15/03/2017
Mensonges
« Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n'est pas que vous croyez ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d'agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez. »
Hannah Arendt
20:45 | Lien permanent | Commentaires (20)
Commentaires
L 'instinct de conservation -l'instinct vital- vaut mieux que toutes les théories .. c' est de l'avoir perdu pour beaucoup que nous en sommes si près de disparaître . Le triomphe du sida mental ... à qui profite le crime (qui bono?)
Écrit par : EQUALIZER | 16/03/2017
Malgré l'avis du grand Gustave, une foule ou un peuple, c'est quand même composé d'individus, et ce n'est pas quelque égrégore mystérieux. Les individus, qu'on leur mente ou pas, sont censés avoir un cerveau dont ils peuvent toujours faire usage pour exercer leur seule vraie liberté : juger à partir des faits (et non à partir des discours). La croyance n'est pas un substitut à la réflexion. Sauf contrainte physique ou chimique, personne, jamais, ne *force* un individu à obéir. L'influence des âmes fortes (ou des procédés de "persuasion" plus ou moins clandestine) ne s'exerce que sur les esprits faibles... qui ont ce qu'ils méritent. Bergier avait raison, qui demandait aux bonnes fées de donner à la naissance un bon Q.I. et du caractère.
Puisqu'on mentionne Arendt, un grand moment de la bibliothèque Médicis du 11 novembre 2016, où Finkie le journaliste est écrasé par un certain Faye, universitaire qui, lui, comme Fustel, a des *textes* :
https://www.youtube.com/watch?v=pnXa3gMBcac
Le moment où Finkie, accablé, répondant à la question pourtant innocente de l'animateur, admet ne *pas* lire l'allemand, est un régal. L'imposture exposée ainsi, c'est aussi divertissant que Juppé admettant, de mauvaise grâce, n'avoir jamais lu l'Alcoran.
Écrit par : Blumroch | 16/03/2017
Il nous reste une solution, annuler les élections et introniser François Hollande président à vie avec les pleins pouvoirs.
Écrit par : Coach Berny | 16/03/2017
Faut-il croire Hanna Arendt ? Surtout quand on sait qu'elle a fricoté avec un professeur politiquement pas très correct...
Écrit par : Nordiste | 16/03/2017
EQUALIZER > Au corps étranger.
Blumroch > Mais pour penser, il faut le vouloir et nos contemporains ont depuis quelques décennies délégué cette fonction à d'autres histoire d'avoir plus de temps pour consommer. On ne peut pas tout faire dans une vie, il faut faire des choix.
Coach Berny > Pourquoi pas roi ou empereur ? L'empereur est d'ailleurs un manchot et du manchot au pingouin il n'y qu'un pas.
Nordiste > Elle s'est parfois fourvoyée, incapable de sortir totalement de l'esprit de son temps, mais c'est un esprit brillant et je trouve la citation reproduite dans le billet totalement en correspondance avec notre époque.
Écrit par : Pharamond | 16/03/2017
Rho la la, PHARAMOND, où vas-tu faire traîner tes yeux. Dis-donc, le Baireau-Garou, t'as vu ça ?
Écrit par : Martin-Lothar | 16/03/2017
Ben, quoi ?
Écrit par : Pharamond | 16/03/2017
Et le blaireau-garou nous a quitté...
Écrit par : Pharamond | 16/03/2017
@Pharamond : A-t-on vraiment le *choix* de penser ? ;-) En revanche, on a toujours le choix de ne pas consommer -- ou le moins possible. C'est d'ailleurs la forme la plus efficace de lutte, comme Ayn Rand l'avait bien vu après bien d'autres (John Galt préférant survivre de petits emplois indignes de son intelligence, pour ne pas contribuer au succès du Système qui l'exploiterait volontiers).
Certes, *vita brevis*, mais personne n'est obligé de suivre la pente de la facilité, de l'aveuglement, de l'avilissement. Qu'on subisse en silence, sous la contrainte, passe encore. Qu'on aille déléguer quoi que ce soit à qui que ce soit, non. C'est sans doute dans cet esprit que Perret justifiait ainsi son attachement à la monarchie : en refusant de participer à tout vote, il évitait ainsi la honte d'avoir à se choisir des maîtres.
D'amusante manière, personne (à ma connaissance, en tout cas), ne semble avoir étudié les raisons pour lesquelles une partie de la population échappe aux conditionnements sociaux (règle des 80/20, empiriquement assez justifiée encore que trop généreuse : 90/10 semblerait plus proche du réel).
Arendt donne dans la pensée magique : c'est la figure des Allemands fascinés par le joueur de flûte qu'elle évoque, surtout si le texte original mentionne vraiment croyance et opinion. Et l'action qui précède la réflexion... pas glop ! (Sauf à s'appeler Conan, et encore).
Écrit par : Blumroch | 16/03/2017
Tout le monde pense, oui, mais par facilité certains pensent avec les idées prémâchées proposées par le Système. C'est plus reposant et on trouve plus d'interlocuteurs.
J'aime beaucoup "Rhinocéros" de Ionesco qui n'est ni une critique du fascisme comme je l'ai entendu dire par un professeur de français ni des dictatures comme d'autres l’énoncent, mais surtout un pamphlet contre la tyrannie du conformisme, totalitarisme insidieux qui nécessite l'accord du plus grand nombre. Il n'est pas anodin que le personnage de Béranger, le seul qui résiste jusqu'au bout, ait été en temps "normal" un original sinon un marginal ; les premiers à céder étant les gens bien intégrés.
Écrit par : Pharamond | 17/03/2017
"le Rhinocéros" de Ionesco traite tout de même du totalitarisme et de la bienpensance . Dans un autre ordre d' idée .. "La Métamorphose" de Kafka .
Écrit par : EQUALIZER | 17/03/2017
Emprisonné dans le Village aux dimensions du monde, l'option la plus décente (au sens latin), la plus digne aussi, consiste à être un *unmutual* Number Six.
A condition de ne pas aller ensuite, ayant revu comme chaque année les 17 épisodes, célébrer l'individualisme en troupeau à Portmeirion !
Écrit par : Blumroch | 18/03/2017
mais c'est très bien de plus croire en rien
moive, perso, je crois en rien
ni dieu ni diable , ni bonté ni valeurs de la républik
mais j'ai mes opinions
bien arrétées
et je pense pas en changer
Écrit par : kobus van cleef | 19/03/2017
pas certain qu'on puisse faire ce qu'on veut avec moi pour autant
Écrit par : kobus van cleef | 19/03/2017
Kobus
Tu ne crois plus en la bonté des humbles ?
Écrit par : Carine | 20/03/2017
l'humilité , c'est bien?
en pratique, j'ai jamais rencontré l'humilité
jamais
toujours,à un moment ou un autre, perce une forme de suffisance, d'arrogance
et puis,la bonté, hein....est on bon pour moi, je vous l'demande?
Écrit par : kobus van cleef | 20/03/2017
EQUALIZER > C'est ce que j'ai dit. Pour la métamorphose, je suis plus sceptique.
Blumroch > Toute la difficulté est là.
kobus van cleef > Vous croyez bien en quelque chose sinon vous ne fréquenteriez pas la "fachosphère". Déjà, vous croyez en vos opinions, c'est un minimum. Enfin le texte d'Arendt n'est qu'une généralité, mais assez vrai à mon avis : l'homme déboussolé est malléable.
Écrit par : Pharamond | 20/03/2017
Kobus,
par "humbles", j'entends la France d'en bas.
Pas les malades d'humilité.
Des mots pour nous comprendre...
Écrit par : Carine | 21/03/2017
avoir lu La Métamorphose vers 16-17 ans (avec quasi tout Sartre) et le Rhinocéros vers la 30taine ... ne laisse pas la même impression .
Écrit par : EQUALIZER | 21/03/2017
EQUALIZER > Tout Sartre à 16-17 ans, chapeau bas ! je crois que l'âge que l'on a lors de la lecture d'un livre est d'une grande importance dans la manière dont on l’apprécie et le perçoit.
Avec Kafka on peut trouver presque toutes les significations que l'on souhaite y trouver. Ses œuvres sont plaisantes à lire, mais un peu vaines, je trouve.
Écrit par : Pharamond | 21/03/2017
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