Pépiements (314)

1962 : fin de la Guerre d'Algérie - 1992 : signature du traité de Maastricht

J'ai vécu mon enfance et ma jeunesse durant une partie de cette période pendant laquelle le pays était en paix et indépendant. J'ai la nostalgie de cette époque, évidemment parce qu'elle constituait mes vertes années, mais aussi parce qu'elle contenait à la fois les certitudes du monde ancien et les promesses des progrès techniques et sociaux alors en pleine expansion. Pourtant cette parenthèse portait en elle les germes des maladies de notre société actuelle ; le jeunisme, la dérision, la vulgarité, la laideur, le désintérêt pour la vie de la cité profitaient du laxisme des élites et de l'opulence récente pour faire leur chemin sous couvert de la liberté de penser. Le totalitarisme progressiste s'installait en infiltrant de façon exponentielle les médias, les établissements scolaires et les mentalités sans que grand monde ne lui oppose une résistance : on savait où les idées dites de droite menaient. Une armée d’intellectuels gavés de théories marxisantes et de contre-culture américaine travaillait à discréditer ceux qui nous avaient précédé et veillait à ce que les transgressions suivent une certaine ligne. C'était une époque assez insouciante - les stigmates de la Deuxième guerre s’estompaient peu à peu et la crise de 1973 était sans commune mesure avec ce que nous vivons aujourd'hui - où les gadgets en plastique et les acquis sociaux faisaient oublier l'essentiel, on croyait s'installer dans un âge d'or qui devait durer éternellement et on pensait sans aucune justification qu'on le méritait : 1962 – 1992 ou les Trente trompeuses.