont un poulissier belge a revendiqué récemment la propriété, une protestation internationale s'est fait entendre ( comprenez protestation ethnique noire afwicaine), pour la restitution de cette relique, relique qui sera incluse dans un mémorial, mémorial édifié sur les lieux de son martyre
Un peu comme les reliques de vos saints en Europe, ou les vieux cadavres ( mais pas seulement, voyez le cercueil de Geneviève A...de G..., ne contient que du sable, y a pas qu'elle, d'ailleurs), que vous stockez dans votre déchetterie republiconne
On se retourne vers la larve gémissante, on l'invective "alors, la dent du martyr,bordel, la dent ! Tu voudrais pas garder une relique pareille ?"
En tout cas, si c'était que du ressort de kobus, il l'enfouillerai pour la mettre dans son cabinet de curiosités, à côté de la baignoire de Marat, mais elle a grillé avec son contenu humain au début du récit
La dent, la dent,laaaaa deeeeent, elle aaaaa jamais..... puis il meurt
Merde, mais kes kil voulait dire ?
Oui,kes kil voulait dire ?
Et je vous le demande, à vous, lecteurs,mes semblables mes frères, que voulait dire ce misérable ?
Que la dent n'existait pas ? Qu'elle n'avait jamais existé ? Qu'elle n'existerait jamais ?
Allons plus loin
Et que si, probabilité improbable, impossible, insoutenable, la dent n'existait pas, n'avait pas existé, alors le propriétaire de la dent, Lumumba lui même, n'aurai, lui non plus, jamais existé ?
Et que sans preuve physique, sans dent pour ainsi dire, ou alors sans dents, voyez, pas de martyr pas de martyre pas d'accession au pouvoir, pas de pouvoir, pas de pouvoir et donc pas de possibilité de revendiquer, d'exiger, bref pas de raison d'exister
Ça peut être utilisé pour d'autres choses, voyez
Mettons une religion bien connue, qui commence par catho et se termine par licisme
À tel point qu'on a dû inventer le concept même de relique pour rendre palpable ce qui n'était qu'evanescent, cette notion du sacré qui a dû être traduite en termes physiques, taille poids texture puis plus tard, en terme fiduciaire, pécuniaire
Hé oui, les reliques ont engendré une industrie, un commerce un marché un trafic
On considère l'émissaire Congo-laid ( on aurait pu écrire congo-lait, mais il n'a rien de laiteux en lui, pas même le blanc des yeux, puisqu'une ophtalmie parasitaire,onchocerca volvulus, l'affecte méchamment) avec une attention bienveillante, et pourtant la bienveillance, d'habitude, j'en mets pas trop dans mon café du matin
Pas plus que dans mon ouisquie du soir, d'ailleurs, ceci dit, ça fait des lustres que j'ai pas bu un ouisquie, et d'une façon générale, fait des excès de boisson
Mon pauvre ami, ça va être dur de faire édifier votre mausolée après ça,si vous n'avez rien à mettre dedans, comment allez vous faire, je vous sens très déçu...
Déçu, c'est vrai, d'autant plus que j'en suis, pour le moment, d'un myons de francs CFA ( il prononce céfa comme pour s'efface), et que plus le temps passe plus la note s'allourdit
On pige pas, on lui demande de nous expliquer
Voyez, les choses sont simples,limpides, nos fragiles gouvernements ne tiennent que sur la mathématique ethno-électorale, Lumumba étant un...., sa mémoire ne peut être reverée que par un gubernamen entièrement composé de membres de sa tribu, ou de son ethnie, comme vous dîtes aux europes
Ce qui devrait, en théorie conforter les équipes en place depuis la disparition des empires coloniaux
Toutefois, ici aussi,aux afwiques, nous subissons des poussées migratoires, que, comme vous, nous devons gérer tant bien que mal
Au nombre des conséquences de ces poussées,se retrouve en premier lieu la modification de la composition ethnique, une baisse des autochtones, et, corrélativement, une hausse des allogènes
Pour tenter de garder la main sur les autochtones il faut les radicaliser, exactions supposées ( ou bien réelles) des allogènes, compèt ekonomik avec ces derniers,martyrs historiques, tout est bon
Lumumba étant le premier martyr historique du Congo Kinshasa, il fera l'affaire, comme Jomo Kényatta l'a fait chez les luos des hauts plateaux et Mandela chez les décérébrés zoulous, tsossi et chez vos dégénérés blancs d'afwique australe
Je me suis donc mis sur les rangs pour réaliser la quête de l'impossible,du Graal de tout natio congo laid, la dent de Lumumba
Mais pour pouvoir me mettre sur les rangs il a fallu allonger les facilitations, acheter un fonxionere, dont la bienveillance à mon endroit ne cesse de se monayer, heure après heure, un genre de compteur de taxi parisien, si vous me suivez
Certes, nous suivons, et ça nous horrifie, nous lui en faisons part
Il en convient, mais il nous signale qu'il n'est pas le seul dans ce cas, ils sont plusieurs centaines à battre les berges du lac Victoria et les forêts du Katanga
Le vainqueur sera à l'honneur de la nation et surtout pourra obtenir une prébende ou alors piocher sans retenue dans les crédits lors de l'édification du mausolée
Jean Eudes rigole, ouvre le bec du Ghebreiesous d'un coup de talon, déchausse une incisive en faisant levier de la pointe de la chaussure, la fait rouler dans la poussière, luisante de bave et de sang et laisse tomber ces mots "ben tiens, tu l'as là,ta ratiche,oublie pas de la calciner un peu, ça corrompt l'ADN, et de toutes façons, il est à craindre qu'avec votre libido tropicale exacerbée, il s'en trouve une séquence de Lumumba dans celui là, pour nous, on a autre chose sur le feu"
En offrant la ratiche du Ghebreiesous, Jean Eudes provoque la colère du chercheur de reliques
Mais que voulez-vous que je fasse d'une relique inauthentique, d'une forgerie, d'un Fake, comme vous dîtes par chez vous,aux europes ?
Allons allons, l'ami, l'histoire, la religion, les religions, l'histoire des religions, tout cela est plein,archi plein, déborde de fakes, de forgeries
Et d'ailleurs,kes ki compte pour vous, l'ami,kes ki est ultra prioritaire, incontournable, hein ?
Le pognon, la rétribution,pardi, le flouze, le blé, la thune, la caillasse !
Et là, grâce à nous, vous vous en sortez !
Et même mieux que bien
Alors là, on a droit au lamento afwicain sans retenues, oui le pognon,car on va pas cracher sur du blé facile, aussi facile que de tondre un mugu, mais l'authenticité, hein l'authenticité et la vérité,kes k'on en fait de la vérité, la vraie vérité, s'entend, afwicaine, avec son cortège de petits arrangements, d'omissions, de silence pudique, la vérité humaine en définitive, celle qui n'essaie pas de sortir nue du puits, car le puits n'est pas encore creusé
Ha, tu nous emmerdes, tu nous pompes l'air, cette dent c'est la vraie, il la planquait dans sa bouche pour la véhiculer incognito, personne n'aurait eu l'idée de chercher la ratiche de Lumumba dans une bouche encore bien pourvue
D'ailleurs lorsqu'il s'est adressé à kobus, il zozotait, c'est un signe
et , remarquez, c'est la seule dent qui a giclé sans que j'y mette trop d'entrain, lorsque j'ai fait cette tentative de descellement
alors hein, si c'est pas un signe...
le congo-laid tombe à genoux, puis se prosterne
Saint Patrice, je retrouve enfin cette relique que je ne suis pas digne de toucher, mais va ben falloir que je le fasse, ne serait ce que pour la débarrasser du sang et des sanies qui la souillent, la terre d'afwique peut rester collée dessus, c'est un juste retour des choses, terre afwicaine pour martyr afwicain
il frotte la ratiche du pan de son boubou, elle luit faiblement, son vieil ivoire prenant des nuances riches, orangées, il se découvre et pose l'organe dans l'écrin improvisé fait du calot (en vrai léopard) arrangé d'un subtil tapotement sur le sommet
puis il éclate en sanglots, et entame une litanie imbécile que seuls les vrais crédules peuvent maîtriser totalement
"saint patrice, toive qui est mort sur la terre d'afwique pour nos péchés, toive dont le nom aété donné à l'université de la détestation entre les races à moscouilles, saint patrice, saint entre les saints qui ont foulé la terre d'afwique, avec scipion et tippo tipp, pardonne cet écrin misérable où je recueille ta relique, je te ferais une châsse digne de toi et de ton rayonnement lorsque j'en aurai les moyens"
on regarde ce bougre d'homme, abattu, les larmes autour de lui ont détrempé la lattérite
il nous fait peine un peu cet homme
on passe à coté, on lui pose la main sur l'épaule, allez va, on comprend ta peine,, mon pauvre
mais voilà-t-il pas que le bougre prend le mors aux dents, il se rebiffe, dis donc, et nous injurie bassement
c'est de vôtre faute s'il est mort, bande d'ordures, vous l'avez tué!
holà, mon brave, vous prenez un peu la confiance, non?
excusez vous tout de suite les blancs, toussuite, là maintenant!
ho mais ça va pas, là, il a trop pris la confiance, le ouigre, il va pas nous casser les claouis?
le très laid congo-laid se lève prêt à la castagne
il se plante face à Jean-Eudes, en éructant "oui coupables, l'occident est coupable de tous les malheurs du monde, vous paierez! ordures!"
on paiera? un autre jour, mon garçû
et Jean-Eudes l'étale d'un coup de boule, pile entre les deux yeux, ça fait crac, le ouigre roule les quatre fers en l'air
Kobus se penche, envisage le mec, et le finit d'un coup de saton dans le ventre
pas très urbain , ça, renâcle Blumroch, à la fois sa diatribe et votre façon d'y couper court, enfin on ne se refait pas
puis il tapote ses poches, les retourne, se rapproche d'un Gogavline un peu éberlué par ce déchaînement de violence que rien ne laissait prévoir et lui fait la mimique universelle, deux doigts discrêtement disjoints, portés à la bouche, les joues creusées par une aspiration imaginaire et l'interrogation "papiross?"
le cosaque porte la main à sa poche, c'est plus qu'il n'en faut pour que Blum lui attrape le bras, le torde, lui béquille la cuisse et le désarme, d'un seul mouvement, souple et coulé comme un entrechat de Nijinski
Blum le déleste de ses autres possessions, dragounov, munitions, et lui tient ce discours qui tombera dans l'oreille d'un sourd, et pour cause, Gogavline (Apo de son sobriquet) n'est pas francophone (le con! alors qu'aux afwiques c'est le vernaculaire indispensable, j'ai raison? j'ai pas raison?)
"merci pour votre hospitalité mon ami, mais sincèrement, nous n'en pouvions plus de ces contraintes, on nous a séquestré, roués de coups, esclavagisés sexuellement, on nous a fait dévier de notre route, on nous a soustrait nos impédimentas, on s'est permis de nous mettre au régime, alors stop nos chemins se séparent, vous prenez soin des vampyrs, nous reprenons le cours de notre périgrination"
et sur ces fortes paroles, il s'emporte avec ses deux comparses, Kobs et Jean Eudes
on aimerait dire qu'il s'emporte vers des cieux meilleurs, mais non, au bout du chemin, voici une théorie de personnages gémissants, arrasés, poussiéreux, podagres, ils se soutiennent les uns les autres en marchant
c'est le reste du groupe "frontières zultimes" épouses d'inspecteurs de cacadémie et administrateurs de la camif et de la mgen, qui en suivant le sentier des chèvres dans la montagne, a réussi à rallier un endroit habité, où ils pourront trouver secours, boissons et draps frais, du moins le pensent ils
ils tentent d'arrêter nos trois amis qui envisageant la troupe qui sur eux s'avance, ont pris le petit trot
leurs mains se font suppliantes, attendez, où sommes nous, faut qu'on téléphone à Aubervilliers, ou à Brétigny, où peut on se doucher, faut que je prenne mes antidépresseurs, faut que je fasse caca (bin partout, y a la place, non?)
Kobus, bon comme le bon pain, serait bien tenté de glisser une indication à ces misérables, mais Blum le presse, pasque lui, la bienveillance il en mets très peu dans son café du matin, pour tout dire, il en a quine des afwiques, de leurs cortèges de malades mentaux et de la violence afférente
On dépasse donc cette troupe d'éclopes, sans leur accorder le moindre regarde, parce que merde, on le vaut bien ( mieux que le vicomte, on peut dire), pour tomber au bout du bled sur trois plantureuses karpatiques, chevelure sombre et lisse, paupières charbonneuses, peau diaphane, caracos avantageux.... les demi sœurs de Szuzanna !
On les avait oubliées !
Et pas moyen de tourner les talons, les croulants de l'educ naze bloquent l'autre issue !
On se résoud donc à croiser ces beautés, lesquelles, les mains sur les hanches, nous dévisagent sans fard ( hé oui, pourtant elles sont fardées assez brutalement, à la façon des Balkans, si vous me suivez) une moue interrogative sur leurs lèvres peintes, on dirait des actrices italiennes des 50, dans un vieux Vittorio de sicca en noir et blanc...
Et lorsque nous passons devant, on entend,sussuré du bout des lèvres.... kobus ? kobusssss.... genre sifflement, pas sournois mais suggestif, ou plutôt suggessssstif....
Kobus baisse les oreilles, et la mine basse, tente d'éviter les regards, mais Jean Eudes lui casse la baraque
Hé mec, on te cause, la dame envisage peut être un commerce charnel avec toi...
Impossible, rétrospectivement, de savoir comment ça s'est passé, mais nous nous retrouvons à crapahuter dans l'afwique pwofonde, avec ces créatures accrochées à nos basques, l'une tiens fortement le Kob's par la main, l'autre s'est arrimée à Blum, en le serrant fort par la taille, la dernière a cramponné Jean Eudes par le petit doigt et le couvre de regards brûlants
On divague un peu dans la montagne, flanqué de nos belles ( de jour et de nuit)
Il faut se résoudre à trouver un bivouac pour la nuit
Sur la piste, une forme cubique, c'est le minibus de frontières zultimes, déserté par ses occupants et toujours constellé d'autocollants marqueurs de vertu sociale ("ultimate frontières,we8borders")
Blumroch monte à bord, précédé du canon du Makarov dérobé à Gogavline, le grand cosaque Wagner
Pas âme qui vive
Alors c'est bien on pourra s'y abriter
On s'installe à la façon mahométane, stricte séparation des sexes ( qui constitue un parfait palindrome à condition de rester au pluriel)
Les naufragés de l'educ naze ont laissé quelques couvrantes derrière eux, la nuit afwicaine nous sera donc douce ( encore une allitération qui claque sa mère, si je voulais j'écrirai entièrement en rimes de rappeur.... mais point ne voudrais d'un mode d'expression aussi pauvre)
On néglige de poster une sentinelle, puisque les mursis et l'ultime cosaque sont neutralisés
Extinction des feux
Au milieu de la nuit, une mélopée féminine avec accompagnement de couinement d'amortisseurs vieillissants réveille Blum et Jean Eudes, c'est Emesse qui a réussi à réveiller le Kob's et qui l'a enfourché, hop, façon langoureuse, presque paresseuse
Bientôt les trois demi soeurettes se sont mises à l'ouvrage puis sont parvenues à leurs fins
Pas de coit sauvage de loup garou touché par un rayon lunaire, non, la rencontre simple et vraie d'êtres de sexes différents ( palindrome encore ! J'adore) perdus dans l'immensité afwicaine, sous le ciel sans nuage ni pollution
la guérilla qui avait arraisonné le quat-quat clitophore de l'ONG "sauvons les clitos!" (on se demande bien pourquoi, dans un monde qu'on voudrait dépourvu de portes, on veuille sauver les clés et, partant, les serrures, puisque, éthymologiquement, clitos, c'est la clé, mais bon), quat-quat dans lequel Gogavline se trouvait, la guérilla donc, rôde dans la montagne
elle ne monte plus de barrage, au vu du succès rencontré par la dernière opé, non, elle fait des patrouilles
et la patrouille du petit jour repère le minibus
enfin, elle repère du mouvement auprès du minibus
c'est Erzebeth qui va pisser, la vigueur de Jean-Eudes ayant déclenché la bien connue cystite de la jeune mariée, quoiqu'elle ne soit ni jeune ni mariée (mais elle a bien aimé l'ardeur de l'universitaire vronzais en dispo de son corps d'origine, ne nous trompons pas, la disponibilité ne concerne que le corps administratif, les corps physiques de Jean-Eudes et d'Erzebeth étaient, pour leur part, disponibles, mais pas administrativement, disponibles physiquement, et ils en ont disposé, à leur guise peut on dire)
bref le guetteur de la rébellion anti gouvernementale anti corruption anti occidentale anti tout ce qu'on voudra, le guetteur donc, signale à ses acolytes la présence d'une femme blanche et désirable auprès du minibus abandonné (réservoir percé barre de traction et direction dans le sac)
ce qui donne, traduit de l'amharique (j'aurais pu choisir une des 60 langues de ce pays improbable, je me limite au vernaculaire pasque sinon, on va s'y perdre) "hé les mecs, une chouette nénette, exotique en diable avec moultes courbes harmonieuses"
le chef du gromando lève un sourcil
"je te rappelle jeune guetteur , que nous sommes là pour collecter de la thune et reprendre possession de notre territoire"
"justement, nous emparer de la femme blanche sera un argument pour faire décaniller les nez roses"
"ça mérite réflexion en effet"
reflexion, certes, mais pas trop longue, car Jean Eudes vient de rejoindre son élue dehors, quelque chose lui a semblé louche, toute une vie passée en Sénégambie prédispose à l'analyse des subtils changements extérieurs en Ethiopie
"Chérie, faut pas rester là, on se met à couvert, j'ai entendu un truc"
en fait il a entendu le silence, silence que les insectes, oiseaux et rongeurs ont fait lorsqu'ils ont été dérangés par la lente reptation des miliciens de la rébellion anti tout
car ces néfastes s'avancent
en rampant, pas bien vite, mais ils s'avancent
bien
les amharas rampent vers Erzebeth, occupée à extirper les dernières gouttes brûlantes de sa vessie (vulvodynies post coïtales, comme je l'ai dit plus haut), elle rabaisse ses juppailles, cachant ainsi une splendide paire de fesses et de cuisses blanches comme le lait
le tomber de rideau agit comme un électrochoc sur les amharas rebelles anti tout, ça leur rabaisse la tête entre les épaules
mouvement infime, furtif, mais que Jean Eudes a constaté, frémissement inhabituel dans les hautes herbes si vous voyez?
avec un hurlement béarnais, il s'élance, dious de castrous! empoigne une branche d'épineux qui traînait par là et l'abat sur le museau du premier malfaisant , qui , alerté par le cri et le mouvement, se levait
ça fait schlaffff, le bruit des épines qui lacèrent le scalp
et ouille, le cri du mec qui s'effondre en se tenant l'occiput
mais putain, ça fait mal, il est con le mec ou quoi?
les autres se lèvent , pas menaçants mais outrés, oué, ça fait mal ce genre de trucs, t'es con mec? regarde il a la gueule en sang, notre pote, va falloir le recoudre et la mutuelle des rebelles couvre pas du tout ce genre de sinistre (on n'est pas en vronze, y a pas l'AME, faut l'savoir)
tout à leurs contestations ils en ont oublié qu'ils sont surarmés par rapport à nos amis, lesquels n'ont qu'un dragounov et un makarov pour tout viatique
qu'à cela ne tienne, Kobs surgit traitreusement par derrière, désarme le guetteur s'empare de son automat kalachnikov et tire une courte rafale en l'air puis couvre le groupe par un mouvement tournant
ha ha mes gaillards, les rôles sont renversés, à présent
d'héberluance, les autres lèvent les bras au ciel et perdent leurs urines respectives
tu parles de guerriers....
allez les têtes d'ampoule, les mains sur la tête, et à plat ventre, exécution, bavordavel, épuvit'que ça! (comprendre "et plus vite que ça" sur un ton comminatoire)
et si y en a un qui bronche, j'en fais de la chair à chauchiche!
les zigues se regardent puis s'éxecutent, d'abord à genoux puis à plat ventre, on dirait des gauchysses gagnés par l'émotion des black lies matter
Blum passe entre les allongés pour leur soustraire leur armement, au passage ses doigts s'égarent dans certaines musettes (chez moi, en mes cévennes ombreuses, on dit "biasse" pour musette)
que vois je ?
des tarpés, roulés, prêts à l'emploi...il les enfouille, parce qu'il les vaut bien
ceci, joint aux diams bruts qu'ils ont retrouvé dans le cercueil du gros van de pute, leur fera un viatique plus qu'honorable
bon, si Jean Eudes pouvait crier "cap dé dious!" avec sa grosseu voix et ses grosseus moustacheux, ça aurait vraiment de la gueule
la vérité c'est qu'il a crié pour se donner du courage
et la main ne lui a pas manqué pour aligner l'amhara sur la trogne
sensation un peu écoeurante du bâton freiné par de la viande puis, libéré, s'envolant vers le ciel
un peu comme le sabre du duelliste lorsqu'il accroche sa cible
jouissance de rester debout et vivant, ho combien vivant, alors que l'antagoniste se tord par terre en maugréant
bref
pour Jean Eudes, bien qu'il aie son comptant de bastons estudiantines, de fusillades de gros gibier et de régulation de chourineurs, ça et la splendide chevauchée qu'Erzebeth lui a offert cette nuit, c'est au bas mot, trente ans qui s'éffacent de son état civil
trente ans de moins, il se sent léger
il pourrait marcher des heures sous le cagnard afwicain, tirer sur la faune australe, déchiqueter à belles dents un cuissot d'éléphant ou d'antilope, déclamer l'iliade en grec ancien
d'ailleurs il s'y met
"chante, muse, le choc des armes et leur beauté, le courage des héros..."
les autres le regardent quand même d'un drôle d'air
"allez on y va les enfants! en incluant les filles, voui on est bons princes, nous allons codromer de concert!"
les filles, pas versées dans les langues latines (bien qu'elles bavassent en roumain) pigent quand même l'intention générale, elles époussettent leurs jupailles fortement éprouvées par la nuit à la belle étoile et hop, elles se lèvent
on fait le point, plein est, marche!
les amharas restent le ku dans le sable
on leur a rendu leurs pétoires moins deux, les autres ont été privées de leurs percuteurs, on garde les munitions, on les déleste aussi de leurs impédimentas, sandouiches, boissons
on est à un des points culminants des afwiques, la rive est du riff
y a qu'à se baisser pour trouver nos ancêtres
c'est du moins ce que prétend Jean-Eudes
on a beau regarder à nos pieds...rien
il va falloir installer un bivouac, mais dans l'instant, on peut arquer encore un peu
et y a intérêt les distances sont longues, aux afwiques
mais bon, l'horizon s'éclairci, le sentier montagneux emprunté puis rendu se jette dans une ravine plus large et ainsi de suite jusqu'à une départementale
un camion citerne (super important, aux afwiques, soit le carburant est livré en petits jerricans, soit en fût, soit en citernes, ça dépend de la route, et le carburant, là bas, c'est indispensable pour s'éclairer, pour les groupes et pour se déplacer, y a pas que l'occident à être dépendant du pitroul') les prend en stop, le mec est jouace de discutter, peut être aussi de goûter un des tarpés roulés main que Blum lui a proposé
au bout de peu, on devient les meilleurs amis du monde, et le gus nous propose de passer la nuit dans un compound de sa connaissance, tenu par une vague relation familiale, mais faut dire que là bas, toulmonde est parent, alors...
Compound, on comprend ce que ça signifie
Un caravansérail en somme
Clos de murs pour les véhicules et leurs chargements,car là bas, c'est toujours une affaire de pognon,biens, marchandises, esclaves se monayent et s'échangent
Ça tombe bien d'ailleurs, on a résolu de faire route vers dar es salam, dans le petit creux sous la corne de l'Afrique, puis de là vers Zanzibar
On pourra alors se fondre dans la masse des négociants, piquer plein est vers la péninsule arabique et l'émirat d'Oman puis de là vers la Perse, à partir de ce point, plus de problème, soit le Caucase après une traversée de la caspienne, soit obliquer vers la Syrie par le Kurdistan puis traverser la mare nostrum et direct sur les côtes gauloiches, chez les celtoligures et les phocéens
Ça ressemble un peu au voyage d'odysseus mais après tout, on n'est pas si mal accompagné que ça ( et là, Jean Eudes lance un regard suggestif à Erzebeth qui, de façon inattendue,se trouble et rougit)
Reste à discuter des modalités du voyage, et du règlement de la facture
Six adultes, blanches et blancs, qui plus est, ça commence à chiffrer
On a bien les tarpes des guérillas amharas pour entamer les négociations, il y a fort à parier que l'on doive convertir les diams bruts en autant de kilomètres...
s'ensuit une négociation acharnée
pour aller jusqu'à la côte? une pincée de diams
de la côte à dar es salam? une autre pincée
jusqu'à zanzibar? (le port des noirs, en arabe)...encore une autre pincée
de là aux rives persanes? ....on pourra s'engager comme matelots, simbad le marin, toussa
ce n'est point par pingrerie, mais nôtre viatique risque de fondre assez vite
on tope là et chaque partie, satisfaite du marché (en angluche moudern, du deal , prononcez dile, en angluche littéraire, ze bargain, prononcez bargaigne, en bon vronzais, discutance de marchands de tapis) va se coucher
au milieu de la nuit, kobus, qui a le sommeil léger, est réveillé par des frôlements
"Emesse, ma chérie, pas ce soir j'ai mal à la tête..."
tu parles d'attentions féminines!
ce sont nos hôtes qui veulent nous détrousser façon auberge rouge!
alarm!
kobs se rue sur sa pétoire, bordel de moive, introuvable!
se met à genoux, fauche devant lui dans la pénombre une paire de genoux cagneux, choc d'un corps qui tombe au sol, détonation (le mec portait une arme, vraisemblable), il se remet debout complètement, shoote dans une tête d'ampoule, cri désolé du receveur, fallait pas te mettre dans mon chemin si tu voulais faire long feu, l'ami, s'empare de l'arme du malfaisant, la retourne contre son proprio, un ridicule rigoustin que chez nous on aurait honte de donner aux enfants, presse deux fois sur la détente, le ouigre mal intentionné s'affaisse
au bout du couloir on entend "à la rescousse, cap de dious!"
suivi du bruit précipité de l'automat de jean Eudes
ça chauffe pour de bon...
C'est pour de vrai, bataille !
Les éclairs des coups de feu illuminent brièvement les décors, l'odeur de cordite brûlée sature l'air, c'est Douaumont, Verdun,verdoun !
10:56 | Lien permanent | Commentaires (24)
Pépiements (30)
Les médias sont saturés de discussions byzantines destinées à évaluer le moindre fait d’actualité à l'aune du "démocratiquement compatible". Les échelles de mesures étant largement modulables ces débats sont bien évidemment biaisés et malhonnêtes. Prenons ce simple exemple : les électeurs votent-ils majoritairement pour le camp progressiste, il s'agit de l'évident triomphe de la démocratie, votent-ils contre, et cela devient curieusement celui de "la dictature de la majorité [sic]". Il est difficile d'être plus clair ; pour le système en place l'Histoire n'a qu'un sens et c'est le sien, le reste n'est destiné qu'à donner le change. Et chaque jour qui passe me confirme l'inconciliabilité du projet sociétal de ces démocrates à géométrie variable avec la simple réalité et tout ce qui me tient à cœur. C'est là le problème, l'insoluble problème.
08:40 | Lien permanent | Commentaires (15)