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10/02/2006

Bouquet

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Jeffrey T. Larson Dormant

Dilemme ?

La plupart du temps, l'avenir présenté par nos élites n'apparaît être qu'un choix entre la bo-boïsation béate et la radicalisation extrémiste, soit le choix entre le Bien et le Mal. Forcément, la première perspective semble mille fois préférable. Cependant, outre que la bo-boïsation me semble être un cauchemar sociétal de tous les instants, les deux m'apparaissent paradoxalement étroitement liées. C'est le choix entre le vide et le trop plein, avec toutes les conséquences néfastes voire catastrophiques que l'on peut imaginer quelque soit l'option prise. Je suis pourtant persuadé qu'il existe un autre chemin, même s'il reste à découvrir et à défricher.

Quand je dis que je suis parfois d’accord avec des socialistes...

A celui qui n'a rien, la patrie est son seul bien.

Jean Jaurès

Les humains et les autres

Après un énième documentaire sur la Shoah, on se dit que le devoir de mémoire est nécessaire pour que de telles horreurs ne se reproduisent pas et que ce rabâchage continuel est sûrement positif. Pourtant, elles se sont reproduites maintes fois depuis, à quelques variantes près, et elles se reproduisent encore aujourd'hui. Qui se soucie, par exemple, des morts-vivants des camps nord-coréens ? Que fait-on pour eux ? Les médias nous matraquent-ils avec des émissions sur le sujet ? Les grandes âmes de notre intelligentsia s'occupent-elles d'alerter l'opinion publique ? Le show-biz prépare-t-il des concerts au profit des malheureux internés ? Lève-t-on une coalition au nom de la liberté et des droits de l'homme pour mettre à bas le régime ubuesque de Pyongyang ? Non. On attend que les derniers communistes disparaissent d'eux-mêmes. Et les jours passent ici comme là-bas. Plus longs là-bas, sans doute.

 

03/02/2006

Dernières lueurs

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Richard Thomas Davis

Cold front

Toujours seul

Je porte sur moi ce mal de la France, que personne que moi ne porte. Au milieu de ceux qui dorment et au milieu de ceux qui rient, le malheur de la France me réveille la nuit.

Henry de Montherlant

Le voilier qui prend l'eau

La course a commencé et les bateaux sont partis, chacun à son allure. Mais il en est un qui ne s’est toujours pas éloigné de la ligne de départ. Des autres navires ou de la rive on peut croire qu’il est vide ou que son équipage est constitué de paresseux qui se reposent indifférents à la course. La vérité est bien différente : tous sont dans la cale à essayer de colmater des voies d’eau. Une lutte dans la pénombre au moins aussi difficile que celle que se livrent les autres concurrents au grand jour. Il  ne s’agit pas ici de choisir la bonne trajectoire, de régler de temps à autre la voilure et de tracer la meilleur route, mais de parer à l’urgence. Même si, évidemment,  les dangers existent pour tous ; car personne n’est à l’abri d’une collision avec un autre voilier, d’un heurt avec un récif ou de l’arrivée de la tourmente. A tout moment des choix s’imposent à chacun et le drame peut surgir à tout instant. Mais quoi qu’il advienne, au moins auront-ils connu l’ivresse de la vitesse, l’air du large, la joie de la compétition.
Dans le bateau qui prend l’eau la lutte est toute autre ; ingrate, ignorée, sans fin ni récompense. Seulement un combat pour ne pas sombrer. Alors parfois la lassitude gagne ; cette envie de se laisser lentement couler ou de chercher un haut fond pour s’échouer et ne plus se battre. A l’image de ces épaves que l’on croise parfois avec un sentiment trouble de pitié mêlée à un peu de  mépris : comment peut-on ainsi abandonner son navire ? Faut-il être faible ou incompétent pour commettre un tel acte sans raison majeure ? Avec souvent, aussi, un fugitif frisson dans le dos ; qu’a-t-il bien pu se passer dans cette coque dont on ne voit que l’extérieur lisse, vernie, sans avarie apparente ? Et bien peu se risquerait à mettre un pied sur le pont pour aller voir ce qui se cache à l’intérieur.
Les brèches sont-elles dues à une mauvaise conception ? ont-elles été provoquées ? volontairement ? quand ? par qui ? pourquoi ? Toutes ces questions doivent sans doute être posées mais leurs réponses sont secondaires, elles peuvent aider à comprendre la nature des avaries mais en aucun cas les colmater.
Le découragement ne doit pas s’installer, chacun doit retourner à son poste et lutter encore, pour ne pas se laisser déborder, avant qu’il ne soit trop tard. Car parfois on arrive à réduire les voies d’eau au point de pouvoir sortir sur le pont, de croire un instant que l’on est dans la course, avec du retard certes mais y être tout de même, sans songer à gagner cela va sans dire, mais juste faire comme si tout était normal, hisser un peu de voile et laisser le vent s’y engouffrer. Alors des autres bateaux on se dit que c’est pas trop tôt, qu’il était temps de se réveiller. Mais que répondre à leurs questions bien compréhensibles ? Expliquer que ce voilier qui paraît être conçu comme n’importe  quel autre prend l’eau de toute part n’entraînerait qu’incrédulité, pitié ou agacement, après tout eux aussi ont leurs soucis et eux par contre se secouent. Et puis il est préférable de profiter de ce répit pour régater ne serait-ce qu’un peu  plutôt que chercher à se justifier.
Mais bien vite l’embarcation prend de la gîte, les colmatages ont lâché. Tout le monde en bas ! L’accalmie aura été de courte durée et le retour à la réalité est bien douloureux. On y avait pourtant un peu cru cette fois. On s’habitue vite à faire comme si rien n’était. Alors on se dit que l’on ne se refera pas prendre la prochaine fois ; autant rester à l’intérieur. On y est pas si mal et au moins on est à l’abri du vent et de la pluie. On se ment. Dès que l’état du bateau le permet, tout le monde est sur le pont.
Un jour peut-être les réparations tiendront ou plus certainement l’équipage à bout de force se laissera submerger. Et les observateurs qui ne seront pas trop occupés à la manœuvre verront lentement cet énigmatique voilier s’enfoncer sans bruit dans les flots. Et quelques-uns, indulgents diront l’avoir vu parfois filer à grande vitesse. Si seulement il s’en était donné la peine il aurait sûrement eu toutes ses chances dans la course. Comment pourrait-ils comprendre qu’il rêvait de naviguer, simplement. Bientôt son souvenir s’effacera.
Alors on se dit qu’il y a  forcement un responsable à ce gâchis. C’est pratique d'en vouloir à quelqu’un. Ça soulage de maudire la mer, les autres concurrents ou les concepteurs du bateau. Ça soulage mais ça ne sert à rien.
Alors ? Alors, rien. À  l’horizon le soleil rougeoie et ce soir la mer est calme.