23/10/2014
Sous les pavés, le béton armé
Cinq jeunes s'enfoncent dans les souterrains interdits de Berlin pour faire de l'exploration urbaine. Mais en Allemagne dès qu'on gratte un peu il y a des Nazis qui sortent, c'est connu. Sous des allures de simple film d'épouvante Urban Explorers – Le sous-sol de l'horreur d'Andy Fetscher exploite une fois de plus le mythe de la menace nazie enfouie - mais toujours vivante - prête à vous sauter à la figure si vous êtes imprudent.
La bande annonce en VO
Pour les plus courageux, le film est même visible en entier sur Youtube en version française :
11:21 | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Cela nous confirme d'abord que la Seconde guerre mondiale n'est pas terminée, puisqu'elle alimente encore un cinéma de propagande. A cet égard, votre serviteur n'est pas assez cinéphile pour retrouver les références d'une production américaine drolatique tournée en 1946, peut-être même 47, mais sans doute avant le début de la guerre froide, qui offrit bientôt d'autres prétextes pour se faire peur. La capitulation du 8 mai était passée, et le grand film de guerre rétrospectif encore sans doute prématuré par manque de moyens. Un navet fut en tout cas produit montrant, dans une ambiance de Club des Cinq, l'inévitable couple mixte de vaillants officiers de renseignement traquant dans un Berlin souterrain de caves, égouts et tunnels (fantasme du Bunker) un mystérieux et redoutable réseau d'irréductibles nazis se préparant à la contre-offensive.
En second lieu, remarquons tout de même un essoufflement du mythe. Votre document, et d'autres déjà présentés (merci, je n'aurais jamais trouvé ça tout seul), dérivent de plus en plus vers le fantastique et l'irréel, bref un univers où le péril SS se dissout dans le monde des vampires et des morts vivants. Si j'appartenais à la cohorte des gardiens de la Mémoire, ou plus modestement à la meute des chiens de garde, je dénoncerais une entreprise nuisible à l'autorité de la briquaille et des plâtras d'Oswiecim, comme à la prophylaxie antilepeniste.
Écrit par : Nathanaël | 23/10/2014
Peut-être "Berlin Express" de Jacques Tourneur ?
http://www.dvdclassik.com/critique/berlin-express-tourneur
Oui et non, parce qu'en quittant la sphère du réel même exagéré et déformé et en allant dans celle du mythologique et du fantastique le nazisme et ses compagnons vont s'incruster dans une zone de l'intellect où la raison a difficilement accès. Les peurs ancestrales font réagir, provoquent le rejet et l'épouvante sans qu'on prenne le temps d'analyser : le noir, le diable, la bête sauvage...
Écrit par : Pharamond | 24/10/2014
Comme on sait, les fantasmes collectifs deviennent bientôt LA réalité, LA vérité
Parfois il est plus juste d'écrire aréalité ou avérité,avec ce a privatif qui exprime bien la valeur qu'on accorde à l'intellect des ceusses qui veulent nous imposer cette vision de leur réalité
Quelques exemples
Le mythe des massacres d'Algériens par la pouliss' vronzaise
Bien démonté par Lugan et quelques autres il reste au coeur de l'acte de flagellation rituel des vronzais par leurs politrouks
Le mythe du parti des 100 000 fusillés, on ne reviendra pas là dessus
Plus loin, ce seront les méfaits de la noblesse, ceux de la royauté ,du clergé aussi, puis l'universalité des lumières ( disons, pour contenter tout l'monde, des lucioles) , et la valeur civilisatrice de not' modèle inoxydable vronzais zosial, laïc et participatif, que le monde entier nous envie
Ce qui est bonnard avec les progressistes, c'est qu'ils me sont une source inépuisable de rigolade
Écrit par : kobus van cleef | 24/10/2014
Ph. : vous avez peut-être (et vite) retrouvé l'objet du délit. Va donc pour Francfort plutôt que Berlin. J'ai le souvenir d'un sous-sol urbain grouillant de nazillons, mais sans le second degré qui fait le charme des Gaspards (de P. Tchernia je crois.
Pour le reste, vous avez certainement raison, comme le commentateur suivant, et j'avais tort. La force du mythe mythique, ce vieil animal instinctif de Lanzmann l'a d'ailleurs bien compris. Pas d'expertise, pas de plan, pas de faurisonnerie pointilleuse sur l'antre du crime. Ce serait blasphème, et imprudence. Berçons nous plutôt à la légende dorée cent fois enjolivée du récit des survivants transmis a progenie in progenies. Il est d'ailleurs notable que Vidal-Naquet, bon antiquisant, voie dans P. Lévi, "aède (sic) de cet enfer" un ultime épigone des auteurs inspirés par la veine homérique (le monde d'Homère, Perrin p. 154), ou qu'un esprit aussi fin que le grand P. Veyne se prenne les pieds dans le tapis en croyant devoir assassiner Faurisson au détour d'une note d'un - par ailleurs - brillant essai sur... les légendes helléniques (Les Grecs croyaient-ils à leur mythes ?, Le Seuil, p. 140 ; qu'on lise la note 8, elle vaut son pesant d'or schliemannien du coffret à bijoux de Clytemnestre).
Écrit par : Nathanaël | 24/10/2014
kobus van cleef > Oui, on peut rire de leur ridicule et ne nous en privons pas mais ils font le monde où nous vivons et cela c'est nettement moins drôle.
Nathanël > Le film s’appelle tout de même "Berlin Express" et rien ne ressemble plus à un champ de ruines qu'un autre champ de ruines d'où votre confusion s'il s'agit bien de cette oeuvre.
Quant aux mythes et à l'Histoire, je ne sais plus quel historien disait que même si elle est acceptée par la communauté savante une nouvelle donnée historique qui venait contredire la vulgate mettait plusieurs décennies à atteindre le grand public.
Écrit par : Pharamond | 24/10/2014
Ha, la percolation des idées depuis l'élite jusqu'à la plèbe, c'est un sujet majeur
Et, faut bien le dire, passionnant
Écrit par : kobus van cleef | 25/10/2014
Multiples facteurs en présence comme
1) la pression, comme dans les perco, l'imprégnation mediatik de/des idées à percoler
2) la température, c'est à dire, si l'idée à percoler est Hobscene, Hignoble ou dérangeante
3) le calibre des filtres, une zosiete éduquée n'a pas forcément un filtre plus sélectif, parfois c'est l'inverse
4) la mouture, le mélange commun d'idées et de valeurs au fond du filtre laisse t il échapper des idées annexes qui, agglomérées aux autres, peuvent donner du goût au café ?
Écrit par : kobus van cleef | 25/10/2014
Intéressante allégorie qui dans le cas présent peut expliquer le jus de chaussette servie au commun des consommateurs.
Écrit par : Pharamond | 25/10/2014
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