statistiques web gratuite

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/05/2006

Lobotomie

Un Français, un Italien, un Russe qui pense encore dans sa langue, et non dans un simili, peut se permettre le samedi soir d’ingurgiter une série B insane qui lui présentera une version multicolore et simplifié du monde. Son appareil critique sera en action, décryptera la métaphysique au rabais de cette nouvelle aventure du héros positif et finalement vainqueur d’une terrible adversité. Le contenu sommaire du message, sa platitude étudié feront même partie du plaisir complice que le spectateur cultivé éprouvera en se laissant porter par les charmes d’une histoire virtuelle qui se termine heureusement au bout d’une heure et demie. Le déculturé russe, italien, français habitant de ces banlieues qui tendent à devenir planétaires, aura-t-il, lui, les moyens de se dédoubler ? Sans repères dans le langage, la passivité est d’ores et déjà son mode de réception. Le prolétaire culturel des grandes cités européennes, celui que ni la culture classique transmise par l’école ni celle, orale, des patrimoines régionaux ne nourrissent plus, n’est-il pas la proie consentante de ce gavement d’images et de bruits ? N’est-il pas l’homme majoritaire de demain, celui à qui s’adressera d’abord la grande machine à distraire et à endormir, à assouvir et faire consommer ? Via les satellites, les câbles de toutes sortes, la grande machine à décérébrer est là, prête à moudre son grain pauvre pour le répandre partout.

 

Paul François Paoli

Comment peut-on être de droite ?

 

Commentaires

J'aime bien.

Écrit par : profdisaster | 06/05/2006

Quand vous citez sans commentaire, je suppose que vous approuvez sans réserve.
Sauf que la lobotomie des villes rejoint hélas la lobotomie des champs ... en trente ans de vie rurale, j'ai largement vu un certain type de vie standard se répandre jusque dans mon village.
Tout ça rejoint -un peu- sur mon idée de fabriquer une génération adaptée aux programmes télévisés actuels.
Mais je persiste à avoir confiance aux êtres d'exceptions qui ne sont peut-être pas encore nés, mais qui auront l'énergie de secouer tout ça : rien ne demeure éternellement.

Écrit par : Cendrinox | 06/05/2006

profdisaster : :-)

Cendrinox : Il dit d'ailleurs "ces banlieues qui tendent à devenir planétaires". Les ados juchés sur leurs scooters et habillés en gangstas que je vois traîner la nuit dans certaines campagnes reculées montrent bien les dommages provoqués de la télévision.
Rien ne demeure éternellement, bien sûr, mais j'ai la cruauté de ne guère trop me soucier de ceux qui viendront dans un siècle, le futur immédiat me tracasse plus.

Écrit par : Pharamond | 07/05/2006

Des demi-voyous en mob, il y en avait déjà "de mon temps" où internet ne nous détruisait pas nos lombaires par la station assise prolongée ...
J'ai toujours vécu projetée dans un futur plus ou moins éloigné. C'est peut-être ce qui m'empêche d'avoir peur !

Écrit par : Cendrinox | 08/05/2006

Oui, bien sûr, moi aussi j'ai connu, cependant je ne parle pas des voyoux, je parle des jeunes de la campagne qui ne sont pas sortis de leur département et qui s'habillent comme à L.A., preuvent de l'influence de la télé.
Quant à "projection" dans le futur, je ne sais trop qu'en penser. Il faudrait déjà que je comprenne ce que tu entends par là.

Écrit par : Pharamond | 08/05/2006

Oh, c'est une mode comme une autre : n'as tu pas tout fait pour éviter de porter autre chose que des jean's, étant plus jeune ? C'était le modèle de la télé de l'époque, pro amerloque à fond ...
*
Me projeter dans le futur = avoir des projets, les appliquer et ne pas écouter les sirènes de la panique.
*
Depuis enfant, on me dit que c'est bientôt la fin du monde, qu'avant c'était mieux, que c'est la crise, que le pire est à venir. J'attends le pire depuis 41 ans ...
*
Voilà pourquoi je reste absolument imperméable à tout catastrophisme, et je lis parfois chez toi avec tristesse cette tendance ... Les vraies grandes catastrophes sont rarement annoncées, sinon, ce n'en n'est pas !
*
En attendant, j'ai toujours choisi de vivre intensément, passionnément, à fond, d'être curieuse de tout ce qui me passe sous la main -actuellement, la navigation en eau douce entre autres-, parce que si l'on commence à avoir peur, on ne fait rien du tout et on ne vit plus ...
*
Oh là là, voilà que ça tourne au credo, mon bla bla ...

Écrit par : Cendrinox | 08/05/2006

Etant demandeuse de certains programmes lobotomisants, j'espère demeurer encore longtemps lucide face aux soupes américaines dont je me délecte.
Mais c'est vrai qu'il faut une certaine culture pour résister à cet envahissement.

Écrit par : traitdejupiter | 09/05/2006

De rien, je dis toujours ce que je pense ... parfois maladroitement il est vrai !
*
Rien à perdre : vraiment ?

Écrit par : Cendrinox | 09/05/2006

Il faut prendre la phrase entière : "j'ai même parfois le détachement égoïste de ceux qui n'ont rien à perdre".

Écrit par : Pharamond | 09/05/2006

C'est peut-être difficile à croire car je parle souvent de séries, maisje ne regarde pas la télé ! J'en fais le même usage que toi. Je ne l'allume que pour des Racines et des ailes, par exemple, ou mes séries favorites (là, par contre j'en ai beaucoup par moment!). Sinon je lis, ou... je blogue!
Quant aux réflexions qui en découlent j'ai entendu les mêmes.

Écrit par : traitdejupiter | 09/05/2006

Je te crois. Il semblerais même que nous ayons quelques similitudes comportementales.

Écrit par : Pharamond | 13/05/2006

Les commentaires sont fermés.