05/05/2006
Lobotomie
Un Français, un Italien, un Russe qui pense encore dans sa langue, et non dans un simili, peut se permettre le samedi soir d’ingurgiter une série B insane qui lui présentera une version multicolore et simplifié du monde. Son appareil critique sera en action, décryptera la métaphysique au rabais de cette nouvelle aventure du héros positif et finalement vainqueur d’une terrible adversité. Le contenu sommaire du message, sa platitude étudié feront même partie du plaisir complice que le spectateur cultivé éprouvera en se laissant porter par les charmes d’une histoire virtuelle qui se termine heureusement au bout d’une heure et demie. Le déculturé russe, italien, français habitant de ces banlieues qui tendent à devenir planétaires, aura-t-il, lui, les moyens de se dédoubler ? Sans repères dans le langage, la passivité est d’ores et déjà son mode de réception. Le prolétaire culturel des grandes cités européennes, celui que ni la culture classique transmise par l’école ni celle, orale, des patrimoines régionaux ne nourrissent plus, n’est-il pas la proie consentante de ce gavement d’images et de bruits ? N’est-il pas l’homme majoritaire de demain, celui à qui s’adressera d’abord la grande machine à distraire et à endormir, à assouvir et faire consommer ? Via les satellites, les câbles de toutes sortes, la grande machine à décérébrer est là, prête à moudre son grain pauvre pour le répandre partout.
Paul François Paoli
Comment peut-on être de droite ?
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Musique (3)
Les confessions d'un malandrin
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Petit regret
Avec 20six, on pouvait reproduire des polices d'écriture issues de Microsoft Word (j'ignore d'ailleurs si c'est toujours possible), pas avec Haut et Fort. Dommage.
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Le tour de France des monuments (choix absolument arbitraire) : Meudon (92)
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03/05/2006
L'écrin

Taradel
La chapelle aux genets
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Nécrologie
En quelques mois, sont morts Vladimir Volkoff, Jean Mabire, Philippe Muray et Jean-François Revel ; tous, à leur manière, étaient des esprits libres.
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Quelques considérations sur la souveraineté des peuples
Ce qui se déroule sous nos yeux, aussi bien pour des raisons concrètes que pour des motifs fumeux et probablement fumigènes, c'est l'abandon d'un système d'organisation de la planète au profit d'un autre, ou plutôt d'une façon de concevoir l'organisation de la planète au profit d'une autre, entièrement nouvelle, tenant à la fois de la science-fiction et de la politique-fiction.
L'Antiquité a connu des cités, des peuples, des royaumes, des empires ; le Moyen Âge a inventé la féodalité ; les temps modernes ont fait apparaître les nations, et, à travers toutes ces charpentes diverses, apparaissait la notion de souveraineté, difficile à définir mais essentielle pour les relations humaines.
Cette notion était rendue indispensable par trois réalités :
- l'homme n'est ni tout bon ni tout mauvais, mais il est égoïste ;
- l'homme est sociable ;
- les hommes se répartissent en groupes qui, pour diverses raisons climatiques, ataviques, physiques, religieuses, superstitieuses, que sais-je, ont des mœurs différentes de celles de leurs voisins.
En d'autres termes, le " je " de l'individu se sublime naturellement dans un " nous " qui lui assure une certaine sécurité et même un certain confort, mais, pour garder toute son efficacité, ce " nous " ne peut pas s'étendre à toute l'espèce humaine sous peine de transgresser ses propres fondements. Ce " nous ", qui se définit par son opposition à d'autres " nous ", aboutit à la notion de souveraineté perçue comme sacrée par chacun des " je " qui le composent, parce que le " nous " est plus consistant que la somme des " je " individuels, et, par conséquent, se voit traité par les autres " nous " avec plus de respect et de circonspection que ne le serait un conglomérat de " je ".
Il est possible que, devant une invasion de Martiens, qui, eux aussi, diraient " nous ", les hommes se trouvent un " nous " s'appliquant à tous les humains, mais, aussi longtemps que c'est à d'autres hommes que les hommes s'opposent, la chose paraît prématurée.
Bien entendu, au cours de l'histoire, certaines souverainetés ont changé de forme, d'autres ont été écrasées ou vidées de leur substance, quelques-unes ont délibérément renoncé à elles-mêmes, soit pour se mettre sous la protection d'une souveraineté plus puissante, soit pour se fondre dans une souveraineté plus étendue, mais, à travers toutes ces transformations, le principe de la souveraineté, absolue dans un certain espace reconnu comme tel par tous ses voisins, compte tenu de quelques querelles de bornage, demeurait intangible.
Les peuples respectaient celle des autres peuples pour qu'ils respectassent la leur. Rares ont été les massacres d'ambassadeurs ou de messagers d'une puissance, même ennemie. Des organisations supranationales comme la Cour internationale de La Haye, la Ligue des Nations ou l'Organisation des Nations unies se sont toujours fondées sur l'association de nations dont la puissance relative variait à l'infini, mais qui demeuraient foncièrement égales par la souveraineté. Lorsque, en 1945, le Liechtenstein refusa de livrer à l'URSS les ressortissants russes qui se trouvaient sur son sol, il le fit en tant que nation souveraine (libre aux États-Unis et à la Grande-Bretagne d'en livrer deux millions) - et l'URSS n'osa pas insister, elle qui, tout en intégrant l'Europe de l'Est dans ses kominforms, ses kominterns et ses pactes de Varsovie, conservait le mythe de la souveraineté de ses propres satellites. Même en Hongrie, l'URSS n'intervint qu'après s'être assurée qu'une pseudo Hongrie, dont elle avait, au préalable, reconnu la légitimité, l'appelait au secours.
Vladimir VOLKOFF
Désinformation : flagrant délit
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