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Comme son nom l'indique il s'agit de deux images qui doivent vous permettre par analogie de deviner l'identité d'une personnalité vivante ou défunte. Cette énigme nous est aimablement proposée par Blumroch.
@Pharamond : "Vous avez tous les éléments." ;-) La solution est déjà en vue -- le mini-blurb est prêt.
Écrit par : Blumroch | 02/04/2019
@Pharamond : P.S. : A considérer le scandaleux silence général de trop nombreux commentateurs, j'ai même prévu, dans le blurb, le cas où vous seriez le seul à jouer ! ;-)
Écrit par : Blumroch | 02/04/2019
Contagion ? Je crains que la lassitude ait aussi gagné les visiteurs du blog. Attendons tout de même un peu ;-)
@Pharamond : Dans les commentaires, suis las de lire trop de Blumroch -- je sais par avance tout ce qu'il va écrire. En plus, il exploite trop la Winchester voire la Gatling. Que mille autres commentateurs s'épanouissent ! ;-)
Écrit par : Blumroch | 02/04/2019
je sèche.
Et google ne m'est d'aucune utilité.
Écrit par : Popeye | 03/04/2019
@Popeye : "Parce que c'était notre proooooojet !", d'échapper à Gougueul, justement. ;-) La solution n'est, je crois, pas évidente, même une fois les images identifiées, savoir la bibliothèque de Babel dirigée par Borges et une conséquence de la réception des stigmates par saint François (damn, j'ai failli ajouter Zéro ou Nul !).
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
Je viens de vérifier en interrogeant notre caricature du Shalmaneser inventé par John Brunner : quand on a la solution, on trouve de quoi justifier les deux images ; quand on a les deux images, on ne trouve pas *mécaniquement* la solution. ;-)
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
la référence à François zéro ou nul est-elle fortuite?
Borges...encore un argentin, non? Comme Jorge Bergoglio
(pas Jorge Luis mais Jorge Mario"
Bon sang mais c'est bien sûr, serait-ce l'actuel évêque de Rome?
François tout court?
Écrit par : Popeye | 03/04/2019
@Popeye : Ah non, jamais je n'irais faire deviner un naufrageur comme François Zéro a.k.a. Franz Nul ! ;-) (Ingénieuse suggestion quand même.)
La référence arrêtée à temps, c'était un simple automatisme de langage. ;-)
Vous avez gagné deux indices que vous partagerez avec Pharamond : s'agit de "La bibliothèque de Babel" *dirigée* par Borges ; le saint et ses stigmates n'importent en rien mais le lieu et une conséquence, oui.
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
Le camarade Popeye suggérait *supra* "l'actuel évêque de Rome", lequel est si peu catholique et même si peu chrétien qu'il encourage une hypothèse : le saint siège de Rome est vide, ou occupé par un imposteur dont la mission est d'anéantir l'organisation qu'il dirige après l'avoir transformée en ONG faussement caritative. Ce qui me rappelle un mot d'emploi assez rare, le "sédévacantisme" : https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9d%C3%A9vacantisme
La situation de l'église catholique dirigée aujourd'hui par un naufrageur, un traître, un xénophile et un crétin acharné à la perdre évoque aussi, de désagréable manière, celle d'un pays dont le nom m'échappe.
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
Blumroch > Je n'arrive plus à accéder à XiTi pour connaître mon audience, mais ce ne semble pas être prodigieux au vu des rares commentaires. La lassitude doit me rendre ennuyeux...
Ce pape est à l'image du monde occidental actuel, j'avais pourtant naïvement cru l'Eglise romaine difficilement perméable aux sirènes progressistes, histrionesque et nuisible.
@Pharamond : Taratata. Ont tous embrassé la foi de l'église des *lurkers*. L'OEil de Sauron finira par publier les dates des dernières interventions publiques, pour faire honte à certains ! ;-)
Ben, c'est quand même une religion qui prône l'égalité de chacun. Au début, c'est en dignité, mais très vite, ça devient "J'en vaux bien un autre" et ça... De l'égalité à l'égalitarisme. Sur ce thème, C.S. Lewis a écrit un joli post-scriptum à ses *Screwtape Letters*. Pas de lien direct, mais cherchez "Screwtape lève son verre" dans cette page pour récupérer le PDF : http://www.samizdat.qc.ca/Ebooks/
Le *catalogue* de la collection "La Bibliothèque de Babel" mérite examen, qui donne évidemment la solution. L'histoire de ses éditions aussi. Le saint n'a -- enfin, n'aurait -- pas reçu ses stigmates à n'importel quel emplacement géographique, lié à la personne à découvrir. J'en dis plus, j'publie le mini-blurb ! ;-)
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
Des siècles de grandeur et de puissance prouvent que le masochisme et la reptation ne sont pas intrinsèques à la religion chrétienne.
Je vais encore réfléchir un peu sur la question...
L'écrivain Giovanni Papini pour "Le miroir qui fuit" paru à la Bibliothèque de Babel et qui se réfugia au monastère de Verna, lieu où Saint François a reçu les stigmates, à la chute du fascisme pour lequel il avait quelques sympathies. Très belle énigme qui aurait mérité plus de participants, la réponse était bien dans les deux images, il suffisait de fouiller un peu. Quant à moi je ne devrais avoir droit qu'à une feuille de laurier et non la couronne, vous avez quasiment donné la solution.
La couronne de lauriers (si, si !) revient donc à Pharamond, qui a identifié Giovanni Papini (1881-1956), étoile de première grandeur dans le ciel de mes rares admirations *presque* inconditionnelles. Jadis célèbre, son nom n'est plus aujourd'hui, y compris chez les "spécialistes" de la littérature italienne, qu'un vague souvenir associé à un mouvement intellectuel et artistique oublié, le futurisme, ainsi qu'à un mouvement politique méconnu et honni, le fascisme : deux bonnes raisons, aux yeux de la modernité *éclairée*, pour ne plus lire un Papini qui n'a même pas sa place au purgatoire des écrivains.
Et pourtant... Futurisme, fascisme : deux excellents motifs, "immenses et rouges", pour s'intéresser à Papini, comme le firent Jorge Luis Borges et Vintila Horia qui, fort peu démophiles l'un et l'autre, savaient braver les interdits idéologiques.
Soit dit en passant, c'est un signe infaillible : j'ai eu comme pigiste un gauchiste érudit (un des moins pires : il savait lire et écrire) qui appréciait Jünger, même si ce n'était pas pour les *bonnes* raisons. Il n'aimait d'ailleurs que *certaines* oeuvres de Jünger, les plus inoffensives, comme les deux versions du *Coeur aventureux* ou *Sur les falaises de marbre*, évidemment -- il aura bien servi, le numéro du crypto-résistant... et quand Dolfie interdira les représailles parce que nul ne devait toucher à Jünger, personne n'ira mettre ce geste magnanime à son crédit, alors que s'il avait cédé aux rabiques de son propre camp, nous étions probablement privés d'*Eumeswil* et d'*Héliopolis* ! That's life.
En revanche, je n'ai *jamais* vu un gauchiste, même lettré, accorder le moindre intérêt à Papini -- quand par un extraordinaire hasard il le connaissait ou quand il le découvrait. Nihiliste ou chrétien, Papini n'a, pour un gauchiste, aucune *valeur* parce qu'il est parfaitement *irrécupérable*, aussi irrécupérable qu'un Bossuet (comme Muray l'avait remarqué) ; c'est plutôt bon signe.
L'éditeur Franco Maria Ricci avait convaincu Borges de se lancer dans une belle aventure éditoriale, savoir une collection rassemblant une trentaine des grands auteurs de la littérature fantastique, tous choisis et préfacés par Borges[1]. "La collection de l'ombre", devenue "La Bibliothèque de Babel", semble avoir été un succès dans le monde hispanophone, mais pas en France. Chez nous (mais avons-nous encore le droit de nous croire "chez nous" ?), le dernier éditeur à s'être lancé dans l'aventure a fait faillite après huit volumes seulement, tous représentés sauf un dans la première image.
La solution de l'énigme exigeait évidemment de passer au crible la liste des auteurs sélectionnés par Borges (j'ai résisté à la forte et malicieuse tentation de fournir une image de la collection *complète* en espagnol !) et plus précisément ici d'examiner attentivement la liste des auteurs publiés dans l'ultime et infructueuse tentative française, d'autant que le seul volume omis à dessein, en guise de discret indice supplémentaire, était celui de Papini, considéré par Borges comme l'un des deux très grands maîtres du fantastique européen -- l'autre étant Chesterton.
La déjà timide étoile de Gracq, romancier surestimé, pâlit considérablement, jusqu'à disparaître, quand on connaît Jünger ; l'étoile de Borges, elle, brille davantage encore quand le maître écrit pour présenter les textes rassemblés dans *Le Miroir qui fuit* : "J'ai lu Papini et je l'ai oublié. Sans m'en douter, je me comportais de la manière la plus sagace -- peut-être l'oubli est-il une forme profonde de la mémoire. Quoi qu'il en soit, je veux rapporter une expérience personnelle. A présent, en relisant ces pages si lointaines, je découvre en elles, avec reconnaissance et stupéfaction, des fables que j'avais cru inventer et que j'ai élaborées de nouveau à ma façon en d'autres circonstances de l'espace et du temps. Plus importante encore, la découverte d'un climat en tout point identique à celui de mes fictions." Alors que Gracq n'est au mieux qu'un médiocre ersatz de Jünger, Borges, lui, est l'égal du maître Papini -- pas sur le même sommet mais à la même altitude.
La seconde image confirmait l'hypothèse autorisée par la première image. Elle représentait saint François d'Assise recevant les stigmates de la Passion à l'endroit où s'élèverait plus tard le sanctuaire franciscain de la Verna (on trouve parfois l'orthographe francisée "Laverne") ; c'est là que Papini, admirateur du Duce, trouvera refuge pendant quelques semaines en 1944 (mais en 1943 pour certains et en 1945 pour d'autres !).
Quel que soit l'ordre des images, la Verna, Borges et "La Bibliothèque de Babel" menaient à Papini et à lui seul.
Internet est assez avare en ressources (biographies, études, textes) consacrées au passionnant Papini, homme remarquable même à une époque où de tels individus n'étaient pas rares. Au sommier de l'inévitable kikipedia, la fiche de police française est pauvre autant que tendancieuse, polarisée sur une anecdote mineure. La fiche ricaine, moins mauvaise, comporte toutefois quelques perles d'inculture d'un bel orient : ainsi, la note 17 cite Pirandello qui, faute sans doute de l'avoir lu, pense qu'*Un homme fini* est un roman ("his greatest novel", quand même), quand ce grand livre est un récit autobiographique ; la note 25 rapporte l'opinion d'un scribe de *The Spectator* qui assimile *Le livre noir* à un recueil d'articles ("collected journalism"), quand cet autre grand livre rassemble des entretiens *imaginaires* (quelques lignes plus bas, c'est à la citation d'un Français qu'on doit le rétablissement de cette vérité d'évidence quand on sait lire : "imaginary interviews and false confessions", l'adjectif "false" étant d'ailleurs ici parfaitement idiot, qui laisse entendre l'intention de tromper). Pareilles sottises démontrent une parfaite et sereine incapacité de comprendre l'idée de *littérature*.
Assez bon connaisseur de la littérature fantastique, j'ai très tôt découvert le Papini auteur de quelques nouvelles mémorables au point d'être des classiques, sans éprouver le besoin de chercher plus avant -- si l'on devait céder à tous les mouvements de curiosité gratuite, mille existences n'y suffiraient pas. Pour d'éventuels curieux, tout le Papini fantastique se retrouve aujourd'hui dans deux anthologies : *Le Miroir qui fuit* (mentionnée *supra*) et *Concerto fantastique* (qui, présentée comme complète, l'est peut-être vraiment). L'autre Papini, le Papini très mauvais esprit, me serait *révélé* plus tard.
Je ne suis pas un spécialiste maniaque de Papini, et j'avoue sans honte n'avoir pas *tout* lu *de* lui et *sur* lui. Je connais deux études à lui consacrées : le *Giovanni Papini* de Vintila Horia s'intéresse à la conversion (d'ailleurs incompréhensible, en tout cas à mes yeux) de Papini au catholicisme ; *L'étonnant Monsieur Papini* de Roberto Ridolfi est une biographie convenable mais sans génie, malheureusement. Notre auteur -- comme d'ailleurs Pierre Boutang -- attend toujours la grande plume qui lui serait ce que Daniel Halévy est à Nietzsche. Faute de talent, d'énergie et de temps pour écrire même une simple monographie, je me bornerai pour ma part à donner ici la liste des titres que je juge essentiels, heureusement tous traduits en français. Les facilités modernes permettent, pour les acheter, de n'avoir plus à les traquer longuement chez les bouquinistes -- "Indiana Jones et le dernier exemplaire du *Livre noir*", pourtant, quel film ce serait, et avec des fascistes ! A noter : récemment, quelques malins ont vu un filon dans la réédition de plusieurs titres... déjà connus. Je me demande pour quel public car à part les "happy [very] few" de notre camp qui, presque tous, les ont déjà...
Je donnerai de larges extraits, plutôt que de jouer au critique -- au reste, en guise de recommandation, seule l'école du *Tolle, lege* est efficace. Les textes que je ne mentionne pas ne sont évidemment pas sans intérêt (je les ai lus en français quand je les ai trouvés, en anglais aussi parfois), mais ils ne me semblent pas indispensables -- et puis, *vita brevis*, de plus en plus.
J'ai donc découvert l'autre Papini, le philosophe autodidacte génial, avec son oeuvre maîtresse, *Un homme fini* (1912), extraordinaire et lyrique autobiographie intellectuelle rédigée comme une symphonie du combat mental. Je ne relis jamais cette Odyssée de l'Esprit, cette Quête de l'Absolu sans une pensée reconnaissante au camarade JLB qui m'avait offert le livre, quand je n'aime pourtant ni les cadeaux ni les dettes, quelle qu'en soit la nature (pour celles de la civilisation, ce n'est pas un choix).
"Je n'ai jamais été enfant. Je n'ai pas eu d'enfance." : quel *incipit* ! Et ce goût pour les livres chez le tout jeune Papini qui deviendra un érudit de première force (ce qui est d'ailleurs assez facile, comme il le souligne avec la lucidité qui convient aux plus grands) : "C'est peut-être à Erasme que je dois ma passion pour les pensées peu communes et la conviction profonde que les hommes sont des canailles quand ils ne sont pas des imbéciles."
Parmi tant de passages à citer, notamment dans la section *Allegretto*, cette radicale profession de foi nihiliste qui avait sa place dans *L'Evangile du Rien* : "Pour moi, il n'y a plus rien. Je suis le nihiliste absolu. Je ne crois plus en rien : je suis l'athée accompli, définitif, entier : l'athée qui ne s'agenouille même pas devant les croyances laïques, rationnelles, philosophiques et humanitaires qui ont pris la place des croyances mythologiques antiques. Je sais que rien ne résultera de nos efforts ; je sais que la fin de tout est le néant ; je sais que la récompense de toute oeuvre, quelle qu'elle soit, sera, à la fin des siècles, rien et puis rien. Je sais que toutes mes constructions seront détruites, que de nos incendies il ne restera pas même la cendre, que nos idéaux, même atteints et dominés, seront précipités dans l'éternelle obscurité de l'oubli et du non-être final. [...] Tant que l'homme attend quelque chose de l'univers, c'est un négociant qui va recevoir, qui échange et troque, qui s'emporte s'il fait banqueroute et se tue si la restitution n'a pas lieu, si la lettre de change est protestée, si l'encaisse est inférieure à la dépense. Mais l'homme qui a renoncé à toute compensation et travaille parce qu'il sera défait *en sachant* qu'il sera défait, est le seul homme digne, vraiment digne d'habiter sereinement l'univers. [...] La vraie noblesse de l'homme, son plus grand héroïsme consiste à savoir vivre même lorsque toutes les raisons de vivre sont détruites en lui, lorsque les bandeaux et les béquilles qui rendent possible la vie de tous ont été jetés de côté. C'est pour cette noblesse, pour cette grandeur, pour cet héroïsme désespéré et suprême que je fuis en même temps la médiocrité et la mort."
Cet homme libre écrit aussi : "Rien n'est sacré pour moi : ni la grandeur des trépassés, ni les gloires cimentées par les siècles, ni les vérités confirmées par de millénaires expériences, ni la sainteté des lois, ni la rigueur de codes, ni les liens des plus profondes affections. [...] Je suis resté, somme toute, *l'homme qui n'accepte pas le monde*. [...] Je ne m'avoue pas vaincu. Je l'ai déjà dit : je ne suis pas fini. Le titre de ce livre est faux : ce n'est pas un grand mal. Il y a ici un homme qui est disposé à vendre cher sa peau et qui veut finir le plus tard possible."
Et toute l'ambition *fasciste* ("Eh ouais !", comme le dit une réclame) de l'excellence et du défi est concentrée dans cette fin : "Je ne demande ni pitié ni indulgence, ni louanges ni consolation, mais seulement trois ou quatre heures de votre vie. Et si, après m'avoir écouté, vous croyez quand même, malgré mes propos, que je suis vraiment un homme fini, vous devrez au moins confesser que je suis fini parce que j'ai voulu commencer trop de choses et que je ne suis plus rien parce que j'ai voulu être tout."
La conversion d'un tel esprit fort au catholicisme, quelques années plus tard, est un mystère. Des personnes très intelligentes peuvent, immédiatement ou non, croire en un dieu, et je le veux bien comprendre -- quelques noms que je révère (Boutang, Lewis, Chesterton, Tolkien...) ont d'ailleurs partie liée avec le christianisme. Mais par Crom et par Cthulhu, aucun nihiliste cohérent ne devrait finir ainsi ! C'est d'ailleurs pourquoi j'ai décidé de ne jamais ouvrir *L'histoire du Christ* (1921), malgré les mérites qu'on lui accorde jusque dans mon entourage immédiat. ;-)
*Gog* (1931), c'est un certain Goggins que le narrateur -- G. P., manière de Papini littéraire -- a rencontré dans une maison de fous faisant office de refuge temporaire à l'individu, "né dans une des îles Hawaï, d'une femme indigène et d'un père inconnu, mais certainement de race blanche." Devenu par son génie ou par quelque diablerie l'un des hommes les plus riches du monde, Gog décide un jour de n'être plus esclave de l'argent, et dépense sa fortune "pour découvrir et pour jouir", sur tous les continents, en homme libre.
Les rencontres et expériences étonnantes qu'il a faites et dont il a rendu compte sur des feuillets épars, il les confie à G. P. qui les publie tout en les désapprouvant (le *vrai* Papini a malheureusement découvert "la" Vérité !). Les quelque 66 courts chapitres (5 de plus dans une récente réédition française, mais 6 de plus -- sauf erreur toujours possible -- dans une édition espagnole !), d'une extraordinaire variété, qui composent le livre sont autant d'éclairs de génie dans l'étrangeté, la satire, la logique et l'anticipation. Papini n'est pas original par système ou par esprit de contradiction, mais par nature. Les entretiens imaginaires avec des notoriétés (variées mais symboliques) sont toujours brefs et mémorables, qui vont à l'essentiel avec un art consommé ; ils semblent d'ailleurs si terriblement vrais à révéler le secret des êtres que certains imbéciles ont été abusés ou ont prétendu que Papini cherchait à les faire passer pour authentiques -- accusation grotesque pour quiconque sait lire. Il faut être bien sot, en deux lettres comme l'écrirait probablement SégogolE, pour énoncer des telles âneries (voir *infra*).
Parmi les nombreux récits raportés par Gog, voici les plus susceptible de piquer la curiosité.
Dans "Une visite à Ford", l'industriel expose froidement sa folle mystique de la production et de la vente illimitées, prévoyant déjà les usines sans ouvriers grâce aux machines et à quelques ingénieurs, célébrant sans honte l'asservissement général des masses grâce à la publicité et à la banque, et se glorifiant d'imposer au monde entier les contraintes d'un système démentiel.
A l'occasion d'"Une visite à Gandhi", le personnage donne son secret concentré en une formule : "L'homme le plus saturé des idées anglaises, c'est moi ; voilà pourquoi j'étais destiné à être le chef de la croisade anti-anglaise."
Malheureusement, la féroce tyrannie que nous subissons interdit tout commentaire sur "Les idées de Ben Roubi", dont la publication serait aujourd'hui interdite "for usual motives" -- ce sera peut-être différent dans le califat que Bruxelles nous prépare volontairement ou non, même si le retour des belles lettres m'apparaît improbable dans la France de demain. En tout cas, je suis certain que Papini a été condamné par le tétragramme divin[dicatif] au Schéol promis à tous les ceusses qui ne sont pas philosémites ou qui -- c'est presque pire -- récusent toute vision judéocentrique du monde et de l'histoire (encore que...). Maudite époque qui prétend nous interdire de pratiquer la seule vraie vertu, savoir l'indifférence aux délires d'autrui.
Dans "Visite à Freud", l'escroc avoue son imposture : "Homme de lettres par instinct et médecin par la force des choses, je conçus l'idée de transformer en littérature une branche de la médecine -- la psychiatrie. Ainsi, tout en faisant figure de savant, je fus et je reste poète et romancier : la psychanalyse n'est autre chose que la transposition d'une vocation littéraire, dans le domaine de la psychologie et de la pathologie."
La "Visite à Lénine" expose sans fard le projet de toute tyrannie, qu'elle soit technicienne ou non : "Les hommes, monsieur Gog, sont des sauvages peureux qui doivent être dominés par un sauvage sans scrupule -- tel que je suis, moi. Le reste n'est que bavardage, littérature, philosophie et autres musiques à l'usage des sots. Or comme les sauvages sont semblables aux criminels, l'idéal suprême de tout gouvernement doit être de faire en sorte que le pays ressemble à un bagne. [...] Mettez-vous bien dans la tête que le Bolchevisme représente une triple guerre : guerre des barbares scientifiques contre les intellectuels pourris, de l'orient contre l'occident et de la ville contre la campagne."
Au cours de "La visite à Edison", l'ingénieur termine son discours par cette réflexion horrible : "Notre devoir est de sauvegarder, autant que faire se peut, les superstitions profitables."
Dans "L'histoire de l'île", un ami de Gog lui explique la manière efficace, originale et cruelle adoptée par les habitants d'une petite île perdue pour adapter la population aux maigres ressources disponibles.
Le rationnel et froid cynisme des Friends Of Mankind, dans "La FOM", est inoubliable.
"L'achat de la République" est, comment dire ?, terriblement vraisemblable : "Les Chambres continuent à légiférer, librement en apparence ; les citoyens s'imaginent toujours que la République est autonome et indépendante, et que le cours des choses dépend de leur volonté. Ils ne savent pas que tout ce qu'ils ont l'illusion de posséder -- leur vie, leur avoir, et leurs droits civils -- dépend, en dernier ressort, d'un étranger qui leur est inconnu, c'est-à-dire de moi."
Et que dire de tous les textes qui ridiculisent par avance, avec brio, toutes les manifestations du non-art con et ceptuel ? Le Mathieu du *Massacre de la sensibilité* les aurait certainement appréciés. Papini, qui a été à l'avant-garde du futurisme (qu'il distinguait du "marinettisme" !), a ici devancé tous les innovateurs faussement subversifs.
Quant à la création de la Ligue de Défense des Minéraux, dans "Ramon et les minéraux", elle dépasse en vraisemblance la verte Déclaration des Droits de la Plante du G.I.C. Jalons de la grande époque -- elle est d'ailleurs si parfaitement grotesque qu'un crétin ami d'Agagagaia en retrouvera bien l'idée un jour ou l'autre.
Deux décennies plus tard, un Gog éponyme et fictionnel qui a aimé le livre reprend contact avec un Papini, fictionnel lui aussi, pour lui proposer d'autres pages qui formeront le second tome de *Gog* sous ce titre convenant à l'époque, savoir *Le livre noir* (1951), au moins aussi réussi, voire légèrement "meilleur", que le premier avec quelque 70 récits et entretiens, dont voici un aperçu.
Au nombre des rencontres décisives, "La visite à Molotov" prévoit avec raison le triomphe du communisme mondial, c'est-à-dire de la tyrannie collectiviste, même *déguisée* en capitalisme pour abuser les candides : "Vos gouvernements, par nécessité, sont en train de préparer dans leurs pays un réseau de contrôles, de restrictions, de plans économiques, d'ingérences des bureaux et de l'Etat qui finira par créer partout des régimes de type collectiviste et conformiste, guère différent de ce communisme que vous craignez tant. [...] Vos gouvernements ont beau continuer à se servir des vieux mots de libéralisme et de démocratie, la réalité quotidienne les oblige à l'imitation, même graduelle et camouflée, des systèmes socialistes." Scénariste pour la série *The Prisoner*, Papini aurait certainement écrit des épisodes inoubliables situés dans ce monde devenu un immense Village où nous sommes tous réduits à l'état de prisonniers sans espoir.
"La visite à Lin-Yutang" n'étonnera pas les lecteurs des prévisions métapolitiques d'Abellio, ni ceux qui ont découvert avec terreur les nouvelles dénominations de grands crus français devenus, parce qu'ils ont été vendus à l'étranger par des kollaborateurs, "Château Lapin Impérial" -- en attendant pire, sans doute (un "Château Pokemon" ?).
A peine moins sinistre, "La visite à Otorikuma" donne la parole à un historien japonais : "Lorsque toute la terre est un asile de fous, même les médecins et les infirmiers ne peuvent plus être que des spectateurs impuissants, ou deviennent fous comme les autres. Ce délire collectif, inguérissable, nous conduira probablement à une extermination totale ou à l'universel suicide. Seule la divinité pourrait nous rendre à la raison et à la santé, mais Dieu s'est tu jusqu'à présent, et ce silence de Dieu est peut-être la plus terrible condamnation des hommes." (la série *Supernatural* a exploité une idée comparable, pour ne pas mentionner quelques théologiens plus ou moins bien inspirés).
Si je comprends la chasse, je ne suis pas amateur de corridas ("Le taureau a sa chance", disent ses avocats ; je n'en suis pas absolument certain). Je dois pourtant admettre que "La conversation avec Garcia Lorca" la justifie avec habileté.
La rencontre avec "Un grand sage" qui est "refuseur universel et perpétuel" se termine par ce propos lucide : "Sachez que la véritable sagesse n'a pas de rapport avec le bonheur, mais bien avec la mort."
Dans "La visite à Picasso", le barbouilleur catalan explique à Gog le parti qu'il a adopté dans un monde où l'art véritable a disparu comme ont disparu ceux qui savaient l'apprécier : s'amuser et faire de l'argent en profitant du snobisme et de l'inculture. "Maintenant, comme vous le savez, je suis célèbre, je suis riche. Mais quand je suis seul, en tête à tête avec moi-même, je n'ose pas me considérer comme un artiste dans l'ancien et grand sens du mot. Giotto et Titien, Rembrandt et Goya ont été de vrais peintres : moi, je ne suis qu'un amuseur public, qui a compris son temps et qui a exploité de son mieux l'imbécillité, la vanité et l'avidité de ses contemporains." Cette confession sonne si authentique qu'elle a été utilisée par Franco et par l'O.T.A.N. (selon kikipedia) pour nuire au vrai Picasso, communiste millionnaire (ce n'est pas un oxymore) qui n'aurait évidemment jamais eu le courage de tenir ces propos. C'est assez dire l'absence de discernement littéraire chez les crétins qui ont cru cette fable, d'un Picasso réel avouant sa médiocrité à un Papini réel !
De manière inattendue, "La visite à Hitler" révèle un Dolfie intelligemment *anarchiste* ("Eh ouais !", *bis*), étonnant dans cet aveu qu'il fait à Gog : "Je vous assure que penser, vouloir, décider, parler pour tant de millions d'esclaves muets est une fatigue épouvantable. Sans parler de l'ambition des anciens compagnons, de l'imbécillité des exécutants, de l'hypocrisie des amis, de la méchanceté des ennemis, sans parler des autres dangers que rassemble contre soi le pouvoir centralisé des autocrates. [...] Ceux qui me jugent ont tort, ceux qui me haïssent sont injustes, mais ceux qui m'envient sont les plus idiots des idiots." Etrangement, personne n'a songé à prétendre que cet entretien-là était authentique, même pour nuire à Dolfie chez les méchants qui ne le prennent pas pour le Diable (il en existerait encore quelques-uns). Dolfie *anarchiste* rationnel, fallait quand même l'oser, celle-là !
Les moyens techniques modernes autorisent une tyrannie qui fait passer les traditionnelles dystopies (Orwell, Huxley, Zamiatine, London...) pour d'aimables paradis. Cette tyrannie était exposée par avance dans "La visite à Huxley" : "Le monde futur sera fort semblable aux fourmilières, aux ruches, aux termitières. Le moi sera tué, l'imagination supprimée, l'individu réprimé et comprimé, abolies la liberté et l'initiative" -- encore la ruche produit-elle du miel, quand l'horrible et absurde termitière n'a aucun but autre qu'elle-même (Pierre Weité l'avait noté dans ses excellents *Propos d'un rétrograde*).
Parmi les récits, dans "Le tribunal électronique", Gog voit notre futur : "Ainsi les machines inventées par l'esprit des hommes étaient arrivées au point d'enlever la liberté et la vie à ceux qui les avaient fabriquées. Un engrenage mécanique, animé seulement par le courant électrique, prétendait résoudre, à force de chiffres, les problèmes mystérieux de l'âme humaine. La machine devenait le juge d'un être vivant, la matière prononçait ses arrêts sur les choses de l'esprit. Elle était abominable, même pour un enthousiaste du progrès comme je prétends l'être."
Quant à "L'usine du roman", elle devance les imaginations de Leiber et d'Escarpit, offrant une explication raisonnable à certains succès "littéraires" *fabriqués*.
"L'ignorétique" relève du plus pur génie, qui propose de créer une chaire, "peut-être la plus importante : celle où l'on traite de tout ce que nous ne savons pas encore ou ne saurons jamais."
Avec "Bourreaux volontaires", Papini a inventé un moyen plus sûr encore que les taxes (à prétexte) Gaia pour renflouer les caisses d'une organisation sociale mafieuse gérée par des crapules et par des incapables.
"L'Institut de la Régression", c'est par avance le programme d'abrutissement général entrepris bien avant le règne du furieux Meirieu, figure symbolique (mais tardive) de la destruction volontaire de l'instruction publique.
Au reste, "L'abrutissement progressif" fait sobrement l'impartial et déprimant diagnostic de la crétinisation progressiste qui commande et précipite la fin de l'Occident : "Aurananda s'étonne que les gouvernements d'Europe et d'Amérique ne se préoccupent nullement de cet abrutissement progressif de leurs peuples et ne s'occupent en aucune façon de l'endiguer ou de le retarder". Même le froid et génial Papini ne peut concevoir que les maîtres soient *aussi* les criminels qui ont sciemment organisé le naufrage ; alors que dire des moutons moyens qui refusent de voir l'évidence, savoir la guerre sans merci que mènent les bergers contre les moutons qu'ils veulent tondre à ras avant de les égorger tout en rêvant à de nouvelles races de moutons dociles esclaves consommateurs...
"Ascenzia" décrit un ingénieux système politique qui vaut bien la Stochocratie prônée avec talent par Roger de Sizif : "Vous devriez savoir que dans les républiques les personnes les plus intelligentes et les plus honnêtes évitent, d'instinct, de prendre part à la vie politique, qu'ils jugent grossière et pourrie, si bien que les électeurs sont forcés de choisir parmi les moins distingués et les moins intègres[2]. Avec notre système, au contraire, nul ne peut se dispenser du devoir sacro-saint de gouverner, chacun à son tour, ses concitoyens, et il arrive souvent que l'on tire au sort des hommes estimés pour leur esprit ou leurs vertus, ce qui n'arrive jamais dans les autres républiques. En même temps, on évite l'excessif gaspillage d'argent et de mensonges qui a lieu dans les élections ordinaires."
"La jeunesse de Don Quichotte" résume un imaginaire inédit de Cervantès qui explique la genèse du roman : à ses débuts dans la vie, le gentilhomme a vu "la corruption des grandes dames, l'orgueil des nobles, l'avidité des ministres, les intrigues des courtisans, l'abjection des subalternes". Pendant un séjour au Nouveau Monde, il découvre d'autres figures de l'exploitation que, naïf, il dénonce au roi. Il finit évidemment enfermé pendant des années. Libéré, "il essaya de se consoler de la laide réalité qui s'était révélée à lui de tant de façons ; il se réfugia dans le royaume de la fantaisie héroïque et poétique, dans ces poèmes chevaleresques et romanesques, où il retrouvait, idéalement satisfait, son idéal de chevalier chrétien, amoureux et sans peur." (Il n'est pas le seul !). Le reste appartient à l'histoire des lettres.
"L'histoire universelle à vol de corbeau" rend compte de toute l'histoire humaine avec une loi qui en vaut d'autres : "La destruction des ennemis doit être réalisée avec des armes toujours plus terribles, dans une mesure toujours plus grande, dans un temps toujours plus rapide, à une distance toujours plus éloignée, avec une impunité toujours plus probable."
Je ne dirai rien de "La conversion du pape" : c'était un sujet pour le Raspail du magnifique *Anneau du pêcheur".
Je cesserai d'abuser de la patience de l'unique, improbable mais peut-être existant lecteur parvenu jusqu'ici (Pharamond, c'est sans doute à vous seul que ce discours s'adresse ![3]) pour ne plus mentionner que *Les imbéciles* (réunion de trois articles fort brefs qui pourraient être signées Leopardi) et surtout *Le Diable* (1953), ouvrage fort original dont la lecture est profitable à tous, croyants, athées et intermittents de l'agnosticisme. Ce *Diable* a sa place légitime à côté des *36 preuves de l'existence du Diable* de Frossard et de la *Tactique du Diable* de Lewis. Je n'en citerai qu'un extrait, savoir la paradoxale conclusion d'un développement argumenté sur le diable musulman (j'aimerais, comme tout le monde, simplement *ignorer* ces théologies venues des déserts, mais l'époque et ses rabiques nous les imposent) : "Du point de vue du rigorisme musulman, Iblis se montre, en quelque sorte, plus dévotement musulman qu'allah lui-même." -- la formule est jolie.
Aurais-je la possibilité, pour mes funérailles, de faire dresser un bûcher alimenté par mes livres préférés (afin de leur épargner de mauvais lecteurs), que tous les titres de Papini seraient du nombre, et qu'ils partiraient en fumée aux notes de la marche funèbre de Siegfried version Furtwängler ou Szell. ;-)
En tout cas, si les membres du club de polémologie et diététique n'ont aucune vraie raison d'accorder crédit aux recommandations de Blumroch, ils peuvent faire confiance au génial Borges ; qu'ils aillent donc traquer donc les oeuvres de Papini chez les libraires, en occasion ou en neuf, pour découvrir un [très [mauvais]] esprit comme seul le monde d'*avant* savait en produire. Leur assurer quelques derniers vrais lecteurs, c'est probablement tout ce qui nous reste, même si c'est parfaitement inutile.
[1] Les titres forment une anthologie personnelle de la littérature fantastique qui révèle l'âme du compilateur, comme au reste le catalogue de toute bibliothèque composée de livres *choisis* : *Le Cardinal Napellus* (Meyrink), *L'OEil d'Apollon* (Chesterton), *Le Diable amoureux* (Cazotte), *La pyramide de feu* (Machen), *Les morts concentriques* (London), *Histoires désobligeantes* (Bloy), *Le Miroir qui fuit* (Papini), *Les amis des amis* (Henry James), *Micromégas* (Voltaire), *Le convive des dernières fêtes* (Villiers de l'Isle-Adam), *La lettre volée* (Poe), *L'ami de la mort* (Pedro A. de Alarcon), *Bartleby* (Melville), *La Porte dans le mur* (H. G. Wells), *Le tigre invité* (Pu Songling), *Le vautour* (Kafka), *La maison des désirs* (Kipling), *Histoires scientifiques* (Charles Howard Hinton), *Le grand visage de pierre* (Hawthorne), *Vathek* (Beckford), *La statue de sel* (Leopoldo Lugones), *L'île des voix* (Stevenson), *La réticence de Lady Anne* (Saki), *Le crime de Lord Arthur Savile* (Wilde), *Le pays de Yann* (Lord Dunsany), ainsi que des contes russes, des contes argentins et quelques récits tirés des *Mille et une nuits*.
[2] On irait bien dire, par esprit taquin, "Voilà justement pourquoi votre Foutriquet 2.0 n'est *pas* muet", comme ne l'aurait *pas* écrit un Molière qui, aux ordres, n'osa *jamais* attaquer les puissances d'argent, contrairement au courageux Lesage. Parmi ceux qui connaissent son nom et qui savent l'existence de son *Turcaret*, combien l'ont lu ?
[3] Dès l'intervention du camarade Popeye, j'ai perdu mon pari -- de fait, je pensais que seul Pharamond irait tenter de résoudre l'énigme.
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
Et vous vous dites las ;-)
Joli blurb grâce auquel je découvre l'oeuvre de Papini qui semble avoir bien des qualités. Sa rencontre avec la diable autrichien laisse songeur. Si je n'avais autant de retard de lecture je me laisserais tenter. Merci encore.
@Pharamond : Mais je suis très las. Je ne suis d'ailleurs pas très fier de ce blurb, tant Papini méritait mieux. Les livres que je mentionne sont vraiment parmi les meilleurs lus par Blumroch, qui a beaucoup lu. Laissez-vous donc tenter, au moins par *Gog*. Cette énigme n'aurait pas d'intérêt, sinon. Déjà qu'elle aura eu *deux* lecteurs seulement : vous et le camarade Popeye... (c'est le moment de *peser* les lecteurs plutôt que de les compter !)
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
Je suis sûr qu'il y en a eu quelques autres, mais je ne peux plus me faire une idée du nombre de visiteurs depuis que je n'ai plus accès à XiTi et pas question de Google Analytics.
C'est promis, "Gog" est sur ma liste, mais il va me falloir vivre longtemps pour tout lire de ce que j'ai prévu.
P.S. : Pas demain la veille du jour où je tenterai de faire découvrir Régis Messac ainsi que Fruttero et Lucentini, pour ne mentionner qu'eux. :-(
Que le directeur d'un blog éprouve parfois la solitude du rédacteur en chef, passe encore ; qu'un simple commentateur se retrouve à gérer la page *vide* (ou presque) du courrier des lecteurs, c'est moins normal. ;-)
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
@Pharamond : Accordez-lui un classement de faveur ; il le mérite. ;-)
Tous des hyens (yep, des huyens) quand même. ;-)
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
Bah ! j'ai un peu plus de succès quand je parle des Gilets jaunes et de la malignité de l'époque, seulement en ce moment ça me sort par les trous de nez...
Merci à Blumroch pour cette énigme, cette découverte (je ne connaissais pas Papini) et pour ce morceau de bravoure !
Je me suis longuement creusé la tête, mais ne trouvant rien, je n'ai laissé aucun commentaires. Ce n'est qu'une fois l'énigme résolue que je me signale, rejoignant ainsi notre petite société...
La Broigne
Écrit par : La Broigne | 03/04/2019
@Pharamond : Vous ne devriez pas le regretter.
"Tous des hyens" ? Collectif neutre englobant donc tout le monde afin d'éviter le registre cellezéceux ("Hyènes et hyens !"). Vieil argot de presse, dans les canards que j'ai connus, pour désigner nos chers lecteurs qui, parfois, n'achetaient pas en masse un numéro pourtant particulièrement réussi (en tout cas nettement moins mauvais que la concurrence). "Ce mois-ci, on a vendu 100.000 seulement ; ces lecteurs, tous des hyens." ;-)
@La Broigne : Fallait réclamer un indice ! ;-) Je veux espérer que Papini comptera donc un lecteur de plus. C'est Borges qui le recommande ! ;-)
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
Pour moi aussi, c'est une découverte.
Merci Blumroch et bravo Pharamond.
L'entretien avec le barbouilleur catalan a été considéré, avec mauvaise foi, comme "authentique". J'apprends que c'est vrai aussi pour les "aveux" de l'imposteur viennois : https://quoteinvestigator.com/2016/09/08/entertainer/
La dernière fois, c'était donc en 1993. Quel sens littéraire, chez les ricains... Une consolation dans notre malheur : eux non plus ne verront plus jamais la moindre personnalité digne d'intérêt surgir -- Twain, Mencken, Beard, Rollins...
Hasard amusant : je mentionnais la biographie convenable sans plus, signée par un certain Roberto Ridolfi. Chez Contrepoints, on assure aujourd'hui la promo d'une autre biographie rédigée par ce même Ridolfi, savoir celle de Machiavel, évidemment présentée comme excellente par la magie du service de presse : https://www.contrepoints.org/2019/04/04/340798-vie-de-machiavel-de-roberto-ridolfi
Naturellement, on a droit à l'éloge obligé de Machiavel, mais ça...
Écrit par : Blumroch | 04/04/2019
Eh bien Papini me comptera ! Figurez-vous cependant que je n'ai jamais lu Borges non plus... Par orgueil je précise tout de même que je le connaissais ! Mais je vais donc le lire aussi.
J'y penserai pour les indices !
Écrit par : La Broigne | 04/04/2019
@La Broigne : Excellentes résolutions ! Pour Borges, *Fictions*, évidemment. Après c'est au choix et au hasard (sauf pour les poèmes auxquels je suis, pour ma part, allergique. ;-)
Écrit par : Blumroch | 04/04/2019
Après avoir séché lamentablement , j' ai survécu au long développement de Blumroch , non sans avoir éclusé deux Jack Daniel s n° 7 .. avec glaçons pour a modération . J' ignorai Papini , malgré quelques notions du futurisme italien (Marinetti) . Vers les années 70 je m' étais intéressé au "bruitisme" de JM Vicenza dans la ligne du futurisme .. chaque découverte nous fait mesurer l' étendue de notre ignorance ... du puits sans fond au gouffre c' est selon .. avec Papini je me sens au fond du gouffre ! :-(
Écrit par : EQUALIZER | 05/04/2019
C'est pourquoi, Kamerad EQUALIZER, je dis parfois, plus ou moins facétieusement, que nous avons tous des lacunes dans notre ignorance. ;-)
Ignorer Papini, dans notre camp, c'est quand même impardonnable -- même si je lui en veux d'avoir quitté la secte, trop réduite, des nihilistes, pour rejoindre celle des admirateurs d'Issek la Cruche (ah non, zut, ça, c'est dans le cycle des Epées de Fritz Leiber). ;-)
En tout cas, merci de vous être manifesté. Les silencieux, au choix : a) font preuve d'une criminelle Blumrochophobie (ce qui est très *mal*) ; b) désapprouvent le mauvais esprit d'un Papini légèrement fasciste (ce qui *serait* très *bien*) ; c) sont partagés entre les hypothèses a et b (ce qui est... inqualifiable). ;-)
Les images étaient sans doute mal choisies : tant pis ! Nous finirons tous dans le néant, Crom ; tout ce qui importe, c'est qu'un méchant a rappelé à beaucoup d'autres méchants l'existence d'un grand méchant injustement oublié -- à lire sur fond musical signé Poledouris. ;-)
Écrit par : Blumroch | 05/04/2019
Non, je ne fais pas "preuve d'une criminelle Blumrochophobie"
Tout simplement je HAIS les jeux quels qu'ils soient bien que dans ma jeunesse j'en ai pratiqué.
Je ne sais pas trop quand ça m'a pris.
Écrit par : realist | 05/04/2019
@realist : Les silencieux... qui ordinairement, en nombre déjà réduit, participent à cet excellent jeu. Je ne visais pas les "*gamers* repentis", évidemment. ;-)
La tradition s'efface : le Kamerad téléphobe n'a même pas suggéré sa célèbre Jeune Fille Au Chat. :-(
En fait, personne n'aime l'idée d'un Dolfie anarchiste. ;-)
Écrit par : Blumroch | 05/04/2019
Très bien, je retourne dans mon silence, vu que seuls les silencieux ont le vent en poupe sur ce blog d'érudits.
Moi j'ai même pas droit au "Kamerad" , c'est dire si je compte pour du beurre !
C'était du 6eme degré, je précise.
@Carine : Même pas vrai, Kameradin Mouette ! Au reste, l'érudition, c'est très facile, comme Papini le rappelle avec raison.
Eh, je suis primaire, moi : je ne vais pas au-delà du *second* degré -- et encore, pas toujours.
L'absence de participation ne m'interdira pas de mentionner les énigmes auxquelles tout le monde échappe donc : le génial Régis Messac (*Smith Conundrum -- roman d'une université américaine*, son admirable thèse sur le *detective novel*) et deux Italiens comme on n'en fait plus, savoir Fruttero et Lucentini (*La prédominance du crétin*, *La sauvegarde du sourire*, *Le retour du crétin*, *La signification de l'existence*, *L'amant sans domicile fixe*).
Écrit par : Blumroch | 05/04/2019
Blumroch > Ce vielle terme argotique a du être remplacé par "fachos" aujourd'hui puisqu'il n'y a qu'eux qui n'achètent pas la prodigieuse et véridique production journalistique lui préférant les fake news.
EQUALIZER > Dans le gouffre je vous tiendrai compagnie quoique j'eu préféré un vieux Cognac.
@Pharamond : Le passage de quelques lignes au service de "traduction" de Gougueul réserve les surprises habituelles associées à une OCR particulièrement indigente (on se demande même pourquoi ils font semblant de fournir le texte).
L'existence d'une version de Papini en croate, c'est quand même quelque chose. ;-)
Écrit par : Blumroch | 09/04/2019
@Blumroch: L'accusation de blumrochophobie révulse le citoyen humaniste et sans gluten que je suis: les Blumroch j'en connais, yenadébien, j'ai un ami Blumroch d'ailleurs ;-)
Votre développement sur ce Papini que je ne connaissais même pas de loin, de dos et par une nuit pluvieuse m'a l'air passionnant mais j'attend pour m'y attaquer de disposer d'une bonne heure et d'une suave bière belge, à défaut de Jack Daniel's... Le simple fait de tomber sur le nom d'Arthur Machen fait bien plaisir, lire Le Peuple Blanc à la terrasse d'un café bobo reste un plaisir de gourmet^^ Mein Kampf les aurait moins scandalisé je crois !
Bravo à Pharamond qui a permis à nous autres, cancres discrets et nombreux (?!), de continuer à somnoler en toute quiétude dans la douce chaleur du radiateur :-)
Écrit par : Benway | 09/04/2019
@Benway : L'OEil de Sauron avait évidemment remarqué votre absence.
Tsk tsk. C'est l'affaire de dix minutes avec un bon Sauternes. Au reste, pourquoi lire ce blurb que j'ai à peine écrit ? ;-)
Prenez garde : si un milicien du régime (ou un des *bons* citoyens qui soutiennent Foutriquet 2.0) vous voyait avec *Le grand dieu PAN*, il pourrait en déduire que vous envisagez de donner une suite au *Targets* de Bogdanovich !
Commentaires
Hum... disons une bibliothèque fantastique et Saint François d'assise stigmatisé et... c'est tout pour l'instant.
Écrit par : Pharamond | 02/04/2019
@Pharamond : "Vous avez tous les éléments." ;-) La solution est déjà en vue -- le mini-blurb est prêt.
Écrit par : Blumroch | 02/04/2019
@Pharamond : P.S. : A considérer le scandaleux silence général de trop nombreux commentateurs, j'ai même prévu, dans le blurb, le cas où vous seriez le seul à jouer ! ;-)
Écrit par : Blumroch | 02/04/2019
Contagion ? Je crains que la lassitude ait aussi gagné les visiteurs du blog. Attendons tout de même un peu ;-)
Écrit par : Pharamond | 02/04/2019
@Pharamond : Dans les commentaires, suis las de lire trop de Blumroch -- je sais par avance tout ce qu'il va écrire. En plus, il exploite trop la Winchester voire la Gatling. Que mille autres commentateurs s'épanouissent ! ;-)
Écrit par : Blumroch | 02/04/2019
je sèche.
Et google ne m'est d'aucune utilité.
Écrit par : Popeye | 03/04/2019
@Popeye : "Parce que c'était notre proooooojet !", d'échapper à Gougueul, justement. ;-) La solution n'est, je crois, pas évidente, même une fois les images identifiées, savoir la bibliothèque de Babel dirigée par Borges et une conséquence de la réception des stigmates par saint François (damn, j'ai failli ajouter Zéro ou Nul !).
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
Je viens de vérifier en interrogeant notre caricature du Shalmaneser inventé par John Brunner : quand on a la solution, on trouve de quoi justifier les deux images ; quand on a les deux images, on ne trouve pas *mécaniquement* la solution. ;-)
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
la référence à François zéro ou nul est-elle fortuite?
Borges...encore un argentin, non? Comme Jorge Bergoglio
(pas Jorge Luis mais Jorge Mario"
Bon sang mais c'est bien sûr, serait-ce l'actuel évêque de Rome?
François tout court?
Écrit par : Popeye | 03/04/2019
@Popeye : Ah non, jamais je n'irais faire deviner un naufrageur comme François Zéro a.k.a. Franz Nul ! ;-) (Ingénieuse suggestion quand même.)
La référence arrêtée à temps, c'était un simple automatisme de langage. ;-)
Vous avez gagné deux indices que vous partagerez avec Pharamond : s'agit de "La bibliothèque de Babel" *dirigée* par Borges ; le saint et ses stigmates n'importent en rien mais le lieu et une conséquence, oui.
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
Le camarade Popeye suggérait *supra* "l'actuel évêque de Rome", lequel est si peu catholique et même si peu chrétien qu'il encourage une hypothèse : le saint siège de Rome est vide, ou occupé par un imposteur dont la mission est d'anéantir l'organisation qu'il dirige après l'avoir transformée en ONG faussement caritative. Ce qui me rappelle un mot d'emploi assez rare, le "sédévacantisme" :
https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9d%C3%A9vacantisme
La situation de l'église catholique dirigée aujourd'hui par un naufrageur, un traître, un xénophile et un crétin acharné à la perdre évoque aussi, de désagréable manière, celle d'un pays dont le nom m'échappe.
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
Blumroch > Je n'arrive plus à accéder à XiTi pour connaître mon audience, mais ce ne semble pas être prodigieux au vu des rares commentaires. La lassitude doit me rendre ennuyeux...
Ce pape est à l'image du monde occidental actuel, j'avais pourtant naïvement cru l'Eglise romaine difficilement perméable aux sirènes progressistes, histrionesque et nuisible.
Pour l'énigme je ne vois toujours pas.
Écrit par : Pharamond | 03/04/2019
@Pharamond : Taratata. Ont tous embrassé la foi de l'église des *lurkers*. L'OEil de Sauron finira par publier les dates des dernières interventions publiques, pour faire honte à certains ! ;-)
Ben, c'est quand même une religion qui prône l'égalité de chacun. Au début, c'est en dignité, mais très vite, ça devient "J'en vaux bien un autre" et ça... De l'égalité à l'égalitarisme. Sur ce thème, C.S. Lewis a écrit un joli post-scriptum à ses *Screwtape Letters*. Pas de lien direct, mais cherchez "Screwtape lève son verre" dans cette page pour récupérer le PDF :
http://www.samizdat.qc.ca/Ebooks/
Le *catalogue* de la collection "La Bibliothèque de Babel" mérite examen, qui donne évidemment la solution. L'histoire de ses éditions aussi. Le saint n'a -- enfin, n'aurait -- pas reçu ses stigmates à n'importel quel emplacement géographique, lié à la personne à découvrir. J'en dis plus, j'publie le mini-blurb ! ;-)
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
Des siècles de grandeur et de puissance prouvent que le masochisme et la reptation ne sont pas intrinsèques à la religion chrétienne.
Je vais encore réfléchir un peu sur la question...
Écrit par : Pharamond | 03/04/2019
@Pharamond : Yep, mais les chrétiens d'*avant* n'étaient pas vraiment ceux d'aujourd'hui. ;-)
J'attendrai la prochaine suggestion.
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
C'est ce que je disais ;-)
Je vais essayé de la soumettre rapidement.
Écrit par : Pharamond | 03/04/2019
L'écrivain Giovanni Papini pour "Le miroir qui fuit" paru à la Bibliothèque de Babel et qui se réfugia au monastère de Verna, lieu où Saint François a reçu les stigmates, à la chute du fascisme pour lequel il avait quelques sympathies. Très belle énigme qui aurait mérité plus de participants, la réponse était bien dans les deux images, il suffisait de fouiller un peu. Quant à moi je ne devrais avoir droit qu'à une feuille de laurier et non la couronne, vous avez quasiment donné la solution.
Écrit par : Pharamond | 03/04/2019
La couronne de lauriers (si, si !) revient donc à Pharamond, qui a identifié Giovanni Papini (1881-1956), étoile de première grandeur dans le ciel de mes rares admirations *presque* inconditionnelles. Jadis célèbre, son nom n'est plus aujourd'hui, y compris chez les "spécialistes" de la littérature italienne, qu'un vague souvenir associé à un mouvement intellectuel et artistique oublié, le futurisme, ainsi qu'à un mouvement politique méconnu et honni, le fascisme : deux bonnes raisons, aux yeux de la modernité *éclairée*, pour ne plus lire un Papini qui n'a même pas sa place au purgatoire des écrivains.
Et pourtant... Futurisme, fascisme : deux excellents motifs, "immenses et rouges", pour s'intéresser à Papini, comme le firent Jorge Luis Borges et Vintila Horia qui, fort peu démophiles l'un et l'autre, savaient braver les interdits idéologiques.
Soit dit en passant, c'est un signe infaillible : j'ai eu comme pigiste un gauchiste érudit (un des moins pires : il savait lire et écrire) qui appréciait Jünger, même si ce n'était pas pour les *bonnes* raisons. Il n'aimait d'ailleurs que *certaines* oeuvres de Jünger, les plus inoffensives, comme les deux versions du *Coeur aventureux* ou *Sur les falaises de marbre*, évidemment -- il aura bien servi, le numéro du crypto-résistant... et quand Dolfie interdira les représailles parce que nul ne devait toucher à Jünger, personne n'ira mettre ce geste magnanime à son crédit, alors que s'il avait cédé aux rabiques de son propre camp, nous étions probablement privés d'*Eumeswil* et d'*Héliopolis* ! That's life.
En revanche, je n'ai *jamais* vu un gauchiste, même lettré, accorder le moindre intérêt à Papini -- quand par un extraordinaire hasard il le connaissait ou quand il le découvrait. Nihiliste ou chrétien, Papini n'a, pour un gauchiste, aucune *valeur* parce qu'il est parfaitement *irrécupérable*, aussi irrécupérable qu'un Bossuet (comme Muray l'avait remarqué) ; c'est plutôt bon signe.
L'éditeur Franco Maria Ricci avait convaincu Borges de se lancer dans une belle aventure éditoriale, savoir une collection rassemblant une trentaine des grands auteurs de la littérature fantastique, tous choisis et préfacés par Borges[1]. "La collection de l'ombre", devenue "La Bibliothèque de Babel", semble avoir été un succès dans le monde hispanophone, mais pas en France. Chez nous (mais avons-nous encore le droit de nous croire "chez nous" ?), le dernier éditeur à s'être lancé dans l'aventure a fait faillite après huit volumes seulement, tous représentés sauf un dans la première image.
La solution de l'énigme exigeait évidemment de passer au crible la liste des auteurs sélectionnés par Borges (j'ai résisté à la forte et malicieuse tentation de fournir une image de la collection *complète* en espagnol !) et plus précisément ici d'examiner attentivement la liste des auteurs publiés dans l'ultime et infructueuse tentative française, d'autant que le seul volume omis à dessein, en guise de discret indice supplémentaire, était celui de Papini, considéré par Borges comme l'un des deux très grands maîtres du fantastique européen -- l'autre étant Chesterton.
La déjà timide étoile de Gracq, romancier surestimé, pâlit considérablement, jusqu'à disparaître, quand on connaît Jünger ; l'étoile de Borges, elle, brille davantage encore quand le maître écrit pour présenter les textes rassemblés dans *Le Miroir qui fuit* : "J'ai lu Papini et je l'ai oublié. Sans m'en douter, je me comportais de la manière la plus sagace -- peut-être l'oubli est-il une forme profonde de la mémoire. Quoi qu'il en soit, je veux rapporter une expérience personnelle. A présent, en relisant ces pages si lointaines, je découvre en elles, avec reconnaissance et stupéfaction, des fables que j'avais cru inventer et que j'ai élaborées de nouveau à ma façon en d'autres circonstances de l'espace et du temps. Plus importante encore, la découverte d'un climat en tout point identique à celui de mes fictions." Alors que Gracq n'est au mieux qu'un médiocre ersatz de Jünger, Borges, lui, est l'égal du maître Papini -- pas sur le même sommet mais à la même altitude.
La seconde image confirmait l'hypothèse autorisée par la première image. Elle représentait saint François d'Assise recevant les stigmates de la Passion à l'endroit où s'élèverait plus tard le sanctuaire franciscain de la Verna (on trouve parfois l'orthographe francisée "Laverne") ; c'est là que Papini, admirateur du Duce, trouvera refuge pendant quelques semaines en 1944 (mais en 1943 pour certains et en 1945 pour d'autres !).
Quel que soit l'ordre des images, la Verna, Borges et "La Bibliothèque de Babel" menaient à Papini et à lui seul.
Internet est assez avare en ressources (biographies, études, textes) consacrées au passionnant Papini, homme remarquable même à une époque où de tels individus n'étaient pas rares. Au sommier de l'inévitable kikipedia, la fiche de police française est pauvre autant que tendancieuse, polarisée sur une anecdote mineure. La fiche ricaine, moins mauvaise, comporte toutefois quelques perles d'inculture d'un bel orient : ainsi, la note 17 cite Pirandello qui, faute sans doute de l'avoir lu, pense qu'*Un homme fini* est un roman ("his greatest novel", quand même), quand ce grand livre est un récit autobiographique ; la note 25 rapporte l'opinion d'un scribe de *The Spectator* qui assimile *Le livre noir* à un recueil d'articles ("collected journalism"), quand cet autre grand livre rassemble des entretiens *imaginaires* (quelques lignes plus bas, c'est à la citation d'un Français qu'on doit le rétablissement de cette vérité d'évidence quand on sait lire : "imaginary interviews and false confessions", l'adjectif "false" étant d'ailleurs ici parfaitement idiot, qui laisse entendre l'intention de tromper). Pareilles sottises démontrent une parfaite et sereine incapacité de comprendre l'idée de *littérature*.
Assez bon connaisseur de la littérature fantastique, j'ai très tôt découvert le Papini auteur de quelques nouvelles mémorables au point d'être des classiques, sans éprouver le besoin de chercher plus avant -- si l'on devait céder à tous les mouvements de curiosité gratuite, mille existences n'y suffiraient pas. Pour d'éventuels curieux, tout le Papini fantastique se retrouve aujourd'hui dans deux anthologies : *Le Miroir qui fuit* (mentionnée *supra*) et *Concerto fantastique* (qui, présentée comme complète, l'est peut-être vraiment). L'autre Papini, le Papini très mauvais esprit, me serait *révélé* plus tard.
Je ne suis pas un spécialiste maniaque de Papini, et j'avoue sans honte n'avoir pas *tout* lu *de* lui et *sur* lui. Je connais deux études à lui consacrées : le *Giovanni Papini* de Vintila Horia s'intéresse à la conversion (d'ailleurs incompréhensible, en tout cas à mes yeux) de Papini au catholicisme ; *L'étonnant Monsieur Papini* de Roberto Ridolfi est une biographie convenable mais sans génie, malheureusement. Notre auteur -- comme d'ailleurs Pierre Boutang -- attend toujours la grande plume qui lui serait ce que Daniel Halévy est à Nietzsche. Faute de talent, d'énergie et de temps pour écrire même une simple monographie, je me bornerai pour ma part à donner ici la liste des titres que je juge essentiels, heureusement tous traduits en français. Les facilités modernes permettent, pour les acheter, de n'avoir plus à les traquer longuement chez les bouquinistes -- "Indiana Jones et le dernier exemplaire du *Livre noir*", pourtant, quel film ce serait, et avec des fascistes ! A noter : récemment, quelques malins ont vu un filon dans la réédition de plusieurs titres... déjà connus. Je me demande pour quel public car à part les "happy [very] few" de notre camp qui, presque tous, les ont déjà...
Je donnerai de larges extraits, plutôt que de jouer au critique -- au reste, en guise de recommandation, seule l'école du *Tolle, lege* est efficace. Les textes que je ne mentionne pas ne sont évidemment pas sans intérêt (je les ai lus en français quand je les ai trouvés, en anglais aussi parfois), mais ils ne me semblent pas indispensables -- et puis, *vita brevis*, de plus en plus.
J'ai donc découvert l'autre Papini, le philosophe autodidacte génial, avec son oeuvre maîtresse, *Un homme fini* (1912), extraordinaire et lyrique autobiographie intellectuelle rédigée comme une symphonie du combat mental. Je ne relis jamais cette Odyssée de l'Esprit, cette Quête de l'Absolu sans une pensée reconnaissante au camarade JLB qui m'avait offert le livre, quand je n'aime pourtant ni les cadeaux ni les dettes, quelle qu'en soit la nature (pour celles de la civilisation, ce n'est pas un choix).
"Je n'ai jamais été enfant. Je n'ai pas eu d'enfance." : quel *incipit* ! Et ce goût pour les livres chez le tout jeune Papini qui deviendra un érudit de première force (ce qui est d'ailleurs assez facile, comme il le souligne avec la lucidité qui convient aux plus grands) : "C'est peut-être à Erasme que je dois ma passion pour les pensées peu communes et la conviction profonde que les hommes sont des canailles quand ils ne sont pas des imbéciles."
Parmi tant de passages à citer, notamment dans la section *Allegretto*, cette radicale profession de foi nihiliste qui avait sa place dans *L'Evangile du Rien* : "Pour moi, il n'y a plus rien. Je suis le nihiliste absolu. Je ne crois plus en rien : je suis l'athée accompli, définitif, entier : l'athée qui ne s'agenouille même pas devant les croyances laïques, rationnelles, philosophiques et humanitaires qui ont pris la place des croyances mythologiques antiques. Je sais que rien ne résultera de nos efforts ; je sais que la fin de tout est le néant ; je sais que la récompense de toute oeuvre, quelle qu'elle soit, sera, à la fin des siècles, rien et puis rien. Je sais que toutes mes constructions seront détruites, que de nos incendies il ne restera pas même la cendre, que nos idéaux, même atteints et dominés, seront précipités dans l'éternelle obscurité de l'oubli et du non-être final. [...] Tant que l'homme attend quelque chose de l'univers, c'est un négociant qui va recevoir, qui échange et troque, qui s'emporte s'il fait banqueroute et se tue si la restitution n'a pas lieu, si la lettre de change est protestée, si l'encaisse est inférieure à la dépense. Mais l'homme qui a renoncé à toute compensation et travaille parce qu'il sera défait *en sachant* qu'il sera défait, est le seul homme digne, vraiment digne d'habiter sereinement l'univers. [...] La vraie noblesse de l'homme, son plus grand héroïsme consiste à savoir vivre même lorsque toutes les raisons de vivre sont détruites en lui, lorsque les bandeaux et les béquilles qui rendent possible la vie de tous ont été jetés de côté. C'est pour cette noblesse, pour cette grandeur, pour cet héroïsme désespéré et suprême que je fuis en même temps la médiocrité et la mort."
Cet homme libre écrit aussi : "Rien n'est sacré pour moi : ni la grandeur des trépassés, ni les gloires cimentées par les siècles, ni les vérités confirmées par de millénaires expériences, ni la sainteté des lois, ni la rigueur de codes, ni les liens des plus profondes affections. [...] Je suis resté, somme toute, *l'homme qui n'accepte pas le monde*. [...] Je ne m'avoue pas vaincu. Je l'ai déjà dit : je ne suis pas fini. Le titre de ce livre est faux : ce n'est pas un grand mal. Il y a ici un homme qui est disposé à vendre cher sa peau et qui veut finir le plus tard possible."
Et toute l'ambition *fasciste* ("Eh ouais !", comme le dit une réclame) de l'excellence et du défi est concentrée dans cette fin : "Je ne demande ni pitié ni indulgence, ni louanges ni consolation, mais seulement trois ou quatre heures de votre vie. Et si, après m'avoir écouté, vous croyez quand même, malgré mes propos, que je suis vraiment un homme fini, vous devrez au moins confesser que je suis fini parce que j'ai voulu commencer trop de choses et que je ne suis plus rien parce que j'ai voulu être tout."
La conversion d'un tel esprit fort au catholicisme, quelques années plus tard, est un mystère. Des personnes très intelligentes peuvent, immédiatement ou non, croire en un dieu, et je le veux bien comprendre -- quelques noms que je révère (Boutang, Lewis, Chesterton, Tolkien...) ont d'ailleurs partie liée avec le christianisme. Mais par Crom et par Cthulhu, aucun nihiliste cohérent ne devrait finir ainsi ! C'est d'ailleurs pourquoi j'ai décidé de ne jamais ouvrir *L'histoire du Christ* (1921), malgré les mérites qu'on lui accorde jusque dans mon entourage immédiat. ;-)
*Gog* (1931), c'est un certain Goggins que le narrateur -- G. P., manière de Papini littéraire -- a rencontré dans une maison de fous faisant office de refuge temporaire à l'individu, "né dans une des îles Hawaï, d'une femme indigène et d'un père inconnu, mais certainement de race blanche." Devenu par son génie ou par quelque diablerie l'un des hommes les plus riches du monde, Gog décide un jour de n'être plus esclave de l'argent, et dépense sa fortune "pour découvrir et pour jouir", sur tous les continents, en homme libre.
Les rencontres et expériences étonnantes qu'il a faites et dont il a rendu compte sur des feuillets épars, il les confie à G. P. qui les publie tout en les désapprouvant (le *vrai* Papini a malheureusement découvert "la" Vérité !). Les quelque 66 courts chapitres (5 de plus dans une récente réédition française, mais 6 de plus -- sauf erreur toujours possible -- dans une édition espagnole !), d'une extraordinaire variété, qui composent le livre sont autant d'éclairs de génie dans l'étrangeté, la satire, la logique et l'anticipation. Papini n'est pas original par système ou par esprit de contradiction, mais par nature. Les entretiens imaginaires avec des notoriétés (variées mais symboliques) sont toujours brefs et mémorables, qui vont à l'essentiel avec un art consommé ; ils semblent d'ailleurs si terriblement vrais à révéler le secret des êtres que certains imbéciles ont été abusés ou ont prétendu que Papini cherchait à les faire passer pour authentiques -- accusation grotesque pour quiconque sait lire. Il faut être bien sot, en deux lettres comme l'écrirait probablement SégogolE, pour énoncer des telles âneries (voir *infra*).
Parmi les nombreux récits raportés par Gog, voici les plus susceptible de piquer la curiosité.
Dans "Une visite à Ford", l'industriel expose froidement sa folle mystique de la production et de la vente illimitées, prévoyant déjà les usines sans ouvriers grâce aux machines et à quelques ingénieurs, célébrant sans honte l'asservissement général des masses grâce à la publicité et à la banque, et se glorifiant d'imposer au monde entier les contraintes d'un système démentiel.
A l'occasion d'"Une visite à Gandhi", le personnage donne son secret concentré en une formule : "L'homme le plus saturé des idées anglaises, c'est moi ; voilà pourquoi j'étais destiné à être le chef de la croisade anti-anglaise."
Malheureusement, la féroce tyrannie que nous subissons interdit tout commentaire sur "Les idées de Ben Roubi", dont la publication serait aujourd'hui interdite "for usual motives" -- ce sera peut-être différent dans le califat que Bruxelles nous prépare volontairement ou non, même si le retour des belles lettres m'apparaît improbable dans la France de demain. En tout cas, je suis certain que Papini a été condamné par le tétragramme divin[dicatif] au Schéol promis à tous les ceusses qui ne sont pas philosémites ou qui -- c'est presque pire -- récusent toute vision judéocentrique du monde et de l'histoire (encore que...). Maudite époque qui prétend nous interdire de pratiquer la seule vraie vertu, savoir l'indifférence aux délires d'autrui.
Dans "Visite à Freud", l'escroc avoue son imposture : "Homme de lettres par instinct et médecin par la force des choses, je conçus l'idée de transformer en littérature une branche de la médecine -- la psychiatrie. Ainsi, tout en faisant figure de savant, je fus et je reste poète et romancier : la psychanalyse n'est autre chose que la transposition d'une vocation littéraire, dans le domaine de la psychologie et de la pathologie."
La "Visite à Lénine" expose sans fard le projet de toute tyrannie, qu'elle soit technicienne ou non : "Les hommes, monsieur Gog, sont des sauvages peureux qui doivent être dominés par un sauvage sans scrupule -- tel que je suis, moi. Le reste n'est que bavardage, littérature, philosophie et autres musiques à l'usage des sots. Or comme les sauvages sont semblables aux criminels, l'idéal suprême de tout gouvernement doit être de faire en sorte que le pays ressemble à un bagne. [...] Mettez-vous bien dans la tête que le Bolchevisme représente une triple guerre : guerre des barbares scientifiques contre les intellectuels pourris, de l'orient contre l'occident et de la ville contre la campagne."
Au cours de "La visite à Edison", l'ingénieur termine son discours par cette réflexion horrible : "Notre devoir est de sauvegarder, autant que faire se peut, les superstitions profitables."
Dans "L'histoire de l'île", un ami de Gog lui explique la manière efficace, originale et cruelle adoptée par les habitants d'une petite île perdue pour adapter la population aux maigres ressources disponibles.
Le rationnel et froid cynisme des Friends Of Mankind, dans "La FOM", est inoubliable.
"L'achat de la République" est, comment dire ?, terriblement vraisemblable : "Les Chambres continuent à légiférer, librement en apparence ; les citoyens s'imaginent toujours que la République est autonome et indépendante, et que le cours des choses dépend de leur volonté. Ils ne savent pas que tout ce qu'ils ont l'illusion de posséder -- leur vie, leur avoir, et leurs droits civils -- dépend, en dernier ressort, d'un étranger qui leur est inconnu, c'est-à-dire de moi."
Et que dire de tous les textes qui ridiculisent par avance, avec brio, toutes les manifestations du non-art con et ceptuel ? Le Mathieu du *Massacre de la sensibilité* les aurait certainement appréciés. Papini, qui a été à l'avant-garde du futurisme (qu'il distinguait du "marinettisme" !), a ici devancé tous les innovateurs faussement subversifs.
Quant à la création de la Ligue de Défense des Minéraux, dans "Ramon et les minéraux", elle dépasse en vraisemblance la verte Déclaration des Droits de la Plante du G.I.C. Jalons de la grande époque -- elle est d'ailleurs si parfaitement grotesque qu'un crétin ami d'Agagagaia en retrouvera bien l'idée un jour ou l'autre.
Deux décennies plus tard, un Gog éponyme et fictionnel qui a aimé le livre reprend contact avec un Papini, fictionnel lui aussi, pour lui proposer d'autres pages qui formeront le second tome de *Gog* sous ce titre convenant à l'époque, savoir *Le livre noir* (1951), au moins aussi réussi, voire légèrement "meilleur", que le premier avec quelque 70 récits et entretiens, dont voici un aperçu.
Au nombre des rencontres décisives, "La visite à Molotov" prévoit avec raison le triomphe du communisme mondial, c'est-à-dire de la tyrannie collectiviste, même *déguisée* en capitalisme pour abuser les candides : "Vos gouvernements, par nécessité, sont en train de préparer dans leurs pays un réseau de contrôles, de restrictions, de plans économiques, d'ingérences des bureaux et de l'Etat qui finira par créer partout des régimes de type collectiviste et conformiste, guère différent de ce communisme que vous craignez tant. [...] Vos gouvernements ont beau continuer à se servir des vieux mots de libéralisme et de démocratie, la réalité quotidienne les oblige à l'imitation, même graduelle et camouflée, des systèmes socialistes." Scénariste pour la série *The Prisoner*, Papini aurait certainement écrit des épisodes inoubliables situés dans ce monde devenu un immense Village où nous sommes tous réduits à l'état de prisonniers sans espoir.
"La visite à Lin-Yutang" n'étonnera pas les lecteurs des prévisions métapolitiques d'Abellio, ni ceux qui ont découvert avec terreur les nouvelles dénominations de grands crus français devenus, parce qu'ils ont été vendus à l'étranger par des kollaborateurs, "Château Lapin Impérial" -- en attendant pire, sans doute (un "Château Pokemon" ?).
A peine moins sinistre, "La visite à Otorikuma" donne la parole à un historien japonais : "Lorsque toute la terre est un asile de fous, même les médecins et les infirmiers ne peuvent plus être que des spectateurs impuissants, ou deviennent fous comme les autres. Ce délire collectif, inguérissable, nous conduira probablement à une extermination totale ou à l'universel suicide. Seule la divinité pourrait nous rendre à la raison et à la santé, mais Dieu s'est tu jusqu'à présent, et ce silence de Dieu est peut-être la plus terrible condamnation des hommes." (la série *Supernatural* a exploité une idée comparable, pour ne pas mentionner quelques théologiens plus ou moins bien inspirés).
Si je comprends la chasse, je ne suis pas amateur de corridas ("Le taureau a sa chance", disent ses avocats ; je n'en suis pas absolument certain). Je dois pourtant admettre que "La conversation avec Garcia Lorca" la justifie avec habileté.
La rencontre avec "Un grand sage" qui est "refuseur universel et perpétuel" se termine par ce propos lucide : "Sachez que la véritable sagesse n'a pas de rapport avec le bonheur, mais bien avec la mort."
Dans "La visite à Picasso", le barbouilleur catalan explique à Gog le parti qu'il a adopté dans un monde où l'art véritable a disparu comme ont disparu ceux qui savaient l'apprécier : s'amuser et faire de l'argent en profitant du snobisme et de l'inculture. "Maintenant, comme vous le savez, je suis célèbre, je suis riche. Mais quand je suis seul, en tête à tête avec moi-même, je n'ose pas me considérer comme un artiste dans l'ancien et grand sens du mot. Giotto et Titien, Rembrandt et Goya ont été de vrais peintres : moi, je ne suis qu'un amuseur public, qui a compris son temps et qui a exploité de son mieux l'imbécillité, la vanité et l'avidité de ses contemporains." Cette confession sonne si authentique qu'elle a été utilisée par Franco et par l'O.T.A.N. (selon kikipedia) pour nuire au vrai Picasso, communiste millionnaire (ce n'est pas un oxymore) qui n'aurait évidemment jamais eu le courage de tenir ces propos. C'est assez dire l'absence de discernement littéraire chez les crétins qui ont cru cette fable, d'un Picasso réel avouant sa médiocrité à un Papini réel !
De manière inattendue, "La visite à Hitler" révèle un Dolfie intelligemment *anarchiste* ("Eh ouais !", *bis*), étonnant dans cet aveu qu'il fait à Gog : "Je vous assure que penser, vouloir, décider, parler pour tant de millions d'esclaves muets est une fatigue épouvantable. Sans parler de l'ambition des anciens compagnons, de l'imbécillité des exécutants, de l'hypocrisie des amis, de la méchanceté des ennemis, sans parler des autres dangers que rassemble contre soi le pouvoir centralisé des autocrates. [...] Ceux qui me jugent ont tort, ceux qui me haïssent sont injustes, mais ceux qui m'envient sont les plus idiots des idiots." Etrangement, personne n'a songé à prétendre que cet entretien-là était authentique, même pour nuire à Dolfie chez les méchants qui ne le prennent pas pour le Diable (il en existerait encore quelques-uns). Dolfie *anarchiste* rationnel, fallait quand même l'oser, celle-là !
Les moyens techniques modernes autorisent une tyrannie qui fait passer les traditionnelles dystopies (Orwell, Huxley, Zamiatine, London...) pour d'aimables paradis. Cette tyrannie était exposée par avance dans "La visite à Huxley" : "Le monde futur sera fort semblable aux fourmilières, aux ruches, aux termitières. Le moi sera tué, l'imagination supprimée, l'individu réprimé et comprimé, abolies la liberté et l'initiative" -- encore la ruche produit-elle du miel, quand l'horrible et absurde termitière n'a aucun but autre qu'elle-même (Pierre Weité l'avait noté dans ses excellents *Propos d'un rétrograde*).
Parmi les récits, dans "Le tribunal électronique", Gog voit notre futur : "Ainsi les machines inventées par l'esprit des hommes étaient arrivées au point d'enlever la liberté et la vie à ceux qui les avaient fabriquées. Un engrenage mécanique, animé seulement par le courant électrique, prétendait résoudre, à force de chiffres, les problèmes mystérieux de l'âme humaine. La machine devenait le juge d'un être vivant, la matière prononçait ses arrêts sur les choses de l'esprit. Elle était abominable, même pour un enthousiaste du progrès comme je prétends l'être."
Quant à "L'usine du roman", elle devance les imaginations de Leiber et d'Escarpit, offrant une explication raisonnable à certains succès "littéraires" *fabriqués*.
"L'ignorétique" relève du plus pur génie, qui propose de créer une chaire, "peut-être la plus importante : celle où l'on traite de tout ce que nous ne savons pas encore ou ne saurons jamais."
Avec "Bourreaux volontaires", Papini a inventé un moyen plus sûr encore que les taxes (à prétexte) Gaia pour renflouer les caisses d'une organisation sociale mafieuse gérée par des crapules et par des incapables.
"L'Institut de la Régression", c'est par avance le programme d'abrutissement général entrepris bien avant le règne du furieux Meirieu, figure symbolique (mais tardive) de la destruction volontaire de l'instruction publique.
Au reste, "L'abrutissement progressif" fait sobrement l'impartial et déprimant diagnostic de la crétinisation progressiste qui commande et précipite la fin de l'Occident : "Aurananda s'étonne que les gouvernements d'Europe et d'Amérique ne se préoccupent nullement de cet abrutissement progressif de leurs peuples et ne s'occupent en aucune façon de l'endiguer ou de le retarder". Même le froid et génial Papini ne peut concevoir que les maîtres soient *aussi* les criminels qui ont sciemment organisé le naufrage ; alors que dire des moutons moyens qui refusent de voir l'évidence, savoir la guerre sans merci que mènent les bergers contre les moutons qu'ils veulent tondre à ras avant de les égorger tout en rêvant à de nouvelles races de moutons dociles esclaves consommateurs...
"Ascenzia" décrit un ingénieux système politique qui vaut bien la Stochocratie prônée avec talent par Roger de Sizif : "Vous devriez savoir que dans les républiques les personnes les plus intelligentes et les plus honnêtes évitent, d'instinct, de prendre part à la vie politique, qu'ils jugent grossière et pourrie, si bien que les électeurs sont forcés de choisir parmi les moins distingués et les moins intègres[2]. Avec notre système, au contraire, nul ne peut se dispenser du devoir sacro-saint de gouverner, chacun à son tour, ses concitoyens, et il arrive souvent que l'on tire au sort des hommes estimés pour leur esprit ou leurs vertus, ce qui n'arrive jamais dans les autres républiques. En même temps, on évite l'excessif gaspillage d'argent et de mensonges qui a lieu dans les élections ordinaires."
"La jeunesse de Don Quichotte" résume un imaginaire inédit de Cervantès qui explique la genèse du roman : à ses débuts dans la vie, le gentilhomme a vu "la corruption des grandes dames, l'orgueil des nobles, l'avidité des ministres, les intrigues des courtisans, l'abjection des subalternes". Pendant un séjour au Nouveau Monde, il découvre d'autres figures de l'exploitation que, naïf, il dénonce au roi. Il finit évidemment enfermé pendant des années. Libéré, "il essaya de se consoler de la laide réalité qui s'était révélée à lui de tant de façons ; il se réfugia dans le royaume de la fantaisie héroïque et poétique, dans ces poèmes chevaleresques et romanesques, où il retrouvait, idéalement satisfait, son idéal de chevalier chrétien, amoureux et sans peur." (Il n'est pas le seul !). Le reste appartient à l'histoire des lettres.
"L'histoire universelle à vol de corbeau" rend compte de toute l'histoire humaine avec une loi qui en vaut d'autres : "La destruction des ennemis doit être réalisée avec des armes toujours plus terribles, dans une mesure toujours plus grande, dans un temps toujours plus rapide, à une distance toujours plus éloignée, avec une impunité toujours plus probable."
Je ne dirai rien de "La conversion du pape" : c'était un sujet pour le Raspail du magnifique *Anneau du pêcheur".
Je cesserai d'abuser de la patience de l'unique, improbable mais peut-être existant lecteur parvenu jusqu'ici (Pharamond, c'est sans doute à vous seul que ce discours s'adresse ![3]) pour ne plus mentionner que *Les imbéciles* (réunion de trois articles fort brefs qui pourraient être signées Leopardi) et surtout *Le Diable* (1953), ouvrage fort original dont la lecture est profitable à tous, croyants, athées et intermittents de l'agnosticisme. Ce *Diable* a sa place légitime à côté des *36 preuves de l'existence du Diable* de Frossard et de la *Tactique du Diable* de Lewis. Je n'en citerai qu'un extrait, savoir la paradoxale conclusion d'un développement argumenté sur le diable musulman (j'aimerais, comme tout le monde, simplement *ignorer* ces théologies venues des déserts, mais l'époque et ses rabiques nous les imposent) : "Du point de vue du rigorisme musulman, Iblis se montre, en quelque sorte, plus dévotement musulman qu'allah lui-même." -- la formule est jolie.
Aurais-je la possibilité, pour mes funérailles, de faire dresser un bûcher alimenté par mes livres préférés (afin de leur épargner de mauvais lecteurs), que tous les titres de Papini seraient du nombre, et qu'ils partiraient en fumée aux notes de la marche funèbre de Siegfried version Furtwängler ou Szell. ;-)
En tout cas, si les membres du club de polémologie et diététique n'ont aucune vraie raison d'accorder crédit aux recommandations de Blumroch, ils peuvent faire confiance au génial Borges ; qu'ils aillent donc traquer donc les oeuvres de Papini chez les libraires, en occasion ou en neuf, pour découvrir un [très [mauvais]] esprit comme seul le monde d'*avant* savait en produire. Leur assurer quelques derniers vrais lecteurs, c'est probablement tout ce qui nous reste, même si c'est parfaitement inutile.
[1] Les titres forment une anthologie personnelle de la littérature fantastique qui révèle l'âme du compilateur, comme au reste le catalogue de toute bibliothèque composée de livres *choisis* : *Le Cardinal Napellus* (Meyrink), *L'OEil d'Apollon* (Chesterton), *Le Diable amoureux* (Cazotte), *La pyramide de feu* (Machen), *Les morts concentriques* (London), *Histoires désobligeantes* (Bloy), *Le Miroir qui fuit* (Papini), *Les amis des amis* (Henry James), *Micromégas* (Voltaire), *Le convive des dernières fêtes* (Villiers de l'Isle-Adam), *La lettre volée* (Poe), *L'ami de la mort* (Pedro A. de Alarcon), *Bartleby* (Melville), *La Porte dans le mur* (H. G. Wells), *Le tigre invité* (Pu Songling), *Le vautour* (Kafka), *La maison des désirs* (Kipling), *Histoires scientifiques* (Charles Howard Hinton), *Le grand visage de pierre* (Hawthorne), *Vathek* (Beckford), *La statue de sel* (Leopoldo Lugones), *L'île des voix* (Stevenson), *La réticence de Lady Anne* (Saki), *Le crime de Lord Arthur Savile* (Wilde), *Le pays de Yann* (Lord Dunsany), ainsi que des contes russes, des contes argentins et quelques récits tirés des *Mille et une nuits*.
[2] On irait bien dire, par esprit taquin, "Voilà justement pourquoi votre Foutriquet 2.0 n'est *pas* muet", comme ne l'aurait *pas* écrit un Molière qui, aux ordres, n'osa *jamais* attaquer les puissances d'argent, contrairement au courageux Lesage. Parmi ceux qui connaissent son nom et qui savent l'existence de son *Turcaret*, combien l'ont lu ?
[3] Dès l'intervention du camarade Popeye, j'ai perdu mon pari -- de fait, je pensais que seul Pharamond irait tenter de résoudre l'énigme.
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
Et vous vous dites las ;-)
Joli blurb grâce auquel je découvre l'oeuvre de Papini qui semble avoir bien des qualités. Sa rencontre avec la diable autrichien laisse songeur. Si je n'avais autant de retard de lecture je me laisserais tenter. Merci encore.
Écrit par : Pharamond | 03/04/2019
@Pharamond : Mais je suis très las. Je ne suis d'ailleurs pas très fier de ce blurb, tant Papini méritait mieux. Les livres que je mentionne sont vraiment parmi les meilleurs lus par Blumroch, qui a beaucoup lu. Laissez-vous donc tenter, au moins par *Gog*. Cette énigme n'aurait pas d'intérêt, sinon. Déjà qu'elle aura eu *deux* lecteurs seulement : vous et le camarade Popeye... (c'est le moment de *peser* les lecteurs plutôt que de les compter !)
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
Je suis sûr qu'il y en a eu quelques autres, mais je ne peux plus me faire une idée du nombre de visiteurs depuis que je n'ai plus accès à XiTi et pas question de Google Analytics.
C'est promis, "Gog" est sur ma liste, mais il va me falloir vivre longtemps pour tout lire de ce que j'ai prévu.
Écrit par : Pharamond | 03/04/2019
P.S. : Pas demain la veille du jour où je tenterai de faire découvrir Régis Messac ainsi que Fruttero et Lucentini, pour ne mentionner qu'eux. :-(
Que le directeur d'un blog éprouve parfois la solitude du rédacteur en chef, passe encore ; qu'un simple commentateur se retrouve à gérer la page *vide* (ou presque) du courrier des lecteurs, c'est moins normal. ;-)
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
@Pharamond : Accordez-lui un classement de faveur ; il le mérite. ;-)
Tous des hyens (yep, des huyens) quand même. ;-)
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
Bah ! j'ai un peu plus de succès quand je parle des Gilets jaunes et de la malignité de l'époque, seulement en ce moment ça me sort par les trous de nez...
Écrit par : Pharamond | 03/04/2019
C'est d'accord, je dois acheter quelques ouvrages sur le net, il en fera partie.
Votre dernière phrase m'échappe.
Écrit par : Pharamond | 03/04/2019
Merci à Blumroch pour cette énigme, cette découverte (je ne connaissais pas Papini) et pour ce morceau de bravoure !
Je me suis longuement creusé la tête, mais ne trouvant rien, je n'ai laissé aucun commentaires. Ce n'est qu'une fois l'énigme résolue que je me signale, rejoignant ainsi notre petite société...
La Broigne
Écrit par : La Broigne | 03/04/2019
@Pharamond : Vous ne devriez pas le regretter.
"Tous des hyens" ? Collectif neutre englobant donc tout le monde afin d'éviter le registre cellezéceux ("Hyènes et hyens !"). Vieil argot de presse, dans les canards que j'ai connus, pour désigner nos chers lecteurs qui, parfois, n'achetaient pas en masse un numéro pourtant particulièrement réussi (en tout cas nettement moins mauvais que la concurrence). "Ce mois-ci, on a vendu 100.000 seulement ; ces lecteurs, tous des hyens." ;-)
@La Broigne : Fallait réclamer un indice ! ;-) Je veux espérer que Papini comptera donc un lecteur de plus. C'est Borges qui le recommande ! ;-)
Écrit par : Blumroch | 03/04/2019
Pour moi aussi, c'est une découverte.
Merci Blumroch et bravo Pharamond.
Écrit par : Carine005 | 04/04/2019
Et vice versa.
Écrit par : Carine005 | 04/04/2019
L'entretien avec le barbouilleur catalan a été considéré, avec mauvaise foi, comme "authentique". J'apprends que c'est vrai aussi pour les "aveux" de l'imposteur viennois :
https://quoteinvestigator.com/2016/09/08/entertainer/
La dernière fois, c'était donc en 1993. Quel sens littéraire, chez les ricains... Une consolation dans notre malheur : eux non plus ne verront plus jamais la moindre personnalité digne d'intérêt surgir -- Twain, Mencken, Beard, Rollins...
Hasard amusant : je mentionnais la biographie convenable sans plus, signée par un certain Roberto Ridolfi. Chez Contrepoints, on assure aujourd'hui la promo d'une autre biographie rédigée par ce même Ridolfi, savoir celle de Machiavel, évidemment présentée comme excellente par la magie du service de presse :
https://www.contrepoints.org/2019/04/04/340798-vie-de-machiavel-de-roberto-ridolfi
Naturellement, on a droit à l'éloge obligé de Machiavel, mais ça...
Écrit par : Blumroch | 04/04/2019
Eh bien Papini me comptera ! Figurez-vous cependant que je n'ai jamais lu Borges non plus... Par orgueil je précise tout de même que je le connaissais ! Mais je vais donc le lire aussi.
J'y penserai pour les indices !
Écrit par : La Broigne | 04/04/2019
@La Broigne : Excellentes résolutions ! Pour Borges, *Fictions*, évidemment. Après c'est au choix et au hasard (sauf pour les poèmes auxquels je suis, pour ma part, allergique. ;-)
Écrit par : Blumroch | 04/04/2019
Après avoir séché lamentablement , j' ai survécu au long développement de Blumroch , non sans avoir éclusé deux Jack Daniel s n° 7 .. avec glaçons pour a modération . J' ignorai Papini , malgré quelques notions du futurisme italien (Marinetti) . Vers les années 70 je m' étais intéressé au "bruitisme" de JM Vicenza dans la ligne du futurisme .. chaque découverte nous fait mesurer l' étendue de notre ignorance ... du puits sans fond au gouffre c' est selon .. avec Papini je me sens au fond du gouffre ! :-(
Écrit par : EQUALIZER | 05/04/2019
C'est pourquoi, Kamerad EQUALIZER, je dis parfois, plus ou moins facétieusement, que nous avons tous des lacunes dans notre ignorance. ;-)
Ignorer Papini, dans notre camp, c'est quand même impardonnable -- même si je lui en veux d'avoir quitté la secte, trop réduite, des nihilistes, pour rejoindre celle des admirateurs d'Issek la Cruche (ah non, zut, ça, c'est dans le cycle des Epées de Fritz Leiber). ;-)
En tout cas, merci de vous être manifesté. Les silencieux, au choix : a) font preuve d'une criminelle Blumrochophobie (ce qui est très *mal*) ; b) désapprouvent le mauvais esprit d'un Papini légèrement fasciste (ce qui *serait* très *bien*) ; c) sont partagés entre les hypothèses a et b (ce qui est... inqualifiable). ;-)
Les images étaient sans doute mal choisies : tant pis ! Nous finirons tous dans le néant, Crom ; tout ce qui importe, c'est qu'un méchant a rappelé à beaucoup d'autres méchants l'existence d'un grand méchant injustement oublié -- à lire sur fond musical signé Poledouris. ;-)
Écrit par : Blumroch | 05/04/2019
Non, je ne fais pas "preuve d'une criminelle Blumrochophobie"
Tout simplement je HAIS les jeux quels qu'ils soient bien que dans ma jeunesse j'en ai pratiqué.
Je ne sais pas trop quand ça m'a pris.
Écrit par : realist | 05/04/2019
@realist : Les silencieux... qui ordinairement, en nombre déjà réduit, participent à cet excellent jeu. Je ne visais pas les "*gamers* repentis", évidemment. ;-)
La tradition s'efface : le Kamerad téléphobe n'a même pas suggéré sa célèbre Jeune Fille Au Chat. :-(
En fait, personne n'aime l'idée d'un Dolfie anarchiste. ;-)
Écrit par : Blumroch | 05/04/2019
Très bien, je retourne dans mon silence, vu que seuls les silencieux ont le vent en poupe sur ce blog d'érudits.
Moi j'ai même pas droit au "Kamerad" , c'est dire si je compte pour du beurre !
C'était du 6eme degré, je précise.
Écrit par : Carine005 | 05/04/2019
@Carine : Même pas vrai, Kameradin Mouette ! Au reste, l'érudition, c'est très facile, comme Papini le rappelle avec raison.
Eh, je suis primaire, moi : je ne vais pas au-delà du *second* degré -- et encore, pas toujours.
L'absence de participation ne m'interdira pas de mentionner les énigmes auxquelles tout le monde échappe donc : le génial Régis Messac (*Smith Conundrum -- roman d'une université américaine*, son admirable thèse sur le *detective novel*) et deux Italiens comme on n'en fait plus, savoir Fruttero et Lucentini (*La prédominance du crétin*, *La sauvegarde du sourire*, *Le retour du crétin*, *La signification de l'existence*, *L'amant sans domicile fixe*).
Écrit par : Blumroch | 05/04/2019
Blumroch > Ce vielle terme argotique a du être remplacé par "fachos" aujourd'hui puisqu'il n'y a qu'eux qui n'achètent pas la prodigieuse et véridique production journalistique lui préférant les fake news.
EQUALIZER > Dans le gouffre je vous tiendrai compagnie quoique j'eu préféré un vieux Cognac.
realist > Tous les jeux ?
Carine > Kamerad.e ?
Écrit par : Pharamond | 05/04/2019
@Pharamond : Kamerad{|in} [l{e|a}] Mouet{|te} !
Écrit par : Blumroch | 05/04/2019
Une curiosité : le *Gog* de Papini en... croate !
https://archive.org/details/gog-giovanni_papini
Ne pas trop compter sur Internet. ;-)
Écrit par : Blumroch | 09/04/2019
Blumroch > Les locuteurs clairsemés de ce genre d'idiome peuvent aussi s’instruire et c'est comme cela que le net est grand.
Écrit par : Pharamond | 09/04/2019
@Pharamond : Le passage de quelques lignes au service de "traduction" de Gougueul réserve les surprises habituelles associées à une OCR particulièrement indigente (on se demande même pourquoi ils font semblant de fournir le texte).
L'existence d'une version de Papini en croate, c'est quand même quelque chose. ;-)
Écrit par : Blumroch | 09/04/2019
@Blumroch: L'accusation de blumrochophobie révulse le citoyen humaniste et sans gluten que je suis: les Blumroch j'en connais, yenadébien, j'ai un ami Blumroch d'ailleurs ;-)
Votre développement sur ce Papini que je ne connaissais même pas de loin, de dos et par une nuit pluvieuse m'a l'air passionnant mais j'attend pour m'y attaquer de disposer d'une bonne heure et d'une suave bière belge, à défaut de Jack Daniel's... Le simple fait de tomber sur le nom d'Arthur Machen fait bien plaisir, lire Le Peuple Blanc à la terrasse d'un café bobo reste un plaisir de gourmet^^ Mein Kampf les aurait moins scandalisé je crois !
Bravo à Pharamond qui a permis à nous autres, cancres discrets et nombreux (?!), de continuer à somnoler en toute quiétude dans la douce chaleur du radiateur :-)
Écrit par : Benway | 09/04/2019
@Benway : L'OEil de Sauron avait évidemment remarqué votre absence.
Tsk tsk. C'est l'affaire de dix minutes avec un bon Sauternes. Au reste, pourquoi lire ce blurb que j'ai à peine écrit ? ;-)
Prenez garde : si un milicien du régime (ou un des *bons* citoyens qui soutiennent Foutriquet 2.0) vous voyait avec *Le grand dieu PAN*, il pourrait en déduire que vous envisagez de donner une suite au *Targets* de Bogdanovich !
Écrit par : Blumroch | 10/04/2019
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