21/04/2020
Historiettes, contes et vaticinations (8)
Une petite histoire déjà mise en ligne sur ce blog le 09/10/2007 :
La patrouille
Il n'y avait plus de doute, c'était bien le bruit de gravillons qui tombaient sur le pavillon de la voiture.
- Mais qu'est-ce tu fais ? T'arrête pas ! Roule !
- Mais les cailloux...
- Putain ! C'est tout de même pas des pavés qu'on nous balance.
Le véhicule repris sa vitesse normale : celle d'un pas rapide, histoire de faire de la présence policière en évitant les ornières qui truffaient le chemin de terre.
Il y a quelques années l'agrandissement de la cité des Fauvettes avait été décidé. On avait amené des engins de chantier, creusé des trous gigantesques, accumulé la terre en collines, puis tout s'était arrêté. Une inextricable histoire de dépôt de bilan frauduleux avait gelé les travaux. On avait démonté les grues, remballé le matériel, entouré la zone d'une grillage pour l'interdire au public et tout était resté en l'état. Très rapidement la perméabilité de la clôture fit que l'endroit devint le terrain de jeux favori des enfants des Fauvettes et un lieu de trafic en tout genre. La police avait donc reçu l'ordre de faire des patrouilles régulières dans ce décor de champ de bataille grâce au chemin qui le traversait avec, bien-sûr, consigne de ne pas faire de provocation.
Consigne à vrai dire plutôt vague quand on était un jeune policier qui réalisait sa première patrouille dans la secteur. Heureusement que dans sa bienveillance son chef de poste le faisait cornaquer par un ''ancien''. Il se contentait donc de regarder consciencieusement autour d'eux tout en essayant autant que possible de ne pas rouler dans un nid de poule.
Des enfants couraient le long des talus qui surplombaient le chemin en leur criant des choses incompréhensibles à cause de la distance, mais que l'on pouvait imaginer peu amicales, tout en leur faisant des gestes obscènes. D'ailleurs il était fort probable que c'était eux qui les avaient bombardés de cailloux auparavant. Après avoir baissé leur pantalon pour leur montrer leurs fesses ils s'en allèrent vers d'autres occupations.
- Tiens, ça n'y était pas la dernière fois, fit l'"ancien'' en désignant les restes d'un voiture calcinée.
- On s'arrête ? hasarda le ''nouveau'' sans trop y croire.
- Non, on reviendra plus tard.
Un peu plus loin, un petit groupe de garçons en jogging et casquette accompagnés de leurs copines, portable vissé à l'oreille et vêtues avec l'élégance de starlettes de films X, discutaient à grands renforts de gestes près de deux BMW garées sur le côté. Ils s'arrêtèrent le temps de jeter un œil noir aux occupants de la voiture de police – l'un d'entre eux fit même le geste de leur tirer dessus avec son index pointé – puis ils reprirent leur conversation. Les filles n'avaient pas semblé s'apercevoir de quoi que ce soit et continuaient leur conversation téléphonique. Cette fois le ''nouveau'' ne dit rien : le métier commençait à rentrer.
Tout à coup, la radio de bord leur signala qu'à la terrasse d'un restaurant un homme refusait d'éteindre son cigare. Le central avait reçu plusieurs appels des autres clients et du propriétaire pour demander une intervention.
- C'est pour nous ! C'est juste à deux rues d'ici. Mets la gomme !
Toute sirène hurlante la voiture s'extirpa du chemin défoncé et rejoint la route bitumée.
- Enfin un peu d'action, pensa tout haut son conducteur.
08:44 | Lien permanent | Commentaires (18)
20/04/2020
Lectures (7)
Que lisez-vous en ce moment ? Moi je viens de finir Crimes et arnaques de l'an 2000 de Rolande Girard, un recueil écrit en 1982 de faits divers plus où moins édifiants sur l'époque qui s'annonçait. Et je commence juste Loki de Georges Dumézil, complexe et chargé de notes, j'aime bien la mythologie, mais je ne sais pas si j'irais jusqu'au bout.
20:00 | Lien permanent | Commentaires (16)
Santé !
18:09 | Lien permanent | Commentaires (20)
Historiettes, contes et vaticinations (7)
Une petite histoire déjà mise en ligne sur ce blog le 29/08/2007 :
Die große Maschine
- Vous savez, je n'ai pas fait d'études, je vais vous raconter cette histoire à ma manière. Un jour ils sont venus me chercher, ils m'ont dit que dans le village on était tous d'accord. J'étais étonné parce qu'on m'avait jamais rien demandé, et que moi je serais bien resté. Alors je suis parti, il y avait plein de gens que je connaissais pas et puis ceux du village. J'avais pas l'impression qu'ils étaient tous si heureux que ça d'être là. Et puis on est tous monté dans la ''machine'', en nous accueillant on nous a dit que l'on allait vivre quelque chose que personne n'avait vécu, que l'on allait être heureux, que vivre dans son village c'était dépassé, que de toute façon le monde changeait et qu'il fallait faire pareil et plein d'autres choses comme ça. Je suis quelqu'un de réservé mais j'ai quand même demandé si je pouvais rentrer ; on m'a regardé comme si j'avais la peste et on m'a répondu que cette question était ''déplacée'', je me souviens encore du mot exact. Et on est parti et j'ai vite remarqué que le voyage n'était pas confortable pour tout le monde, qu'il restait plein de choses à régler, que ceux qui commandaient n'étaient pas toujours d'accord entre eux, mais on avançait toujours. Avec le temps, des personnes venaient me voir, certaines se rappelaient de ma question, et me disaient l'air de rien qu'elles seraient bien rentrées elles aussi. Plus le temps passait, plus la joie du départ disparaissait sauf chez les responsables, et pourtant on continuait à embarquer du monde. J'ai fini par comprendre que personne ne savait vraiment où on allait, alors non seulement j'étais triste mais maintenant j'avais peur. Mais on continuait toujours. Et il y a eu l'accident. Moi, je fais partie des survivants parce j'étais souvent à l'arrière pour regarder le paysage, j'espérais revoir mon village. Il y a eu plein de morts et de blessés, moi j'ai eu plusieurs fractures mais je vais renter chez moi. Voilà, ça s'est passé comme ça... Ah, on m'a dit que la plupart des responsables s'en étaient sortis... Laissez-moi maintenant s'il vous plaît, je suis fatigué, je vais me reposer un peu.
08:51 | Lien permanent | Commentaires (4)
19/04/2020
Sites mal-pensants francophones (38)
Attention aux amalgames ! La liste suivante a été uniquement constituée dans un but informatif, y figurer n'implique en aucune manière être nécessairement en accord avec les idées défendues dans les autres sites en lien sur cette même liste... ni avec les miennes.
17 nouveaux liens partent rejoindre le Pandémonium :
France Nationaliste - Pour un renouveau intégraliste et thomiste
IMPÉRATIF - Ne pense pas devenir quelqu'un sans t’entraîner à l'être
Les Amis de la Nation Française - Blog d'informations du Pays Réel
22:56 | Lien permanent | Commentaires (0)
Artistes de rue
Le site Plein le dos a collecté les photos des messages inscrits sur les gilets jaunes.
PS : Le mien y figure à l'Acte 13, mais je n'en dirai pas plus.
17:16 | Lien permanent | Commentaires (24)
Historiettes, contes et vaticinations (6)
Une petite histoire déjà mise en ligne sur ce blog le 20/11/2006 :
Conteneurs
Assise sur un banc sous les tilleuls, Pomme finit de grignoter sa barre vitaminée Crocochoc au bon lait bio, aux céréales garanties sans OGM et au chocolat issu du commerce équitable. Elle glissa l'emballage vide - malheureusement encore non recyclable - dans sa poche et plia soigneusement le papier aluminium qui avait entouré sa friandise. En le serrant fort dans sa main, elle sauta sur ses petites jambes et trottina vers les conteneurs multicolores alignés devant la mairie : le vert pour le papier, le rouge pour les bouchons en plastique, le bleu pour le verre, le jaune pour les piles... mais celui qui l'intéressait était l'argenté, le dernier à avoir été installé. Une affiche y annonçait sa raison d'être :
Avec Crocochoc et Étasseur participe à l'opération
Une grande échelle pour Mogadiscio
Pour illustrer le propos un superbe photomontage montrait le crocodile rose emblème de la marque tenant par les épaules les deux chanteurs du groupe de rap Étasseur affublés de casques de pompiers. Pomme se hissa sur la pointe des pieds et glissa le papier aluminium par l'ouverture. Grâce à son professeur des écoles elle savait que Mogadiscio était une ville très loin de son village où les pompiers n'avaient même pas de grande échelle pour leur camion, mais que grâce au gentil monsieur qui dirigeait Crocochoc et aux non moins gentils chanteurs du groupe Étasseur le mal serait réparé. Contente d'elle, Pomme prit le chemin de sa maison en se demandant tout de même combien d'emballages aluminium il faudrait pour faire une grande échelle. Si elle arrivait à s'en souvenir, elle poserait la question en classe demain matin.
10:06 | Lien permanent | Commentaires (20)