01/11/2020
C'est vu (39)
The Humanity Bureau de Rob W. King
"En 2030, le réchauffement climatique a fait des ravages dans le Midwest américain. En essayant de stopper la récession économique, une agence gouvernementale, le Bureau de l'Humanité, chasse les membres de la société jugés improductifs et les bannit dans une colonie appelée Nouvel Eden. Un assistant social ambitieux et impartial enquête sur une affaire que lui a apporté une mère célibataire et son fils. Sachant ce qui attend le jeune garçon, l'assistant sauve leurs vies et expose la vérité concernant les secrets du Bureau de l'Humanité."
Comme vous vous y attendiez le Nouvel Eden n'a rien de paradisiaque et n'est en fait qu'une entreprise d'extermination. On pense à Soleil vert, mais ici la population se révolte à la fin après le sacrifice des héros. Le film est moche, mou et complètement fauché. Son seul intérêt réside dans le cadre de l'histoire. Résumons : en 2030 (tiens, tiens...) le réchauffement climatique oblige à des mesures gouvernementales radicales. Avec une dénomination bienveillante complètement opposée à sa réelle fonction une agence officielle élimine les bouches inutiles après avoir calculé leur indice de productivité tout en leur promettant un monde meilleur.
14:07 | Lien permanent | Commentaires (28)
Commentaires
Pour les ceusses qui ne connaissent pas, c'est le moment de lire *Un saint au néon*. Le film *Elysium*, tout de propagande gauchiste qu'il est, montre un futur envisageable -- supposant d'ailleurs aux maîtres des capacités techniques irréalistes.
Pour imaginer ce qui sera, suffit d'imaginer le pire, puis d'en rajouter.
http://www.a-droite-fierement.fr/je-ne-suis-pas-de-nature-complotiste-mais/
Quand on est considéré comme du bétail par la mafia, tout est possible.
Écrit par : Blumroch | 01/11/2020
"dénomination bienveillante complètement opposée..."
j'ai lu – lapsus lectionis – "domination bienveillante"
Écrit par : Dia | 01/11/2020
les films dits d' anticipation ont une fâcheuse tendance à nous préparer au pire ..
Écrit par : EQUALIZER | 01/11/2020
Le propos du Kamerad EQUALIZER est très juste : la fonction idéologique de la [presque toujours] mauvaise S.F. d'Hollywood, c'est d'habituer le spectateur à l'idée de changements incessants et de miracles inédits. C'est une manière d'abrutissement. Suffit de voir quelques films de Marvel.
La bonne vieille Speculative Fiction imprimée, et surtout celle qu'illustraient les meilleures nouvelles des magazines de l'Age d'Or, avait un seul objectif : faire réfléchir et célébrer des triomphes de l'esprit humain -- triomphe sur l'espace, triomphe sur le temps.
Les publics ne sont pas les mêmes : dans le premier cas, des ados (ou des crétins ayant un Q.I. et des intérêts d'ado) ; dans le second, des ingénieurs. *Star Wars* et *Les Avengers* pour les amateurs de petits miquets ; Heinlein et E. E. Smith pour les *real men* sachant se servir d'une règle à calcul.
Quand un film de S.F. contemporain est regardable, c'est qu'il dépeint un monde sinistre, c'est-à-dire réaliste.
Écrit par : Blumroch | 01/11/2020
Blumroch > "Elysium" est insupportable de propagande gauchiste.
Oui, sans être complotiste des questions peuvent se poser.
La SF littéraire est un genre presque mort hormis les produits pour "jeunes-adultes" comme "Divergente", "Labyrinthe" ou "Hunger games", produits très calibrés pour un certain publique peu regardant.
Dia > On dit que les lapsus sont révélateurs ;-)
EQUALIZER > "L'anticipation" ne fait qu'anticiper les horreurs futures.
Écrit par : Pharamond | 01/11/2020
@Pharamond : "tout de propagande gauchiste qu'il est". ;-) Incidemment, *District 9* l'est aussi, qui est amusant malgré les intentions du réalisateur.
C'est pour ça que je parlais de la S.F. de l'Age d'Or : ça aussi, c'est terminé ; ça aussi, c'était mieux avant. Aujourd'hui, au mieux, on a des oeuvres médiocres qui ne sont exploitables que pour une forme d'art inférieure : films et feuilletons.
Écrit par : Blumroch | 01/11/2020
Blumroch > Les romans actuels de SF semblent formatés pour devenir des scénarios, jackpot pour leurs auteurs.
Écrit par : Pharamond | 01/11/2020
@Pharamond : La construction de la mauvaise série *A song of Ice and Fire* était prévue pour devenir un feuilleton regardable intitulé *Game of Thrones*.
Entre autres exemples, personne n'ira adapter pour l'écran Gene Wolfe (*L'ombre du bourreau* et la suite).
Écrit par : Blumroch | 01/11/2020
Blumroch > Je ne connais "L'ombre du bourreau". Pourquoi ne serait-il pas adaptable ?
Écrit par : Pharamond | 01/11/2020
@Pharamond : Parce que cette exceptionnelle série de romans est une oeuvre littéraire et pas une suite de vignettes découpées pour le cinéma.
Dans un registre comparable, les adaptations de nouvelles célèbres pour *The Twilight Zone* étaient rarement satisfaisantes malgré les efforts des scénaristes qui, presque toujours, rendaient les textes originaux fades.
Écrit par : Blumroch | 01/11/2020
@ Blumroch
Tes avis éclairés permettent de s'y retrouver dans la nombreuse production SF. J'ai peu lu de science fiction à proprement parler, hormis quelques livres de Lovecraft, de Dick, les premiers tomes de Dune qui m'ont un peu déçu car j'ai trouvé que ça manquait un peu de souffle et que c'était trop islamophile et religions du désertophile (l'histoire du prêcheur des enfants de Dune) et quelques autres ...
Les autres problèmes de la SF sont la déculturation générale qui rend difficile la lecture d'un livre non conventionnel de type polar ou SF normée, et le politiquement correct qui affadit tout.
Écrit par : Sven | 01/11/2020
@Sven : Tu exagères. Cela dit, ce serait un bon sujet de billet, la science-fiction essentielle pour les méchants qui ne pensent pas bien. ;-)
De mon vivant, la surestimée série des *Dune* (qui aurait aussi pu s'appeler *Arrakis*, comme l'avait justement noté Jacques Sadoul) était très apprécié par les fans qui, ayant (sottement) un peu honte de lire (uniquement) de la S.F., croyaient trouver une respectabilité proustienne dans une oeuvre trop longue, trop bavarde, à prétentions psychologiques, écologiques et métaphysiques, bref dépourvue de tout intérêt. C'était pour eux un vrai gage de *respectabilité*, entendue à la manière d'une formule attribuée à Beuve-Méry, qui donnait à ses équipes de crétins rédacteurs ce mot d'ordre : "Messieurs, faites rasoir[1]." Dans un pays qui confond gravité, pesanteur et sérieux, c'était un coup de génie. Personne ne veut comprendre qu'un texte peut être clair, agréable et profond. La prose pénible et endimanchée exige un (léger) effort de la part du lecteur qui finit par saisir le sens de phrases, sens dont la banalité est oubliée au profit de la fausse difficulté vaincue. Ravi d'avoir trouvé le mot de l'énigme, le lecteur de torchon intellectuel s'attribue alors une belle intelligence, dont il fait aussi, généreusement, crédit au rédacteur.
Bref, Dune, c'est la S.F. pour ceux qui n'aiment pas vraiment la S.F.
Je dois avoir lu une vingtaine de romans d'Herbert, toujours avec le même ennui et en me demandant ce qu'on pouvait lui trouver. Son succès en France m'est un mystère, alors que je peux comprendre celui d'un Dick ou d'un Brunner.
[1] La formule a été changée. Le maître de *L'Immonde* donnait dans ce que Curtis appelait "la fécalité grand teint".
Écrit par : Blumroch | 01/11/2020
Le titre est bien en tous cas : "humanity bureau"
nous savions bien nous depuis euh... 40 ans ? depuis l'anti-racisme en fait que cette idéologie gauchiste "humaniste" ne pourrait se maintenir qu'en édifiant une muraille de mensonges et en instaurant un régime toujours plus bureaucratiquement autoritaire.
ce que les proclamations de la belle âme "humaniste" préparent toujours c'est l'étouffement du débat, l'interdiction de la contradiction (racisme, fascisme, complotisme sans parler d'autres "détails"). "Qui dit humanité veut tromper" disait Carl Schmitt.
Écrit par : Dia | 02/11/2020
A la limite du musicalmar, mais puisque c'est une rubrique cinéma...
Non seulement les tycoons d'Hollywood proposent de mauvais films de mauvaise S.F., mais encore ils veulent, faute de culture et d'imagination, tourner des versions *révisées* de leurs vieux classiques :
https://www.takimag.com/article/casablanca-2020/
Écrit par : Blumroch | 02/11/2020
Blumroch Que pense-tu de l'avis de Noosfere ?
https://www.noosfere.org/livres/niourf.asp?numlivre=2146565898
Loovecraft est aussi presque impossible à adapter.
Dia > Oui, je trouve aussi.
Très bonne citation de Carl Schmitt, que je ne connaissais pas. Je la retiens pour ma rubrique "Je plussoie".
Blumroch > J'ai lu "Dune" et "Les enfants de "Dune" pendant ma période SF. Le premier est lisible, le deuxième commence à se prendre pour un ouvrage philosophique et j'ai arrêté là.
On se demande quelle est la part de vrai dans l'article de Takimag, mais vu la folie ambiante, tout devient possible.
Écrit par : Pharamond | 02/11/2020
@Pharamond : Cette entrée de l'ESF te dira l'importance de Gene Wolfe :
http://www.sf-encyclopedia.com/entry/wolfe_gene
Au cinéma, HPL aura permis à un facétieux de trouver ce titre magnifique (j'aurais voulu y penser, mais HPL n'incite pas à ce type de fantaisie) : *The Call-Girl of Cthulhu* -- attention, ce n'est même pas un nanard, simplement un navet pitoyable.
Taki exagère à peine. Dans un monde de folie, la caricature n'est presque plus possible.
Écrit par : Blumroch | 02/11/2020
Blumroch > Merci. Je regrette parfois que ma période SF me soit passée ;-)
J'ai vu la bande-annonce, cela parait effectivement absolument pitoyable.
Écrit par : Pharamond | 02/11/2020
@Pharamond : Elle peut revenir. ;-)
C'est comme pour certains bouquins : faut parfois en rester au titre et ne pas chercher à en savoir plus.
*The Call-Girl of Cthulhu*, fallait *oser* y penser. ;-)
Écrit par : Blumroch | 02/11/2020
Blumroch > Les krons ça ose tout ;-)
Écrit par : Pharamond | 02/11/2020
@Pharamond : Fallait pas être kron pour trouver ce titre sacrilège, fallait juste être un blasphémateur. ;-)
La Lovecraftophobie devrait figurer au nombre des crimes.
Écrit par : Blumroch | 02/11/2020
Blumroch > Tss, tss, Makron a dit que le blasphème c'est bien.
Écrit par : Pharamond | 02/11/2020
@ Blumroch
Pharamond te donnerait carte blanche!
L'oeuvre de Gene Wolf a l'air sacrément riche. Et un admirateur de Borges, Chesterton et Kipling était très certainement quelqu'un de bien.
Star Wars peut agir comme un révélateur. Un ami me disait qu'il avait eu la révélation de sa malignité en découvrant qu'il préférait les uniformes gris et noirs de l'empire au pyjama des jedis :-)
Écrit par : Sven | 02/11/2020
@Sven .. j' ai un faible en effet pour ces uniformes , et ceux des Starship-trooper ;-)
Écrit par : EQUALIZER | 02/11/2020
Attention à la fascination esthétique !
http://guerrecivileetyaourtallege3.hautetfort.com/archive/2015/08/03/fascination-esthetique-5665920.html
Écrit par : Pharamond | 02/11/2020
@ EQUALIZER et Pharamond
Mon ami devait avoir dix ans lorsqu'il a vu Star Wars et a eu cette révélation:-)
Puisque tu fais ce rappel sur l'esthétique:
https://www.youtube.com/watch?v=ydWC5Lagbys
Une petite inexactitude sur l’étymologie de Berlin, qui ne signifierait pas petit ours (petit ours brun n'aurait pas donc pas une origine inavouable:-)) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Berlin
La remarque du conférencier était assez amusante.
Écrit par : Sven | 02/11/2020
@Sven : Ah non, Blumroch ne saurait au mieux écrire que des cartes perçues comme non-blanches. ;-)
De fait, je pensais à un billet de Pharamond qui permettrait de partager quelques mauvaises lectures science-fictionnesques.
J'ai beau n'aimer pas tout chez Gene Wolfe, je lui trouve un talent exceptionnel. C'est une coïncidence, évidemment, mais il était catho, comme un autre écrivain de très grande qualité, Walter Miller (*A Canticle for Leibowitz*).
Au nombre des autres révélateurs de personnalité : les choix que fait le joueur en tant que commandant Shepard dans la trilogie *Mass Effect*, en tant que Nameless dans *Planescape Torment*.
J'approuve le Kamerad EQUALIZER : *Starship Troopers*, les roman et film (uniquement celui de Verhoeven) sont chers à mon absence de coeur. ;-)
Écrit par : Blumroch | 03/11/2020
Si la rubrique s'intitulait "C'est revu", j'y mentionnerais *Seuls sont les indomptés* a.k.a. *Lonely are the Brave* que je viens de revisionner. Le Kamerad Pharamond trouvait mineur ce western moderne car trop démonstratif (billet "Géodrilologie" du 13 juin) ; DVDclassik en exagérait les qualités en y voyant un chef-d'oeuvre ; j'y ai, pour ma part, retrouvé la tristesse et la mélancolie associées à la vision d'un monde sinistre où les hommes libres cèdent la place à des tyranneaux bureaucrates et à des [autocensuré].
Écrit par : Blumroch | 03/11/2020
Sven > Sympa la conférence même si c'est un peu succinct. J'aime beaucoup : "c'est le tort dans l'extrême droite, sur 1 000 personnes il y 800 guides infaillibles qui sont tout seul".
Blumroch > Même mineur un film peut être plaisant et intéressant.
Écrit par : Pharamond | 03/11/2020
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