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16/03/2010

Via crucis

La nuit dernière j'ai fait un rêve assez curieux.

Je déplaçais quelques grosses pierres au pied d'un haut mur blanc situé à ma gauche, quand une voix derrière moi m'expliqua que l'on ne pouvait plus faire de films sur la Passion du Christ dans les lieux mêmes car plus rien n'était comme à l'époque mais qu'il fallait venir pour s'imprégner de l'atmosphère. J'approuvai et je continuai à avancer. Après avoir dépasser le mur je pouvais voir sur ma gauche une ville couleur sable que je savais être Jérusalem. Je regardai en face de moi et constatai qu'une petite colline émergeait du paysage aride ; j'étais sur le Chemin de Croix et bientôt je me sentis envahi d'émotion jusqu'aux larmes.

14/03/2010

Ma carabine

[...] C'est moi, c'est moi. (Lorsqu'il accroche les tableaux, on s'aperçoit que ceux-ci représentent un vieillard, une grosse femme, un autre homme. La laideur de ces portraits contraste avec les têtes des rhinocéros qui sont devenues très belles. Bérenger s'écarte pour contempler les tableaux.) Je ne suis pas beau, je ne suis pas beau. (Il décroche les tableaux, les jette par terre avec fureur, il va vers la glace.) Ce sont eux qui sont beaux. J'ai eu tort ! Oh, comme je voudrais être comme eux. Je n'ai pas de corne, hélas ! Que c'est laid, un front plat. Il m'en faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. Ça viendra peut-être, et je n'aurai plus honte, je pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! (Il regarde les paumes de ses mains.) Mes mains sont moites. Deviendront-elles rugueuses ? (Il enlève son veston, défait sa chemise, contemple sa poitrine dans la glace.) J'ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d'un vert sombre, une nudité décente, sans poils, comme la leur ! (Il écoute les barrissements.) Leurs chants ont du charme, un peu âpre, mais un charme certain ! Si je pouvais faire comme eux. (Il essaye de les imiter.) Ahh, Ahh, Brr ! Non, ça n'est pas ça ! Essayons encore plus fort ! Ahh, Ahh, Brr ! non, non, ce n'est pas ça, que c'est faible, comme cela manque de vigueur ! Je n'arrive pas à barrir. Je hurle seulement. Ahh, Ahh, Brr ! Les hurlements ne sont pas des barrissements ! Comme j'ai mauvaise conscience, j'aurais dû les suivre à temps. Trop tard maintenant ! Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre. Hélas, jamais je ne deviendrai un rhinocéros, jamais, jamais ! Je ne peux plus changer. Je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas. Je ne peux plus me voir. J'ai trop honte ! (Il tourne le dos à la glace.) Comme je suis laid ! Malheur à celui qui veut conserver son originalité ! (Il a un brusque sursaut.) Eh bien tant pis ! Je me défendrai contre tout le monde ! Ma carabine, ma carabine ! (Il se retourne face au mur du fond où sont fixées les têtes des rhinocéros, tout en criant :) Contre tout le monde, je me défendrai, contre tout le monde, je me défendrai ! Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu'au bout ! Je ne capitule pas !

 

Rideau

 

Eugène Ionesco

Rhinocéros

13/03/2010

LGBT

Nous serions tous des homos en puissance, il suffirait d'une occasion...

 

Version bobo : Chloé d'Atom Egoyan

 

Version terroir : Ander de Roberton Caston

 

Le tour de France du patrimoine (choix absolument arbitraire) : Boissey le Chatel (27)

Le Château de Tilly

 

12/03/2010

Sans paroles

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Adrian Gottlieb

Tatianas repast

Gauchiste d'antan

De toute manière, Marseille, en tant que ville, a un splendide avenir ; de grandes choses s'y préparent, un aspect cosmopolite de la civilisation y est en genèse. 

Ludovic Naudeau

La France se regarde. Le problème de la natalité (1931)

11/03/2010

Vivant

 Le soleil baissait vers l'horizon, inondant de clarté les plaines verdoyantes, tachées de place en place par l'or des colzas en fleur, et par le sang des coquelicots. Une quiétude infinie planait sur la terre tranquille où germaient les sèves. La carriole allait grand train, le paysan claquant de la langue pour exciter son cheval.

Et Jeanne regardait droit devant elle en l'air, dans le ciel que coupait, comme des fusées, le vol cintré des hirondelles. Et soudain une tiédeur douce, une chaleur de vie traversant ses robes, gagna ses jambes, pénétra sa chair ; c'était la chaleur du petit être qui dormait sur ses genoux.

Alors une émotion infinie l'envahit. Elle découvrit brusquement la figure de l'enfant qu'elle n'avait pas encore vue : la fille de son fils. Et comme la frêle créature, frappée par la lumière vive, ouvrait ses yeux bleus en remuant la bouche, Jeanne se mit à l'embrasser furieusement, la soulevant dans ses bras, la criblant de baisers.

Mais Rosalie, contente et bourrue, l'arrêta. « Voyons, voyons, madame Jeanne, finissez ; vous allez la faire crier. »

Puis elle ajouta, répondant sans doute à sa propre pensée : « La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit. » 

 

Guy de Maupassant

Une vie