27/05/2008
De blog à blog (3)
Lu sur Zentropa via eisangelie :
L'orgueil de la grenouille
Curieuse et profonde schizophrénie qui frappe les français contemporains. Autant ils n'ont jamais eu davantage d'appétence et de dilection pour l'autoflagellation historique, la repentance mémorielle, l'autodénigrement civilisationnel et le glaviotage hargneux sur ancêtres et drapeaux, autant ils sont d'une susceptibilité sans borne quant au supposé rayonnement de la France moderne et ne supportent absolument pas l'idée qu'on puisse nier ou remettre en cause celui-ci.
En effet, il n'est pas rare d'assister à de véritables crises d'hystérie chauvine lorsque l'on se permet de faire état de l'effondrement de l'université française, de la médiocrité éditoriale nationale ou de la dérive médiatico-bouffonne de la philosophie hexagonale. A cette évocation, celui là même qui, l'instant précédent, énumérait avec gourmandise les crimes sans nom et sans fin de l'immonde nation colonialisto-raciste, se drape immédiatement dans la bannière tricolore pour entonner un émouvant chant de louanges à la gloire de la patrie des droits de l'homme et des Lumières, indestructible vaisseau amiral du monde libre et phare éternel de l'humanité.
Ainsi l'ethnomasochisme compulsif du français se double d'un orgueil délirant et d'une suffisance exacerbée à l'idée d'appartenir à un pays dont il refuse d'admettre qu'il n'est plus qu'un acteur (très) secondaire du concert mondial.
En réalité, on a le sentiment que son acharnement à dénigrer et insulter son passé lui permet de jouir plus complètement d'un présent déifié dont il se veut l'acteur sublime et sans tâche. L'exhibition des fautes et indignités prétendues des aïeux honnis autorise donc à se dédouaner complètement de ceux-ci et à s'exempter de tout devoir envers eux. De plus, l'artificielle reconstitution d'une histoire toute entière vouée à la honte, aux laideurs et aux bassesses offre, par comparaison, un éclairage positif au désert de médiocrité et de platitude qu'est la modernité. Nous sommes sortis de l'histoire et c'est tant mieux puisque l'histoire n'est qu'une suite d'abominations !
Cette « sortie de l'histoire » est d'ailleurs l'une des innombrables preuve de la nitescente splendeur de la France contemporaine qui ne se commet désormais plus dans le pragmatisme violent, inégalitaire, discriminant et odieusement volontariste du politique mais se contente d'éclairer le monde de ses postures morales grandioses et éthérées.
La France est une grande nation puisqu'elle donne son avis sur tout sans jamais plus agir sur rien.
Ainsi on assiste à cet improbable spectacle tragi-comique mettant en scène un peuple de pantins suspendus à des fils craquant de toutes parts mais qui continue à discourir avec le plus grand sérieux et la plus absolue componction de la défense du Tibet, de la sauvegarde du Liban, du règlement du conflit israélo-palestinien et de l'éradication de la faim dans le monde alors que le théâtre de Guignol qui l'abrite est déjà aux trois quarts en ruines.
Conversation d'impuissants pathétiques qui ne se sont même pas rendu compte que leur patrie incroyable n'existe plus que dans leurs fantasmes nourris au journal de 20 H et au dernier opus de BHL.
Faire en sorte que ses fils maîtrisent correctement l'orthographe et la grammaire de sa langue, que ses régions conservent la mémoire de leurs chants et traditions, cesser de tuer ses enfants par centaines de milliers annuellement, aider le clochard en bas de chez lui, s'occuper de ses vieux parents, aimer et être fidèle, protéger les faibles de la violence physique et économique, sauvegarder un patrimoine millénaire… voilà des missions bien misérables et bien indignes du français contemporain. Lui, ce qu'il veut, c'est sauver le Monde et faire triompher le Bien universel ! Rien de moins ! Tout autre objectif serait indigne de lui…
Et pour ce faire, il est prêt à tout sacrifier.
D'ailleurs, c'est déjà fait.
20:34 | Lien permanent | Commentaires (4)
26/05/2008
Le tour de France du patrimoine (choix absolument arbitraire) : Crèvecoeur en Auge (14)
20:04 | Lien permanent | Commentaires (0)
25/05/2008
Coupables ?

Frederick Burton
Meeting on the turret stairs
19:16 | Lien permanent | Commentaires (0)
Drôles de gens
Quand je suis arrivé dans mon immeuble, il y a maintenant quelques années, le quartier était peuplé de personnes assez curieuses. Par exemple, j'y croisais de temps à autre une femme d'une quarantaine d'année, obèse, toujours habillée en jogging et l'air d'avoir très récemment avalé une boîte entière de Xanax avec l'emballage.
Un jour, je la vois au bras d'une connaissance, un habitué qui fréquentait le café où j'avais travaillé auparavant. Ils s'arrêtent, il me présente sa fiancée, m'explique qu'elle habite mon immeuble et lui la rue d'à côté, on se remémore quelques anecdotes du ''bon vieux temps'' et on se quitte.
Un soir, alors que je suis sur le palier qui mène à mon appartement, il se débusque d'un angle et me fait sursauter. Après s'être excusé, il me confie avec des airs de conspirateur qu'il attend un individu qui cherche à lui piquer sa copine. Je n'y trouve aucun inconvénient et lui souhaite bonne chance. Je n'ai jamais su d'ailleurs si son guet-apens avait fonctionné. Le temps passe et je croise un jour l'objet des convoitises masculines l'air hagard, des bulles de salives à la commissures des lèvres, ne répondant pas à mon salut comme à son habitude. Je pense alors qu'elle a peut-être dû un peu forcer sur son traitement ou la bouteille et que ça lui passera.
Le surlendemain, j'aperçois son ''fiancé'' accoudé à sa fenêtre et semblant discourir tout seul ; il me voit et me fait signe. En m'approchant, je constate qu'il parlait en fait à une femme naine appuyée à une voiture garée. Je les salue.
- T'as appris pour ma copine ?
- Euh... non.
- Elle est morte hier.
- Je ne savais pas, désolé.
- Dans son appart. Les pompiers ont dû casser la porte.
- Ah...
- Elle est morte d'un coup, comme ça, couic !
La femme approuve en hochant la tête. Ils me regardent tous les deux, interrogateurs, comme s'ils attendaient une quelconque révélation que je détiendrais du simple fait de partager le même immeuble que la défunte. Je n'en ai malheureusement aucune à leur jeter en pâture. J'essaie tout de même de prendre un air que j'imagine de circonstance, leur dis qu'effectivement elle ne donnait pas l'impression d'être très en forme ces derniers temps, leur souhaite bonsoir et continue mon chemin. Avant de tourner dans ma rue, je leur jette un coup d'oeil ; les deux compères sont de nouveau en pleine discussion, l'air plus intrigués par la soudaineté du décès que réellement attristés.
19:03 | Lien permanent | Commentaires (4)
23/05/2008
Girls in military uniform
21:34 | Lien permanent | Commentaires (4)
Méchant garçon (24)
- Il y a de quoi, non ? Alors que l'Amérique du Sud et l'Asie arrivent à peu près à sortir la tête de l'eau et à avoir des industries de pointe, l'Afrique, elle, sombre dans le chaos et n'a pas d'industrie du tout.
- Eh bien, je vais te surprendre. Sais-tu que de nombreuses sociétés qui utilisent des télévendeurs ont des centrales en Afrique ?
- Je l'ignorais. Je comprends mieux maintenant le pourquoi de leur accent épouvantable. Mais vois-tu, je ne pense pas que téléphoner le soir au brave salarié qui rentre du boulot pour lui vendre des trucs improbables fasse faire à l'humanité un grand pas en avant.
19:24 | Lien permanent | Commentaires (0)
Le tour de France du patrimoine (choix absolument arbitraire) : Sarlat (24)
19:09 | Lien permanent | Commentaires (0)