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03/10/2023

Pépiements (122)

Ceux qui répètent comme un mantra : "il faut faire confiance à la science", se rendent-ils compte que la science n’est pas un arbre aux fruits merveilleux qui ne cesserait de grandir nourri par le seul rationalisme ni un livre savant dont on déchiffrerait chaque jour de nouvelles pages pour le bonheur de tous, mais qu'elle n’est que le résultat du travail des hommes et que les hommes sont corruptibles ?

Commentaires

Lacan disait un truc comme ça (je cite de mémoire pardon) : si vous voulez un aperçu de toutes les abissales âneries que le discours scientifique peut proférer, feuilletez doc une histoire de la médecine.

Le maître mot ici c'est "histoire". Tout comme la démocratie qui à chaque élection, sort toujours vierge et pure, indemne, réparée de toutes les corruptions, mensonges, assassinats, coups fourrés qui font pourtant son essence... la science s'offre à chaque nouvelle théorie comme seule, éternelle vérité, sans conteste, rationelle, sans histoire, sans tâche.

Notre probleme c'est que nous ne savons toujours pas identifier le discours du maître.

Écrit par : Dia | 04/10/2023

De Koestler, dans ces *Somnambules* dont je crois avoir déjà recommandé la lecture :
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Je m'intéresse depuis longtemps au processus psychologique de la découverte où je vois la manifestation la plus concise de la faculté créatrice de l'homme, et aussi à ce processus inverse qui le rend aveugle devant des vérités qui, une fois perçues par un voyant, deviennent désespérément évidentes. Or, cet écran de fumée n'obscurcit pas seulement l'esprit des "masses ignorantes et superstitieuses", comme disait Galilée, mais aussi, et plus nettement encore, l'esprit de Galilée et de tant d'autres génies tels qu'Aristote, Ptolémée ou Kepler. On dirait qu'une partie de leur intelligence demandant "plus de lumière"[0], l'autre partie ne cesse de réclamer les ténèbres. L'Histoire de la Science est relativement récente, les biographes de ses Cromwell et de ses Napoléon se soucient encore peu de psychologie ; ils représentent généralement leurs héros comme des machines à raisonner isolées sur des socles de marbre, dans un style depuis longtemps rejeté par les branches plus anciennes de l'histoire ; ils supposent probablement que dans l'œuvre d'un philosophe de la Nature, à la différence d'un homme d'État ou d'un conquérant, le caractère et la personnalité ne comptent pas. En réalité, tous les systèmes cosmologiques, des pythagoriciens à Copernic, de Descartes à Eddington, reflètent les préjugés inconscients, les partis pris philosophiques et même politiques de leurs auteurs ; et de la physique à la physiologie aucune discipline scientifique, ancienne ou moderne, ne peut se vanter d'être absolument libre de préjugés métaphysiques. On imagine généralement le progrès de la Science comme une sorte de pur déplacement rationnel le long d'une droite ascendante ; en fait, c'est une suite de zigzags presque plus surprenante, quelquefois, que l'évolution de la pensée politique. L'histoire des théories cosmiques, en particulier, peut s'intituler, sans exagération, histoire des obsessions collectives et des schizophrénies contrôlées ; et certaines des plus importantes découvertes individuelles se sont faites d'une manière qui rappelle beaucoup moins les performances d'un cerveau électronique que celles d'un somnambule.
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Toute bonne histoire des sciences[1] confirme, dans une large mesure, le propos ; toute bonne histoire des techniques[2] aussi. Contrairement à ce que prétendent les scientistes généralement avides de pouvoir -- politicards et commerçants --, il n'existe, en forçant à peine le trait, ni Science ni sciences mais seulement des savants, pas toujours intègres, pas toujours compétents, et des théories, rarement définitives et parfaites.

[0] On connaît les deux développements sur cette célèbre formule -- le traditionnel et l'iconoclaste. Incidemment, les guillemets sont un affront au lecteur.
[1] Celle de Pierre Rousseau, par exemple, modèle de vulgarisation intelligente.
[2] Celle de Pierre Rousseau, par exemple, modèle de vulgarisation intelligente, comme sa grande soeur.

Écrit par : Blumroch | 04/10/2023

Pour compléter ces propos, il faut garder en mémoire qu'il existe une pratique contemplative de la science et une autre visant à la domination du réel par la rationalisation. La domination atteint l'homme lui-même qui devient matériel utilisable. Lire ou relire les essais et conférences d'Heidegger sur le sujet ou Heurs et malheurs du transhumanisme d'Olivier Rey, qui tous deux insistent sur le moment charnière de la mathématisation du monde par Galilée.

Écrit par : Sven | 06/10/2023

Le judicieux propos du Kamerad Sven me rappelle cette distinction que Bergier faisait entre les GuessWho spéculatifs, dont il faisait partie, et les GuessWho spéculateurs, qui ne lui inspiraient aucune estime. Dans un cas, la connaissance : dans l'autre, l'exploitation. Et oui, on sait, Janus -- on retrouve Koestler.

Écrit par : Blumroch | 06/10/2023

Sven > Le bien public ne nécessiterait-elle pas un peu des deux pratiques ?

Écrit par : Pharamond | 08/10/2023

ils parlent d'une science sacralisée qui est tout le contraire de la science

Écrit par : Paul.Emic | 10/10/2023

A n'en pas douter. Les scientifiques ont perdu tout sens des limites. Des questions qui reviennent souvent sont : imagine que tu disposes de moyens illimités, que ferais-tu pour étudier tel phénomène ?
Quel serait le dispositif expérimental idéal pour étudier tel phénomène ?
La réponse à cette dernière question est la plupart du temps des observations toujours mieux résolues.
Dans des domaines qui requièrent de prendre des précautions, le pire est toujours à attendre, cf. la création récente d'hybrides hommes-animaux.
En Chine où tout est permis mais avec des collaborations occidentales.

Écrit par : Sven | 10/10/2023

Les commentaires sont fermés.