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05/10/2022

Progrès

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Source : Soli

 

Dieselpunk (29)

Alfa Romeo 6C 1750 Super Sport (1929).jpg

Alfa Romeo 6C 1750 Super Sport (1929)

Auburn Boattail Speedster (1932).jpg

Auburn Boattail Speedster (1932)

Rolls Royce Phantom III Aero Coupe (1937).jpg

Rolls Royce Phantom III Aero Coupe (1937)

Buick Série 60 Phaeton (1939).jpg

Buick Série 60 Phaeton (1939)

Jaguar SS 100 2½-Litre Roadster by Van den Plas (1939).jpg

Jaguar SS 100 2½-Litre Roadster by Van den Plas (1939)

04/10/2022

Carte blanche (48)

Laissée à Kobus van Cleef

Crépuscule des vampyrs et continent obscur

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Quatrième partie

Cinquième partie

Sixième partie

Septième partie

Huitième partie

Neuvième partie

Dixième partie

Onzième partie

Douzième partie

Treizième partie

Quatorzième partie

Quinzième partie

Seizième partie

Dix-septième partie

en fait on n'est pas passé très loin de la cata, sous les espèces des gardes de la réserve naturelle royale King Salman
mais au dernier moment on a piqué plein est puis, l'ayant dépassée (la réserve naturelle) par tribord on s'est rabattu plein ouest, pour venir se ficher dans le saillant constitué par le wadi rum, pas très loin de Bjel Burdha
on pourrait faire du tourisme, mais bon, le doganier nous fait emprunter un itinéraire crapoteux, qui met à rude épreuve les suspattes de nos véhicules
ça couine, ça grince, surtout sur de grosses bagnoles bien lourdingues, on aura pas l'air con si on casse un essieu
et pour trouver un concess' toyota dans ce ku du monde, hein, tu m'as compris
alors on y va mollo, pendant des heures, les bagnoles glissent de rochers plats en rochers acérés, de pentes en devers, d'étroits en moraines au milieu du chemin, parfois les tôles raclent quelques pétroglyphes parfois on accroche la rare végétation, c'est Gretta qui serait pas contente mais ouat, on s'en fiche
seul le doganier sait où il va, il s'est installé à l'avant , d'une main il indique le chemin à Blumroch, avec ce geste typique de l'orient dominateur, main verticale, poignet fendant l'air comme une lame, de l'autre il pétrit la cuisse puis l'entrejambes du supplétif saoudard moustachu hyperviril (qui se pâme sous ses caresses)
vous allez croire que je fais une fixation sur les relations homo dans ces contrées mais je ne veut rien cacher
et puis c'est un mode de régulation des tensions sociales, lorsque peu d'hommes ont le pouvoir de posséder (j'eusse dû mettre des guillemets , on ne possède pas une épouse, c'est elle qui nous possède, ou du moins notre chéquier, enfin , c'est le cas en occident) beaucoup d'épouses, que reste-t-il à la multitude?
la possibilité de s'enfiler entre hommes
parce que pour ce qui est d'aller quérir une épouse dans le bled voisin, c'est de boire frais!
elles sont déjà toutes préemptées par le cheik ou le cadi
quand c'est pas par l'iman du kortier
voyez, avec moi, on a soit leçon d'histoire, soit anthropologie
mais je fais pas d'interro surprise....

On arrive enfin sur un plateau désert, exceptés une équipe de grimpeurs austrichiens qui a installé là son bivouac et une équipe d'archéologues qui travaillent sur les restes d'un temple nabatéen
Plus la flicaille afférente, on est quand même dans le pays où la surveillance est totale, histoire d'éviter les attentats à l'encontre de son voisin raelien, flicaille dont le défraiement est pris en charge, en grande partie,par un allié inconditionnel du voisin en question
Oui je sais, la géopolitique c'est complexe, mais c'est fondé sur des données infalsifiables, comme la démographie, le racizm et l'histoire

On s'installe pour la nuit, nos amis persans,saoudards et le doganier jordanien s'isolent pour s'enculer en couronne ( logique ici comme en saouderie, nous sommes en royauté, d'où la couronne)
Au bout d'un moment, le chat viens nous rejoindre, n'en pouvant plus des gémissements et des sourdes imprécations lancées, dents serrées, par les protagonistes de l'orgie
Au loin, le bivouac des alpinistes et celui des archéologues brille de mille feux, avec la muzak qui va, on s'enquiert, sans trop en dire, c'est l'anniv du chef de chantier, un diplômé de l'école du Louvre, passé ensuite par le CNRS, bref un exemple de la méritocratie republiconne
On le gratule, bière, chips
Où donc ont ils trouvé de l'alcool ?
Réponse simple, le village chrétien en bas,dix heures de route en quatquat, y a aussi du chauchichon
Régal,pur régal, on voudrait pas abuser hein, mais non, prenez place
Dans les alpinistes on retrouve un maigre sec façon Walter Bonatti et une très bronzée façon Florence Artaud, qui, inévitablement,flashe sur Firdaous/Saladin ( tout en ignorant sa partie femelle)
Lequel Saladin me presse de réparer sa pompe à zguegue
Tu parles, comme ça dans la nuit, sans matos ni pièce de rechange ?
On fouille dans le kit de secours des alpinistes et des archéologues réunis, un tube de colle UU, une grosse seringue et du sérum salé, des aiguilles et des tubulures, qu'on me demande pas plus qu'une rigidité transitoire, hein

Bricolage à la lueur d'une lampe frontale ( ça me rappelle mes tentatives en ORL, plus jeune), identification de la plaie, pas bien folichonne, parage, exposition des structures prothétiques sous jacentes, identification de la fuite, colmatage à la super glue, attente pour le séchage, hémostase, fermeture du rouston ( fait en peau de chatte, je rappelle), piqûre du réservoir à l'aiguille fine, inflation prudente
Bon gû !
Une aubergine de saison !
Tumescente, veinée et pas bien ragoûtante pour dire vrai, mais l'alpineuse se jette dessus sans barguigner
Je vous passe la suite, toujours est il que j'ai tué le temps en maintenant la pression dans le membre artificiel, en vérifiant de temps à autre, l'absence de suffusion du sérum physiologique en périphérie du matériel
Mais mon bricolage tiens le coup, ce qui devrait me valoir, au moins, la reconnaissance éternelle de Firdaous/Saladin
Ou une place sur son testament
Et éventuellement, une inscription gratuite au club alpin austrichien, avec le parrainage du sosie de Florence A
Las, au matin, Saladin/Firdaous n'exprime plus ni sa virilité ( j'ai dégonflé le matos histoire d'éviter l'ulcération des tissus mous en périphérie) ni sa féminité, mais son âge
Hé oui, pour quelqu'un de l'âge de Jean Eudes, estudiant dans les 68, de telles activités nocturnes,soutenues et intenses, sont déconseillées
En un mot comme en cent, Saladin nous fait l'infarctus et meurt, là, sur place
On pourrait même se gausser d'un transfert de foutre au cerveau mais ça serait pas chrestien
L'aryenne du Tyrol n'en a quine, elle s'est remplie, mais nouzautres, ça augure mal de la poursuite du voyage
Et les grimpeurs,suivis par les gratteurs de sépultures, veulent,ces cons là,alerter les zautorités pour évacuer la carcasse de notre pauvre ami
Tout cela en me regardant de travers,car si je n'avais pas restauré la virilité de Saladin, il serait encore de ce monde
On leur objecte que quitter ce monde sur le bout du nœud est préférable au fait de le quitter sur la pointe des pieds mais ces légalistes forcenés ne veulent rien entendre, mort en pleine nature, donc suspecte, donc intervention des autorités,donc enquête
C'est là qu'on voit se pointer le doganier jordanien, remballant son ventre dans son uniforme, rajustant son keffieh ( ils en portent tous là bas, ça magnifie la tête la plus anodine), la sueur du stupre encore collée au front, de grandes traces de flageolant sur le calbard
Dûment chapitré par Vesna, il interroge à la façon des Turcs, en tonitruant, les témoins, il exige les documents, les autorisations de fouille, aux grands cris de l'équipe des gratteurs de sépultures, les compulse en reniflant dans sa mostach'
Puis il sort de sa poche pectorale un carnet à souches, exécute trois hiéroglyphes dessus, le tend à l'interlocuteur le plus virulent, et congédie toulmonde
Geste ample, moue dégoûtée
Balek balek, du vent, quoi merde !
Les sportifs et les chiantifiques disparaissent, on reste seuls avec le corps

Il y a eu peu entre l'accomplissement et la fin de Saladin, entre Eros et Thanatos en somme
Et pendant ces aventures on n'aura cessé de célébrer des noces charnelles et des funérailles
Plus une naissance
Tout le pannel de l'existence
Ce genre de préoccupations, chez un vieux comme moi, ça fait réfléchir, un peu comme si j'avais conscience de l'imminence de mon destin

La suite si je trouve une borne ouifi, en voyage, les choses sont pas si simple

Les chaouchs saoudards creusent une fosse, tournée au Sud, vers la Mecque, les bords s'eboulent régulièrement, on dispose le corps au grand dam des 'rcheologues lesquels, revenus sur place, prétendent que ça va brouiller les recherches à venir
On leur représente que le chef des béni amer ne peut que reposer à quelques distance du lieu éponyme, sur le flanc gauche, dans la tradition locale

La question qui nous taraude c'est "linceul ?, pas de linceul ?"
Les chaouchs résolvent le problème en lui drappant le chef dans son keffieh
Pendant ce temps, le doganier jordanien a ressorti son carnet à souches, trois vermicelles sur une page qu'il déchire et qu'il rentre de force dans la poche de ticheurte du chef de chantier arkeolojik, en brassant l'air, façon ottomane, putain, du vent, les gratteurs de sépultures,du vent, voyez pas qu'on est occupés, là ?
Ou alors,associez vous au clan, mettez vous en rang pour la prière,voui au fond avec les infidèles

Mais ça continue à ergoter, à renauder, à chanter pouilles comme on dit chez moi
Problème résolu par les gardes côtes persans, ils prennent en tenaille le récalcitrant, le téléportent à la périphérie du cimetière improvisé , le bâillonnent puis l'emportent vers son quatquat, dans lequel il est jetté sans tendresse excessive (et pourtant, à voir les regards qu'il coulait vers les torses velus de nos marins, on peut penser qu'il se serait accomodé de privautés plus approfondies, et là, le terme "approfondi" prend tout son sens)
Retour à la fosse dans laquelle repose désormais notre malheureux compagnon,ci devant maîtresse d'un Jean Eudes trop ancré dans sa masculinitude pour avoir pris la mesure de la transformation fizik auto infligée par Firdaous, la perle du Djebel amer
Ses épaules sont voûtées sous le poids de l'incompréhension, on le suppose accablé tel un veuf
Une qui ne l'est pas, accablée, c'est la belle Vesna
Ses sœurs non plus d'ailleurs
Elles sont restées en arrière pendant la prière ainsi que la tradition l'exige
Elles ne se sont pourtant pas privées de jacter
Et, le rituel terminé, elles nous cramponnent, chacun par une aile, pour nous bousculer dans un coin isolé
Pas maintenant ma chérie ça serait pas chrestien

Mais qui vous parle de ça, mon bel ami ?
Non non il s'agit de notre itinéraire de repli, pas question de moisir ici
Ha pour la moisissure, il fait trop sec et y a trop d'soleil, mais j'accepte d'étudier la carte avec vous, après tout vous avez peut être raison, hors de question que nous finissions nos jours zici
Les femmes ont conscience qu'elles doivent en rabattre un peu, histoire d'éviter d'être prises pour des marâtres féministes, elles font tout de même remarquer qu'il est temps de laisser les chaouchs saoudards sur place, ils auront de quoi s'occuper avec le doganier jordanien et le chef de chantier arkeolojik membre du CNRS, nous on gardera le chat et les matelots persans s'ils veulent ( et ils veulent, tu penses, une gay pride à Paris, Berlin ou Barcelone, ça ne se refuse pas)
D'un ongle douteux nous suivons sur la carte leurs recommandations, on charge le pick-up bâché des défunts trafiquants d'esclaves, on laisse le humwee de Saladin à ses chaouchs, on embarque le chat, on fait nos adieux à nos compagnons, et hop, nous voici huit hommes et femmes plus un chat sur les chemins nabatéens, on remonte la vallée, on oblique un peu, pas trop rassurés quand même, en dépit du firman à nous donné par notre ami doganier moustachu
La meilleure façon de se déplacer c'est de jour, histoire de pas attirer l'attention des observateurs de la pouliss, là bas, un sujet du roi sur deux
On aura loupé les danses rituelles célébrant les funérailles mais on s'en remettra
Poursuivons dans notre périple, évitons les postes de contrôle, de toutes façons, le royaume hachémite n'est pas très motivé pour servir la soupe aux services secrets de son encombrant voisin saoudard et encore moins pour déférer aux requêtes de l'état hébreu, voisin encore plus encombrant
Nous arrivons à Hamann, typique des villes de la région, un centre crasseux, des bidonvilles palestoches, un kortier royal sur la colline où atterri l'hélico royal, suivi ou précédé de ses bédouins de choc, larguant des leurres thermiques en survolant la ville, ouiche, avec le nombre de miséreux revendicatifs qu'ils ont, notre présence est le cadet de leurs soucis

Et vazy, on s'enfonce entre les différentes frontières, pour déboucher au Liban, dans une zone provisoirement neutre, sans aucun kontrol étatique, para étatique ou même mafieux
Prudence donc,car en l'absence d'un pouvoir fort on sait ( ou plutôt on ne sait pas) de quoi est capable le simple quidam livré à lui-même et à ses passions
C'est donc avec une grande circonspection que nous voyons avancer vers nous une procession que l'on estime maronite, avec icônes et prêtre en noir, imposant patriarche à barbe blanche impeccable et soutane crasseuse, lequel nous demande avec amabilité si nous avons payé les taxes afférentes à notre présence ici même
Des taxes ?
Objecte Blumroch,quelles taxes ? Où donc est l'écriteau qui nous y convie ? Et quelles sont les peines pour les contrevenants ? Car j'imagine qu'il existe un vaste zyztem prévoyant un enfermement avec un barème et toussa ?
Je vois que vous êtes bien renseignés dit le cureton et je vais mieux vous éclairer mais permettez moi de me présenter

Nous sommes toutes ouïes
Me voici donc, père Athanase, de la vaillante communauté maronite du chouf , je sais, pour un arabophone, surtout un kabylophone, ça prête à confusion, non il n'y a rien à voir ici, pas qu'il y ait eu quoi que ce soit de plaisant ou de remarquable sur place
Bien, et tant que nous y sommes, votre contribution à la richesse commune sera de 100 thalers
C'est une somme,ergote Blumroch, d'autant que nous sommes assez démunis et assoiffés, est ce ainsi que vous en usez avec le voyageur aux pieds poudreux ?

En raclant nos fonds de poche on réunit la somme exigée
On est donc conduits au presbytère en compagnie du cureton et de ses sbires, qui nous encadrent d'assez prêt, surtout nos belles amies, ce qui vaut une mornifle d'anthologie au pègreleux qui tentait de pincer le gras du bras d'Erzebeth, la douce n'a pas l'air d'apprécier ce genre de privautés
Rendus à l'étape, une baraque crépie de blanc, murs nus, banquettes couvertes de tapisseries élimées, mobilier réduit à sa plus simple expression, Jean Eudes sort enfin de sa prostration et demande à père Athanase, mais quels sont vos moyens de cohercition pour pouvoir récupérer le prix du péage ?
Ma foi, nous avons la cohercition directe, le chantage, la séquestration...
Et ça marche ?
Parce que j'ai pas l'impression que vous rouliez sur l'or, dans votre communauté, témoin cet endroit
Il faut commencer petit, ce n'est point tant le lucre qui nous motive que l'impérieuse nécessité de pourvoir à l'équipement public, puits, canalisations,empierrage puis goudronnage des routes et chemins, si les choses évoluent favorablement pourquoi pas un dispensaire ?
En effet, vous avez borné vos ambitions
Et que nous proposez vous ?

Je pourrais vous proposer la lune mais vous n'y croiriez pas, avec raison, oserais je ajouter puisque je vous crédite d'une clairvoyance incomparable
On voit que Jean Eudes n'hésite jamais à passer la brosse à reluire, son parcours universitaire aidant, jamais négliger d'encenser un bonze qui pourrait vous renvoyer la nacelle
Les voilà donc à faire des appartees, des messes que l'on suppose basses, des clins d'œil complices,ma parole dans un instant ils vont se pacser ces deux là ?
C'est kobus, toujours lui, le sous doué, qui met les pieds dans le plat
Toussa ne nous dit pas comment on traverse mare nostrum pour rentrer à la maison
On y arrive, mon gaillard, on y arrive
Se tournant vers Athanase, Jean Eudes déclame "le garçu a bien résumé les choses,mare nostrum, antiquité, antiquité archéologues, archéologues tourisme, tourisme pognon, voilà, en quelques mots"
Nous allons donc fonder ici un site antique, phénicien de préférence puisqu'on connaît pas grand chose dessus, et mettre sur le coup tout ce que le CNRS compte de sommités,avez vous parmi vos gens un brave laboureur qui pourrait,du soc de sa charrue, déterrer le soubassement d'un habitat antique ?"
Si fait, déclare Athanase, Milad remplira cet office
On s'en va donc quérir le Mouloud libanisé, transformé en Milad par la sédimentation de siècles d'abus verbaux, Mouloud Mouloud moulid moulad Milad, voyez, la linguistique c'est simple, comme un bégaiement
Lequel Milad en question correspond à une caricature de berger corse,sarde ou sicilien, en tout cas, de méditerranéen velu, négligé et puant fortement du ku
Dire que nos rescapés du corps des pasdars tombent amoureux dans l'instant serait mentir, mais depuis qu'on s'est séparé des chaouchs saoudards et du doganier jordanien dans la vallée des nabatéens, ils sont revenus à leur promiscuité sessuelle habituelle, le tout aiguillonné par le refus obstiné de Blumroch de participer à leurs lupercales
Alors, un cradingue virilissime qui jacte pas le même idiome, tu penses si ça les secoue

Pendant ce temps, Jean Eudes peaufine sa démo
Après le CNRS, vous aurez plein de vieilles ménopausées de l'educ naze et des veuves d'inspecteur de cacadémie, plus des administrateurs retraités de la Camif et de la MNEF, bien qu'ils laissent peu de pourboires ça fait tout de même un sacré volume
Avec Athanase ils échafaudent sur le papier, un mauvais papier de récup, un rescapé d'emballage, et ça y va les additions
Abbas et Cyrus envisagent le laboureur Milad, et c'est pas Eros Ramazzotti, espère !
Un peu édenté, pas mal pouilleux, outrancièrement crado, c'est un dernier choix à la lotterie des coeurs solitaires
Mais on devine le volume de ses génitoires sous le coutil délavé de son pantalon de travail
Le chat n'en a cure, il se lèche sous la queue
Les autres membres de l'expédition se demandent à quoi rime cette compromission, compromission que Jean Eudes entretient avec Athanase
On tend l'oreille et on pige enfin lorsqu'il prétend régler certains détails moyennant l'obtention de faux papiers pour toute la troupe ou du moins un moyen de mettre de l'eau entre l'antique Byblos et nous
Requête qui n'est pas du goût d'athanase, on s'en doute, mais comme la pompe est amorcée, pas moyen pour lui de faire autrement que d'accepter,du bout des dents
Et vas y que je te recommande au trafiquant local, le mec qui fait difficilement son beurre avec la drogue et diverses contrebandes
Lequel trafiquant, jugeant l'affaire trop grosse pour lui, et assez mal engagée, préfère en référer à son grossiste en herbe ou en femmes ou en armes et munitions
Une chose en amenant une autre, nous voici en contact avec un séide de Bachar, auquel le renseignement israélien tient la bride très courte
Mais pas moyen de nous négocier, il préfère encaisser des thalers que de sentir son partenaire occasionnel lui être redevable
Et puis redevable en quoi, d'ailleurs ?
Il ignore tout de nous et souhaite continuer à tout ignorer de nous, ce qui le motive, on l'a dit, c'est le blé, la thune, le kaalis, la caillasse
Que nous ne possédons pas, évidemment

Rebondissement
Le mec nous demande "et pour notre petit arrangement financier ?"
Blumroch commet l'impair majeur, il énonce froidement "madame passera payer, mon brave, pas d'inquiétude, nous avons un bon crédit"
Il n'en faut pas plus pour que le walid, le boss quoi, nous prenne pour ce que nous sommes, des écornifleurs, des fauchés, prêts à l'escroquer, lui, le roi de l'escroquerie, on rêve, non ?
Il tape dans ses mains, le bawab paraît, un ordre bref, et ce sont deux costauds, musculeux testostéronés, avec le gras qui dépasse du col de chemise sur la nuque, les lunettes de soleil ecoplus, la barbichette entretenue à la tondeuse, on dirait des clones du roi du Maroc, et pourtant on est au machrek
Ni une ni deux, les bougres nous empoignent dans l'intention évidente de nous jetter aux fers ou du moins de nous molester
On regimbe, vous pensez bien, pas question que cette plèbe porte la main sur nos personnes
Mais on nous indique d'un mouvement de tête la pièce à côté
Nos belles compagnes et nos matelots persans sont assis, tout penauds, couverts par les armes d'autres mafieux libanais
Merdalors, on est obligés d'obtempérer et de précéder nos supposés geôliers dans les profondeurs d'une cave cimentée comme on en voit par ici, pas d'éclairage, des anneaux scellés dans le mur, des pétroglyphes dans le mur, témoignant probablement de la présence de malheureux nous ayant précédé
Un lourd silence s'abbat alors sur notre troupe
Accablés nous nous regardons les uns les autres
Que faire maintenant ?
Au bout de plusieurs heures, lorsque la viande est un peu attendrie, on extrait Jean Eudes de la cave
Il est propulsé sans ménagement à l'étage, entravé mais point aveuglé, assis sur un siège de fortune, avec une table en vilain bois brut devant lui
Un quinquagénaire un peu poussif, suintant et fortement méditerranéen, portant kippa, s'installe en face de lui
Parlez moi de ces vestiges phéniciens que vous avez découvert, lui sussure -t-il d'un air louche

Jean Eudes, comprenant qu'il a là une carte à jouer, refuse de répondre
Le suifeux qui lui fait face ( succession d'alliterations riches, j'adore) le menace de tortures
Jean Eudes reste obstinément coit
Qu'à cela ne tienne, on installe une chaîne stéréo, une paire d'écouteurs sur les zoreilles et vazy, à fond
Du rai, Cheb Mami dans les esgourdes
Au bout du centième passage de "parisiens du nord, vous m'avez trahi" Jean Eudes s'est endormi
On le réveille sans tendresse excessive, on le secoue, alors, parle, le commandant Alfons te l'ordonne !
Jean Eudes ouvre la bouche et dit alors "hep hep cheb cheb hep hep" soit exactement la série d'onomatopees qui constitue le morceau de muzak qu'on lui a passé sans relâche

Le suifeux le bouscule un peu, droite,revers, gauche
Pour s'entendre murmurer "parisiens du nord vous m'avez trahi parisiens du nord vous m'avez trahi...."
Ho merde, phénomène de redondance cyclique, il faut le réinitialiser
On va chercher un défibrillateur cardiaque pendant ce temps, Jean Eudes, la bave aux lèvres, répète sans discontinuer parisiens du nord parisiens du nord parisiens du nord parisiens du nord
L'équipe de gros bras pousse le matos dans la salle
Surprise, le commandant Alfon et Jean Eudes sussurent tous les deux, un peu à contre temps parisiens du nord parisiens du nord parisiens du nord, comme deux tourne disque éraillés
Ho patron,kes kis passe là kes kis s'passe ?
C'est le moment que choisissent les séquestrés dans la cave pour tenter le tout pour le tout, nos belles compagnes hébergent des pinces à cheveux dans leurs superbes tignasses, elles nous en font cadeau, nous crochetons la serrure de notre geôle par ce moyen, nous grimpons l'escalier de béton avec circonspection, un coup d'œil prudent dans la pièce des gardes, n'en reste qu'un, l'air inquiet, il a délaissé sa pétoire, un fusil qui envoie quand même des pruneaux à une cadence suffisante pour te hacher la carcasse
Le pauvre bougre est au téléphone, prenant ses instructions de son quartier général, le temps qu'il se retourne, il se trouve nez à nez avec son arme, tenue par un pasdar-matelot assez mécontent de sa séquestration, il esquisse un geste vers sa taille, où, nous supposons qu'il entrepose une arme de secours
Mauvais choix
Une courte rafale l'expédie ad patres, sans remords ni prières
Aussitôt ça bouge à côté
Des ordres fusent, des meubles sont renversés, une tête s'encadre dans la porte, mauvais choix là aussi, surtout pour le décorateur qui devra reprendre les coloris
Là, ça ne tergiverse plus, les pruneaux commencent à fuser de part et d'autre, le temps de tirer Abbas à l'intérieur, la porte est transformée en dentelle
Au bout d'un moment la fusillade s'arrête, dans des senteurs de cordite
On entend alors un chœur dissonant qui reprend de façon inlassable parisiens du nord vous m'avez trahi parisiens du nord vous m'avez trahi

Une détonation, une autre
Et toujours, de façon de plus en plus virulente, l'hymne de la racaille "parisiens du nord vous m'avez trahi, parisiens du nord vous m'avez trahi parisiens du nord vous m'avez trahi" à deux voix
On risque un œil
Deux cadavres, ceux des costauds qui molestaient jean Eudes, ils n'ont pas supporté le rythme incessant du rai et se sont fait sauter le caisson
Jean Eudes nous acceuille en souriant largement, à côté de lui, l'officier du contre espionnage raelien dodeline de la trogne en psalmodiant "parisiens du nord, vous m'avez trahi"
Puis il s'effondre sur sa chaise,sa kippa glisse sur son visage,ses teffilims se sont emmêlés autour de ses courtes cuisses charnues, la bave lui coule des coins de la bouche
Bon gû, la force du logos !
C'est rien de l'dire !
Vesna, le voyant encore entravé,se précipite vers lui, le serre dans ses beaux bras blancs et lui roule la galoche du siècle
Puis elle sort de son corsage ( en mes Cévennes familiales, on nomme ça "le fafatch") une paire de ciseaux de brodeuse et le libère de ses liens
On aura beau ergoter, la différenciation sexuelle, ça a du bon, comment un homme aurait -il pu planquer ça sur lui ?
À supposer, bien sûr, qu'il ai pu posséder un tel instrument, en général dévolu à nos compagnes, meilleure moitié de l'humanité ( voyez, pour autant que je sois masculiniste, je n'en reste pas moins galant)

Jean Eudes, tout transpirant, souffle et dit "c'était moins une que la transe du rai algeroalgérois me prenne moi aussi
Heureusement que les infâmes ont craqué avant moi
Et, libéré de ses liens, il enlace sa belle avec ferveur

On approuve
Le rai algeroalgérois c'est autre chose que la funk Hallemande, quoique cette dernière soit parfois puissante
Retour à nos problèmes immédiats, séquestration dans un bled libanais, plus un radis, pas la moindre idée de l'itinéraire à prendre pour tailler la route, des cadavres à dégager pour pouvoir espérer s'en sortir sans accusation kriminal, et en plus, charge d'âme ( on compte les pasdars et le chat, non les pasdars seulement, le chat se démerde seul, et nos compagnes ont prouvé leur indépendance d'esprit, leur débrouillardise et les ressorts de leur ressource, basés sur leurs plastiques sans défaut -pas seulement)
On jette un œil à la fenêtre, des fois que l'officier du renseignement raelien Alfons ai jugé utile de se faire accompagner
Une ombre bouge dans le jardin
Kobus épaule le flingot récupéré sur les ci devant geôliers et présentement cadavres
Il s'agit du chat
Chat qui fait des bonnes manières à un nouvel arrivant
Là, ça va plus, kobus verrouille le thorax de l'inconnu entre hausse et guidon, Emesse, doucement, relève le canon de l'arme
Ne tire pas, c'est une connaissance
Vous connaissez des gens ici,ma belle amie ?
Certes, c'est votre beau père transitoire, le père de notre demi soeur Szuzanna
Ha merde, comment a-t-il pu nous tracer jusqu'ici ? Ça relève du prodige
Les voix du sang, sans aucun doute, dit-elle, en désignant une autre silhouette, derrière, squelettique, la face ravagée par une acné rebelle, et l'air eflanqué, sous alimenté
Votre gamin, métis de vampyr et de néo vampyr
Kobus repose le flingue, respire à fond et déclare tout de go
Je n'ai jamais reconnu cet enfant, d'ailleurs il est trop vieux pour être le mien
On en est là de ces déclarations uxorales et patrimoniales lorsque une toux légère fait sursauter toulmonde
On se retourne
Szuzanna est là, un air terrible imprimé sur sa figure, toute séduction dehors, avec une simple chemise blanche de piposophe qui moule ses tétins érigés et une mèche qui tombe dans le corsage, suggérant plus qu'elle ne masque ( lorsque je veux, je fais du Pierre Benoît sans le savoir)

Situation tendue, on s'en doute
Beau papa s'avance, un air d'entre deux airs sur la trogne
Le mutant le suit de près, mais s'arrête à l'ombre d'un cèdre, on est au Liban après tout
Comme lors de leur première rencontre, il tire une chaise et se pose
Pensif il contemple ses chaussures puis relève la tête, dévisage ses filles et énonce "vous m'avez déçu, les filles"
Merde, déçu ?
Et pourquoi donc ?
Quel article du code civil,quel verset du coran ou du padamana impose de ne point décevoir son géniteur ?
Kobus se lève, s'insurge, tu penses, chevalier blanc !
L'autre veut le coucher d'une mornifle, comme auparavant, mais le kobus a un peu vécu, il anticipe, esquive et le grand karpatique se retrouve déséquilibré,plaf par terre comme une merdasse
On entend crrrraaaaccc, c'est probablement son col du fémur à moins qu'il ne s'agisse d'une vertèbre
En tout cas il git là dans la poussière, geignant, incapable de se relever, ce qui est mauvais pour sa dignité

alors là....Kobus exulte, j'l'ai bien eu, tiens, tu voulais me discipliner? dans l'os! t'avises pas de recommencer, pasque ce coup là t'auras droit à la riposte, et elle tombera pas de la main d'un malade!
contre toutes attentes, la piété filiale n'étouffe pas les filles, soeurs et demi soeurs
seule Vesna, la grande âme, se précipite aux pieds de son papounet
lequel tente de retrouver sa dignité en l'envoyant chier mais il est bien forcé de s'appuyer sur elle pour se redresser
on l'assoie donc
Kobus lui représente que "ces façons cavalières de traiter les gens, c'est fini, maintenant" un peu comme une pépite de la nation dévalisant un ancien ministre et lui collant une droite lorsque l'autre excipie de son kombat fraternel en faveur des minorités zopprimées
maintenant, pour le clou gamma ou la vertébroplastie de la première lombaire, on est loin des lieux idoines, va falloir endurer le transport, on a ici certainement de quoi vous soulager mais faudra pas s'accoutumer à la dope, hein?
c'est le moment que choisi l'officier du renseignement raëline pour se réveiller, il fixe, incrédule, la face du néo néo vampyr, fruit des amours transitoires de Kobus et de la très belle et carnassière Szuzana et hurle "élohim, bahal, élohim, à la rescousse rabbins de la cabale sacrée!", en tentant un geste conjuratoire vers le jeune vampyr
pas de bol, l'autre est hyperréactif
il lui saute dessus, et le saigne à la jugulaire en moins de deux
la caricature d'espion retombe au sol, flasque et blanche
encore un cadavre dont nous allons devoir disposer

 

03/10/2022

Un peu d'humour (30)

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Mobilier urbain

Sur une petite place de mon quartier la municipalité avait installé il y a quelques années des collecteurs de verre enterrés de façon à réduire au maximum l'impact visuel. Je ne sais pour quelle raison ils ont été assez rapidement mis hors service et remplacés par des classiques conteneurs en plastique bleu. Depuis peu ils ont à leur tour cédé la place à d'autres, verts avec un plaquage en bois, sans doute plus dans l'air du temps.

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Les nouveaux collecteurs avec, en métal à droite, l'ancien système enterré