10/03/2014
Il me semble (60)
La démocratie et la science ont en commun d'être parfaitement totalitaires ; ce qu'elles n'englobent pas n'existe pas, ne peut pas exister et ne doit surtout pas exister.
21:04 | Lien permanent | Commentaires (20)
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
La démocratie et la science ont en commun d'être parfaitement totalitaires ; ce qu'elles n'englobent pas n'existe pas, ne peut pas exister et ne doit surtout pas exister.
21:04 | Lien permanent | Commentaires (20)
Commentaires
Il me semble aussi...
Écrit par : Franck Ferdinand | 10/03/2014
Qu'appelez-vous "la science" ?
Écrit par : Gas | 11/03/2014
Je rejoins l'interrogation de Gas et me demande si vous n'amalgamez pas deux choses très différentes, soit d'une part la méthodologie scientifique, anti-totalitaire par essence puisque reposant sur un va-et-vient permanent entre théorie et expérience et d'autre part un certain usage idéologique des résultats scientifiques. Un exemple tout récent : j'ai regardé Ruquier, samedi soir dernier. L'invitée politique du plateau était Frigide Barjot, qu'il me paraît inutile de présenter. Un temps, le procureur Caron s'est levé et lui a remis un ouvrage de Maurice Godelier en guise de réponse à son argumentaire sur la filiation. Comme si la position de ce célèbre anthropologue était parole d'évangile, alors qu'en tant que proposition scientifique, elle est susceptible d'être discutée et ne saurait constituer en elle-même une prescription politique.
Écrit par : Agg | 11/03/2014
Nous avions abordé cette question, Agg, dans une récente discussion. La science moderne, dite par commodité "science", la science donc, est fondée sur l'expérience, l'analyse mathématique des données et elle se caractérise par sa capacité de prédiction et la réfutabilité de principe de ses conclusions. Le modèle de la science selon cette définition est la physique mathématique, qui se pare du prestige de faire voler des avions ou fonctionner des ordinateurs. Et puis il y a des sciences "humaines", appelées "sciences molles" par les physiciens, qui voudraient bien bénéficier du prestige des premiers sans en avoir les méthodes. L'exemple que vous donnez est typique : selon Caron, tel anthropologue dit, donc l'anthropologie dit, donc la science dit, donc j'ai raison. Et selon Agg : tel anthropologue dit, donc l'anthropologie dit, donc il faut utiliser les méthodes de l'anthropologie pour réfuter. Et selon moi ; tel anthropologue dit, donc voilà c'est son opinion.
Écrit par : Franck Ferdinand | 11/03/2014
Cher Franck,
Il ne vous aura sans doute pas échappé qu'un homme n'est pas un électron, ce qui a de bonnes chances d'expliquer que les méthodes pour étudier le premier diffèrent des méthodes pour étudier le second. Cela dit, si les physiciens ont quelque chose de valable à dire sur l'humain, ils sont les bienvenus. Jusque là, en dehors de quelques railleries, nous n'avons rien vu venir. Je rajouterais que vous faites comme si aucune découverte n'avait été réalisée dans le champ des sciences humaines ce qui, sauf votre respect, traduit moins une vérité que votre profonde méconnaissance du domaine. Je m’étonne de plus que vous accordiez tant de crédit à Robert Faurisson, qui entend faire de l’histoire – pas vraiment une science "dure", ce me semble – si vous considérez que tout ce qui sort du cadre étroit de la physique ne relève pas de la science. Par ailleurs, je me méfie de cette volonté de naturaliser l’humain au prétexte de la scientificité, justement, sauf à le réduire à l’une ou l’autre de ses modalités, au hasard, actuellement, biologique. Enfin, oui, j'estime qu'une théorie anthropologique doit être discutée avec les méthodes de l'anthropologie. Mais ce n'est pas parce qu'une théorie est discutée et discutable qu'elle n'est pas scientifique, au contraire : la réfutabilité est un critère important permettant de distinguer science et pseudoscience (Popper). L'erreur de Caron – outre sa coupe de cheveux, son végétarisme et son insupportable arrogance –, ce n'est donc pas de citer les travaux de Monsieur Godelier, mais 1) de les jeter au visage de son interlocutrice à la manière d'un Inquisiteur balançant sa Bible à la face d'une hérétique et 2) d'en faire dériver, sans le dire, une prescription politique (ce n'est pas parce que les Baruyas s'organisent socialement d'une certaine façon que nous devons faire de même).
Écrit par : Agg | 11/03/2014
Gas et Agg > Les sciences dures ou molles quand elles sont présentées par leurs thuriféraires comme irréfutables et accompagnés trop souvent de mépris et d'arrogance.
Écrit par : Pharamond | 11/03/2014
Cher Agg,
Vous remarquerez que je vous ai distingué de Caron, que je n'aime pas. La physique prouve ce qu'elle avance par des réalisations concrètes. Cela doit lui être reconnu. Un avion qui vole, c'est tout de même plus convaincant qu'un article, même dans une revue prestigieuse. Cela n'exclut pas qu'il y a un savoir hors de la physique : histoire, philosophie, poésie, théologie, psychologie, droit, etc. L'histoire, par exemple, est doté d'un arsenal de méthodes scientifiques ou prétendues telles qui lui permet de produire un savoir respectable, mais moins incontestable par ses réalisations qu'un savoir propre à produire des objets qui fonctionnent. Faurisson me paraît un exemple caractéristique d'un homme ayant appliqué avec rigueur les méthodes scientifiques (étude des archives, recours à des analyses physico-chimiques). Mais, comme il travaille sur une matière humaine, molle, le savoir en question est sans doute moins incontestable que celui que donnerait un physicien, et comme il entre en collision avec des intérêts politiques puissants, il est réfuté par la communauté scientifique qui prouve là sa capacité à violer ses propres principes quand ça l'arrange. Ce sont des phénomène que l'on peut rencontrer aussi en sciences dures, mais il est plus simple de préférer un faisceau de présomptions à un autre que de nier la validité d'une équation. Sur l'anthropologie, je ne sais même pas ce que c'est et j'ignore donc ses contributions à l'humanité qu'elle semble par son nom prétendre vouloir définir. En tout cas quand ce genre de sciences intervient dans le débat public, j'estime que les arguments qu'elle valide sont acceptables mais ils sont pour moi au même niveau que d'autres (pensée religieuse, politique, philosophique, simple bon sens ou intuition personnelle) qui en ont autant à dire sur l'homme et la filiation qu'un sociologue ou un anthropologue, eu égard au caractère ambigu de la rigueur que l'on peut estimer trouver à leur discipline. Qu'est-ce qui est beau ? Qu'est-ce qui est bien ? Quel est le sens de la vie ? C'est quand une communauté disciplinaire prétend s'accaparer les réponses à ces questions qui appartiennent à tous qu'elle devient, selon les mots de Pharamond, dangereusement totalitaire.
Écrit par : Franck Ferdinand | 11/03/2014
@Franck Ferdinand
>> Un avion ne me semble ni plus ni moins convaincant, en termes de "réalisations concrètes", que l'achat d'un produit inutile par des millions de gens par l'effet d'une publicité basée sur des travaux de psychologie sociale, l'augmentation de la productivité en entreprise grâce aux travaux d'ergonomie, ou encore l'amélioration des infrastructures routières, l'évaluation du degré de gravité de la maladie d'Alzheimer et le contrôle de la vigilance chez les pilotes d'avion et aiguilleurs du ciel grâce aux travaux de psychologie cognitive. Sur Faurisson, je ne partage pas du tout votre idée d'un historien génial mais réprimé par le lobby juif (autant dire les choses clairement). Ce n'est pas parce que quelqu'un est contesté, même violemment, qu'il a forcément raison. Et à l'inverse, ce n'est pas parce que quelqu'un jouit d'une reconnaissance officielle qu'il a forcément tort, la réalité n'est pas manichéenne. Et puis, les historiens n'ont pas attendu "Robert" pour ne pas prendre au pied de la lettre les actes du procès de Nuremberg et mener leur propre enquête. Ces mêmes historiens n'ont pas non plus ressenti le besoin d'être négationnistes pour sentir la menace des lois mémorielles et défendre la "Liberté pour l'Histoire" (http://www.lph-asso.fr/). Je ne m'attarde pas sur ce point que je développerais peut-être chez vous, en commentaire de votre dernier billet en date. Enfin, l'objet de l'anthropologie n'est absolument pas de définir le beau, le bien ou le sens de la vie, mais d'étudier comment ces différentes notions émergent et fonctionnent au sein d'une communauté humaine donnée. Vous confondez tragiquement, comme le Fouquier-Tinville chevelu avec lequel je vous sais gré de ne pas m'associer, la science, qui est descriptive et la politique, qui est normative.
Écrit par : Agg | 11/03/2014
Sur Faurisson, je ne partage pas du tout votre idée d'un historien génial mais réprimé par le lobby juif (autant dire les choses clairement).
Ce n'est pas ce que j'ai dit, c'est ce que vous croyez que je pense sans oser le dire.
Vous confondez tragiquement, comme le Fouquier-Tinville chevelu avec lequel je vous sais gré de ne pas m'associer, la science, qui est descriptive et la politique, qui est normative.
Non, non, je ne confonds pas, je demande aux scientifiques d'être fidèles à leurs propres méthodes.
Écrit par : Franck Ferdinand | 11/03/2014
@Franck Ferdinand
>> Sur Faurisson, admettons, j'ai dû mal comprendre...
Quant "aux scientifiques", il vous faudrait préciser : vous reprochez quoi, à qui et sur quelles bases ? Si je m'en tiens à Maurice Godelier, j'estime qu'il n'y a rien à redire à ses travaux du point de vue de leur scientificité, ce qui ne veut pas dire pour autant que les Français doivent se transformer en Baruyas ou à tout le moins bousculer leurs normes d'organisation sociale, opinion que cet anthropologue n'a jamais soutenue, contrairement au pitbull vegan à la solde de Ruquier.
Écrit par : Agg | 11/03/2014
Sur Faurisson, je juge qu'il respecte les méthodes historiques, qu'il produit donc un discours qui doit être regardé comme scientifique, autant que l'histoire peut l'être.
Je n'ai rien dit contre Maurice Godelier que je ne connais même pas de nom.
Écrit par : Franck Ferdinand | 11/03/2014
@Franck Ferdinand
>> En appliquant la méthode hypercritique de Faurisson, on pourrait également montrer que Napoléon n'a pas existé. Vous avez lu "Robert", lisez ses critiques, ainsi vous pourrez juger en toute connaissance de cause. Et pendant que vous y êtes, lisez aussi Godelier, ses travaux sur la filiation sont bougrement intéressants.
Écrit par : Agg | 12/03/2014
Godelier, je n'en ai pas l'intention. Contre Faurisson, je connais http://www.phdn.org/ qui a la réputation d'être le site anti-révisionniste de référence et qui m'a plutôt convaincu de la validité du révisionnisme.
Écrit par : Franck Ferdinand | 12/03/2014
@Franck Ferdinand
>> Sur Faurisson, je vous propose de continuer chez vous.
Écrit par : Agg | 12/03/2014
> Pharamond > Gas et Agg > Les sciences dures ou molles quand elles sont présentées par leurs thuriféraires comme irréfutables et accompagnés trop souvent de mépris et d'arrogance.
Entièrement d'accord. Seulement, les thuriféraires en question se placent alors de facto hors du champ scientifique. J'ai déjà eu un débat similaire chez Boreas et tenterai donc de faire court.
Ce qui me dérange : utiliser le terme "la science" pour nommer des comportements relevant de la psychatrie lourde. D'où ma question : qu'appelez-vous "la science" ?
Il ne s'agit pas d'une contradiction, nous sommes bien d'accord sur les faits - simplement, nommer les choses de facon floue met dans le même sac des gens honnêtes, humbles et équilibrés, et des fous furieux, simplement parce qu'ils partagent l'étiquette "scientifique".
D'expérience, ce travers m'apparaît très répandu en France, et - que cela vous plaise ou non - a tendance à faire partir les premiers (dont je prétends faire partie), pour ne retenir que les seconds. Bon courage...
Une solution : éviter le terme "la science" et se contenter de parler "d'activité scientifique". Ceci pourrait éliminer bien des débats inutiles - et mettre à nu la tartufferie maladive que vous avez identifiée.
Écrit par : Gas | 12/03/2014
Correction: "psychiatrie"
Écrit par : Gas | 12/03/2014
Gas > Je crois que nous sommes globalement d'accord mais de parler d'un clivage tranché entre "gens honnêtes, humbles et équilibrés" et "fous furieux" me semble abusif, j'ai rencontré des fanatiques de la science très posés mais qui n'arrivaient pas par exemple à comprendre qu'on puisse être croyant ou qu'on se pose des questions sur les OVNIS ou les fantômes si on avait un minimum de raisonnement.
Écrit par : Pharamond | 12/03/2014
Agg > Je me permets d'ouvrir une parenthèse dans votre discussion avec Franck Ferdinand. Je n'ai jamais vu d'historiens "officiels" prendre des risques sur la Shoah ou Nuremberg. Et les rares prises de position dans ce sens on était timidissimes et suivies d'aucun effet.
Écrit par : Pharamond | 12/03/2014
Pharamond > Posés, certes, mais fanatiques tout de même. Méfiez-vous des apparences... Pour moi, ils restent des fous furieux. Ou fanatiques. Appelez-les comme vous le voulez. Pour des exemples extrêmes, on peut penser au Dr Mengele, et plus récemment au Dr John Money (gender...).
Par analogie, j'ai eu des échanges comparables avec des musulmans amicaux, cultivés, francophiles m'expliquant tranquillement où mène le prosélytisme facon djihad : si la conversion ne marche pas par des moyens pacifiques, alors c'est la guerre.
Le cas des soi-disant "scientifiques" reste particulier, en ce que ces fanatiques refusent les limites intrinsèques au raisonnement scientifique. Ce n'est pas logique... Mais peut-être est-il confortable pour l'intellect de vivre dans un monde "simplifié" ? Et, au besoin, de forcer la réalité ? Même si ceci mène à la catastrophe ?
J'ai élaboré en long et en large sur ce thème chez Boreas:
http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2014/02/05/subversion-techno-scientifique-5291206.html
Au risque de me répéter, j'ai l'impression que peu de Francais saisissent à quel point appeler ce genre de comportements "la science" est dommageable. A vous de voir.
Écrit par : Gas | 12/03/2014
Je suis d'accord avec vous une nouvelle fois, je bute seulement sur les dommages causés par le fait d'appeler ces comportements la "science". Ils sont courants chez un grand nombre de personnes que j'ai du mal à appeler fous furieux. Il s'agit d'un mélange de complexe de supériorité intellectuelle, de foi dans le progrès et aussi de recherche de confort dans un monde "simplifié". Enfin, je pense, mais je me trompe peut-être, que ceux qui passent par ici on compris le sens de mon billet malgré ses raccourcis.
Écrit par : Pharamond | 12/03/2014
Les commentaires sont fermés.