15/01/2015
Le temps de l'amour courtois
Source : Direct Matin - Bordeaux 7 n° 2182 du mardi 13 janvier 2015
Les affiches visibles sur la page Facebook du site Étudiant.e.s Relais Santé « sexualité » valent leur pesant de pistaches arrosées de Desperados.
Malgré la propagande... pardon, l'information médiatique et scolaire continue ces salopards d'hétéros mâles* en sont toujours à considérer ces gentilles damoiselles comme de simples objets destinés à assouvir leurs bas instincts. Chez les plus vieux, passe encore, mais ces affiches s'adressent aux jeunes pourtant, comme chacun sait, ouverts, tolérants et citoyens et sur lesquels le système fondent tant d'espoir. C'est à désespérer.
C'est d'ailleurs peut-être pour cela que l'ECJS (l'éducation civique juridique et sociale) dispensée au lycée va prochainement être remplacée par l'Enseignement moral et civique.
* Sur les affiches ils sont tous blancs mais c'est un pur hasard.
19:18 | Lien permanent | Commentaires (5)
14/01/2015
La Liberté a repris sa marche mais s'est déjà pris les pieds dans sa toge
Ce matin, sur mon lieu de travail.
Elle :
- Tu as vu : ils ont arrêté Dieudonné ?
Moi :
- Non, je savais pas. Qu'est-ce qu'il a fait ?
Elle :
- T'as pas entendu ? Il a dit : « Je suis Charlie Coulibaly ».
Moi :
- Oui, et alors ? Ça la fout mal d'arrêter quelqu'un pour des mots après toutes les marches pour la liberté d'expression.
Elle :
- Oui, mais lui c'est pas pareil, il exagère.
J'ai alors cru utile de changer de sujet.
19:04 | Lien permanent | Commentaires (16)
Le temps des pèlerinages
À quand les ostentations d'une mèche de cheveux de Cabu ou de la gomme ensanglantée de Charb ?
Source : 20 minutes Bordeaux-Aquitaine n° 2780 du mercredi 14 janvier 2015
13:59 | Lien permanent | Commentaires (8)
13/01/2015
Le temps des écorcheurs
18:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
11/01/2015
Musique (364)
Goran Bregovic
Kalashnikov
20:56 | Lien permanent | Commentaires (2)
07/01/2015
Ce qui suit n'est pas une apologie d'un acte terroriste
L'année 2015 commence bien ! Une attaque terroriste en plein Paris, et artisanale avec ça, chirurgicale même comme diraient les experts de l'OTAN quand ils font bombarder un immeuble entier pour zigouiller un malfaisant. Ici, on a eu droit à une attaque ciblée à la Kalachnikov avec des résultats qui parlent d'eux-mêmes et pas à un engin posé devant la porte qui pourrait faucher des innocents et épargner les personnes visées.
Sinon, j'en pense quoi ? Pas grand chose, ce n'est après tout que le réel qui se rappelle bêtement à nous dans toute sa brutalité. Le déni de réalité comme art de vivre en société a ses limites, on les a atteintes depuis longtemps mais comme seul le petit peuple en faisait les frais cela importait peu, maintenant ça touche aux petits marquis du régime, c'est autre chose, il faut s'indigner. Personnellement, j'ai du mal. On a mélangé des ingrédients explosifs pendant des décennies, on a sapé les bases de la société, on a transformé les frontières en passoire, on jette régulièrement un peu d'huile sur le feu pour se marrer et on devrait s'étonner que tout n'aille pas pour le mieux ?
Les réseaux sociaux ont interrompu brièvement la publication des selfies et des récits de soirées arrosées pour montrer toute l'émotion ressentie et placarder en hommage aux trucidés des « Je suis Charlie » beaux et utiles comme une marche blanche. Attendons un peu et les intellectuels de services ne vont sûrement pas tarder à trouver les méta coupables de la tuerie : Zemmour, Soral, Le Pen, la réacosphère...
Au passage, j'ai appris que l'une des victimes était un policier protégeant Cabu, le dessinateur qui a fait son argent en ridiculisant le beauf franchouillard et le flic facho. Triste fin.
19:39 | Lien permanent | Commentaires (23)
06/01/2015
La colonne
Le soldat le poussait sans ménagement vers l'hélicoptère posé à une cinquantaine de mètres, rotors au ralenti. Derrière eux, les grenades incendiaires avaient embrasé la minuscule maison dont on l'avait sorti. Ils avaient fini par le prendre ; après des années de traque ils lui avaient mis la main dessus dans cette misérable vallée des Carpates.
- Attends, on fait quelques photos ! lança le lieutenant.
Le commando se serra derrière le vieil homme qui était tombé à genoux, les flammes et les sommets enneigés en fond.
- Ça va avoir de la gueule, ajouta celui qui cadrait le petit groupe sur l'écran de son portable.
Un appel sur la droite mit fin à la séance. Un soldat arrivait en tirant une femme terrifiée par le bras.
- Elle était cachée derrière les buissons, et elle avait ça avec elle.
Il montra une sorte de cabas rapiécé d'où il extrait une demi miche de pain, une gamelle de soupe et une pomme.
- C'est une des femmes qui me portent à manger. Elles viennent du village d'en bas.
Les militaires marquèrent un temps d'arrêt, c'était la première fois qu'ils entendaient le son de sa voix. Il essuya le sang qui coulait de ses narines d'un revers de manche et continua :
- Laissez la partir... s'il-vous-plaît.
Il avait failli dire « pour l'amour de Dieu ».
Le soldat qui tenait toujours la femme par le bras interrogea son supérieur du regard. Celui-ci ne répondit pas mais se pencha vers l'homme à genoux :
- Tiens donc, non seulement t'es pas muet mais tu parles notre langue... OK, je la laisse partir si tu me dis à quoi ça servait tous tes trucs dans la maison.
- Mes trucs ?
- Ton Dieu sur sa croix, les images de cette femme, les bougies...
- C'était mon autel.
Sa curiosité piquée, le lieutenant s'accroupit pour être à la hauteur de son interlocuteur.
- Et ça sert à quoi ?
- À prier... Les prières sont les colonnes des Cieux, elles...
Il ne put en dire plus, derrière eux la maison s'effondra avec fracas. Surpris, celui qui tenait en joue la femme ouvrit le feu. Sans un cri elle bascula en arrière, les bras en croix. Le fichu qui lui couvrait la tête se défit et ses cheveux blonds s'étalèrent autour de son visage. Le soldat regarda le corps, son arme, puis son chef et haussa les épaules, penaud.
- Pourquoi ? Elle n'avait rien fait.
L'officier se redressa, regarda le cadavre et finit par lâcher :
- Un accident, c'est rien qu'un putain d'accident.
- Non, vous l'avez abattue, si vous n'étiez pas venus elle serait toujours en vie. Laissez-moi prier pour toute cette...
Il chercha vainement un mot pour exprimer le gâchis qui l'entourait.
- Tu feras rien du tout. Tu vas simplement te relever et venir avec nous.
Pour appuyer son ordre il avait sorti son automatique de son étui et le pointait vers le front de son prisonnier, mais celui-ci restait à genoux et avait joint les mains.
« Vous savez, je suis le dernier » furent ses ultimes paroles. Le lieutenant aurait dû obéir aux consignes et le ramener vivant, il aurait pu le faire traîner de force mais l'attitude de défi de ce vieil homme qui devait peser deux fois moins que lui lui parut soudain insupportable. C'était stupide, il le savait, mais c'était incontrôlable.
Dans l'hélicoptère, le pilote suivait les événements depuis son siège. Il vit la flamme sortir de l'arme et entendit la détonation assourdie par son casque. Et puis plus rien, il lui sembla être devenu sourd. Il voulut porter ses mains à ses oreilles mais elles refusaient de lui obéir. Ses gants tombaient en poussières, en fait c'était l'ensemble de ses mains et de ses gants. Il leva les yeux vers ses camarades et ne distingua plus que des silhouettes qui s'effritaient en particules grises, derrière eux le décor semblait s'effondrer sur lui-même. Il n'y avait plus de brasier, plus de corps, plus de montagnes, plus rien. Bientôt sa vue s'obscurcit et la perception de ce qui l'entourait cessa.
Et la terre était désolation et vide, et il y avait des ténèbres sur la face de l’abîme. Et l’Esprit de Dieu planait sur la face des eaux.
18:58 | Lien permanent | Commentaires (6)