30/04/2020
Musique (535)
Proposée par Blumroch :
Dixit Dominus de Georg Friedrich Haendel dirigé par John Eliot Gardiner
Proposée par La Bleue :
Anal Cunt
I thought Hitler was cool until I found out he didn't drink
18:24 | Lien permanent | Commentaires (47)
Historiettes, contes et vaticinations (17)
Cette petite histoire déjà mise en ligne sur ce blog le 10/12/2011 est la dernière de la série :
La colonne
Le soldat le poussait sans ménagement vers l'hélicoptère posé à une cinquantaine de mètres, rotors au ralenti. Derrière eux, les grenades incendiaires avaient embrasé la minuscule maison dont on l'avait sorti. Ils avaient fini par le prendre ; après des années de traque ils lui avaient mis la main dessus dans cette misérable vallée des Carpates.
- Attends, on fait quelques photos ! lança le lieutenant.
Le commando se serra derrière le vieil homme qui était tombé à genoux, les flammes et les sommets enneigés en fond.
- Ça va avoir de la gueule, ajouta celui qui cadrait le petit groupe sur l'écran de son portable.
Un appel sur la droite mit fin à la séance. Un soldat arrivait en tirant une femme terrifiée par le bras.
- Elle était cachée derrière les buissons, et elle avait ça avec elle.
Il montra une sorte de cabas rapiécé d'où il extrait une demi miche de pain, une gamelle de soupe et une pomme.
- C'est une des femmes qui me portent à manger. Elles viennent du village d'en bas.
Les militaires marquèrent un temps d'arrêt, c'était la première fois qu'ils entendaient le son de sa voix. Il essuya le sang qui coulait de ses narines d'un revers de manche et continua :
- Laissez la partir... s'il-vous-plaît.
Il avait failli dire « pour l'amour de Dieu ».
Le soldat qui tenait toujours la femme par le bras interrogea son supérieur du regard. Celui-ci ne répondit pas mais se pencha vers l'homme à genoux :
- Tiens donc, non seulement t'es pas muet mais tu parles notre langue... OK, je la laisse partir si tu me dis à quoi ça servait tous tes trucs dans la maison.
- Mes trucs ?
- Ton Dieu sur sa croix, les images de cette femme, les bougies...
- C'était mon autel.
Sa curiosité piquée, le lieutenant s'accroupit pour être à la hauteur de son interlocuteur.
- Et ça sert à quoi ?
- À prier... Les prières sont les colonnes des Cieux, elles...
Il ne put en dire plus, derrière eux la maison s'effondra avec fracas. Surpris, celui qui tenait en joue la femme ouvrit le feu. Sans un cri elle bascula en arrière, les bras en croix. Le fichu qui lui couvrait la tête se défit et ses cheveux blonds s'étalèrent autour de son visage. Le soldat regarda le corps, son arme, puis son chef et haussa les épaules, penaud.
- Pourquoi ? Elle n'avait rien fait.
L'officier se redressa, regarda le cadavre et finit par lâcher :
- Un accident, c'est rien qu'un putain d'accident.
- Non, vous l'avez abattue, si vous n'étiez pas venus elle serait toujours en vie. Laissez-moi prier pour toute cette...
Il chercha vainement un mot pour exprimer le gâchis qui l'entourait.
- Tu feras rien du tout. Tu vas simplement te relever et venir avec nous.
Pour appuyer son ordre il avait sorti son automatique de son étui et le pointait vers le front de son prisonnier, mais celui-ci restait à genoux et avait joint les mains.
« Vous savez, je suis le dernier » furent ses ultimes paroles. Le lieutenant aurait dû obéir aux consignes et le ramener vivant, il aurait pu le faire traîner de force mais l'attitude de défi de ce vieil homme qui devait peser deux fois moins que lui lui parut soudain insupportable. C'était stupide, il le savait, mais c'était incontrôlable.
Dans l'hélicoptère, le pilote suivait les événements depuis son siège. Il vit la flamme sortir de l'arme et entendit la détonation assourdie par son casque. Et puis plus rien, il lui sembla être devenu sourd. Il voulut porter ses mains à ses oreilles mais elles refusaient de lui obéir. Ses gants tombaient en poussières, en fait c'était l'ensemble de ses mains et de ses gants. Il leva les yeux vers ses camarades et ne distingua plus que des silhouettes qui s'effritaient en particules grises, derrière eux le décor semblait s'effondrer sur lui-même. Il n'y avait plus de brasier, plus de corps, plus de montagnes, plus rien. Bientôt sa vue s'obscurcit et la perception de ce qui l'entourait cessa.
Et la terre était désolation et vide, et il y avait des ténèbres sur la face de l’abîme. Et l’Esprit de Dieu planait sur la face des eaux.
08:37 | Lien permanent | Commentaires (3)
29/04/2020
Le bout du rouleau
Le journaliste américain Andy Rooney a dit : « La vie c'est comme un rouleau de papier toilette, plus ça approche de la fin plus ça va vite. » Et tous ceux qui avancent en âge peuvent en témoigner, mais scientifiquement quelles sont les causes de ce phénomène ? Cet épisode de Balade Mentale tente d'y répondre :
Comment vivre plus longtemps ? … en moins de 10 minutes
16:43 | Lien permanent | Commentaires (9)
Historiettes, contes et vaticinations (16)
Une petite histoire déjà mise en ligne sur ce blog le 15/04/2008 :
Au vent
Enfin sorti de sa chrysalide, il laissa l'air de l'été sécher et tendre ses grandes ailes colorés. Puis, ivre d'odeurs, il s'envola vers les fleurs qui parsemaient les prés et les jardins. Jour après jour, il vécu ainsi, libre et léger, ce que vivent les papillons. Quand son instinct lui signala que l'heure de se reproduire était arrivé il se mit en quête d'une femelle à féconder. Le sort en voulut autrement ; une méchante bourrasque d'orage l'envoya loin de ses congénères. Affaibli et meurtri, il ne put parcourir le chemin inverse et bientôt il fut bousculé et roulé par le moindre souffle de vent. Sa course et sa vie s'achevèrent quand son corps se coinça à l'angle d'un mur et d'une dalle en béton. Bientôt ses ailes s'écaillèrent et sa dépouille se dessécha. Avait-il donc vécu en vain, lui qui n'avait pu perpétuer son espèce ni même servi à nourrir un quelconque prédateur ? Peut-être pas ; le troisième jour de sa courte existence, un enfant l'avait aperçu et l'ayant trouvé beau le montra à sa mère. Quelques instants, ils étaient resté tous deux à le regarder voleter de fleur en fleur dans le jour finissant.
09:13 | Lien permanent | Commentaires (4)
28/04/2020
Bribe d'Occident (62)
Un excellent documentaire visionnable jusqu'au 11/10/2020 :
Pompéi : la vie avant la mort de Ian A. Hunt
15:48 | Lien permanent | Commentaires (2)
Seize bougies dans le yaourt
Cela fait aujourd'hui seize ans que je me suis décidé à me mettre à gribouiller sur la grande toile. À l'époque il se disait que la durée d'existence moyenne d'un blog était d'environ six mois ; je m'étais alors promis d'essayer de terminer au moins l'année...
09:39 | Lien permanent | Commentaires (29)
Historiettes, contes et vaticinations (15)
Une petite histoire déjà mise en ligne sur ce blog le 23/08/2006 :
Le loup et le berger
Il était une fois un berger qui habitait dans la montagne avec son troupeau. Dans les environs vivait un grand loup qui de temps à autre lui prenait un mouton, mais bien qu’il ne fut pas riche le berger ne faisait rien pour l’en empêcher. Cet homme avait un fils qui trouvait fort injuste de perdre ainsi des bêtes alors que leur vie était déjà bien dure, il en demanda la raison à son père. Celui-ci lui répondit qu’il fallait plutôt se féliciter du fait que le loup ne s’en prenne pas aux êtres humains et ne dévore pas plus de moutons. Le fils ne fut pas convaincu et lorsque quelques année plus tard il hérita du cheptel après le décès de son père il était fermement résolu à changer les choses. Il prit son grand couteau et ses chiens et partit en chasse. Après de longues heures de traque il réussit à acculer le loup au bord d’une falaise. L'animal, sentant qu’il n’avait plus aucune possibilité de fuite, fit face et se prépara à bondir sur le berger... L’histoire ne dit pas qui survécut.
Ainsi chacun décidera lui-même qui, du père ou du fils, avait raison. Le père était-il réellement sage et le fils inconscient ou bien le père était-il un couard et le fils un homme courageux ? Pour trancher on souhaiterait savoir qui est sorti victorieux de l’affrontement final car les vainqueurs ont toujours raison. Ils peuvent a posteriori tout justifier même si leur réussite n’est due qu’au hasard. Au contraire, il ne faudra pas non plus négliger la propension de ceux qui éprouvent de la peur à chercher à la camoufler sous une fausse sagesse.
08:37 | Lien permanent | Commentaires (29)