01/09/2016
Servitude
"Je pense donc que l’espèce d’oppression dont les peuples démocratiques sont menacés ne ressemblera à rien de ce qui l’a précédée dans le monde ; nos contemporains ne sauraient en trouver l’image dans leurs souvenirs. Je cherche en vain moi-même une expression qui reproduise exactement l’idée que je m’en forme et la renferme ; les anciens mots de despotisme et de tyrannie ne conviennent point. La chose est nouvelle, il faut donc tâcher de la définir, puisque je ne peux la nommer.
Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie.
Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir ; il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?
Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société toute entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.
J’ai toujours cru que cette sorte de servitude, réglée, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux qu’on ne l’imagine avec quelques-unes des formes extérieures de la liberté, et qu’il ne lui serait pas impossible de s’établir à l’ombre même de la souveraineté du peuple."
Charles Alexis Clérel de Tocqueville
De la démocratie en Amérique (1840)
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31/08/2016
La différence
"La structure de la loyauté politique entre Arabes et entre musulmans a en général été l'opposé de celle qui prévaut dans l'Occident moderne. Pour ce dernier, l'État-nation est le parangon de la loyauté politique. Des loyautés plus restreintes lui sont subordonnées et sont subsumés dans la loyauté vis-à-vis de l'État-nation. Les groupes qui transcendent les l'États-nations - communautés linguistiques ou religieuses, ou civilisations - requièrent une loyauté et un engagement moins intenses. Le long du continuum qui va des entités les plus étroites au plus larges, les loyautés occidentales atteignent ainsi un sommet au milieu, la courbe d'intensité de la loyauté formant en quelque sorte un U renversé. Dans le monde islamique, la structure de la loyauté a été presque l'inverse. L'Islam connaît un creux au milieu de la hiérarchie de ses loyautés. Les "deux structures fondamentales, originales et durables", comme le notait Ira Lapidus, étaient la famille, le clan et la tribu d’une part, et “les unités formées par la culture, la religion et l’empire à plus grande échelle” de l’autre ».
[...]
Dans tout l'islam, le petit groupe et la grande foi, la tribu et la Oumma ont été les principaux foyers de loyauté et d'engagement. L'État-nation est bien moins important. Dans le monde arabe, les états existants rencontrent des problèmes de légitimité parce qu'ils sont pour la plupart les produits arbitraires, voire capricieux, de l'impérialisme occidental, et les frontières ne coïncident souvent même pas avec celles des groupes ethniques, comme c'est le cas chez les Berbères et les Kurdes. Ces états ont divisé la nation arabe, mais, d'un autre côté jamais un État panarabe n'a pu se matérialiser. En outre l'idée d'État-nation est incompatible avec la croyance en la souveraineté d'Allah et la primauté de la Oumma. En tant que mouvement révolutionnaire, le fondamentalisme islamiste rejette l'État-nation au profit de l'unité de l'islam, tout comme la marxisme le rejetait au profit de l'unité du prolétariat."
Samuel P. Huntington
Le Choc des civilisations
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Patrimoine
Le site Monumentum localise tous les monuments historiques de France par département.
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30/08/2016
Les marraines
En fait, cette société, l'UE et tout ce qui a suivi : la soumission au mondialisme, la disparition de la nation, la paupérisation des salariés, l'immigration massive, etc. nous les devons à quoi ? Oublions les prétextes lénifiants sur la réconciliation, la paix universelle et perpétuelle, l'abolition des frontières aliénantes et autres fadaises pour gogos ; nous avons voté pour Maastricht pour du pognon, parce qu'on nous a promis que l'économie irait mieux avec le libre échange. Bien sûr, c'était joliment emballé, mais ça n'allait pas plus loin.
Étions-nous pour autant malheureux quand nous avons donné ce blanc-seing à nos dirigeants ? Point, nous étions même très riches au regard du reste du monde et des générations précédentes, riches mais avides. Entrés depuis quelques petites décennies dans la société de consommation nous voulions encore plus, le gâteau à se partager apparaissait gigantesque, sinon infini comme le progrès qu'on nous a tant vanté.
Et qui ont été les petites mains pour nous faire avaler la pilule et déconstruire le pays de notre enfance et de nos aïeuls ? Tout ce que la société comptait d'intellectuels gauchistes, d'aigris, de déviants et de combinards qui vomissaient l'ancien monde. Sous couvert de bons sentiments, d'ouverture à l'autre, de libération des opprimés, ils nous ont livré pieds et poings liés à nos bourreaux après avoir pris soin de s'être débarrassés de nos anciennes protections.
Certains s'étonnent naïvement que les choses ont l'air de prendre une sale tournure alors que tout se décide aujourd'hui à l'aune des droits de l'Homme et au nom de la Liberté et que l'Union Européenne nous avez promis la paix et la prospérité. Pourtant qui a-t-il de surprenant à ce qu'une société qui est née et a grandi sous le parrainage de la cupidité et de la haine se délite dans le déshonneur et l'ordure ?
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29/08/2016
Féministes
21:13 | Lien permanent | Commentaires (2)
Je plussoie (8)
Le monde moderne est plein de vieilles vertus chrétiennes devenues folles.
G.K. Chesterton
Quand on est jeune, on se figure que vieillir, c'est se désagréger dans un monde qui dure. Quand on vieillit, on pense que vieillir, c'est durer dans un monde qui se désagrège.
Alexandre Vialatte
Le bon peuple veut des modèles, et l'on s'obstine à lui présenter des miroirs.
Charles Maurras
A une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire.
George Orwell
14:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
Burkini
Qu'est-ce qui empêche monsieur Dupont d'aller se promener sur une plage et de se baigner en complet-veston si le cœur lui en dit ? Rien. Aucune loi, seulement les aspects pratiques et le bon goût, peut-être ; alors, franchement, que des femmes musulmanes aillent profiter du soleil avec leur tenue NBC aux couleurs chatoyantes m’indiffère totalement. Nous sommes une société multiculturelle, bon sang ! On l'a voulue, on l'a. Le pouvoir nous manipule encore une fois en faisant mine de s’intéresser à la chose au nom de la laïcité. Ça leur fera un sujet de conversation au prochain dîner du CRIF ou à la prochaine réunion du GODF. Le plus malheureux c'est qu'une partie la dissidence se passionne pour le sujet, prêt à célébrer la victoire en cas d'interdiction. Pour un peu elle croirait qu'elle y est pour quelque chose.
09:20 | Lien permanent | Commentaires (15)