30/12/2021
Musique (604)
Sleeping At Last
Saturn
Lord Huron
The night we met
Kyla La Grange
Hummingbird
15:21 | Lien permanent | Commentaires (56)
Chronique du temps de la Covid-19 (105)
13:31 | Lien permanent | Commentaires (7)
29/12/2021
Rien
Source : Hitza Hitz
19:11 | Lien permanent | Commentaires (14)
27/12/2021
Carte blanche (33)
Laissée à Kobus van Cleef
La première partie est ici.
Crépuscule des vampyrs et continent obscur
Deuxième partie
Soins de thanatopraxie que ni le kamerad Blumroch ni moi ne sommes disposés à régler de notre poche
Qu'on envoie donc la note à l'évêché ivoirien, après tout, le pygnos( contraction de pygmée et d'albinos) faisait partie de leurs ouailles
Nous descendons donc du carrosse, fort fâchés de cette interruption
Mais à notre vue, les agresseurs refluent en désordre
Heureusement, d'ailleurs, nous serions prêts à en découdre avec une petite poignée, mais une tribu entière, il nous faudrait du renfort, ou du matériel
Lesquels agresseurs ont une drôle de bobine, quand même, non seulement pygmées eux zaussi, mais zencore albinos, mais de plus malformés, on ne compte plus les mains bottes, les gueules tordues et les echines courbées, une triste humanité ou plutôt, une humanité triste à contempler
Holla, de la populace, que nous vaut cet arrêt intempestif? Là c'est Blum qui appostrophe la gent trotte menu
Il n'en fallait pas plus, toute la troupe détale, nous laissant seuls au milieu de la pampa, pas âme qui vive, des arbres, de la poussière, des mouches qui se coagulent sur le cadavre de l'infortuné driver ( c'est hallucinant la façon dont le naturel reviens au galop, tant dans l'écriture que dans la narration) et, pour tout arranger, pas d'eau
Après avoir pillé le coffre de la bagnole, nous formons un baluchon ( un seul, pas deux) et nous piquons plein est, avec un peu de bol il se trouvera bien quelqu'un pour nous indiquer le chemin
Pendant ce temps, à Léopoldville, les exilés hemophages, ayant eu vent de notre arrivée ( un secret ne reste jamais secret en afwique) se sont réunis
Deux parties s'affrontent, l'une pense à nous liquider sans autre forme de procès, l'autre voudrait bien nous entendre avant de nous dépêcher
Blum et Kob's descendent du carrosse, avisent les aggresseurs, albinos et contrefait , des pygnos voyez, ou des albimées, les mettent en déroute en tentant de leur causer et se retrouvent à arquer dans le bled au milieu de la poussière et des mouches sous un soleil de plomb (lorsqu'on pense afwique, on pense pas assez aux mouches, et pourtant....)
pendant ce temps à Léopoldville les éxillés carpatiques débattent du sort que subiront nos amis
empalés?
vidés de leur sang, ça c'est normal, j'oserai même dire que c'est lamoindéchoz
mais ensuite?
les corps livrés à la vindicte des troupes locales, ou alors transformés en fétiches pour touristes sur les chanzés ? (les célèbrissimes africonneries)
allez banco
va-t-on dépêcher une troupe pour les alpaguer?
non, point !
ils sont assez grands pour venir ici, dans l'antre de Vlad!
chemin faisant dans la savane afwicaine, les ombres s'allongent, les enjambées raccourcissent, et le souffle se fait râpeux
mais ne voit on point là bas, à l'horizon, un nuage de fumée, nuage tremblotant, un instant dérobé au regard par une courbe du terrain, puis rendu à la vue par la magie des anticlinaux, et le nuage évanescent s'accompagne d'un bourdonnement de moteur thermique (l'ennemi de nouzautres occidentaux repus, jamais loin d'une prise de 220volts 50 hertz, mais ici, hein, ici, tu te rends bien compte que c'est théorique, cette obsession de l'élektrok)
au bout de peu, on voit survenir le cheik amadou bâ, au guidon d'un side car ural, de la bonne année, car il a fait moscou berlin sans coup férir, puis retour et il termine là une existence glorieuse, les coopérants russes l'ont abandonné sur le port de Kabinda, avec le lot rituel de pelles à neige et de passe montagne, ainsi qu'un chasse neige qui, malheureusement, n'est plus, victime d'un choc latéral contre un rhinocéros
ledit rhino a défunté aussi, mais bast, l'afwique est grande et la faune y est abondante
et même surabondante, comme peuvent en attester les autochtones qui n'ont point l'heur de pouvoir chasser les pachydermes qui dévastent leurs cultures
pour l'instant le cheik et les deux marcheurs se font face
cheik amadou bâ a rejetté en arrière ses lunettes de soudeur qui font tant tellement staïle, ça lui donne l'air de James Coburn dans il était une fois la révolution, les deux autres ne sont pas en reste, hautains et morgués comme des junkers poméraniens
et ce petit monde se dévisage, l'air d'en avoir deux
deux chacun ce qui fait six en tout
Kob's tient longtemps, au jeu de la barbichette à la maison c'est toujours lui le gagnant, mais là, ouat! il glousse puis éclate d'un rire grinçant auquel les deux autres font chorus
lorsque toulmonde est calmé, cheik bâ claque sa paume contre le réservoir et annonce "si messeigneurs veulent se donner la peine, la route est encore longue"
Kob's se juche derrière le driver, ses courtes cuisses lui permettent toutefois d'attraper les calle pied, Blum se tasse comme il peut dans la nacelle, ses longues cannes repliées, les genoux quasi sous le menton, et breum, nous voilà repartis
on s'enquiert toutefois de la destination, puisqu'on ne voit aucune mission poindre à l'horizon, mais seulement la piste latéritique qui déroule ses volutes poussiéreux
hé non, on ne va pas à Lambaréné, ou assimilé
on va mieux, on va plus , on va à la fois plus loin et bien , bien mieux
Et nous traçons vers l'afwique pwofonde
Le bicylindre cogne, la suspension couine, la faune locale grésille,cacarde, bêle
Nous voilà arrivé, quelques cases au pied d'un baobab, des Fatou qui pile le mil, des enfants dévorés de mouches, des vieux en train de mater des porno sur des téléphones portables, tout bien
Le James Coburn noir béquille sa bouzine et avec un geste théâtral nous fait les honneurs du lieu "mon domaine,mes gens..."
Nous nous inclinons "très honorés"
Une bougresse à peine nubile, le tétin ferme et haut placé, la tignasse ramassée dans un filet orné de cauris, il nous la désigne "ma femme, la dernière" nous lançons des regards obliques que la belle intercepte
"Et maintenant, la fête,mes amis, un bouffement d'anthologie, une beuverie à décorner les buffles"( on ne sait pourquoi l'hospitalité de cet homme doit s'accompagner de tels excès)
Nous passons à table, au menu des choses modestes mais goûteuses, phacochère grillé, sauce banane plantain, caviar de fourmis, steaks de piton
Des libations à n'en plus finir, des alcools au goût fort ou alors putride, on ne sait trop, le bavardage de notre hôte, les cris d'acquiescement des vieillards, aiguës et surjoués
Et, un moment, dans ce pandemonium, une sensation étrange, celle d'un corps qui se meut lentement, dans le dos de Kob's, une odeur musquée puis une mollesse femelle.... c'est la jeune épousée du cheikh qui se frotte contre lui
Gêné, on le serait à moins, Kob's tente de s'éloigner mais va pas croire, plus facile à dire qu'à faire, finalement il pense avoir mis assez de distance entre les ardeurs lascives de la fille et lui, il va pisser derrière une case
C'est là que la jeune épousée le chope.... une façon de saisir l'occasion par le manche, peut on dire
Plus tard, beaucoup plus tard, l'assemblée entière psalmodie encore des chansons à boire, de moins en moins fort puis s'endort à table, comme dans les mariages bretons
Le lendemain, la troupe se lève vers les midi bien sonné
Tête lourde mains gourdes
Cheikh leur démarre la moto, en plaisantant "lorsque je touchais les allocs à Paris, la ville lumière,mes cartes portaient la mention expresse-fait démarrer les motos russes- sauf que l'ural est une prise de guerre, à la base c'est allemand,zundap ou assimilé, plus fiable, voyez faut abaisser le kick jusqu'à sentir la résistance et ensuite appuyer"
Blum écoute religieusement, Kob's semble plus distrait, un peu tremulant, les yeux dans le vague, il enfourche le bolide, pique vers le centre du continent avec son compère
Deux kilomètres plus loin, il s'arrête,va pisser et reviens les yeux pleins de larmes
Blumroch l'avise et lui demande "c'est la fille ?"
"Ha oui, la gourgandine, atteindre la soixantaine pour essayer un soufflet de Vénus, c'est pas de chance"
"Trouvons un medicastre" propose Blumroch
"Ici ? Ça semble miction impossib'" rétorque le contaminé qui n'a pas perdu son habitude des limericks
Essuyer, pas essayer
Mais Vénus est vraiment dure avec lui, en plus des brûlures, ça lui tourne la tête,nom de djieu, lui qui a toujours réussi à passer entre les gouttes, le voilà crucifié par la lubricité
Au bout de peu ils traversent un assez gros bourg, kortier réservé avec baraques de planteurs ou de colons, il est aisé de voir que l'une d'entre elle arbore fièrement un écriteau "docteur Livingstone, de la faculté de nulle part, consultations seulement avant l'heure de l'apéro"
Sitôt vu, sitôt fait,nos deux compères toquent à l'huis
Une sombre servante les accueille en ces termes "le bwana il est point là,y fo reweniw"
J't'en foutrais, moi, revenir ?
Être éconduit par une Fatou d'un quintal pour un mètre cinquante ?
Ils bousculent l'ancillaire, déboulent dans le salon du mec
Un blanc assez considérable occupe le fauteuil télé,, mostach' argentées rejoignant des favoris de grand duc, crâne chauve et luisant, durillon de comptoir, charentaises... seul le holster garni d'un rigoustin de gros calibre détonne
Et pour ces messieurs, qu'est ce que ce sera ?
De quoi guérir ma chaude pisse, tout bonnement, lance kobus, qui arbore les signes manifestes de la gonococcie, trépidations, marche precautionneuse
Si c'est pour une simple chaude lance, point besoin de forcer ma porte, mais dans la région, ça ne se limite pas à ça
Pseudomonas, herpès,candida, tout, vous dis je,y compris la syphilis
Sans indiscrétion, quelle partenaire vous a refilé ça ?
Ou quel, je suis pas sectaire
Blum se hâte de mettre au courant le confrère, lequel éclate de rire
Ha, je la connais, celle là, rétive à toute prophylaxie, à croire qu'elle a fait serment de plomber la populace d'ici et d'ailleurs, vous avez bien fait de passer
Tenez, on commence le traitement, de la TAO pour commencer, du flagyl aussi, dans le ku, bien sûr, mettons deux injections par jour, et des quinolones
Si vous résistez à ça, on passera aux méthodes anciennes, antimoine et lavage d'uretre
Il ne peut poursuivre, Kob's viens de tomber dans les pommes
Peu à peu, le Kob's reviens à lui
Le chose frère, tout jouace de trouver une oreille attentive, s'ouvre au kamerad Blumroch
Tout y passe depuis son internat à Paris dans des grandes maisons obstétricales ( à beaudeloque, excuse du peu) jusqu'à son arrivée ici, au ku du monde, la facilité avec laquelle on peut recruter du personnel de maison,temoin la gorgone de l'entrée, la façon dont le soleil raccorni la peau et desséche l'organisme, d'où les crises de goutte ce qui explique les charentaises
La satisfaction enfin, de voir ce monde se consumer au rythme des copulations effrénées de la populace locale et des naissances consécutives "et pas besoin d'obstetricien, l'ami, elles mettent bas toutes seules, quasi en marchant, c'est pas de l'européenne fragile ni de l'Asiatique étroite du bas, une minute d'arrêt pour pondre et hop,reparties à l'assaut, l'assaut du mâle, je précise, une libido jamais prise en défaut, à se demander comment leurs hommes survivent"
Le seul point sur lequel le docteur Livingstone ( mais nous pourrions le nommer Petiot, Mabuse ou Mengele, personne n'y trouverai à redire) élude, c'est la raison pour laquelle il s'est retrouvé aux afwiques
Dévoré de curiosité, Blumroch tente une approche, vite rebuffé par le maître des lieux, il ne se décourage pas,avise un pèle mêle de photos mouflets dans les bras de mères éperdues de reconnaissance, le désigne et glisse un "belle famille, ce sont vos filles ?"
Pas vraiment, soupire leur hôte, plutôt mes patientes
Vos patientes ?
Là, Blum fait l'âne pour avoir du foin
Et certes, il va en avoir
Ha, mon brave monsieur, mon ami bloume, si j'peut m'esprimer Raincy, m'exprimer ainsi plutôt, j'en ai connu, de ces malheureuses qui venaient, la matrice sèche et la vulve ravagée,me voir,moi, ephraim tetelbaum, pour expier dans une grossesse douloureuse leur trop plein d'activité hormonale, et pour cette raison même, elles étaient brehaignes, brehaignes jusqu'à la glotte, la chatte, tout quoi
Et elles me suppliaient de leur procurer un enfant, rien qu'un, un qu'elles puissent chérir
Et ça y allait, on peut l'dire, les cycles d'inseminartif, pendant deux trois, cinq ans
Et lorsque en désespoir de cause je me donnais à fond, vous m'avez compris, ça marchait, ça marchait, témoin,tous ces petits rouquemoutes,tous ces blondinets, qui nous sourient sur ces fotos
Enfin, pas tous, bien sûr, mais une partie
Et ces crétins,ces crétines, se font tester ADN pour pouvoir se construire
J'vous d'mande un peu, construire,se construire, lorsque les matériaux sont bons,y a pas pas de questions à se poser
Mais là, c'est fatal, faut s'poser des questions
Quel mot y zont pas compris dans insémination par sperme de donneur anonyme ?
Et de toutes façons je suis resté anonyme toutes ces années, j'ai jamais revendiqué la moindre paternitude, le moindre droit de visite, je me suis contenté de donner, donner, c'est un mot qu'ils pigent pas tous ces cons ?
Bref, parce que j'ai donné de ma personne, je suis l'objet et la victime d'une caballe
La suite vous l'avez sous les yeux, déshonoré, contraint à l'exil, heureusement pas dans la zermi, manquerai plus que ça mais quand même,merde quand même !
Enfin, je me distrait en devisant gaiement avec les visiteurs de passage, à condition qu'ils respectent l'anonymat de ma retraite, mais je sais reconnaître des hommes d'honneur
Car vous êtes des zomms d'honneur, je ne me trompe pas, j'ai l'œil
Si fait,se rengorge Blumroch, hommes sommes, et d'honneur encore plus
Pendant ce temps, Kob's a repris connaissance, il a vaguement pigé le truc, pour l'instant, trempé de sudation il accuse le coup de la blenno compliquée de syphilis, de pseudomonas, et du reste
Plus qu'à espérer que les germes se détruisent les uns les autres, mais pour ça, tu peux rêver
Les jambes flageolantes il se lève et s'approche du fenestron du réduit où on l'a mis à purger ses humeurs malignes
Surprise !
Une silhouette hiératique se tient sous les banians, c'est un blanc, façon haulde scoule, chapeau de brousse, short large et chaussettes hautes dans des pataugas, qui s'est tapis là et observe le ku du bingalo
Qui s'est tapi
Ou alors tapis ?
Ou tapie ?
Non, ça on le trouvera jamais dans le Bescherelle
Bref le type est là, lunettes miroir, il observe, rentre dans l'ombre lorsqu'il présume un mouvement
Kobus, un peu étonné, s'en va quérir son acolyte et,par la même occasion, son sauveur et confrère
Mais ki est donc cet inconnu ?
Hein,ki mais ki donc ?
Est ce un enfant accouché par notre inséminateur héroïque ?
Est ce un détective dépêché par la congrégation des vampyrs ?
Un vampyr ?(quoiqu'ils aient autre chose à faire)
Un amateur de moto russe ?
Un acteur des ONG qui enquête sur les MST afwicaines et leur mode de transmission ?( fastoche, même moi je peux répondre à ça, les MST se transmettent sexuellement, comme leur nom l'indique, pour le pannel des MST par contre, on a le choix, ici plus qu'ailleurs)
16:57 | Lien permanent | Commentaires (21)
Lectures (10)
L'hiver se prête à la vie à l'intérieur et à la lecture. Vous lisez quoi en ce moment ? Moi je viens de finir 188 contes à régler de Jacques Sternberg, un recueil de nouvelles courtes philosophico-fantastiques. C'est vite lu et vite oublié ; ce n'est ni inventif ni sujet à réflexion et pourtant curieusement prétentieux. Du même auteur je viens de commencer Les variations Sternberg, des exercices de style en guise de réponses commerciales, beaucoup plus amusant et réussi.
11:40 | Lien permanent | Commentaires (19)
23/12/2021
Joyeux Noël !
Charles Le Brun
L'adoration des bergers (1689)
Cette année ce sera une œuvre pas tout à fait minimaliste qui illustrera mon billet. Dans une crèche pleine à craquer l'Enfant Jésus et Sa mère sont illuminés par un feu produisant un grand panache de fumée qui va se mêler aux nuages d'où surgit une foule de créatures angéliques de différentes sortes. C'est foisonnant, coloré, dynamique, bref baroque.
18:24 | Lien permanent | Commentaires (13)
22/12/2021
Carte blanche (32)
Laissée à Kobus van Cleef en guise de suite à celle de Blumroch.
Crépuscule des vampyrs et continent obscur
Première partie
Retour une minute en arrière
Notre vampyr, se baguenaudant dans ( ho,l'alliteration, j'adore, mais je suis bien le seul) les rues luteciennes, en chasse d'hémoglobine propre à le sustenter, donc sans mutation du type thalassémie ( qui aurait qqchose à voir avec le peuple d'au delà des mers ? Thalassa) drépanocytose ( pareil, mais dreps, j'ignore ce que ça veut bien vouloir dire en grec ancien) sans hémolyse, mais peut être un candidat porteur d'une bonne maladie de Vaquez, notre vampyr donc,avise une silhouette feminasse
Mollets bien tournés, chevelure mi longue, lunettes rondes à moitié tentées qui accentuent la fragilité de l'orbe du visage ( kes ke j'écris bien, pour un droitard, je veux dire)
Il s'approche
Horreur !
Un inverti !
Du sang prétendument 46XX , en fait du 46XY
Ça ne change rien mais lorsqu'on est vampyr depuis mille générations, on se respecte
Pas de sang d'inverti dans mon menu ?
Accepteriez vous un plat rempli d'OGM ?
Hé bien, voyez, vous avez répondu à ma question
L'ami vampyr se détourne donc de sa proie putative ( encore un mot qu'on aura lu souvent à propos d'un candidat chamboultout mais que personne n'aura relevé sur les rezozozios), il se remet en chasse
Et c'est bien d'une chasse dont il est question, entre l'approche, la furtivité ( ou la furtivitude, va savoir), la prévisualisation de l'itinéraire de la proie,l'allali final, le coup de grâce,toussa
Bref, vampyr hante la chaussée parisienne à défaut de hanter l'Europe, mais il l'a fait auparavant, de targu mûres à sigisoara, de Plovdiv à Bucarest, on peut dire que rien du bassin danubien ne lui est estranger
Et maintenant, un autre bassin, le bassin parisien, théâtre de la transgression flandrienne, le bout de l'Eurasie, là ousque le ciel, la mer, la terre se confondent ( je deviens lyrique, pour un peu je pousserai un aria et la pluie recommencerai à tomber par trombes, à tromber donc)
moyen mnémoteknik pour différencier thalassémie et drépanocytose
thalassémie, avec un T comme Tallal, prénom parfois usité au levant (lebanon)
drépanocytose, avec un D comme diallo, patronyme on ne peut plus courant en afwique de l'ouest et en sénégambie, terres d'élection de cette mutation génétok de l'hémoglobine
Oui il y a des vampyrs vegans comme il y a des sportifs paralytiques et des intellectuels idiots
Et des gendarmettes obèses ( des Magalies de 120 kg, private joke)
Une prise de conscience de la communauté vampyresque carpatique a lentement émergé, au début des 80, caucescu régnante, alors que la population péri danubienne stagnait, la faute au désespoir et à l'anomie générée par l'omniprésence de la férule communiste et du kontrol zozial
En effet, les gens ne se reproduisaient plus que parcimonieusement, les avortements clandestins faisaient rage, la populace restait confinée à la maison entre la télé ( à suivre les matchs de l'équipe de targu mûres et sigisoara) et les œuvres du conducator ( reliées en peau d'ennemis de la patrie)
Avec un coup de tsuica ( pour les plus chanceux) ou de vodka trafiquée et un morcif de chauchichon ( fabrication locale, cochon frelaté, le truc qui te ruine le microbiote intestinal)
Bref, les promeneurs nocturnes et solitaires se faisaient rares, leur sang était de basse qualité, plein d'alcool ( et quel ! du vulgaire méthanol, le truc qui rend aveugle ou qui te colle l'encéphalite de korsakoff) et de gamma GT, bref, ça devenait intenable
Que ces questionnements fussent initiés par une fraction de la populace vampyresque qui peinait à se trouver une place dans la société à la fois humaine( on le souligne assez peu, mais un vampyr doit avoir sa place parmi ses proies,son cheptel, pour pouvoir vivre pleinement la journée et sortir la nuit) et vampyresque ( un bon gros vampyr est un chasseur, un vrai, seul le chasseur chanceux est respecté, le chasseur bredouille est conspué) n'est pas un hasard
En effet, les lousaires faisaient entendre leurs voix, dans tous les domaines, on vit donc l'apparition de mouvements de toccards et de réprouvés de différentes obédiences, réprouvés et recalés de l'administration des eaux et forêts,nullards des écoles d'architecture, ratés du service des contributions indirectes
Ça avait quand même plus de gueule que nos tocassons actuels, résidus de facs de psiko mais je m'égare ( d'ailleurs le vampyrisme c'est quand même la klass ultime)
Ce genre de mouvements allait dans le sens de l'histoire qui veut que ce soit les minorités braillantes ( j'ignore si ce neologisme est parlant, ça réfère un peu aux brailles, les braies, le pantalon, quoi) qui l'emportent, après un long combat fait d'invectives et de crachats, sur les majorités silencieuses et travailleuses, lesquelles se réveillent un jour contraintes de financer toute une néo noblesse de parvenus pleurnichards et, en même temps ( puisque cette antienne devient indispensable) fièrotte de sa supposée fragilitude
Et si ça se limitait au financement, la majorité n'en ferait pas toute une histoire ( à condition que la néo noblesse ne subisse pas une inflation demografik majeure), mais le hic, c'est l'obligation de révérence, l'impératif de baiser l'anneau papal que nous tend d'une main molle, la nouvelle prominenz
Non seulement de baiser l'anneau papal, mais encore de faire liesse, liesse obligatoire et spontanée aux dates fixées du culte du bizarre et du contre nature ou contre l'intelligence
Ainsi de la fête des invertis plus connue sous l'appellation du festival des tarloozs ou de gaye praide
Ainsi de la journée des moukeres, journée internationale s'il vous plaît ( et surtout s'il ne vous plaît pas)
Ainsi de la semaine de commémoration des brutalitances de l'esclavagitude où le peuple supposé oppresseur va demander, en chemise et la cordocou, pardon et miséricorde, aux descendants des supposées victimes, en jettant à la mer moultes compositions florales insanes et serments de repentance et d'allégeance à la martyrologie éternelle
Cette obligation de déférence s'accompagne, par définition, d'une épée de Damoclès suspendue au-dessus des têtes autochtones, la toute puissance de la loa pour qui douterait des bienfaits de l'intégration d'icelle pratique néo religieuse ou néo pratique chamanique ( your mauser)
Ainsi on voit fleurir de sévères tribunaux,s'accumonceler des textes de loa aussi abscons que répressifs, et des procureurs trotskards, tant judiciaires que médiatiques, eructeurs à barbichette qui hululent des qui qui ( on a envie de compléter par"quette" ce qui donnerait quiquette mais dans une émission televizuelle, personne ne sait ce qu'une quiquette est) à s'en faire péter le diaphragme
Ha.... l'horreur des horreur, les hoires les plus histes de notre ombre (approximatif), perso, j'ai de plus en plus de mal à y croire
Et pourtant, digne fils d'une gauchiste modérée ( le gauchyzm s'arrêtant à la vue de ses intérêts) , sexagénaire, tribuable, assez con, occidental, je devrais être pétri ( quasiment en boîte, donc) de repentance, déférence, humilitance, reconnaissance envers toutes communautés couineuses,chouineuses, baveuses et eructeuses
Et pourtant non
J'achète pas, je renacle
Je, comme on dit dans Molière,jarnidieu
Vous me direz que celui qui jarnidieu est un pegut, un vulgaire, un modeste, un homme du commun, certes, toutefois, il a le mérite de le faire, même s'il y est poussé par un motif extra religieux, la déception amoureuse
Et il le
Bref
Jarnidieu
Ça nous éloigne de la sympathique famille des vampyrs et de leurs sous divisions, branches et sous branches diverses
Une partie donc de la famille a soulevé l'idée qu'une alimentation basée uniquement sur le sang des humains était insoutenable à terme dans une zoziete kommunisse marquée par l'anomie, l'alcoolisme et la mal nutrition chronique
Il faudrait donc diversifier les apports
Et, pourquoi pas, envisager l'introduction d'une certaine dose de végétaux
Pourquoi pas du sang de navets,se sont esclaffes les tenants d'une orthodoxie alimentaire dure, d'une orthorhexie
On y viendra, menaçait le leader des navets phages, un insupportable blafard à tête de commissaire politique ( après tant d'années d'entrisme au sein des zoziete kommunisse,se faire menacer par un maigrichon à tête de bolcho, ça craint vraiment)
Une autre branche de la famille exigeait un suicide collectif puisque après tout, ils étaient destinés à périr et que leur biotope diminuait drastiquement, autant partir volontairement, en masse, et ne laisser aucune trace ( sauf un petit tas de cendres grésillantes)
Les conservateurs, évidemment, proposaient un exil en dés terres mieux pourvues en humains pétants de santé, des terres sans régulation où l'on pourrait chasser la nuit, dormir le jour, mener enfin grand train, bref, une vie de vampyr, une vie qui méritait d'être vécue,pas une existence étriquée,raccornie, en surveillant continuellement la proportion des humains par rapport à celle des seigneurs, nous sommes des vampyrs, que diable !
Sang d'humains, point final
Après tout, au cours des millénaires ils ont plus d'une fois été soumis à des pressions diverses sur le biotope, des katastrofs ekolojiks, l'optimum médiéval qui en toute lojik aurait dû dessécher la planète,ruiner les récoltes, anéantir la population humaine et, partant, celle des vampyrs, ou bien, pire, le petit âge glaciaire de 1400 et mèche, qui aurait dû, refaire fleurir les moissons, on voit qu'il n'en a rien été, et que les vampyrs, avec une sagesse ancestrale,se sont limités au sang des humains, leur bétail en quelques sortes
Voilà donc, malheureusement, pas de sang de mouton de substitution pour nos vampyrs
Qu'y puis je ?
Voilà nos orthodoxes alimentaires qui veulent une émigration forcée vers des terres prometteuses, des terres chargées d'humains pétants de santé, des terres d'avenir pour les vampyrs, n'oubliez pas qu'on est à la charnière des 70/80/90 tout ça s'est déroulé quasi en un clin d'œil pour une race qui a plusieurs millénaires de domestication humaine derrière elle
L'histoire se poursuit entre éléments karpatifuges qui veulent émigrer pour chasser l'humain intact, grassouillet, au sang sain, vermeil et abondant et les autres qui veulent soit s'immoler un beau matin en pleine lumière soit s'étioler en espérant tirer quelques bénef de l'ingestion de sang de navets
Bien sûr la fraction irréductible et orthorhexique de la famille voudrait gagner l'Amérique du Sud, l'Amazonie ( il reste des espaces vierges où l'on peut régner sans partage sur tribus autochtones- ça existe encore, ne soyez pas surpris- et trafiquants véreux) et la Patagonie, où certes les moutons sont plus nombreux que les hommes mais où domine l'arbitraire du plus fort, et vampyr est assurément le plus fort
Ceci dit, la route de l'Amérique du Sud semble difficile à pratiquer
En effet après le deuxième conflit mondial, on a bâti toute une mythologie sur la fuite des nazis d'la mort ( alors que bien souvent ils sont restés sur place tranquillement ou bien ont retrouvé du boulot dans les différentes républiques populaires) là bas aux Amériques
Aussi un blanc, pâle et parfois blond, avec un patronyme soit germanique (, soit magyar (les saxons de Transylvanie) soit quasiment imprononçable comme la majorité des patronymes roumains, ça pouvait pas passer à l'Office de l'immigration brazilien ou argentin
Alors qu'en Afrique, hein, hé bien insoupçonnable parmi les autres blancs
Peau blanche, yeux fragiles, craignant le soleil, patronymes atypiques, comment les différencier des conseillers militaires soviétiques ?
Ou même américains ?
Vous auriez pu, vous, si vous aviez été douanier congolais dans ces années là ?
Allez allez, soyez sincères !
alors forcemment, ça s'affronte au congrès (secret ) des vampyrs
y a lutte d'influence, de fluence, de flatulence
le fond de l'affaire c'est que la fraction supposément véganiste (et non vaginiste, quoique) de la grande communauté, voudrait, très hypothétiquement, renier ses racines karpathiques, pour ....redevenir humaine....
vous imaginez ça?
une impossibilité ontologique, anthropologique, et même, osons le mot....raciale!
oui, j'ose!
certains vampyrs veulent se renier, renier leurs pères mères, aïeux, renier le fond kulturel et ethnik dont ils sont issus, pour devenir des merdasses d'humains mortels, fragiles, besogneux, disciplinés
ha certes, l'humain peut supporter la lumière de l'astre divin, certes il peut , sans crainte, déhambuler le jour en plein air
mais celà a-t-il le moindre intérêt lorsqu'on est un vampyr, depuis des générations dont le dénombrement se perd dans la nuit des temps?
celà vaut il lorsqu'on chasse la nuit, lorsqu'on est à l'affut du sang vermeil et bouillonant?
répondez moi, contredisez moi si vous le pouvez!
personne ne prend la parole?
je l'savais...
et puis cette possibilité offerte à l'humain de base , cette possibilité de se baguenauder en plein soleil, n'est ce pas au fond l'optimisation qui lui permet d'accomplir sa tâche? le petit plus qui lui permet de marner au service d'autrui? d'aller par les sentiers boueux pour planter les poireaux, retourner la glèbe et recueillir les patates?
oui c'est l'apanage de la population servile, de pouvoir besogner en plein jour, et de se voir taxé du fruit de ses efforts!
Reprenons ( je singe ici un très vieux professeur de médecine, séfarade rapatrié et depuis, heureusement rappelé à djehova), le cours de l'aventure vampyresque ( comme il y en a de picaresques)
Cette abdication de la nature profonde et privilégiée du vampyrisme, cette espèce de rabaissement volontaire, cette auto diminution, existe dans toutes les organisations, sociétés, civilisations, mais attassion, humaines seulement ( ou assimilées)
Lorsque, en fin de parcours, une fraction de l'échantillon, pas forcément la plus idiote, parfois la moins conformiste, décide de l'abandon de ses valeurs, ou préfère rejoindre la masse pour mieux se fondre dedans
Telles les sardines lorsque le thon germon attaque le banc
Tels les exilés fiscaux lorsque l'administration va les chercher aux Caraïbes et qu'ils décident de revenir au pays
Tels les officiers qui, au moment de la reddition, arrachent leurs galons pour s'enfouir dans la masse des sans grades
pas certain que le vampyr aie une cote très élevée
trop sexy et aristo, il ne recueillera que les lazzis et les quolibets des bouseux de base et des antifas (tigués de naissance?)
trop exotique il sera boudé par les ouacistes dans mon genre
enfin, pas vraiment, le coté bien élististe (sans l'avoir voulu) me ferait même plaisir à voir et à imiter
tout ça pour dire que je porterai bien des noeud pap' ou des lavalières sur des chemises blanches pour saigner des bobos en goguette le soir dans les ribines (le nom local des venelles)
lorsque je suis pas en vêtements de travail (pyjama sabots) ou de loisirs (cuir moto, bottes)
c'est à dire quasiment jamais
Nom d'une canine creuse, je me suis endormi sur le métier !
Faudrait pas vieillir, bon gû !
Assignons à ce congrès de la famille vampyr un lieu ( les caves de l'empereur trajan en bessarabie, je crois,j'y suis passé, très bon vin blanc,du cotnari je crois que c'est son nom) une date approximative ( le milieu des années caucescu) un horaire ( minuit évidemment) des participants ( vampyrs tous parents, les plus jeunes mal fringues avec des trognes d'aktivists politrouk d'Hallemagne de l'ouest, genre bande à Baader,rouflaquettes et grotesque casquette de prolo sans parler des pattes d'eph, alors que la faction majoritaire montre l'aspect de l'insertion zoziale passe partout)
Assignons aussi des noms ( sympa comme allitérations ça, assignons des noms) aux protagonistes
Vlad pour le patriarche de la faction conservatrice,Radul, Miro et Jozef pour ses acolytes, Cristi ( diminutif de Christianu), Traian ( très beauf en 2021 mais en 1975 ça se portait) et Roman pour les moudernistes
Des filles aussi mais ce seront des utilités muettes alors hein
Et la bataille d'arguments, ils sont déjà connus
Bref, nous retrouvons, pas loin d'un demi siècle plus tard nos tradis en afwique, bien intégrés comme tout bon vampyr qui se respecte, certains d'entre eux ont repris Léopoldville aux katangais lorsque la légion a sauté sur Kolwezi ( d'ailleurs le choix de Bruno Kremer dans le film éponyme comme akteur lorsqu'il tend son AR15 au ieut'nant de la légion en lui disant"essayez ça, c'est plus efficace que votre pistojouet à bouchon" ce choix donc n'est pas innocent, blondeur, pâleur, même après une période prolongée au soleil, intégration zoziale au point de posséder une arme, tout ça sent son clin d'œil, d'ailleurs, a
Oui, des civils belges ont résisté aux twoupes katangaises indisciplinées et cannibales
Et l'ossature de ces milices européennes étaient des vampyrs
Mais c'est un secret bien gardé
Ils ont repris des points stratégiques, nuitamment, en profitant de leur nyctalopie et de la terreur qu'ils inspiraient aux braves mercenaires débandés
Ces quelques jours d'anarchie en afwique des grands lacs furent une période de bombance pour nos amis karpatiques
À tel point qu'il se peut, mais là on reste dans le cadre de l'hypothèse, qu'ils aient pensé à déclencher d'autres mouvements insurrectionnels dans cette région pour profiter de l'occasion
Sur le mode safari humain, voyez vous ?
Les chasses du comte Zaroff
D'ailleurs, une constante dans cette histoire, c'est la permanence des troubles dans cette aire jeografik depuis des décennies
Et également la permanence de divers conseillers militaires, tant porteurs de patronymes est européens qu'anglosaxons
Tous conseillers à peau blanche, fuyant les objectifs photographiques, et d'une discrétion de rosière
Ainsi que, parallèlement, l'émergence de légendes locales concernant des rapts nocturnes, des cadavres vidés de leur sang, des villages entiers retrouvés déserts
Alors, bien sûr, personne n'y a cru, personne ne s'est seulement emmerdé au moindre début de réflexion, et moi le premier
Mais toudmeme, entre nous, ces conflits incessants,ces dictateurs quasi héréditaires,ces immensités où personne ne va enquêter,ces armes,ces pièces de rechange,ces muni qui circulent librement dans ces zones privées de tout accès à la modernitude, ça vous fait pas tilt dans la cougourde ?
C'est pour ça que nos héros, Blumroch et Kob's, décident un beau matin de partir de Bruxelles pour enquêter
Non plus au Congo comme Tintin, leur illustre devancier, mais en RDC ( republik demokratik du kongo) au Zaïre, au Rouanda, en Tanzanie et au Bouroundi ( j'abhorre par dessus tout la graphie angluche avec laquelle on massacre l'appellation des toponymes)
Vaste programme comme aurait pu le clamer un opportuniste de grande taille
Nous voilà donc à faire la queue à Roissy CDG France
Nous avons dû montrer nos passes nazitaires, habilement contrefaits, le soir à la chandelle, avec crayon graphite et papier rizla, c'est passé crème, puis subir la fouille à l'entrée dans le sas
Je me suis vu confisquer mon exemplaire de Tintin au Congo, Blumroch ce fut son casque colonial ( ha non monsieur sall'kouffarrr, on peut pas prendre ça en kabin'c'est interdit tu sais)
Mais ils nous ont laissé nos lectures rafraîchissantes pour patienter pendant les longues heures de vol jusqu'à Kinshasa ( de l'inégalité des races de Gobineau et ma lutte de Aldo Filter)
Pour les visas, aucun problème, une accointance louche avec un parlementaire corrompu nous a ouvert les portes des différents consulats
Une dernière incantation à Hermès, le djieu des perigrins, un point fixe en bout de piste, une poussée des réacteurs dans le dos, et nous voici partis
Adieu vieille Europe.....
C'est ce qu'on dû se dire Vlad, Karol, Radul et Jozef, plus d'un demi siècle auparavant
Mais nous l'ignorions encore
Bon, de toutes façons, les vigiles ne s'intéressent qu'à ce qu'ils peuvent revendre
Montres,joncaille, pacotille diverse, parfois quelques conserves et glucides qu'ils baffrent en salle de pause
Plus des conneries électroniques qui leur font de l'œil
Nous voilà donc entre terre et ciel, vers le continent obscur, à destination de Kinshasa, en transit par Abidjan
Toulmonde est endimanché, tu penses, pour aller se montrer au bled, même les ados qui, hier encore faisaient les fier à bras, apparaissent éteints à la perspective de se taper un mois sans console, sans rodéos en scoutaire et sans chahut scolaire
Ambiance morne, troublée de vociférations éructantes ( c'est un trait commun à l'afwique, l'impossibilité à modérer la voix, ça et les ku monstrueux qu'elle engendre, ne dit-on pas "un boule de renoi"?)
Je vais prendre mon Atlas ( universel Quillet, édition 1947) pour bien repérer les lieux
Foin des gougleu mapeux !
Le point, ça se fait au sextan, et au chronomètre !
La topo, c'est boussole, et carte IGN !
Bref, façon auldeu scoule
Donc voilà, on débarque à Abidjan Côte d'Ivoire aéroport international, on s'oriente dans la cohue qui déboule de la passerelle, les natifs,eusses, la discipline, ça les branche de fort loin, ils assaillent donc la soute et les bagagistes ( les balanceurs) , en toute raison, d'ailleurs, puisque le produit extrait de la soute est revendu illico
Nous, on est venu les mains dans les poches ou presque
Mais bon, je regrette mon manuel de médecine tropicale pathologie infectieuse 1957 que je tenais de mon beau père, disparu avec le reste de nos impedimentas
Blum me signale qu'on pourra racheter ce qui nous manque au marché noir ( ce mot honni !) en cas de besoin
Nous faisons donc la queue à la douane, passeport,visa
Nous évitons une trop longue attente au moyen du traditionnel billet de 20 pions glissé de façon ostensible dans le passeport
Nous sortons donc dans la touffeur vespérale des twopiques, les mains dans les poches, lunettes de soleil sur le nez
Les traditionnels rabatteurs de taxis nous cornent dans les oreilles, tentant de monopoliser notre attention, mais ouat! un autre objectif s'est emparé de nos pensardes respectives, où est le père Jozef, ce père blanc d'origine polaque, qui avait planifié avec nous les premières journées ?( sur internet)
Au bout de peu, on voit poindre au loin la calandre d'une antique Rolls-Royce, la silver lady, disparue depuis des lustres, remplacée ( décidément) par un fétiche bantou, celui de la foudre ( ce qui, dans un pays où les éléments se déchaînent, pose son véhicule), le pare brise customisé façon locale avec des feuilles de latanier ( ne me demandez pas de quoi il s'agit, c'est du latanier, point) de sorte que le chauffeur demeure invisible de l'extérieur
Le bruit d'horloge suisse du moteur est étouffé par la tonitruance de hauts parleurs arrimés sur le toit de l'habitacle, lesquels diffusent à jet continu du sœur Marie Keirouz, et les vocalises libanaises, ça meurtri les tympans, crois moi
Le véhicule s'arrête le long du trottoir, un pygmée blanc s'extirpe de derrière le volant, il pose au sol un petit banc, puis rejoint le plancher des vaches
Messires Blumroch et Kob's ?
Il adopte un ton cérémonieux un peu crispant, aussi Blum rétorque, raide comme balle"docteur Livingstone, quelle surprise !"
Là,y a comme un blanc,si on peut dire, puisque pour le moment on est où on est, voyez
Kobus rattrape le coup avec le chauffeur "nous sommes prêts à y aller, mon brave, pas besoin d'attendre les bagages, nous aimons voyager léger, fouette cocher !"
Blum se penche vers son acolyte et lui glisse "t'as remarqué ? Le mec là, t'as pas vu ?"
"Si fait, il est albinos, est ce un péché ?"
"Certes, c'est un péché ici même, le gus risque sa peau, il risque de finir dans celle d'un fétiche, ou bien desséché et râpé chaque matin dans le café, mais c'est pas ce que je voulais dire, regarde sur son siège..."
Et, en effet, le pygmée albinos s'est surélevé avec mon ouvrage à moi offert par beau papa, ouvrage de médecine tropicale traitant de pathologie infectieuse, ouvrage dont il usa durant son temps aux colonies avec sa troupe d'infanterie coloniale ( lorsque Jésus Christ créa la colo...) Il avait un beau kebour à fond pourpre orné de l'ancre de marine, très smart, ça m'aurait fait de la peine qu'on me le fauche, surtout ici, sur le terrain de ses exploits passés
Heureusement que je viens de retrouver le bouquin
Fort courtoisement je m'enquier auprès du driver de la provenance du bouquin
Le gars me dit qu'il vient de se le procurer au marché noir, 100 CFA ( il dit cefa comme nous dirions CERFA mais sans le R bien sûr) , j'extirpe 10 pions de mon morlingue, les glisse dans la poche de sa chemisette et lui lance "gardez la monnaie, ça me fait plaisir de vous avoir rendu service"
On s'emporte donc vers la périphérie, en direction de l'aumônerie catholique où nous sommes attendus
nos deux larrons, confortablement installés sur la banquette arrière de la phantom, le bras passé dans la sangle de porte (oui, il y a de tels dispositifs dans les rolls, ma fille me l'a assuré, du moins), ignorant les cahots routiers (pour être rolls, le carrosse n'en roule pas moins dans les périphéries ivoireuses, ça regorge de nids d'éléphants, là bas, autre chose que les nids de poule européens) devisent joyeusement, l'avenir se dessine sous d'heureux auspices, ils ont passé le kontrol des visas et récupéré l'héritage de Kobus
un peu comme les troupes du prince de Lignes, ils ont regagné Péronne et perdu leur général, mais foin de considérations historiques
la piste de latérite se déroule, la poussière rouge se dépose sur les banquettes, on double les s'en fout la mort et les fatous qui portent qui des bidons, qui des grappes de mioches (ha, les clichés sur l'afwique....) qui des oripeaux de pornostars au rabais
une embardée terrible, le moteur calle, un silence de cathédrale, rompu enfin par un baragouin vociféré sur un ton comminatoire, on devine un conflit latent, des trucs inavoués, un héritage fraudé, un bornage de champ ou pire, bien pire, une épouse déshonorée
mais qu'est ce qu'on en a à faire , nouzautres, de leurs histoires de ouigres, on fouette cocher, hue , roule carcasse!
le dit cocher est bien incapable de rouler
une sagaie lui a partagé la trogne en deux moitiés inégales et s'il arrive à s'asseoir un jour derrière un volant, ce sera après des soins de thanatopraxie lourds et coûteux
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