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25/10/2007

Harmonisation

Lu sur le site Sauver le lettres :

 

 

« Constipés de la note » ?

 

Je suis allé à la réunion d’harmonisation pour l’écrit de l’EAF avec un paquet de 90 copies, comme plusieurs collègues de l’académie de Lille dont je suis. Évidemment, j’ai aussi 70 candidats à l’oral, et j’ai eu des surveillances à faire après réception des copies et des descriptifs. C’est donc fatigué mais désireux de faire au mieux pour les élèves que je suis allé à cette réunion, dont je tiens absolument à publier les moments les plus significatifs.

Les collègues chargées de l’animer ont ouvert le bal en précisant qu’on leur avait demandé de bien insister sur le fait que l’orthographe n’était qu’un critère d’évaluation parmi d’autres. Le document académique d’aide à la correction commence lui aussi par cette idée que « l’orthographe n’est qu’une composante de la correction de l’expression ». Quelques collègues osent rappeler qu’il s’agit d’un écrit de français. On sort alors l’artillerie lourde : notre matière, nous rétorque-t-on, est en danger (j’en conviens aisément), comme le latin ou l’allemand. Un collègue ironise, demandant si le français va devenir une langue facultative.

On nous explique que c’est parce que nous ne savons pas valoriser le travail des élèves. Ainsi nous explique-t-on comment corriger cette épreuve écrite : les professeurs chargées de préparer l’harmonisation ont demandé à des collègues pendant leur réunion de préparation de leur lire des copies à voix haute. Dans ce cas, on est beaucoup plus attentif aux qualités de la copie, on se rend compte qu’il y a des idées, des raisonnements parfaitement logiques… Certains collègues protestent, disent qu’il est ubuesque pour une épreuve écrite de faire abstraction précisément de l’écrit, et qu’on peut alors utiliser une écriture phonétique... Rien n’y fait, notre matière est en danger, par notre faute.

On nous rappelle encore que pour le commentaire littéraire, il est hors de question de s’attendre à ce qu’il soit composé, cela ne concernant que les concours d’entrée aux ENS. Il y a bien longtemps, nous dit-on d’un air triomphant, que cela n’existe plus, et on devrait le savoir.

La dissertation peut quant à elle se présenter sous la forme d’un catalogue de genres littéraires, sans réflexion.

Quant à l’écriture d’invention, elle ne doit pas nécessairement comporter d’arguments.

Les copies soumises à l’évaluation de tous sont abordées. Évidemment, les notes qu’on nous propose sont toujours au-dessus de la moyenne, et c’est le commentaire qui va déclencher le pugilat. On nous propose tout simplement 20/20. Des collègues avaient noté ce commentaire à 6/16, moi à 7/16. Les collègues sont priés de se justifier sur le champ, vraiment on ne comprend pas. Sauf que si le texte est compris, le commentaire consiste en un montage de citations qui ne sont pas intégrées dans des phrases, et pas toujours commentées. Il y a bien sûr plusieurs fautes, mais on nous a déjà dit de faire lire les copies par un collègue pour ne pas les voir.

C’en est trop, je prends la parole, je dis qu’il en est du bac comme du brevet, que c’est la même fumisterie, que les directives de correction sont là pour faire monter les notes sans aucun discernement, et que dans ce cas-là on ferait mieux de s’épargner les corrections et de donner le bac à tout le monde sans le faire passer. Je précise que si notre matière est en danger, c’est bien à cause des méthodes qu’elles proposent, et parce que le français se dissout dans l’appréciation d’idées, ou d’une culture vague alors que nous ne sommes ni sociologues, ni historiens des idées. On essaie de m’interrompre, on n’est pas d’accord du tout (mais les collègues présents approuvent pour la plupart, le disent ou le font bien sentir). Le ton monte, et l’on conclut ainsi « on n’est quand même pas des constipés de la note ! » Cette copie devrait susciter notre « jubilation », et les copies qu’on va trouver dans nos paquets devraient nous le faire comprendre.

Je ne dis plus rien, je rentre écoeuré, et je passe la nuit sans dormir. Je me console en pensant qu’on nous a promis à l’oral que les IPR passeraient, bien décidés à ce qu’on procède par « écoute active, évaluation positive » ! Qu’on se le tienne pour dit, sinon gare…

Y. Z.

Commentaires

Cela me fait penser à un reportage "Education nationale, un grand corps malade". Constat alarmant sur l'harmonisation des notes, mise en retrait des professeurs jugés trop sévère... Il y avait un comparatif de cahier de CE2 un des années 1950 et un d'aujourd'hui. La catastrophe. Je ne sais pas quoi penser de tout ça. Mais quand je vois ma nièce qui est en troisième et qui écrit : Salut sa va? J'ai peur...

Écrit par : Poudre | 28/10/2007

J'ai eu l'occasion récemment de discuter avec une enseignante qui croyait vraiment à ce qu'elle faisait. Durant sa nomination précédente, elle avait été affectée à un poste pour lequel elle n'avait aucune qualification, elle a fait de son mieux, mais quelle honte d'obliger des gens à "improviser" ainsi!
Ce texte est frappant quant à ce mépris du travail bien fait. Du travail tout court. D'ailleurs on n'en demande pas non plus aux élèves apparemment...

Écrit par : traitdejupiter | 29/10/2007

Si ça continue, on verra dans nos livre ce genre d'écriture : "salu tu va b1 ? tu fé koi 2 bo moi g 1 kdo 2 mé paran .... " (Salut va va bien ? tu fais quoi de beau moi j'ai un cadeau de mes parents...)

Écrit par : mq | 30/10/2007

Les commentaires sont fermés.