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08/11/2022

Carte blanche (49)

Laissée à Kobus van Cleef

Crépuscule des vampyrs et continent obscur

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Quatrième partie

Cinquième partie

Sixième partie

Septième partie

Huitième partie

Neuvième partie

Dixième partie

Onzième partie

Douzième partie

Treizième partie

Quatorzième partie

Quinzième partie

Seizième partie

Dix-septième partie

Dix-huitième partie

je ne sais pas pour ce qui vous concerne, mais moi, ces macchab's qu'il faut dissimuler, enterrer, exhumer, liquéfier, ça me semble très oppressant
on peut pas le laisser dans le faisandoir , celui ci?
là c'est Blum qui s'insurge
ignore tu, mon garçû, que ces bougres là sont comptés?
qu'ils ont une puce en eux, prévenant leur employeur, ou leur hiérarchie, de tous leurs faits et gestes? de leur état de santé, de leur non vie, de leurs sentiments, même?
oui, leurs sentiments aussi, les élans du coeur, chose intime entre toutes, hé bien, chez eux, c'est répertorié dans le grand livre
autant dire qu'on a intérêt à greffer la puce à un bon vivant ou à décaniller sévèrement
décaniller? et où veux tu que nous nous esquivions? et comment?
Blumroch retrousse alors ses manches, se ceint d'un tablier de boucher , tablier opportunément abandonné par les tortionnaires qui s'apprétaient à donner la question à Jean-Eudes, retourne le cadavre flasque sous l'oeil de nos mais vampyrs et entreprend de le dépiauter de la gorge à l'anus
odeurs fades de charcutaille et cuivrée du raisiné restant dans les veines
il a tôt fait de mettre le doigt sur une pastille bleu ciel, perdue dans les méandres du mésentère
il la fait sauter sur l'ongle du pouce
reste à savoir à qui on va la greffer
le chat?
mais que t'a fait cet animal innocent pour mériter un sort aussi funeste?

 

On s'interroge du regard
Pas le chat, évidemment
Pas les complices tortionnaires,ces cons là sont morts
On pourrait punir père Athanase ou le trafiquant par lui recommandé, certes, mais étaient ils au courant ?
Ou alors le berger maronite ?
Pour le coup, il n'y est pour rien, et, à part une hygiène corporelle déplorable, on ne peut rien lui reprocher
Reste la possibilité d'infliger le port de la puce à un animal
Innocent cela va sans dire
Mais connaissez vous un animal innocent ?
Nous avisons donc un bouc ( quelle suite d'alliterations riches on pourrait en faire une chanson), qui portera la puce et donc succédera à ses prédécesseurs dans le rôle émissaire
Blumroch s'approche en catimini, bloque la bête,incise la peau au niveau du col, ainsi que nous l'ont appris le visionnage de moultes vidéo sur le ternet
Ça n'est pas du goût de l'animal qui couine fort et se débat, mettez vous à sa place
Du bout de l'index, Blum sent une masse semi solide au fond de l'incision, il élargit la plaie (à la réflexion, un peu sanieuse et pas très vascularisée), extrait un paquet plastique tout maculé, enfourne à la place la puce, suture à grandes aiguillées, fouette le croupion de l'animal qui part sans demander son reste
On se retrouve, beau papa, le mutant, la sœur, les demi soeurettes, les pasdars, le chat, Blum, Jean Eudes et kobus, devant ce paquet au contenu inhabituel
Première réaction, éventrer le truc pour voir ce qu'il a dans le ventre
Deuxième réaction, s'interroger sur le pourquoi du comment
Qu'auriez vous fait ?

 

Vous êtes comme toulmonde,moi compris, vous ouvrez le sachet
Une clé USB
Crotte, pas d'ordi sous la main, on enfouille le truc et on se dirige vers la sortie
On est alpagué par beau papa putatif, vous allez pas me laisser ici, les filles, j'ai mal partout et je suis un pauvre vieux vampyr
Erzebeth passe sans moufter, Szuzanna lui emboîte le pas, Vesna supplie son partenaire du regard, mais c'est Emesse qui emporte l'adhésion de kobus en lui sussurant un truc à l'oreille
Quoi ?
On ne saura jamais
Cependant kobus se retrouve chargé d'un vampyr considérable sur l'échine, pauvre bougre, il peine
Heureusement une cariole se trouve attelée à un mini van Isuzu, le truc favori des familles semi aisées, dans ces parages ( jusque dans le chouf, comme quoi, même les druzes en usent, allitération là aussi)
On pousse les valides dans l'habitacle, ça fait beaucoup, Szuzanna en profite pour frotter ses tétins bien roides contre kobus, sous l'œil réprobateur de sa demi soeurette, kobus, tu penses bien que ça ne lui fait aucun effet, après le tour de rein obtenu en portant beau papa putatif...
On installe le dit beau papa dans la cariole, avec les pasdars, Blumroch prend le volant,cap sur Beyrouth
La route est longue, check-point, chaussée défoncée, ravitaillement en carburant limite, géographie hasardeuse ( ni cartes ni GPS, on en est réduits à se fier aux explications des locaux, descendants de phéniciens, qui monnayent les rares informations qu'ils nous livrent)
Mais enfin,cahin caha, on arrive au couvent des sœurs de l'Immaculée conception, dans la banlieue sud, celui là même où sœur Marie Kerouz faisait ses vocalises
On frappe à l'huis
Kes ke c'est ?
Un visage de cerbère revêche se pointe au guichet
Ha,ma sœur, nous implorons , nous sommes voyageurs égarés, pourriez vous nous héberger pour la nuit ( il n'ose ajouter pour l'amour du Christ, mais l'intention y est)
La sœur tourrrière l'envisage dans sa totalité, ce qui est une forme de performance, étant donné la taille de l'échantillon, celle du guichet et enfin la morphologie de la tourrrière, petite et large

 

La réponse tombe, cinglante
Y a des hôtels pour ça !
Pour ça ?
Pour ça quoi ?
Le temps que Blum, estomaqué, retrouve ses esprits et lance sa réplique à la naine, le guichet est retombé avec fracas
Il se retourne donc,avise sa troupe laquelle présente un étrange dérangement
La très belle Emesse, consciente de la présence de sa demi soeur Szuzanna et de ses ambitions, serre de près cette loque humaine qu'est devenu kobus à la fin de ce périple, par surcroît, l'homme a été achevé par le portage du grand karpatique, Emesse donc soutien le gagneur sur lequel elle a jetté son dévolu, un bras autour de sa taille, une main enfournée dans l'encolure de sa chemise pas vraiment philozofik ( col élimé, emmanchures trouées, dos quasi transparent, oui j'en ai beaucoup des comme ça dans mon placard, parfois je les sacrifie pour en faire des chiffons, chiffons chaussures ou chiffons à cuivres ou chiffons pour moto), elle ne tari pas de petites agaceries destinées à consolider certains liens uxoraux
Mais le plus beau, c'est encore derrière
Les deux pasdars se lèchent la pomme sans retenue, le grand karpatique est soutenu par sa fille et le contraste de cette décrépitude avancée et de cet érotisme glacé à de quoi faire frémir, en tout cas, encore mieux que dans le vers célèbre, on ne voyait que ses larmes qui brillaient au travers des flambeaux et des armes
Tu m'étonnes que la tourrrière aie foutu tout ce monde dehors... pas de saltimbanques chez moi !

 

On se penche donc sur la question de l'hébergement
Où trouver un hôtel ?
Comment le payer ?( Considérations bourgeoises, alors que nous pourrions partir à la cloche de bois, mais il faut une empreinte de carte bancaire, nouveau sésame de nos sociétés marchandes)
Comment trouver un passage vers la terre natale ?
Tout ceci nous agite, on se résoud à se poser pour un thé
Avec des gâteaux locaux
Une échoppe mal famée nous tend les bras, nous nous installons donc sur ses banquettes
Pendant que les pâtisseries grésillent dans la friteuse, kobus met la main à la poche, il bute sur la clé USB, demande au tenancier s'il a un accès internet, si fait, deux livres libanaises la demi heure, quasi gratuit, on se téléporte dans l'arrière boutique, dans des odeurs grailloneuses, puis on branche le bitonio, on pousse la clé dedans, l'écran clignote, une série de chiffres s'affiche
Mais kes ke c'est que ce truc ?
Le pasdar Abbas, relâchant la verge de son ieut'nant, répond alors "dark ouebe, c'est un code pour cryptomonnaie"
On reclique pour relancer le truc, pouf, le logo du bitcoin apparaît en majesté, on regarde le solde....... une milliasse de bitcoins !
Alléluia, amdoulilha, nous voici riches !

 

que feriez vous avec une milliasse de bitcoins, vouzautres?
hé bien , rentrer au pays, cousu d'or
mais d'abord, se reposer dans un palace et se faire un bouffement d'anthologie
pour les palaces on a le choix, la famille saadé a essaimé des tas de constructions
pour la bouffe faut descendre sur le port
on se retrouve dans une cave, un peu craspec et là, là....
des montagnes d'aubergines frittes, de l'agneau cuit avec du romarin, des oursins ruisselants, des olothuries , des scupions, des douceurs pate d'amande miel, bref, tout ce que la mer et la terre peuvent offrir
avec dans les oreilles, le son lancinant d'oum kalsoum
elle est pas belle, la vie?

 

Agapes somptueuses, pourrait on penser
Sauf que...
Un cuisinier palestoche, il y en a quelques myons au Liban, porteur d'un furoncle, s'est gratté le dit furoncle sans réfléchir ni se laver les mains ensuite
Résultats attendus, la totalité des convives se retrouve par terre,malaises vomissements diarrhée sauf pour le mutant vampyr néo vampyr, qui lui, hébergeant un solide microbiote intestinal, s'en tire avec vertiges et flatulences ( qu'on m'explique par quel biais une toxine thermolabile peut entraîner des prout, je suis preneur)
Le grand karpatique, est, une fois de plus, à l'agonie
Après son expérience sur les bords du lac turkana, il accumule
Bref, tout ce petit monde est enfourné dans plusieurs ambulances et direct à l'hospital de notre dame du Mont Liban et du Mont Thabor réunis

 

Que va-t-il se passer ?
Comment vont ils être accueillis à l'entrée de l'hospital ?
Y a-t-il une smala phénicienne au guichet, une religieuse encore pire que celle du couvent ?
En plus,nos amis ne sont pas dans une forme olympique, c'est rien de l'dire...
Contre toute attente, une infirmière diplômée, sanglée dans un uniforme blanc empesé très seyant les prend en charge , yeux noirs bien fardés, traits un peu levantins,lourdes loloches qui tendent le tissu du pijama de bloc,pro en diable, elle virevolte autour, note les constantes vitales,perfuse le grand karpatique, dispense oxygène, conseils, haricots pour vomir, bipe le senior qui se pointe incontinent
Encore un coup du restau du kortier d'achrafieh !
Il tonne, il tempête, il vitupere !
Diète pour toulmonde, la gourmandise est un vilain défaut, un bon régime, une réhydratation pour commencer, on verra ensuite demain s'il y a une atteinte rénale, mais quelle idée aussi de s'attabler à un endroit dépourvu du strict contrôle sanitaire !
On fait profil bas, évidemment, on n'est pas en mesure de protester...

 

Au matin, on se réveille après une nuit plus ou moins agitée, toulmonde est sur pied pour un p'tit dej qui passera surement mieux que le dîner
Toulmonde ?
Il manque beau papa putatif
Plus le médecin de garde, maronite plus ou moins suifeux
On dehambule dans les couloirs, vite fait, le service d'accueil est boutiqué à la façon du panopticum du déplorable Jérémy Bentham, une seule infirmière diplômée peut, d'un seul coup d'œil, envisager la totalité des patients
Mais ça marche aussi avec les prisons, les magasins, les factoreries, les classes d'élèves difficiles
Et effectivement, dans le box du bout, là bas, où on avait installé le grand karpatique, on distingue confusément du mouvement
On s'approche, le cœur serré, pas qu'on aie eu beaucoup d'empathie pour celui qui nous a imposé une mutation dans les gènes de kobus puis un symbiote dans sa tripaille, mais bon, c'est toudmeme le père de nos douces compagnes Erzebeth, Vesna et Emesse, le grand père du mutant, le géniteur de la glaciale Szuzanna
On jette un œil, nous attendant au pire
Hé non, ça va
L'infirmière, dénudée jusqu'à la taille, allaite le grand karpatique sous les encouragements de l'urgentiste, lequel nous intime l'ordre de nous taire
Puis il nous montre le couloir
On sort du box, il nous suit dehors, on fait cercle autour
Les explications arrivent enfin
Les constantes vitales ne s'amélioraient pas, l'insuffisance rénale menaçant, j'ai eu recours à la médecine de mes ancêtres dans les montagnes du Chouf, allaitement par une post parturiente, ça tombe bien, j'en avais une dans l'effectif, on va voir si c'est efficace, d'ailleurs, il me semble qu'un auteur occidental cite aussi cette technique
On ouvre les yeux, il s'étonne
Comment, vous n'avez pas lu Steinbeck ? Les raisins de la colère ? À la fin du bouquin, si je me souviens bien....
On se tourne vers kobus, alors, qu'est-ce que tu en penses ?
Rien ne vaut l'expérimentation, mais on n'a pas déposé de protocole dans le cadre de la loi machin ou chose, le mieux c'est d'aller voir

 

Le grand karpatique a tenté de sortir ses crocs,las !
Son traumatisme, subit dans le chouf du fait de l'agilité de kobus, ne lui permet qu'un mouvement grotesque en direction du cou de l'infirmière allaitante
Laquelle, croyant à une tentative de baiser dans l'espace compris entre la base du cou et la salière, l'espace sus claviculaire, s'est mépris, et lui a envoyé une torgnole bien appliquée, qui lui a amené le rouge à la joue
C'est pas c'que vous croyez, je voulais pas vous embrasser !
Je voulais simplement vous saigner !
À mort....
Me saigner ?
Tiens,mange toi ça, malapris !
Une autre torgnole tombe sur l'autre jour du patriarche vampyr, laquelle joue rougit comme l'autre
L'interne des hôspitaux de Beyrouth envisage le truc.. voyez, grâce à un traitement approprié il reprend des couleurs, on va faire une belle publication avec ça, je vois le titre, efficacité de l'allaitement et des baffes dans la gueule dans le traitement d'une toxi infection alimentaire, à propos d'un cas, avec revue de la littérature

 

Mais pour le col du fémur ? Et pour la vertèbre toute espoutie ?
Ha oui c'est vrai, on va bipper le chir ortho, on verra ce qu'il dira
On attend donc dans le couloir pendant que l'infirmière phénicienne termine la tétée, sans devoir changer le pépère, lequel a les joues rouges pour de multiples raisons, les claques et surtout la honte de s'être fait remettre en place par une fumelle
Les pasdars, eux, promènent leur désœuvrement dans les étages, où leurs faciès orientaux ne prétent pas à confusion
Le mutant se met en quête d'une gorge facile à saigner et propice à le sustenter
Nouzautres, les trois compères, les belles compagnes et Szuzanna, nous restons assis à attendre la décision du chir, seules Vesna et Emesse se rongent les ongles, les deux autres sont décontract' à tel point qu'un magnat bienfaiteur de l'établissement, passant par les urgences faire soigner une ampoule au pouce (à force de compter les billets) , un magnat donc, s'étonne de leur présence et leur propose une promenade en yacht
Les fumelles, mercenaires comme bien souvent, ne le rembarrent pas ouvertement, si bien qu'il s'imagine des trucs
Une connivence muette s'établit donc entre Erzebeth, Szuzanna, kobus, Jean Eudes et Blumroch sous les yeux courroucés des deux autres sœurs qui n'ont pas pigé la manœuvre
L'idée de base, vous l'avez eue comme nos héros, c'est d'embarquer sur le yacht du suifeux puis cap à l'est, passage des Dardanelles,du Bosphore, entrée dans la mer noire, navigation tranquille jusqu'à Constanza, débarquement puis retour tranquille dans les karpates natives

 

Sans oublier le beau papa putatif, dûment opéré de la guibole et cimenté de la vertèbre
Sans oublier non plus le gamin mutant, preuve incontestable de la réussite des recherches génétiques et de la clairvoyance du grand karpatique

 

Nos belles compagnes multiplient donc les agaceries et le minaudage ( parfaitement, ce terme existe puisque je viens de l'inventer), en réponse à la drague lourdingue du suifeux, coiffé à l'huile d'olive et gavé aux loukoums
Heureusement que mitou est inconnu ici car autrement, le mec irait directement au procès
Quoique ça ne soit pas exclu
La journée se passe entre exploits médicaux ( endormir puis réveiller le grand karpatique pour lui visser un clou gamma dans le col duf' et lui remplir sa vertèbre espoutie avec du metacrylate, obtenir le bulletin de sortie, rétribuer toulmonde et trouver un véhicule pour exfiltrer nos ouailles), chatemitte avec le saadoune local ( de la part d'Erzebeth et de Szuzanna), profil bas de la part des autres, partir à la recherche des pasdars ( qu'on trouve dans un cagibi en train de forniquer avec l'aide soignant syrien, employé dans cette tâche puisque après tout, y a pas d'raisons qu'on paye les gens au juste prix, c'est mieux de le faire à un prix injuste) , dissimuler les cadavres exangues des victimes du mutant, guetter si les services secrets raeliens ne sont pas à nos trousses ( dans un superbe numéro hugolien, comme dans les bosseurs de la mer, guettés nous guettions si nous ne l'étions pas)
Sortie de salle de réveil, le grand karpatique est hissé sur un stricker, encore tout nauséeux de la morphine qu'il a reçu, on pousse le bonhomme dans les couloirs désormais désertés par la faune hospitalière diurne
Les deux sœurs de basse moralité ( mais basse par rapport à quoi, quel est l'échelle, et où se situe le zéro ?) ont vu l'équipe disparaitre au coin du parking, elles accélèrent les tendresses envers le grotto ( transcription littérale de l'ouest afwicain d'il y a 40 ans, l'époque de la coopé, où les poufiasses d'Abidjan allaient à la pêche au grotto, le gros tonneau, le coopérant français qui allait les marier et permettre l'abduction de la famille en Europe.... époque révolue, maintenant la vronze, grande et universelle, affréte des cargos pour aller chercher les ouigres, sans contrepartie, évitant ainsi aux gentilles gazelles de compromettre leur vertu dans des marchandages douteux, quel progrès)
Le mec n'y tient plus
Il embarque les deux vampyresses dans sa Rolls-Royce phantom et fouette cocher, direction le port

 

les très capiteuses (et potentiellement mercenaires de leurs charmes) vampyresses embarquent donc dans la bagnole d'ancien riche du compradore, suivi de ses chaouchs et gardes du corps, eux sont voiturés dans une bagnole nouveau riche, un SUV amerlot qui pèse deux tonnes et rame dans les pentes
les bougres ont la tête de l'emploi, carrures débordant du col de chemise et de la ceinture du bloudjine (de contrefaçon), bourrelets adipeux dans la nuque, petite boucle d'oreille façon inverti antique, lunettes carrées photochromiques, petit bouc entretenu avec un soin onaniste ou presque, on dirait une personnalité d'une confession similaire, située de l'autre coté d'un estuaire voisin (cherchez si vous voulez)
nos amis ont fait le pari de précéder le convoi, en sachant à peu près où le yacht est mouillé
ce qui fait un étrange convoi, puisque les services secrets raëliens suivent le tout à distance
paraphrasons nos prédécesseurs
nous nous vîmes trois groupes en arrivant au port
le gros libanoche et ses stickers, nouzautres avec les pasdars, enfin les raëliens, le compte y est

 

les très belles descendent de voiture, tirent sur les membres (supérieurs, pas l'autre) du libanoche pour le tirer de sa bagnole
le poussah s'extrait enfin
il grimpe la passerelle, reluquant les fesses de ses accompagnatrices qu'il pousse devant lui
nous guettons
au moment où la passerelle se lève, hop, en deux coups les gros, kobus et les deux pasdars bondissent et investissent la barquasse, regimbage des gardes du corps, le plus maigre s'élance sur kobs, lequel le fauche aux genoux, puis lui shoote la machoire
ça fait crac
les deux pasdars pendant ce temps ont maîtrisé l'autre chaouch, un coup dans les burnes, le gars verdit, blanchit, puis se pâme
le poussah, interloqué, tente de se saisir d'un rigoustin, habilement camouflé dans ses braies, les fumelles le désarment sans effort
alors, sur la passerelle pacifiée, les autres amis apparaissent enfin
le mutant traîne son papi, Jean Eudes et Blum s'avancent, avec à leurs bras les précieuses restantes, Vesna et Emesse
pendant ce temps, les observateurs raëliens observent , sans moufter

 

On bouscule les membres d'équipage, deux croates gigantesques et taiseux, on leur indique un point sur la carte, les pasdars surveillent la route et vogue la galère
On sort vent debout du port de Beyrouth, l'échelle du levant bien connue
Nos vieux gousbyres sont aux anges, pour un peu, ils s'imagineraient que la proue est soulevée par le clapot
Mais je t'en fiche, une barquasse de ce volume, il faut plus que ça
Enfin, on double le cap, nous voici en pleine mer

 

Cap à l'ouest,mes amis, pour pouvoir ensuite piquer au nord puis à l'est
Je sais, la géographie c'est compliqué
On poursuit donc, comme Ulysse, les flots restent grisâtres et inhospitaliers, mais on a bon espoir d'arriver à bon port
Ceux qui ont moins d'espoir en revanche, ce sont les réfugiés, entassés dans les coquilles de noix des passeurs ou bien souqués dans les cales des apprentis sauveteurs
Justement il y a un de ces rafiots ramasse-misère sur tribord, à deux milles il a pas l'air de faire bonne route, la tramontane s'est levée et la radio crépite
Va-t-on faire notre devoir, se dérouter ou bien serons nous les notaras de 2022?

 

Allez on se déroute
On tente d'accoster ce petit chalutier qui fait eau de toutes ses membrures pourries et qui tient à grand peine la houle vicieuse de cette fin d'après midi automnale
Porte voix, gaffe et défenses sur le franc bord
Chalutier SOS miséreux, zavez besoin assistance ?
Personne ne moufte sur la dunette étroite de la barquasse, évidemment
On met le zodiac à l'eau, un pasdar, le matelot Abbas y prend place avec kobus, tous deux caparaconnés ( mais la cédille ne s'inscrit pas avec le téléphone) de néoprène
Hardi petit !
Nonobstant son âge et son ventre, kobus s'est hissé sur le pont du chalutier
Désert évidemment
Le pont,car sous le pont,y a du monde, ça s'agite même
Ce sont les volontaires de SOS miséreux qui donnent du leur pour soulager les angoisses des migrons
Ça y va de la bouche, de la main et d'autres orifices innommables et tous volontaires et volontair.e.s sont requis dans une sarabande mécanique, quasi industrielle, où tout désir est exclu mais où sont présents la peur et la frustration
Hé ho, besoin de quelque chose, là dedans ?
Du lubrifiant et des capotes, visiblement
Broum broum on entend un pas dans l'échelle de coupée, c'est pasdar Abbas qui déboule
Et curieusement, au lieu de se joindre à la partouze, il a une moue dégoûtée et crache par terre

 

hé oui, nos amis se préparent une notoriété assez rugueuse
poursuivons
si le pasdar Abbas crache par terre, c'est que non seulement ce sexe mécanique, pour ainsi dire contraint (mais lorsqu'on sait quelle fut son initiation, on n'en est pas étonné) lui répugne, mais qu'il a vu, dans un coin de la cale du navire, un étrange festin
parmi les bouées et autres ancillaires de sauvetage, un atelier de boucherie
et pas chevaline ni bovine, espère!
non, non, ce louche fumet, ces senteurs graillonneuses qui s'alentissent au fond de nos fosses nasales respectives, c'est du rôti d'homme qui se concocte à même le plancher ( ce qui a pour effet de gondoler les
bordées de la nef, ce qui explique qu'elle commence à prendre l'eau )
le cerveau du kob's , trop humain, trop européen, ne lui a montré que ce qu'il attendait, ou bien lui a occulté la réalité
il croyait à une partouze pour tranquilliser les migrons, voire même leur faire un welcome refugees (ou un golden hello comme on dit dans le monde capitaliste)
il ne s'agit pas de ça
les gentils sauveteurs se sont transformé en gibier, gibier dans tous les sens du terme, sexuel et alimentaire
et le SOS crachottant qu'ils ont reçu il y a trente minutes , c'était pas du chiqué
d'ailleurs un des participants du festin se dresse , ensanglanté et enfoutraillé, et se rue sur le kob's
faut le comprendre, après avoir manduqué les naïves européennes et forcé les orifices des naïfs européens ( ou l'inverse, on s'y perd) les portions étaient minces et le repos du guerrier était rare, à partager entre tous
et kobus apparaît être le plus grassouillet des deux nouveaux protagonistes
et puis pasdar Abbas est assez basané, ce qui peut créer une connivence basée sur l'épiderme
le convive encore affamé se rue donc sur kobus, la bave aux lèvres et la banane comme un canon ainsi que l'a écrit en son temps Higelin
il parvient à enserrer notre ami entre ses bras puissants (pas croire que la migration s'accompagne de disette, en général c'est les plus aptes au combat qui partent, le scorbut n'existe plus que pour les européens pauvres confinés chez eux à bouffer des nouilles, les vieillards en EPAD, les chômistes de longue durée par exemple) mais le néoprène dont est couvert le kobs lui irrite la paume des mains, ça glisse, il laisse échapper sa proie
il se reprend lorsque Abbas lui assène un coup faramineux d'un espar qui traînait là
vlan en pleine trogne
laquelle éclate sous le choc

 

Abbas repousse le cadavre en devenir, attrape kobus par une aile et se rue vers l'écoutille, dans un capharnaüm indescriptible
arrivés en haut , on rabat le panneau sur les occupants qui tentaient la poursuite, on écrase quelques doigts au passage
on souque l'écoutille
à mort!
gros boulons dont on mate le filetage à coup de masse
foutons le camp!
c'est le radeau de la méduse avant le naufrage, bon gû!
ils sautent dans le zodiac , mettent plein gaz vers le yacht qui avait pris un peu de distance, grimpent à bord
sauvés!

 

Sauvé, c'est vite dit
Deux mecs peu amènes les attendent, costumés eux aussi en néoprène, l'arme à la main
Mais ce serait faire peu de cas de l'esprit de ressources de nos amis que de penser qu'ils vont se rendre
Le kobs feint de glisser sur le pont, et, effectivement,sa morphologie aidant ( de profil il a une certaine parenté avec une boule de bouling), il roule jusqu'aux pieds des intrus
Qu'il renverse
L'un d'entre eux lutte au sol contre kobus, qui s'est transformé en bidibule insaisissable et qui lui avoine le museau de coups de saton, l'autre a repris ses esprits pour se retrouver face à pasdar Abbas qui, soupçonnant le sémite dans ce costume de plongeur,lui assène un coup au moyen de l'amare du zodiac
Aveuglé le raelien appuie sur la détente de son arme, la giclée part au loin, perforant la coque du SOS miséreux, laquelle n'attendait que ça pour embarquer un peu plus de flotte
Furieux, pasdar Abbas précipite le tireur dans les flots grisâtres et agités de mare nostrum,ramasse le flingue du plongeur, le retourne contre l'autre
Disparu !
Le mec a déserté le pont pour s'enfoncer dans les entrailles du yacht, on se rue à sa poursuite, on progresse lentement dans la coursive des invités d'honneur,mal éclairée, on bute sur un cadavre chaud, encore frémissant, c'est l'autre plongeur raelien ( du moins nous supposons que ces bougres sont raeliens) que le mutant a saigné en un instant

 

On se dit qu'il y en a d'autres, ce qui nous fait avancer lentement
Les quartiers des invités et ceux de l'équipage sont déserts
Kobus commence à s'inquiéter, autant pour ses potes que pour les belles amies qui agrémentent le voyage de leurs présences , oui, elles sont en nombre, donc on met tout ça au pluriel
On descend à la machinerie, personne non plus
On remonte au poste de pilotage, un coffre à brassières de sauvetage n'apparaît pas tout à fait à sa place, kobus le manipule, y a -t-il quelqu'un dedans ?
Personne évidemment
Pasdar Abbas pose un doigt sur ses lèvres, indique d'un geste le plafond du poste,kob's pige enfin, il tire le coffre au bord de la passerelle,grimpe dessus, se hisse au bord du toit à la force du poignet ( il en faut, puisqu'il est courtaud) et se mange un coup de talon en pleine poire qui lui fait éclater le pif
Il chute sur le cul en beuglant, bordel de djieu !
À ces mots, une forme souple dégringole du Roof en disant "mon pauvre chéri, je t'ai fait mal, j'ai pas fait exprès "
C'est la très capiteuse Emesse qui fait son mea culpa en prétendant l'avoir confondu avec les assaillants en costume de plongeur
Confusion regrettable, kobus et pasdar Abbas étant revêtus de néoprène, mais kobus arborant une toison argentée rebelle au peigne
Pendant qu'elle lui presse les narines en lui renversant la tête en arrière, il demande où sont les autres
Pas loin, sur le toit eux aussi mais les sœurs veillent sur toulmonde, on est les seules a pas avoir le vertige
Le vertige, pour un passage sur le roof ? C'est une blague ?
Essaye un peu, avec la houle, ça secoue
Effectivement, la mer s'est formée, les lames viennent claquer contre la coque, et le yacht, avec ses moteurs à l'arrêt, est secoué, tanguant et roulant
Bin faut faire descendre les matelots croates, qu'ils remettent la bouzine en route
Ha non, les raeliens les ont flingué d'entrée de jeu c'est à la suite des coups de feu qu'on a gravi le toit de la passerelle, j'ai entendu deux ploufs, ils ont balancé les corps à l'eau

 

On résume
Sur un yacht en pleine mer, début de coup de tabaque, plus de marins, sauf les pasdars, le proprio introuvable, ses chaouchs introuvables itou, beau papa putatif sur le toit, victime d'un mal de mer et d'une fracture du col duf' ainsi que d'une vertèbre espoutie, les deux compères restants eux aussi verts avec le roulis, les quatre précieuses à la manœuvre, le mutant en train de rôder dans le bâtiment, c'est sûrement à lui qu'on doit la disparition des occupants légitimes, le nez du kobus en compote, et le radeau de la méduse à côté qui s'enfonce doucement
On pourrait remettre en route,touer une amarre et les sortir de là ?
Mais franchement, sauver des cannibales, est ce bien sérieux ?
Seul réconfort, Emesse lui a dit "mon pauvre chéri", pauvre peut être mais chéri quand même
Le chalutier SOS miséreux disparaît d'un seul coup, résolvant une partie du problème
Reste un élément auquel personne n'a songé, les raeliens, comment sont ils arrivé ici, dans quel but, et surtout pourquoi ont ils commencé par liquider l'équipage ?
Si tu réussi à répondre à tout ça, bravo, moi, je vais tenter de mettre fin à cette épistaxis
Pasdar Abbas descend à la machinerie, on entend un pot pot pot, l'autre pasdar a repris la barre, on reprend la route, cap au 360

 

On s'éloigne des lieux du crime, kobus tente, avec son tarin en chou fleur, de rameuter sa troupe
Pas évident, beau papa putatif est un peu bloqué, les deux autres ont la gerbe, les filles ont pris goût à la situation en surplomb, l'autre pasdar et le mutant sont introuvables
Tu parles d'une équipée
Si vous êtes si bien à l'extérieur,restez y !
Il y a d'ailleurs un grain qui s'annonce, ça va secouer
À contre cœur, les autres protagonistes glissent le long des structures de la passerelle pour se retrouver sur le pont, de là, la coursive des appartements VIP
On décompte
Manquent le deuxième pasdar, le 'ieut'nant et le mutant
Que fabriquent ils ensemble ?
Un Blumroch mal assuré sur ses jambes se met en quête de ces deux là, avec une angoisse évidente, et si le mutant tentait de le saigner ? Et si le pasdar, enterrant des millénaires de brouille semitoarienne décidait de lui faire la peau ?
On n'est sûr de rien avec ces cocos là

 

07/11/2022

Profils (3)

Toyota 2000 GT (1970).jpg

Toyota 2000 GT (1970)

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Triumph Spitfire Mark IV (1972)

Alfa Romeo Montreal (1973).jpg

Alfa Romeo Montreal (1973)

Jensen Interseptor MkIII (1974).jpg

Jensen Interseptor MkIII (1974)

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Alfa Romeo Spider 1600 (1975)

 

Musique (632)

Polly Scattergood

Avalanche

Ratatat

Bare Feast

Everybody Loves An Outlaw

I See Red

Enfance (2)

"Je me souviens d’une petite roubine près de l’Isle-sur-Sorgue. Mes cousins étaient déjà embarqués sur une chaloupe tremblotante, ils m’invitaient à sauter de la rive pour les rejoindre. Maladroit, j’étais un peu timoré et hésitais à me lancer dans cette périlleuse aventure… Une jeune voisine en robe à fleurs nous regardant, je franchissais quand même le pas, et, comme il se doit, finissait le cul dans l’eau sous les rires collectifs… Puis nous nous réchauffions près d’un feu de bois et la jolie voisine me disait gentiment que j’avais été quand même "très courageux", ce qui me faisait rougir jusqu’aux oreilles et me rendait heureux pour une semaine… Aujourd’hui, je croise des gamins qui ont l’âge que nous avions alors, les copines sont des "salopes", tout le monde "nique" à peu près tout, ça s’insulte comme dans Scarface, ça beugle, ça parle de bite… Avoir tué l’enfance est sans doute le plus odieux des crimes de l’époque."

Xavier Eman

Hécatombe - Pensées éparses pour un monde en miettes

04/11/2022

Profils (2)

Ferrari 250 GT SWB Berlinetta (1961).jpg

Ferrari 250 GT SWB Berlinetta (1961)

Aston Martin DB5 (1964).jpg

Aston Martin DB5 (1964)

Jaguar Type E (1963).jpg

Jaguar Type E (1963)

Maserati Sebring 3500 GTI Série I (1963).jpg

Maserati Sebring 3500 GTI Série I (1963)

Porsche 911 Type 901 (1964).jpg

Porsche 911 Type 901 (1964)

Enfance

"Nous apercevons les fleurs de trop loin ; mais dans les plis de la corolle où leur œil s'enfonce, les enfants suivent l'effort d'un insecte, qui traverse une rose comme un grand pays. L'abondance de leurs sensations en disloque le cadre étroit ; le gravier brille de tous ses grains, le ruisseau a des anses et des golfes, le moindre bout de jardin se dilate comme un empire. Rien ne reste petit ; rien, non plus, n'est loin, et, assis sur l'herbe, ils se sentent gardés par le soleil, ils croient jouer entre ses pieds d'or. Le monde où ils vivent, dense, éclatant, minutieux, ne se peut comparer qu'à ces miniatures où d'innombrables détails pétillent, chacun à sa place, sur un fond d'azur."

Abel Bonnard

L'enfance

 

"Les enfants, leurs rêves infinis. Le fascinant, l’immense espace que sont leurs journées. Leur magnifique qualité de croire qu’ils sont les premiers et les derniers protagonistes de la création et qu’ils sont immortels."

Goliarda Sapienza

L'Art de la joie

03/11/2022

Profils

Gordon-Keeble GK1 (1965).jpg

Gordon-Keeble GK1 (1965)

Alpine A110 Berlinette 1300G (1966).jpg

Alpine A110 Berlinette 1300G (1966)

Iso Grifo GL Series I (1967).jpg

Iso Grifo GL Series I (1967)

Fiat Dino 2000  Coupé (1967).jpg

Fiat Dino 2000 Coupé (1967)

Mercedes-Benz 250 SL ‘'Pagode'' (1969).jpg

Mercedes-Benz 250 SL "Pagode'' (1969)