18/03/2025
Musique (710)
Vies à vies
Elisabeth Wiener
Enfance 80
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Dans ma cour
Marie-Annick Lépine
16:14 | Lien permanent | Commentaires (15)
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Vies à vies
Elisabeth Wiener
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Marie-Annick Lépine
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Commentaires
@Pharamond : Le deuxième veut faire Niagara. ;-)
Écrit par : br | 18/03/2025
br > Peut-être, je lui trouve un petit air rétro sympa.
Écrit par : Pharamond | 18/03/2025
"Food for thought" préparée par l'excellent Faguet en 1902. On ne cédera pas à la tentation, parfois forte, de commenter -- ce serait inutile. A peine ira-t-on, parfois, présenter.
// Du temps que l'hydre n'avait pas plusieurs centaines de têtes primaires et plusieurs dizaines de milliers de têtes secondaires...
L'assassinat politique était la règle dans les petites "tyrannies" antiques. Pourquoi ? Parce que toute liberté de parole et d'écriture y était proscrite et inconnue.
// Par chance, les sondages bien menés évitent aujourd'hui la tentation de la vérité.
Un homme qui existe encore et qui était sous-préfet de 1870 à 1880, fit un rapport qu'on lui demandait sur l'état des esprits dans son arrondissement, et le porta à son préfet. Le préfet le lut et lui dit, en bon confrère : "Vous dites la vérité au gouvernement. Donnez votre démission et faites-vous journaliste."
// Depuis cinquante ans, environ deux individus sur trois sont hostiles à l'invasion ; et pourtant ils ont toujours voté en sa faveur.
Je causais avec un homme partisan d'un coup d'Etat contre le régime actuel et de l'établissement du despotisme :
"-- Plus de régime parlementaire ?
-- Non !
-- Plus de suffrage universel ?
-- Plus de suffrage du tout !
-- Oh ! Et, évidemment, plus de liberté de la parole ?
-- Si !
-- Tiens ! Pourquoi ?
-- Mais, pour connaître l'opinion publique !
-- Pourquoi la connaître ?
-- Pour ne jamais la suivre !... Mais pour ne jamais la suivre, il faut encore que je sache quelle elle est."
// Pas toutes les minorités.
Rappelez-vous toujours ce mot charmant, écrit en toute bonhomie familière par un bon jacobin, M. Henry Maret : "Moins les minorités seront représentées, moins la marche des affaires sera contrariée." -- M. Henry Maret a le sens exquis du despotisme.
//
La liberté a des ennemis de plusieurs sortes ; elle en a même d'innombrables ; car elle n'est aimée que de ceux qui n'aiment ni à être opprimés ni à opprimer les autres, et si ceux-là sont très nombreux, ceux-ci sont infiniment rares. La liberté compte donc ses ennemis par légions.
// On a remplacé socialisme par collectivisme, son synonyme aggravé. Manque un mot pour désigner le césarisme marchant *fièrement* contre l'ordre naturel.
Le collectivisme, c'est une bureaucratie universelle ; rien n'y est laissé à l'initiative privée isolée ou privée collective ; tout y est bureaucratisé ; le pays entier est une administration ; or, on ne voit guère une administration dirigée par un groupe, une collectivité, une classe, un parlement. Il faut un chef unique entouré de conseillers, mais qu'il appelle à lui à titre seulement consultatif. C'est le césarisme. Le césarisme me paraît la forme naturelle et quasi nécessaire du gouvernement collectiviste.
// On ne sache pas contagieuse la liberté d'esprit, et c'est heureux.
Cette idée de défiance à l'égard de celui qui vit à sa guise et non à la guise de tout le monde, cette idée de Vae soli, elle vient bien un peu, et plus qu'un peu, de ce sentiment que qui s'isole se distingue et peut-être veut se distinguer. Certes, il n'est pas dangereux, puisqu'il ne s'associe pas ; il n'y a que les associations qui font courir un danger à l'égalité ; il n'est pas un aristocrate, puisqu'il n'est pas le noyau d'une ligue, d'une église, d'une agglomération, ni même d'un groupe quelconque ; mais il est un ariste, ou prétend l'être ; il est quelqu'un qui est à part, ce qui, sans rompre l'égalité, y met en quelque sorte une fausse note. Cet homme ne domine pas ; mais il détonne. Il n'est pas contre l'égalité, mais il est contre l'uniformité qui est le signe et l'uniforme de l'égalité. -- Et il peut être exemple. D'autres peuvent l'imiter, et, n'en doutez pas, ils formeraient une association, ce qui est le fléau de l'égalité. -- En somme, il est de l'essence encore de l'égalité que tout homme, non seulement ne soit pas au-dessus de tout le monde, mais soit comme tout le monde. Défiez-vous de ceux qui usent un peu fortement, un peu apparemment, de leur liberté individuelle. Il se peut qu'ils soient de simples indépendants, ce qui, à la condition qu'on le soit isolément, est permis ; mais il se peut qu'ils soient des orgueilleux, des contempteurs. Or dans tout contempteur, dans tout orgueilleux il y a une belle graine d'aristocrate.
// On croit vivre et mourir pour la France, quand on végète et meurt pour le W.E.F. et autres associations de parasites.
L'esprit despotique moderne consiste à gouverner pour un parti, pour un groupe de passions ou d'intérêts, pour un syndicat, et à lui sacrifier l'intérêt général du pays que l'on gouverne ; il est donc, comme forcément, le contraire même du patriotisme.
// *Mutatis mutandis*, on voit déjà Méchancon et la [Blonde] Bête [Blonde], Compagnons de la Gamelle et donc meilleurs alliés du régime.
C'est un mystère que cette répugnance presque invincible à renverser un ministère, quel qu'il soit. Lui aussi existe, lui aussi est acquis. Deux fois, trois fois peut-être, au cours du ministère XXX, les progressistes ont pu renverser le ministère XXX, seulement en s'abstenant de voter. Deux fois, trois fois peut-être, ils l'ont sauvé, en votant pour lui. En général ils ne votaient contre lui que quand ils étaient bien sûrs qu'il n'en aurait pas moins la majorité. Ils votaient contre lui pour le désapprouver, mais non point pour l'empêcher de nuire, ni surtout pour l'empêcher d'être. Ils ne votaient contre lui que quand leur vote devait être de nul effet ; mais quand leur épée pouvait faire du mal, non seulement ils ne la tiraient pas, mais ils couraient au secours de leur adversaire. Cela quelques mois avant les élections. Un gouvernement ne peut pas avoir de compétiteurs plus utiles, d'adversaires plus officieux, ni d'ennemis plus dévoués.
// -- Qu'attendre d'un peuple de pagures ? -- Rien, et même moins.
Le despotisme ruine très rapidement les peuples, les mène très vite à un état de langueur et de dépérissement dont ils ne peuvent plus se relever ; en particulier le despotisme *modern style*, c'est-à-dire, dans un pays prétendu libre, la domination d'un parti, la domination d'un syndicat politique qui vit de l'Etat et qui, en asservissant les autres, tarit les sources de l'activité individuelle et collective dont profiterait l'Etat, est un gouvernement qui ampute et qui mutile la nation plus qu'une guerre malheureuse ne pourrait faire, est un gouvernement qui fait descendre le pays chaque année d'un cran dans l'échelle comparative des nations, tant au point de vue financier qu'au point de vue politique.
[...]
L'acceptation de la servitude, la facilité à la servitude, c'est la misère physiologique d'un peuple ; c'est la diathèse d'un peuple qui ne tient plus beaucoup à vivre, ou qui n'en a plus la force, ou qui en a oublié les moyens.
// Obligatoire conclusion d'un optimisme mesuré.
On a assez vu que je n'espère pas beaucoup. Mais il faut toujours faire comme si on espérait. Il est permis de n'avoir pas d'espoir ; mais il est défendu de faire comme si l'on n'en avait pas. C'est pour cela que j'ai écrit ce petit livre. C'est pour cela que, très probablement, j'en écrirai d'autres. Pardonnez-moi de finir sur une menace.
//
Écrit par : br | 20/03/2025
Jolie conclusion d'une récente chronique de Dalrymple :
//
Of late, I have thought of what I should like my epitaph to be : perhaps “He was not a nuisance.”
//
Parmi les politicards, élus, bureaucrates, journalopes, juges, milichiens et divers, ils seront peu nombreux à pouvoir reprendre la formule. En auraient-ils d'ailleurs l'idée ?
Écrit par : br | 21/03/2025
Y'aura bien un visiteur admirateur de l'union astronomique internationale pour en [sou]rire :
https://xkcd.com/3063/
Et peut-être aussi un cryptomaniaque :
https://xkcd.com/3054/
Écrit par : br | 23/03/2025
En l'absence du Directeur, simulons l'activité.
Fut un temps où un simple roman populaire d'évasion comportait -- comme ici, à l'occasion d'une conversation entre amis -- d'utiles rappels à l'adresse des lecteurs n'ayant jamais réfléchi, faute de loisir ou de capacités :
//
"No doubt the power of the leader-writer has waned," he said. "A paper cannot set a Cabinet trembling because it doesn't like its policy. But it can colour the public mind most damnably by a steady drip of tendencious news."
"Lies ?" Sandy asked.
"Not lies -- truths judiciously selected -- half-truths with no context. Facts -- facts all the time. In these days the Press is obliged to stick to facts. But it can make facts into news, which is a very different class of goods. And it can interpret facts -- don't forget that. It can report that Burminster fell asleep at a public dinner -- which he did -- in such a way as to make everybody think that he was drunk -- which he wasn't."
//
L'essentiel est dit, qui vaut bien les longs et prétentieux développements assénés par d'innombrables théoriciens plus ou moins nationaux-populistes croyant avoir découvert le secret des peu subtiles manipulations journalistiques, efficaces sur les seuls crétins... parce que ce sont des crétins.
Dans un ouvrage sérieux du bon Docteur -- *Les opinions et les croyances* --, récupérable chez les classiques des sciences sociales (constellé de fautes grâce à une mauvaise reconnaissance de caractères aggravée par une relecture négligente), cette conclusion d'une cocasserie involontaire :
//
La psychologie des animaux, même supérieurs, est encore à ses débuts. Pour les comprendre, il faut les regarder de très près, et c'est une peine qu'on ne prend guère.
Nous apprendrions vite à les deviner, cependant, par un examen attentif. J'ai jadis consacré plusieurs années à leur observation. Les résultats en ont été exposés dans un mémoire sur la psychologie du cheval, publié dans la Revue philosophique. J'en déduisis des règles nouvelles pour son dressage. Ces recherches me furent très utiles pour la rédaction de mon livre sur la Psychologie de l'éducation.
//
L'éducation est bien un dressage.
Voici pourquoi Bergier souhaitait que les bonnes fées penchées sur les berceaux offrissent aux malheureux condamnés à passer quelques décennies dans un monde de krons non seulement un fort caractère mais aussi un honnête Q.I. :
//
Il n'existe, je l'ai déjà montré, aucun parallélisme entre le développement du caractère et celui de l'intelligence. Le premier semble, au contraire, tendre à s'affaiblir à mesure que la dernière se développe. De grandes civilisations furent détruites par des éléments intellectuellement inférieurs, doués de volonté forte.
Les esprits hardis et décidés ignorent les obstacles signalés par l'intelligence. La raison ne fonde pas les grandes religions et les puissants empires. Dans les sociétés brillantes par l'intelligence, mais de caractère faible, le pouvoir finit souvent par tomber entre les mains d'hommes bornés et audacieux. J'admets volontiers, avec Faguet, que l'Europe, devenue pacifiste, sera conquise "par le dernier peuple resté militaire et relativement féodal". Ce peuple-là réduira les autres en esclavage et fera travailler à son profit des pacifistes chargés d'intelligence, mais dénués de l'énergie que donne la volonté.
//
Quelques extraits de plus, sans présentation inutile. En règle générale, y'a une raison au choix du passage ; qu'on la trouve ou non n'a guère d'importance :
//
Si, actuellement, l'avenir apparaît très sombre, c'est que les sentiments des classes populaires tendent à subir une orientation nouvelle. Sous la poussée des illusions progressistes, chacun, de l'ouvrier au professeur, est devenu mécontent de son sort et persuadé qu'il mérite une autre destinée. Tout travailleur se croit exploité par les classes dirigeantes et rêve de s'emparer de leurs richesses au moyen d'un coup de force. Dans le domaine de l'affectif, les illusions ont une puissance qui les rend fort dangereuses parce que la raison ne les influence pas.
//
(citant un certain Bonnier) : "[une ruche] offre un exemple parfait de la constitution égalitaire du socialisme d'État. Ni amour, ni dévouement, ni pitié, ni charité ; tout est immolé à la société et à sa conservation par un travail incessant. Pas de gouvernement, pas de chefs, une discipline sans subordination. C'est l'idéal du collectivisme réalisé."
//
(citant Hanoteaux) : "Quand toute hiérarchie est abolie, quand le commandement a dissipé lui-même son autorité, quand, par ses fautes, il a laissé se perdre le respect, quand l'organisme social jonche la terre, le champ est libre aux initiatives individuelles. Elles surgissent, et, selon les lois naturelles, cherchent leur-croissance et leur floraison dans la déliquescence des institutions détruites."
//
Aujourd'hui, l'influence des journaux est bien supérieure à la puissance des livres. Incalculables sont les personnes n'ayant jamais eu d'autres opinions que celles de leur journal.
La suggestion des feuilles quotidiennes se manifeste jusque dans beaucoup de grands événements modernes. Il est assez généralement reconnu maintenant que la guerre des États-Unis avec l'Espagne fut l'oeuvre de quelques journalistes. Si, par une hypothèse dont la réalisation n'est peut-être pas impossible, un banquier assez riche achetait tous les journaux d'un pays, il en serait le vrai maître et provoquerait à volonté la paix ou la guerre.
[...]
La crédulité des lecteurs à l'égard des assertions de leur journal est prodigieuse.
Toute annonce prometteuse trouve un public pour y croire. Les mêmes tromperies peuvent se répéter indéfiniment avec le même succès, tant subsiste, dans beaucoup d'âmes, une foi mystique en l'inespérable.
//
[Voici les] facteurs déjà étudiés comme jouant un rôle fondamental dans la genèse des opinions : affirmation, répétition, prestige, suggestion et contagion.
//
Le caractère instantané, de toutes les révolutions populaires est frappant. La très immense majorité des foules y prenant part agissent par contagion mentale, sans avoir aucune idée des motifs qui les font s'insurger. L'histoire de beaucoup de révolutions peut être écrite en une seule page, toujours la même. Elle se résume dans le bref récit de celle de 1830, à la suite des ordonnances de Charles X, raconté par M. Georges Cain.
"L'explosion de colère qui souleva Paris fut terrible et instantanée. En quelques heures, les barricades sortirent de terre, les attroupements des protestataires armés se formèrent, les tambours battirent le rappel de la garde nationale, les ouvriers et les étudiants descendirent dans la rue, les élèves de l'École polytechnique forcèrent les portes et prirent le commandement des bandes d'insurgés ; tout Parisien se transformait en militant. Tous se battaient aux cris de : «A bas Charles X ! A bas Polignac! A bas les ordonnances! Vive la Charte!» La presque totalité des combattants ignorant absolument, d'ailleurs, ce que comportait la Charte, et ce que contenaient les ordonnances !"
On remarquera que les mouvements révolutionnaires s'étendent très vite par voie de contagion, bien au delà des classes pouvant y être intéressées.
//
Les possesseurs de certitudes ont toujours ravagé le monde. Il est fort redoutable pour une nation d'être menée par eux, et cependant, comme le dit justement Ribot : "Le gouvernement d'un peuple, à certains moments de son histoire, est aux mains de demi-fous."
//
Aux yeux de Bossuet, un seul être ne pouvait avoir raison contre la totalité des autres. Il fallut les progrès des sciences modernes pour prouver, que beaucoup de découvertes se sont réalisées, précisément parce qu'un seul homme eut raison contre tous les autres.
//
En matière de croyance, il n'existe pas de vérification possible. En matière de connaissance, la possibilité d'une vérification est au contraire la règle et détruit, dès lors, toute objection. Personne n'a jamais songé à contester les propriétés d'un triangle ou d'une section conique. Pour le savant, la vérité en deçà des Pyrénées est la même qu'au delà. Pour les croyants, elle change au contraire, en franchissant les frontières ou le temps.
Les croyances possèdent la faculté merveilleuse de créer des chimères, puis d'y soumettre les esprits. On se soustrait parfois à la domination des tyrans mais jamais à celle des croyances. Des milliers d'hommes sont toujours prêts à se faire tuer pour les défendre. Aucun d'eux n'exposerait sa vie pour le triomphe d'une vérité rationnelle.
//
La croyance étant indépendante de la raison, on ne peut s'étonner, comme le remarque Ribot, "de voir un esprit supérieur rompu aux méthodes sévères des sciences, admettre en religion, en politique, en morale, des opinions d'enfant qu'il ne daignerait pas discuter un seul instant si elles n'étaient pas les siennes".
// *Nous serons tous des Protestants* !
Considérer la Réforme ainsi qu'on le fait si souvent, comme un triomphe de la libre pensée, est ne rien comprendre à la nature d'une croyance. Le protestantisme fut d'abord plus rigide que le catholicisme, et s'il évolua ensuite vers des formes parfois un peu libérales, il n'en est pas moins resté très intolérant. Luther et ses successeurs professaient des doctrines fort arrêtées, dépouillées de tout esprit philosophique et imprégnées d'une intransigeance farouche. Calvin ayant divisé les hommes en élus et réprouvés, considérait que les premiers n'ont aucun ménagement à garder envers les derniers. Devenu maître de Genève, il fit peser sur la ville la plus effroyable tyrannie et organisa un tribunal aussi sanguinaire que le Saint-Office. Son contradicteur Michel Servet fut brûlé à petit feu.
A l'époque de la Saint-Barthélemy, aboutissement de toutes ces querelles en France, les protestants furent les massacrés, mais dans tous les pays où ils étaient les plus forts ils devinrent massacreurs. Des deux côtés l'intolérance était la même.
//
Un correspondant distingué de l'Académie des Sciences, professeur de physique réputé, M. Blondlot, avait cru constater qu'un grand nombre de corps émettent des rayons particuliers, qualifiés par lui rayons N. Ils étaient révélables par leur action sur la phosphorescence, et leur longueur d'onde pouvait être mesurée avec exactitude. L'auteur jouissant d'une grande autorité, son assertion fut acceptée sans contestation par la plupart des savants français, *qui répétèrent ses expériences en y voyant exactement ce qu'on leur avait suggéré d'y voir*.
Pendant deux ans, les comptes rendus de l'Académie des Sciences publièrent d'innombrables notes de divers physiciens professionnels : Broca, J. Becquerel, Bichat, etc., sur les propriétés, chaque jour plus merveilleuses, de ces rayons. M. Jean Becquerel annonçait même les avoir chloroformés. Des savants distingués, M. d'Arsonval notamment, faisaient sur eux des conférences enthousiastes.
L'Académie des Sciences, jugeant nécessaire de, récompenser une aussi importante découverte, chargea plusieurs de ses membres, dont le physicien Mascart, d'aller vérifier chez l'auteur l'exactitude de ses recherches. Ils revinrent émerveillés, et un prix de 50.000 francs[1] fut décerné à l'inventeur.
Durant ce temps, des savants étrangers, sur lesquels les physiciens français n'exercaient aucun prestige, répétaient vainement les expériences sans les réussir. Plusieurs se décidèrent alors à aller les observer chez leur inventeur. Ils constatèrent rapidement que ce dernier était victime des plus complètes illusions, continuant à mesurer, par exemple, les déviations des rayons N sous l'influence d'un prisme, bien qu'on eût subrepticement retiré ce prisme dans l'obscurité, etc.
La Revue scientifique ouvrit alors une vaste enquête auprès de tous les physiciens de l'univers. Ses résultats furent désastreux pour les rayons N. On dut reconnaître qu'ils constituaient un pur produit de la suggestion mentale et de la contagion, et n'avaient jamais eu d'existence.
La suggestion détruite, *aucun des physiciens français persuadés d'avoir vu les rayons N ne réussit une seule fois à les apercevoir de nouveau*. Les communications à leur sujet, si abondantes autrefois dans les comptes rendus de l'Académie des Sciences, cessèrent brusquement et totalement.
Ainsi, pendant deux ans, des physiciens professionnels avaient cru, au point de les mesurer avec minutie, en des rayons ne possédant de réalité que dans leur imagination et créés uniquement par la suggestion.
Cette merveilleuse histoire montre, à la fois, la puissance du prestige, de la suggestion et de la contagion. Elle éclaire d'une vive lueur la genèse des croyances, celle de beaucoup d'événements historiques, et tous les phénomènes occultistes. En cette dernière matière, on peut dire que les observateurs vivent de suggestions, et quand on voit ce qu'elles arrivent à produire sur des sujets scientifiques, on conçoit la prépondérance de leur rôle dans la genèse des phénomènes merveilleux.
[1] Il devait d'abord être décerné exclusivement pour les rayons N, mais, au dernier moment, par un excès de prudence, qui parut excessif à certains membres de la Commission, le rapport déclara attribuer le prix de 50.000 francs à M. B. pour l'ensemble de ses travaux, sans spécifier lesquels.
//
Il y a une cinquantaine d'années, le traitement de la pneumonie par la saignée était considéré comme une des belles conquêtes de l'art médical. Sa valeur semblait surabondamment prouvée par des statistiques, montrant que grâce à lui, on ne perdait que 30 malades sur 100.
L'emploi de ce précieux système continua jusqu'au jour où un médecin sagace, visitant un hôpital homéopathique de Londres, constata que la mortalité des pneumoniques n'y dépassait guère 5 p. 100, au lieu de 30 p. 100 en France. Ce fut un trait de lumière. Puisque, se dit-il, les médicaments homéopathiques sont trop dilués pour agir, le vrai traitement, c'est de ne rien faire. Ce régime appliqué en France fit aussitôt tomber la mortalité au même chiffre qu'en Angleterre. Les médecins tuaient donc par la saignée 25 p. 100 de leurs malades.
[...]
la plupart de nos opinions scientifiques doivent être qualifiées, non de connaissances, mais de croyances. Etant des croyances, elles se forment sous certaines influences : prestige, affirmation, suggestion, contagion, etc., fort étrangères à la raison, mais beaucoup plus puissantes qu'elle.
//
Écrit par : br | 25/03/2025
Meublons... -- more ikeana.
//
Cette firodade n'est pas *si* amusante, et pas seulement d'être plus documentaire que satirique :
https://www.youtube.com/watch?v=MJsYoSsfMks
Pour démarquer une formule de Kraus : le paradoxe n'est jamais une vérité : il est soit une demi-vérité soit une vérité et demie. Quand faits et vérité n'existent plus, le paradoxe disparaît.
Autre firodade un peu plus satisfaisante d'illustrer, et leur goût du pouvoir, et les illusions qu'ils entretiennent sur leurs capacités : celle du 26 mars intitulée "démocratie européenne", pour l'heure visible sur le compte touiteur FirodeLaurent (via nitter.net) et sans doute bientôt chez ioutube.
//
Soit un tyran -- inutile de préciser son identité, encore moins d'énumérer ses actions dans l'intérêt de ses maîtres et contre les intérêts des populations. Rendez compte de ce paradoxe : criminel soutenu par à peine quelques dizaines de milliers de milichiens et de complices aussi crétins et corrompus que lui, même pas tous armés, il ne suscite pourtant aucune vocation de tyrannicide individuel ou groupé parmi ses millions de victimes, lesquelles acceptent chaque *jour* sans *jamais* réagir l'annonce d'une nouvelle saloperie contre elles.
Vous avez quatre heures -- correction : mille ans.
//
De Chardonne, dans *Détachements* (1945) :
// pages 89 et 90
Il [Drieu La Rochelle] avait deviné chez les bourgeois de France leur volonté de mourir, et il ne s'intéressait plus qu'à l'histoire des religions et à l'Europe. Ce penchant abrégea ses jours. Il ne se consolait pas du déclin de l'Occident qui avait perdu sa vieille prépondérance dans le monde, et qui allait se livrer à des empires exotiques en applaudissant à sa propre dégradation.
[...]
Ce prophète est mort quand il a vu poindre le monde qu'il avait annoncé et qui peut-être ne sera supporté que par des aveugles.
// page 95 : s'agit de la chiennerie française aujourd'hui appelée écoloschwaboprogressisme (l'uniformité étant remplacée par une diversité de carnaval, et la mécanique par l'informatique)
Cet idéal inhumain toujours en faveur ne sera satisfait que dans l'uniformité, la mécanique et la mort.
// page 102
Il faut mille ans pour faire un paysan.
//
Écrit par : br | 27/03/2025
Meublons en attendant un signe du Directeur...
Mot d'Anatole, qu'on ne se lasse pas de rappeler :
//
Sans les gendarmes, le juge ne serait qu'un pauvre rêveur.
//
Le mot concerne aussi les politicards, journalopes et employés qui soutiennent le régime parce qu'ils se savent protégés par leurs troupes de tueurs, locales et importées (la dissémination de ces dernières dans les provinces doit tout à un plan contre les populations). Une chance pour la mafia étatique : le principal critère de recrutement des milichiens est, à l'évidence, l'obéissance aveugle et irréfléchie. Comme aux titulaires de c.n.i., on peut *tout* leur infliger sans craindre le moindre sursaut de dignité.
//
Clément : tel est censé être le dieu des mahométans, tel était Jacques le dominicain libérateur.
//
Entouré de ses valets et de ses drones -- les chiens, trop coûteux, trop limités, trop naturels, ont été remplacés --, un berger 2.0 s'adresse ainsi aux moutons rassemblés dans un enclos qui n'a plus besoin d'être entouré de fils barbelés -- la nouvelle mode est aux parois invisibles, plus efficaces et plus dissuasives que les anciennes, trop évidentes -- :
-- Mes bons amis, je vous ai réunis pour d'abord vous annoncer la mise à jour du programme des tontes : elles seront désormais deux fois plus fréquentes, sur ordre de mes employeurs, vos propriétaires. Ensuite, un calcul de rentabilité scientifique -- autrement dit : irréfutable et incontestable -- permettra de déterminer, pour chacun d'entre vous, le moment individuel optimal du départ vers un autre monde espéré meilleur ; comme aux élections, vous pourrez exercer votre libre-arbitre en choisissant l'instrument de votre trépas : maillet, couteau ou pistolet électrique... On disposera ensuite de vos *biocomposants* dans le respect de votre dignité et des impératifs de notre écoreligion commerciale, ceux-ci l'emportant sur celle-là -- vous consentirez à le comprendre.
Ayant l'habitude d'être frappé ou pire, ne sentant même plus les coups, le troupeau ne réagit pas, qui garde la tête basse. Ayant constaté le silence de ses dissemblables, un mouton noir ayant vu trop de films ose se redresser pour apostropher avec insolence le malheureux berger qui ne fait qu'appliquer -- avec zèle -- les ordres :
-- Nous ne voulons pas être tondus encore plus ras et encore plus souvent, comme nous refusons d'être expédiés de force *ad patres* par quelque moyen que ce soit. Après avoir été exploités toute notre vie, nous avons bien le droit de profiter de quelques années paisibles en attendant le terme naturel de notre existence ! Vous tous, propriétaire, berger, valets et chiens, vous nous devez bien cela ! Révisez, nous l'exigeons, les abusives et léonines Conditions Générales de Vie que nous avons signées par fraude et par force ! Nos vies valent plus que vos profits ! Sheep are people too ! Nous ne sommes pas des moutons ; nous sommes des ovins libres !
Ayant discrètement marqué, avec un pointeur laser, le rebelle pour élimination "with extreme prejudice", le berger répond :
-- Vous vous écartez de la question, mon brave. Au reste, ce n'est pas une négociation.
//
Pourtant rédigée avec toutes les apparences d'une fastidieuse érudition, la fiche de police consacrée au pont de Lodi omet de mentionner que cette bataille permit à Bonaparte de gagner le surnom de "petit caporal", décerné par ses troupes pour saluer sa bravoure[1] : en effet, alors que les soldats refusaient d'avancer, Bonaparte gagna, seul et à cheval, l'autre bord de la rivière pour y planter, face à l'ennemi, un drapeau.
Sans donner sa source, un historien rapporte, non sans malice, que l'étendard avait été judicieusement choisi : presque blanc, il fut pris pour un drapeau parlementaire par l'ennemi qui, civilisé, ne tira pas un seul coup de fusil. Le trait de courage n'était qu'un stratagème bien pensé dans l'urgence et un pari réussi par chance : un "imprévu dans l'histoire".
[1] C'est mentionné dans la fiche consacrée à Bonaparte.
//
Écrit par : br | 04/04/2025
Quand on a raison, on n'a pas besoin de parler pendant des heures, et quand on est las de discourir, on peut chanter :
https://www.youtube.com/watch?v=xtFGVB36pYA
Écrit par : br | 06/04/2025
Face au persistant silence des leurqueurs, meublons un peu.
J'ai connu l'époque où le texte que voici faisait l'objet d'un cours, évidemment perdu pour la masse du bétail lycéen, mais profitable aux -- et réconfortant pour les -- rares ceusses qui avaient un peu de caractère et de cervelle :
//
[...] La liberté, les hommes la dédaignent uniquement, semble-t-il, parce que s'ils la désiraient, ils l'auraient ; comme s'ils refusaient de faire cette précieuse acquisition parce qu'elle est trop aisée.
Pauvres gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres à votre mal et aveugles à votre bien ! Vous vous laissez enlever sous vos yeux le plus beau et le plus clair de votre revenu, vous laissez piller vos champs, voler et dépouiller vos maisons des vieux meubles de vos ancêtres ! Vous vivez de telle sorte que rien n'est plus à vous. Il semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur qu'on vous laissât seulement la moitié de vos biens, de vos familles, de vos vies. Et tous ces dégâts, ces malheurs, cette ruine, ne vous viennent pas des ennemis, mais certes bien de l'ennemi, de celui-là même que vous avez fait ce qu'il est, de celui pour qui vous allez si courageusement à la guerre, et pour la grandeur duquel vous ne refusez pas de vous offrir vous-mêmes à la mort. Ce maître n'a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps, et rien de plus que n'a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes. Ce qu'il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire. D'où tire-t-il tous ces yeux qui vous épient, si ce n'est de vous ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s'il ne vous les emprunte ? Les pieds dont il foule vos cités ne sont-ils pas aussi les vôtres ? A-t-il pouvoir sur vous, qui ne soit de vous-mêmes ? Comment oserait-il vous assaillir, s'il n'était d'intelligence avec vous ? Quel mal pourrait-il vous faire, si vous n'étiez les receleurs du larron qui vous pille, les complices du meurtrier qui vous tue et les traîtres de vous-mêmes ? Vous semez vos champs pour qu'il les dévaste, vous meublez et remplissez vos maisons pour fournir ses pilleries, vous élevez vos filles afin qu'il puisse assouvir sa luxure, vous nourrissez vos enfants pour qu'il en fasse des soldats dans le meilleur des cas, pour qu'il les mène à la guerre, à la boucherie, qu'il les rende ministres de ses convoitises et exécuteurs de ses vengeances. Vous vous usez à la peine afin qu'il puisse se mignarder dans ses délices et se vautrer dans ses sales plaisirs. Vous vous affaiblissez afin qu'il soit plus fort, et qu'il vous tienne plus rudement la bride plus courte. Et de tant d'indignités que les bêtes elles-mêmes ne supporteraient pas si elles les sentaient, vous pourriez vous délivrer si vous essayiez, même pas de vous délivrer, seulement de le vouloir.
Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres.
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Faut probablement être capable de penser ainsi tout seul pour apprécier... et donc se préparer une existence placée sous les signes, et de la colère, et de la nausée. Tout ce qui est compris n'est pas réconfortant ("floutage d'Hegel", pour reprendre la formule du sieur h16).
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Les promenades historiques de Gillois sont fort agréables à défaut d'être sûres (elles le sont *presque* toujours). Il attribue ce propos à Jules Guesde, apparemment déjà sceptique sur la conquête du pouvoir par les urnes :
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"Une seule méthode : l'insurrection. Il n'y a pas d'exemple, dans le siècle, d'un parti qui ait abouti légalement. Les légitimistes en 1814 et en 1815 ont restauré les Bourbons à l'aide des canons et des fusils de l'étranger. Les orléanistes ont mis la main sur le gouvernement au prix d'un combat de trois jours. En 1851, l'ordre est rétabli à coups de canon. Les républicains ont pris le pouvoir insurrectionnellement le 24 février et le 4 septembre."
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Et à Capus, cette merveilleuse observation qu'on croirait tirée de *Knock* :
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"La santé est un état provisoire et qui ne présage rien de bon."
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Et à Karr ce juste développement :
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"Et d'abord comment désirons-nous être gouvernés ? Là-dessus la majeure partie de la bourgeoisie n'hésite guère. Elle aspire à la dictature, et les salons sont pleins de gens qui supplient qu'on leur ravisse la liberté. Il y a donc une jolie place de dictateur à prendre en France. Ce qui est surprenant, c'est qu'il ne se présente pas de candidat. Nos hommes politiques veulent bien le pouvoir, mais ils ne tiennent pas à l'exercer dans des conditions trop périlleuses. Il leur faudrait une place de dictateur avec de beaux appointements, une retraite assurée, pas de risque et aucune responsabilité."
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S'avisant récemment du néant de nos insignifiantes préoccupations face au sort qui nous attend tous, un célèbre blogueur intellectuel, avant de [re]découvrir Bardèche, commentait, à sa manière prévisible, une traduction française de la saga d'Egil, livrant quelques extraits dont celui-ci :
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Alors Egil déclama la strophe suivante :
Qu’il me semble long
Le temps qui passe
Quand je gis seul,
Vieil homme sénile,
Sur mon lit de plumes.
Mes jambes sont comme
Deux veuves frigides,
Qui veulent qu’on les réchauffe…
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Nul ne s'en souvient, mais j'avais signalé, à l'occasion du jeu des deux images numéro 340 consacré à Eric Eddison -- l'auteur du magnifique *The Worm Ouroboros* --, sa traduction de ladite saga.
Voici le texte, légèrement différent, donné par Eddison :
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Then quoth Egil:
Long meseemeth,
Laid all alone,
An old, old carle,
Far from King's caring.
Here's two cripples,
Both bitter cold;
And these women
Need the warmth.
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Eddison, pour expliquer un jeu de mots, donne en note le texte original -- ce qui, pour tous les lecteurs sauf un tout petit nombre, revient à livrer aux utilisateurs le code source d'un programme : une politesse inutile ou une perfidie calculée.
Triste destin que celui d'Egil : il meurt vaincu par la maladie et non au combat :
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Egil took a sickness the autumn after, that led him to his bane. And when he was dead, then let Grim put Egil in good clothes, and thereafter let flit him down into Tiltness and make there a howe, and Egil was laid therein and his weapons and clothes.
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L'édition du texte est remarquable, qu'il s'agisse de l'introduction, de l'exposé des principes de traduction ou des notes. Erudition d'une autre époque. Ce passage en donnera une idée qui devrait inciter à y aller voir :
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We may think of that old saying: *Tout passe, tout casse, tout lasse*. The passing away of all human things both good and bad, the breaking at length of all we care for here on earth ; it is this that the deep ground-bass of the saga drones of, ceaselessly, like the ceaseless rumour of the sea. But of that last cry, *tout lasse !* there is no note, listen we never so closely. The strong Northern spirit, looking with clear eyes upon the shifting pageant of death and birth, has not, it would seem, been able so much as to imagine this last betrayal of life, this whimper of little men defeated by destiny.
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Et nous sommes, nous, tous déjà morts, défaits sans gloire par de l'Ursula, du Klaus, du Larry, du foutriquet 2.0, du bureaucrate ou du [autocensored] ; c'est avilissant. Nul n'écrira la paisible saga du bétail allant aveugle à l'abattoir sans jamais protester, et c'est heureux. Les rares lucides ne valent pas mieux, qui auront simplement témoigné -- ce qui est parfaitement inutile.
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Une crapule républicaine ayant présidé par erreur aux destinées de la France avait dit l'intemporelle force de la presse : "Impuissante à changer l'opinion d'un homme qui en a déjà une, elle est toute-puissante pour en donner une à qui n'en a pas."
On ne saurait mieux dire que les titulaires d'une c.n.i. au nom de l'eurorégion appelée, pour le moment, France ne seront jamais des esclaves car ils sont toujours libres de faire, de leur propre mouvement -- ne pas rire --, tout ce que leur permettent ou leur ordonnent et le gouvernement, et les merdias.
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On sait Proudhon mystérieusement apprécié par les soraliens comme par l'Onfrayant. Il *pourrait* bien n'être pas le véritable auteur de sa célèbre, et sotte, et folle idée, si l'on s'inflige les délirantes *Recherches philosophiques sur le droit de propriété* effectuées par Brissot de Warville en MDCCLXXX après cet avertissement original : "Le système qu'on établit ici est étrange ; il pourra révolter quelques lecteurs ; la bonne foi qui l'a dicté doit les désarmer."
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Tiré de l'amusante préface du *Dictionnaire des girouettes* de 1815, l'extrait *infra* donne le ton d'un ouvrage dont le principe aura été souvent imité, suscitant d'abord l'irritation, puis la rage, puis l'écoeurement. Quand on a examiné la carrière de trois ou quatre crapules, on les a toutes vues, et l'accumulation des exemples, divertissante pour les âmes simples, n'a aucun intérêt quand on a compris les principes. Le *Petit Almanach des grands hommes* et *Les quarante médaillons de l'Académie* sont de tous les temps et de tous les pays.
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Qu'y a-t-il de plus ridicule que ces hommes qu'on a vus constamment fidèles à leur parti, préférer de s'ensevelir sous ses ruines, plutôt que de démentir un seul instant ce caractère soi-disant plein de courage et de noblesse ?
____*Apparant rari nantes in gurgite vasto.*
Qu'y gagnent-ils ? Des éloges, qu'ils méritent, il est vrai, à bien des titres. Mais seront-ils jamais comme monsieur un tel, par exemple, qui, avec le talent de se rattacher au gouvernement élevé sur les ruines de celui qui l'a déjà comblé de faveurs, se trouve avoir quatre ou cinq places au lieu de deux qu'il avait auparavant ? Mais, dira un rigoriste, il avait prêté serment de fidélité à... Sans doute ; mais ne savez-vous pas que
____Il est avec le ciel des accommodements ?
Pourquoi n'en ferait-on pas avec soi-même ? Il est *certaines capitulations de conscience* qui ont permis *à certains personnages* de prêter *certains serments*, étonnés de se voir prononcés par la même bouche. On a vu des gens, quelle que fût l'opinion qui devait naturellement les guider à servir leur pays, aspirer aux honneurs, n'importe par quel moyen. "Cet excès de bassesse, dit très-sensément un de nos confrères dont le nom se trouve dans ce Dictionnaire, indigne, à la vérité, les âmes honnêtes ; mais il sert admirablement les âmes faciles et accommodantes qui sont prêtes à tout, même à l'opprobre : car c'est à cette flexibilité de conscience, à cette abnégation des lois de la reconnaissance et de l'onneur que nous devons le plaisir de voir depuis vingt ans les mêmes hommes se perpétuer dans les mêmes places et se plier à tous les gouvernements, quelles qu'en soient les formes, les chefs ou les principes. On les accuse d'inconstance : c'est une calomnie ; ils sont constamment vils, constamment attachés à leurs intérêts personnels."
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Écrit par : br | 07/04/2025
Meublons encore...
Estimable bien que gaullophile, André Gillois a rédigé, sans en avoir conscience, un joli réquisitoire contre l'odieuse république française. Dans *La république a bon dos*, étrangement paru dans une collection appelée "L'humour contemporain", il expose les intemporelles corruption et médiocrité du personnel politicard qui a toujours été plus soucieux de sa circonscription que de la France, de son intérêt personnel que de l'intérêt général. Arrogantes, les crapules élues s'offrent très tôt, sans en avoir toujours les moyens, le luxe de mépriser le bétail électoral -- une tradition encouragée par l'absence de mémoire et d'intelligence d'icelui, évidemment peu rancunier.
Quelques anecdotes prises au hasard :
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Le petit père Combes ne reculait devant aucune manoeuvre pour se maintenir au pouvoir. Un jour, il demande à un député :
-- Pourquoi votez-vous contre moi ?
-- Parce que, réplique l'autre avec simplicité, mes opinions politiques aussi bien que celles de mes électeurs sont à l'opposé des vôtres.
-- Quelle importance ? répond Combes. Il y a tout de même moyen de s'entendre. Donnez-moi votre voix dans les votes de confiance et, le lendemain, pour satisfaire vos électeurs, faites une rectification au procès-verbal. J'aurai eu mon vote et vos électeurs seront contents.
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Les vomitifs procédés de Méchancon, de Mochami ou d'Obri -- to name just a few --, en France comme en Bruxellie, pour abuser leurs pigeons électeurs n'ont donc rien d'original.
Avant même l'importation de parasites, de [autocensuré] et même de [autocensuré], les populations n'avaient pas attendu foutriquet 2.0 pour être désunies :
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On a pu dire que la France était comme un vaste damier dont chaque case méprisait, détestait et calomniait la case voisine. On disait des journalistes qu'ils étaient tous des menteurs[1] et les parlementaires des voleurs[2], comme on accusait les médecins d'être des ânes[3] et les professeurs des cuistres[4]. On se haïssait à l'intérieur des mêmes corps constitués et des mêmes administrations publiques[5], chaque bureau rejetant toutes les fautes commises sur le bureau voisin[6].
-- Mais enfin, s'étonnait Claretie dans une de ses chroniques, si, aux dires de tout le monde, personne ne vaut rien, qu'est-ce donc qui vaut quelque chose ?
Et de se lamenter :
Les partis sont tellement divisés entre eux et les gens tellement irrités les uns contre les autres, que je ne sais vraiment plus qui inviter à dîner.
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[1] Pas faux.
[2] Pas faux du tout.
[3] Un bon nombre.
[4] Un bon nombre aussi.
[5] La vérité commande de l'admettre : la situation n'a jamais été très différente dans le privé, contrairement à ce que veulent croire, et les fonctionnaires, et les salariés, s'exagérant tous les vertus des mondes inconnus.
[6] Voir Faguet.
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"La pensée de Barthou est claire comme de l'eau de roche et, à son instar, elle épouse la forme de toutes les carafes."
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"Le Français moyen s'en remet à celui pour qui il a voté et ne se déjuge pas facilement. Ce serait reconnaître qu'il s'est trompé. Les partis politiques, quels qu'ils soient, ne demandent à ceux qui les servent[1] qu'un moment d'utilité le jour des élections. Ensuite, il s'agit de les convaincre que tout va bien quand ils sont au pouvoir, et que tout va mal quand ils n'y sont pas."
[1] Servus, c'est l'esclave, c'est-à-dire l'électeur.
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(Aujourd'hui impossible à citer sans s'attirer des ennuis, le début de la page 220 donne l'avis, qui pourra surprendre, du Français moyen sur deux gradés, l'un resté au pays et l'autre s'étant envolé vers ailleurs. Gillois rejoint ici Chevallier.)
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Les [1] ont pris conscience de leur force. Personne ne songe à s'opposer à eux, ni le pouvoir, ni ceux qui le combattent. On négocie, pour ne pas dire qu'on capitule.
[1] Le texte mentionne une catégorie de l'époque, catégorie qu'on peut aisément remplacer par une autre, contemporaine, sans que le propos y perde de sa triste pertinence.
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Le Français est à son poste, en faction devant l'écran qui déverse sa propagande, insultante de n'avoir plus besoin d'être intelligente.
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Aucun rapport avec ce qui précède -- encore que...
Je n'ai pas aimé l'une des dernières déclarations de SdB sur l'abominable sécurité sociale, avouant avoir menti sur ce sujet par stratégie, et trahissant donc une impressionnante et persévérante aptitude à la dissimulation. Reste que le personnage valait bien mieux qu'un AdB :
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Ce système ne peut pas fonctionner et ses profiteurs le savent bien. La preuve : des trois ordres traditionnels, le législatif, l'exécutif et le judiciaire, un seul échappe au suffrage universel, le judiciaire. Les Français peuvent élire ceux qui font des lois, ceux qui sont censés les exécuter mais pas ceux qui veillent à leur respect. Pourquoi ? Parce que ce serait beaucoup trop dangereux. Les escrocs à la démocratie ont appris à se méfier des tribunaux populaires.
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Les escrocs ont tort, qui surestiment la vertu du peuple -- bon, forcément bon -- capable d'élire, faute de mémoire et de cervelle, en obéissant aux ordres des merdias, toutes ces crapules qui, sans doute, lui ressemblent puisqu'elles lui conviennent parfaitement.
Elus, les magistrats perdraient peut-être leurs scandaleuses irresponsabilité et impunité. D'un autre côté, quand on voit ce que les zélekteurs sont capables de choisir et de reprendre...
Écrit par : br | 08/04/2025
Orwell n'était pas national-nationaliste :
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Nationalism is not to be confused with patriotism. Both words are normally used in so vague a way that any definition is liable to be challenged, but one must draw a distinction between them, since two different and even opposing ideas are involved. By "patriotism" I mean devotion to a particular place and a particular way of life, which one believes to be the best in the world but has no wish to force on other people. Patriotism is of its nature defensive, both militarily and culturally. Nationalism, on the other hand, is inseparable from the desire for power. The abiding purpose of every nationalist is to secure more power and more prestige, not for himself but for the nation or other unit in which he has chosen to sink his own individuality.
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Les ceusses qui aiment à fondre leur absence d'individualité dans un groupe généralement religieux pour imposer les lubies de leurs chefs au reste du monde par tous les moyens ne s'appellent pas des nationalistes mais des [autocensuré].
Texte complet ici :
https://www.orwell.ru/library/essays/nationalism/english/e_nat
Écrit par : br | 10/04/2025
Propos instructifs sur la désinstruction. Aucune révélation pour qui connaît le sujet, mais un excellent exposé, formulé avec un détachement clinique, de la catastrophe :
https://www.youtube.com/watch?v=Hgm7G_E5Zfs
Faut le souligner : ça change agréablement du lassant numéro de Brighelli.
Écrit par : br | 11/04/2025
A en croire quelques individus se disant bien informés, le pouvoir tremblerait de peur à l'idée du réveil des troupes d'occupation -- pour l'heure dormantes, mais qui ont laissé, voici quelques années, de vifs souvenirs et de brûlantes traces à l'occasion de la disparition, tragique, forcément tragique, d'un petit ange mahométan.
En prévision de l'imminente guerre intérieure, la logique voudrait que foutriquet 2.0 armât les bons citoyens paisibles afin qu'ils puissent se défendre et peut-être même défendre l'ordre social ; étrangement, il lance un nouvel appel au désarmement des locaux avec une énième opération "abandon simplifié des armes" -- pas compliqué, pas complexe : *simplifié*. Cet abandon volontaire, peut-être étape avant la confiscation, aurait pu s'appeler "pause cynégétique".
Quel nouveau mauvais coup prépare-t-il contre les populations ?
Écrit par : br | 11/04/2025
Dans la guerre générale des bergers contre les moutons, les nouvelles ne sont bonnes que pour les premiers ; les ceusses qui font espérer aux seconds la victoire finale sont des criminels, des crétins, des candides ou des agents du camp d'en face. La réponse à la question lamartinienne "Zombies dépourvus d'intelligence et de caractère, avez-vous donc, encore endormies, une âme et la force de résister ?", "elle est vite répondute", et c'est non -- dans le cas contraire, arbres et lampadaires d'éclairage public seraient décorés, depuis des années et même des décennies, *more majorum* avec un certain nombre de nuisibles, l'entrée des villes gardant vivace le souvenir du grand Timour Lang (ou Lenk, selon les facéties de transcription).
Bref, pour oublier un moment les idées noires inspirées par la triste réalité, ce sujet instructif et distrayant qui n'est pas réservé aux anglicistes et qui, ce me semble, avait inspiré une réflexion amusante au grand Allais :
https://lesakerfrancophone.fr/la-pravda-americaine-qui-a-ecrit-les-pieces-de-shakespeare
Molière, chez nous, a inspiré de comparables fantaisies.
Écrit par : br | 13/04/2025
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