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28/05/2006

De l'immigration

Partons de la thèse bien-pensante sur l'immigration, la thèse centrale de l'immigrationnisme, telle qu'elle est formulée dans le langage politique ordinaire : l'immigration serait un phénomène à la fois inéluctable et positif. C'est là une thèse étrange, qui a pour conséquence de fermer la discussion qu'elle semble ouvrir. Si l'immigration est inéluctable, au point d'incarner une fatalité, il n'y a qu'une politique possible : celle de l'adaptation au processus fatal. C'est là reconnaître en la matière l'impuissance radicale du pouvoir politique, dont l'exercice se réduit nécessairement à reconnaître et accepter cette figure du destin.

Les dirigeants politiques n'ont plus rien d'autre à faire que contempler et commenter l'irrésistible processus. Disparition de l'action politique, effacement de la volonté politique, annulation de la liberté de faire des choix : avènement de l'impolitique.

Si, en outre, l'immigration est un phénomène intrinsèquement positif, alors il faut se réjouir devant l'inéluctable, et tout faire pour éliminer les obstacles, limites et autres restrictions susceptibles d'empêcher la totale liberté des candidats à l'immigration de venir s'installer dans le pays de leur choix. Le destin prenant le visage bienveillant de la Providence, la politique de l'immigration ne peut qu'être de style abstentionniste. Il faut commencer par exclure tout projet de réglementation de l'immigration incluant une sélection des immigrés. Si l'immigration est un bien commun de l'humanité, il faut la favoriser par tous les moyens. L'acteur politique ne peut plus être qu'un spectateur qui applaudit au réjouissant spectacle, quitte à en faciliter le déroulement.

Le droit d'immigrer dans un pays de son choix, sans restriction, s'inscrit dès lors sur la liste des droits de l'homme élargie. Ceux qui prononcent une telle série de jugements en arrivent logiquement à en déduire que les Etats-nations supposés résiduels doivent faire appel à l'immigration, en attendant leur disparition dans la posthistoire ouvrant l'âge du postnational, celui de la paix universelle. Dans la démocratie cosmopolite de l'avenir, il n'y aura plus ni nationaux ni étrangers, ni citoyens ni immigrés. Tous les humains seront intrinsèquement mobiles. L'indifférenciation sera la règle.

Telle est l'utopie futuriste qui fait rêver nombre de nos contemporains. Elle implique une autodestruction de toute politique de l'immigration. Cette vague utopiste est récente. C'est vers la fin du XXe siècle qu'est née l'utopie messianique du salut par l'immigration. Revenons dans le monde social réel, régi par les calculs d'intérêts. Des arguments d'appoint, d'ordre économique et démographique, viennent vite renforcer la conjonction de l'inéluctable et du positif dans la figure rêvée de l'immigration. En premier lieu, on lance comme un fait scientifiquement établi qu'il y a une corrélation positive, un «cercle vertueux», entre l'immigration et la croissance. On donne en général l'exemple des Etats-Unis, exceptionnellement érigés en modèle, en oubliant les nombreux contre-exemples, à commencer par celui du Japon. En second lieu, on avance que le vieillissement et la stagnation de la population des pays de la Vieille Europe sont tels qu'il faut impérativement faire appel à des immigrés dont le taux de natalité pourrait seul compenser le déficit démographique.

L'immigration est ainsi justifiée au nom des intérêts bien compris des peuples d'accueil. Les dirigeants politiques, voués à ouvrir les bras au monde, n'ont plus rien à faire que dire et redire avec l'émerveillement requis : «L'immigration est une chance pour la France». Certains croient y voir la main de la Providence. L'immigration, ajoute-t-on pour convaincre les adeptes de la néoreligion de la diversité, est une «richesse». Il serait donc vain de distinguer entre une immigration «subie» et une immigration «choisie». C'est ainsi que de l'utilitarisme naît un supplément d'utopisme.

Mais il s'agit encore de faire taire définitivement les objecteurs et les récalcitrants, d'empêcher jusqu'aux murmures discordants. C'est à ce point que le moralisme est sollicité de diverses manières. D'abord sur la base d'une instrumentalisation de la compassion pour les pauvres et de l'indignation face à la misère humaine : «Il y a tant de pauvres dans le monde que nous devons les accueillir». A gauche et à l'extrême gauche, les nouveaux tiers-mondistes décodent le message sur la base du postulat que «l'islam est la religion des pauvres», et en tirent une conclusion pratique : les immigrés de culture musulmane, transfigurés par leur pauvreté supposée et l'exclusion qu'ils sont censés subir, doivent être traités en hôtes privilégiés. La vertu chrétienne de charité se conjugue avec le devoir d'hospitalité sans limites pour donner un fondement d'allure morale à l'ouverture.

La rhétorique sentimentale remplace ainsi le courage politique. La générosité abstraite, au nom des grands principes et des bonnes intentions, chasse tout souci de responsabilité. Car après l'ouverture, comment faire pour intégrer les nouveaux arrivants, alors que la «société plurielle» qui s'annonce offre le spectacle d'une fragmentation conflictuelle ? L'éthique de la conviction, surtout si elle est forcée, n'est pas une politique. Si la mauvaise conscience de l'Occidental supposé nanti n'est pas suffisamment réveillée, une deuxième salve de moralisme peut être tirée sous la forme d'un chantage du type : «Si vous refusez l'ouverture totale des frontières et la régularisation de tous les sans-papiers qui en font la demande, alors vous êtes mû par la peur de l'autre, vous êtes atteint par le virus de la xénophobie ou du racisme.»

L'effet d'intimidation est ici maximal. L'impératif place le coupable potentiel devant un dilemme : «L'immigration, tu l'aimes et tu l'acceptes, ou bien tu es raciste et traité comme tel.» L'Occidental soupçonné de «racisme», terrifié à la seule perception vague de la mort sociale qui le menace, va donner des gages à ses accusateurs en se présentant comme un chaud partisan de l'immigration providentielle. Tel est le grand chantage des bien-pensants. Il a pour principal effet de transformer la politique en une impolitique, et, ce faisant, de désarmer les nations démocratiques face aux nouvelles menaces. 
 
Pierre-André Taguieff

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Fabien ou le prénom que vous voudrez

Fabien ne marche pas. Depuis son accident, il ne peut plus bouger les jambes. Seulement, les médecins n’en trouvent pas la raison. Ils ont avancé maintes hypothèses, mais d’après eux il n’y a pas de lésion. Alors, Fabien espère. C’est bien d’espérer, il va de séances de kiné en consultations de spécialistes, d’acuponcteurs en ostéopathes, il essaie même les guérisseurs. Mais rien n’y fait. Fabien en a marre, l’espoir fait vivre dit-on, mais quand on n’aperçoit pas l’ombre d’une amélioration c’est décourageant. Il voudrait tant vivre comme tout le monde puisqu’il y a droit. Et puis un jour un neurologue découvre qu’il a effectivement une lésion, une lésion minuscule, presque invisible, mais irréversible. Pour Fabien c’est la catastrophe. Il se révolte, pleure, pense au suicide, refuse d’y croire. Cela dure quelque temps et il fini par accepter. Curieusement, maintenant que l’espoir s’en est allé il peut se consacrer à autre chose. Déjà, prendre en compte sa nouvelle vie, s’adapter. Puisqu’il est handicapé il va faire avec. L’énergie qu’il mettait à vouloir remarcher il va l’utiliser ailleurs. Il ne sera plus entre deux mondes, il a le sien maintenant. Ne pas marcher c’est injuste, mais moins depuis qu’il sait qu’il y une cause physique. C’est comme ça. Fabien a des amis, certains marchent, d’autres pas. Il sort avec eux, s’amuse, il en oublie parfois son handicap. C’est préférable, il a toute une vie à faire avec. Il accepte plus facilement qu’on l’aide, sa dignité est ailleurs. Parfois, il se dit qu’il n’est pas si malheureux tout compte fait : il a la chance d’être entouré, il a rencontré quelqu’un. Chacun sa vie, la sienne ressemble à ça. Pourtant, de temps à autre, devant les marches d’un escalier ou le sable d’une plage où ses roues s’enfoncent, il se sent lourd, son corps lui pèse et il est alors submergé par une irrésistible vague de désespoir.