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31/10/2018

Histoire... (149)

Témoignage d'un soldat français présent durant le siège de Sarajevo, dans le très bon “Paroles de soldats”, publié chez Tallandier.

“A mesure que le temps passait, on avait l'impression que depuis le début on nous avait raconté n'importe quoi. On était partis défendre les Bosniaques opprimés pas les méchants Serbes, et quand vous arrivez au premier check point serbe et qu'ils vous disent "Soldats français gut, Mitterand pfft !” en tournant le pouce vers le bas, vous voyez bien que ce n'est pas ce qu'on nous avait dit : les Bosniaques, eux, ils nous ont rafalés d'emblée.

Et puis il y avait ce que racontaient les journalistes. Au début, on captait le 20h qui annonçait : “Aujourd'hui, 700 obus sont tombés sur Sarajevo”. Nous, on n'en avait entendu qu'un seul.

[…] Je me souviens [une journaliste] parlait du siège de Gorazdé, des Serbes qui étaient aux portes de la ville et s’apprêtaient à l'investir, et justement ce soir-là arrive le sergent qui était avec moi et qui revenait de Gorazdé. Je lui demande : “Comment ça s'est passé ?

- Normal, sans problème…

- La journaliste, en bas, est en train de dire que Gorazdé va être anéanti par les Serbes.

- Ça m'étonnerait, la route principale est minée, alors le temps qu'ils arrivent, déjà…”

[…]

A la fin du mandat, on a vu arriver des officiers français en treillis. Des lieutenants-colonels, des colonels, qu'on devait accompagner chez les responsables bosniaques.

Ils n'avaient pas la coupe mili et n'avaient pas l'air rassurés. On a pensé qu'on avait fait appel à la réserve. En fait, c'étaient des hommes d'affaires français, le commandant nous l'a confirmé. Ils venaient chercher des contrats pour le BTP, la distribution d'eau, l’électricité, la reconstruction de Sarajevo après la guerre.

Voilà, tout ça mis bout à bout… Malgré notre petit niveau, on déduisait, on voyait tout de suite qui devait emporter le conflit pour pouvoir installer des entreprises. L'Onu était censée être neutre mais avait pris le parti des Bosniaques contre les Serbes.

Personnellement, je suis arrivé au bout de six mois avec le sentiment d'avoir été trahis par les politiques de l'époque qui n'avaient pas voulu tenir un discours de vérité. J'étais en colère…

Source : Zentropa