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09/01/2011

C'est vu (4)


L'exception culturelle française exige sans doute que le spectateur soit émerveillé à la vue des Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet, il n'en demeure pas moins que ce film d'animation est laid, sinistre et ennuyeux. Des Français fanatiques du Tour de France qui tournent au vin rouge et des Américains forcément obèses, on a vu plus subtil comme satire. C'est pour quand le prochain Pixar ?

 

07/01/2011

Déboulonnage (5)

« Par contre, avec Coluche, ç'a été difficile. C'était le Coluche des tournées, pas encore le Coluche du cinéma, mais c'était déjà une grosse vedette, et pas du genre très sympa. Il est arrivé en Rolls avec toute sa clique, fallait pas toucher sa voiture, il faisait toutes sortes de manières. Il jouait le rôle d'un cuisinier, sauf qu'il avait des chaussures en chevreau blanc qu'il voulait pas salir, si bien que j'étais tout le temps en train de lui prêter les miennes pour les prises ! Comme son personnage mangeait ses plats, on avait dû lui faire venir des mets de traiteur qu'il mangeait vraiment, si bien qu'au bout de 3 ou 4 prises il n'avait plus faim. Guy lui disait alors "ben vas-y, fais semblant", et lui il répondait "ah non non non, moi j'fais pas semblant", et au final on devait attendre le lendemain pour terminer la scène. »

Jean-Pierre Desagnat à propos du tournage du film Drôles de zèbres (1977) réalisé par Guy Lux

L'interview intégrale est dans Nanarland.

06/01/2011

Récréation (39)

 

Petit guide pratique à l'usage du buveur au comptoir

 

  • Cas n°1

Symptôme : Pieds froids et humides.

Cause : Ton verre est incliné sous un angle incorrect.

Solution : Tourne le verre jusqu'à ce que la partie ouverte soit vers le haut.

  • Cas n°2

Symptôme : Pieds chauds et mouillés.

Cause : Ça y est, tu t'es pissé dessus.

Solution : Va te sécher aux toilettes les plus proches.

  • Cas n°3

Symptôme : Le comptoir est en émail blanc.

Cause : Tu n'es toujours pas sorti des toilettes.

Solution : Appelle à l'aide.

  • Cas n°4

Symptôme : Tu n'as pas la bière que tu as commandée depuis ¼ d'heure.

Cause : Le comptoir est derrière toi.

Solution : Retourne-toi, ta bière est là.

  • Cas n°5

Symptôme : Le mur d'en face est plein de lumières.

Cause : Tu es tombé sur le dos.

Solution : Positionne ton corps à 90 degrés par rapport au sol.

  • Cas n°6

Symptôme : Ta bouche est pleine de mégots.

Cause : T'as piqué du nez dans le cendrier.

Solution : Retire tout ça et rince-toi la bouche avec un bon gin tonic.

  • Cas n°7

Symptôme : Vue troublée.

Cause : Tu regardes à travers un verre vide.

Solution : Redemande une tournée de ta boisson favorite.

  • Cas n°8

Symptôme : Le sol se déplace sous tes pieds.

Cause : Deux videurs te sortent du bar.

Solution : Demande au moins où ils t'emmènent.

  • Cas n°9

Symptôme : Reflets multiples de visages te regardant fixement dans l'eau.

Cause : Tu es dans les toilettes, essayant de vomir.

Solution : Mets-toi un doigt dans la gorge.

  • Cas n°10

Symptôme : Les gens autour de toi parlent avec un écho mystérieux.

Cause : Tu as le verre sur l'oreille.

Solution : Arrête de faire le crétin.

  • Cas n°11

Symptôme : La disco bouge beaucoup, les gens sont habillés en blanc et la musique est assez monotone.

Cause : Tu es dans une ambulance.

Solution : Ne bouge pas. Possible coma éthylique.

  • Cas n°12

Symptôme : Ton père a l'air très bizarre et tes frangins te regardent d'un air étonné.

Cause : Tu t'es gouré de maison.

Solution : Demande leur s'ils peuvent t'indiquer où est la tienne.

  • Cas n°13

Symptôme : Un énorme spot de la disco t'aveugle.

Cause : Tu es allongé dans la rue et il fait déjà jour.

Solution : Café et une petite goutte pour se remettre...

 

05/01/2011

Histoire... (60)

 

Comment un état juif a failli naître sur le Bassin

 

L'historien Jean-Claude Riehl publie dans le bulletin de la Société historique une étude de négociations menées au XVIIIe pour la création d'un État juif dans le Bassin.

 

Voilà une drôle d'histoire. Elle est racontée dans le dernier bulletin de la Société historique et archéologique d'Arcachon et du Pays de Buch par Jean-Claude Riehl, un Alsacien d'origine qui fut professeur d'histoire à Arcachon.

Jean-Claude Riehl décrypte dans ce bulletin une lettre envoyée à Napoléon par Fouché, le ministre de la police, qui reprend un rapport de police daté du 1er février 1807. Et voici ce qu'elle dit : « En février 1793, le conseil du comte de Lille, qui se disait alors régent du royaume, discuta un projet de convention offert par les Juifs. Il s'agissait de leur céder la baie d'Arcachon et toutes les landes de ce territoire entre Bordeaux et Bayonne, pour être tenues par eux en propriété, sous la suzeraineté de la couronne. Ils devaient cultiver ces landes, y bâtir une ou plusieurs villes ; le tout régi et administré d'après leurs lois religieuses, leurs usages civils et leur jurisprudence particulière, sauf les cas de contestation avec un chrétien, dans lesquels des commissaires royaux résidant dans ces villes auraient intervenu et prononcé. Les Juifs offraient 25 millions. »

 

Jean-Claude Riehl a retrouvé ce texte en fouillant les legs d'anciens historiens locaux, les fonds Rebsomen et Ragot. La négociation dont parle ce rapport de police a en effet de quoi intriguer. Le comte de Lille n'est autre que le futur Louis XVIII qui prendra le trône après la chute de Napoléon.

Le propriétaire de Certes

Alors y a-t-il du vrai dans ce que Fouché raconte à Napoléon ? C'est ce à quoi s'est attelé Jean-Claude Riehl. L'interprétation initiale, celle de l'historien Bernhard Blumenkranz, consistait à dire que Fouché avait monté cette histoire contre les Juifs de France.

Peut-être… Mais Jean-Claude Riehl n'y croit pas. Il rassemble dans son article un faisceau d'indices laissant penser que cette négociation a bel et bien eu lieu.

Il y a d'abord des éléments de contexte. Le XVIIIe siècle est celui des physiocrates qui considèrent que la richesse d'un pays provient exclusivement de son agriculture qui est la seule création annuelle de richesse et prône donc le défrichement et la mise en culture partout où c'est possible.

À cette époque, la population augmente et les terres manquent. Les landes de la baie d'Arcachon ne demandent qu'à devenir cultivables. L'idée d'y envoyer des juifs n'est à l'époque pas farfelue, parce que les ghettos juifs débordent et qu'il faut bien employer ces masses pauvres, et donc « dangereuses ». D'ailleurs, un inspecteur des Manufactures, François de Paul Latapie, en 1778, écrit « que les Juifs ont sollicité la concession de ce pays inculte qui s'étend depuis Sainte-Croix jusqu'à Belvès », en Dordogne, projet auquel s'opposa l'archevêque de Bordeaux. Alors pourquoi pas Arcachon ?

D'autre part, trois personnes sont de la négociation évoquée par le rapport de police, M. Hermann, un diplomate écouté et employé par Napoléon, M. Cruchin et d'Auberval. Or, ce dernier est alors le propriétaire du château de Certes.

L'histoire est si ironique…

Enfin, Jean-Claude Riehl regarde le nord de l'Europe puisque le rapport de police évoque l'ouverture de négociation à Amsterdam dès la fin de 1791 : « Les Juifs hollandais écrivirent à leurs coreligionnaires en Portugal et à Londres pour conférer et arrêter le projet avec les Juifs anglais. » Il a même trouvé un personnage permettant de faire le lien entre la diaspora du nord de l'Europe et la Gironde : le Bordelais Abraham Gradis, décédé en 1790, mais qui possédait des comptoirs à Londres et Amsterdam et qui était proche des Bourbons et donc du futur Louis XVIII : « Comment ne pas imaginer que Gradis est à l'origine de ce projet de par l'importance de ses contacts. »

Pour Jean-Claude Riehl, « ce faisceau d'arguments devrait permettre de lire ce projet sous un jour nouveau et de le classer parmi les grands projets de colonisation des Landes et du bassin d'Arcachon ».

La petite histoire s'arrête là : les évêques de Bordeaux et d'Arras se sont opposés au projet qui n'a donc pas eu de suite. Reste que la grande histoire ne manque pas d'ironie : en 1850, les frères Émile et Isaac Pereire, de confession juive, fondèrent la ville d'Arcachon…

 

David Patsouris

Source : Sud-Ouest du 03/01/11

 

Et moi qui suis bordelais et qui ai vécu mon enfance dans le Médoc, j'ai failli être une sorte de Palestinien.

04/01/2011

Musique (215)

C++

Comme dans les films

 

 

03/01/2011

Tintin au Goulag

Le film Les chemins de la liberté de Peter Weir sort bientôt au cinéma. Il est tiré du récit autobiographique de Sławomir Rawicz, À marche forcée, qui raconte son évasion d'un goulag et son périple jusqu'en Inde. Seulement aujourd'hui il n'y a plus grand monde pour croire à cette équipée. J'ai eu l'occasion de lire le livre en question il y quelques années, et j'avoue que cela m'a plus fait penser à un mauvais roman d'aventure qu'à une histoire véridique. Ce n'est pas parce qu'on dénonce une institution épouvantable comme le Goulag qu'on a le droit de raconter n'importe quoi. 

Le tour de France du patrimoine (choix absolument arbitraire) : Les Pyrénées

Le blog Robert aux bornes des Pyrénées