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La Lice et sa Compagne
Une lice étant sur son terme,
Et ne sachant où mettre un fardeau si pressant,
Fait si bien qu'à la fin sa compagne consent
De lui prêter sa hutte, où la lice s'enferme.
Au bout de quelque temps sa compagne revient.
La lice lui demande encore une quinzaine ;
Ses petits ne marchaient, disait-elle, qu'à peine.
Pour faire court, elle l'obtient.
Ce second terme échu, l'autre lui redemande
Sa maison, sa chambre, son lit.
La lice cette fois montre les dents, et dit :
« Je suis prête à sortir avec toute ma bande,
Si vous pouvez nous mettre hors. »
Ses enfants étaient déjà forts.
Ce qu'on donne aux méchants, toujours on le regrette.
Pour tirer d'eux ce qu'on leur prête,
Il faut que l'on en vienne aux coups ;
Il faut plaider, il faut combattre.
Laissez-leur prendre un pied chez vous,
Ils en auront bientôt pris quatre.
Jean de La Fontaine
04/04/2006 | Lien permanent
Par l'exemple
L'histoire du meurtre de Kitty Genovese est connue pour être un terrible exemple de l'indifférence des témoins devant une agression. En effet, la victime aurait été poignardée à mort devant 38 témoins sans que personne, non seulement n'intervienne, mais ne prévienne la police. Des psychologues ont étudié cette affaire (elle a même donné la théorie de l'effet du témoin) qui a engendré des adaptions plus ou moins fidèles au cinéma, à la télévision et en littérature. Seulement voilà ! des chercheurs (comme Rachel Manning, Mark Levine et Alan Collinsse ou Joseph De May) se sont penchés sur les faits originels et il se trouve que l'histoire communément admise est erronée, il n'y avait que 6 témoins qui n'ont semble-t-il pas pris conscience de la gravité de la situation et au moins l'un d'entre eux a prévenu la police. Cette histoire prouve, comme pour l'histoire de la dent d'or de Fontenelle, qu'il faut se garder de théoriser sur quoi que ce soit avant en avoir étudié scrupuleusement les sources.
24/08/2012 | Lien permanent | Commentaires (6)
L'Étranger
L'étranger qui passe mon portail,
Il peut être sincère ou aimable,
Mais il ne parle pas ma langue,
Je ne peux pas connaître son esprit
Je vois son visage et ses yeux et sa bouche,
Mais pas l'âme qui est derrière.
Les hommes de mon propre sang,
Ils peuvent faire le mal ou le bien,
Mais ils disent les mensonges que je connais.
Ils connaissent les mensonges que je dis,
Et nous n'avons pas besoin d'interprète
Lorsque nous allons acheter et vendre.
L'étranger qui passe mon portail,
Il peut être mauvais ou bon,
Mais je ne peux pas dire quel pouvoir le contrôle
Quelle raison gouverne son humeur ;
Ni quand les dieux de son lointain pays
Reprendront possession de son sang.
Les hommes de mon propre sang
Ils peuvent être très mauvais,
Mais au moins ils entendent les choses que j’entends
Et voient les choses que je vois ;
Et quoi que je pense d'eux et de leurs goûts
Ou qu'ils pensent de mes goûts.
C'était la croyance de mon père
Et c'est aussi la mienne :
Le grain doit former une seule gerbe
Et la grappe doit donner un seul vin,
Et nos enfants doivent se faire les dents
Sur le pain dur et le vin.
Rudyard Kipling
02/11/2009 | Lien permanent | Commentaires (9)
Des # et des larmes...
Les attentats de Paris, Berlin, Bruxelles, Nice, Londres, Stockholm, dans le désordre et j'en oublie ; la faute à l’immigration-invasion musulmane, à la disparition des frontières, à notre politique agressive inconsciente au Proche et Moyen-Orient ? Pensez-vous ! Juste les retombées du remodelage du monde pour qu'il soit meilleur. Les étrangers sont eux chez nous comme disait l'autre et il faut bien chasser les tyrans moisis aux mains dégoulinantes de sang pour les remplacer par une génération de dirigeants incorruptibles, soucieux des intérêts du peuple et pétris d'idées progressistes. Les attentats ne sont qu'un mauvais moment à passer, et puis c'est un peu notre Blitz à nous. Serrons les dents et les fesses, allumons des bougies et nous vaincrons comme nos aïeux ont jadis terrassé Satan venu sur terre en passant par l'Autriche. Les choses finissent toujours bien, c'est François Hollande ou un scénariste d'Hollywood, je ne sais plus, qui l'a dit.
09/04/2017 | Lien permanent | Commentaires (3)
C'est vu (23)
Dans Instincts de survie de Jaume Collet-Serra une jeune américaine fait du surf sur une plage isolée au Mexique. Bientôt elle se retrouve isolée sur un récif assiégé par un requin ; un grand blanc, évidemment. Si l'histoire ne commence pas trop mal, Blake Lively et les vagues sont cinégéniques, le lieu quasi désertique et le cadavre de la baleine distille une subtile angoisse, elle tourne vite à vide avec son lot d'invraisemblances. L'héroïne qui collectionne les blessures provoquées par le requin, les coraux, les rochers et les méduses garde une forme olympique, le requin gavé de la carcasse du cétacé qui aurait dû regagner le large mais préfère tourmenter la malheureuse nageuse et finit par devenir un monstre apocalyptique bravant les flammes, tordant des armatures métalliques avec ses mâchoires, se faisant pourtant tuer stupidement, et j'en passe. Dommage que 40 ans après Les dents de la mer Hollywood en soit encore là.
19/08/2016 | Lien permanent | Commentaires (11)
Champ d'étoiles (28)
Jeudi 12 août 2004
25me étape (1re de cette année) – De Burgos à Hontanas - Environ 31 km
Temps variable sans pluie avec beaucoup de vent.
Nuit affreuse, mon lit était près des sanitaires. Malgré l'extinction des feux, brossages de dents jusqu'à plus de 23h et tirages de chasse pour petites et grosses commissions. Beaucoup de bruit. Je me lève avec un mal de tête. Un café et je pars. Le vent de face est pénible dans un paysage vide couleur paille. J'arrive à Hontanas fatigué mais content d'avoir parcouru une aussi longue étape pour la première de l'année. J'ai le choix entre le refuge municipale et le refuge privé, je choisis le 2me pour 3 €. Je suis très bien logé, c'est propre, il y a deux dortoirs de 10 lits et de l'espace. Nous sommes loin de l'entassement de Burgos. Après une sieste, je suis plutôt en forme. Je discute avec un Hongrois anglophone, publicitaire à Budapest. Je dîne avec Welma, une Italienne, et Rom (Romuald), un Australien qui habite près de Hanging Rock. Discussion assez amusante par son multilinguisme.
18/10/2015 | Lien permanent
Un peu de poésie
Delfica
La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance,
Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,
Sous l'olivier, le myrte, ou les saules tremblants,
Cette chanson d'amour... qui toujours recommence !
Reconnais-tu le Temple, au péristyle immense,
Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents ?
Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,
Où du dragon vaincu dort l'antique semence.
Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours !
Le temps va ramener l'ordre des anciens jours ;
La terre a tressailli d'un souffle prophétique...
Cependant la sibylle au visage latin
Est endormie encor sous l'arc de Constantin :
- Et rien n'a dérangé le sévère portique.
Gérard de NERVAL
18/07/2016 | Lien permanent | Commentaires (9)
Éternité
Un des fuyards se retourna et décocha sans viser une flèche avant de prendre les jambes à son cou. Apollinadès tomba raide mort. La flèche lui avait traversé la nuque et lui était ressortie par la bouche au moment où il se tournait pour haranguer les soldats. S’écroulant dans la poussière, ses dents se brisèrent sur cette langue de fer. Toute la scène n’avait duré qu’un instant, drame violent, ramassé en profondeur, pur comme un profil de médaille antique.
J’ai toujours pensé que la mort était une chose laide et surtout insignifiante, mais là, dans ce paysage désertique, nu, je me dis qu’elle avait du caractère, qu’elle était un achèvement grâce auquel l’homme devient une partie intégrante de l’Histoire. Je pensai à ses jeunes héros de la Grèce. Dans son sacrifice inutile, Apollinadès les avait rejoints, ainsi que Léonidas et ses Spartiates, les phalanges d’Alexandre et les légionnaires des Césars. Je le revois encore s’élancer vers la mort comme s’il courait retrouver son épouse. Ah, Apollinadès, j’envie ta vie si droite et nette, sans ornement ni artifice, toute tendue vers un seul but ! Cette existence où il n’y a rien à ajouter ni à retrancher. Quel artiste tu as fait ! Aujourd’hui, la mort t’éteint, mais tu ne t’éteins pas. Aujourd’hui, tu quittes une lumière pour une autre lumière. Les uns diront que tu es mort, les autres que tu as été tué. Mensonge. Tu as ouvert la porte de ton ombre et tu y es entré.
Joseph Macé-Scarron
Trébizonde avant l’oubli
29/05/2012 | Lien permanent | Commentaires (10)
Taggus interruptus
Je n'avais jamais vu quelqu'un faire un tag. Comme tout le monde, j'ai vu des tags, des graffs et ce genre de bariolage urbain mais jamais quelqu'un en faire un. Ce soir donc, en rentrant du cinéma, j'ai enfin vu un tagueur à l’œuvre. Il était face à un rideau métallique encore vierge des gribouillis qui constellaient toutes les parois verticales de la rue ; et il était semblable à l'idée que je m'en faisais : jogging-baskets-sweet à capuche. Il a agité sa bombe de peinture, et tout absorbé par sa calligraphie il ne m'a pas entendu arriver sur l'autre trottoir. J'ai donc eu tout le loisir de sortir mon .22LR de son étui et de l'ajuster. "NIKE LA", il en était à tracer la barre horizontale du "A" quand j'ai sifflé pour le faire se retourner, doucement, entre les dents. Tirer dans le dos, je n'aime pas vraiment. Il a pivoté prestement prêt à fuir ou à se défendre, et j'ai tiré, deux fois très rapidement, dans la zone sombre que sa capuche formait sur son visage. Il a eu un petit mouvement de la tête vers l'arrière, rien de très spectaculaire, et il a glissé le long du rideau métallique. Le sang faisait un petit disque irrégulier au dessus du "A", un peu comme ce qu'on appelle un rond en chef dans certains alphabets scandinaves. "NIKE LA", qui appelait-il à "niker" ; la police, la justice, la France ? J'aurai dû attendre un peu.
10/11/2011 | Lien permanent | Commentaires (10)
Taggus interruptus
Je n'avais jamais vu quelqu'un faire un tag. Comme tout le monde, j'ai vu des tags, des graffs et ce genre de bariolage urbain mais jamais quelqu'un en faire un. Ce soir donc, en rentrant du cinéma, j'ai enfin vu un tagueur à l’œuvre. Il était face à un rideau métallique encore vierge des gribouillis qui constellaient toutes les parois verticales de la rue ; et il était semblable à l'idée que je m'en faisais : jogging-baskets-sweet à capuche. Il a agité sa bombe de peinture, et tout absorbé par sa calligraphie il ne m'a pas entendu arriver sur l'autre trottoir. J'ai donc eu tout le loisir de sortir mon .22LR de son étui et de l'ajuster. "NIKE LA", il en était à tracer la barre horizontale du "A" quand j'ai sifflé pour le faire se retourner, doucement, entre les dents. Tirer dans le dos, je n'aime pas vraiment. Il a pivoté prestement prêt à fuir ou à se défendre, et j'ai tiré, deux fois très rapidement, dans la zone sombre que sa capuche formait sur son visage. Il a eu un petit mouvement de la tête vers l'arrière, rien de très spectaculaire, et il a glissé le long du rideau métallique. Le sang faisait un petit disque irrégulier au dessus du "A", un peu comme ce qu'on appelle un rond en chef dans certains alphabets scandinaves. "NIKE LA", qui appelait-il à "niker" ; la police, la justice, la France ? J'aurai dû attendre un peu.
09/12/2014 | Lien permanent | Commentaires (2)