28/05/2025
Pépiements (362)
Quand j'étais collégien ma famille n'était pas très fortunée et lorsque ma mère m’achetait un nouveau jean j’en appréciais la couleur soutenue ; il contrastait favorablement avec ceux que je possédais depuis plus longtemps et qui avaient pâli avec les lavages. Aussi, quand les boutiques ont commencé à commercialiser des jeans neufs déjà délavés j’en ai été presque choqué : comment pouvait-on singer l’usure et, pour ainsi dire, ce que je considérais comme un signe d'impécuniosité ? Je n’y ai pas vu une mode qui aurait pu permettre de porter sans gêne des pantalons usés — même si les fabricants ne cherchaient évidemment pas à évoquer la pauvreté, mais à imposer une nouvelle norme esthétique cool — seulement un mépris envers les classes les plus modestes. Je n’aurais jamais imaginé à l’époque que l’on franchirait un autre cap des années plus tard en mettant en vente des pantalons neufs volontairement troués et déchirés.
06:39 | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
Faire pauvre n'est pas à la portée de toutes les bourses...
Écrit par : bedeau | 28/05/2025
"My mother was a tailor
She sewed my new blue jeans
And my father was a gamblin' man
Way down in New Orleans"
D'après cette chanson, on finit dans un pénitencier nommé "the Rising Sun".
Écrit par : GjG | 28/05/2025
bedeau > Heureusement cette mode épouvantable des jeans en lambeaux semble toucher à sa fin.
GjG > Ouf ! les métiers ne correspondent pas à ceux de mes parents.
Écrit par : Pharamond | 28/05/2025
Triple coup : feindre la pauvreté permet de désarmer l'envie, de narguer la misère et surtout de tuer l'élégance.
On met bien en vente des produits -- objets ou idées -- qu'on sait défectueux ou mal conçus[1]. Que ce soit volontaire ou non ne change rien au procédé. Et que dire des [autocensuré] proposés à l'admiration des électeurs, vrais pourceaux amateurs de fausses perles ?
[1] On a eu un temps l'école du "just good enough software". Jean Texereau a jadis dénoncé une société de miroirs astronomiques prétendant qu'une précision à lambda/4 suffisait amplement, quand lambda/8 est un minimum -- bonne manière, commentait-il, de justifier une qualité médiocre.
Écrit par : br | 29/05/2025
br > Et cette feinte semble très efficace quand on regarde autour de soi.
Les marques automobiles européennes sont parmi les moins fiables au monde ; elles accumulent en ce moment les problèmes de conception en tentant de les camoufler. Economie ? Je-m'en-foutisme? Incompétence ?
Écrit par : Pharamond | 29/05/2025
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