statistiques web gratuite

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/05/2025

Pépiements (363)

Une mise au point intéressante sur la notion de terrorisme :

Les chroniques de Youssef Hindi #20 : Convoqué par la police antiterroriste

Commentaires

"Cette démocratie si parfaite fabrique elle-même son inconcevable ennemi, le terrorisme. Elle veut, en effet, être jugée sur ses ennemis plutôt que sur ses résultats. L’histoire du terrorisme est écrite par l’État ; elle est donc éducative. Les populations spectatrices ne peuvent certes pas tout savoir du terrorisme, mais elles peuvent toujours en savoir assez pour être persuadées que, par rapport à ce terrorisme, tout le reste devra leur sembler plutôt acceptable, en tout cas plus rationnel et plus démocratique."

Guy-Ernest Debord - Commentaires sur la société du spectacle

Écrit par : Dia | 30/05/2025

Dia > Très juste. Il en est de même avec le fascisme, ; fourre-tout où l'on tasse tout ce que veut diaboliser. Face à ce repoussoir ce qui nous sert de démocratie sera toujours plus acceptable malgré ses défauts de plus en plus visibles.

Écrit par : Pharamond | 30/05/2025

Le terrorisme ordinaire, c'est simplement un procédé de gestion du bétail par la peur -- cette peur qui offrait à Lovecraft un incipit inoubliable : "The oldest and strongest emotion of mankind is fear, and the oldest and strongest kind of fear is fear of the unknown."
La peur, diffuse ou concentrée, la mafia étatique y a recours soit directement avec ses milichiens, ses supplétifs, ses juges (sermons, menaces, amendes, emprisonnement...) et ses attachés de presse ; soit indirectement grâce à des intermédiaires fabriqués, manipulés ou complices -- lesquels, ordinairement, finiront aussi mal que les concurrents, s'ils existent vraiment, désireux de renverser la mafia au pouvoir, en tout cas de l'inquiéter et même de lui porter quelques coups dérisoires et exploitables. Les prétendues victimes de l'ordre ancien ont d'ailleurs vocation à reprendre, en cas d'improbable victoire, le rôle des bourreaux qu'ils dénonçaient quand ils étaient en position de faiblesse. Les bons anciens esclaves font les pires nouveaux maîtres.
S'exagérant, comme tous les intellectuels, les pouvoirs de l'esprit, Pirenne, dans *Visages immobiles*, voulait voir dans le phénomène "la forme avancée de la pensée politique" ; naturellement, comme Gallifet et comme l'oligarchie ploutocratique, il avait au plus haut degré le facile mépris de la vie des autres -- ce qui *devrait*, dans un monde normal, inciter lesdits autres à se défendre par tous les moyens et sans faire quartier.
Qu'on parvienne à maintenir des millions et même des milliards de krons dans la plus abjecte obéissance irréfléchie grâce à l'évocation de terreurs imaginaires (apocalypse climatique, invasion par les nouveaux Cosaques, retour de la Bêtimmonde...), de maux qui auraient des solutions énergiques, ou de discours, d'ailleurs médiocres, relève presque du mystère... sauf à considérer la nature des krons, justement, dont la prolifération devrait susciter l'étonnement d'abord, la terreur ensuite. Idiocracy now !
Le froid terrorisme philosophique, nihiliste par essence, doit être rare.
Bergier avait trouvé ce joli nom pour désigner l'organisation des marionnettistes de l'ombre : Interterror.
Bonne chance au paisible Youssef qui va découvrir le principe de l'attaque anticipée quand il sera qualifié de terroriste par de vrais terroristes, et cet axiome moderne : "Truth is no defense".

Rappel de remarques et d'extraits pris dans un très vieux livre, à l'occasion du billet de Pharamond intitulé "La menace" :
//
Et nous aurons, aux moments les plus opportuns pour la survie du système afin de ramener les moutons mutins vers leurs tondeurs naturels, des attentats sous faux pavillons, perpétrés par des agents provocateurs ou par des naïfs manipulés par la police politique.
Procédés de toutes les époques *et qui marchent toujours*.
//
"[...] on a pris par la suite en Italie, comme insensiblement, l'habitude d'affronter toutes les situations critiques des années suivantes en exhibant à tout bout de champ la fausse carte du terrorisme artificiel, dépourvu de vraisemblance, mais surtout d'utilité : puisque l'expédient des bombes avait obtenu un bon résultat la première fois, sans se poser d'autres questions, on a fait de cette tactique la stratégie unique, qui a été depuis connue sous les noms de "stratégie de la tension", ou de "stratégie des extrémismes opposés". Notre État, continuant perpétuellement à se défendre de ces ennemis fantômes, tantôt rouges, tantôt noirs, selon l'humeur du moment, ennemis du reste mal fabriqués, n'a jamais voulu affronter les problèmes qui avaient été posés par l'ennemi réel de la société [...]"

"Et le but [...] aujourd'hui encore, est en effet toujours resté le même, qui est de faire croire à toute la population, qui désormais ne supporte plus cet Etat ou est en lutte contre lui, qu'elle *a au moins un ennemi en commun* avec cet Etat, et dont l'Etat la défend à condition de n'être plus remis en question par personne. La population, qui est généralement hostile au terrorisme, et non sans raison, doit ensuite convenir que, *au moins en cela*, elle *a besoin* de l'Etat, auquel elle doit ainsi déléguer les pouvoirs les plus étendus pour qu'il puisse affronter avec vigueur la tâche ardue de la défense commune contre un ennemi obscur, mystérieux, perfide, impitoyable et, en un mot *chimérique*. Devant un terrorisme toujours présenté comme *le mal absolu*, le mal en soi et pour soi, tous les autres maux, bien plus réels, passent au second plan, et doivent même être oubliés ; puisque la lutte contre le terrorisme coïncide avec *l'intérêt commun*, elle est déjà *le bien général*, et l'Etat qui la mène généreusement est le bien en soi et pour soi. Sans la méchanceté du diable, l'infinie bonté de Dieu ne pourrait apparaître et être appréciée comme il convient."

"il [l'Etat] peut exiger de tous ses sujets une portion supplémentaire de leur liberté exiguë, qui va renforcer le contrôle policier sur toute la population. "Nous sommes en guerre", et en guerre contre un ennemi si puissant que tout autre désaccord ou conflit serait un acte de sabotage et de désertion [...] la lâcheté devient pour la première fois dans l'histoire une qualité sublime, la peur est toujours justifiée, le seul "courage" qui ne soit pas méprisable est celui d'approuver et de soutenir tous les mensonges, tous les abus et toutes les infamies de l'Etat. Puisque la crise actuelle n'épargne aucun pays de la planète, il n'existe plus aucune frontière géographique de la paix, de la guerre, de la liberté, de la vérité : cette frontière passe à l'intérieur même de chaque pays, et chaque Etat s'arme et déclare la guerre à la vérité."
//
Serais-je dans la méprisable police politique du régime vomitif que nous subissons, que j'irais encourager, organiser ou favoriser quelques actions permettant de "justifier", en tout cas aux yeux des masses de moutons crédules à faible Q.I., la *répression* la plus sauvage après avoir *inversé* les causes et conséquences. Le plus terrible, c'est que ce procédé primitif a marché, marche et marchera.
Que ces gens soient ce qu'ils sont et fassent ce qu'ils font, passe encore : ils veulent nous anéantir, ils ont les moyens, ils ont des troupes, ils ont des complices, ils ont des méthodes, ils les utilisent. Mais qu'ils osent *en plus* donner des leçons de vertu à leurs victimes (qui devraient consentir à l'anéantissement dans le silence), c'est *insupportable*.
//

Écrit par : br | 30/05/2025

br > Il s'agit autant de contrôler la peur que de faire peur : par exemple, on nous apprend que l'étranger ne représente aucune menace et si nous ne comprenons pas il y a le tribunal : la xénophobie - littéralement la peur de l'étranger - est condamnable.
Oui, c'est ce que moi aussi je trouve insupportable. Tant bien que mal j'ai réussi à me faire à l'idée que tout est perdu pour nous, il ne nous reste qu'à essayer de bien vivre avant la fin en souhaitant bonne chance aux nôtres. Mais les ordures aux commandes se doivent de nous humilier quotidiennement. J'arrête là avant d'être convoqué comme Youssef Hindi.

Écrit par : Pharamond | 30/05/2025

@Pharamond : Lorsque "carpe diem" devient un conseil de sagesse et de survie, c'est que la civilisation est morte. Seuls l'animal et le primitif vivent au jour le jour. :-(

Tu as raison de garder le silence tant que c'est encore autorisé par le système. Après les lois interdisant toute critique, viendront les lois forçant à feindre l'adhésion.

Selon un vieux sage du monde d'avant, "La pensée du suicide est une puissante consola­tion. Elle aide à bien passer plus d’une mauvaise nuit." Aujourd'hui, elle aidera à s'évader façon scène finale de *Brazil*.

Écrit par : br | 30/05/2025

br > C'est pourtant une parole de sagesse antique ne venant pas de primitifs.

Cela me rappelle les interminables applaudissements des larbins du régime après les discours du camarade Staline : personne ne voulait être vu s'arrêter avant les autres.

Pas pour tout de suite.

Écrit par : Pharamond | 30/05/2025

@Pharamond : Sais-tu que le conseil est adressé à une dame ? Propos de séducteur intéressé plutôt que de sage. ;-) Dans cette ode d'un autre auteur, les mêmes idée et intention :
//
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
//

Je ne connaissais pas cette explication ; elle est excellente. ;-)

Écrit par : br | 31/05/2025

@Pharamond : Le personnage principal de cette nouvelle a une forme de parenté avec Staline, en plus divin :
http://www.ciscohouston.com/docs/docs/greats/its_a_good_life.html
Gouverner par la peur est encore plus facile quand on a quelques pouvoirs...
Y'a une traduction française intitulée "C'est vraiment une *bonne* vie".

Écrit par : br | 31/05/2025

br > Je l'ignorais. Je pensais surtout à l'inscription sur les cadrans solaires.

La poésie de Ronsard m'a toujours paru un peu cavalière.

Bien que dans cette histoire Anthony ne cherche pas à gouverner par la peur, il est trop jeune pour se genre de subtilités, il se comporte "seulement" comme un enfant qui serait tout puissant ; sans contraintes l'enfer n'est jamais loin.

Écrit par : Pharamond | 01/06/2025

Écrire un commentaire