25/04/2020
Chronique du temps de la Covid-19 (18)
En prêtant l'oreille j'ai enfin entendu l'ovation de 20 heures au personnel soignant. En y repensant je l'ai déjà perçue d'autres soirs, mais sans y prêter attention ou la prenant pour un chahut quelconque. Ainsi les mêmes dont tout le monde se fichait, le pouvoir en premier, sont devenus des héros par la grâce de Sainte Trouille pareillement aux policiers passant du statut de bourrins fascistes à celui de rempart de la démocratie d'un jour à l'autre. Nietzsche ne se trompait pas en disant qu'"un politicien divise l'humanité en deux classes : les outils et les ennemis." Remarquez que ce personnel soignant se gardait bien de venir rejoindre les Gilets jaunes malgré les sollicitations et attendait sagement un autre jour pour manifester ; peut-être ne fallait-il pas mélanger les compresses stériles et les torchons.
22:54 | Lien permanent | Commentaires (22)
Carte blanche (18)
Laissée à EQUALIZER (septième partie) :
BILAN ARC-EN-CIEL (3)
...on allait en entendre... !
C’était pas peu dire! Victor écoutait la radio Europ-Inter et même la télé... KMA TV (Kiss My Ass TV), toutes les chaînes ne parlaient que de l’enlèvement de Marane Indigo! elle avait éclipsé l’attentat testiculaire dont Daniel Coin-Pastek avait été victime. Des bulletins de santé ponctuaient les infos mais cette affaire Indigo secouait les valeurs de la République dans leur fondement. Un passant avait donné l’alerte quand un véhicule en stationnement interdit avait attiré l’attention : une femme dénudée y gisait sur le siège arrière tête recouverte d’une cagoule de cuir verrouillée. Les policiers avaient d’abord cru à un jeu sado-maso et la malheureuse conduite à l’hôpital... le cadenas cisaillé, l’interne n’en cru pas ses yeux en reconnaissant le portrait qui passait en boucle sur les écrans. Ce fut un tremblement de terre !
“Les jours de notre Sainte Maire ne sont pas en danger selon nos premières informations, toutefois elle semble bien avoir subi des sévices corporels... il se dit qu’elle aurait été abusée à de nombreuses reprises avec une certaine brutalité selon les premières constatations.
Les flash info se succédant, on apprit le viol collectif particulièrement odieux dont la victime ne pouvait, selon ses déclarations confuses, fournir aucun indice sur le lieu, les personnes en cause, puisqu’elle n’avait rien vu ni entendu...
Un signalement des auteurs avait pu être donné par les gardes du corps retrouvés ligotés...
Tout ce que la République comptait prenait la parole :
Le préfet de l’ordre parisien, Ramirez Lambada, dit que les auteurs seraient poursuivis sans relâche et punis à la hauteur de leur ignominie. Le préfet Lambada surenchérissait dans la pose menaçante. Il avait été poursuivi par une association, les Jaunes-Cassés, regroupant des borgnes rancuniers, qui le surnommaient LBD dans la presse d’opposition. La Justice avait classé la plainte...
Victor s’amusait... une grande manifestation allait être organisée à l’initiative du Grand Maître James Meyburn, de la Grande Loge internationale du Genre Humain, contre le patriarcat machiste gynécocratophobe, suivi en cela par le secrétaire du PCF (Parti Cocufist Français). Gérard Lagaulle président du groupe LRNA (La République Nous Appelle) discourait sur le retour de la peste brune qui, sans aucun doute, venait de s’illustrer avec barbarie... emporté par son discours à la tribune, il en polissait la barre nerveusement. Les interventions se succédaient, mais c’est la Ministre de la Justice, Elizabeth Cohn-Sépieds, qui promit des peines exemplaires aux criminels. Le Prézidor Alfonso Maquarello devait faire une allocution le lendemain même sur la chaîne nationale... on s’attendait à un discours aussi filandreux que des haricots verts tardivement récoltés... L’opposition s’associait à la condamnation de cet acte qui que quoi... la Police sur le gril couinait au manque de moyens, aux négligences des services de surveillance vidéo etc etc... la partie de ping-pong générale commençait...
Victor hocha la tête...
Pfiouuu... ça va chauffer, les camarades des cellules combattantes devraient plonger, descendre le périscope et ne plus bouger. Tous les services vont remuer en tout sens, y compris les parallèles qui ne se rejoignent jamais... dit-on.
Cette fois-ci je vais me faire discret... pas besoin d’être dans le collimateur parce que... à mon âge... il va falloir que je solde les comptes de mes débiteurs... pas question de quitter cette terre au rythme des hauts tambour...
Victor se mit à chantonner... “un jour viendra où les traîtres paieront”... il y songeait depuis longtemps... restait à mettre en forme. Le temps était venu. “V” comme Vengeance ?
20:30 | Lien permanent | Commentaires (1)
Destinée manifeste
D'accord le tableau date de 1872 et les peintures de l'époque n'étaient pas exemptes de scènes allégoriques qui prêtent au minimum à sourire aujourd'hui, mais tout de même...
American Progress de John Gast
J'aime assez les Indiens et les bisons qui fuient vers les ténèbres devant la figure bienveillante.
12:02 | Lien permanent | Commentaires (26)
Historiettes, contes et vaticinations (12)
Une petite histoire déjà mise en ligne sur ce blog le 17/01/2007 :
Quelque chose dans l’air
À défaut d’être heureux, ils n’étaient pas malheureux. Qui en aurait douté ne serait-ce qu’un seul instant ?
La paix régnait depuis très longtemps et pour longtemps encore. Les quelques semblants de conflits armés qui perduraient, étaient non seulement endigués, mais en voie de résolution. De toute façon, hormis la population locale, personne ne s’en souciait vraiment et les bulletins d’information sur le sujet ne prenaient que quelques lignes dans les quotidiens.
L’économie et la santé allaient bien, si la non aisance existait encore de façon résiduelle, elle régressait chaque année. Inversement, la longévité humaine progressait de façon continue, le Ministre de la Santé n’avait-il pas triomphalement annoncé que l’espérance de vie avait encore augmenté de 3 mois l’année passée contre 2 l’année antérieure ?
L’art s‘épanouissait sous toutes ses formes, grâce aux subventions les artistes pouvaient développer leurs talents sans être distraits par les contingences matérielles. Sans cela comment imaginer par exemple que les poètes puissent avoir eu l’idée d’inventer la Cantate trisyllabique qui faisait actuellement fureur dans les salles de la Capitale. Certes, le commun n’appréciait pas encore cette forme de chant à sa juste valeur mais ce n’était qu’une question de temps. Car bien que l’école et les médias aient grandement amélioré son niveau culturel, il préférait pour l’instant encore les concours de Hurleurs Urbains. Ceux-ci bien sûr n’étaient pas non plus dénués de talent sur le plan créatif.
L’architecture n’était pas en reste et dans la banlieue nord de la Capitale la Tour de Paix s’élevait lentement mais sûrement vers le firmament. Symbole destiné à rappeler les réussites obtenus dans la quête du bonheur pour tous, elle était devenue une destination touristique fort courue et le tramway magnétique y déversait chaque jour son contingent de curieux. Quand elle serait terminée elle serait le plus haut monument de la planète.
Mais c’est peut-être dans le mode de gestion de l’état que la période avait atteint sa perfection. La démocratie ayant montré ses limites, la population ne comprenant pas toujours ce qui était bon pour elle, les organes dirigeants étaient maintenant doublés d’associations, de conseils et de groupes qui non seulement veillaient à la bonne gestion de l’Espace Territorial mais évitait aussi que les élus ne prennent une trop grande autonomie, ce qui serait immanquablement dommageable pour le peuple. Par exemple, le Conseil du Compromis composé de 21 sages renouvelables par tiers et par cooptation tous les 2 ans était chargé de donner un avis sur le bien fondé des nouvelles lois, de façon à ne léser aucune minorité. Ou le Conseil de la Mémoire Intacte désigné à vie par un collège d’historiens, qui avait pour mission de superviser le contenu de toute parution afin d’épargner au public les théories non conformes et malsaines de certains auteurs. Car malgré toute la bonne volonté des dirigeants il y aura toujours des esprits pervers prêts à profiter d’un relâchement. L’Espace Territoriale était ainsi pris dans un subtil réseau de compétences qui se compénétraient et évitait tout abus de quiconque ainsi que la pérennité du système.
Pourtant, il existait des individus qui n’étaient pas satisfaits des bienfaits des temps présents, des idéologues chagrins qui voyaient des signes de décadence et des symptômes annonçant des bouleversements partout, des réactionnaires nostalgiques qui en appelaient à un sursaut du peuple. Mais un sursaut pourquoi ? Ce n’étaient que les délires de personnes aigris à la vue du succès de théories contraires aux leurs, les imprécations d’insatisfaits pathologiques qui demandaient des libertés là où elles n’avaient aucunes raisons rationnelles d’exister, les perfidies d’alarmistes qui voyaient le mal arrivait au pas de course. Les instances du Pouvoir, magnanimes, n’entamaient des poursuites contre eux seulement quand ils dépassaient certaines limites.
Les événements débutèrent en avril. Les printemps sont souvent cruels. Les Autres arrivèrent sans que quiconque ne s’en aperçut. En fait, ils avaient toujours étaient là. Comme personne ne savait les reconnaître, les Forces de l’Ordre ne surent pas où et contre qui intervenir. Le Pouvoir empêtré dans les subtilités de son fonctionnement fut incapable de réagir à temps, et même de réagir tout simplement. Et tout s’écroula. Dans un premier temps, les citoyens ne purent ni ne voulurent y croire. Puis, quand ils finirent par se rendre à l’évidence ils se lamentèrent en se demandant ce qu’ils avaient bien pu faire pour en arriver là, comment cela avait-il été possible, pourquoi la puissance et la richesse de l’état n’avait été d’aucune utilité, pour quelle raison les institutions qui semblaient penser à tout n’avait pas vu arriver la catastrophe. Certains, hébétés, répétaient inlassablement que les choses ne pouvaient pas s’arrêter ainsi puisque tant de projets restaient à réaliser. Et tous furent balayés, les riches, ceux qui l’étaient moins, les jeunes, les moins jeunes, les puissants, les gens ordinaires, les poètes Trisyllabiques, les Hurleurs Urbains, la Présidence, le Gouvernement, le Conseil du Compromis, celui de la Mémoire Intacte, les villes, les monuments, les infrastructures, la Tour de la Paix... Balayés.
09:27 | Lien permanent | Commentaires (0)
24/04/2020
Musique (533)
Portishead
Glory Box
Shivaree
Goodnight Moon
Hooverphonic
Mad About You
21:51 | Lien permanent | Commentaires (30)
Historiettes, contes et vaticinations (11)
Une petite histoire déjà mise en ligne sur ce blog le 01/01/2007 :
Demain
Monsieur et Madame Simon achevaient leur repas en silence devant la télévision. Le journal avait répandu son flot d’informations : la désertification de la forêt équatoriale africaine atteignait des proportions catastrophiques ; on avait obtenu un chien de six centimètres de haut par modification génétique ; un train avait déraillé au Bangladesh faisant au moins 200 morts ; Cynthia Mondino, la gagnante de la dernière Star Academy, allait épouser le député Norbert Brissac ; des attentats non revendiqués à Rome ont fait 9 morts et une trentaine de blessés ; une grève subite avait commencé à la SNCF pour exiger plus de moyens ; le dernier roman d’Amélie Nothomb "Pugnacité du limaçon" venait de sortir ; après le décès d’un homme de 95 ans noyé accidentellement dans sa baignoire, le gouvernement allait rendre obligatoire les surfaces de sanitaire antidérapantes et les boutons d’appels d’urgence dans les salles de bains... Le générique de fin commença à défiler sur l’écran.
- Ils ne parlent plus des Fauvettes, constata Madame Simon un peu vexée.
- Cela fait quatre jours que ça dure, qui tu veux que ça intéresse encore ? grommela Monsieur Simon en se levant.
Il plia délicatement sa serviette, la posa sur la nappe et se dirigea vers le balcon. Sur sa droite, à quelques pâtés de maisons, les barres et les tours de la cité des Fauvettes dépassaient des toits. Quelques colonnes de fumée s’en élevaient. Quatre jours d’émeute, de sirènes, de survol en hélicoptère n’avait pas ébranlé le moral des Simon, leur clôture anti-intrusion était la meilleure du marché et de toute façon ils n’allaient jamais aux Fauvettes. Un bruit de cavalcade dans la rue lui fit tourner la tête, deux policiers en tenue anti-émeutes poursuivaient un jeune. En relevant les yeux, il s’aperçut que le soleil couchant teintait la ville de mordoré et de pourpre. Il inspira profondément l’air du soir et se dit qu’il avait vraiment bien fait d’acheter ce pavillon avant la flambée de l’immobilier.
10:11 | Lien permanent | Commentaires (18)
23/04/2020
Que ferions-nous sans eux ?
Grâce à Fahim, Oyun et Malek le monde est plus beau et l'Occidental heureux.
Fahim de Pierre-François Martin-Laval
"Forcé de fuir son Bangladesh natal, le jeune Fahim et son père quittent le reste de la famille pour Paris. Dès leur arrivée, ils entament un véritable parcours du combattant pour obtenir l’asile politique, avec la menace d’être expulsés à tout moment. Grâce à son don pour les échecs, Fahim rencontre Sylvain, l’un des meilleurs entraîneurs d’échecs de France. Entre méfiance et attirance, ils vont apprendre à se connaître et se lier d’amitié. Alors que le Championnat de France commence, la menace d’expulsion se fait pressante et Fahim n’a plus qu’une seule chance pour s’en sortir : être Champion de France."
Un monde plus grand de Fabienne Berthaud
"Partie en Mongolie chez des éleveurs de rennes pour enregistrer des chants traditionnels, Corine pensait pouvoir surmonter la mort de Paul, son grand amour. Mais sa rencontre avec la chamane Oyun bouleverse son voyage, elle lui annonce qu’elle a reçu un don rare et doit être formée aux traditions chamaniques. De retour en France, elle ne peut refuser ce qui s’impose désormais à elle : elle doit repartir pour commencer son initiation… et découvrir un monde plus grand."
Docteur ? de Tristan Séguéla
"C'est le soir de Noël. Les parisiens les plus chanceux se préparent à déballer leurs cadeaux en famille. D'autres regardent la télévision seuls chez eux. D'autres encore, comme Serge, travaillent. Serge est le seul SOS-Médecin de garde ce soir-là. Ses collègues se sont tous défilés. De toute façon il n'a plus son mot à dire car il a pris trop de libertés avec l'exercice de la médecine, et la radiation lui pend au nez. Les visites s'enchaînent et Serge essaye de suivre le rythme, de mauvaise grâce, quand tombe l'adresse de sa prochaine consultation. C'est celle de Rose, une relation de famille, qui l'appelle à l'aide. Il arrive sur les lieux en même temps qu'un livreur Uber Eats, Malek, lui aussi de service ce soir-là..."
Les trois synopsis viennent du site Allociné.
12:12 | Lien permanent | Commentaires (38)