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10/01/2007

Conte géométrique

     Les Ronds ne s’aimaient plus. Jadis, ils avaient colonisé les Carrés et certains d’entre eux, les Ronds Parfaits, avaient même massacré des Triangles. Alors, avec les années, une partie des Ronds avaient convaincu la grande majorité que les Ronds étaient méchants, qu’ils étaient laids, que les Carrés et Triangles, ainsi que toutes les autres formes géométriques, étaient beaucoup plus gentils et beaux, avec une préférence pour les Polygones irréguliers.

     Puis, les Carrés, qui n’étaient plus colonisés, vinrent chez les Ronds parce qu’il y avait du travail, parce leur pays était pauvre et puis parce que ce n’était que justice. Bientôt, les Carrés ne furent plus appelés Carrés, car c’était mal, on devait les appeler Quadrilatère à Angles Droits et Côtés Égaux. Comme c’était un peu trop long, on les nommait les Quads, c’était beaucoup mieux. Au départ, les Triangles qui avaient été persécutés par les Ronds Parfaits et qui en voyaient partout, appréciaient la venue des Quads ; entre minorités on devait pouvoir s’entendre.

     Mais bientôt, les Quads s’en prirent aux Triangles qu’ils accusaient d’être des Ronds déguisés et aussi de vouloir leur prendre leur pays, ils en avaient d’ailleurs pris un petit bout, Triangland. Certains Ronds dirent que cela faisait beaucoup de chambardement, et que peut-être il fallait se poser certaines questions et que peut-être... Mais les autres Ronds, les Ronds Qui Savent, leur dirent que c’était mal, que les Ronds étaient coupables de tout et qu’ils devaient se taire ou être considérés comme des Ronds Parfaits cachés, ce qui occasionnait au mieux les pires tracas.

     Bizarrement, la caste des  Ronds Qui Savent  adoraient les Triangles de chez eux mais détestaient ceux de Triangland, alors que les Quads, plus cohérents, n’aimaient aucun Triangle, d’où qu’il fût.

     Ils y avaient aussi les Pentagones, qu’on ne devait plus appeler Pentagones parce que c’était mal, mais Polygones à Cinq Côtés. Bientôt, tout le monde les appelait les Polys, c’était plus court et cela faisait moderne. Et ces Polys avaient eu un sort encore plus terrible que les Quads, non seulement les Ronds les avaient colonisés, mais en plus ils en avaient fait des esclaves. Que les Quads avaient fait de même et plus longtemps encore était secondaire, les Ronds étaient coupables de tout.

     Donc, au pays des Ronds, il y avait beaucoup de formes géométriques. Si au départ cela n’avait pas posé de trop grands problèmes, c’était parce que les Ronds avaient dit : « Si vous voulez vivre chez les Ronds, quel que soit votre forme vous serez les bienvenus à la condition de vivre comme les Ronds ». Tant bien que mal le système avait fonctionné, mais c'était sans compter avec le souvenir que les Ronds Parfaits avaient commis maintes destructions au nom de la Rondeur avant d'être militairement battus.

     Alors un groupe de Ronds qui avaient plus ou moins combattu les Ronds Parfaits, ou, pour beaucoup, qui rêvaient de l’avoir fait, s’érigèrent en caste ; comme ils croyaient avoir trouvé l’origine de tous les maux, ils devinrent les Ronds Qui Savent, rien ne pouvait être fait sans leur accord. Leur théorie était simple : « Les Ronds Parfaits ont commis des atrocités au nom de la Rondeur, donc puisque que les Ronds existent toujours, cela peut encore se reproduire. La Rondeur est mauvaise et tout Rond est potentiellement mauvais ». Les Triangles, qui avaient été cruellement échaudés, approuvèrent. Et il devint logique pour beaucoup, que, puisque le Rond était mauvais, ce qui ne l’était pas devait être bon. Les Triangles approuvèrent encore jusqu’à ce que certains Quads les accusent d’être des Ronds déguisés, voir des Ronds Parfaits, et s’en prennent à eux.

     Mais les Ronds Qui Savent dirent que c’était la faute des Ronds qui n’avaient toujours pas compris et qui étaient encore méchants avec les autres formes géométriques poussés par leur perversité naturelle et par des Ronds Parfaits camouflés parmi eux. Seuls les Ronds Qui Savent échappaient au risque d’être injustes grâce à leur sagesse et à leur auto flagellation verbale de chaque instant.

     Les Quads restés dans leur pays n’étaient toujours pas plus riches, mais ce n’était pas de leur faute, seulement de celle des Ronds, et on pouvait difficilement en douter puisque que les Ronds eux-mêmes et pas n’importent lesquels, de ceux qui savent, le disaient. C’était aussi la faute des Triangles*, mais puisqu’ils étaient des Ronds déguisés cela simplifiait bien les choses. Les Ronds sont coupables de tout. Donc, certains Quads se dirent que non seulement leurs malheurs n’étaient pas de leur faute mais de celle des Ronds, mais aussi, par conséquent, qu’ils devaient être fier de leur Quadrature. Ils se dirent même que, puisque le Rond était mauvais et laid, le Carré devait être bon et beau, et qu’il serait magnifique de devenir des Carrés Parfaits.

     Des Ronds firent remarquer qu’entre les Ronds Parfaits de sinistre mémoire et les Carrés Parfaits il y avait plus d’une similitude, mais ils furent menacés d’être traînés devant les tribunaux pour calomnies, appels aux meurtres et méchancetés manifestes par les Ronds Qui Savent, alors ils se turent.

     Puis les Carrés Parfaits, au nom de la Quadrature, firent sauter des bombes, tuant de toutes les formes géométriques, mais surtout des Ronds et des Triangles. Tout le monde s’indigna et dit que les Carrés Parfaits étaient mauvais. Alors, certains Ronds firent remarquer que puisqu’il est admis que les Ronds sont potentiellement mauvais et que la Rondeur est mauvaise à cause des crimes commis en son nom, on pouvait appliquer le même raisonnement pour la Quadrature et les Carrés, ou, dans le cas contraire, le déclarer erroné pour tout le monde. De nouveau, ils furent menacés des tribunaux et de nouveau, ils se turent.

     Les Ronds Qui Savent, qui n’était jamais à court d’idées, déclarèrent que pour ne pas avoir d’ennemis ils suffisaient de décréter que tous les habitants de la planète étaient amis, sauf les Ronds Parfaits et assimilés comme tels, bien sûr. L’idée avait le mérite d’être simple. Encore une fois, des Ronds se risquèrent à dire que tout ceci était bien joli, mais que les Ronds Qui Savent n’avaient d’influence que sur les Ronds, et que pour être amis il fallait être deux. Encore une fois on les menaça des tribunaux pour incitation à la haine entre les formes géométriques, non sans avoir préalablement ridiculisé leur pessimisme rétrograde, et encore une fois, ils se turent. 

     Pourtant les bombes continuèrent à sauter. C’est alors que les Ronds Qui savent eurent une nouvelle illumination, l’ultime illumination qui devait changer la face du monde, puisque que tout les maux viennent de la distinction des formes, il fallait décréter que les formes n’existaient plus et tout irait pour le mieux. Cette fois plus personne ne dit rien.

     C’est ainsi que le monde devint informe... et que, très curieusement, contredisant les prévisions des Ronds Qui Savent, les choses n'allèrent pas en s'améliorant et même empirèrent très rapidement.  

 

* Le cas des Triangles est assez compliqué. Pour faire bref, ils sont considérés comme des Ronds quand ils sont dans leur pays, Triangland, et ils sont donc considérés comme mauvais, mais leur triangularité est mise en avant quand ils sont chez les Ronds, et ils sont donc considérés comme bons. Cela peut paraître un peu curieux mais c'est comme ça.

Le tour de France des monuments (choix absolument arbitraire) : Ozoir le Breuil (28)

Le Moulin de Frouville

07/01/2007

Neige

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Tamara de Lempicka

St Moritz

Mal partis

Je croise une femme sur le trottoir, elle ne doit pas avoir 40 ans, la peau sur les os elle flotte dans des vêtements usés et sans forme. Elle avance d’un pas rapide, mécanique, sans regarder autour d’elle, le regard perdu dans le vague. Son visage est marqué par une vie de galères, une cigarette coincée entre ses lèvres crispées. L’enfant dans la poussette doit avoir 3 ou 4 ans, de travers dans son siège il ne dit rien, ne bouge pas, il tient un petit ours en peluche par une patte. Sa tête ballotte un peu selon les irrégularités du trottoir. Tout est sale, l’enfant, ses vêtements, la poussette, l’ours. La mère pousse son enfant comme si c’était un fardeau, comme si elle devait assumer quelque chose dont elle était innocente. Je ne la blâme pas, je ne connais pas son histoire, mais je me demande quelles chances à cet enfant et pourquoi elle l’a fait. 

Je croise un homme sur le trottoir, une trentaine d’années au maximum, il a les yeux bouffis et sent le vin et la crasse. Il tient par la main un petit garçon qui le suit en trébuchant...

Jeunisme

Je me demande ce qui a bien pu se passer à un moment donné, quelle espèce de maléfice a pu frapper notre génération pour que, soudainement, on ait commencé à regarder les jeunes comme les messagers de je ne sais quelle vérité absolue. Les jeunes...les jeunes...les jeunes...On eût dit qu'ils venaient d'arriver dans leurs vaisseaux spatiaux. Ce qui s'est passé entre 50 et 70 est fascinant et terrible, quand les générations qui savaient ont cédé le pouvoir à ceux qui venaient juste de quitter leurs jeux d'enfants. Seul un délire collectif peut nous faire considérer comme des maîtres dépositaires de toutes les vérités des garçons de quinze ans.  

Federico Fellini

Fellini par Fellini

Propriété

Dans un futur proche, le service photo d’un grand magazine.  

Le rédacteur :

- Pas mal du tout la photo du petit nouveau. Bien sûr, il faudra faire quelques modifs.

Le responsable photo :

- Je vous écoute.

Le rédacteur :

- Faudra cacher le visage des mineurs comme d’hab'.

Le responsable photo :

- Ok. Ensuite ?

Le rédacteur :

- Celui des adultes aussi. Depuis l’affaire de Roubaix...

Le responsable photo :

- Pas d’problème.

Le rédacteur :

- Tu flouttes les enseignes, si jamais il y en a un qui trouve que cette photo lui fait de la contre pub...

Le responsable photo :

- Ça marche.

Le rédacteur :

- Au fait, j’ai pas pensé à demander l’autorisation à la Mairie, si jamais ils nous mettent leur service juridique aux fesses. Essaie de rendre la rue méconnaissable.

- Je devrais y arriver. Autre chose ?

Le rédacteur :

- C’est pas la Maison de la Culture derrière ? Si. Eh merde ! C’est cet architecte mexicain... j’ai oublié son nom... qui l’a construite. Il rigole pas avec l’exploitation de l’image de ses oeuvres celui-là ! Tu caches !

Le responsable photo :

- Ok.

Le rédacteur :

- Bon, ça devrait aller... Alors ça donne quoi ?

Le responsable photo :

- Eh bien, tout est flou, mais il nous reste un beau ciel bleu.

Le tour de France des monuments (choix absolument arbitraire) : Léojac (82)

L'église inachevée Sainte-Thérése