15/04/2020
Historiettes, contes et vaticinations (2)
Une petite histoire déjà mise en ligne sur ce blog le 06/11/2007 :
La nouvelle
On avait retrouvé son corps sans vie dans une impasse d'une petite ville de province. Immédiatement la nouvelle fit grand bruit : le gouvernement dépêcha des chercheurs du CNRS et des agents des RG, l'OTAN des militaires des services spéciaux, le Vatican des experts en démonologie et les plus grand journaux envoyèrent leurs reporters les plus médiatiques. Le surlendemain, les autorisations étant arrivées, on procéda même à une autopsie, qui d'ailleurs ne donna pas grand chose - à la décharge des médecins, on remarquera que l'anatomie des créatures infernales n'est pas enseignée en Faculté. On se réunit pour délibérer et malgré l'incongruité de la chose on finit tout de même par accepter l'inacceptable : on avait affaire à la dépouille mortelle du Seigneur des Ténèbres, Satan lui-même. Les croyants y virent une preuve flagrante de la toute puissance de Dieu et les athées une gigantesque supercherie de plus.
Puisque, comme il était à prévoir, aucun membre de la famille ne vint réclamer le corps la décision de s'en débarrasser fut prise par le conseil municipal. Entre les partisans de l'évidente crémation et ceux de l'inhumation le débat fut quelque peu houleux, mais les seconds finirent par l'emporter et on le mis en terre sous une simple dalle de béton à laquelle on ajouta une croix sur demande expresse de sa Sainteté le Pape ; après tout, même rebelle, l'Ange déchu était une créature de Dieu.
Mais de quoi était-il mort ? Les avis ne manquaient pas, sans qu'aucun ne parvint à convaincre réellement. Quelques-uns firent remarquer que le cadavre était dans un triste état à sa découverte : les grandes ailes membraneuses étaient sales et déchirées par endroits, le corps était maigre et l'ensemble donnait une impression d'abandon et de négligence. Peut-être, tout simplement las de lutter, avait-il rendu à Dieu son âme noire et tourmentée. En fait peu importait, les médias - et subséquemment le public - se désintéressèrent bientôt de cette affaire et reprirent leur routine de grèves, d'émeutes, de conflits sociaux en tout genre, d'affaires crapuleuses, de crimes ignobles, d'attentats, de menaces de guerre, de conflits exotiques, de famine, de massacres et de toutes ces preuves qui tendraient à prouver que, Satan ou pas, l'humanité savait très bien se débrouiller toute seule.
09:19 | Lien permanent | Commentaires (8)
14/04/2020
Complot
"Chercher le complot ne revient-il pas le plus souvent à nier la réalité ? […] Retrouver du sens à tout prix en raccrochant les faits historiques à un fil directeur unique, un fil directeur qui fournit à l’opinion publique une clé de décryptage d’un événement paraissant absurde ? Un fil directeur qui rassure parce qu’il explique le chaos."
François Pernot
Qui a vraiment tué Henri IV ? in l'article de Wikipédia Assassinat d'Henri IV
11:56 | Lien permanent | Commentaires (32)
Chronique du temps de la Covid-19 (16)
Hier j'ai failli jeûner - je dramatise un peu, en fait il devait bien me rester quelques boites de conserve. En effet je me refuse à faire des réserves alimentaires et j'avais oublié que nous étions le lundi de Pâques, les jours ayant la fâcheuse tendance à se ressembler. Après avoir trouvé ma supérette habituelle portes closes je me suis rendu à une autre pourtant de la même enseigne mais à l'équipe majoritairement d'origine maghrébine et que je sais ouverte le dimanche et les jours de fête. Grâce à cette version actualisée de "l'Arabe du coin" j'ai pu faire quelques courses.
09:32 | Lien permanent | Commentaires (0)
13/04/2020
Carte blanche (17)
Laissée à EQUALIZER (sixième partie) :
OPERATION ARC-EN-CIEL (2)
Code Arlequin, "des fleurs pour maman"... l'équipe au complet s'était retrouvée.
Répartie en deux véhicules, une camionnette du célèbre traiteur Félix Popotin et l'autre Maison Pètrochian, caviar, réceptions. Ces véhicules avaient leur quasi entrée libre à la Grande Mairie... tant s'y succédaient les soirées avec buffet garni d'abondance des meilleurs mets et crus fournis par Nic’lolas, vins et spiritueux. Le contribuable payait, même en dettes. Il n'avait pas été difficile de prendre en filature la Tesla noire à cocarde aux armes de la Ville... dont le rétroviseur était orné d'un imposant ruban arc-en-ciel (symbole gay friendly) et d'entrer à sa suite dans le parking. Le vigile à la nonchalance tropicale leva à peine un œil de son journal de turf... savoir quel bourrin arriverait gagnant ou placé ? À l'emplacement VIP se trouvait l'ascenseur qui menait directement aux appartements privés de "Maman". Les deux body-buildés ont bien vu les livreurs mais c'était la routine alors... Maman portait un tailleur noir ajusté qui ne dissimulait pas ses formes débordantes. Au moment où l'ascenseur arrivait les livreurs avaient encadré le trio. Les shockers électriques ont crépité "en même temps"...
Je l'ai ! - dit Tipunch - en soutenant Maman une main sous chaque sein... la prise était bonne... Grobec et Vanpa tenait le chauffeur affalé... Baron et Le kabyle mettait déjà à poil le garde du corps... regardez-moi ça, nos mignons ont des jolis joujoux, et de brandir une paire de Glock-26. Retrait des chargeurs, de la cartouche chambrée, et "in the pocket": confiscation ! Pas de temps à perdre, il fallait charger Maman dans le véhicule Félix Popotin. Les deux gardes-chauffeurs, bouches et yeux fermés au ruban adhésif, bras et jambes ligotés par des menottes en plastique. Le kabyle couvrait les arrières... Mémaire Indigo la tête recouverte d'une cagoule 'cuir sado-maso', verrouillée à la nuque par un cadenas, émettait quelques onomatopées indéchiffrables, en soutif moulant ses gros nibards et sa culotte de dentelle, elle était encore 'bonne' même avec son cul dodu... la cagoule ne comportait aucune ouverture, ni yeux ni oreilles, ni bouche... juste une mince fente impénétrable pour assurer la respiration. Il n'était pas question de faire mourir l'édile. C'eut été mal venu et aurait mis à dos une part non négligeable de la gente féminine... déjà que ça allait forcément couiner !
La sortie n'avait pas posé de problème... jusque là tout se passait au mieux, grâce à l'action souterraine des "petites mains" de la résistance. Un réseau diffus de citoyens trop heureux de donner un coup de pouce aux "Patriotes", soit en regardant ailleurs ou traînant les pieds, ou laissant tout bêtement une porte non verrouillée (négligence !) ou perdre un passe d'accès (tête de linotte !) ou couper par inadvertance le circuit des caméras de surveillance (maladresse !) et c'est dans ce semi-boxon qui durait depuis des années que les sous-sous-traitants des sous-traitants de boîtes de maintenance sabotaient le boulot parfois sciemment, généralement par un jemenfoutisme chronique... vu que les administrations payaient au lance-pierre... les intérimaires passaient plus de temps à regarder leur smart-phone qu’à bosser sérieusement.
Les deux camionnettes allèrent bon train jusqu'à un hangar de la zone nord-est de Paris pour y être abandonnées. Le quintette se réparti entre le Mercedes Vito noir (avec mamie) et une ancienne classe A, qui n'attendaient qu'eux. En route vers un camp de migrateurs, deux cent Qi-70 sub-afro environ sur lesquels régnait Babacar et sa bande. Camel et Tipunch avaient établi le lien. L'échange se fit à l'entrée du Camp. Attention dit Camel, seulement "Tchi-Tchi" hein, pas “la mort” hein !? surtout pas !!! tu passes avant les autres si tu veux, tu la gardes 24h pour que tes mort-de-faim lui fassent le plein de zobiline, mais pas de sévices, pas de coups ! "Oui mon fwère!"... et après tu prends la voiture garée à cinquante mètres, la Clio blanche, ça c'est la clé. Et tu la laisses Porte de Coin-coin avec la dame dedans vivante bien sûr !!!... voilà le flous 5 000 zozo... ça c'est la clé d'une consigne Gare du Nord, le numéro est dessus. Quand on aura entendu à la radio qu'elle a été laissée sauve y'aura encore 5 000 pour toi dans la consigne. "Compwi patwon !!! à ce pwix là weviens quand tu veux !...
Le retour était joyeux... cette garce avait bien fait chier son monde pour satisfaire la boboterie... emmerder ceux qui travaillent, habitent extra-muros mais votent pas dans Sa ville. Elle avait tant fait pour tous les clandos du monde que finalement, puisqu'elle les aimait tant, elle allait être comblée pour de bon! dans moins de quarante-huit heures le bordel allait commencer !
On allait en entendre ! Bientôt...
20:29 | Lien permanent | Commentaires (16)
Historiettes, contes et vaticinations
Une petite histoire déjà mise en ligne sur ce blog le 15/06/2009 :
Les experts
Les derniers arrivés n'avaient que quelques minutes de retard, personne ne voulant manquer pareil rendez-vous. Maintenant que l'aréopage était au complet, ils purent prendre place autour de la grande table, chacun sortit bientôt un épais dossier de sa serviette et le posa devant lui. Il y avait là un sociologue, un historien, un économiste, un ethnologue, un géographe, un théologien, un géologue, un physicien, un botaniste, un sismologue, un climatologue et un astronome ; tous, bien-sûr, faisant autorité dans leur domaine respectif. Le débat put donc commencer.
En fait de débat, il y eut un inattendu et étrange consensus, chacun écoutant l'autre, ne se permettant tout au plus qu'une question d'approfondissement de loin en loin. Tout aussi curieux, malgré la diversité des spécialités, toutes les thèses, les théories et les spéculations semblaient se compléter magnifiquement, s'éclairer les unes les autres ; un graphique montré par le botaniste correspondait de prodigieuse manière à l'exposé du sismologue, l'exemple choisit par l'astronome illustrait superbement la thèse du sociologue. Ce n'était que hochements de tête d'acquiescement et moues d'admiration ; devant tant de reconnaissance par de pareilles sommités, celui qui avait la parole finissait son élocution dans une sorte d'extase, un sourire béat sur les lèvres. Il se rasseyait ensuite, sous les applaudissements discrets mais unanimes des autres. Tous défilèrent ainsi, se voyant confortés dans leurs idées.
Les heures passaient et chacun étaient sur un petit nuage loin du vulgaire aux pieds lourds, l'ingrat qui se moquait évidement de la magie du moment alors que c'était aussi et même surtout pour lui qu'ils étaient réunis. Quand chacun eut fini, la brillante assemblée eut toutes les peines à s'arracher à tant d'érudite ivresse. Hélas, le moment était venu de se quitter. Il fallait se convaincre qu'on devait ranger ses documents et se lever pour partir. On se serrait la main longuement, on échangeait quelques mots l’œil humide, certains se donnaient l'accolade. Tous étaient conscients de cet instant historique, unique, qu'ils venaient de vivre : ils avaient réussi à déterminer de manière indubitable et avec précision pourquoi et comment la fin du monde était survenue. Quand ils quittèrent enfin le souterrain où avait eu lieu le rendez-vous, ils retrouvèrent leurs réflexes de survie et s'éparpillèrent en courant parmi les ruines.
16:23 | Lien permanent | Commentaires (13)
Musique (531)
Les tendres souhaits, un poème de Charles-Henri Ribouté (XVIIIe) sur une musique d'Antoine Albanèse et interprété par Le Poème Harmonique
Que ne suis-je la fougère,
Où, sur la fin d'un beau jour,
Se repose ma bergère,
Sous la garde de l'amour ?
Que ne suis-je le zéphyr
Qui rafraîchit ses appas,
L'air que sa bouche respire,
La fleur qui naît sous ses pas ?
Que ne suis-je l'onde pure
Qui la reçoit en son sein ?
Que ne suis-je la parure
Qui la couvre après le bain ?
Que ne suis-je cette glace,
Où son minois répété,
Offre à nos yeux une grâce,
Qui sourit à la beauté ?
Que ne puis-je par un songe,
Tenir son cœur enchanté ?
Que ne puis-je du mensonge
Passer à la vérité ?
Les dieux qui m'ont donné l'être,
M'ont fait trop ambitieux.
Car enfin je voudrais être,
Tout ce qui plaît à ses yeux.
13:20 | Lien permanent | Commentaires (40)
12/04/2020
Lieux en déshérence (9)
La photographe américain Pablo Iglesias Maurer a retrouvé des infrastructures touristiques des années 60 laissés à l'abandon à partir de cartes postales de l'époque. Il s'est ensuite efforcé de prendre des clichés sous le même angle. Le résultat est assez fascinant.
19:20 | Lien permanent | Commentaires (8)