19/07/2018
Peut-on mieux le dire ? (12)
L'après-football...
Qu’un peuple ait besoin d’exutoires, c’est dans sa nature, de tous temps. C’est quand il n’a plus que ça pour se sentir peuple que les choses deviennent inquiétantes, voire tragiques. Tout, ou presque, a été dit sur cette Coupe du Monde qui a occupé monopolistiquement l’espace médiatique (c’est-à-dire la néo-réalité de la majeure partie de nos concitoyens) ces deux derniers mois. Entre les ronchons snobinards anti-foot, les démagos populistes pro-ballon rond, les sociologues des foules, les éternels épigones de Muray et leur inusable critique du « festivisme », les philosophes centristes adeptes du « ni oui ni non », les politiques opportunistes et manipulateurs, les experts en comptage racial, les accablés, les enthousiastes et les rigolards (plus rares en ces temps de sérieux compassé), toutes les analyses ont été faites, plus ou moins pertinentes, plus ou moins intéressantes, contenant chacune une petite parcelle de vérité. Le temps d’une compétition internationale, nous sommes tous devenus des commentateurs sportifs. Avec divers degrés d’aisance, de brio, mais en étant toujours très « concernés ». Il est vrai que le commentaire, de Facebook à la machine à café, est devenu notre activité principale, pour ne pas dire unique, nous qui sommes de moins en moins acteurs de nos existences individuelles et collectives. Calés derrière nos écrans, nous palabrons autour du temps qui passe. Et, à l’occasion, nous nous entretuons même, lorsque notre logorrhée contemplative se heurte à celle d’un autre, toute aussi passive mais éclairée différemment. Pendant ce temps, les issues s’éloignent et les alternatives restent virtuelles. Notre dissidence, pour détourner le titre d’un Audiard assez moyen, «elle boit, elle fume, elle drague, et elle cause. » Malgré la sincérité de nos espoirs, de nos appétences, nous ne parvenons pas à nous extraire de l’immédiateté, de l’agenda événementiel et émotionnel qui nous est imposé par l’adversaire. Notre rupture intellectuelle avec l’époque ne se prolonge toujours pas par une rupture concrète, physique, existentielle avec celle-ci. Nous sommes rongés par des outils et instruments que nous avons eu la prétention de croire pouvoir maîtriser mais dont nous sommes devenus les esclaves empressés, toxicomanes accrocs au numérique. Peu à peu, nous finissons par ressembler à des ersatz low-cost de Lorenzaccio, incapables de percevoir que nous nous confondons déjà avec les masques que nous pensons porter par habileté et stratégie quand il ne s’agit que d’intérêt et de facilité. Nous avons plus que jamais besoin de terre, de pierres, de papier, d’encre, de grand air, de travail, de chants et de poésie mêlée d’intemporalité et de transcendance. Plus d’entrisme ni de gramscisme (concepts épuisés aux résultats toujours reportés…), le communautarisme sécessionniste. |
Source : A moy que chault!
11:13 | Lien permanent | Commentaires (11)
Commentaires
le seul "entrisme" qui a réussi est celui des "trotskistes" au PS et dans le courant "néo-con" tous les gauchistes de 68 ont réussi des belles carrières (Educ'naz', cabinets ministres, haute administration) la destruction-destructuration des sociétés tradi étant dans le plan capitalo-communiste , ils n' ont donc pas eu de mal à s' y atteler . Pour la droite nationale c' était voué à l' échec .
Écrit par : EQUALIZER | 19/07/2018
Quand je préconisais, dès le début des années 80, le regroupement des méchants dans une région (je penchais pour la Normandie) puis la *sécession* par tous les moyens, je passais pour un furieux auprès des amis et connaissances (en faible nombre, il est vrai, puisque je n'avais ni vocation ni aptitudes à jouer les idéologues, encore moins les chefs). Les obstacles, importants et nombreux, n'étaient pourtant pas encore insurmontables, en ces temps reculés -- à condition d'accepter de perdre un peu de confort, et surtout d'avoir la volonté de résister à ce qui se préparait.
Toutes ces têtes pensantes du "communautarisme sécessionniste" (je n'avais pas trouvé cette formule, ne pensant, *un peu* facétieusement, qu'à une "Opération Moïse" pour sauver une partie de notre population et de notre héritage) auraient été mieux inspirées de réfléchir un peu *avant*. Aujourd'hui, ce n'est même plus envisageable : jusqu'à la sécession intérieure et à la simple abstention qui deviendront rapidement impossibles. La barbarie technicienne saura y veiller.
*Too late*.
Écrit par : Blumroch | 19/07/2018
EQUALIZER > Leur entrisme c'est fait en douceur puisque le Système était trop heureux d'accueillir les éléments qui permettraient de casser les vieilles institutions.
Blumroch > Naïvement je crois qu'il y eut un temps où il était possible de conserver l'entité nationale (ne pas voter Maastricht, voter pour le FN, etc.). Je ne sais pas si cela aurait été pérenne, mais pour quelques francs puis euros le peuple s'est prostitué et maintenant il est trop tard pour la solution démocratique et aucune autre n'est envisageable. Peut-être de la multitude de partis, mouvements, blogs et autres naîtra une communauté qui ne pourra survivre qu'en s'unifiant et en se structurant. Nous vivrions en parallèle au Système. On peut toujours espérer, même si trop des nôtres perdent encore leur temps en se rendant aux urnes.
Écrit par : Pharamond | 19/07/2018
@Pharamond : Si j'étais à leur place, je ferais *tout* pour *anéantir* l'idée même d'opposition au système -- et c'est d'ailleurs en bonne voie, à considérer les nouvelles visions de l'histoire et de la liberté d'expression.
Quant à tolérer des réseaux parallèles de résistance, même discrets, ce serait, de leur point de vue, une *abomination* : qui n'est pas *pour* eux est *contre* eux, donc à éliminer. Une fois qu'ils auront *compté* et *identifié* les méchants, ils les feront disparaître par tous les moyens, directs ou non (car ils sont lâches) avec l'assentiment, voire la collaboration du troupeau. Aucun sursaut à espérer.
(Ce n'est que mon sentiment.)
Écrit par : Blumroch | 19/07/2018
Vous oubliez l'incurie générale, le Système est puissant , mais bordélique. En restant discret, en évitant toute provocation, on peut bâtir un réseau viable. Ce ne parait peut-être pas flamboyant, mais la survie d'une civilisation même sous la cendre à sa grandeur. Le projet est très difficile à mettre en oeuvre, mais faisable... en théorie.
Écrit par : Pharamond | 20/07/2018
@Pharamond : Vous savez que ce régime gouverne mal mais se défend bien, pour reprendre le mot, fort juste, d'un grand ancien. Nous ne sommes pas dans *The Turner Diaries* : la répression (qui, à l'instar de la propagande, n'a même plus besoin d'être intelligente) sera et restera efficace.
Écrit par : Blumroch | 20/07/2018
Il faut bien s'accrocher à quelque chose parce que s'il ne nous reste même plus cela...
Je suis le premier à trouver inutiles les combats perdus d'avance. Ils ont certes une certaine beauté, mais font perdre du temps et des moyens précieux pour un projet plus efficace pour notre survie.
Je crois tout de même qu'il existe des moyens pour des réseaux d'exister sans attirer l'attention.
Écrit par : Pharamond | 20/07/2018
Oserais-je avouer que jusqu'à Fance-Belgique j'ignorais que la "France" était qualifiée ?
Par ailleurs, , oui, je reconnais être accroc au net même si je commet la bêtise de faire pousser des noyers et myrtillais (ok, juste 4) sur mon balcon.
Pour le reste, je ne me fais pas d'illusions ni de projections, les regroupements sé feront naturellement quand arrivera la famine, faute de terres arables, disparues dans les pavillons/cités /centre commerciaux.
Écrit par : Vryko | 22/07/2018
Vous vivez dans une grotte sans médias ? ;-)
Les regroupements se feront, mais c'est la question des conditions qui m'inquiète.
Écrit par : Pharamond | 23/07/2018
Pour la grotte sans medias, j'aimerais bien (avec du terrain en plus, et tout le confort moderne) :-D
Bon, j'avoue, j'ai un peu exagéré, disons plus exactement qu'on m'en parlait et que j'oubliais dans la seconde, ce qui a eu le don d'énerver mes interlocuteurs ("mais on t'l'as dit 2 fois, t'écoutes pas ou quoi ?") et qu'effectivement c'est après le match contre le Venezuela (?) Uruguay (?) que j'ai commencé un peu à m'y intéresser, parce que c'était les belges et que ça m'étonnait qu'ils aillent aussi haut.
Pour le regroupement, tout se fera en heure et temps dans des conditions optimales pour un meilleur vivre-ensemble :-D...
Écrit par : vryko | 23/07/2018
Plus les années passent et moins je regarde le Mondial de foot. Je n'ai jamais été fan, mais un match de temps en temps pourquoi pas. Seulement aujourd'hui le Mondial est tellement instrumentalisé par le commerce (on mange mondial, on boit mondial, on roule mondial, etc.) et la politique (voir les pitreries macronnesques) que je ne regarde plus... sauf la finale, famille oblige ;-)
Regroupement et divisions... à la machette, nous verrons.
Écrit par : Pharamond | 23/07/2018
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