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20/03/2010

Nous sommes aujourd'hui au printemps

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Stefan Bräuniger

Kirschen IV

Rions un peu avec les cadavres

Je me demande si Paris Match ne marche pas sur les traces de feu Hara-Kiri sur le plan de l'humour douteux. Leurs rédacteurs sont bien sûr grandement aidés dans la recherche de nouveaux gags par nos instances dirigeantes. Pour s'en convaincre il n'y a qu'à regarder leur dernière couverture.

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Mais, au fait, Jean Ferrat et Simone Veil ils ne seraient pas tous les deux [Biiiiiiiiiiiiiiiiiiip !] ?

Musique (166)

Alu

 

Circus Cosmos

 

18/03/2010

Petit théâtre ambulant (5)

En montant dans le tram je remarque rapidement, à quelques sièges de moi, trois adolescents qui s’agitent, parlent fort, chahutent, mettent les pieds sur les sièges... Deux arrêts plus loin, des contrôleurs montent et quand ils arrivent aux jeunes, constatent que ceux-ci n’ont pas de titre de transport. Soudain, les voisins s’animent :

- Ils ont lancé une canette, dit l’un en montrant une boîte de Coca-Cola sur le sol.

- Ils m’ont fait ça ! quand je leur ai dit de se calmer, rajoute un autre en tendant son majeur.

- Ils m’ont insulté, renchérit un troisième.

Les contrôleurs se rassemblent autour des coupables qui font profil bas. Trois gamins qui n’avaient pas quinze ans, et tous ces adultes qui subissaient... Nous en sommes là.

 

17/03/2010

Méchant garçon (34)

- Il m’est agréable d’imaginer que si nous étions en temps de guerre la grande majorité de nos dirigeants, sinon la totalité, serait traduite en justice pour haute trahison et, avec un peu de chance, exécutée dans les délais les plus brefs.

 

16/03/2010

Via crucis

La nuit dernière j'ai fait un rêve assez curieux.

Je déplaçais quelques grosses pierres au pied d'un haut mur blanc situé à ma gauche, quand une voix derrière moi m'expliqua que l'on ne pouvait plus faire de films sur la Passion du Christ dans les lieux mêmes car plus rien n'était comme à l'époque mais qu'il fallait venir pour s'imprégner de l'atmosphère. J'approuvai et je continuai à avancer. Après avoir dépasser le mur je pouvais voir sur ma gauche une ville couleur sable que je savais être Jérusalem. Je regardai en face de moi et constatai qu'une petite colline émergeait du paysage aride ; j'étais sur le Chemin de Croix et bientôt je me sentis envahi d'émotion jusqu'aux larmes.

14/03/2010

Ma carabine

[...] C'est moi, c'est moi. (Lorsqu'il accroche les tableaux, on s'aperçoit que ceux-ci représentent un vieillard, une grosse femme, un autre homme. La laideur de ces portraits contraste avec les têtes des rhinocéros qui sont devenues très belles. Bérenger s'écarte pour contempler les tableaux.) Je ne suis pas beau, je ne suis pas beau. (Il décroche les tableaux, les jette par terre avec fureur, il va vers la glace.) Ce sont eux qui sont beaux. J'ai eu tort ! Oh, comme je voudrais être comme eux. Je n'ai pas de corne, hélas ! Que c'est laid, un front plat. Il m'en faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. Ça viendra peut-être, et je n'aurai plus honte, je pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! (Il regarde les paumes de ses mains.) Mes mains sont moites. Deviendront-elles rugueuses ? (Il enlève son veston, défait sa chemise, contemple sa poitrine dans la glace.) J'ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d'un vert sombre, une nudité décente, sans poils, comme la leur ! (Il écoute les barrissements.) Leurs chants ont du charme, un peu âpre, mais un charme certain ! Si je pouvais faire comme eux. (Il essaye de les imiter.) Ahh, Ahh, Brr ! Non, ça n'est pas ça ! Essayons encore plus fort ! Ahh, Ahh, Brr ! non, non, ce n'est pas ça, que c'est faible, comme cela manque de vigueur ! Je n'arrive pas à barrir. Je hurle seulement. Ahh, Ahh, Brr ! Les hurlements ne sont pas des barrissements ! Comme j'ai mauvaise conscience, j'aurais dû les suivre à temps. Trop tard maintenant ! Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre. Hélas, jamais je ne deviendrai un rhinocéros, jamais, jamais ! Je ne peux plus changer. Je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas. Je ne peux plus me voir. J'ai trop honte ! (Il tourne le dos à la glace.) Comme je suis laid ! Malheur à celui qui veut conserver son originalité ! (Il a un brusque sursaut.) Eh bien tant pis ! Je me défendrai contre tout le monde ! Ma carabine, ma carabine ! (Il se retourne face au mur du fond où sont fixées les têtes des rhinocéros, tout en criant :) Contre tout le monde, je me défendrai, contre tout le monde, je me défendrai ! Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu'au bout ! Je ne capitule pas !

 

Rideau

 

Eugène Ionesco

Rhinocéros