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21/06/2023

Pépiements (97)

Sur le radeau de La Méduse les officiers et des notables s'étaient réservé l'endroit le moins exposé aux vagues et avaient pris soin d'enlever leurs armes aux soldats et de garder les leurs. Très rapidement devant le manque de nourriture et les risques de naufrage ils réduisirent par plusieurs tueries la population du radeau afin de "réprimer des mutineries". Les rares rescapés à être finalement secourus furent bien évidemment des officiers et des notables. Il ne reste plus qu'à transposer cette sinistre histoire à l'échelle planétaire.

Commentaires

Judicieuse analogie. Terrible récit de cet épisode glorieux chez Blond. Duroy de Chaumareys (Chaumareyx selon Blond) mériterait d'être célébré par le régime, qui avait par anticipation toutes les qualités d'un macroniste.

Écrit par : Blumroch | 21/06/2023

j'aurais adoré me trouver sur la e gaillard d'arrière de la méduse avec la prominenz et pousser à une bonne vieille mutinerie
du genre qui se termine avec des tripes sur les rondins du radeau (quelle allitération! décidemment, je vais versifier en parlant, c'est la meilleure façon de marquer les esprits, j'y reviendrai)
pas par méchanceté, non
plutôt par respect des hiérarchies naturelles
genre que le plus fort gagne
on aurait vu si les LGBTQI+ auraient pu trouver leur place dans cette microsociété inkluziv

Écrit par : kobus van cleef | 23/06/2023

Magnifique évocation. Je la reprends sur mon blog. Plus grand tableau français. Retrouver l'émission d'Alain Decaux le génie oublié.

Écrit par : NICOLAS BONNAL | 24/06/2023

Emission extraordinaire de Decaux sur le radeau.
https://www.dailymotion.com/video/x40n2rf

Écrit par : NICOLAS BONNAL | 24/06/2023

@NICOLAS BONNAL

Oui, oui, oui, tout ça n'est "pas faux" mais c'est une vision seulement *historique* qui vous avance à quoi?
A rien, c'est totalement inutile!
J'ai une autre opinion, "dissidente"...
https://polemiquepolitique.wordpress.com/2023/06/24/le-livre-que-tout-homme-libre-devrait-avoir-lu/#comment-14829

Écrit par : realist | 24/06/2023

Les puissants ont été mis sur des canots, la piétaille sur le radeau (Decaux).
https://www.dailymotion.com/video/x40n2rf

Écrit par : NICOLAS BONNAL | 24/06/2023

Dans le naufrage parfaitement évoqué par le Kamerad Pharamond, tout suscite l'étonnement, la consternation et l'horreur, comme en témoigne le saisissant récit, mentionné *supra*, de Georges Blond dans le recueil *La grande aventure des océans* -- dont j'ai déjà, sans doute en vain, recommandé la lecture. Est exemplaire, pour commencer, la démission du chef devant les difficultés puisque c'est Schmaltz, haut fonctionnaire et simple passager, qui décide de construire un radeau :

"Spectacle stupéfiant, peut-être unique dans les annales de la Marine : l'abdication du capitaine. Chaumareyx[1] ne veut plus rien commander, il cesse d'assumer sa responsabilité. Et c'est le gouverneur du Sénégal qui dessine le radeau ; c'est lui qui supervise sa construction hâtive avec les mâts, les vergues, les filins de la *Méduse* -– bref, avec les moyens du bord." (p. 132)

Encore le travail est-il bâclé, ce que l'urgence n'excuse pas ("Safety Third", anyone ?) :

"Celui-ci [le radeau] progressait immergé presque d'un mètre, car nul n'avait songé à le monter sur des barils, qui l'eussent maintenu à flot. Dix-sept hommes, le voyant si peu confortable, avaient préféré rester à bord de la *Méduse*." (p. 133)

A l'abri, les *importants*, savoir Schmaltz et Chaumareyx, se concertent -- complotent ! -- pour abandonner le poids [bientôt] mort :

"On convint finalement que la meilleure chance qu'on avait de s'en tirer consistait à appliquer la formule : «Chacun pour soi et Dieu pour tous.» Autrement dit, les occupants des deux premières chaloupes tranchèrent les aussières qui les reliaient au reste du convoi." (p. 133)

Un premier acte ignoble qui évidemment justifie les suivants (c'est ainsi que la corruption des maîtres autorise celle des valets, au nom de la solidarité des pourritures et des médiocres) :

"Finalement, d'autres aussières furent tranchées et le radeau laissé entre les mains de la providence." (p. 133)

L'honneur aura été sauvé par un tout petit nombre de notables militaires et civils (Coudein, Corréard, Savigny, Lozach...) :

"Les officiers – une poignée – étaient des «volontaires» qui, refusant les canots, avaient jugé de leur devoir de rester parmi les plus déshérités." (pp. 133 et 134)

Et c'est la déesse Alea, maîtresse de l'imprévu dans l'histoire, qui autorise le sauvetage :

"Or, fait à peine croyable, personne ne les [d'éventuels survivants] cherchait. Et lorsque l'*Argus*, envoyé pour repérer l'épave de la *Méduse*, rencontra, *par hasard*, sur sa route le lamentable radeau, il n'y restait qu'une quinzaine de moribonds. C'était le 27 juillet 1816." (p. 136)

Le traitement des événements par l'administration et la presse n'étonnera personne :

"Savigny, l'élève chirurgien de la Marine, fut le premier rescapé à atteindre Paris. Il fit tenir un rapport à son ministre, Dubouchage. Le lendemain, le *Journal des débats* en publiait quelques extraits. On racontait l'histoire du naufrage, le calvaire du radeau [...] L'opinion réagit, l'opposition s'en prit au capitaine responsable de la mort de cent cinquante-neuf personnes (six hommes des quinze du radeau avaient succombé après le sauvetage et des dix-sept restés à bord de la Méduse, on n'en sauva que trois). Fait aussi stupéfiant que tout le reste, Savigny fut chassé de la Marine pour indiscrétion." (p. 136)

"De plus en plus pire", pour reprendre la meilleure traduction de "curiouser and curiouser" : le Système continue à défendre l'incapable et le criminel[2] !

"Corréard – l'ingénieur géographe – revint. De ses mains, il composa et imprima son témoignage auquel collabora Savigny, qui n'avait plus rien à perdre. Corréard fut jeté en prison et la brochure saisie !" (p. 136)

Par chance -- toujours le hasard --, grâce aux presses anglaises, le scandale est vite connu de l'Europe entière. Le Système, malgré ses réticences, doit poursuivre l'innocent (voir *infra*) Schiappus[3] mais avec indulgence et bienveillance :

"Duroy de Chaumareyx, enfin traduit en conseil de guerre, déclara qu'il ne voyait pas de quoi il était coupable. L'opinion réclamait sa mort. On le dégrada, le condamnant à trois ans de prison." (p. 136)

Non seulement la peine prononcée est dérisoire, mais encore le condamné redevenu libre se verra offrir un emploi de percepteur[4] !

Nombreux les krons incultes ("Fuck les ancêtres !") qui haïssent l'histoire ; occasion de rappeler cet avis d'expert :

"L'homme libre dans la connaissance et la méditation du passé les moyens de se défendre contre les obsessions du présent. Le passé lui offre des repères, des contrôles, des mesures qui l'aident à sauvegarder son jugement et l'empêchent d'être trompé. C'est pourquoi, en tant de pays, l'enseignement de l'histoire est un enseignement truqué."

Ce naufrage, quel beau de sujet de feuilleton révisionniste pour Netflix. ;-)

[1] Orthographe de Blond, quand le reste du monde connaît un Chaumareys, avec une s finale. Erreur persistante de numérisation pour l'édition Omnibus ? Mystère.
[2] C'est assez dire si le Nuremberg de la mafia est si improbable qu'il en est impossible. On aura bien les fleuves de sang, mais ce sang ne sera pas celui des criminels -- maîtres ou complices.
[3] D'autres facéties seraient possibles, prises dans ce gouvernement qui ressemble à une rafle ; elles seraient trop nombreuses à énumérer.
[4] La métamorphose de l'assassin en voleur vaut son pesant de caramels. Le Système sait *recycler* ses bons serviteurs.

Écrit par : Blumroch | 25/06/2023

P.S. : L'orthographe adoptée par Blond n'est pas une anomalie, comme en témoigne cette instructive entrée de dictionnaire :

https://fr.wikisource.org/wiki/Grand_dictionnaire_universel_du_XIXe_si%C3%A8cle/CHAUMAREYX_(Hugues,_vicomte_DUROY_ou_DUROYS_DE),_capitaine_de_vaisseau

"De tout temps, les gouvernements, pour récompenser ce qu’ils appellent leurs serviteurs, ont distribué à tort et à travers, à l’incapacité servile ou fidèle, des places auxquelles le mérite seul devrait donner accès. Tant que ces injustices ne compromettent que le fonctionnement plus ou moins parfait d’une administration, qu’elles n’affectent que les deniers publics, le mal, toujours regrettable, peut du moins être réparé jusqu’à un certain point ; mais lorsque follement on confie à un homme notoirement incapable la vie de quatre cents personnes, c’est se rendre complice volontaire d’un inévitable désastre. Nous n’hésitons pas à faire remonter jusqu’au gouvernement de la Restauration la responsabilité du deuil qui vint frapper trois cents familles. La conduite du conseil de guerre, épargnant M. de Chaumareyx, qui, ayant abandonné son navire avant que le dernier homme de l’équipage l’eût quitté, eût dû, pour ce seul fait, être fusillé ; les persécutions auxquelles furent en butte les victimes qui osèrent protester, M. Corréard et M. Savigny entre autres, autorisent cette juste sévérité. Dans la marine surtout, l’incapacité des chefs est un crime."

On n'écrit plus comme cela, on ne pense plus comme cela -- ou trop rarement.

Écrit par : Blumroch | 25/06/2023

Blumroch > Merci. La raison pour laquelle des officiers et notables ont embarqué sur le radeau n'est pas clair. Plus de place dans les canots ou volonté de rester avec les sans-grades ? Le fait est qu'étant les seuls rescapés c'est leur version qui a été rapportée.

NICOLAS BONNAL > Merci de m'avoir cité sur votre blog. Pour ceux que cela intéresse la réplique à l'échelle 1 est visible à Rochefort.
http://www.mer360.fr/2016/01/le-naufrage-de-la-meduse-une-documentation-tentaculaire/
Imaginez 150 personnes sur ce machin :
https://www.mer360.fr/wp-content/uploads/2016/01/1.jpg

Écrit par : Pharamond | 26/06/2023

@Pharamond : Selon Blond, c'est la décence -- le traitement que leur a réservé le Système tendrait à confirmer.

Écrit par : Blumroch | 26/06/2023

Blumroch > Peut-être, mais le résultat est qu'aucun des soldats n'a survécu.

Écrit par : Pharamond | 26/06/2023

@Pharamond : La meilleure réponse consisterait à reprendre intégralement le récit de Blond. ;-)

Écrit par : Blumroch | 27/06/2023

Blumroch > je n'ai pas lu le livre de Blond, mais plusieurs récits sur l'affaire et le rôle des officiers montés dans le radeau ne m'apparait pas évident.

Écrit par : Pharamond | 27/06/2023

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